Annexes
p. 115-141
Texte intégral
- Noms des principales espèces métalliques monétaires françaises
- Glossaire du vocabulaire monétaire
- Glossaire des noms familiers de l’argent
- Chronologie
Jean-Marie Darnis est l’auteur des annexes. Docteur en histoire, Jean-Marie Darnis est le fondateur du Service historique des archives et de la bibliothèque de la Monnaie de Paris. Il en est actuellement le responsable.
NOMS DES PRINCIPALES ESPÈCES MÉTALLIQUES MONÉTAIRES FRANÇAISES
OR | ARGENT | BILLON/CUIVRE | |
XIIIe siècle : | Denier à l’Écu Agnel |
Gros | |
XIVe siècle : | Royal | Châtel | Denier |
Masse | Étoile | Maille | |
Chaise Agnel Ecu Franc |
Fleur de lis | Bourgeois | |
XVe siècle : | Écu Mouton |
Florette Carolus |
Denier |
XVIe siècle : | Écu Henri |
Teston Franc |
Denier |
XVIIe siècle : | Louis Lis |
Écu | Liard Sou |
XVIIIe siècle : | Louis | Écu | Liard/Sou |
Louis | Sol | Denier | |
XIXe siècle : | Franc | Franc | Décime Centime |
XXe siècle : | Franc | Franc | Centime |
GLOSSAIRE DU VOCABULAIRE MONÉTAIRE
AGNEL : monnaie d’or française émise du XIIIe au XVe siècle, dit également « Mouton » d’or et « Pascal » d’or (l’agneau pascal offrant la représentation figurée sur la pièce).
ALOI : proportion de métal fin (or ou argent) dans la composition d’une pièce à monnayer. Origine : le verbe aloyer, variante de allier, au XIIIe siècle, signifiant alliage. De là, une chose « de bon aloi » est devenus une chose de qualité.
ASSIGNAT : papier-monnaie émis en France entre 1789 et 1797.
AVERS : face d’une pièce qui offre l’effigie ou le motif principal. Synonyme : droit.
BALANCIER MONÉTAIRE : machine-outil à vis filetée sans fin destinée à la frappe monétaire mécanique.
BAUDEQUIN : surnom d’une pièce de monnaie valant deux tiers de gros (XIIIe siècle), en référence au caparaçon d’ornement des chevaux dans une cérémonie.
BILLON : alliage d’argent (moins de 50 %) et de cuivre.
BIMÉTALLISME : système monétaire dans lequel l’or et l’argent ont chacun leur étalon.
BRÈVES : lot de flans monétaires prêts pour la frappe et dont on a noté le poids.
CAPITAL : vient du latin « caput », qui veut dire tête. Utilisé en économie dans la seconde moitié du XVIe siècle, où il désigne la partie principale d’une dette, puis d’une rente, enfin d’une fortune. Il est finalement resté fidèle à son sens ancien : avoir un capital. C’était à l’origine avoir des têtes de bétail, avoir une fortune capable de fructifier : il y fallait des mâles et des femelles.
CARRÉ : voir Coin.
CHAMP : surface centrale d’une face de pièce, délimitée par une légende circulaire.
COIN : matrice en acier gravée à l’envers et en creux dans un rondin circulaire, pour marquer la face d’une pièce. La France d’Ancien Régime utilisait des coins à base carrée. Il existe un coin (carré) d’avers et un coin (carré) de revers.
DENIER : vient du latin « denarius » (IIIe siècle av. J.-C.). Le denier a duré 2 000 ans. Il fut la principale monnaie en argent de l’Europe occidentale du VIIIe au XIIIe siècle, l’unité monétaire française à partir de Philippe Auguste, enfin l’unité de compte de l’Ancien Régime.
DIFFÉRENT(S) : signe(s) particulier(s) gravé(s) sur une monnaie métallique. Ils servent à identifier le directeur et le graveur général d’une manufacture monétaire, garantissant la « bonté » des espèces métalliques fabriquées.
DOLLAR : 1. De la monnaie espagnole « Dolera » qui, comme le « Daler » de Suède-Norvège, le « Daalder » de Hollande, procède du Thaler des pays germaniques ; abréviation de « Joachimsthaler », monnaie de Joachmsthal (vallée de Joachim, site minier de Bohême où furent frappés les premiers Thalers au début du XVIe siècle – voir Thaler). 2. Unité monétaire des Etats-Unis depuis 1750 et du Canada depuis 1853. Monnaie reine, c’est en termes de dollars que le système né du pacte de Bretton Woods a défini toutes les parités ; c’est à l’égal du dollar, que l’Union européenne de paiements a défini son unité de compte stipulé en euros.
DROIT : voir Avers.
DUCAT : mot italien désignant une monnaie d’or frappée à l’effigie d’un duc. Venise en fit une monnaie d’or à partir de 1284. Le ducat est devenu une monnaie internationale à partir du XVe siècle.
DUODÉCIMAL : système monétaire fondé sur le nombre 12 (1 sol = 12 deniers, 1 louis = 24 livres).
DUPONDIUS : pièce d’origine romaine en bronze. C’est sans doute là que se trouve l’origine du nom français Dupond.
ÉCU : 1. Monnaie de nombreux pays, inspirée par la pièce française ornée d’un écu aux armes de France (de 1266 à 1793). 2. L’origine du nom est latin « scrutum » (bouclier), et du vieux français « escut ». La France utilisa en premier lieu, une monnaie d’or (XIIIe-XVIIe siècles), puis d’argent (XVIIe-XVIIIc siècles) ; exceptionnellement, monnaie de compte (de 1577 à 1602) et de papier (1718). 3. Le 31 décembre 1834, la démonétisation effective des écus est ordonnée. Le mot écu subsiste durant tout le grand XIXe siècle pour désigner la pièce d’argent de 5 francs. 4. Enfin, initiales de European Currency Unit (Unité monétaire européenne), première monnaie de compte commune aux États membres de la CEE (1 écu = 6,55957 francs) et remplacé par le terme « euro » à compter de 1995.
EFFIGIE : portrait d’un personnage réel ou allégorique sur une monnaie ou une médaille.
ESTERLIN : monnaie d’argent, à partir du XIVe siècle en Angleterre et imitée sur le continent.
EXERGUE : partie inférieure du champ où figurent les différents, la mention de l’atelier et le millésime.
FABRICATION DE LA MONNAIE : elle comporte deux phases : celle de la fabrication des instruments de frappes (coins) et celle des disques, de métal (flans) destinés à recevoir les empreintes qui en feront des pièces.
FACE : l’un ou l’autre des deux côtés d’une monnaie (synonymes : avers ou droit). Côté correspondant au coin fixe (ou pile) de la frappe manuelle au marteau.
FIDUCIAIRE : monnaie dont la valeur repose sur la confiance accordée à l’autorité émettrice.
FLAN : morceau de métal, plat et circulaire, destiné à recevoir l’empreinte monétaire sur les deux faces.
FLORIN : mot désignant la monnaie d’or créée à Florence en 1252, marquée d’un lis, puisque le lis figurait sur les armes de la ville de Florence. Comme le ducat, le florin a conquis l’Europe. Il n’a pas disparu partout, puisque le florin fut, de 1748 jusqu’à l’euro, le nom de l’unité monétaire aux Pays-Bas.
FRANC : vient du latin médiéval « francus », qui signifie « libre », et non de franceis ou françois, originaire de ou lié à la France. 1. C’est pourtant bien en France que cette monnaie a été créée le 5 décembre 1360, durant la guerre de Cent Ans, pour payer la rançon du roi Jean Le Bon, prisonnier des Anglais. Cette pièce en or pur, a pu être forgée grâce à la dot que versa le Milanais Visconti pour le mariage de son fils avec la toute jeune Isabelle, fille de Jean Le Bon. Le roi put être ainsi libéré, « franc ». 2. Le franc connut une renaissance éphémère sous Henri III, avant de triompher à la Révolution. 3. Unité monétaire française depuis 1795, divisée en décimes et en centimes.
GROS : pièce d’argent frappée en Europe à partir de la fin du XIIIe siècle pour servir de multiple au denier dévalué.
IDENTIFICATION : échancrure, cannelure, dans la tranche d’une pièce de monnaie.
LÉGENDE : inscription gravée en rondeau sur le pourtour du droit (ou avers) et du revers d’une pièce.
LIARD : 1. Vient vraisemblablement de l’ancien adjectif liart (XIIe siècle), qui signifiait grisâtre, mais qui pouvait aussi se rapporter à un alliage (allié, mélangé). 2. Nom donné à une petite pièce de bronze (XIV-XV1116 siècles), qui est venue jusqu’à nous pour désigner des valeurs dérisoires : ce qui « ne vaut pas un liard » ne mérite donc pas qu’on s’y attache.
LIVRE : du latin « libra », unité de poids (324 grammes chez les Romains, 436 grammes sous Charlemagne, 500 grammes dans la France actuelle), et unité de monnaie, qui valait 20 sous ou 240 deniers. Employé comme synonyme de franc au XIXe siècle et au début XXe siècle. La livre existe toujours en Angleterre, où Guillaume le Conquérant l’imposa, sous le nom de « pound », du latin pondus (poids) pour devenir la livre sterling. La livre a également donné le nom de la monnaie italienne, la lire. La livre est la plus ancienne monnaie ayant encore cours aujourd’hui. Unité de poids, la France connaîtra deux livres : 1. Livre parisis, qui de la livre carolinienne du Xe siècle (491,179 grammes) va devenir la livre française, ou livre parisis (489,506 grammes). L’allégement progressif du denier détache ; son multiple, la livre parisis (unité de compte) de la livre française (unité de poids). 2. Livre tournois est une unité de compte du système monétaire français, du XIIIe au XVIIIe siècle. Elle est divisée en 20 sous tournois ou 240 deniers tournois.
LOUIS D’OR : monnaie née en 1640, de la volonté de Louis XIII, qui lui a donné son nom. Ce type de pièce sera, par analogie, la pièce d’or de 20 francs à l’effigie de Napoléon Ier jusqu’à Louis-Philippe Ier (1803-1848).
MAILLE : mot issu du latin « medialia » (situé au milieu), qui a également donné « médaille ». Il désigne une petite monnaie d’appoint en cours sous les Capétiens, qui valait un demi-denier. Petite mais coriace ;, c’est de cette maille-là, et non d’une moutarde qui vous monterait au nez, qu’est venue la locution figurée : « avoir maille à partir », qui de nos jours, signifie « avoir un différend ».
MARC : unité de poids d’origine germanique utilisé en Europe du XIe au XVIIIe siècle.
MATRICE : voir Coin.
MÉDAILLIER : 1. Ensemble de pièces de monnaie et de médailles d’une collection. 2. Meuble pour ranger monnaies, médailles et jetons.
MÉREAU : pièce monétiforme distribuée comme signe d’une somme d’argent à percevoir.
MONNAIE : 1. Du latin « monere », avertir. L’atelier monétaire de Rome était installé, en 269 av. J.-C., dans le temple de Junon moneta, « la donneuse d’avis », « l’avertisseuse ». 2. Disque de métal, en or, en argent, en cupro-nickel, qui est destiné à servir de commune mesure aux valeurs, et qui porte l’empreinte légale de l’Etat pour certifier sa valeur étalon.
NAPOLÉON : 1. Pièce d’or de 20 francs à l’effigie de Napoléon Ier et de Napoléon III. 2. Par extension, toute pièce d’or de 20 francs émise en France de la Seconde à la Troisième République (1849-1914).
NÉCESSITÉ : monnaie dite de nécessité (jetons-valeurs ou billets) émise temporairement et dans un espace défini, en cas de révolution, conflit armé ou désordre monétaire.
NUMISMATIQUE : science auxiliaire de l’histoire qui étudie les monnaies, jetons, médailles, méreaux, billets.
OBOLE : vient du grec « obelos » (broche). L’obole dans la France médiévale est une monnaie de cuivre valant un demi-denier. Au XVIIe siècle, prend le sens d’une somme d’argent minime, qui conduit au sens actuel de don de faible valeur.
OFFICINE : héritage des Romains et des Byzantins, subdivision d’un atelier monétaire à l’époque médiévale.
ONCE : unité de poids utilisée dès l’Antiquité, valant un douzième de livre. L’unité internationale vaut aujourd’hui 31,03 grammes.
PASCAL : voir Agnel, Mouton.
PIÉFORT : 1. Échantillon de monnaie frappé sur flan épais servant de modèle pour les ateliers provinciaux. 2. Spécimen d’une nouvelle monnaie, frappée sur flan épais pour des personnalités. 3. Spécimen d’une monnaie courante frappée sur flan épais pour les collectionneurs.
PILE : 1. Coin inférieur, dit coin d’enclume ou coin dormant, correspondant au côté face (avers ou droit) de la pièce forgée au marteau. 2. Revers d’une monnaie, opposé à la face, où figure la valeur, la date, les armoiries. Ce revers était frappé par le coin mobile supérieur ou trousseau.
PINATELLE (ou pignatelle) : petite monnaie de billon émise à Rome, au cours légal identique au double-sols français d’Ancien Régime.
PISTOLE : mot d’origine tchèque, passé par l’allemand, le français, enfin l’espagnol et l’italien. Signifie « sifflet », puis par analogie, l’arquebuse et l’arme à feu portative. C’est au début du XVIe siècle, que la monnaie d’or créée par Charles Quint, frappée en Espagne et en Italie, plus petite que l’écu français, est appelée, par moquerie, pistolet (on parle de « pistolet bidet ») ou pistole. Peu après, la pistole désignera en France une unité de compte valant 11 livres. La pistole sera frappée en Espagne jusqu’en 1847.
POINÇON : rondin en acier comportant une gravure en relief. L’enfonçage du poinçon dans un bloc d’acier donne un coin ou matrice.
PRESSE MONÉTAIRE : machine-outil de frappe équipée d’un dispositif permettant de comprimer et d’emboutir les flans qui comporteront désormais une empreinte.
REVERS : face secondaire d’une monnaie opposée au droit (ou avers).
SEQUIN : 1. Nom vénitien d’origine arabe (« sikki » : pièce de monnaie). Désigne une monnaie d’or créée à Venise en 1284, en même temps que le ducat. 2. Sequin deviendra ensuite, et jusqu’au XIXe siècle, le nom générique pour désigner le ducat, le scudo et le florin.
SOL ou SOU : vient du latin solidius (solide, massif) et désigne une pièce de monnaie créée en 310 apr. J.-C. par l’empereur Constantin. Le sou ou sol est la plus solide des monnaies. Il résistera à l’histoire. Ce sera une monnaie d’or mérovingienne, une unité de compte monétaire française valant 12 deniers 1/20e de livre), enfin l’équivalent de 5 centimes à partir de la Révolution. Pour nos parents, le sou avait encore cours et valait 5 centimes, et 100 sous valaient 5 francs. On rencontre encore aujourd’hui des gens « sans le sou », qui « comptent leurs sous », qui sont « propres comme un sou neuf », qui jouent aux « appareils à sous »... Le sou est resté vivace dans les expressions courantes, et mérite le titre de roi de la monnaie, même s’il n’a plus cours, contrairement à la livre, toujours utilisée en Grande-Bretagne.
TAILLE DIRECTE : technique de gravure qui consiste à graver en creux un bloc d’acier pour obtenir un outillage de frappe.
TALENT : vient du grec « talanton », repris en latin (talentum). Désignait une (grosse) somme pesée en or ou en argent. Le sens monétaire est encore attesté au XVIe siècle, alors que le mot a déjà évolué. On « emploie son talent », pour dire qu’on met en jeu ses aptitudes, sa valeur, à partir de la Réforme. Bref, le talent, qui était un gros lingot, est devenu une richesse supposée.
TESTON : monnaie d’argent, avec le portrait (tête) du souverain, frappée en Italie puis en France, de 1514 à 1576, valant 10 sols tournois.
THALER : à l’aurore du XVIe siècle, à l’insu du très faible roi de Hongrie et de Bohême Louis II Jagellon, les habitants de Joachmsthal (Bohême) décidèrent de battre monnaie, aux armes du seigneur du lieu, le comte Stefan von Schlick. Cinquante ans plus tard, le « Joachimsthaler » d’argent, abrégé en « thaler », devenait la monnaie de référence du Saint Empire germanique, et imposait sa loi à toute l’Europe. Le thaler de la branche germanique avec l’effigie de Marie-Thérèse d’Autriche conquiert le monde arabe et africain qui de l’Indochine à l’Algérie et au Nigéria en passant par le golfe Persique, s’entête jusqu’au début des années 1960 sur cette effigie d’une impératrice inconnue. Ce thaler eut une singulière postérité dans la langue monétaire : Daler, Daaler, Dolera, Talar, Talari, Talaro ont circulé en Europe, tandis que le dollar triomphe des Amériques jusqu’au Pacifique et à Hong-Kong. Le thaler est le frère du douro, pièce espagnole relevant également de l’empire de Charles Quint et qui engendra les pesos d’Amérique latine.
TITRE : rapport entre le poids de métal pur (fin) utilisé dans l’alliage d’une monnaie et le poids total de cette monnaie.
TRÉBUCHET : balance permettant de vérifier le poids des monnaies.
TROUSSEAU : partie libre (ou supérieure) d’un coin gravé en creux. Ainsi le flan, placé sur la partie inférieure de la matrice (pile) est frappé par la partie supérieure de la matrice (trousseau). Le flan prend ainsi l’empreinte des deux matrices.
TYPE : motif principal sur la face d’une monnaie.
UNION MONÉTAIRE LATINE : sur une idée de Napoléon III, cette convention monétaire réunira de 1865 à 1927 cinq pays d’Europe : la France, la Belgique, l’Italie, la Suisse et enfin la Grèce.
VALEUR FACIALE : valeur d’une monnaie indiquée sur certaines pièces françaises à partir de 1795.
VIROLE : 1. Bague en acier trempé destinée à recevoir le flan d’une monnaie ou d’une médaille et à en contenir le métal au moment de l’écrouissage (frappe). L’alésage de la virole, d’un diamètre égal à celui de la pièce, peut être lisse, cannelé ou gravé en relief, selon le type d’enfonçage recherché. 2. Cette virole est dite brisée, lorsque la bague est formée de trois segments séparables enserrant le flan lors de la frappe.
GLOSSAIRE DES NOMS FAMILIERS DE L’ARGENT
ARTICHE : c’est l’argent, appellation générique. À l’origine, vers 1880, nous trouvons une jolie image du portefeuille, rebaptisé plaisamment « artichaut ». Les choses évoluant en argot comme ailleurs, l’artichaut est devenu « artiche ».
BALLE : le rituel « t’as pas cent balles ? » vient de loin. C’est au milieu du XVIIe siècle que la « balle » désigne pour la première fois la livre, avant de désigner le franc, lors de la Révolution. D’où vient cet usage ? Peut-être des soldats de ce beau siècle. La balle dont il s’agit là, comme la pistole de même époque (voir Pistole), est vraisemblablement le projectile d’arme à feu, dont la tranche évoque une pièce de monnaie.
BARRE : unité de compte. La barre, c’est le million. On ne trouve guère trace ancienne de l’emploi du mot barre qui ne s’applique qu’à un paquet de billets. Apparaît comme une variante de la « brique ».
BÂTON : synonyme de barre. Même image, mêmes remarques.
BISCUITS : la locution « il ne faut pas s’embarquer sans biscuits » date du XVIe siècle, et faisait allusion à une mince galette cuite deux fois (de « bis » et de « cuite »). L’utilisation au sens d’argent est récente et apparaît plutôt comme un synonyme de « galette ». Avant la Seconde Guerre mondiale, le « biscuit » désignait encore une contravention dans l’argot des chauffeurs de taxis.
BLÉ : le blé a toujours évoqué la richesse dans l’imagerie populaire, et le mot est identifié comme métaphore de l’argent dès le XVIe siècle. Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle, que « le blé » devient le nom populaire de l’argent, et c’est très récemment, dans les années 1960-1980, qu’il a pris le dessus sur le « fric ».
BOUDIN : c’est le rouleau de pièces. Métaphore plutôt réservée aux spécialistes ou aux professionnels.
BRIQUE : l’image est claire et assez récente, mais l’origine très ancienne et lointaine, puisque les briques de thé concassé ont servi de monnaie au Tibet il y a quelques milliers d’années. La brique est, en langage populaire, d’abord la liasse de billets (dans les années 1920), puis le million (dans l’immédiat après-guerre). La brique a plusieurs synonymes (patate, barre, bâton, pavé), ce qui tendrait à montrer que le million est le véritable étalon populaire en termes d’argent.
CARBURE : n’est pas un diminutif de carburant. C’est un nom masculin dérivé du radical de carbone, désignant le produit (le carbure de calcium) utilisé dans certaines lampes. L’argot l’a repris au vol comme métaphore de l’argent qui comme chacun sait, permet de briller durablement et de chasser les ténèbres.
CHIPS : billets de petites coupures. La métaphore, encore une fois alimentaire, est amusée mais plutôt condescendante, les chips étant loin de valoir de vraies « patates ».
FERRAILLE : ce mot qui désigne de vieux fers a pris le sens de petite monnaie à la fin du XIXe siècle. Expression péjorative, moins intéressante, moins puissante, moins évocatrice, moins poétique, que l’expression synonyme « vaisselle de fouille », la fouille étant la poche.
FIFRELIN : « Das ist kein Pfifferling wert » disaient déjà les Allemands du XVIe siècle – littéralement « ça ne vaut pas un champignon »– pour dire qu’un objet ou une monnaie est sans valeur. Il nous est resté la traduction : « Ça ne vaut pas un fifrelin », ou « Je n’ai pas un fifrelin ».
FLOUZE (ou « flouse ») : c’est l’argent. Vient de l’argot marseillais (felous, début XIXe siècle), lui-même emprunté à l’arabe maghrébin « flus » (arabe classique « fuis », pluriel de fals), nom d’une ancienne monnaie arabe du temps de Mahomet.
FRIC : c’est l’argent. Il fut le mot le plus usité jusqu’à ce que « blé » vienne le supplanter dans le langage populaire au cours des années 1980. L’origine du mot (XXe siècle) est assez mystérieuse. On pense généralement à « fricot », terme de cuisine, qui resterait fidèle aux métaphores alimentaires. Mais fric a aussi signifié « par acquisition malhonnête », sens qui subsiste dans l’expression « fric-frac ».
GALETTE : l’ancien normand « gale », qui désignait un gâteau plat, est à l’origine des galets ou galettes. « Galette », dans la lignée des métaphores alimentaires, c’est d’abord un mot désignant une monnaie circulaire et plate, qui, au cours du XIXe siècle, en vient à signifier l’argent.
GRISBI : à l’origine, il y a la couleur. Au XVIIe siècle, la « grisette » était un nom donné à la monnaie et le « griset » désignait une pièce de six liards. Le « gris » désigne ensuite la monnaie grise (billon). Grisbi apparaît fin XIXe siècle, l’ajout de « bi » (pain bis), désigne également le gris.
KOPECK : mot d’origine russe (1607) d’étymologie incertaine, désignant un centième de rouble. Ce mot n’est employé en France, depuis l’invasion des alliés en 1814, que dans des expressions plaisamment désolées : « ne pas avoir un kopeck », ou bien « ça ne vaut pas un kopeck ».
LAISSEZ-PASSER : était un billet 500 F. Terme des années 1960 empreint de respect, dont un des synonymes est « Malabar ».
MADRIER : terme récent (XXe siècle) désignant une somme qui ne tient pas dans la poche, mais qui suffirait à faire tenir une maison. Le madrier, représentait dix millions ou cent mille nouveaux francs.
MILLE-FEUILLE : métaphore de la seconde moitié du XXe siècle, tendre et gourmande, pour désigner une liasse de billets de 100 F.
OSEILLE : l’origine du sens argotique n’est pas bien connue, mais on sait qu’elle est ancienne. Une piste : une monnaie appelée « osella » a été émise en 1521 par le Doge de Venise. Autre élément, plus étonnant : le mot « vinette », autre nom de l’oseille, est utilisé pour illustrer la possession d’argent au tout début du XVIIe siècle.
PATATE : valant une brique, une plaque, un pavé, une unité, la référence en somme, le million d’anciens francs (les francs du temps de Maigret, de Gabin et des Tontons flingueurs).
PAVÉ : autre nom de la brique, de la patate, etc.
PÈZE : apparu au début du XIXe siècle, le « pèse » puis « pèze » vers 1830, vient tout simplement du verbe peser, sans qu’on puisse écarter un emprunt à l’occitan « pese » ou « peze », qui désigne le poids.
PÉPETTES : attesté dans les années 1860, « pépètes », ou « pépettes » pourrait venir de « pépites », ou, seconde hypothèse, d’un mot régional qui, en Poitou, Bretagne et Provence, évoque les ricochets faits sur l’eau avec un galet plat, le galet offrant la vision d’une grosse pièce d’argent (voir Galette).
PÉSETES : le terme apparaît à Lyon dans les années 1920 ; et vient de « pèze », bien qu’on puisse y ajouter l’influence des pesetas espagnoles.
PICAILLONS : à l’origine, sans doute, une menue monnaie piémontaise, de l’italien « piccolo » (petit), qui aurait franchi les Alpes, au cours des guerres. Mais il y a eu une pause au passage de la montagne : le picaillon est en 1635 une monnaie frappée en Savoie, petite monnaie rapidement dévalorisée.
PLAQUE : voir Patate.
POGNON : datant de 1840, le pognon est dérivé du verbe « pogner » (saisir avec la main, attraper). Le pognon est donc ce que l’on tient en main après un geste qui n’a rien de délicat, et semble bien issu du monde des voleurs, détrousseurs, et autres pickpockets.
RADIS : c’est encore dans les années 1840, qu’on commence à entendre des gens qui « n’ont pas un radis », voulant dire qu’ils n’ont pas d’argent. La métaphore est assez simple, le radis, petit légume, symbolisant une somme insignifiante.
TRÈFLE : apparaît dans les années 1860. Avec peut-être un clin d’œil à la chance (trèfle à quatre feuilles) et aux jeux de carte, le « trèfle » argent, qui a une origine identique au blé et au radis.
THUNE : s’écrit aussi « tune », tient son nom du roi de Thunes, c’est-à-dire de Tunis, qui n’était autre, que le roi des Gueux au XVIIe siècle à Paris. Thune signifiait aumône. Après la Révolution et l’arrivée du système décimal, la thune sera la nouvelle pièce de cinq francs, issue de l’écu d’argent d’Ancien Régime qui faisait office de pièce d’aumône. « Thune » continuera de désigner une somme de 5 francs jusqu’au lendemain de la Grande Guerre. Employé ensuite familièrement dans un sens plus général, « thune » sera remplacé dans les années 1960 par « fric », puis dans les années 1980 par « blé ».
UNITÉ : synonyme de patate, pavé, plaque.
CHRONOLOGIE ET BIBLIOGRAPHIE
CHRONOLOGIE
1360 (5 décembre) : ordonnance de Compiègne de Jean Le Bon, création du franc d’or (dit « franc à cheval ») de 24 carats à 20 sous
1365 (22 avril) : nouveau franc dit « franc à pied »
1385 : le franc est remplacé par l’écu d’or de 24 carats à 22 sous 6 deniers
1421 : création du salut d’or franco-anglais de 24 carats à 25 sous
1436 (28 janvier) : création de l’écu neuf de 24 carats à 25 sous
1467 : création du liard à 3 deniers
1475 (2 novembre) : création de l’écu au soleil à 33 sous
1488 : création du carolus de billon à 10 deniers
1514 (6 avril) : création du teston d’argent à 10 sous
1519 : 1 écu d’or = 40 sous, 1 teston = 11 sous
1521 (10 septembre) : le titre de fin du teston passe de 0,938e à 0,899e
1541 : 1 écu d’or = 45 sous
1550 : arrêt de la frappe de l’écu d’or ; création du Henri d’or à 50 sous ; 1 teston = 11 sous 4 deniers
1550 (25 mars) : ouverture d’un second atelier monétaire dit de Nesle, à Paris
1550 (14 décembre) : introduction du balancier monétaire en France (premiers essais au Louvre)
1551 (27 mars) : Henri II porte création d’un atelier monétaire « Maison des Étuves, puis du Moulin » sur la pointe occidentale de l’île de la Cité, et fermeture de la Monnaie de Nesle
1552 (29-31 janvier) : Henri II promulgue les champs de compétences de la Monnaie des Étuves et celles de la Monnaie de Paris
1561 (17 août) : reprise de la frappe de l’écu d’or à 50 sous, 1 teston = 12 sous
1563 : interdiction de monnayer au balancier
1568 (11 août) : écu d’or = 52 sous
1571 (21 avril) : écu d’or = 54 sous
1573 (26 mai) : écu d’or = 56 sous, 1 teston = 13 sous
1575 (31 mai) : arrêt de la frappe du teston et création du franc au titre 0,833 à 20 sous ; 1 écu d’or = 3 livres
1577 : début de la frappe des doubles et deniers tournois de cuivre
1577 (1er novembre) : le franc devient d’argent
1578 (1er janvier) : la monnaie de compte n’est plus la livre tournois mais l’écu qui vaut 3 livres ; création du quart d’écu au titre 0,917 à 15 sous
1585 (19 septembre) : la manufacture mécanique du Moulin ne frappera que les jetons, les médailles, les piéforts et espèces monétaires en cuivre
1586 (13 octobre) : arrêt de la frappe des francs
1596 (19 juin) : arrêt de la frappe des douzains après celle des pinatelles ou double-sols
1598 (septembre) : abolition du système de compte en écus qui rétablit la livre tournois ; 1 écu d’or = 65 sous ; 1 quart d’écu =16 sous
1636 : 1 quart d’écu = 20 sous, 1 huitième = 10 sous
1640 (31 mars) : création du louis d’or et de ses multiples (titre 0,917 et cours de 10 livres)
1640 (juin) : 1 douzain = 15 deniers, 1 pinatelle = 36 deniers ; les sols sont contremarqués pour 18 deniers
1641 (septembre) : création de l’écu blanc ou louis d’argent (titre 0,917 et cours de 3 livres)
1643 (5 août) : arrêt de la frappe des doubles tournois ; le double n’a plus cours que pour 1 denier
1645 : installation et emploi exclusif du monnayage au balancier dans tous les Hôtels des monnaies du royaume
1652 et 1653 : arrêt de la frappe des quarts d’écus, puis des huitièmes d’écus
1653 (5 septembre) : arrêt de la frappe des écus d’argent, poursuite de celle des quarts et douzièmes d’écu au cours respectif de 15 sous et 5 sous
1654 : arrêt de la frappe des écus d’or, introduction du liard de cuivre
1655 : système du lis d’or qui a la valeur du louis, et du lis d’argent à 1 livre ; échec du système et abandon en 1657
1658 (28 mai) : arrêt de la frappe des liards
1658 (21 juin) : le liard n’a plus cours que pour 2 deniers
1658 (20 juillet) : le liard n’a plus cours que pour 1 denier
1662 : reprise de la frappe des écus d’argent au cours de 3 livres
1685 : invention du procédé mécanique permettant d’imprimer une devise ou une cannelure sur la tranche des pièces
1689 (décembre) 1re réformation) : nouvel écu à 3 livres 6 sols, nouveau louis à 12 livres 10 sols
1693 (septembre) (2e réformation) : nouvel écu à 3 livres 8 sols, nouveau louis à 14 livres
1693 (11 octobre) : 1 écu d’argent = 3 livres 12 sols
1696 (3 novembre) : Louis XIV institue au Louvre, la manufacture d’art de la médaille « La Monnoie des Médailles »
1701 (19 septembre) : première émission de billets de monnaie, en échange de pièces destinées à la refonte
1701 (septembre) (3e réformation) : nouvel écu à 3 livres 16 sols, nouveau louis à 14 livres
1703 (29 mai) : seconde émission de billets de monnaie, remboursée en 1704
1704 : troisième émission de billets de monnaie, bientôt dépréciés, résorbés de 1709 à 1712
1704 (mai) : écu d’argent = 3 livres 8 sols et 4e réformation : nouvel écu à 4 livres, nouveau louis à 15 livres
1709 (mars) : écu d’argent = 3 livres 7 sols
1709 (mai) : création du louis d’or de 20 livres et de l’écu de 5 livres
1715 (septembre) : écu d’argent = 3 livres 10 sols
1716 (mai) : ouverture de la Banque générale par John Law
1718 (4 décembre) : la Banque générale devient Banque royale
1718 (27 décembre) : des bureaux de la Banque royale sont établis dans les provinces ; l’argent n’est plus reçu au-delà de 600 livres ; le cuivre et le billon ne sont plus reçus au-delà de 6 livres
1719 (janvier) : 1er billet de la Banque royale
1719 (25 juillet) : la Compagnie des Indes a le privilège de frapper monnaie
1719 (21 décembre) : l’argent n’est plus reçu au-delà de 10 livres ; l’or n’est plus reçu au-delà de 300 livres
1720 (22 février) : fusion de la Banque royale et de la Compagnie des Indes ; inflation des billets (jusqu’à 3 milliards de livres)
1720 (11 mars) : interdiction de la circulation des monnaies d’or et d’argent, à l’exception des pièces de 20 et 10 sols et de la livre d’argent
1720 (6 avril) : tous les paiements doivent se faire en billets de banque ; frappe du petit louis d’argent de 3 livres
1720 (15 août) : retrait du cours légal aux billets de 1 000 et 10 000 livres (fixé au 1er octobre) et aux plus petits billets (fixé au 1er mai 1721)
1720 (10 octobre) : démonétisation brusquée de tous les billets, fixée au 1er novembre 1720
1720 (décembre) : fuite de Law et banqueroute
1726 (janvier) : stabilisation de la livre à 4,5 grammes d’argent fin
1726 (4 février) : création du louis de 20 livres et de l’écu de 5 livres
1726 (26 mai) : 1 écu d’argent = 6 livres, 1 louis d’or = 24 livres
1776 : création de la Caisse d’escompte, autorisée à émettre des billets à Paris, payables à vue
1785 : louis d’or porté à 32 au marc, soit 7,65 grammes
1789 (19-21 décembre) : décret créant une Caisse de l’extraordinaire et l’autorisant à émettre des assignats en contrepartie de la vente des domaines de la Couronne
1790 (16-17 avril) : décret organisant l’échange des billets de la Caisse d’escompte contre des assignats ; cours légal monétaire des assignats
1790 (12 septembre) : les contrats stipulés en espèces peuvent être réglés en assignats ; multiplication des émissions
1791 (21 juin) : embargo sur les exportations de métal
1793 (11 avril) : interdiction des règlements et stipulations en numéraire
1793 (1er août) : adoption du système métrique étendu à la monnaie
1793 (24 août) : suppression de la Caisse d’escompte ; adoption du système décimal (création des centimes)
1793 (13 novembre) : saisie du métal « enfoui » ou « caché »
1795 (février) : retour au libre commerce du numéraire ; hausse de l’or
1795 (7 avril) : établissement du système décimal
1795 (15 août) : dénomination et caractéristiques de la nouvelle monnaie, le franc, divisé en centimes et décimes
1795 (26 novembre et 23 décembre) : limitation de l’émission des assignats à 40 milliards
1795 : mise en circulation des premières pièces d’argent de 5 francs
1796 (19 février) : destruction des planches à assignats
1796 (18 mars) : créations des mandats territoriaux
1796 (14 avril) : échange des livres contre des francs décidés sur la base de 1 franc = 1 livre 3 deniers et 1 livre = 99 centimes
1797 (4 février) : démonétisation des mandats territoriaux, retour à la seule monnaie métallique
1798 (20 octobre) : établissement des comptabilités en francs ; retrait progressif des divisionnaires royaux de cuivre et de billon
1799 (10 mars) : création du franc suisse
1799 (6 mai) : la comptabilité en francs est obligatoire
1800 (13 février) : création de la Banque de France
1803 (7 avril) : création, par la loi du 17 germinal en XI, du franc « Germinal », avec l’émission de la pièce d’argent de 5 francs et de la mise en circulation des premières pièces de 1 franc
1803 (14 avril) : la Banque de France reçoit le privilège exclusif de l’émission des billets à Paris
1806 (28 janvier) : reprise des paiements en espèces
1814 (28 janvier) : cours forcé
1814 (15 avril) : restauration de la convertibilité
1832 (24 mars) : ordonnance portant fusion de la Monnaie des Médailles et de la Monnaie des Espèces, qui a pour vocable Commission des Monnaies et Médailles
1832 (5 juin) : création du franc belge
1842 (8 février) : création du franc luxembourgeois
1845 : décri des pièces constitutionnelles de 15 sols
1848 (15 mars) : cours légal et forcé des billets
1848 (27 avril et 2 mai) : absorption des banques d’émission départementales par la Banque de France
1850 (7 mai) : création du nouveau franc suisse
1850 (6 août) : suppression du cours légal et forcé
1857 : fin de la fonte générale des sols de cuivres royaux
1865 (23 décembre) : convention de l’Union monétaire latine (France, Italie, Belgique, Suisse et Grèce) : la pièce de 1 franc de 5 grammes est ramenée au titre de 835/1 000e
1867 (17 juin) : ouverture de la Conférence de Paris sur l’« unification monétaire internationale »
1870 (12 août) : cours légal et forcé ; dépréciation maximum de 2 %
1878 (1er janvier) : abolition du cours forcé
1879 (juillet et 20 novembre) : nationalisation du secteur productif de la monnaie métallique à compter du 1er janvier 1880 (seule l’unité monétaire parisienne sera maintenue)
1914 (5 août) : cours forcé ; inflation et dépréciation ; perte maximum de 90 % en juillet 1926
1915 (2 juillet) : lancement de « la campagne de l’or », les Français sont invités à échanger les pièces contre des billets, fin de la circulation des monnaies d’or
1921 (12 février) : contrôle des changes
1921 (15 septembre) : le franc est monnayé sous la forme de jetons de bronze d’aluminium (en réalité composés de 91 % de cuivre et 9 % d’aluminium) émis par le biais des chambres de commerce, afin de remplacer les billets de circonstance émis durant la guerre
1926 (31 décembre) : dissolution officielle de l’Union latine
1928 (25 juin) : la loi de stabilisation prévoit la frappe de jetons de bronze d’aluminium émis par l’Etat en remplacement des jetons des chambres de commerce, dévaluation de 79,69 % et retour à la convertibilité métallique, avec adoption de l’étalon-or et levée du contrôle des changes : convertibilité limitée au lingot d’or de 499 onces (215 000 F de l’époque) ; 1 franc « Poincaré » contient 58,95 milligrammes d’or fin
1933 (3 juillet) : constitution du bloc-or entre la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, la Suisse et la Pologne
1936 (1er octobre) : dévaluation de 25 % à 34 % du franc
1938 (12 novembre) : dévaluation du franc ramené à 24,75 milligrammes
1940 (29 février) : dévaluation du franc (21 milligrammes), soit 66 %
1941 (20 décembre) : décret ordonnant la frappe des pièces de 1 franc en aluminium (1,30 gr)
1944 (février) : dévaluation du franc de 12 % décidée par le Comité d’Alger (1 dollar vaut 50 francs, 1 livre sterling vaut 200 F)
1944 (22 juillet) : signature des accords de Bretton Woods régulant le nouveau système monétaire international fondé sur l’étalon de change-or
1945 (26 décembre) : le franc adhère aux règles de Bretton Woods et est dévalué de 58 % (1 dollar vaut 119 francs) ; rupture de l’unité monétaire de l’Empire français
1948 (24 janvier) : dévaluation du franc de 44 % (1 dollar vaut 214 francs)
1948 (17 octobre) : dévaluation du franc (1 dollar vaut 260 francs)
1949 (20 septembre) : dévaluation du franc suite à celle de la livre sterling (1 dollar vaut 350 francs)
1952 (6 mars) : Antoine Pinay annonce « un gouvernement de défense du franc »
1958 (27 décembre) : ordonnance (Pinay-Rueff) portant création d’une nouvelle unité monétaire dont la valeur sera égale à 100 francs (« franc lourd ») ; dévaluation du franc de 17,7 % (1 dollar vaut 473 francs)
1959 (18 novembre-22 décembre) : décrets d’application du nouveau franc (NF) à 180 milligrammes d’or fin, dit « franc de Gaulle »
1960 (1er janvier) : première année d’émission des NF par la Monnaie de Paris et des billets libellés en NF par la Banque de France
1963 (1er janvier) : le NF devient le franc
1969 (11 août) : dévaluation du franc de 12,5 %
1972 (24 avril) : création du serpent monétaire européen
1974 (19 janvier 1974) : le franc sort du serpent et flotte
1975 (10 juillet) : le franc réintègre le serpent
1975 : naissance de la première Unité de Compte Européenne (UCE)
1976 (12 mars) : le franc ressort du serpent et flotte
1979 (13 mars) : mise en place du système monétaire européen (SME), naissance de l’écu européen (sorte de panier de monnaies européennes)
1981 (4 octobre) : dévaluation du franc de 8,5 % par rapport au mark
1982 (12 juin) : dévaluation du franc de 8,5 % par rapport au mark
1983 (21 mars) : dévaluation du franc de 8 % par rapport au mark
1986 (6 avril) : dévaluation du franc de 6 % par rapport au mark
1988 (juin) : adoption du rapport Delors portant création d’une Union économique et monétaire européenne
1992 (20 septembre) : référendum français sur le traité de Maastricht : le oui l’emporte avec 51,05 % des suffrages
1994 : avec la création de l’Institut monétaire européen chargé, entre autres, des modalités techniques du passage à la monnaie unique, les banques centrales nationales doivent devenir indépendantes
1995 (15-16 décembre) : adoption du scénario pour le passage à une monnaie unique, décision du nom de la future monnaie (l’euro) par les onze états participant (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal)
1997 : adoption du Pacte de stabilité et de croissance, et présentation des dessins des billets en euros
1998 : choix définitif des pays qualifiés pour l’euro dès 1999, lancement de la Banque centrale européenne (BCE) et nomination du premier président de la BCE, M. Wim Duisenberg
1999 (1er janvier) : entrée en vigueur de l’euro ; l’écu disparaît (1 écu = 1 euro)
2002 (1er janvier) : introduction des pièces et billets libellés en euros, assortie du retrait des monnaies nationales qui dure jusqu’au 17 février 2002
2002 (30 juin) : les banques centrales procèdent à la suppression du cours légal des billets et pièces libellés en unités monétaires nationales. L’euro circule désormais seul dans l’ensemble des pays participant à l’Union économique et monétaire européenne.
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