Une approche des finances publiques : la sociologie financière
p. 393-406
Texte intégral
1Dès le début du xxe siècle et jusqu’à aujourd’hui, l’étude des finances de l’État a été en très large partie accaparée par la discipline de la « science économique » et délaissée par la sociologie et la politologie. Il en résulte que cette étude a été dominée par des approches qui, au-delà de leurs différences ou divergences, partagent un point commun fondamental : elles évacuent la dimension sociale et politique des finances publiques ou, lorsque ce n’est pas le cas, elles construisent ce que Michael Krätke appelle des « modèles frivoles1 », c’est-à-dire hautement formalisés, désincarnés, arbitraires et simplistes parce que fondés sur les prémisses de l’individualisme méthodologique. L’orientation qui domine maintenant de façon presque hégémonique depuis plusieurs décennies, la Public Choice School, témoigne abondamment de cette attitude.
2En marge de cette orthodoxie, il existe cependant quelques courants de pensée qui se sont maintenus tant bien que mal tout au long du siècle en élaborant une approche différente. La sociologie financière constitue l’un d’entre eux. Ce courant de pensée n’est presque pas connu dans l’espace francophone2. L’objectif de cet article consiste donc à en retracer rapidement la genèse, les filiations et les principales propositions.
I. GENÈSE ET FILIATIONS
3La véritable naissance de la sociologie financière date de la Première Guerre mondiale. Même s’il est toujours délicat de reconstituer la généalogie d’une pensée, il n’y a toutefois pas de doute que certains de ses germes intellectuels sont plus anciens. À cet égard, deux pays méritent d’être mentionnés, l’Allemagne et l’Italie. En Allemagne, sous l’influence de l’école historique allemande, plusieurs parmi les plus éminents auteurs de la fin du xixe siècle commencent à insister sur la nécessité de prendre en compte les aspects sociopolitiques dans l’analyse. Le fameux économiste Adolph Wagner, par exemple, souligne dans les années 1870 qu’une des tâches primordiales de la science financière consiste « à établir les rapports de dépendance entre cette évolution [des finances publiques, N.D.A.] et les facteurs sociaux, politiques et notamment économiques…3 ». Quant à son collègue Albert Schäffle, il écrit à peu près à la même époque que « dans les questions d’ordre financier ou fiscal, le point de vue politique général est d’ordinaire plus décisif que l’économique4 ».
4En Italie, à la fin du xixe siècle, se dégage ce qu’on a appelé l'« École italienne » de l’étude des finances publiques5. Plusieurs membres de cette école, issus du moule de l’économie néoclassique, entrent en dissidence avec « l’orientation formaliste et économiciste6 » de cette dernière. Ils développent des conceptions proches de celles évoquées ci-dessus, articulées autour de l’idée selon laquelle « l’élément politique lié à l’élément sociologique […] constitue une force déterminante […], parfois même plus influente que l’élément économique7 » dans l’évolution des finances de l’État.
5La Grande Guerre a constitué un « tournant de l’histoire financière européenne8 ». Les finances de tous les États participant de près ou de loin au conflit ont été bouleversées. Une crise d’une telle profondeur ne pouvait rester sans avoir de profondes répercussions sur le plan des pratiques comme sur le plan idéologique. Les conceptions financières traditionnelles ont été remises en cause, de nouvelles thématiques et de nouvelles interrogations ont surgi. C’est de ce contexte effervescent que la sociologie financière a reçu son impulsion majeure.
6Sans entrer dans les conflits de paternité, on peut dire que l’impulsion initiale a été fournie par le sociologue social-démocrate Rudolf Goldscheid9 dans un ouvrage paru en 1917, Socialisme étatique ou capitalisme étatique (Staatssozialismus oder Staatskapitalismus), dont le sous-titre explicite l’objet : Une contribution de la sociologie financière à la résolution du problème des dettes de l’État10. L’ouvrage connaît un immense succès. En 1917 encore, il est réédité à plusieurs reprises et un auteur de l’époque le caractérise de « livre peut-être le plus connu en Allemagne durant la guerre11 ». Un tel retentissement explique probablement que l’économiste Joseph Schumpeter, déjà célèbre à l’époque, se décide à discuter de manière à la fois critique et complémentaire les thèses de son compatriote dans une importante étude écrite durant l’été 1918 et publiée à la fin de l’année, La crise de l’État fiscal12.
7Il est intéressant de constater qu’au même moment, mais de manière, semble-t-il, indépendante des processus en cours dans l’espace germanophone13, plusieurs auteurs italiens – notamment Gino Borgatta, Benvenuto Griziotti, Ettore Lolini et Guido Sensini – thématisent et promeuvent l’approche sociologique des finances publiques : en 1917 apparaît même sous la plume du dernier nommé un concept quasiment identique à celui utilisé en Allemagne, la « finance sociologique14 » (finanza sociologica). Il faut toutefois relever d’emblée qu’en raison de l’influence de Vilfredo Pareto, ces auteurs s’inscrivent dans une optique et développent des perspectives fort différentes de celles de Goldscheid et Schumpeter15.
8Quel a été l’écho de ces réflexions fondatrices ? C’est sans doute en Allemagne, en particulier durant la république de Weimar, que la sociologie financière a suscité la résonance la plus grande et la plus féconde. Mais même ici, le succès est demeuré relatif, dans le sens où l’élaboration n’a pas pu atteindre la masse critique pour se transformer en un véritable courant de pensée. À cet égard, la prise du pouvoir par le national-socialisme, en 1933, a joué un rôle non négligeable en contraignant à l’exil ou à un silence prudent maints promoteurs de la nouvelle approche, en raison des connotations socialisantes et/ou marxisantes de celle-ci. Le terme de succès n’est malgré tout pas exagéré car la sociologie financière a inspiré un nombre suffisant de travaux théoriques pour permettre une certaine continuité de pensée sur le long terme, jusqu’à aujourd’hui. Au sein des auteurs de la première génération, Gerhard Colm, Horst Jecht, Jürgen Kuczynski, Hans Ritschl, Herbert Sultan et surtout Fritz Karl Mann ont livré les études les plus significatives par leur richesse et leur rayonnement16. Parmi les recherches plus récentes, on peut relever, avec toute la part d’arbitraire qu’un tel choix implique, celles de Jürgen Backhaus, Reinhard Blomert, Rudolf Hickel, Peter-Christian Witt et surtout Michael Krätke17.
9En Italie, on l’a vu, le terreau semblait favorable. Pourtant, après des débuts intéressants, la sociologie financière a connu un appauvrissement progressif à partir des années 1920, perdant peu à peu sa dimension proprement sociologique et se transformant en un « modèle vague et indéterminé18 » de moins en moins susceptible de stimuler des recherches heuristiquement fécondes. La rapide victoire du fascisme et son long règne, mais aussi les apories de la pensée parétienne, ont sans doute contribué à ce dépérissement19.
10Dans les pays anglophones, les travaux de Goldscheid et de Schumpeter ont rencontré un écho faible, mais suffisant pour nourrir quelques études remarquables. Avant la Deuxième Guerre mondiale, il semble que seul Edwin Seligman se soit penché sur ce type d’approche, de façon plutôt critique tout en louant certains aspects20. Dans les années 1950, Manuel Gottlieb et Karl Deutsch ont publié trois articles résumant les thèmes de la sociologie financière et attirant l’attention sur les réflexions des deux Autrichiens21. Durant la même période, plusieurs textes de ces derniers ont été traduits dans des publications anglo-saxonnes22, à l’initiative notamment de Richard Musgrave, lequel s’est livré, à plusieurs reprises et d’un point de vue néoclassique, à une critique fine de Goldscheid et Schumpeter23. Mais c’est certainement l’économiste américain James O’Connor qui, au sein l’espace anglo-saxon, a repris et développé de la manière la plus stimulante, en l’inscrivant clairement dans une perspective marxiste, l’approche fondée sur la sociologie financière, dans un ouvrage paru en 1973 et qui a suscité un large intérêt24.
11Pour terminer ce bref tour d’horizon, il est curieux de constater qu’en France, pourtant le pays d’Émile Durkheim, les études de Goldscheid et Schumpeter sont passées pratiquement inaperçues et, de manière plus générale, la sociologie financière n’a suscité quasiment aucune réflexion, sur un plan théorique en tout cas. Gaston Jèze, qui connaissait Goldscheid, recommandait bien d’intégrer « les phénomènes financiers […] dans leur milieu politique, social, économique, juridique25 », et les Annales ont bien lancé quelques appels dans la même direction26, mais ces invitations sont restées platoniques.
II. LES PRINCIPALES PROPOSITIONS DE LA SOCIOLOGIE FINANCIÈRE
12Le noyau réflexif central de la sociologie financière se ramène à la thèse suivante : il existe entre l’évolution des finances de l’État et celle du contexte socio-économique et politique une relation d’influence qui, quoique d’intensité dissymétrique selon son sens, est réciproque. Autrement dit, la sociologie financière se fonde sur l’idée « du conditionnement des finances publiques par la vie sociale et de la fonction conditionnante de ces dernières sur l’évolution sociale27 ».
13Selon les chercheurs qui s’inscrivent dans cette perspective, la relation d’influence susmentionnée tient au fait que les dépenses et les recettes étatiques, c’est-à-dire le budget étatique, ne font qu’exprimer, sous une forme monétaire, les tâches de l’État. Or, la détermination de ces tâches constitue une question politique par excellence, autour de laquelle s’affrontent les différentes forces sociales. Dans ce sens, Herbert Sultan souligne que « les problèmes de la science financière […] sont par définition des problèmes politiques » et qu’en dernière analyse, « tout budget de l’État n’est qu’une […] expression de la société…28 ». Quant à Michael Krätke, il énonce la même idée en d’autres termes : « Dans les finances étatiques, nous avons un morceau d’économie qui est en même temps, dans son existence même, un objet politique. Ce que l’État […] fait avec des impôts et des dépenses, c’est autant une action politique avec des moyens économiques qu’une action économique avec des moyens et des objectifs politiques ; cela relève à la fois de l’économique et du politique29 ».
14Partant du point de vue qu’il existe une influence réciproque entre l’évolution des finances publiques et le contexte social, économique et politique, la sociologie financière s’assigne une double tâche, dont Fritz Karl Mann donne le résumé le plus concis. Il s’agit de « rechercher d’une part les composantes financières de la société, et d’autre part les composantes sociales des finances30 ».
15Si l’on traduit cette double tâche en termes d’exigences méthodologiques, on obtient les deux propositions centrales de l’approche propre à la sociologie financière, chacune des deux dégageant toute une série de pistes ou de programmes de recherches :
- Pour comprendre l’évolution des finances publiques, il est indispensable d’intégrer dans l’analyse une étude fine du contexte socio-économique et politique.
- Pour comprendre l’évolution socio-économique et politique, il est très profitable, parfois même nécessaire, d’y intégrer une étude des facteurs financiers. Autrement dit, l’analyse des finances publiques constitue un angle d’attaque fructueux, voire parfois essentiel, pour la compréhension de bon nombre de phénomènes sociaux, économiques et politiques.
16Reprenons ces deux propositions, en commençant par la première.
III. LA SOCIOLOGIE FINANCIÈRE COMME APPROCHE SOCIALE DES FINANCES PUBLIQUES
17Qu’il faille, pour rendre intelligible l’évolution des finances publiques d’un pays, montrer les liens qui la connectent au contexte social, économique, politique, voire culturel, cette exigence constitue le dénominateur commun le plus largement partagé par les recherches qui ne se situent pas d’emblée dans une optique économiciste ou étroitement juridique.
18Toutefois, en rester là serait un peu court. Il ne suffit pas de signaler la valeur de la dimension socio-économique et politique pour la compréhension de l’histoire financière. L’essentiel réside ailleurs, plus précisément dans la manière dont une telle dimension est prise en compte par l’analyse. Lorsqu’Herbert Sultan conclut que les finances étatiques ne représentent, en fin de compte, qu’ » une expression de la société », il s’empresse d’ajouter la précision suivante : « Le véritable problème ne réside cependant pas dans la constatation même, mais dans la forme que prend cette expression. Car précisément ici [dans l’étude des finances publiques, N.D.A.], on ne doit pas parler de "la société" […] sur un mode abstrait, mais on doit analyser avec précision les forces et les puissances sociales […] qui constituent la société en question31 ».
19L’intérêt de la sociologie financière sur le plan heuristique ne découle donc pas seulement du fait qu’elle préconise d’intégrer le contexte social, au sens large du terme, dans la définition et l’étude de son objet, les finances publiques.
20Cette intégration, d’autres approches, dont celle de la Public Choice School, la revendiquent, même si c’est avec beaucoup moins d’insistance. Ce qui distingue méthodologiquement la sociologie financière réside bien davantage dans la manière dont elle recommande de prendre en compte les facteurs sociaux, économiques et politiques.
21À cet égard, il faut souligner deux caractéristiques. Premièrement, la sociologie financière met les antagonismes qui opposent les classes et couches sociales au cœur de l’analyse et en exige une analyse précise et détaillée. Autrement dit, elle demande une étude serrée des structures sociales, des intérêts et des habitus qui animent les différents groupes sociaux, leurs organisations et leurs représentants, de l’évolution des rapports de force politiques, de la nature de l’État et des relations qu’entretiennent entre elles ses diverses institutions et les différentes couches de la bureaucratie étatique, etc.
22C’est ainsi que Rudolf Goldscheid prônait de dégager avec soin des facteurs comme « la situation sociale de l’époque, le rapport entre les possédants et ceux qui ne possèdent rien, la combinaison entre la constellation politique à l’intérieur et à l’extérieur du pays », car seuls de tels éléments permettent d’expliquer « l’origine des dépenses », et d’eux « dépend […] si et dans quelle mesure on préfère les impôts directs ou les indirects, […] si on serre ou non la vis fiscale, quelles couches de la population on cherche à charger ou à épargner, si on travaille davantage au moyen des taxes et des droits d’entrée ou au moyen des emprunts, si on recourt à l’endettement intérieur ou extérieur, si on cherche à réduire les dépenses ou à augmenter les recettes…32 ». Herbert Sultan insistait, lui, sur la nécessité de conduire « une analyse sociologique précise » des partis politiques, des organisations patronales, des cartels, de la presse, des syndicats, etc., et de la lutte qui les oppose « dans la société antagonique actuelle33 ». Ajoutons que les auteurs se situant dans la mouvance socialiste ne sont pas les seuls à préconiser une telle orientation. Parmi les huit « lois naturelles des finances » que dégage un élève de Vilfredo Pareto, Ettore Lolini, les trois premières renvoient à la nécessité d’analyser l’activité financière non en termes d’individus isolés mais de groupes sociaux, mus par des conceptions et des intérêts opposés et entretenant entre eux des rapports de domination et de coercition34.
23En second lieu, la sociologie financière, et c’est un de ses aspects heuristiquement les plus intéressants, appelle à transgresser les limites habituellement assignées au champ des finances publiques. Les approches qui s’inspirent de la théorie économique néoclassique tendent en effet à définir de façon étroite et rigide leur domaine d’investigation, en le limitant à la manière dont l’État se procure et utilise une certaine quantité de pouvoir d’achat. L’objet de recherche se restreint donc à ce que l’on appelle généralement la politique financière. D’où la mise en place d’œillères qui réduisent considérablement la richesse et la pertinence de l’analyse : d’un côté, la politique financière est abstraite, on l’a déjà relevé, de son contexte social général qui, pourtant, lui donne assise et sens. De l’autre, même si, en réalité elle s’y trouve imbriquée, l’activité financière de l’État est isolée de l’ensemble des sphères d’activité étatique.
24La nécessité d’une telle transgression est soulignée avec force par Michael Krätke puisque, dans son optique, « les finances étatiques constituent un phénomène économico-politique par excellence » ; c’est pourquoi, conclut-il logiquement, « un découpage en éléments économiques et politiques, même s’il n’est qu’analytique, ne semble plus possible35 ». Peter-Christian Witt va dans le même sens. Il affirme que « la politique financière » ne doit pas seulement « être conçue comme l’activité politique à travers laquelle l’État crée ses moyens financiers et répartit ses dépenses » mais aussi « comme la politique monétaire et la politique de crédit, et au-delà également comme […] la politique économique et commerciale » ; l’historien allemand précise à ce propos que « cette conception extensive, qui fait certainement éclater les frontières de ce que les contemporains [et, pourrait-on ajouter, une large partie des chercheurs actuels, N.D.A.] entendaient à l’époque par politique financière, se révèle particulièrement fructueuse pour l’analyse de notre problème et va largement dans le sens de l’exigence théorique d’une intégration de la politique financière et de la politique économique de l’État36 ».
IV. LA SOCIOLOGIE FINANCIÈRE COMME APPROCHE FINANCIÈRE DES RELATIONS SOCIALES
25« Les finances publiques constituent l’armature de la société comme de l’État37 ». De telles affirmations, aussi unilatérales soient-elles, ne sont pas rares chez Rudolf Goldscheid. Autre exemple : « Les problèmes financiers se révèlent comme ceux dont le dénouement détermine l’ensemble de notre sort ».38 Le pionnier de la sociologie financière n’hésite pas non plus devant les généralisations les plus téméraires :
« De tout temps, ce sont les facteurs financiers qui ont déterminé l’ensemble de l’évolution de la société et de l’État. Ce sont des luttes fiscales qui représentent la forme la plus ancienne de la lutte des classes ; même les plus grands mouvements intellectuels de l’humanité sont engendrés dans une très large mesure par des causes financières. […] Presque toutes les révolutions, de même que les soulèvements religieux les plus importants, trouvent leur force motrice la plus puissante dans la révolte suscitée par une pression fiscale insupportable […]. Il est aussi très intéressant de constater que l’échec de la plupart des révolutions a trouvé son origine sociologique décisive dans l’inadéquation de la politique financière des milieux parvenus au pouvoir39 ».
26Si l’histoire de l’Humanité dépend à ce point des finances publiques, l’étude de ces dernières doit occuper une place essentielle au sein des sciences humaines. De fait, on lit chez Goldscheid que « la sociologie financière constitue la position clé de l’ensemble de la sociologie », ou encore qu’il faut voir « dans les finances publiques le problème clé de la sociologie dans son ensemble40 ».
27Comment expliquer l’importance démesurée que Rudolf Goldscheid attribue au domaine des finances publiques ? Doit-on l’attribuer, comme le fait Fritz Karl Mann, au côté « enthousiaste41 » de ce « fondateur » de la sociologie financière ? Sans doute. Mais il ne faut pas attribuer une telle surévaluation aux seules prédispositions d’ordre psychologique. Cette surestimation est vraisemblablement aussi induite par les nécessités du combat que toute nouvelle discipline doit mener pour se faire une place au sein du champ académico-scientifique. A cela s’ajoute que Goldscheid a été profondément marqué par la profonde crise qu’a subie l’Allemagne durant l’après-Première Guerre mondiale, crise dans laquelle les problèmes financiers ont effectivement joué un rôle moteur. L’essentiel de ses écrits sur les finances vise d’ailleurs à élaborer une réponse, du côté social-démocrate, à ces problèmes.
28Quelles que soient les causes exactes du caractère manifestement exagéré des affirmations de Goldscheid, faut-il pour autant refuser toute validité à ces dernières ? Certainement pas. Car, dégagées de leur côté excessif, les réflexions du sociologue autrichien contiennent un noyau hautement pertinent. C’est en particulier le cas lorsque, dans un raccourci saisissant, Goldscheid définit le budget comme « le squelette de l’État dépouillé de toute idéologie enjolivante42 ». Joseph Schumpeter a été le premier à montrer tout l’intérêt heuristique de la vision de son compatriote. C’est ainsi que, commentant la citation ci-dessus, il écrit que « les finances sont un des meilleurs points de départ pour étudier les transformations sociales, en particulier, quoique non exclusivement, les transformations politiques. Toute la fécondité de ce point de vue se révèle notamment lors des moments – ou mieux, des époques – de tournant, lorsque le présent commence à mourir et à se muer en quelque chose de nouveau […] : cette fécondité se traduit aussi bien dans ce qu’un tel point de vue révèle sur le plan causal — les phénomènes financiers étatiques constituent un élément important du complexe causal de tout changement – que dans ce qu’il révèle sur le plan symptomatique – tout événement laisse une marque sur les finances43 ».
29Ultérieurement, plusieurs auteurs ont repris, sur le plan théorique, la perspective tracée par les deux Autrichiens. Parmi ceux-ci, une place à part revient à Fritz Karl Mann dans la mesure où il est allé le plus loin dans l’élaboration de l’apport original que la sociologie financière peut fournir à la compréhension de la réalité dans sa globalité. Aussi la fin de cet article se basera-t-il essentiellement sur ses écrits. Partant du même constat que ses prédécesseurs, Mann explique que « la politique financière [est] à ce point dépendante des besoins sociaux, du comportement social et de l’organisation sociale » que l’on peut considérer les finances publiques « l’un des meilleurs comme "miroirs de la société"44 ». Dès lors, l’une des tâches essentielles de la sociologie financière consiste à « établir la fonction spécifique des composantes financières dans l’organisme social et leur importance relative par rapport aux autres facteurs et forces45 ».
30Le sociologue allemand n’en reste cependant pas à ces considérations abstraites. Dans son ouvrage publié en 1959, en particulier, il lance un certain nombre de pistes de recherche, à l’intention des « sociologues financiers de la prochaine génération46 », en établissant une sorte de typologie qui distingue trois différentes fonctions sociopolitiques que peuvent remplir les finances publiques.
31En premier lieu, il propose d’analyser les finances en tant que « forces stabilisantes47 ». D’une part, il s’agit d’étudier la manière dont « la classe dominante [recourt] à une grande partie des dépenses publiques afin de maintenir sa situation économique et d’éterniser sa domination politique ». Plus précisément, Mann recommande, par exemple, d’examiner avec soin ce qu’il appelle « le patronage politique », soit le système complexe des subventions et des commandes étatiques dont il dit qu’il joue à cet égard un rôle très important. D’autre part, il s’agit d’explorer la façon dont « le système des recettes publiques contribue […] à l’objectif secret ou apparent de conserver la structure sociale existante » ; à ce propos, l’auteur préconise de disséquer, par exemple, les différentes théories fiscales car, prétend-il, « les plus répandues soutiennent cette tendance conservatrice ».
32En deuxième lieu, Mann propose l’analyse des finances en tant que « forces révolutionnaires48 ». Mais ici, il met immédiatement en garde contre une conception trop linéaire, selon laquelle « de mauvaises conditions fiscales auraient déclenché la plupart des événements révolutionnaires du passé ». D’après lui, s’il est « rare que les facteurs financiers soient totalement absents de l’histoire des bouleversements sociaux et politiques », de tels facteurs agissent cependant bien davantage comme élément « renforçant » que comme élément « déclenchant » des transformations révolutionnaires49.
33Ce qui amène finalement Mann à recommander d’envisager les finances publiques sous un troisième angle : en tant que facteur explicatif de « phénomènes ne se produisant pas de façon révolutionnaire mais changeant progressivement la structure politique, sociale et économique50 ». À titre d’exemple, il évoque le rôle des dépenses et des ressources du Prince – impôts et domaines – dans le lent processus de constitution de l’État moderne, rappelant notamment que « la naissance des parlements provinciaux et centraux en Europe de l’Ouest [est] étroitement liée aux droits financiers ». Dans cette optique, le sociologue allemand ouvre à la sociologie financière une ultime piste de recherche, dont il est difficile de ne pas voir l’intérêt au jour d’aujourd’hui : laissons-lui une dernière fois la parole, pour souligner « un important phénomène socio-économique actuel : la proportion dans laquelle les besoins propres au budget public et à l’économie financière ont provoqué l’expansion d’entreprises publiques et semi-privées et ont donc modifié les rapports du secteur privé avec le secteur public de l’économie51 ».
Notes de bas de page
1 Michael Krätke, « Steuern sind zum steuern da ! », in Detlev Albers et al. (éd.), Sozialismus der Zukunft, SPW-Verlag, Berlin, 1988, p. 118.
2 Certes, en 1982 paraît l’ouvrage de Jean-Claude Ducros, Sociologie financière, PUF, Paris. En dépit de son titre, ce livre, qui prétend que le terme de « sociologie financière » est apparu en… 1970, sous la plume d’un auteur français, qui ignore l’ensemble des travaux de langue allemande, italienne ou anglaise, mentionnés dans la suite de cet article et qui fait preuve d’une superficialité déroutante, est très éloigné des problématiques et méthodes propres à la sociologie financière.
3 Adolph Wagner, « Lehr- und Handbuch der politischen Ökonomie », vol. 1, 1877, cité par Wilhelm Gerloff, « Grundlegung der Finanzwissenschaft », in W. Gerloff, F. Neumark (éd.), Handbuch der Finanzwissenschaft, J.C.B. Mohr, Tübingen, 1952, vol. I, p. 19-20.
4 Albert Schäffle, Die Steuern, 2 vol., 1895-1897, cité par Erwin von Beckerath, « Die neuere Geschichte der deutschen Finanzwissenschaft (seit 1800) », in ibid., p. 438.
5 Sur l’ » École italienne », cf. par ex. Louise Huber, Untersuchung über die soziologischen Gesichtspunkte in der italienischen Finanztheorie, thèse de doctorat de l’Université de Zurich, 1936 ; Nicolò Bellanca, « Il dibattito Einaudi-Fasiani-Cosciani sul declino della scuola italiana di finanza pubblica », Annali della Fondazione Luigi Einaudi, 1990, vol. 24, p. 175-179.
6 Emanuele Morselli, « Geschichte der italienischen Finanzwissenschaft », in W. Gerloff, F. Neumark (éd.), Handbuch…, op. cit., p. 511.
7 E. Morselli, « Geschichte… », op. cit., p. 511. Cf. également Maria Luisa Boggeri, J. Wilner Sundelson, « Italian Theories of Fiscal Science », Political Science Quarterly, 1938, vol. 53, p. 249 267. Parmi les auteurs italiens en question, il faut mentionner notamment Luigi Cossa, Primi elementi di scienza delle finanze, U. Hoepli, Milan, 1876 ; Carlo A. Conigliani, « L’indirizzo teorico nella scienza finanziaria », Giornale degli Economisti, 1894, vol. 9, p. 105-129 ; Gino Borgatta, « I problemi fondamentali della scienza finanziaria », Atti della Reale Accademia delle Scienze di Torino, 1912-1913, vol. 48, p. 985-1007 ; Roberto Murray, Le nozioni dello Stato, dei bisogni pubblici e dell’attivita finanziaria, Athenaeum, Rome, 1913.
8 Charles P. Kindleberger, Histoire financière de l’Europe occidentale, Economica, Paris, 1986, p. 334.
9 Rudolf Goldscheid (1870-1931) naît à Vienne dans une famille de marchands juifs très aisés. Après des études, non achevées, à Berlin, où il suit notamment les cours d’Adolph Wagner et de Gustav von Schmoller, il déploie une intense activité intellectuelle, publiant plusieurs romans et de nombreuses études sociologiques. En 1912, il figure aux côtés de Max Weber parmi les fondateurs de la Société allemande de sociologie. Membre du Parti social-démocrate autrichien mais occupant aussi une place éminente au sein de la Ligue moniste, il développe une pensée foisonnante mais particulièrement ambiguë, mêlant pacifisme, anti-autoritarisme, socialisme religieux et social-darwinisme ; cf. Georg Witrisal, Der « Soziallamarckismus » Rudolf Goldscheids. Eine milieutheoretischer Denker zwischen humanitären Engagement und Sozialdarwinismus, Diplomarbeit am Institut für Soziologie der Karl-Franzens-Universität Graz, Graz, 2004, manuscrit.
10 Rudolf Goldscheid, Staatssozialismus oder Staatskapitalismus. Ein finanzsoziologischer Beitrag zur Lösung des Staatsschulden-Problems, Anzengruber-Verl., Wien/Leipzig, 1917, reproduit in Rudolf Goldscheid, Joseph Schumpeter, Die Finanzkrise des Steuerstaats. Beiträge zur politischen Ökonomie der Staatsfinanzen, R. Hickel (éd.), Suhrkamp, Francfort sur M., 1976, p. 40-252. Voir également l’article de Rudolf Goldscheid, « Staat, öffentlicher Haushalt und Gesellschaft », paru en 1926 et reproduit in ibid., p. 253-316.
11 Franz Meisel, « Geschichte der deutschen Finanzwissenschaft im 19. Jahrhundert bis zur Gegenwart », in W. Gerloff, F. Neumark (éd.), Handbuch der Finanzwissenschaft, J.C.B. Mohr, Tübingen, 1926, vol. 1, p. 285.
12 Joseph Schumpeter, « Die Krise des Steuerstaates », Zeitfragen aus dem Gebiet der Soziologie, 1918, reproduit in Rudolf Goldscheid, Joseph Schumpeter, Die Finanzkrise…, op. cit., p. 329-379.
13 Cf. Sébastien Guex, L’argent de l’État. Parcours des finances publiques au xxe siècle, Réalités sociales, Lausanne, 1998, p. 265 ; Michael McLure, « Equilibrium and Italian fiscal sociology : A reflection on the Pareto-Griziotti and Pareto-Sensini Letters on Fiscal Theory », The European Journal of the History of Economic Thought, 2005, vol. 12, p. 610. La question de savoir si les deux processus d’élaboration se sont vraiment produits de manière indépendante, ou s’il y a, malgré tout, eu transfert culturel entre les deux espaces, devrait cependant encore être creusée.
14 Cf. Guido Sensini, « La Finanza sociologica. In onore di Tullio Martello », paru en 1917, et reproduit in Guido Sensini, Studi di Scienze sociali, Casa Libraria Editrice Italiana, Rome, 1932, vol. 1, p. 232-252 ; pour les trois autres auteurs mentionnés, cf. notamment Gino Borgatta, « Lo studio scientifico dei Fenomeni Finanziari », Giornale degli Economisti e Rivista di Statistica, 1920, vol. 60, p. 1-24 et 81-116 ; Benvenuto Griziotti, « La diversa pressione tributaria del prestito e dell’imposta », Giornale degli Economisti e Rivista di Statistica, 1917, vol. 54, p. 129-164 et 313334 ; Ettore Lolini, L’attivita finanziaria nella dottrina e nella realta. Saggio di una sistemazione scientifica dei fenomeni finanziari, Athenaeum, Rome, 1920. Cf. également Woldemar Koch, « Finanzsoziologie », in W. Albers et al. (éd.), Handwörterbuch der Wirtschaftswissenschaft, Fischer, Stuttgart/Tübingen/Göttingen, 1981, vol. 3, p. 102-103.
15 Cf. Michael McLure, « Equilibrium… », op. cit., p. 609-633 ; du même, « The Fiscal Sociology of Gino Borgatta : Pareto, Extra-economic Redistribution and Economic Growth », Cambridge Journal of Economics, 2006, vol. 30, p. 536-538.
16 De ces auteurs, cf. entre autres, Gerhard Colm, Volkwirtschaftliche Theorie der Staatsausgaben. Ein Beitrag zur Finanztheorie, J.C.B. Mohr, Tübingen, 1927 ; « Probleme der Finanzsoziologie », in G. Albrecht et al., Reine und angewandte Soziologie, Buske, Leipzig, 1936, p. 106-112. Horst Jecht, Wesen und Formen der Finanzwirtschaft. Umrisse einer Finanzwirtschaftslehre und Finanzsoziologie, Fischer, Jena, 1928. Jürgen Kuczynski, Der Staatshaushalt. Ein Beitrag zur Erkenntnis der Struktur des kapitalistischen und des kommunistischen Staates, Laub, Berlin, 1927. Hans Ritschl, Finanzwissenschaft, Weimann, Leipzig, 1927. Herbert Sultan, Die Staatseinnahmen. Versuch einer soziologischen Finanztheorie als Teil einer Theorie der politischen Ökonomie, J.C.B. Mohr, Tubingen, 1932 ; « Finanzwissenschaft und Soziologie », in W. Gerloff, F. Neumark (éd.), Handbuch…, op. cit. [1952], p. 66-98. Fritz Karl Mann, Die Staatswirtschaft unserer Zeit, Fischer, Jena, 1930 ; « Zur Soziologie der finanzpolitischen Entscheidung », Schmollers Jahrbuch für Gesetzgebung, Verwaltung und Volkswirtschaft im Deutschen Reich, 1933, vol. 57, p. 705-730 ; Beiträge zur Steuersoziologie, J.C.B. Mohr, Tübingen, 1933 ; Finanztheorie und Finanzsoziologie, Vandenhoeck und Ruprecht, Göttingen, 1959 ; Der Sinn der Finanzwirtschaft, J.C.B. Mohr, Tübingen, 1978.
17 De ces auteurs, cf. entre autres, Jürgen Backhaus, « Fiscal Sociology. What for ? », American Journal of Economics and Sociology, 2002, vol. 61, p. 55-77. À relever que Jürgen Backhaus est titulaire d’une chaire de science financière et de sociologie financière à l’Université d’Erfurt, témoignage de la persistance jusqu’à aujourd’hui, en Allemagne, d’un intérêt pour cette approche. Reinhard Blomert, « Sociology of Finance. Old and New Perspectives », Economic Sociology. European Electronic Newsletter, 2001, vol. 2, p. 9-14. Rudolf Hickel, « Krisenprobleme des verschuldeten Steuerstaates », in R. Hickel (éd.), op. cit., p. 7-39. Peter-Christian Witt, « Finanzpolitik und sozialer Wandel in Krieg und Inflation 1918-1924 », in H. Mommsen et al. (éd.), Industrielles System und politische Entwicklung in der Weimarer Republik, Droste, Düsseldorf, 1974, p. 395-426 ; « The History and Sociology of Public Finance : Problems and Topics », in P.-C. Witt (éd.), Wealth and Taxation in Central Europe, Berg, Leamington Spa/ Hambourg/New York, 1987, p. 1-19. Michael Krätke, Kritik der Staatsfinanzen. Zur Politischen Ökonomie des Steuerstaats, VSA-Verlag, Hambourg, 1984.
18 Celestino Arena, Finanza Pubblica, UTET, Turin, 1963, vol. 1, p. 29-30.
19 Cf. E. Morselli, « Geschichte der italienischen… », op. cit., p. 511-513, ainsi que M. McLure, « Equilibrium… », op. cit., p. 627-629 ; « The Fiscal… », op. cit., p. 535-538 ; The Paretian School and Italian Fiscal Sociology, Palgrave Macmillan, New York, 2007.
20 Cf. Edwin R. A. Seligman, « The Social Theory of Fiscal Science », Political Science Quarterly, 1926, vol. 41, p. 193-218 et 354-383.
21 Cf. Manuel Gottlieb, « The Capital Levy after World War I », Public Finance, 1952, vol. 7, p. 356-384 ; « Political Economy of the Public Debt », Public Finance, 1956, vol. 11, p. 265-279 ; Karl W. Deutsch, « Joseph Schumpeter as an Analyst of Sociology and Economic History », The Journal of Economic History, 1956, vol. 16, p. 41-56.
22 Cf. Joseph Schumpeter, « The Crisis of the Tax State », International Economic Papers, vol. 4, 1954, et Rudolf Goldscheid, « A Sociological Approach of the Problem of Public Finance », in R. Musgrave, A. Peacock (éd.), Classics in the Theory of Public Finance, St. Martin’s Press, New York, 1958.
23 Cf. Richard Musgrave, « Theories of Fiscal Crises », in H. Aaron, M. Boskin (éd.), The Economics of Taxation, Brookings Institution, Washington, 1980, p. 361-390 ; « Schumpeter’s Crisis of the Tax State : An Essay in Fiscal Sociology », Journal of Evolutionary Economics, vol. 2, 1992, p. 89-113.
24 Cf. James O’Connor, The Fiscal Crisis of the State, St. Martin’s Press, New York, 1973.
25 Gaston Jèze, Cours de finances publiques, Marcel Giard, Paris, 1931, p. 16.
26 Cf. les comptes rendus de Georges Lefebvre et de Lucien Febvre dans les Annales d’histoire économique et sociale, 1931, p. 112-114 et 1934, p. 163-166.
27 R. Goldscheid, « Staat… », op. cit., p. 254.
28 H. Sultan, « Finanzwissenschaft… », op. cit., p. 68 et 80 [souligné dans le texte, N.D.A.].
29 M. Krätke, Kritik…, op. cit., p. 11.
30 F. K. Mann, Finanztheorie…, op. cit., p. 28.
31 H. Sultan, « Finanzwissenschaft… », op. cit., p. 80.
32 R. Goldscheid, « Staat… », op. cit., p. 276 et 302.
33 H. Sultan, Die Staatseinnahmen…, op. cit., p. 60 et 64.
34 Cf. le résumé des huit lois de Lolini dans W. Koch, « Finanzsoziologie », op. cit., p. 103.
35 M. Krätke, Kritik…, op. cit., p. 11.
36 P.-C. Witt, « Finanzpolitik… », op. cit., p. 397.
37 R. Goldscheid, « Staat… », op. cit., p. 304.
38 R. Goldscheid, « Staat… », op. cit., p. 259.
39 R. Goldscheid, « Staat… », op. cit., p. 260-261.
40 R. Goldscheid, « Staat… », op. cit., p. 258 et 315.
41 F. K. Mann, Finanztheorie…, op. cit., p. 147.
42 R. Goldscheid, « Staat… », op. cit., p. 256.
43 J. Schumpeter, « Die Krise… », op. cit., p. 332.
44 F. K. Mann, Finanztheorie…, op. cit., p. 28.
45 F. K. Mann, Finanztheorie…, op. cit., p. 147.
46 F. K. Mann, Finanztheorie…, op. cit., p. 162.
47 F. K. Mann, Finanztheorie…, op. cit., p. 143. Les citations qui suivent sont tirées des pages 142 à 146.
48 F. K. Mann, Finanztheorie…, op. cit., p. 147. Les citations qui suivent sont tirées des pages 147 à 160.
49 Un récent et remarquable ouvrage reprend cette problématique : cf. David. F. Burg, A World History of Tax Rebellions. An Encyclopedia of Tax Rebels, Revolts, and Riots from Antiquity to the Present, Routledge, New York/Londres, 2004.
50 F. K. Mann, Finanztheorie…, op. cit., p. 160-161. Les citations qui suivent sont tirées des pages 160 à 162.
51 F. K. Mann, Finanztheorie…, op. cit., p. 162.
Auteur
Sébastien Guex est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Lausanne. Ses principaux champs de recherche portent sur l’histoire sociale et économique de l’Europe occidentale et de la Suisse aux xixe et xxe siècles. Il s’intéresse notamment à l’histoire des finances publiques, des relations économiques internationales, des banques et du marché de l’art. Parmi ses publications récentes figurent Les relations économiques entre la Suisse et l’Afrique du Sud durant l’apartheid (1945-1990), Lausanne, Antipodes, 2005 ; « 1932 : l’affaire des fraudes fiscales et le gouvernement Herriot », L’Économie politique, no 33, 2007 et Économie de guerre et guerres économiques, Zurich, Chronos, 2008.
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