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Introduction à la première partie

p. 11-12


Texte intégral

1La Conférence économique mondiale de 1927 a ouvert le vaste chantier de la coopération économique entre États. Elle a placé celui-ci sous les auspices de la SDN, garante du libre-échangisme. Les objectifs de la libéralisation des échanges et de la concession mutuelle de la clause de la nation la plus favorisée constituent dès lors, comme le traité de commerce franco-allemand d’août 1927 le montre, la base du commerce international. Mais il ne faut pas oublier que ces généreuses visées ont été esquissées dans un contexte favorable : plan Dawes, stabilisation presque achevée des monnaies européennes, emprunts internationaux bénéfiques pour l’Europe centrale. Sur le plan politique, des avancées ont également été obtenues. Locarno et l’entrée de l’Allemagne à la SDN entretiennent l’espoir d’une réconciliation possible entre les deux ennemis héréditaires du Vieux Continent. Le mouvement européïste se structure et affiche l’ambition de réaliser les États-Unis d’Europe. Mais les années 1927-1928 marquent en même temps l’apogée de cette « euphorie ».

2Sur le plan économique, « une crise avant la crise » fragilise l’Allemagne. La situation du Royaume-Uni et de l’Autriche n’est guère plus brillante. Un chômage important a déjà fait son apparition. Le cap du million de sans emploi a été franchi aussi bien en Angleterre qu’en Allemagne. Sur le plan politique, le pacte Briand-Kellog n’a pas suscité l’enthousiasme escompté par son auteur. L’initiative de Briand a été partiellement détournée de ses fins par les Américains. Le révisionnisme allemand inquiète, car Stresemann pose la question des minorités. D’autres objets de désaccord se profilent entre les deux puissances riveraines du Rhin : les réparations, le plan Dawes arrivant à son terme, et les questions territoriales (occupation française et statut de la Sarre). L’âpreté de la conférence de Paris, puis de celle de La Haye (négociations du plan Young), amène Briand à sonder ses partenaires en été 1929 à Madrid. Il a en vue une éventuelle proposition concernant l’organisation du continent européen. Avec le recul des investissements américains en Europe (spéculation boursière à New York), les difficultés économiques se précisent. Jointes aux préoccupations politiques, elles incitent à l’initiative pour sortir de ce qui pourrait, si on n’y prend garde, devenir une impasse. Et ce, bien avant le krach de Wall Street !

3La Xe Assemblée de la SDN, en septembre 1929, tente d’explorer les différentes voies de la coopération pour répondre aux défis évoqués. Une perspective est tracée par Hymans, ministre des Affaires étrangères de Belgique, pour trouver une solution aux problèmes économiques. Briand, lui, esquisse un projet politique. Les deux propositions (l’action économique concertée pour le premier, le lien fédéral pour le second) envisagent à terme une forme de fédération européenne. Le rapprochement entre Européens est une urgence pour les deux responsables politiques, surtout face à une crise européenne qui s’amplifie après le krach d’octobre 1929. Quelles sont les formes de coopération recherchées ? Comment envisage-t-on de souder en un bloc cette Europe aux intérêts si communs ? et parfois si opposés ? Reste à savoir ce que chaque État met derrière cette coopération. Se propose-t-il de vaincre ses difficultés économiques ? Ou veut-il la concrétisation – à travers les différentes actions envisagées – d’un ordre européen conforme à ses objectifs diplomatiques ? Ces interrogations guident les considérations de cette partie.

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