L’Allemagne de l’Ouest championne du monde des exportations : quelles stratégies pour l’export au XXe siècle ?
p. 137-154
Texte intégral
Introduction : le régime de production de l’Allemagne de l’Ouest
1Dans l’histoire économique allemande, la production et l’exportation de produits de luxe destinés à la consommation n’ont pas joué un rôle important, à l’inverse de ce qui a pu être observé en France. L’industrie de la soie, par exemple, dont le développement a été forcé en Prusse au xviiie siècle, n’a jamais véritablement rencontré de succès. L’industrie textile allemande était spécialisée dans la culture du lin et dans la production, pour le marché de masse, de toiles de lin puis de coton. Les entreprises textiles allemandes qui ont accédé à une notoriété mondiale ne sont pas légion. Les sociétés telles que le fabricant de sous-vêtements féminins Triumph, originaire du Sud-Ouest de l’Allemagne, sont demeurées une exception. La production de porcelaine (manufactures de Meißen, de Hutschenreuther et de Rosenthal, par exemple) a certes rencontré un grand succès à l’exportation dès le xixe siècle, mais son poids en tant que branche industrielle est demeuré assez insignifiant comparativement à celui de l’industrie lourde1. La production viticole allemande a enregistré également de bons résultats, en particulier la production de vin blanc. Toutefois, les volumes exportés ne représentaient à la fin du xixe siècle que 7 % des exportations françaises2. Les vins de qualité étaient rares en Allemagne et les vignerons qui voulaient réussir émigraient habituellement en France lorsqu’ils ambitionnaient de se lancer dans la production de produits de haute qualité (Mumm, Veuve Clicquot). Dans l’artisanat d’art – pour citer un autre exemple –, certaines entreprises et marques performantes se sont également fait un nom. Dans le secteur de l’optique, on peut mentionner l’entreprise Carl Zeiss, à Iéna. Dans l’industrie de la mécanique de précision, des fabricants de mouvements d’horlogerie mécaniques extrêmement prospères ont émergé, par exemple dans le village d’horlogers de Glashütte, en Saxe. Pourtant, ces exemples n’en demeurent pas moins isolés. Aucune tradition de production de produits de haute qualité n’existait en Allemagne. À la fin du xixe siècle, au contraire, le pays avait la réputation de produire des marchandises de grande consommation, de qualité douteuse et au prix modique. L’introduction par le Royaume-Uni, suite à l’adoption du Merchandise Marks Act en 1887, de l’indication de provenance made in Germany était notoirement destinée à attirer l’attention sur la mauvaise qualité des marchandises allemandes, parmi lesquelles figuraient de nombreuses imitations de produits anglais. Cette indication d’origine ne devint un label de qualité que bien plus tard, destiné cependant non aux produits de luxe et aux biens de consommation, mais aux produits industriels3.
2L’essor économique de l’Allemagne à la fin du xixe siècle fut étroitement lié à celui de l’industrie lourde, de la sidérurgie et des branches industrielles dont le développement s’est appuyé sur celles-ci : la construction mécanique et la construction d’équipements techniques, l’industrie chimique et l’industrie électrique. Ces trois branches ont connu une activité florissante principalement à l’exportation. L’industrie chimique détenait par exemple plus de 90 % des parts du marché mondial des colorants dérivés des goudrons et occupait également une place solide sur le marché des engrais et des produits pharmaceutiques. Les machines-outils, les machines à imprimer, les machines textiles figuraient parmi les atouts de l’industrie mécanique allemande. L’entreprise Gutehoffnungshütte (GHH), par exemple, construisait dans le monde entier des ponts de chemins de fer dont les différentes parties étaient fabriquées en Allemagne4. Siemens et AEG5 exploitaient leurs centrales électriques non seulement en Allemagne, mais également en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Dans ces secteurs, l’industrie allemande était parvenue à produire des biens de haute qualité, compétitifs à l’échelle internationale et sources d’abondantes recettes à l’exportation. Ces succès à l’exportation étaient toutefois limités à un petit nombre de secteurs industriels et l’Empire allemand enregistrait dans l’ensemble un déficit commercial car le pays, fortement peuplé, affichait d’immenses besoins en matière d’importations. Ces importations de produits alimentaires, de matières premières, notamment de minerai de fer, de coton et de produits de consommation courante (comme le thé, le café et le cacao), excédaient largement le volume des exportations industrielles6. Certes, après la Première Guerre mondiale, de nombreuses entreprises allemandes parvinrent très rapidement à exporter de nouveau leurs produits avec succès sur les marchés mondiaux. Mais l’excédent d’importations et le déficit de la balance commerciale subsistèrent pendant la période de la République de Weimar, et conduisirent à de nombreuses mesures de soutien aux exportations, dont l’influence perdura au-delà de la Seconde Guerre mondiale7.
3L’historien Werner Abelshauser a vu dans cette évolution le signe de la réussite exemplaire d’un « régime de production allemand8 ». Selon son analyse, les traits distinctifs de l’économie allemande sont, d’une part, le mode d’organisation particulier de la production, le dialogue entre les partenaires sociaux, la formation professionnelle en alternance, le principe de la distribution des crédits par les banques maison (Hausbanken) et la coopération étroite entre l’État et l’économie et, d’autre part, la spécialisation, depuis la fin du xixe siècle, dans une « production diversifiée de biens de qualité ». Au contraire du fordisme américain ou du modèle japonais axé sur les technologies de pointe innovantes, l’économie allemande a, selon lui, développé un avantage compétitif international dans le domaine des technologies établies. Dans ces secteurs, où le modèle singulier d’une production diversifiée de qualité procure des avantages, l’économie allemande produit des biens de haute qualité. Werner Abelshauser considère que ces branches sont à l’origine du succès des exportations allemandes après la Seconde Guerre mondiale et du miracle économique dont l’Allemagne a durablement profité de ce fait, et indique clairement à cet égard qu’à la fin du xxe siècle ce modèle ne se limitait nullement aux seules branches de l’industrie automobile, de la construction mécanique ou de l’industrie chimique. Les secteurs dans lesquels l’économie allemande avait été en mesure de créer des produits de haute qualité et de rencontrer par conséquent le succès sur les marchés mondiaux étaient très nombreux et divers : en 1985, pas moins de 345 branches détenaient plus de 10 % du marché mondial, la valeur moyenne dans tous les secteurs9.
4Le présent article se propose d’analyser cette interprétation de manière plus approfondie. Pour ce faire, il convient en particulier de déterminer si le succès des exportations allemandes après la Seconde Guerre mondiale repose effectivement sur l’existence d’un mode de production spécifique. La supériorité de l’économie allemande sur le plan technique et organisationnel explique-t-elle les bons chiffres des exportations de produits de haute qualité ? Ou le succès durable des produits allemands à l’étranger repose-t-il avant tout sur les politiques de soutien aux industries exportatrices ? Nous examinerons d’abord les raisons pour lesquelles l’économie de la République fédérale d’Allemagne s’est transformée après la Seconde Guerre mondiale en une économie où les exportations ont pris une place prépondérante. Nous verrons ensuite, en nous appuyant sur le cas de l’industrie textile allemande qui, traditionnellement, ne faisait pas partie des industries offrant une production de qualité diversifiée, comment la politique économique de la République fédérale d’Allemagne a contribué aux succès des exportations dans ce secteur. Pour conclure, nous établirons qu’au plus tard dans les années 1970, l’économie allemande était déjà tellement imbriquée dans l’économie mondiale que la thèse des particularités nationales de la production allemande atteint ses limites. Cette représentation est en fin de compte un outil de stratégie commerciale utilisé par quelques branches, qui profitent aujourd’hui encore de la transformation du made in Germany, alors qu’elles ne conservent qu’un lien ténu avec la réalité de la production. À l’heure actuelle, les articles allemands de haute qualité sont justement souvent issus d’un processus de production mondialisé reposant sur la division du travail.
I. La naissance de la « championne du monde des exportations »
5Ainsi que nous l’avons précédemment évoqué, l’économie allemande se distinguait traditionnellement par des déficits commerciaux élevés. Il convient donc pour commencer d’établir clairement l’origine véritable du succès des exportations allemandes et de l’apparente supériorité des produits « allemands » sur le marché mondial. Avant la Première Guerre mondiale comme durant la période de l’entre-deux-guerres, la balance commerciale allemande accusait un déficit chronique. L’excédent commercial, qui n’est apparu qu’en 1952 à l’époque de la guerre de Corée, a perduré de manière constante jusqu’à nos jours, et son augmentation a été considérable à partir des années 1990. Dans les années 1960, la République fédérale d’Allemagne a ravi au Royaume-Uni le titre de troisième exportateur mondial en valeur, avant de « dépasser » le Japon. Fin 1986, quelques mois après avoir perdu en finale de la Coupe du monde de football au Mexique, l’Allemagne put se consoler en remportant le titre de « championne du monde des exportations10 » quand celles-ci dépassèrent pour la première fois en valeur celles des États-Unis. Les turbulences monétaires de l’époque ont indubitablement favorisé l’accession de l’Allemagne à la première marche du podium, qui est désormais occupée sans conteste, depuis 2009, par la République populaire de Chine. Cette évolution mérite néanmoins quelques explications. En effet, il est remarquable qu’un pays de 61 millions d’habitants seulement, situé au cœur de l’Europe, ait exporté en 1986 plus de marchandises que 240 millions d’Américains et 121 millions de Japonais. Comment l’économie allemande, qui importait traditionnellement bien plus de biens qu’elle n’en exportait, s’est-elle muée après la Seconde Guerre mondiale en l’une des plus grandes économies exportatrices au monde ?
6Les historiens s’interrogent depuis de nombreuses années sur les origines du « miracle des exportations » ouest-allemand après la Seconde Guerre mondiale. De nombreux auteurs soulignent à ce propos l’importance de la libéralisation des échanges commerciaux et, en particulier, le rôle moteur joué à cet égard par Ludwig Erhard en Europe11. La jeune République fédérale prit en effet souvent les devants, aux côtés des Pays-Bas, en matière de démantèlement tarifaire. Toutefois, on ne saurait en déduire que cette évolution lui a conféré un avantage sur les pays concurrents en renforçant l’industrie exportatrice allemande. D’une manière générale, la recherche en histoire économique récente considère que l’importance de la « libéralisation des échanges » pour l’expansion économique après la Seconde Guerre mondiale et le développement du commerce mondial est souvent surestimée. Cette libéralisation ne concernait de toute façon que les échanges commerciaux atlantiques alors que, dans le même temps, la plupart des pays en développement augmentaient leurs droits de douane12.
7La sous-évaluation du mark allemand a été envisagée comme possible deuxième cause du succès des exportations de l’industrie allemande. Selon cette hypothèse, la monnaie ouest-allemande aurait été intégrée au système de Bretton Woods avec un taux de change qui aurait durablement assuré aux exportations allemandes un avantage de prix significatif sur ses concurrents européens. Cette thèse n’a toutefois pas pu être étayée par les recherches en histoire économique. Dans son étude consacrée au pouvoir d’achat du deutsche mark dans divers pays, Linda von Delhaes-Günther parvient à la conclusion que la monnaie ouest-allemande n’était réellement sous-évaluée que dans un petit nombre de pays durant les années 1950. Chez les principaux partenaires commerciaux de la République fédérale, dont la France, le mark allemand était au contraire surévalué, ce qui signifie que les produits allemands y étaient, comparativement aux produits nationaux, trop chers. L’historienne en conclut que le succès des exportations allemandes dans des pays tels que, précisément, la France ou les États-Unis ne s’explique que par la qualité particulière des produits allemands13. Il est vrai que son étude se limite aux seules années 1950. À l’inverse, de nombreux éléments suggèrent que le mark allemand était sous-évalué dans les années 1960, de manière de plus en plus nette. C’était en tout cas l’opinion de nombreux industriels et banquiers allemands, qui plaidèrent dans les années 1960 contre le projet d’une réévaluation monétaire, car ils redoutaient que le pays perde un avantage concurrentiel sur les marchés étrangers14. A contrario, de nombreuses voix s’élevèrent à l’étranger pour demander à l’Allemagne de réévaluer sa monnaie pour mettre fin à l’avantage de prix déloyal dont bénéficiaient les exportateurs allemands. À la fin des années 1960, aucun expert de cette question ou presque ne doutait que les bons chiffres des exportations allemandes s’expliquaient au moins en partie par la sous-évaluation monétaire et non par les avantages structurels du régime de production allemand.
8Il apparaît d’autant plus étonnant que les exportations allemandes n’aient pas sensiblement reculé dans les années 1970, après que le deutsche mark, du fait de sa réévaluation en 1969 et des crises monétaires de 1971 et 1973, se fut apprécié de 50 % au total par rapport au dollar. L’appréciation nominale est cependant peu significative, ne serait-ce que parce que 12 % à peine des exportations allemandes étaient destinées aux pays de la zone dollar. Toutefois, le « taux de change effectif réel », corrigé des effets des différents processus inflationnistes, qui prend en considération les variations du cours de change du deutsche mark par rapport aux monnaies des trente-trois principaux partenaires commerciaux de l’Allemagne de l’Ouest – en les pondérant en fonction du volume des échanges bilatéraux avec chacun de ces pays – indique lui aussi une appréciation du mark allemand d’un peu plus de 20 % entre 1969 et 1973. Les produits allemands renchérirent donc à l’étranger de 20 % environ en l’espace de quelques années – en moyenne calculée par rapport aux principaux partenaires commerciaux et sans tenir compte du rythme de l’inflation. Cette évolution ne fut toutefois que très peu préjudiciable aux exportations. La hausse de la part des exportations dans le PIB allemand se poursuivit même durant les années 1970, pour atteindre 25 % à la fin de cette période15. Si les exportateurs allemands avaient profité au premier chef de la sous-évaluation de la monnaie allemande, la disparition de cet atout sous l’effet des turbulences monétaires des années 1970 n’aurait-elle pas dû provoquer un affaiblissement des exportations allemandes bien plus marqué ? Cette stabilité des exportations allemandes permet-elle au contraire d’avancer que les produits d’exportation allemands étaient réellement des produits de première qualité, pour lesquels l’élasticité-prix de la demande était entre-temps devenue faible ? Peut-on en déduire que les possibilités de remplacer ces produits par des produits nationaux étaient limitées et que les consommateurs n’en avaient par ailleurs guère envie ?
9L’examen de la politique de soutien aux exportations via l’instrument monétaire montre avant tout qu’il est peu pertinent de limiter l’analyse aux années 1950, période peu ordinaire à bien des égards, dans la mesure où la convertibilité des monnaies n’était pas encore établie et où le contrôle des mouvements de capitaux était d’actualité. Au-delà de la réalité de la sous-évaluation du mark allemand dans les années 1950 et 1960, il semble bien plus intéressant de se demander comment l’économie ouest-allemande et les responsables politiques de la République fédérale réussirent à préserver les performances des exportations allemandes à la disparition des cours de change fixes. Sur ce point, une troisième explication possible du succès prodigieux des exportations industrielles de l’Allemagne fédérale semble significative. Cette thèse, développée il y a longtemps par Helge Berger et Albrecht Ritschl16, a reçu récemment le soutien de Tamás Vonyó, qui ne l’a cependant adoptée que pour la seule période de l’immédiat après-guerre. Selon cette position, l’industrie allemande a pu profiter démesurément de la réactivation assez rapide de la division du travail particulière existant en Europe entre les États membres fondateurs de la Communauté économique européenne. Ce modèle a traditionnellement dominé la structure économique de l’Europe occidentale et a permis la réalisation d’importantes synergies, dont l’orientation de l’Allemagne vers l’Est durant l’entre-deux-guerres puis la formation des blocs ont causé la disparition, avant que celles-ci ne connaissent un renouveau dans les années 1950. Les structures de la sous-traitance principalement entre l’Allemagne et la France ont été au centre de la division du travail dans le secteur productif européen17. Le principal mérite de cette analyse est de faire directement apparaître combien l’emploi d’expressions telles que le « mode de production national » ou la « force des exportations nationales » est problématique, point sur lequel ni Berger et Ritschl, ni Vonyó ne prennent position. Penser que les produits d’exportation allemands sont consommés à l’étranger et que les importations étrangères sont consommées en Allemagne, en considérant de ce fait le commerce comme un processus à sens unique, constituerait en tout cas un jugement très limité. L’interdépendance, sous de multiples formes, de l’économie allemande et des pays voisins en matière d’exportations masque – comme exposé encore plus clairement ci-dessous – l’existence de nombreux processus de production transfrontaliers, dans lesquels l’Allemagne ne représente souvent qu’une partie d’une chaîne de valeur ajoutée mondiale (supply chain) se caractérisant par son imbrication18. Ces processus de production transfrontaliers ont gagné en importance et en volume au fil de la progression de la mondialisation de l’économie depuis les années 1970. La République fédérale d’Allemagne a pu jouer dans cette évolution un rôle précurseur particulier en raison de la spécialisation de son industrie dans les produits semi-finis et les produits industriels. Cette mutation de la politique économique a peut-être été plus marquée en Allemagne occidentale que dans des pays dans lesquels les produits de marque et les biens de consommation jouaient un rôle plus important. Toutefois, il ne paraît pas opportun, dans le contexte d’une économie mondialisée depuis les années 1970, de continuer d’évoquer un « régime de production allemand » alors même qu’une grande partie des produits semi-ouvrés, originaires de pays voisins dans lesquels les processus de production répondaient à une tout autre organisation, était seulement transformée en Allemagne, lorsque les différentes étapes de la transformation n’avaient pas elles-mêmes déjà été délocalisées à l’étranger. Nous montrerons ci-après que la politique allemande de soutien aux exportations, après avoir très tôt identifié cette transformation structurelle de l’économie mondiale, sut en tirer profit.
II. La politique de soutien aux exportations de la République fédérale d’Allemagne et le « perfectionnement passif »
10Dans quelle mesure la politique économique allemande a-t-elle favorisé le succès des exportations allemandes ? La politique commerciale de la République fédérale d’Allemagne est d’une certaine manière un calque fidèle de la politique commerciale qui s’est imposée au niveau international sous l’égide de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (Gatt19) après 1947. Le Gatt, d’une part, avait été conçu comme un moyen de revenir au principe d’un commerce mondial libéral après la Seconde Guerre mondiale mais, d’autre part, il tolérait dans nombre de ses règles que des politiques commerciales protectionnistes soient menées par les pays en développement, mais aussi par les pays industrialisés dans certaines conditions et certains secteurs. En conséquence, dans les travaux de recherche en histoire économique, l’ordre du commerce mondial est parfois désigné par l’expression « protectionnisme libéral20 ». La politique commerciale allemande s’y est parfaitement intégrée, cultivant, dès le début, et en particulier lorsque Ludwig Erhard était ministre de l’Économie, une rhétorique excessive de la libéralisation, toutefois associée à une politique tout à fait pragmatique de « protectionnisme sélectif ». Ludwig Erhard s’est engagé durablement, et malgré la résistance de larges pans de l’industrie, en faveur de la « libéralisation », comme l’a montré Reinhard Neebe dans son étude sur la politique commerciale allemande avant 1957. Il prônait la baisse des droits de douane et la suppression des barrières commerciales mais plaidait aussi en faveur du retour à la convertibilité monétaire. Reinhard Neebe souligne toutefois aussi le pragmatisme politique de Ludwig Erhard :
« À partir du milieu des années 1950, il est apparu de plus en plus clairement que la politique économique extérieure de l’Allemagne de l’Ouest, et probablement aussi Ludwig Erhard, avaient vu dans la libéralisation du commerce mondial jusque-là principalement la liberté pour l’Allemagne d’exporter vers les marchés d’autres pays et qu’ils réagissaient de manière restrictive à la pression croissante des importations, ce qui était frappant dans un premier temps aux yeux des personnes extérieures. »
11C’est la raison pour laquelle, durant ces mêmes années 1950, certains produits importés étaient encore soumis à des droits de douane élevés. Les droits perçus sur le papier et sur les produits chimiques s’élevaient respectivement à 30 % et 25 %21.
12Peu d’éléments indiquent que Ludwig Erhard et les Gouvernements fédéraux aient radicalement modifié la politique commerciale extérieure dans les années 1960 et 1970. Ils ont voulu que le volume des exportations reste à un niveau élevé et continue d’augmenter, car selon eux c’était une condition sine qua non pour pouvoir financer le volume croissant d’importations lié au passage à la société de consommation. La libéralisation des importations a été considérée avant tout comme une mesure facilitant, en contrepartie, la vente des produits allemands sur les marchés des partenaires commerciaux22. Cette libéralisation des importations à l’époque où Ludwig Erhard était ministre de l’Économie était par conséquent liée dès le début à la politique de soutien aux exportations. Selon certains experts de l’époque, il ne fait aucun doute que la sous-évaluation du mark allemand faisait partie de cette stratégie. Ainsi, Herbert Giersch, membre du Conseil allemand des experts économiques23 entre 1964 et 1970 et président de l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale24 depuis 1969, avait déclaré en 1971, lors d’une réunion du Comité consultatif scientifique auprès du ministère fédéral de l’Économie :
« La tendance, depuis plusieurs années, à la sous-évaluation du mark a subventionné les industries exportatrices et la substitution d’importations, ce qui n’a pas été sans altérer la répartition fonctionnelle des revenus. Le volume des revenus, l’autofinancement et le degré de monopole ont ainsi été plus élevés et la part des revenus du travail a été plus faible que cela n’aurait été le cas dans d’autres circonstances. Cette politique de croissance, qui a fait ses preuves pour les entreprises, a eu des effets négatifs sur les consommateurs, les revenus des salariés et la politique en matière de patrimoine25. »
13Toutefois, après les spéculations massives contre la livre puis contre le dollar qui ont déclenché au printemps 1971 une crise profonde du système de Bretton Woods et après la décision prise par la Bundesbank en mai 1971 de ne plus soutenir le dollar, le mark a continué de s’apprécier, ce qui a entraîné la disparition d’un instrument important de soutien aux exportations allemandes26. À la même époque, le « protectionnisme sélectif », qui avait permis à la République fédérale d’Allemagne dans les années 1950 et 1960 de faire avancer, avec succès, la libéralisation des échanges réciproques de marchandises, où les Allemands étaient les champions, tout en continuant de protéger les secteurs dans lesquels la production allemande n’était pas compétitive, a atteint ses limites, ne serait-ce qu’en raison de l’introduction de l’exemption des droits de douane au sein de la Communauté européenne en 1968 et du transfert de la politique commerciale à la Commission européenne en 1971. Dans cette situation, les spécialistes des questions commerciales au ministère de l’Économie et au ministère des Affaires étrangères ont imposé de nouveaux instruments permettant de continuer à soutenir les exportations dans ce nouveau contexte : les « obstacles non tarifaires », mis en place par de nombreux pays depuis les années 197027.
14En Allemagne, le changement a débuté dès les années 1960. C’est ce qu’ont montré très clairement les débats sur la loi relative au commerce extérieur – Außenwirtschaftsgesetz (AWG)28. Cette loi, qui devait porter sur la gestion des devises, permettait de restreindre largement le libre commerce, puisque la gestion par l’État des moyens de paiement étrangers encadre nécessairement de manière stricte les importations de l’industrie allemande. Face à la multitude des possibilités d’intervention inscrites dans cette loi par le ministère de Ludwig Erhard, les projets firent l’objet d’une vive critique. Ainsi, selon le ministère des Finances : « La loi doit reposer sur le principe de la liberté des échanges. » « Pour cela, il ne suffit pas d’énoncer ce principe en introduction. Si l’Administration interdit au bout du compte par la voie réglementaire toute activité liée aux échanges extérieurs et peut, au moyen d’interdictions, créer des infractions, il n’y a pas de liberté. Cela donne plutôt l’impression que le législateur ne prend pas au sérieux le principe de liberté29. »
15La loi finalement publiée en 1961 au terme de longues discussions a toutefois suivi la logique prévue initialement et, après l’affirmation du principe général de liberté des échanges, elle a énuméré d’innombrables cas dans lesquels l’importation et l’exportation de marchandises étaient « soumises à autorisation », afin de « prévenir tout effet préjudiciable résultant d’échanges avec des territoires économiques étrangers » (article 6) ou « pour veiller à ce que la satisfaction des besoins vitaux sur le territoire économique ne soit pas menacée » (article 8)30. La loi reposait sur une annexe constituée de « listes des importations » énumérant les marchandises soumises à autorisation et de « listes de pays » mentionnant les pays avec lesquels il était possible de commercer sans restrictions ; à cet égard, il est intéressant de constater que les États-Unis ne faisaient pas partie de la « liste A » des pays non discriminés. Au ministère fédéral de l’Économie, on savait que le Gouvernement fédéral pouvait à tout moment avoir besoin d’imposer des restrictions aux importations ou d’autres réglementations afin de fermer l’économie allemande au marché mondial. Ces listes n’ont cessé de faire l’objet de discussions dans le cadre des cycles de négociations du Gatt31. En 1968, le ministre de l’Économie Karl Schiller a tenté en vain de supprimer les listes de pays de cette loi et de mettre fin à la discrimination qui en découlait afin de faciliter un rapprochement avec le bloc de l’Est en matière de politique commerciale32. Ce n’est qu’en 1995 que ces listes ont pu être totalement supprimées. Si elles ne revêtaient aucune importance pour les importations provenant de pays de l’Union européenne (UE) ou de pays membres du Gatt, elles constituaient, à l’instar des listes des importations, un instrument parfait de contrôle direct des importations en provenance de tous les autres pays.
16Toutefois, entre les membres de l’UE, et même entre les parties au Gatt, les échanges commerciaux ont toujours été restreints, et plus particulièrement après le choc pétrolier qui a affecté l’économie des pays industrialisés. Outre la politique agricole commune, qui est bien connue, il s’agissait avant tout des différents accords d’autolimitation, qui seront décrits ici en nous appuyant sur l’exemple de l’industrie du textile et de l’habillement. L’article 19 du Gatt autorisait les membres à assortir l’importation de ce type de produits de droits protecteurs ou à la limiter d’une autre manière lorsqu’elle « cause ou menace de causer un dommage grave aux producteurs nationaux de produits similaires ou de produits directement concurrents ». Cet article a été utilisé dans les années 1950 pour limiter l’entrée aux États-Unis et en Europe de tissus et textiles de coton en provenance du Japon, et par la suite d’autres pays asiatiques. Selon les règles du Gatt, il aurait été possible d’imposer aux pays importateurs des contingents à l’importation, voire des droits de douane. Afin d’éviter d’avoir à adopter ce type de mesures, il a été convenu que le Japon réduirait « volontairement » les « importations à bas prix », ce qui a constitué le début des « accords d’autolimitation volontaire33 ». D’autres secteurs ont été régulés par ce moyen, notamment l’électronique grand public et l’industrie automobile, quoique de manière moins durable. Si, dans les années 1960, les « accords d’autolimitation » des pays exportateurs de textiles concernaient uniquement les textiles de coton, ils ont été étendus aux fibres synthétiques durant la crise du pétrole. L’« accord multifibres » de 1974 limitait le commerce de produits textiles et d’habillement en fibres naturelles et synthétiques entre cinquante pays, y compris la Communauté européenne, qui constituait l’un des débouchés les plus importants pour les produits de plus en plus fabriqués dans les pays en voie d’industrialisation. En application de cet accord, 75 % des importations de textile et d’habillement aux États-Unis étaient désormais soumises à des barrières commerciales. Au lieu d’augmenter progressivement les quotas d’importation, comme le prévoyait l’accord de 1974, afin de parvenir à un niveau toléré par les institutions du Gatt, les quotas ont même continué à être réduits dans le contexte de la crise économique mondiale de 197734. Les marchés européens étaient ainsi (à l’instar des marchés américains) fermés, de fait, aux produits venant des pays en développement, principalement des produits d’habillement et des produits alimentaires. L’existence de produits européens de haute qualité dans le secteur du textile et de l’habillement n’était possible que grâce aux mesures de protection mises en œuvre contre les produits concurrents fabriqués en Asie à un coût sensiblement plus faible.
17Il est toutefois intéressant de constater que si de nombreuses entreprises du secteur du textile et de l’habillement soutenaient résolument, avec les entreprises françaises et italiennes du même secteur, ce protectionnisme commercial au niveau de l’UE, elles délocalisaient simultanément leur production à l’étranger, se rendant ainsi elles-mêmes responsables de la concurrence commerciale qu’elles critiquaient. S’agissant de l’industrie allemande du textile et de l’habillement, nous avons décrit cette situation de manière détaillée dans un autre article35. Dans un premier temps, des unités de production ont été créées en Autriche, en Espagne et au Portugal, pays à partir desquels l’espace économique de l’Association européenne de libre-échange (AELE) pouvait mieux être approvisionné. À compter des années 1960, et plus encore après le rapprochement politique avec les pays voisins du bloc de l’Est induit par la « nouvelle politique à l’Est » du chancelier fédéral Willy Brandt, un nombre croissant d’unités de production situées en Allemagne de l’Est, en Tchécoslovaquie et en Yougoslavie sont devenues des partenaires commerciaux. Ces unités recevaient des matières premières et des machines de leurs partenaires ouest-allemands et renvoyaient en République fédérale d’Allemagne les vêtements fabriqués à bas coût à l’étranger, en bénéficiant des contingents exonérés de droits qui avaient été négociés entre les pays. Le « perfectionnement passif » (passive Lohnveredelung en allemand, ou outward processing en anglais) a entraîné une augmentation du volume des exportations allemandes, puisque le vêtement fabriqué n’était pas entièrement consommé en Allemagne mais réexporté, y compris hors de l’UE. Jusque dans les années 1990, la République fédérale d’Allemagne a fait partie des principaux pays exportateurs de produits textiles et d’habillement au monde (même si les importations de vêtements étaient supérieures aux exportations). Il est vrai que l’industrie du textile et de l’habillement a perdu un nombre considérable d’emplois au cours des années 1970, et qu’elle faisait partie des industries en difficulté lors de la mutation structurelle de l’économie. Sans la stratégie de délocalisation de la production, elle aurait totalement disparu. Hugo Boss et Seidensticker ou des fabricants d’articles de sport tels que Trigema n’auraient pu exister.
18Il est important de souligner ici le fait que la politique économique de la République fédérale d’Allemagne a soutenu très tôt de manière active la politique de délocalisation. Il n’est pas question ici des instruments plus ou moins conventionnels de soutien aux exportations que sont l’assurance à l’exportation ainsi que le crédit et les garanties accordés aux exportateurs, tous utilisés de fait d’une manière ou d’une autre par tous les pays. Il s’agissait davantage pour le Gouvernement de soutenir directement les entreprises qui délocalisaient les étapes de production qu’il n’était plus possible de rationaliser dans l’industrie du textile et de l’habillement, celles dont le coût de main-d’œuvre était élevé. Selon le raisonnement du Gouvernement, la forte réduction de ces coûts permettait d’exporter les produits d’habillement allemands à des prix compétitifs tandis que les services à forte valeur ajoutée (conception, organisation, gestion et ventes) demeuraient sur le territoire national36. C’est la raison pour laquelle il a accordé aux entreprises des avantages fiscaux intéressants lorsqu’elles investissaient dans des pays en développement ; il convient de préciser à cet égard que, dans la loi fiscale relative à la promotion des investissements dans les pays en développement (Entwicklungshilfe-Steuergesetz) de 1963, le Portugal et l’Espagne étaient eux aussi considérés comme des pays en développement. En outre, des campagnes de promotion et des bureaux d’information, mis en place avec l’aide de l’État dans le cadre de salons industriels, ont contribué à vaincre les réticences, en particulier des petites et moyennes entreprises, à investir dans les pays du bloc de l’Est. Dans le secteur du textile, outre la prise en charge généreuse du risque par l’État et l’octroi de garanties en cas de défaillance, c’est avant tout la diplomatie commerciale qui a permis à ce modèle économique de s’imposer. En effet, sans les importants contingents prévus pour le « perfectionnement passif » en exonération de droits dans les contrats commerciaux conclus avec les pays du bloc de l’Est, la délocalisation de la production n’aurait pas été attractive. Lorsqu’il est apparu que cette pratique était de plus en plus préjudiciable aux concurrents français et italiens de l’industrie du textile et de l’habillement, l’Europe l’a réglementée dans les années 1990 en limitant à 50 % la part de chiffre d’affaires que les entreprises étaient autorisées à réaliser grâce à cette pratique. En 1990, l’Allemagne avait fait fabriquer pour 1,8 milliard d’euros de vêtements à l’étranger sous le régime du « perfectionnement passif », contre tout juste 347 millions pour la France et seulement 21 millions pour l’Italie37.
19La délocalisation de la production n’a pas seulement été une stratégie de défense et de conquête de niche d’une industrie du textile et de l’habillement fortement sur la défensive, dont le but n’a jamais été (comme indiqué plus haut) de fabriquer et d’exporter des produits de haute qualité. On peut supposer que la stratégie de délocalisation de la production au niveau mondial a été adoptée dans les années 1970 en particulier dans les secteurs de pointe allemands et, partout, dans le cadre d’une politique économique allemande qui lui était favorable. L’appréciation du mark a été l’un des facteurs qui ont favorisé cette évolution, puisque les investissements à l’étranger sont devenus moins coûteux et plus attractifs. Les entreprises allemandes ont alors pu fournir les marchés étrangers sans courir de risque de change puisque les marchandises étaient produites directement dans les pays concernés. Il n’est donc guère étonnant que les investissements directs à l’étranger (IDE) aient rapidement augmenté au cours des années 1970. Dans les années 1960, les IDE allemands n’ont pratiquement jamais atteint les 2 milliards de marks par an. Avec l’appréciation du mark, ils se montaient à presque 4 milliards de marks en 1971 et se sont établis durablement à plus de 10 milliards de marks à partir de 198438. Dans certains cas, l’activité à l’étranger a résulté des restrictions commerciales, qui ont ainsi pu être contournées. Même une entreprise comme BMW, plutôt sur la réserve à l’origine en matière d’investissements à l’étranger, a commencé dans les années 1970 à racheter systématiquement ses distributeurs étrangers avant de construire son premier site de production à l’étranger au début des années 1980, en Afrique du Sud39. Les grandes banques allemandes ont créé, de fait, une « internationalisation » parallèle, notamment parce qu’elles participaient au financement des opérations des entreprises à l’étranger, mais surtout parce qu’elles avaient développé une stratégie commerciale pour tirer profit de l’envolée des marchés de l’eurodollar à la suite du choc pétrolier40. À compter des années 1970, l’économie allemande et ceux qui fixaient la politique économique du pays eux-mêmes ont, par conséquent, favorisé les exportations allemandes puisque des installations de production, qui fonctionnaient avec des biens intermédiaires allemands, des machines allemandes et en définitive aussi avec des capitaux allemands, ont été construites à l’étranger. On pourrait continuer à considérer qu’il s’agissait d’un « régime de production allemand » dans la mesure où le savoir-faire, le capital et la direction étaient allemands. Toutefois, les produits allemands de haute qualité étaient désormais fabriqués par une main-d’œuvre étrangère sur des marchés étrangers et dans le cadre juridique et social des pays concernés.
Conclusion
20Le succès rencontré par les exportateurs allemands après la Seconde Guerre mondiale est impressionnant et inattendu sur le plan historique, le pays étant traditionnellement un importateur net. D’après les travaux de recherche en histoire économique, ce succès s’explique essentiellement par la supériorité des produits allemands de haute qualité sur les marchés mondiaux, qui s’est maintenue lorsque l’avantage du prix lié à la sous-évaluation du mark a disparu. La « production diversifiée de qualité » dans laquelle l’Allemagne s’est spécialisée à la fin du xixe siècle a permis l’apparition, dans certains segments de marché, de produits de haute qualité sans concurrence. Cette vision pose problème, comme nous l’avons montré dans cet article : s’il est de plus en plus difficile, dans une économie mondialisée, d’établir que la compétitivité d’un produit ou d’une branche est liée aux particularités des structures organisationnelles nationales, cette vision oublie que les avantages concurrentiels des produits allemands de haute qualité étaient dus, au moins en partie, au fait que les exportations bénéficiaient d’un soutien en Allemagne – soutien direct mais aussi intervention, bien plus durable, dans la structure des processus de production et aide ciblée pour la délocalisation de la production. Le soutien aux produits allemands de haute qualité n’a pas reposé sur des campagnes de marketing pour les produits made in Germany, mais sur la baisse ciblée et durable des coûts de production et l’augmentation de la productivité liées à la désintégration des chaînes de valeur au niveau mondial. C’est le constat qui a été fait sans ambiguïté dans l’industrie du textile et de l’habillement, présentée ici à titre d’exemple. Il conviendrait de mener d’autres recherches en histoire économique pour examiner la situation dans d’autres branches, en particulier dans l’industrie automobile.
Notes de bas de page
1 Arnd Kluge, Die deutsche Porzellanindustrie bis 1914, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2020.
2 L’Allemagne exportait en 1908 environ 144 000 hectolitres de vin, alors que les exportations viticoles françaises atteignaient 2 millions d’hectolitres par an. Kurt Ritter, Weinproduktion und Weinhandel der Welt vor und nach dem Kriege, Berlin, Paul Parey, 1928, p. 15.
3 David M. Higgins, Brands, Geographical Origin, and the Global Economy: A History from the Nineteenth Century to the Present, Cambridge, Cambridge University Press, 2018.
4 Johannes Bähr, Ralf Banken et Thomas Flemming, Die MAN: Eine deutsche Industriegeschichte, 2e éd., Munich, Beck, 2008.
5 Allgemeine Elektricitäts-Gesellschaft.
6 Cornelius Torp, Die Herausforderung der Globalisierung: Wirtschaft und Politik in Deutschland 1860-1914, Kritische Studien zur Geschichtswissenschaft, tome 168, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2005.
7 Jan-Otmar Hesse, « Die globale Verflechtung der Weimarer Wirtschaft: De-Globalisierung oder Formwandel? », dans Christoph Cornelissen et Dirk van Laak (dir.), Weimar und die Welt. Globale Verflechtungen der ersten deutschen Republik, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprech, 2020, p. 347‑377.
8 Werner Abelshauser, « Umbruch und Persistenz: Das deutsche Produktionsregime in historischer Perspektive », Geschichte und Gesellschaft, vol. 27, n° 4, 2001, p. 503‑523.
9 Ibid., p. 522 et suiv.
10 À notre connaissance, l’expression « championne du monde des exportations » a été employée pour la première fois en février 1987 dans un article paru dans l’hebdomadaire Der Spiegel : « Augen öffnen », Der Spiegel, 23 février 1987.
11 Christoph Buchheim, Die Wiedereingliederung Westdeutschlands in die Weltwirtschaft 1945-1958, Quellen und Darstellungen zur Zeitgeschichte, tome 31, Munich, R. Oldenbourg, 1990 ; Werner Bührer, Westdeutschland in der OEEC: Eingliederung, Krise, Bewährung 1947-1961, Munich, R. Oldenbourg, coll. Quellen und Darstellungen zur Zeitgeschichte, vol. 32, 1997 ; Reinhard Neebe, Weichenstellung für die Globalisierung: Deutsche Weltmarktpolitik, Europa und Amerika in der Ära Ludwig Erhard, Cologne, Böhlau, 2004.
12 Ronald Findlay et Kevin H. O’Rourke, Power and Plenty: Trade, War, and the World Economy in the Second Millennium, 6e éd., 1re éd. brochée, The Princeton Economic History of the Western World, Princeton (NJ), Princeton University Press, 2009, p. 489 et suiv.
13 Linda von Delhaes-Guenther, Erfolgsfaktoren des westdeutschen Exports in den 1950er und 1960er Jahren, Untersuchungen zur Wirtschafts-, Sozial- und Technikgeschichte 22, Dortmund, Ges. für Westfälische Wirtschaftsgeschichte, 2003, p. 185 et suiv.
14 Voir la présentation de ces débats dans la publication de Jan-Otmar Hesse : « Wissenschaftliche Beratung der Wirtschaftspolitik. Das Bundeswirtschaftsministerium und die Volkswirtschaftslehre », dans Werner Abelshauser (dir.), Das Bundeswirtschaftsministerium in der Ära der Sozialen Marktwirtschaft: Der deutsche Weg der Wirtschaftspolitik, Berlin, De Gruyter, 2016, p. 479 et suiv.
15 Markus Lampe et Niko Wolf, « Binnenhandel und Außenhandel », dans Thomas Rahlf (dir.), Deutschland in Daten. Zeitreihen zur Historischen Statistik, Bonn, Bundeszentrale für politische Bildung, 2015, p. 281.
16 Helge Berger et Albrecht Ritschl, « Die Rekonstruktion der Arbeitsteilung in Europa. Eine neue Sicht des Marshallplans in Deutschland 1947-1951 », Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, vol. 43, n° 3, 1995, p. 473‑519.
17 Tamás Vonyó, The Economic Consequences of the War: West Germany’s Growth Miracle after 1945, Cambridge, Cambridge University Press, Cambridge Studies in Economic History, 2018, p. 134‑148.
18 Jan-Otmar Hesse et Patrick Neveling, « Global Value Chains and Business History », dans Teresa da Silva Lopes, Christina Lubinski et Heidi Tworek (dir.), Routledge Companion to the Makers of Modern Global Business, Londres, Routledge, 2019, p. 279‑293.
19 General Agreement on Tariffs and Trade.
20 R. Findlay et K. O’Rourke, op. cit., p. 489 et suiv. ; Vinod K. Aggarwal, Liberal Protectionism: The International Politics of Organized Textile Trade, Berkeley (CA), University of California Press, coll. Studies in International Political Economy, vol. 13, 1985.
21 R. Neebe, Weichenstellung für die Globalisierung…, op. cit., p. 112‑115, cité p. 387.
22 Mesenberg (VA2), chef de bureau au sein du ministère fédéral de l’Économie, avait résolument établi ces principes dans son « Projet de conception d’une politique d’exportation » le 31 octobre 1966, peu de temps après la rupture de la coalition entre l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et le Parti libéral démocrate (FDP). Archives fédérales de Coblence (BArch), fonds du ministère fédéral de l’Économie (B102), Dossier n° 226530.
23 Sachverständigenrat zur Begutachtung der gesamtwirtschaftlichen Entwicklung.
24 Kielere Institut für Weltwirtschaft (IfW).
25 Voir par exemple Archives fédérales, B 102/136829, Discours de Herbert Giersch, membre du Conseil allemand des experts économiques et président de l’Institut d’économie mondiale lors de la 142e réunion du Comité consultatif scientifique auprès du ministère fédéral de l’Économie, 14‑15 mai 1971.
26 Les raisons de l’effondrement du système des taux fixes ont fait l’objet de travaux de recherche détaillés par Barry Eichengreen, en particulier l’étude la plus récente relative à l’attitude française : Barry J. Eichengreen, Exorbitant Privilege: The Rise and Fall of the Dollar and the Future of the International Monetary System, Oxford, Oxford University Press, 2011 ; id., Globalizing Capital: A History of the International Monetary System, Princeton (NJ), Princeton University Press, 1996.
27 R. Findlay et K. O’Rourke, op. cit., p. 523.
28 Il n’existe malheureusement pas d’étude historiographique solide sur l’histoire de cette loi. Ce sujet est abordé très superficiellement dans l’ouvrage de Jürgen Bellers et Markus Porsche-Ludwig intitulé Aussenwirtschaftspolitik der Bundesrepublik Deutschland 1950-2011: Ein Handbuch zu Vergangenheit und Gegenwart, Politik: Forschung und Wissenschaft, vol. 32, Münster, Lit, 2011, p. 247‑256.
29 Archives fédérales, B102/212610, Ministère fédéral des Finances, Principes pour une nouvelle réglementation relative au commerce extérieur, 5 juillet 1956.
30 Loi sur le commerce extérieur du 28 avril 1961, BGBl, n° 29, 1961, p. 481‑495.
31 Archives fédérales, B102/165304, Compte rendu d’un entretien entre Helmut Schmidt, ministre fédéral de l’Économie et des Finances, et le directeur général du Gatt, Olivier Long, 14 septembre 1972.
32 Archives fédérales, B102/165303, Note sur la discussion interne du 19 avril portant sur les possibilités de suppression de la liste de pays B figurant dans la loi sur le commerce extérieur, 3 mai 1968.
33 Pietra Rivoli, The Travels of a T-Shirt in the Global Economy: An Economist Examines the Markets, Power, and Politics of World Trade, 2e éd., Hoboken (NJ), John Wiley & Sons, 2009.
34 Ibid., p. 193‑207.
35 Jan-Otmar Hesse, « The German Textile Puzzle: Selective Protectionism and the Silent Globalisation of an Industry », Business History Review, 93, été 2019, p. 221‑246.
36 Voir les discussions au sein du Comité consultatif scientifique auprès du ministère fédéral de l’Économie, en particulier : Archives fédérales, B102/139771, Langer (bureau VC5) s’adressant au bureau VA1 au sujet de la « délocalisation de la production », 11 février 1974.
37 Commission européenne, Moving Frontier, Rapport 2006, p. 261.
38 Statistiques de la balance des paiements d’après les rapports mensuels de la Deutsche Bundesbank. Diverses années. Fait référence aux « flux de sortie » annuels des IDE. Voir aussi Harm G. Schröter, « Außenwirtschaft im Boom: Direktinvestitionen bundesdeutscher Unternehmen im Ausland 1950-1975 », dans Hartmut Kaelble (dir.), Der Boom 1948-1973: gesellschaftliche und wirtschaftliche Folgen in der Bundesrepublik Deutschland und in Europa, Schriften des Zentralinstituts für Sozialwissenschaftliche Forschung der Freien Universität Berlin, vol. 64, Opladen, Westdeutscher Verlag, 1992.
39 Annika Biss, Die Internationalisierung der Bayerischen Motoren Werke AG: Vom reinen Exportgeschäft zur Gründung eigener Tochtergesellschaften im Ausland 1945-1981, Berlin, De Gruyter, 2017, p. 479‑508 ; Christian Marx, « Die Internationalisierung der Chemieindustrie als Herausforderung für die Deutschland AG », dans Ralf Ahrens, Boris Gehlen et Alfred Reckendrees (dir.), Die « Deutschland AG »: Historische Annäherungen an den bundesdeutschen Kapitalismus, Essen, Klartext, 2013, p. 247‑273.
40 Edoardo Altamura, European Banks and the Rise of International Finance after Bretton Woods (1973-1982), Uppsala, Acta Universitatis Upsaliensis, Uppsala Studies in Economic History 101, 2015.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Vers le haut de gamme made in France
Ce livre est cité par
- Blancheton, Bertrand. (2021) French fashion and textile during COVID-19. Once again, flying to high quality and innovation to survive. Fashion and Textiles, 8. DOI: 10.1186/s40691-021-00278-1
Vers le haut de gamme made in France
Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://0-freemium-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/oebooks
Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org
Référence numérique du chapitre
Format
Référence numérique du livre
Format
1 / 3