1Né à Paris, ancien élève du lycée Henri-IV, normalien à 17 ans, agrégé de philosophie à 21 ans, boursier à l’université de Princeton, Pierre Uri a été privé de son poste de professeur par Vichy. Pendant la guerre, il passe les DES de droit et d’économie et s’inscrit au CPA (Centre de perfectionnement aux affaires) dont il sort major. Ensuite il se consacre à l’économie, passe de la théorie à la politique économique, de la France à l’Europe et au modèle qu’elles pouvaient offrir au monde.

2Sa contribution à l’histoire de la France et de l’Europe commence avec son entrée au Commissariat au Plan auprès de Jean Monnet. Il dresse les premiers comptes de la Nation et inspire les mesures d’arrêt de l’inflation et de redressement de la balance des paiements.

3Associé dès le début au Plan Schuman dont il est l’un des auteurs, il prend une large part à la négociation du traité de Paris puis dans sa mise en œuvre à la Ceca. Il joue un rôle décisif dans l’introduction du Marché commun à la conférence de Messine, dans sa conception d’ensemble comme auteur du rapport Spaak puis dans la négociation des traités de Rome. Il est le seul Français à avoir travaillé à la fois sur le traité de Paris et les traités de Rome.

4Appelé en mission dans tous les continents, en Europe comme en Amérique latine ou en Asie, par la Commission européenne comme par les Nations unies, il est l’auteur de nombreux rapports et d’une quinzaine de livres économiques et politiques avec pour préoccupations majeures : l’enseignement, la fiscalité, l’Europe et le Tiers monde. Il a contribué à plusieurs encyclopédies et à de nombreux livres collectifs. Ses articles paraissent dans plus de soixante publications et dans plus de douze pays. Il a été professeur à Dauphine comme il l’avait été à l’ENA à ses débuts.

5Acteur de l’ombre dans la politique, membre du contre-gouvernement, du Club Jean-Moulin puis du Parti socialiste, il a largement participé à l’élaboration des programmes de la gauche. Il a été président d’honneur de l’association des Amis de Jean‑Monnet.

6Prix Robert Schuman, Commandeur de la Légion d’Honneur, Grand-Croix de l’Ordre national du Mérite, Commandeur de l’Ordre de Léopold I^er de Belgique, Croix de Guerre 1939‑1945.

71936-1940 : professeur de philosophie, il publie son premier livre consacré à La Réforme de l’Enseignement (1937).

81944-1947 : chargé de mission à I’Institut de science économique appliquée (Isea) auprès de François Perroux, il est l’auteur de l’étude sur la conférence de Bretton-Woods et le Fonds monétaire international, de celle sur l’œuvre de Beveridge concernant le plein emploi et la Sécurité sociale et coauteur avec François Perroux et Jean Marczewski de celle sur le revenu national.

91946 : il dirige le groupe qui conçoit le programme fiscal de la CGT et propose, en particulier, la création d’un impôt assis sur la valeur ajoutée pour se substituer aux impôts indirects existants.

101947-1952 : conseiller économique et financier du Commissariat général au Plan de modernisation et d’équipement auprès de Jean Monnet en même temps que professeur à l’ENA (1948‑1951).

111947 : rapporteur de la commission du Bilan national qui permet d’établir le premier budget économique de la France, il suggère des mesures pour le Plan de stabilisation de janvier 1948.

121949 : membre du premier comité d’experts des Nations unies sur le plein emploi, il est coauteur du rapport sur les moyens de lutter contre le chômage.

131951 : il est l’adjoint de Monnet au comité temporaire de l’Otan qui prépare la conférence de Lisbonne.

141950-1952 : il est l’un des principaux auteurs et négociateurs du Plan Schuman aux côtés de Jean Monnet ; il rédige aussi la Convention relative aux dispositions transitoires après avoir largement contribué au rapport de la délégation française sur le traité instituant la Ceca.

151952-1959 : directeur de la division de l’Économie générale à la Haute Autorité de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (Ceca) à Luxembourg, il y joint en 1958-1959 les fonctions de conseiller économique du Marché commun.

16Il préside le comité de démarrage de la Ceca, il conçoit et négocie toutes les mesures pour l’ouverture du Marché commun du charbon et de l’acier et l’assiette du prélèvement charbon-acier, le premier impôt européen. Il négocie l’accord d’association avec la Grande-Bretagne et préside le Comité mixte Haute Autorité-Conseil des ministres.

171955-1957 : après l’échec de la Communauté européenne de défense, il rédige le premier projet de la déclaration de Messine, fait un Memorandum sur les leçons à tirer de la Ceca pour un Marché commun général, est l’auteur du rapport du comité intergouvernemental créé par la conférence de Messine (rapport Spaak, 1956) qui est adopté par la conférence de Venise. Il siège avec les chefs de délégation pour la négociation des traités de Rome.

181957 : il est appelé en consultation par la Commission économique pour l’Amérique latine des Nations unies (Cepal/Ecla) pour un projet de marché commun latino‑américain.

19Il contribue avec Robert Triffin au projet d’un Fonds de réserve européen pour le Comité d’action pour les États-Unis d’Europe.

201958 : il préside le comité d’experts qui établit le rapport prévu par le traité de Rome sur la situation économique des pays de la Communauté européenne avant l’ouverture du Marché commun et différents comités sur les perspectives de développement à long terme. Il est président-rapporteur du groupe institué par la Haute Autorité sur l’harmonisation des tarifs de transports. Il est membre du groupe d’experts de l’OECE sur l’Europe face à ses besoins croissants en énergie. Il est aussi auditionné à deux reprises par le Comité Rueff.

211959 : avant de démissionner de la Ceca, il est président-rapporteur du Comité mixte Haute Autorité-Conseil des ministres pour son premier rapport sur une politique coordonnée dans le domaine de l’énergie.

221959-1961 : directeur pour l’Europe puis conseiller de la banque Lehman Brothers.

231960 : membre du groupe d’experts de l’OECE sur le thème de l’énergie en Europe, nouvelles perspectives.

241962-1977 : conseiller aux études de l’Institut Atlantique, il est en même temps expert international, écrivain, journaliste, professeur, membre du Conseil économique et social. Il continue à jouer un rôle dans les affaires européennes et inspire de nombreux programmes politiques en France.

L’Europe

251962 : président du groupe de travail institué par la Commission sur les perspectives de développement économique dans la CEE de 1960 à 1970.

261968-1971 : président et rapporteur du groupe de travail créé par la Commission sur la capacité concurrentielle de la Communauté européenne.

271974 : coauteur avec Alec Cairncross, Herbert Giersch, Alexandre Lamfalussy, Giuseppe Petrilli de Economic Policy for the European Community – the Way Forward traduit sous le titre Stratégie pour l’Europe.

281975 : rapporteur de l’intergroupe européen du Conseil économique et social sur l’Union européenne.

29Il est aussi actif dans des associations comme le Mouvement européen ou la Ligue européenne de coopération économique.

L’Amérique latine

301962-1963 : membre des comités ad hoc de l’Alliance pour le Progrès pour la Colombie et le Mexique. Pour le Centre d’études monétaires latino-américain à Mexico, organe coopératif des banques centrales, il fait un rapport sur les projets d’une Union de paiements pour l’Amérique latine.

Les Nations unies

311970 : mission en Asie, dirigée conjointement avec Robert Triffin, sur les problèmes de la coopération commerciale et monétaire dans la région pour l’Ecafe (Economic Commission for Asia and Far East).

321973-1974 : vice-président et président du comité de rédaction du groupe constitué par les Nations unies sur l’incidence des entreprises multinationales sur le développement et les relations internationales.

331969-1976 : professeur associé à l’université Paris Dauphine.

341974-1979 : membre du Conseil économique et social, il est le rapporteur sur une imposition généralisée des plus-values en 1975.

35Membre du contre-gouvernement de François Mitterrand (1966-1967) et à travers le Club Jean-Moulin de la Fédération de la gauche, il adhère en 1974 au Parti socialiste où il codirige successivement la commission Fiscalité et la commission Économique.

361981 : membre de la commission Dautresme pour la protection et le développement de l’épargne.

371982-1986 : membre du conseil d’administration de Paribas.

381983 : rapport pour le IX^e Plan, à la demande de Michel Rocard, publié sous le titre Réduire les inégalités.

391986-1992 : président de l’association Université & Entreprise.