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Le tombeau littéraire de Sully

p. 61-75


Texte intégral

1À la fin de l’année 1601, sans doute pour commémorer l’érection récente de sa charge en office de la couronne, le grand maître de l’artillerie de France fit émettre des jetons d’argent qui représentaient un aigle aux ailes déployées, tenant un foudre entre ses serres, et surmonté de la devise latine Quo jussa Jovis1. Dans un sonnet composé pour l’occasion, l’imprimeur et érudit Robert III Estienne en donna le commentaire suivant :

« Ce généreux oyseau qui, d’une forte serre,
Tient le foudre olympique, à trois pointes ardant,
Et, diligent, le porte où luy va commandant
Ce grand dieu qui dispose à son gré du tonnerre,

C’est vous qui dignement méritez faire en terre
Ce que fait l’aigle au ciel, et, les armes gardant
Du belliqueux Henry, vous monstrez cependant
Non moins utile en paix que nécessaire en guerre. »

2À quelque temps de là, le chroniqueur Pierre de L’Estoile, glaneur de tous les bons mots, placards, proclamations solennelles et railleries qui circulaient alors dans Paris, vit arriver sur sa table un autre sonnet, anonyme cette fois, qui célébrait le même événement, mais dans une tonalité bien différente :

« Cet aigle courroucé, qui tient et qui manie
Ces foudres enflammés, l’univers menaçant,
Et ces mots en dessous, par lesquels il consent
À trop d’obéissance et par trop d’infamie,

C’est l’image, Rosny, de votre tyrannie,
Qui blesse sans respect le faible et le puissant,
Et montre que vous êtes un oiseau ravissant,
Seul instrument du mal dont la France est punie2. »

3Le destinataire commun de ces deux pièces poétiques n’est autre que Maximilien de Béthune, marquis de Rosny et bientôt duc de Sully, ce ministre à la barbe de patriarche et à la mise austère, dont les manuels scolaires de notre enfance nous ont rendu la figure si familière, nous le montrant tour à tour prodigue de conseils au bon roi Henri IV et soucieux du sort des paysans, qu’il visite dans leurs modestes chaumières, accompagné de son maître3. Nulle part, dans ces ouvrages édifiants, nous ne rencontrons la figure altière de l’aigle jupitérien, évoquée dans le premier sonnet, ni le féroce rapace que décrit le second. C’est justement ce hiatus entre la mémoire nationale et les rumeurs de l’actualité du début du XVIIe siècle que l’on va tenter de mesurer ici. Quand, le 22 décembre 1641, s’éteint, à plus de quatre-vingts ans, le premier duc de Sully, qui avait cumulé, du vivant de Henri IV, la puissance de cinq ou six de nos ministres actuels, quelle image peuvent garder de lui les hommes du temps, à travers les traces que son existence de personnage public a laissées dans la littérature ? Une première légende est-elle en train de s’esquisser autour de sa figure idéalisée ? Et, dans ce cas, s’agit-il d’une légende dorée, d’une légende noire ou d’une légende grise ? Disons-le tout de suite : des trois à la fois. Néanmoins, à la mort de Sully, une de ces teintes dominantes semble bien l’emporter. C’est à nous de suggérer laquelle, en les examinant maintenant tour à tour.

4Le thème de la légende dorée peut se décliner sur trois modes successifs. Un ministre tout-puissant ne manque jamais de thuriféraires pour encenser ses mérites – réels ou supposés. Mais Sully grossit encore ce flot de louanges par ce talent de l’auto-congratulation qu’il cultive au plus haut point. Enfin, même retiré du devant de la scène après 1611, il laisse dans son sillage des signes épars de nostalgie.

5Qu’en est-il, tout d’abord, des chantres du pouvoir ? En apparence, ceux-ci présentent un point de vue compassé, impersonnel, et qui pourrait sembler, par conséquent, peu digne d’intérêt. Pourtant, la sélection qu’ils opèrent dans l’œuvre du surintendant des Finances d’Henri IV pour lui tresser une couronne de lauriers est en elle-même significative. Que nous disent, en effet, les Nicolas Rapin, Aubery du Maurier, Siméon Guillaume de La Roque, Jean Bertaut, Hierosme de Bénévent, Charles Duret de Chevry qui, tour à tour, ont trempé leur plume dans l’encre la plus chatoyante pour célébrer le ministre ? En premier lieu, qu’il porte au plus haut point le génie de la polyvalence. Laissons parler le panégyriste Duret de Chevry, en 1609 :

« Tous les François recognoissent que vous entendez aussi bien les affaires de la guerre que vous sçavez celles de la paix, que vous avez esgalement les armes en la main et les discours en la bouche, et qu’en vous sont le conseil, les finances et les armes : parties qui ne se sont jamais rencontrées en pas un de ceux qui vous ont précédé, ny ne se trouveront en ceux qui viendront après vous4. »

6« Non moins utile en paix que nécessaire en guerre » : on s’en souvient, c’est la complémentarité que soulignait déjà Robert III Estienne, en 1601. Elle renvoie bien à une des obsessions caractéristiques de Sully : mettre en avant son identité de gentilhomme, que sa promotion de surintendant des Finances semble avoir quelque peu brouillée aux yeux de ses contemporains, comme ne s’était pas privé de le lui faire remarquer, en plein Conseil, le duc d’Epernon, qui lui reprocha dédaigneusement d’avilir son nom dans le maniement du vil argent5. Aux panégyristes d’estomper cette souillure en recourant au fonds allégorique traditionnel. C’est ainsi que, à la tête des finances, Sully est assimilé à Hercule nettoyant les écuries d’Augias6. Grand maître de l’artillerie, le voilà Vulcain fourbissant les armes des héros. Surintendant des fortifications, il est un autre Archimède défendant Syracuse7. Au Louvre, conseillant le roi, il devient Nestor auprès d’un nouveau Télémaque8. En second lieu, les poètes ont soin d’excuser un des traits distinctifs du personnage, sur lequel tous les témoins s’accordent : son caractère insupportable et cassant. À ceux qui lui en font reproche, Nicolas Rapin réplique donc que cette indifférence au qu’en-dira-t-on et aux flatteries est justement l’indice infaillible d’une parfaite probité. S’il est farouche, c’est « comme un dragon toujours veillant, [qui] garde les pommes Hespérides.»9 Sentinelle postée à l’entrée du « temple du Soleil » – le trésor de la Bastille –, il préserve la quiétude publique, car son roi l’a également fait « ministre du Tonnerre » – entendons : grand maître de l’artillerie10. De maintien austère, il évoque enfin la figure de Caton le Censeur, parfaite incarnation de ces vieux Romains hostiles aux frivolités du monde grec et attachés à l’ancienne Rome des citoyens-laboureurs11. Il y a là un des fils à saisir pour nous conduire à la figure d’un Sully défenseur de l’agriculture et des valeurs traditionnelles, telle qu’elle hantait les manuels de la IIIe République, et hante encore la mémoire collective – image, au demeurant, totalement fantasmatique12. Le dernier trait souligné par nos thuriféraires est solidaire des précédents : l’administration de Sully correspond à un âge d’or, qui ne saurait être égalé par ce qui l’a précédé, ni surpassé par ce qui le suivra. C’est encore Rapin qui embouche la trompette avec le plus de fougue :

« Magnanime et laborieux,
Vous visez au but glorieux
De rendre aux Français, par prudence,
Le siècle d’or et l’abondance13. »

7À quoi fait écho Siméon Guillaume de La Roque, au début des Stances de l’ordre de l’univers à monseigneur le duc de Suilly :

« Rosny qui de l’Estat dissipe les nuages,
Qui pousse en Occident le reste des orages,
Qui remet l’abondance en ce royal pourpris :
[...] nos nepveux publiront ta mémoire
Et diront que Rosny tout eslevé de gloire
Desbrouilla cet Estat comme un autre chaos14. »

8Le plus étonnant, dans cet amoncellement de lieux communs, c’est que la postérité y a bel et bien fait écho, en identifiant le gouvernement d’Henri IV et de Sully à un âge idéal – ce qu’ils doivent sans doute autant, sinon plus, à l’état de paix prolongé, durant la seconde moitié du règne du Béarnais, qu’à leur action effective. D’une façon générale, c’est la conjonction fortuite entre cette thématique conventionnelle et le mythe du « bon ministre Sully » forgé à partir du milieu du XVIIIe siècle qui donne de la valeur à cette littérature dithyrambique.

9Si la magie du verbe a pu ainsi charmer les générations ultérieures, c’est aussi parce qu’elle était le reflet d’une volonté sous-jacente, d’un système de propagande fermement contrôlé par Sully en personne, non sans quelque imprudence parfois, mais dont les efforts se sont révélés payants après coup, au-delà même des espérances de leur promoteur. Ce faisant, le ministre ne se préparait pas seulement au jugement des générations futures : il poursuivait souvent, à court terme, des objectifs bien concrets – ce qui lui valut d’ailleurs quelques déboires. C’est ainsi qu’il eut toutes les peines du monde à dégager sa responsabilité de la publication d’un pamphlet intitulé Le confident, qui circula à la fin de 1598, ou au début de l’année suivante, sous la signature d’Ange Capel, sieur du Luat15. Celui-ci y adjurait Henri IV de se flanquer, pour la conduite des affaires d’État, d’un confident privilégié, sorte de préfiguration du ministériat de Richelieu et de Mazarin. Ce ministre plus ministre que les autres devrait être, selon lui, spécialement compétent en matière de finances – comme par hasard... Au passage, du Luat brocardait cruellement les principaux compagnons du roi, lequel apprécia peu la chose. L’échec de cette tentative ne découragea pas Sully d’utiliser les libelles pour avancer sa carrière politique. D’une part, il intervenait fréquemment dans les publications des poètes déjà cités. Mais, en 1609, il alla plus loin, et confia à deux trésoriers de France, donc membres de son administration financière, le soin de rédiger deux panégyriques à sa dévotion. Et c’est ici qu’il faut revenir à ce thème galvaudé d’un Sully aussi expert en guerre qu’en paix. Il répond à l’espérance que caressait alors le ministre, en dépit de sa confession protestante, d’être promu connétable de France. Ayant tiré les enseignements de sa maladresse de 1599, il ne négligea pas, cette fois, de flatter la gloire de son maître et fit paraître simultanément, sous sa propre signature, un Abrégé des exploits et hautes merveilles de Henri le Grand16. Cet ouvrage était un simple démarquage d’un écrit de l’historiographe Pierre Mathieu, que Sully avait condensé à son profit, en n’y mentionnant que les épisodes du règne dans lesquels il avait lui-même joué un rôle actif – et, pour l’essentiel, un rôle guerrier. La conclusion s’imposait d’elle-même : un tel homme, tout protestant qu’il fût, était digne de la haute charge de connétable. Mais toutes ces initiatives avortées apparaissent comme de pâles ébauches du monument d’autocélébration par lequel Sully a donné toute la mesure de son incommensurable orgueil : les Mémoires des sages et royales (Economies d’Estat, plus connues sous le titre d’Œconomies royales – à proprement parler, les Mémoires du ministre, publiés en deux temps (1638 et, à titre posthume, 1662). Nombre d’études – portant notamment sur les différentes générations de manuscrits de l’ouvrage – ont permis de reconstituer les étapes de son élaboration et de reconstituer, encore une fois, la stratégie toute pragmatique de Sully17. Ainsi, Edmund Dickerman croit pouvoir affirmer que la première version, rédigée entre 1611 et 1617, était très précisément destinée à inciter le jeune Louis XIII à reprendre à son service le ministre en disgrâce. Mais quand, en 1617, le roi rappela tous les anciens serviteurs de son père à l’exception de Sully, ce dernier comprit sans doute qu’il n’avait plus guère d’illusions à se faire dans le domaine politique. Il mit et remit donc les Œconomies royales sur l’établi, mais cette fois dans la perspective – pragmatique encore, à sa façon – d’une confrontation future avec la postérité. De là cet artifice rhétorique de la rédaction à la deuxième personne, qui permet au lecteur de digérer plus aisément les éloges parfois délirants que se décerne à tout propos le vieil homme. En effet, ce sont ses quatre secrétaires qui s’adressent à Sully et entreprennent de lui conter – de lui « ramentevoir », pour reprendre le terme du temps – l’histoire de sa vie : qui étaient ses parents, avec qui il s’est marié, etc., etc., toutes choses qu’il sait mieux que quiconque. Comme l’ont fait remarquer plusieurs commentateurs ironiques, ces secrétaires le suivent comme son ombre, comme un autre lui-même. Mais si, pour reprendre cette fois Sainte-Beuve, Sully « a donc, en vieillissant, sur certains points payé tribut à la chimère »18, on constate, par ailleurs, que celle-ci, de son vivant, savait déjà voler de ses propres ailes.

10Les prémices de la nostalgie du bon vieux temps de Sully se devinent en effet dès les débuts du règne de Louis XIII. Un portrait du ministre gravé en 1614 d’après un tableau d’Élie du Bois s’orne ainsi du quatrain suivant :

« Apprez tant de beaux faictz et tant de bons services
Que tu feis à la France et dont elle a le fruict,
Te peut-elle oublier ? Nonobstant les éclipses
Et les brouillards du temps, le soleil toujours luit.19 »

11Cette espérance est alors stimulée par les difficultés que rencontrent les nouveaux maîtres du royaume. Sous le gouvernement de Marie de Médicis et de ses conseillers italiens, l’ombre de Henri IV fait ainsi fréquemment la navette entre les deux mondes, par le biais de pamphlets anonymes, pour tenter de raisonner un personnel politique jugé quelque peu déficient. En 1615, l’une de ces pièces, L’ombre de Henry le Grand au roy, ébauche même un art du bien gouverner, dans lequel est esquissée une sorte de portrait-robot du conseiller idéal. Comme dans Le confident, c’est Sully qui y est dépeint, à cette différence près que, cette fois – pour autant qu’on le sache –, le ministre déchu n’est pas intervenu dans l’élaboration de l’ouvrage. Quant au fond, on retrouve grosso modo des éléments déjà rencontrés ailleurs : même retour ému sur le passé, même foi en un rétablissement spectaculaire des affaires par la seule présence de Sully. De surcroît, l’ombre est pragmatique et fait remarquer à Louis XIII que, Sully ayant déjà été comblé d’honneurs sous son propre règne, il n’aura rien à réclamer à son fils, qui économisera ainsi sur sa cassette20. Si ces objurgations demeurèrent un vœu pieux, ailleurs, chez les premiers historiens du règne d’Henri IV – Scipion Dupleix et, surtout, Baptiste Le Grain –, on concède à l’ancien surintendant des finances des résultats indéniables : les efforts déployés pour éteindre la dette publique et pour constituer une réserve de numéraire dans la forteresse de la Bastille, dont il était gouverneur21. Mais l’éloge est proportionné à la valeur accordée, dans l’historiographie du temps, aux affaires de finances – et cette valeur est bien faible, comme on le verra bientôt.

12Pour l’heure, il convient surtout de rétablir la balance. Toutes ces trompettes glorieusement embouchées feraient aisément croire que Sully fut un ministre bien-aimé. En réalité, l’inverse est bien plus probable : il était simultanément redouté, haï et méprisé – trois états qu’il faut maintenant détailler.

13Le surintendant, faut-il le rappeler, n’était pas d’un caractère facile. Venu à la politique par la carrière des armes, il y avait transposé un style de gouvernement fait de coups de main audacieux et d’expédients, où primait le souci de l’efficacité à court terme. Comme l’a écrit Françoise Bayard, Sully se comporta comme « un baroudeur aux finances » : ainsi lorsque, pour procurer de l’argent frais à Henri IV, il vida tout bonnement les coffres des généralités de Tours et d’Orléans, au cours d’une mémorable tournée, en 159622. Même certains de ses futurs panégyristes, pas encore assez stipendiés sans doute, ne se privaient pas de lui faire respectueusement remarquer de tels travers. Écoutons Aubery du Maurier, choqué des avanies que faisait subir le nouveau surintendant des Finances à son ancien compagnon d’armes Duplessis-Mornay :

« Une seule chose vous semble défaillir en ces louables exploicts, qui est l’usage des procédures aggréables [...]. On tient qu’il est bon ès combats d’estre rude aux coups, effroyable de la voix et terrible au regard. Mais pas un de ces trois ne convient à traicter des affaires, et si le désordre auquel elles estoient n’a peu estre debrouillé qu’en usant de ces moyens, c’est désormais assés23. »

14Voire, car on est en droit de penser que c’est justement cette rudesse qu’appréciait Henri IV chez son surintendant, dont le caractère contrastait totalement, par exemple, avec celui du chancelier de Belliève, lequel impatientait souvent le roi par son légalisme sourcilleux et son esprit procédurier, insuffisamment efficaces à son goût24. Certains soupçonnaient même Sully de jouer sur cette corde sensible dans l’esprit de son souverain afin de s’en mieux faire apprécier. C’est encore du Maurier qui le suggère avec le plus de finesse :

« Il s’est laissé couler une oppinion entre les hommes que vous faictes profession de n’avoir poinct d’amis, et que vous pensez ne pouvoir demeurer en bon prédicament vers le roy si vous n’estes accompagné de plaintes et de la malveillance d’un chacun, affin qu’il juge de là que vous renoncez à toute autre affection que de son service et de son proffict25. »

15Certains allaient encore plus loin, et dépeignaient Sully sous les traits d’un véritable chien de garde des volontés de son roi, n’hésitant pas à utiliser sa foi protestante comme un alibi pour jouer le rôle d’intermédiaire obligé entre son maître et ses coreligionnaires. En octobre 1607 circulait un écrit anonyme composé sur le modèle de cet épisode de Gargantua dans lequel le narrateur, Alcofribas Nasier, plongé dans le corps du géant, y découvre un monde intérieur reflétant les travers du monde extérieur26. Le voyageur qui nous intéresse ici, quant à lui, descend plus simplement en enfer. Il y croise un protestant à qui il demande ce que les huguenots d’enfer – qui sont nombreux, cela va de soi – pensent de leur roi, et il s’entend répondre : « Ce que font bons sujets de leurs maître, et que, ne pouvant être en personne chez eux, il y avait commis M. de Rosny pour son lieutenant. » Cet hypocrite serviteur, poursuit-il, « sera très ferme huguenot autant qu’il plaira au roi, […] ne veut avoir que le roi pour lui et ne se soucie de faire aucuns amis ». En 1608, c’est à Sully en personne, cette fois, que se frotte le narrateur de l’Euphormionis Lusinini Satyricon, roman de l’Écossais John Barclay. S’il s’inspire pour l’essentiel de l’Utopie de Thomas More, l’ouvrage présente également de troublantes similitudes avec l’univers de Franz Kafka, puisqu’il évoque un monde hallucinant, dans lequel évolue le héros sans bien en percevoir les règles changeantes. Le narrateur, Euphormio, qui vit de sa plume, s’enquiert des moyens de la faire fructifier auprès d’un courtisan. Celui-ci lui conseille de s’adresser à Doromise (autrement dit Sully), le cerbère du roi. Euphormio suit donc ce conseil, se présente à la demeure de Doromise – le palais de l’Arsenal –, dont l’entrée, terrifiante dès l’abord, est bien faite pour décourager les solliciteurs. Après bien des transes et tribulations variées, il arrive enfin devant le maître des lieux. Mais celui-ci lui apparaît comme une sorte de Moloch dédaigneux et maussade qui le rejette en partant d’un brusque éclat de rire27. Pourtant, si Euphormio reste pétrifié par tant de brusquerie, d’autres savaient sortir de cette torpeur et monter à l’attaque contre l’insupportable despote.

16Pour mesurer ces débordements de bile auxquels donnait lieu le trop puissant ministre, c’est encore Pierre de L’Estoile qui est notre meilleure source, tant il a vu passer de pasquinades et de feuilles volantes sur son bureau. Ces pièces sont d’autant plus instructives qu’elles reflètent, comme dans un miroir déformant, les thèmes de l’image dorée de Sully. Outre les deux poèmes saluant chacun à leur manière la mise en circulation des jetons de Sully à l’effigie de l’aigle jupitérien, on peut citer, dans le même registre, un libelle intitulé Privilèges et franchises de la souveraineté de Boisbelle, qui, en mars 1609, tournait en ridicule l’ambition de Sully de fonder rien moins qu’une ville neuve, Henrichemont, par laquelle l’association de sa gloire à celle du roi serait pérennisée dans la pierre. Le pamphlet parodiait donc cette gloriole, à tel point que nous en ignorons la teneur exacte, tous les exemplaires en ayant été probablement saisis28. Mais, pour attaquer le surintendant, la vindicte des libellistes pouvait se passer de modèles de référence, à plus forte raison quand, en la personne du valet, il s’agissait surtout d’atteindre le maître. Beaucoup considéraient, par exemple, que le roi avait trop vite sacrifié sur l’autel de sa majesté le maréchal de Biron, accusé de collusion avec l’Espagne et exécuté en 1602 dans la cour de la Bastille, place dont Sully était gouverneur. Et c’est bien abusivement qu’on rejeta sur ce dernier la responsabilité de l’affaire, puisque les vers suivants coururent alors à Paris :

« Si pour avoir trop de courage
On a bien fait mourir Biron,
Rosny, crois que le même orage
Peut bien tomber sur un larron ;
Car déjà le peuple en babille,
Et vous appelle, ce dit-on,
Lui cardinal de la Bastille,
Et vous prélat de Montfaucon.
Mais que troupes bien dissemblables
Iront visiter vos tombeaux !
Car il a des gens honorables,
Et vous n’aurez que des corbeaux,
Desquels la charogne mangée
Sera marque, aux âges suivants,
De ton insolence enragée
Sur les morts et sur les vivants29. »

17Ce ne fut pas l’unique assignation faite à Sully d’orner le gibet de Montfaucon : le 6 septembre 1609, attaché à la porte de l’antichambre de la reine, on trouva un « pasquin », une épigramme sanglante le condamnant, « nonobstant tout son crédit, d’aller bientôt à Montfaucon ou à la Grève »30. En cette fin du règne d’Henri IV, le ministre avait d’ailleurs du souci à se faire, étant donné l’accélération du rythme des publications hostiles à son égard : cinq seulement recensées par L’Estoile de 1601 à 1607, au moins neuf entre 1608 et 1610. Et, sous l’effet de l’animosité, le niveau de la calomnie n’en finissait pas de se dégrader, si l’on en juge par cette pièce intitulée Le constipé, qui, ironisant sur la mégalomanie de Sully, était composé « sur la plainte ordinaire d’un chacun qu’il n’y avait personne qui pût faire ses affaires que lui »31. Plutôt que de citer d’autres particularités nettement plus triviales, voilons-nous la face en imitant L’Estoile, qui vitupère contre « la méchanceté et débordement de ce misérable siècle ». En tout cas, il est patent que, dans les dernières années du règne, la tension monte contre Sully. Il faudra attendre la mort d’Henri IV pour passer à un dernier stade d’hostilité, après la défiance et la haine : le mépris.

18À compter du 14 mai 1610, l’étoile du surintendant des finances se mit à pâlir très rapidement, jusqu’à sa démission quelque peu forcée, au mois de janvier suivant. Le colosse avait cessé d’impressionner, et le dédain put se donner libre cours envers celui qui apparaissait surtout, désormais, comme un vieux barbon bougon. Par ses efforts maladroits pour revenir sur le devant de la scène, Sully prêtait d’autant plus le flanc à la critique. C’est ainsi que sa participation active à l’assemblée protestante de Saumur, en mai 1611, ne passa pas inaperçue. Un pamphlet du temps, Le surveillant de Charenton, prit plaisir à inverser la convention des valeurs et à présenter le ministre déchu comme un fauteur de trouble parmi ses coreligionnaires. Il commençait comme suit, non sans justesse d’ailleurs :

« Messieurs, lorsque la France se figuroit que monsieur le duc de Suilly, sur le dégoust des affaires du monde, se fust tellement retiré qu’il ne pensast plus qu’à bastir sa ville de Boisbelle, nous avons esté tous estonnez de le voir monter derechef sur le théâtre, non en surintendant des finances, mais y haranguant d’un air semblable à celuy de ces orateurs du Catholicon. Chose dont les révérends pères de notre consistoire se sont grandement émerveillez, veu la métamorphose du personnage qui, en un instant, est devenu si courtois et gracieux que ses parolles ne respirent qu’humilité, qu’obéissance et submission en vostre endroit – surtout à ceste heure qu’il en a besoin32. »

19À quoi fait écho une autre pièce, la Responce de la déesse Fortune, publiée en 1616. À ce moment, Sully se trouvait sur la corde raide, puisque, d’une part, il proposait sa médiation à la reine mère Marie de Médicis et aux princes protestants révoltés contre elle, mais se trouvait engagé, d’autre part, dans la sédition de ces derniers. Et le pamphlet ne se privait pas de souligner l’ambiguïté d’une telle situation : « Ô que ce sont de belles parolles d’exalter la clémence, justice et magnanimité de ce monarque, n’en désirer que la grandeur, félicité perdurable et de ses Estats et subjets, et, en disant cela, estre aux champs, les armes à une main et le flambeau à l’autre, pour mettre le feu et le sang par tout son royaume »33 Bon nombre des mémorialistes du temps ont exploité cette veine, même si leur témoignage prête, bien sûr, à caution. En effet, pour beaucoup de membres de la haute noblesse d’épée, ils s’étaient trouvés parmi les plus fréquemment confrontés à la mauvaise humeur du surintendant, qui rognait sur leurs pensions et prétendait leur parler d’égal à égal. Sont particulièrement représentatifs de cette tendance le maréchal d’Estrées, Guillaume Girard, qui prêta sa plume au duc d’Épernon, et le cardinal de Richelieu, lequel, s’il eut peu à souffrir personnellement de Sully, et tout en reconnaissant la rectitude du ministre, n’en trouvait pas moins commode de ridiculiser cette ébauche de prédécesseur malchanceux34. On peut dire, d’une façon générale, que la chute laborieuse de Sully, entrecoupée d’embellies éphémères, laissa plus de trace dans la mémoire de ses contemporains que son administration proprement dite. Allons même plus loin : le caractère tardi f du développement de la légende de Sully peut en grande partie s’expliquer par le fait que, en 1611, il a en quelque sorte manqué sa sortie de l’Histoire, ses tentatives maladroites de retour au pouvoir ayant encore élargi le fossé qui le séparait désormais de la figure sublimée de Henri le Grand, roi-martyr déjà légendaire. Mais, pour l’heure, la question n’est pas là, comme le rappelle Le surveillant de Charenton : « Toute la France rend ce tesmoignage que M. de Suilly a dignement administré ses charges, mais les princes se servent de tels ministres que bon leur semble, employons tantost l’un tantost l’autre »35. On touche sans doute ici à l’origine du problème que posait l’homme à ses contemporains. En un siècle habitué à célébrer les exploits militaires ou le prestige du sang bien plus que le labeur colossal, mais dépourvu d’éclat, d’un expert en matière de finances, son entêtement à se mettre en avant avait quelque chose d’inconvenant. Et si Sully se livrait à une véritable surenchère en matière de propagande, c’est justement parce qu’il se sentait en porte à faux sur les valeurs de la haute noblesse du temps. Au final, ces efforts volontaristes de sa part ne peuvent camoufler ce qui apparaît comme la troisième teinte dominante de son image, en cette première moitié du XVIIe siècle : le gris. C’est dans le genre proprement historique qu’on en relève les symptômes les plus probants.

20Le hiatus existant entre la haute opinion que Sully se faisait de lui-même et la relative indifférence que manifestaient, au contraire, les historiens du temps à son égard est bien exprimé, dans ses Mémoires, par les critiques acerbes dont il éreinte l’Histoire de Henry le Grand, que Scipion Dupleix publia en 1632. Dans cet ouvrage, ce qui ulcère ainsi le vieux ministre à la retraite, ce ne sont pas tant les erreurs dont il est truffé que le fait qu’il n’y est question de lui, Sully, que « douze fois seulement » : douze malheureuses fois tout au long de ces 600 pages, format in-folio, consacrées à l’histoire d’un règne dans lequel il espérait légitimement se voir accorder une place éminente ! Le camouflet est de taille. Et il y riposte vertement, par une « Dissertation sur les historiens de Henri IV »36.

21Si Sully s’était rêvé en Mécène du nouvel Auguste, en Cratère du nouvel Alexandre, toutes ces références antiques semblent avoir laissé ses contemporains passablement indifférents. Relativement aux débordements de l’éloquence et du fiel pamphlétaire, l’historiographie du règne de Henri IV dans la première moitié du XVIIe siècle est bien terne. Le médiocre attrait exercé alors par les questions financières, économiques et sociales condamnait Sully à demeurer dans un relatif effacement. Ce préjugé transparaît clairement dans la faible considération dont témoigne Baptiste Le Grain pour Sully en tant que surintendant des Finances. Il signale en effet l’ascension décisive que signifia la promotion de duc et pair pour le ministre,

« … lequel, à cause de ceste dignité, se pouvoit plus relever qu’auparavant, n’ayant que celle de grand maistre de l’artillerie, érigée par le roy en sa faveur en office de la couronne, de laquelle il estoit plus honoré que de celle de surintendant des finances, laquelle est plus servile qu’honorable, et, comme j’ay monstré cy-dessus, estoit à Rome la moindre de toutes les dignitez de la République, quoy qu’il y eust plus de finances à manier qu’en France37. »

22Sully ne pensait d’ailleurs pas autrement. On a déjà vu qu’il tirait moins de gloire de ses services économiques que de ses exploits militaires – et on le verra, au besoin, s’en forger de toutes pièces, dans ses Mémoires. Il n’est pas fortuit que l’âge d’or du mythe de Sully, qu’on peut situer dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, corresponde à l’époque où les physiocrates mirent l’économie à la mode et inventèrent la figure fantaisiste d’un bon ministre protecteur des paysans – image complaisante relayée jusqu’à nos jours, et qui a atteint son paroxysme sous le régime de Vichy – alors qu’on en chercherait vainement la moindre occurrence au XVIIe siècle38.

23Les ouvrages du temps se consacrent donc en priorité à l’évocation de la monarchie de France du point de vue de la haute noblesse qui gravite autour d’elle : celle-ci constitue le seul corollaire convenable à la geste du souverain. C’est ainsi que les ducs d’Epernon ou de Biron occupent naturellement – de naissance, pourrait-on dire – une place de choix dans les histoires du règne. Quant à Sully, ses actions mises en vedette sont surtout celles qui intéressent directement le prestige de la couronne : il en est ainsi de sa grande ambassade auprès du nouveau roi d’Angleterre Jacques Ier, en 1603. Entendons-nous bien : la figure du surintendant ne suscite aucune hostilité fondamentale. Quand on n’oublie pas purement et simplement de le mentionner, on convient volontiers qu’il a utilement et dignement servi son roi dans le maniement des finances et en plusieurs occasions particulières. Mais y a-t-il lieu de s’appesantir davantage sur les mérites d’un serviteur qui n’a fait, somme toute, que son devoir – et qui, de surcroît, était protestant ? Qu’il le voulût ou non, pour les esprits du temps, Sully n’offrait pas matière à évocation notable. Il est ainsi quasiment absent des Chronologies novenaire et septenaire de Palma-Cayet, de l’Histoire universelle de Jacques-Auguste de Thou et de celle d’Agrippa d’Aubigné, ouvrages qui comptent pourtant parmi les principaux jalons historiographiques du premier XVIIe siècle39.

24Au moment de dresser un bilan de ce qu’on peut maintenant appeler l’anti-légendc de Sully au cours de cette période malaisément fondatrice, trois séries de données peuvent être dégagées. Entre son arrivée décisive aux affaires en 1598 et sa mort en 1641, Sully a eu le loisir d’entendre courir sur son compte les discours les plus variés. On peut les résumer comme suit : il a ramené l’ordre dans les finances et s’est montré d’une fidélité exclusive à son souverain, qui l’a honoré de sa confiance particulière ; insupportable à tous, il a bâti sa réputation sur une probité intransigeante à servir l’État, excluant toute autre considération, si ce n’est, murmurait-on, celle de ses intérêts propres. Voilà l’image la plus répandue du personnage. Elle inspire soit l’estime, soit l’agacement, mais jamais la fascination. Il manque à Sully cette dimension spectaculaire susceptible de le faire entrer dans la légende. La plus grande part des dithyrambes qui lui sont consacrés est directement liée à sa personne, à Sully en tant qu’acteur politique, mais non à Sully en tant qu’incarnation d’un idéal qui le dépasse. Il suscite la polémique, certes, mais ni le rêve, ni l’édification.

25Pourtant, le caractère extrêmement bigarré des évocations est riche en potentialités. Sully a intéressé les pamphlétaires et les panégyristes, les poètes, les graveurs. Son entrée dans l’Histoire établit entre le siècle et lui la distance nécessaire à l’analyse, même si celle-ci reste encore bien balbutiante. C’est une palette d’approches différenciées qui se constitue ainsi. Mais il manque encore à ces couleurs la vie que leur confère la toile.

26Enfin, l’éventail des considérations relatives au personnage demeure restreint. Alors que, à l’époque contemporaine, sa brutalité, son caractère ombrageux sont simplement utilisés pour nuancer l’évocation du « bon ministre », au XVIIe siècle ces éléments constituent en propre le sujet de cette évocation. Sully incarne davantage un style de gouvernement qu’une politique clairement définie. Parmi les notions qui se dégagent de façon décisive domine la fidélité au roi – qui ne se confond pas encore tout à fait avec le dévouement à l’intérêt public. Par contre, la notion d’amitié ne découle pas aussi aisément qu’on pourrait le penser de celle de fidélité. Sully est perçu comme l’homme de confiance de Henri IV, son confident parfois. Mais l’idée n’est pas encore surchargée des connotations sentimentales qui vont l’enrichir par la suite. 11 manque au développement de ce thème un fonds d’anecdotes pittoresques. Cette carence va être comblée par la publication, d’abord partielle, puis intégrale, des Mémoires du ministre, riches en notations vivantes et en tableaux de genre susceptibles de frapper l’imagination d’un public cultivé. Pour l’heure, sanctifié par le martyre, le roi prend seul son envol vers la légende, laissant sur terre son ministre penaud et démuni. On peut donc laisser le mot de la fin à La tragédie de Henry le Grand, que le dramaturge Claude Billard de Courgenay fit représenter dès 1610 devant la cour. Ravaillac vient de commettre son forfait, et Sully, coryphée du chœur, conclut les lamentations universelles par ces phrases qui reflètent à merveille sa situation du moment :

« Il est mort ! et sans moy, sans m’avoir fait la grâce
(Moy qui m’approchoy plus de sa face)
De me prendre avec luy, de s’assister de moy
Jaloux de mon bon maistre, idolâtre d’un roy
Qui m’avoit honoré des charges les plus belles
De tout ce grand Estat, haussé le cœur, les aisles,
Et le zèle et la foy pour emporter le faix,
Comme utile à la guerre et nécessaire en paix […]
C’est ma fatalité, c’est le coup de fortune
Que je craignoy le plus, qui si fort m’importune
Que je ne fay plus rien, sans force, sans vertu,
Que d’une âme mourant et d’un cœur rabatu40. »

Notes de bas de page

1 « Je vais où Jupiter l’ordonne ». Sur la légende numismatique de Sully, voir Adrien de Longpérier, « Jetons composés par Sully », dans Revue numismatique, t. 8 (1863), p. 425-450 ; Félix de Mallevoüe, « Les devises de Sully », dans Bull. de la Soc. de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, t. 4 (1913), p. 172-182. On trouvera la liste des « Devises des jetons distribués au commencement de chaque année, depuis 1589 jusqu’en 1601 », dans Sully, Œconomies royales, éd. Michaud et Poujoulat, Paris, 1837, 2 vol., t. I, p. 359-360 (Nouvelle collection des Mémoires pour servir à l’histoire de France, 2e s., t. II-III).

2 Les deux sonnets sont rapportés en décembre 1601 par Pierre de L’Estoile, Journal pour le règne de Henri IV, éd. Louis-Raymond Lefèvre et André Martin, Paris, 1948-1960, 3 vol., t. II, p. 53.

3 Les biographies les plus récentes du personnage sont dues à David Buisseret, Sully and the growth of centralized government in France, Londres, 1968 ; Bernard Barbiche, Sully, Paris, 1978 (L’aventure humaine) ; Bernard Barbiche et Ségolène de Dainville-Barbiche, Sully : l’homme et ses fidèles, Paris, 1997. Sur la légende du personnage, je me permets de renvoyer à Laurent Avezou, Sully à travers l’ Histoire : les avatars d’un mythe politique, Paris, 2001 (Mémoires et documents de l’École nationale des chartes, 58).

4 Charles Duret de Chevry, Panégyrique à monseigneur le duc de Sully, pair de France, s.l., 1609, fol. 12.

5 Voir le récit de cette altercation dans P. de L’Estoile, Journal..., t. I, p. 540-542, à la date du 26 octobre 1598.

6 Hierosme de Bénévent, Panégyric à monseigneur le duc de Sully, pair de France, s.l., 1609, p. 26.

7 C. Duret de Chevry, Panégyrique..., fol. 11v.

8 H. de Bénévent, Panégyric..., p. 47.

9 Nicolas Rapin, Œuvres, éd. Jean Brunel et Émile Brethé, Genève, 1982-1984, 3 vol., t. II, p. 369.

10 Guillaume Colletet, Ode sur l’alliance des deux illustres maisons de Béthune et de Séguier, Paris, 1640, p. 10.

11 N. Rapin, Œuvres..., t. II, p. 268 et 371. On trouve aussi l’analogie avec Caton d’Utique, cette fois, sous la plume de Hierosme de Bénévént (Panégyric..., p. 43).

12 Sur ce point, voir surtout la mise au point décisive de D. Buisseret, Sully..., p. 170-179.

13 N. Rapin, Œuvres..., t. II, p. 370.

14 Siméon Guillaume de La Roque, Œuvres, 1609, p. 330. Cf. B. Barbiche, « Un poète thuriféraire de Sully : Siméon Guillaume de La Roque », dans L’Histoire littéraire. Mélanges offerts à Madeleine Bertaud, Genève, 2001, p. 507-528.

15 Sur cette affaire, voir Edmund H. Dickerman, « Sully, the press and the pursuit of power », dans Renaissance Quarterly, t. 28 (1975), p. 343-349.

16 L’Abrégé est reproduit dans l’édition de 1638 des Œconomies royales, t. I, p. 600-604.

17 Renvoyons plus particulièrement à l’introduction des Œconomies royales, éd. David Buisseret et Bernard Barbiche, Paris, 1970,1.1 : 1572-1594, p. X-XXXVIII, ainsi qu’aux études suivantes : E. H. Dickerman, « The man and the myth in Sully’s Économies royales », dans French historical studies, t. 7 (1977), p. 307-331 ; Louise Godard de Donville, « Les Œconomies royales : une rencontre originale entre service du roi et “lettres et sciences humaines” », dans Sully homme d’État et mémorialiste : actes de la journée d’étude du 8 mars 1991, numéro spécial de la revue XVIIe siècle, n° 174 (1992), p. 7-19 ; Les valeurs chez les mémorialistes français du XVIIe siècle avant la Fronde : colloque de l’université de Metz, éd. Jacques Hennequin, Noëmi Hepp, Strasbourg-Metz, 1979 (Actes et colloques, 22).

18 Charles-Augustin Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Paris, 1854, t. VIII, p. 194.

19 Musée national du château de Pau, P. 56. 28. 4.

20 L’ombre de Henry le Grand au roy, s. L, 1615, p. 60-64.

21 Scipion Dupleix, Histoire de Henry le Grand, IVe du nom, roy de France et de Navarre, Paris, 1632, p. 363, 474-475 et 539 ; Baptiste Le Grain, Décade contenant la vie et gestes de Henry le Grand, Rouen, 1633, p. 722-736.

22 Françoise Bayard, « Sully, un baroudeur aux finances », dans L’Histoire, n° 130 (fév. 1990), p. 10-14.

23 Discours d’Aubery du Maurier composé en 1599 et reproduit dans La continuation du Mercure françois, ou Suitte de l’histoire de l’auguste régence de la royne Marie de Médicis, Paris, 1615, livre II, fol. 10v.

24 Voir Olivier Poncet, Pomponne de Bellièvre (1529-1607) : un homme d’État au temps des guerres de Religion, Paris, 1998 (Mémoires et documents de l’École des chartes, 50).

25 Continuation du Mercure françois..., livre II, fol. 13v.

26 Rapporté par P. de L’Estoile, Journal..., t. II, p. 280-281.

27 Extraits ibid., p. 618-626.

28 Ibid., p. 438. Sur cette « ville nouvelle » avant l’heure, voir surtout Catherine Grodecki, « La création d’Henrichemont : bibliographie récente et nouveaux documents », dans Cahiers d’archéologie et d’histoire du Berry, n° 41 (juin 1975), p. 26-48, ainsi que Edmund H. Dickerman et Anita M. Walker, « Monuments of his own magnificence : Henrichemont and the archaeology of Sully’s mind », dans French History, t. VI (1992), p. 159-184.

29 P. de L’Estoile, Journal..., t. II, p. 78.

30 Ibid., p. 521.

31 Ibid., p. 171.

32 Le surveillant de Charanton [sic], s.l.n.d. [1611], p. 1-2.

33 Lettre de monseigneur le duc de Sully au roy, datée du 29 décembre 1615, suivie d’une responce de la déesse Fortune à la lettre du duc de Sully, s.l., 1616, p. 6.

34 Voir François Annibal d’Estrées, Mémoires sur la régence de Marie de Médicis (1610- 1616) et sur celle d’Anne d’Autriche (1643-1650), éd. Paul Bonnefon, Paris, 1910 (Société de l’histoire de France), p. 3, 13, 22-24, 59-60 et 129 ; Guillaume Girard, Histoire de la vie du duc d’Espernon, Paris, 1730, t. II, p. 354 et 368 ; Richelieu, Histoire de la mère et du fils [faussement attribuée à François Eudes de Mézeray], Paris, 1730, p. 3-9, 43-45, 138 et 149.

35 Le surveillant de Charanton..., p. 9-10.

36 Sully, Œconomies royales, éd. Michaud et Poujoulat..t. II, p. 493-523.

37 B. Le Grain, Décade..., p. 727.

38 Voir Georges Weulersse, « Sully et Colbert jugés par les physiocrates », dans Revue des doctrines économiques et sociales, t. 10 (1922), p. 234-251 ; Christian Faure, « Pétainisme et retour aux sources : autour du Tricentenaire Sully », dans Cahiers d’Histoire (Grenoble, Lyon, Saint-Etienne, Chambéry), t. 28, n° 4 (1983), p. 3-32.

39 Palma Cayet, Chronologie novenaire, Paris, 1608, p. 219, et Chronologie septénaire contenant l’histoire de la paix entre les roys de France et d’Espagne et les choses les plus mémorables advenues depuis la paix faicte à Vervins, le 2 de mai 1598, jusques à la fin de l’an 1604, Paris, 1605, p. 108, 111 et 260 ; Jacques-Auguste de Thou, Histoire universelle depuis 1543 jusqu’en 1607, Londres, 1734, 16 vol., t. XIV, p. 153 (l’édition originale latine date de 1604-1608) ; Théodore Agrippa d’Aubigné, Histoire universelle, éd. André Thierry, Genève, 1981-1999, 10 vol., t. IX : 1594-1602, p. 257, 270 et 274 (édition originale parue entre 1616 et 1620).

40 Claude Billard de Courgenay, La mort d’Henry IV, tragédie en cinq actes et en vers, Paris, 1806, p. 69 et 72. Il s’agit d’une réédition de La tragédie de Henry le Grand, publiée pour la première fois en 1610, dans un recueil de sept Tragédies françoises du même auteur.

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