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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral 1. MÉTIERS DE L’ALIMENTATION 2. LES MÉTIERS DE L’HABILLEMENT 3. GRAND COMMERCE ET MÉTIERS DE LUXE 4. ACTIVITÉS LIÉES A LA CASTE DOMINANTE 5. COMBUSTIBLES, CONSTRUCTION, VERRERIE ET POTERIE 6. MÉTIERS DES MÉTAUX ET DU BOIS 7. CONCLUSIONS Notes de bas de page

    Artisans et commerçants au Caire au XVIIIe siècle. Tome I

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre VIII. Géographie des activités économiques au Caire au xviiie siècle

    p. 307-372

    Texte intégral 1. MÉTIERS DE L’ALIMENTATION Commerce en gros des grains, du fourrage, des légumes et des fruits Les marchés du bétail, les abattoirs Moulins, presses à huile, fabriques de vinaigre et de sucre Vente au détail des comestibles de grande consommation 2. LES MÉTIERS DE L’HABILLEMENT La vente des textiles et la fabrication des tissus Les lieux de vente des tissus Le travail et la vente de la soie. Les passementiers Les métiers du cuir 3. GRAND COMMERCE ET MÉTIERS DE LUXE Le café et les épices Le travail des métaux précieux et le change des monnaies Le commerce du savon et du tabac Autres activités commerciales à localisation centrale 4. ACTIVITÉS LIÉES A LA CASTE DOMINANTE Les armes Le marché aux chevaux Fabricants et marchands d’articles de voyage 5. COMBUSTIBLES, CONSTRUCTION, VERRERIE ET POTERIE Les combustibles Construction, fours à plâtre et à chaux Verriers et potiers Nattiers et cordiers 6. MÉTIERS DES MÉTAUX ET DU BOIS Le bois L’artisanat du cuivre Le travail du fer 7. CONCLUSIONS Principes généraux de la localisation des métiers au Caire Le poids économique de Qāhira Caractères de la topographie économique du Caire Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Le Caire est sans doute la seule grande ville du monde arabe dont les activités économiques puissent être localisées géographiquement avec une précision à peu près rigoureuse juste avant que ne commence, avec le début du xixe siècle, une époque de profonds bouleversements. Elle le doit à un ensemble incomparable de textes historiques dont les plus remarquables, de ce point de vue, sont les Ḫiṭaṭ de Maqrīzī (début du xve siècle), le Seyahatname d’Evliya Čelebi (seconde moitié du xviie), les Ḫiṭaṭ al-ğadīda de ‘Alī Pāšā Mubārak (milieu du xixe), et surtout la monumentale Description de l’Égypte qui a fixé d’une manière définitive les traits de la métropole musulmane à l’aube des temps modernes1.

    1. MÉTIERS DE L’ALIMENTATION2

    Commerce en gros des grains, du fourrage, des légumes et des fruits

    2Le commerce des grains, c’est-à-dire essentiellement du blé, était une activité qui était directement liée aux régions agricoles de Basse et Haute-Égypte, et sa localisation était donc périphérique : les centres principaux se trouvaient aux portes de la ville qui étaient faciles d’accès pour les fallāḥīn, et où on disposait des espaces libres nécessaires pour le stockage. Dès l’époque de Maqrīzī les marchands de paille (tabbānīn), les marchands de grains (qammāḥīn, fāmiyyīn) avaient été repoussés de la Qāhira fatimide pour céder la place à des commerces plus spécialisés3 ; par contre l’auteur des Ḫiṭaṭ situait à Bāb al-Futūḥ des marchands de grains et près de Bāb al-Lūq (M/N 13) une place de la paille (raḥbat al-tibn)4. Un siècle plus tard Ibn Iyās place à Ḥusaïniyya, faubourg nord du Caire, le marché au fourrage (Sūq al-Darīs), hors de Bāb Zuwaïla (M 6) les marchands de paille (tabbāna), à Rumaïla (T 5) les marchands de blé (qammāḥīn) et hors de Bāb al-Ša‘riyya, la place du blé (Mīdān al-Qamḥ)5.

    3Ces centres sont bien ceux que nous retrouvons mentionnés dans les chroniques du xviie et du xviiie siècle et dans la Description de l’Égypte. A cette époque Būlāq et le Vieux Caire servaient d’entrepôts aux grains qu’on apportait en général sur le Nil. De là ils étaient voiturés jusqu’au Caire par des transporteurs (tarrāsīn) et entreposés à proximité des portes de la ville, dans des emplacements vides qui servaient de marchés aux grains : ces places qui étaient encloses portaient le nom de ruq‘a, de raḥba ou de ‘arṣa6. Le principal marché aux grains se trouvait à Rumaïla, vaste place située au pied de la Citadelle, à l’intérieur de laquelle se tenait également un marché au fourrage (Wakāla al-Darīs, 18 S 3) : la présence dans le Château d’une importante population de militaires et, sur les lieux mêmes, du marché aux chevaux et au bétail, la proximité enfin du Vieux Caire suffisent à expliquer cette implantation7. Des halles (ḥawāṣil) (79 U 5), une wakāla (227 U 6) s’élevaient autour de la ruq‘at al-qamḥ (75 U 6) et servaient de points de ralliement aux émeutiers lorsque la disette et la cherté des vivres mettaient le peuple du Caire en mouvement. Une corporation spécialisée (liste de 1801 n° 48 : « transporteurs de grains du quartier dit Roumélé à tous autres lieux ») avait son siège à Rumaïla. A proximité de Bāb al-Lūq, une des portes du Caire par où on se rendait à Būlāq, se trouvaient deux ruq‘at al-qamḥ (242 Κ 12 et 283 L 13), la raḥbat al-tibn (296 Κ 13) et le Sūq al-Barsīm (123 M 15). Le troisième centre du commerce des grains était situé hors Bāb al-Ša‘riyya, par où passait la route la plus directe de Būlāq au Caire : un marché aux grains qui était appelé tantôt ruq‘at al-qamḥ, tantôt mīdān al-ġalla était situé un peu au sud-ouest de la porte (F 9) ; deux Wakāla al-Qamḥ (315 Ε 8 et 403 D 8) s’élevaient le long de la rue qui longeait le Ḫalīğ, au nord de la porte. Ce quartier était également le siège de la corporation des « transporteurs de blé de la place de Bab-Chariéh à tous autres lieux au Caire » (liste de 1801, n° 73). Des droits sur les grains étaient levés à la ruq‘at al-qamḥ de Bāb al-Ša‘riyya8. Enfin, bien que la Description n’en fît pas mention, il y avait à Ḥusaïniyya des marchés de grains et de fourrages9 ; ce commerce se prolongeait dans le quartier de Ğamāliyya, situé immédiatement au sud de Bāb al-Naṣr, où l’on trouvait une wakāla (354 F 5) et deux ruq‘at al-qamḥ (301 G 5 et 62 Κ 4). Ici opérait la corporation des « marchands de grains du quartier dit Gamalié au Caire » (n° 57).

    4Également liée à l’agriculture, la vente des légumes et des fruits était, elle aussi, une activité de caractère périphérique. Les jardiniers (ġītāniyya, et plus rarement bustānğiyya ou basātīniyya) travaillaient hors des limites de la ville, mais ils étaient cependant intégrés dans l’organisation corporative, avec une corporation qui s’étendait d’ailleurs sur Le Caire, le Vieux Caire et Būlāq (n° 3). La principale région de vente des légumes était le quartier qui entourait la Mosquée Ibn Ṭūlūn : la Description de l’Égypte place un « marché aux herbes » (Sūq al-Ḫuḍariyya) dans le voisinage immédiat du sanctuaire (101 V 7 - 176 U 9) et mentionne un nombre important de toponymes qui attestent la solidité et l’ancienneté de l’implantation des marchands de légumes. La corporation des marchands de légumes du Caire jouait un rôle dominant entre Ibn Ṭūlūn et Rumaïla et son cheikh, Hağğāğ al-Rumaïlātī al-Ḫuḍarī (mort en 1817), fut un des leaders qui conduisirent les masses populaires à l’assaut du pouvoir turc dans les premières années du xixe siècle10. La région située entre Bāb al-Lūq et l’Azbakiyya jouait également un rôle important dans l’approvisionnement en légumes du Caire : comme la préparation des fèves (fūl) y était principalement concentrée le quartier avait fini par prendre le nom de Ḥāra al-Fawwāla (287 L 13). Le troisième centre du commerce des légumes était situé à l’intérieur de Bāb al-Futūḥ à un endroit où Maqrīzī signalait déjà la présence de marchands de légumes et où on les trouve aujourd’hui encore11 : marché aux herbes (366 Ε 6) voisin de la Wakāla al-Ṯūm (365 Ε 6). Les ḫuḍarī étaient de petites gens aux revenus particulièrement modestes (ils sont parmi les plus pauvres des commerçants qui figurent dans les documents du Maḥkama) et les quartiers où ils travaillaient comptaient parmi les plus populaires et les plus remuants du Caire. La vente des fruits en gros qui n’avait pas la même importance économique que le commerce des grains et des légumes 12 obéissait aux mêmes principes géographiques. Les centres principaux se trouvaient à Ḥusaïniyya (Sūq al-Balaḥ, 344 Β 5 : vente des fruits et des dattes), d’où ce commerce avait poussé des prolongements vers l’intérieur du Caire13 ; et hors de Bāb al-Ša‘riyya (Description : « fruits », 287 F 9), quartier où les marchands de fruits paraissaient nombreux et influents14.

    Les marchés du bétail, les abattoirs

    5Le centre principal du commerce du bétail à l’époque mamelouke et jusqu’au début du xvie siècle était situé hors Qāhira, un peu au sud-est de Bāb Zuwaïla, au marché aux moutons (Sūq al-Ġanam), en Ν 5 sur le plan de la Description, entre le Darb al-Aḥmar et la mosquée Aṣlam, à proximité de la campagne et dans une région où existaient des espaces libres15. La croissance de l’agglomération imposa ensuite le déplacement du marché au bétail : dans les documents du xviie siècle l’emplacement primitif est désigné sous le nom « d’ancien marché aux moutons » (Ḫaṭṭ Sūq al-Ġanam al-qadīm)16 et les marchés sont installés plus loin, mais toujours sur la bordure méridionale de la ville. C’est là encore que les localise la Description de l’Égypte : Souq el-Meskeh, près de la Birka al-Saqqā’īn (127-128 Q 11), où la vente des moutons et des chèvres avait lieu le vendredi, et Sūq al-Ġanam légèrement à l’est de la mosquée d’Ibn Ṭūlūn (100 V 7). Il y avait vraisemblablement aussi un marché du bétail à al-Ḥusaïniyya17. Les volailles, qui étaient au Caire un article de grande consommation et dont la production s’effectuait dans les fameux « fours à poulets »18, étaient vendues dans des marchés plus dispersés mais tous situés aux portes du Caire, alors que Maqrīzī conserve le souvenir d’une époque où le Sūq al-Dağğāğīn se trouvait non loin de Ḫurunfiš, à l’intérieur de Qāhira (G 6)19. La Description mentionne plusieurs Wakāla al-Firāḫ : une près de Bāb al-Naṣr (334 F 5) ; deux autour de Bāb al-Ša‘riyya (281 F 8 et 289 F 9) avec un marché aux volailles (Sūq al-Zalaṭ, 450 F 10) ; deux près de la Birka al-Saqqā’īn (292 Ο 13/14, 129 Q 11) ; une encore près du Pont aux Lions (Qanāṭir al-Sibā‘ : 243 V 13) ; et enfin un Sūq al-Firāḫ près de Rumaïla (76 U 6).

    6Pour des raisons pratiques (nécessité d’amener le bétail sur pied de la campagne) et sanitaires, et aussi pour éviter aux citadins les inconvénients qu’ils causaient au voisinage (bruits et odeurs désagréables), les abattoirs (maḏbaḥ) étaient, à une seule exception près, installés à la limite de la ville. Vansleb mentionne six « boucheries » en 167220 : la plus importante était celle qui était située un peu au nord de Ḥusaïniyya et qui était le centre d’une corporation de « bouchers de moutons du quartier Hissenie » (n° 41)21 ; les abattoirs de Bāb al-Lūq étaient responsables du nom qu’avait pris la birka voisine (Birka al-Dam « où s’écoule le sang des Tueries », lit-on dans la Description) ; des abattoirs s’élevaient encore dans le Ḥāra al-Saqqā’īn (Q 13), au Pont aux lions (U 12) et enfin au sud d’Ibn Ṭūlūn (avec une corporation des « bouchers de mouton du quartier dit Khalifé », n° 51). Il y avait peut-être aussi un abattoir non loin de Bāb al-Ša‘riyya (D 8)22. L’exception concernait les abattoirs que Vansleb plaçait dans le quartier juif en I 7, et dont la localisation avait des raisons rituelles évidentes23. Il y avait probablement eu hors Bāb Zuwaïla un abattoir qui bénéficiait de la proximité de Sūq al-Ġanam et approvisionnait en peaux les tanneries voisines : la croissance de la ville au xvie et au xviie siècles amena le déplacement de cet ensemble d’activités. Une importante population de bouchers vivait de l’activité des abattoirs et en particulier de celui de Ḥusaïniyya qui, d’après Evliya Čelebi, employait 200 personnes24 : ils jouèrent un rôle actif dans les mouvements populaires dont Ḥusaïniyya fut le théâtre.

    7La vente du poisson se faisait également aux portes de la ville dans trois marchés au poisson (Sūq al-Samak), dont un situé non loin d’Ibn Ṭūlūn (120 et 221 Τ 7), un près de Birka al-Saqqā’īn (137 Q 12) et un hors Bāb al-Ša‘riyya (129 F 10-11). Le Sūq al-Samak qui se trouvait dans le quartier juif (130 I 7) devait, comme l’abattoir, répondre aux besoins rituels et aux traditions culinaires de la population israélite.

    Moulins, presses à huile, fabriques de vinaigre et de sucre

    8Avec les moulins, les presses à huile, les fabriques de vinaigre et de sucre, nous abordons des activités de transformation qu’on pourrait presque qualifier d’« industries alimentaires ».

    9La toponymie du Caire, en ce qui concerne les moulins (ṭāḥūn)25 évoque une localisation bien antérieure à l’époque ottomane : tous les « Darb al-Ṭāḥūn », « ‘Aṭfa al-Ṭāḥūn » que cite la Description sont situés dans une zone qui entoure exactement Qāhira, au sud et à l’ouest26 et qui était située « hors les murs » à l’époque mamelouke. Mais les moulins que nous avons pu localiser d’après les documents du Maḥkama sont situés dans une auréole plus excentrique ; ce déplacement correspondait vraisemblablement à l’extension de l’agglomération, la localisation des moulins étant, d’autre part, liée à celles des marchés des grains : 8 moulins sur 26 étaient situés à l’ouest de Bāb al-Ša‘riyya et près de l’Azbakiyya ; 8 encore près de Rumaïla et Ibn Ṭūlūn. La présence de nombreux moulins près de Bāb Zuwaïla paraît constituer une survivance liée à l’installation, fort ancienne, entre cette porte et Qawṣūn, des marchés des cribleurs et vanneurs, fabricants de cribles et tamis (muġarbilīn, en 51 et 43 Ο 6/7 et 115 Ο 7 ; manāḫiliyya, 258 M 6) qui étaient déjà localisés là par Maqrīzī27. De toute manière l’urbanisation de cette région était très récente encore au xviiie siècle.

    10Si la meunerie était un artisanat peu concentré (Evliya Čelebi comptait 1.200 moulins pour 3.160 meuniers), l’extraction de l’huile avait un caractère presque industriel. La plupart des Égyptiens consommaient essentiellement de l’huile de sésame (sīrağ) et de l’huile de lin qui servaient à la fois de comestible et de combustible, l’huile d’olive (importée du Maghreb) n’étant utilisée que par des gens riches. Les moulins à huile de sésame (sīrğa) et de lin (mi‘ṣara) étaient nombreux : Evliya Čelebi comptait 200 fabriques (karhane) d’huile de sésame et 170 d’huile de lin avec respectivement 700 et 1.108 artisans qui étaient répartis en 2 corporations en 180128. Cette activité malodorante et sale était très normalement localisée hors de Qāhira, au-delà du Ḫalīğ, dans des régions de peuplement moins dense. En dehors d’un moulin à huile de lin à Ḥusaïniyya (392 D 5), de deux sīrğa à Bāb al-Ša‘riyya (297 Ε 8, 275 F 8)29 et d’une sīrğa près de Bāb Zuwaīla (26 M 6), toutes les presses à huile mentionnées par la Description sont situées sur la lisière occidentale de la ville : près de Bāb al-Baḥr, de l’Azbakiyya et de Bāb al-Lūq (mi‘ṣara en 331 D 13, 219 Ε 11, 351 F 14, 181 I 11, 172 I 11, 88 M 12), près de Birka al-Saqqā’īn (sīrğa en 208 et 213 Q 12, 198 R 12) et à Qanāṭir al-Sibā‘ (sīrğa en 166 U 12).

    11Le vinaigre était fabriqué à partir de dattes, de vin et de raisin sec (zabīb) dans des fabriques (ma‘mal al-ḫall) qui étaient à la fois fort nombreuses et fort dispersées. Ce métier ne présentait pas les mêmes inconvénients que le précédent, mais les fabriques n’en étaient pas moins situées hors de Qāhira ou à la lisière de la ville, à Bāb al-Ša‘riyya (269 F 8, 290 F 9), Bāb al-Lūq (83 MN 12), Birka al-Saqqā’īn (133 Q 11), et autour de Bāb Zuwaïla (252 M 6, 351 M 7, 385 M 8).

    12De ces diverses activités de transformation de produits agricoles bruts une seule échappait à la localisation hors Qāhira qui paraît avoir été de règle : il s’agissait des fabriques de sucre (maṭbaḫ al-‘asal) qui produisaient les diverses espèces de sucre plus ou moins raffiné (sukkar mukarrar) et la mélasse (‘asal al-aswad). Ces entreprises qui, pour l’époque, étaient relativement importantes étaient situées à l’intérieur du périmètre d’al-Qāhira et même très souvent à proximité immédiate de la Qaṣaba30. Plusieurs explications permettent de rendre compte de ce phénomène apparemment aberrant. Tout d’abord l’industrie du sucre était en Égypte une industrie traditionnelle qui avait été très florissante au Moyen Age, époque à laquelle sa technique était relativement avancée ; elle était restée ensuite très active : sa localisation aux xviie et xviiie siècles se ressentait sans doute de ces antécédents. D’autre part la production et la vente du sucre et des sucreries (qui étaient des produits de luxe et comme tels occupaient une place centrale dans al-Qāhira) étaient des activités étroitement liées : les fabriques restaient donc situées à proximité immédiate des lieux de vente, alignés le long de la rue principale du Caire entre Baït al-Qāḍī et Bāb Zuwaïla. C’est sans doute la même raison qui explique la localisation des fabriques de jus de réglisse. De la racine de réglisse que l’on faisait venir d’Asie Mineure et de l’île de Cos, on tirait une boisson rafraîchissante (‘irq sūs) qui faisait l’objet d’une importante consommation, surtout en été31. Les marchands de réglisse (‘irq sūsī) parcouraient les rues des quartiers du centre avec de grandes jarres de terre rouge, et deux ou trois récipients qu’ils entrechoquaient pour attirer l’attention des clients, tout comme le font, de nos jours encore, leurs lointains successeurs. Les « matbakh a’raqy » que mentionne la Description de l’Égypte étaient pour la plupart (5 sur 7) situées dans Qāhira entre la Qaṣaba et Ḫalīğ, comme les fabriques de sucre et pour les mêmes raisons32.

    Vente au détail des comestibles de grande consommation

    13Le commerce de détail des comestibles était, comme il est naturel, très dispersé, les nombreuses boutiques de boulangers (ḫabbāzīn) et de fourniers (farrānīn), de marchands de légumes, de fromage et d’huile (zayyātīn), de bouchers (qaṣṣābīn) qui devaient satisfaire aux besoins les plus courants de la population, n’étant pas, en général, groupées en marchés spécialisés33.

    14Il en allait de même pour le café, qui était devenu une denrée aussi indispensable que les produits alimentaires déjà mentionnés. Il y avait beaucoup de cafés (qahwa) au Caire : 643 d’après Evliya Čelebi (avec 3.000 personnes) ; 1.200 d’après la Description (2.000 cafetiers)34. La plupart étaient des établissements fort modestes dont le matériel se réduisait à quelques nattes ou tapis placés sur une estrade en planches, à un comptoir, et naturellement aux tasses de porcelaine ou de faïence et à tous les ustensiles nécessaires pour la confection du café : d’après Chabrol 4.500 paras suffisaient pour « monter un beau café, payer la maison qu’il occupe et se fournir des meubles et ustensiles nécessaires ». Un café tout équipé pouvait se louer pour 7 à 15 paras par jour35. La situation matérielle des cafetiers était donc assez médiocre au Caire ; de fait les qahwağiyya figurent parmi les plus pauvres des artisans et des commerçants des registres du Maḥkama36. Les cafés étaient naturellement disséminés dans l’ensemble de l’agglomération : peut-être étaient-ils particulièrement nombreux un peu au sud de Bāb al-Naṣr, à un endroit où le trafic commercial et le mouvement humain étaient particulièrement actifs37, au bord du Ḫalīğ, qui était un lieu de promenade et de détente les soirs d’été38, et enfin aux alentours de la Citadelle dont les militaires formaient une clientèle toute trouvée39.

    2. LES MÉTIERS DE L’HABILLEMENT40

    La vente des textiles et la fabrication des tissus

    15Les matières premières textiles (lin et coton) étaient apportées au Caire de Haute et de Basse-Égypte (coton) : elles passaient généralement par le port de Būlāq. Aussi les marchés des textiles étaient-ils localisés au nord du Caire et d’une manière générale à proximité des routes venant de Būlāq : Bāb al-Naṣr/Bāb al-Futūḥ ; Bāb al-Baḥr/Bāb al-Ša‘riyya ; Bāb al-Lūq/Bāb al-Ḫarq. Le coton était vendu principalement un peu à l’ouest de Bāb al-Ša‘riyya, à Mīdān al-Quṭn (128 F 10) près duquel se trouvait aussi une Wakāla al-Quṭn (449 F 10) ; un peu au sud se trouvait la Wakāla al-Kittān (188 H 11) qui était un des sièges du commerce du lin. On vendait également le coton à la Wakāla al-Quṭn située tout près de Bāb al-Naṣr (355 Ε 5) ; mais le secteur situé entre cette porte et le Ğamāliyya était plutôt consacré à la vente du lin brut (Sūq al-‘Aṣr, 345 F 5 — Wakāla al-Kittān, 97 H 4). Le marché de la laine se trouvait à Bāb al-Lūq (al-ṣawwāfa, 101 M 13)41, et un peu au sud de Bāb al-Ḫarq se trouvait, dans un autre Sūq al-‘Aṣr (169 Ν 9), le second marché où se vendait le lin brut. Bāb al-Lūq était également le siège d’une corporation de marchands de lin42.

    16La filature (ġazl) et les opérations connexes (exécutées par les nad-dāfīn/cardeurs, mubayyaḍīn/blanchisseurs, munağğidīn/arçonneurs, étaient surtout concentrées dans le nord de la ville, à proximité des marchés de vente des tissus43. C’était surtout dans la zone située entre Bāb al-Baḥr et Bāb al-Ša‘riyya que se trouvaient les ateliers : préparation du coton et de la laine pour le filage à Mīdān al-Quṭn (128 F 10) et à l’extérieur de Bāb al-Ša‘riyya (279 F 8) ; filature du coton et ateliers pour le blanchiment du coton non loin de Bāb al-Baḥr (263 et 266 Ε 12). Les arçonneurs de coton logeaient près de Mīdān al-Quṭn. La soie, qui était importée de Syrie, était filée entre Bāb al-Naṣr et le Ğamāliyya (336 F 5), où se concentrait le commerce syrien, mais également en plein centre de Qāhira, non loin des lieux de vente (125 IK 7). Le marché de Marğūs (F 6), à proximité des lieux de vente du lin brut, était consacré à la vente du lin filé44.

    17La teinturerie était un des principaux artisanats du Caire : bien que la technique fût devenue assez routinière, la production avait un caractère presque industriel avec des ateliers relativement importants comptant en moyenne 20 ouvriers, d’après Evliya Čelebi. Les teintureries du Caire formaient trois groupes principaux. A l’angle nord-est de la Birka al-Azbakiyya, zone dont nous venons de constater l’activité dans la vente et le filage des textiles, se trouvaient deux groupes de teintureries (213 F 11 et 124 F 10) et un groupe d’ateliers pour l’impression des tissus (baṣma : 133 F 10). A l’intérieur de Bāb al-Ša‘riyya, entre le Ḫalīğ et la Qaṣaba, il y avait 6 « teintureries » (dont la maṣbaġat al-sulṭān) et un atelier pour l’impression des tissus (dūlāb al-baṣmağiyya)45. On trouvait dans le centre même, à proximité des lieux de vente, des ateliers de teinturerie (302 L 6, 364 L 7) et des ateliers d’impression de tissus (405 H 6 ; 189 Κ 6) : la concentration de la teinturerie dans Qāhira (en dehors de la zone de l’Azbakiyya et de quelques ateliers dispersés) était un indice du rôle important que cet art jouait dans l’économie du Caire.

    18Par contre le tissage, qui se pratiquait dans un grand nombre d’ateliers d’importance modeste comptant chacun quelques métiers (Evliya compte 1.800 boutiques de gullah avec 3.000 personnes, et 300 boutiques de qazzāzīn avec 1.600 artisans)46, était dispersé dans toute l’agglomération du Caire47.

    Les lieux de vente des tissus

    19Le commerce des tissus était le négoce le plus important du Caire après le commerce du café et des épices : il venait même avant lui si on considère le nombre des marchands qui s’y consacraient. L’importance économique de cette activité et la prospérité des drapiers étaient d’ailleurs un phénomène très ancien au Caire comme dans la plupart des grandes cités commerçantes européennes où le commerce de tissus avait toujours constitué un secteur essentiel dans l’économie marchande qu’il avait largement contribué à faire évoluer vers des formes capitalistes. Cela explique la position centrale des principaux marchés dans la cité médiévale du Caire, et dans la ville ottomane. Les grands souqs des tissus à l’époque de Maqrīzī étaient tous situés le long de la Qaṣaba : Suwaïqa Amīr al-Ğuyūš (en F 6), où se tenaient les bazzāzīn et surtout, étroitement groupés entre Bāb Zuhūma et Bāb Zuwaïla, Sūq al-Ḥarīriyyīn (en I Κ 6), Sūq al-Ğūḫiyyīn (en Κ 6), Sūq al-Šarābišiyyīn (en Κ 6), Sūq Ğamalūn al-Kabīr (en Κ 6)48. En dépit de changements inévitables, c’est dans cette même région qu’on retrouvait, un siècle plus tard, le grand commerce des tissus, à la fin de l’époque mamelouke et au début de la période ottomane : outre le Sūq Amīr al-Ğuyūš, les principaux centres de vente des tissus que mentionne Ibn Iyās sont le Sūq al-Ğamalūn et le Sūq al-Šarb qui lui était associé49, le Sūq al-Harāmiza50 et le Sūq al-Warrāqīn51 qui étaient tous situés en Κ 6. En dehors de cette zone centrale Ibn Iyās mentionnait des marchands de tissus, sans doute maghrébins, à Ibn Ṭūlūn (dont Maqrīzī évoque également les bazzāzīn) et Bāb al-Lūq52.

    20Entre le xvie et le xviiie siècle la vente des tissus resta, pour l’essentiel, concentrée dans le périmètre compris entre le Sūq al-Ġūrī (173 Κ 6) et le Faḥḥāmīn (282 L 6) ; entre 1624 et 1636, sur 22 marchands de tissus localisés au Caire, 10 (45 %) avaient leur boutique dans les marchés de cette zone53, et leur fortune représentait 72,5 % du total. Entre 1679 et 1700 ils étaient 25 sur 60 (42 %) avec 55 % du total des successions. Enfin entre 1776 et 1798 ils étaient 33 sur 78 (41 %) avec 62 % du total des successions.

    21Si, globalement, le centre de Qāhira maintint, du xvie au xviie siècle, sa prééminence dans le commerce des tissus, l’importance respective des marchés se modifia considérablement. Certains déclinèrent ou disparurent, tel le Warrāqīn, qui fut supplanté par le Sūq al-Ġūriyya, situé presque sur le même emplacement ; tel encore le Sūq al-Harāmiziyyīn, siège du commerce de la soie, qui resta très vivant jusqu’à la fin du xviie siècle mais dont le nom même disparut au siècle suivant. D’autres marchés conservèrent leur importance comme le Sūq al-Šarb wa l-Ğamalūn où l’on vendait des milāyāt locales et des tissus du Hedjaz et des Indes et où opérait la corporation des tuğğār bi-sūq al-Šarb wa l-Ğamalūn. Parmi les marchés qui se développèrent sous les Ottomans il convient de noter en premier lieu le Sūq al-Ġūrī (ou Ġūriyya) où les Maghrébins jouaient un rôle important : on y vendait des étoffes locales, des tissus importés du Hedjaz et des Indes et des toileries européennes : il était le siège de la corporation des tuğğār fī l-aqmiša l-hindiyya bi-ḫaṭṭ al-Ġūriyya (liste de 1801, n° 19). Souq également récent, celui du Faḥḥāmīn (282 L 6) qui était plus ou moins spécialisé dans la vente des tissus d’Afrique du Nord (étoffes de laine) et qui était avec Ibn Ṭūlūn un des quartiers de prédilection des Maghrébins : il y avait en 1801 une corporation des « Marchands de capottes, couvertures en laine du quartier... fahamin »54. Mais c’est le Ḫān al-Ḥamzāwī (27 Κ 6/7), dont la construction remontait aux dernières années de l’époque mamelouke55, qui connut l’essor le plus remarquable : alors qu’il ne jouait encore, au début du xviie siècle, qu’un rôle secondaire, il occupe dès la fin de ce siècle la seconde place parmi les marchés de tissus au Caire (avec 13 % des marchands et 26 % du chiffre des successions), et à la fin du xviiie siècle il vient en tête, avec 17 % des marchands et 39 % du chiffre total des successions. Cette ascension du Ḥamzāwī, où l’on vendait des tissus locaux (du Fayyūm) mais surtout des tissus importés d’Europe, de Syrie et des Indes, paraît être liée à la présence des marchands originaires de Syrie : à la fin du xviie siècle al-Nābulusī, au cours de ses visites pieuses au Caire, se rend au Ḥamzāwī et s’y réunit bi-asḥābinā min ahl al-Šām mina l-tuğğār al-sākinīn hunāka56 ; dès cette époque les Syriens paraissent y être en majorité ; au cours du xviiie siècle le Ḥamzāwī se peuplera de chrétiens syriens qui développeront encore sa prospérité57.

    22L’activité du Ḫān al-Ḫalīlī s’étendait à peu près à tous les produits commercialisés au Caire, situation tout à fait exceptionnelle dans une ville où la spécialisation des marchés était très poussée, d’où l’intérêt tout particulier porté à ce marché par les voyageurs qui le considéraient comme « le bazar » du Caire par excellence58. La place prédominante qu’y occupaient les Turcs (5 sur 19 marchands de tissus recensés entre 1679 et 1700, 9 sur 15 entre 1776 et 1798) explique en partie son essor à l’époque ottomane. Comme marché de tissus locaux et étrangers (importés d’Europe et d’Orient) le ḫān connut son apogée à la fin du xviie siècle (19 marchands de tissus sur 60 individus localisés entre 1679 et 1700 et 34 % de leur fortune totale). La concurrence du Ḥamzāwī lui enleva sa primauté au siècle suivant, mais pour la période 1776 à 1798, sur un total de 78 successions de marchands de tissus, 15 encore concernent des marchands opérant dans ce ḫān, et leur fortune représente 20 % du total ; il était alors le siège d’au moins deux corporations de métiers : corporation des qammāša (liste de 1801, n° 38 : « marchands de toile du quartier dit Kankalili ») et corporation des qumṣānğiyya (n° 194 : « marchands de chemises et autres bagatelles [du] Khan Kalili »). Le déclin tout relatif de ce ḫān fut d’ailleurs compensé par l’essor du marché voisin du Ṣāġa à la fin du xviiie siècle59.

    23Au total, d’après les documents du Maḥkama, le Ḥamzāwī et le Ḫān al-Ḫalīlī rassemblaient à eux deux plus des deux cinquièmes des marchands de tissus et près de deux tiers de leurs fortunes60. Les autres centres ne jouaient donc qu’un rôle subordonné. Au Sūq Amīr al-Ğuyūš (souvent appelé Marğūs) on continuait à vendre surtout des tissus locaux (des étoffes de Maḥalla en particulier), ce qui y attirait d’assez nombreux marchands de la province : le sūq était le siège d’une corporation (tuğğār fī l-aqmiša : liste, n° 125, « marchands de toutes sortes de toiles »), mais la fortune moyenne des marchands de tissus du sūq était quatre fois inférieure à la moyenne du Caire. Par contre le quartier voisin du Ğamāliyya avait connu, à partir de la fin du xviie siècle, un rapide essor qui était lié au développement de l’activité commerciale des Syriens au Caire : on y vendait des tissus locaux (Wakāla al-Ḫaïš, 344 F 5 — corporation des « marchands de sacs de voyage... du Fayoum... du quartier Gamalié », liste n° 230) et importés (cotonnades de Nābulus à la Wakāla al-Tuffāḥ). D’autres centres très secondaires se trouvaient près de la mosquée al-Azhar et près de la mosquée al-Mu’ayyad, dans le quartier de Ğūdariyya : la Description y mentionne deux Wakāla al-Milāyāt (262 L/M 6 ; 270 L 6) et signale que dans le Sūq al-Mu’ayyad (299 L 7) on vendait des étoffes de qualité médiocre.

    24Les centres extérieurs à Qāhira jouaient un rôle très limité dans le commerce des tissus ; les marchands y étaient relativement peu nombreux et beaucoup moins riches : d’après les documents du Maḥkama 4 marchands sur 60 (et seulement 1 % des fortunes) entre 1679 et 1700 ; 10 sur 78 (3,7 % des fortunes) entre 1776 et 1798. Le principal centre se trouvait à proximité de la mosquée d’Ibn Ṭūlūn, dans le quartier maghrébin (Sūq al-Maġāriba, 136 et 144 V 8 ; Wakāla al-Maġāriba, 137 V 8) : on y vendait surtout des produits apportés d’Afrique du Nord. La Description mentionne encore près d’Ibn Ṭūlūn une Wakāla al-milāyāt (138 V 8) et des marchands de ceintures (157 V 7). Il y avait là une corporation des Maġāriba bi-sūq al-aḥrima qui se caractérisait par une triple spécialisation topographique, professionnelle et nationale. Mais les commerçants maghrébins en tissus d’Ibn Ṭūlūn étaient en général très pauvres puisque la moyenne de leurs fortunes était égale au dixième seulement de la moyenne du Caire. On trouvait encore d’autres centres de vente des tissus à Taḥt al-Rab‘ et dans le Darb al-Aḥmar (Wakāla al-Milāyāt : 194 Ν 5) ; à Rumaïla (Wakāla al-Qumāš : 6 S/T 6 ; corporation des qammāšīn bi-Rumaīla) ; à Darb al-Ğamāmīz, dont les qammāšīn furent tranférés en 1787 vers le Sūq Lāčīn (169 Ν 8)61 ; enfin et surtout à Bāb al-Ša‘riyya, du moins vers la fin du xviiie siècle : dans ce dernier quartier, dont nous avons vu l’activité pour le commerce et le travail des textiles, on vendait surtout des tissus locaux.

    Le travail et la vente de la soie. Les passementiers

    25Textile de luxe importé, la soie alimentait un artisanat très actif à l’intérieur d’ateliers (qā‘āt) dont la plupart étaient localisés dans Qāhira, non loin de la Qaṣaba62 et dans la région du Ğamāliyya. C’était aussi dans Qāhira, et surtout à proximité des lieux de vente des tissus de soie, qu’étaient concentrées les teintureries de ce textile (105, 106 et 122 Κ 7 ; 402 L 6 ; 77 F 6). La seule exception notable à une concentration aussi rigoureuse était constituée par les qā‘āt situées près de Qanṭara Aq Sunqur (P 10) où la Description localisait des ateliers pour la fabrication d’ouvrages de soie « Koreych » (59 Q 10).

    26Le centre du commerce de la soie avait très peu bougé depuis le Moyen Age : au temps de Maqrīzī le Sūq al-Ḥarīriyyīn se trouvait à peu près à l’endroit où le Bunduqāniyyīn se séparait de la Qaṣaba63. C’est exactement à cet emplacement que se trouvait le Sūq al-Harāmiza qui, de la fin du xve siècle au début du XVIIIe, abrita les ḥarīriyyīn du Caire (près de 174/194 Κ 6)64. La Tarbī‘a al-Ḥarīr, dont l’existence est attestée dès le début du xviie siècle, et qui, après l’éclipse définitive du Sūq al-Harāmiza, vers 1730, devint le principal marché des ḥarīriyyīn était située légèrement plus au sud (26 Κ 6) : cette rue étroite et très animée, dont une partie a survécu à la percée de la grande rue al-Azhar, portait indifféremment le nom de Sūq al-Tarbī‘a, de Tarbī‘a Sūq al-Ḥarīriyyīn, de Sūq al-Tarbī‘a bi-l-Ḥarīriyyīn et elle était le siège de la corporation des ḥarīriyyīn65.

    27C’est également dans Qāhira et le long de la Qaṣaba qu’étaient concentrés des métiers très voisins des précédents et qu’on doit ranger comme eux parmi les activités de luxe : fabricants et marchands de cordons de soie (‘aqqādīn), fabricants et marchands de fil d’or et d’argent (qaṣabğiyya). Pour eux aussi il y avait eu glissement vers le sud depuis l’époque mamelouke : Maqrīzī situait les zarākiša (tireurs d’or) à l’emplacement où s’éleva ensuite le Ḫān al-Ḫalīlī (en I 5)66. Au xviiie siècle le souq des ‘aqqādīn al-baladī (« Faiseurs de tresses de soie du pays à la paysanne » : liste, n° 22) se trouvait au sud du Ġūriyya (173 Κ 6), et les qaṣabğiyya et les aqqādīn al-rūmī (passementiers « à la turque »), se trouvaient dans le quartier qui avait gardé le nom de Šawwā’iyyīn (rôtisseurs) bien que ceux-ci l’eussent depuis longtemps déserté (176 L 6 et 278 L 6). Ce léger éloignement par rapport au centre de Qāhira traduit peut-être le déclin de métiers qui avaient eu jadis un grand lustre ; il est de fait qu’Evliya Čelebi ne mentionne que 6 boutiques de tireurs de fils d’or et d’argent (simarkešan)67.

    28On peut aussi considérer comme des articles de luxe les coiffures dont les planches de Niebuhr et de la Description de l’Égypte nous révèlent l’inépuisable variété, en particulier dans le costume masculin, en même temps que l’importance, puisqu’elles indiquaient à la fois la profession et la confession de celui qui les portait. A l’époque de Maqrīzī, à un moment où le luxe vestimentaire était très développé, et où le vêtement avait une signification protocolaire précise, on vendait diverses sortes de coiffures dans les souqs al-Šarābišiyyīn (K 6) et al-Baḫāniqiyyīn (I 6), le souq des Aqbā‘iyyīn ayant disparu en 820 (1417/8)68. Sous les Ottomans on vendait surtout des qāwuq69 dans les marchés du centre de Qāhira, le Ġūriyya et plus particulièrement le Sūq al-Qāwuqğiyyīn (303 L 6). Il s’agissait d’un métier qui, jusqu’à la fin du xviie siècle, assurait à ceux qui l’exerçaient considération et aisance70. Les choses paraissent avoir changé au xviiie siècle, sans doute sous l’effet de la concurrence rapidement victorieuse du ṭarbūš importé du Maghreb : à la fin du siècle les qāwuqgiyya disparaissent presque complètement et ce sont les ṭarābīšī maghrébins installés dans le Ġūriyya et les marchés voisins qui font fortune71. Ceci explique peut-être en partie le déclin de la feutrerie (labūdiyya), métier qui, à en croire la Description, était très actif au xviiie siècle (Labūdiyya, 113 Κ 7/8 ; feutrage en laine, 223 Κ 8 ; feutrage en laine dans le Labūdiyya, 33 Τ 11), mais dont nous n’avons pas trouvé un seul représentant dans les successions du Maḥkama. C’est aussi à des changements de mode et d’habitudes sociales qu’il faut attribuer la quasi-extinction du métier de la fourrure, les Ottomans ne faisant pas le même usage que les Mamelouks de la fourrure comme symbole du rang dans l’administration ou l’armée. Alors que le Sūq al-Farrā’īn, à l’époque de Maqrīzī, était situé en plein centre du Caire (K 5), les trois wakāla de farrā’iyyīn que mentionne la Description (34 Ρ 5 ; 104 Ρ 7 ; 49 R 10) avaient des localisations excentriques ; les fourreurs, d’ailleurs assez peu nombreux, qui figurent dans les registres du Maḥkama sont pauvres et sont pour moitié des chrétiens.

    Les métiers du cuir72

    29La localisation du tannage, activité de base des métiers du cuir, obéit à des impératifs assez stricts : d’une part les tanneries (madābiġ) ont besoin d’eau courante en abondance ; par ailleurs les odeurs désagréables qu’elles répandent dans le voisinage obligent habituellement à les reléguer hors les murs73 ; enfin il est évidemment avantageux de les placer non loin des abattoirs qui fournissent la matière première. A partir de cet ensemble de conditions qui sont parfois difficiles à concilier, se développa au Caire un système de localisation assez complexe, dont les effets se faisaient sentir jusque sur les artisanats les plus différenciés (fabrication des chaussures, sellerie).

    30Au début de l’époque ottomane les tanneries du Caire (madābiġ) étaient installées au sud-ouest de Bāb Zuwaïla, à peu de distance de la Birka al-Fīl et du Ḫalīğ, dans le lacis de ruelles du Dāwūdiyya, à la lisière extérieure de la ville fatimide. Nous avons vu précédemment qu’il y avait, non loin de Bāb Zuwaïla, un marché au bétail et des abattoirs qui assuraient un approvisionnement facile en peaux. Un certain nombre de métiers utilisant les produits de la tannerie étaient installés à proximité : fabrication des chaussures près de Bāb Zuwaïla, sellerie (surūğiyya en Ρ 7), fabrication des outres de cuir (qirabiyya en Ν 7). La croissance de la ville dans la région située au sud de Qāhira, le développement de Birka al-Fīl comme quartier de résidence aristocratique74 rendirent difficile le maintien des madābiġ dans cette zone qui se trouvait désormais entièrement située à l’intérieur de l’agglomération, et imposèrent leur transfert à l’extérieur de la ville, dans la région de Bāb al-Lūq. Nous ignorons malheureusement la date exacte de ce déplacement qui dut d’ailleurs prendre plutôt la forme d’une émigration progressive des tanneurs que celle d’un acte d’édilité. ‘Alī Pāšā explique très clairement que l’augmentation de la population du Caire obligea les gens à habiter ce quartier où ne résidaient jusque-là que les tanneurs, et que la gêne entraînée par les odeurs provoqua des plaintes qui amenèrent leur transfert : il paraît placer l’opération vers la fin du xie siècle de l’hégire (1592-1687)75. Le plus ancien document que nous ayons trouvé dans le Maḥkama où il soit question des « nouvelles » tanneries (madābiġ al-ğadīda) de Bāb al-Lūq et des « anciennes » tanneries (madābiġ al-qadīma) date de 1663 : on peut donc supposer que le transfert eut lieu vers 165076. Le nouvel emplacement, outre sa position hors de l’agglomération, présentait de nombreux avantages : proximité de la Birka al-Saqqā’īn et du Ḫalīğ al-Maġribī (et du Nil qui coulait à 800 mètres de là et où on portait les peaux quand la Birka et le Ḫalīğ étaient à sec) ; présence des grands abattoirs de Bāb al-Lūq ; facilité de relations avec Būlāq où se faisait le commerce des peaux. A la fin du xviiie siècle c’est donc à Bāb al-Lūq (en 127 M/N 15 et 114 Ο 14) que se trouvaient les principales tanneries, quelques ateliers subsistant cependant dans le quartier de Dāwūdiyya qui garda jusqu’au xixe siècle son nom d’« al-Madābiġ » (154 et 155 Ο 8) ; on préparait également les cuirs près de Bāb Zuwaïla (Wakāla al-‘Asal al-abiyaḍ, 339 Ν 7), et dans le quartier de Ğamāliyya (madābiġiyya en 123 F/G 4/5) ; dans le Ḫaṭṭ al-Rukn al-Muḫallaq voisin (G H 6) travaillaient les corroyeurs (adamī). Le tannage des peaux était effectué, suivant des techniques rudimentaires, dans de grandes cours où pouvaient travailler jusqu’à 2 ou 300 ouvriers77. Le commerce des cuirs au Caire était localisé dans des entrepôts du Ğamāliyya (325 G 5 et 323 G 5 : Wakāla al-Tuffāḥ).

    31Les fabricants et marchands de chaussures étaient à la fois très nombreux et très spécialisés dans leurs fabrications : Evliya Čelebi distingue huit corporations78 et, dans les documents du Maḥkama, nous en avons nous-mêmes trouvé mentionnées cinq. Malgré cette différenciation technique poussée, et le grand nombre des ateliers, ces artisans étaient remarquablement groupés à l’intérieur du Caire. Aux xviie et xviiie siècles, le principal lieu de fabrication et de vente des chaussures se trouvait au sud de Bāb Zuwaïla, peut-être en raison de la proximité des tanneries, avant leur transfert à Bāb al-Lūq : vers 1650 l’émir Riḍwān Bey, qui avait sa résidence à proximité de là, avait construit le marché tel qu’il se présente aujourd’hui et la « Qaṣaba Riḍwān » conserva jusqu’à nos jours sa spécialisation. Elle était le siège d’une corporation des qawwāfīn (et ṣarmātiyya) : sur 17 cordonniers que les dossiers du Maḥkama nous ont permis de localiser entre 1776 et 1798, 10 tenaient effectivement boutique dans la Qaṣaba ou ses environs immédiats. Le Ḫān al-Ḫalīlī venait ensuite, mais loin derrière la Qaṣaba Riḍwān, bien qu’un Sūq al-Ṣarmātiyya y fût situé par la Description (245 I 6), et qu’il y existât une corporation des qawwāfīn bi-Sūq al-Ḫalīlī. Il y avait au Faḥḥāmīn une corporation spécialisée dans la fabrication de chaussures pour les Maghrébins (liste de 1801, n° 100).

    32La concentration géographique que nous venons de noter chez les artisans de la chaussure était plus rigoureuse encore chez les selliers (surūğiyyīn ou sarrāğīn). Sur 14 artisans dont nous avons trouvé la succession dans les dossiers du Maḥkama 11 résidaient dans le quartier de Qawṣūn (P 7), un peu au sud de Qaṣaba Riḍwān, à mi-chemin entre Bāb Zuwaïla et Rumaïla. Deux raisons permettent d’expliquer une localisation aussi stricte : la proximité des tanneries qui fournissaient les matières premières et le voisinage de la Citadelle où se trouvaient les militaires, principaux consommateurs des articles de sellerie. C’est d’ailleurs sans doute pour se rapprocher de la Citadelle que divers métiers du cuir avaient, avant même l’époque de Maqrīzī, abandonné les quartiers du centre : aux sarrāğīn et aux marchands de ceintures de cuir (šarā’iḥiyyīn) (installés en L 6) s’étaient substitués les šawwā’iyyīn vers 700 H (1300) ; à la même époque les marchands de ceinturons de cuir s’étaient transportés hors de Bāb Zuwaïla ; les bourreliers (lağmiyyīn) avaient de même disparu de la région du Ġūriyya (K 6), mais plus tardivement, après 806/1404, et au moins en partie pour des raisons économiques79.

    33Pour des motifs du même ordre bon nombre d’activités apparentées à la sellerie et dont la clientèle se recrutait surtout dans les classes dominantes, étaient à l’époque ottomane installées non loin de la Citadelle ainsi que nous le verrons plus loin : barādi‘iyya (fabricants de selles de chevaux et de baudets) en 192 Ν 5 ; qubūrğiyya (brodeurs sur cuir pour les objets d’équipement des chevaux), en 24 Q 6, 14 S 6 ; šukāliyya (artisans fabriquant les sangles, longes et entraves) en 3 Τ 6 ; murāḥiliyya (fabricants de selles de chameaux) en 6 Τ 6.

    3. GRAND COMMERCE ET MÉTIERS DE LUXE

    34Nous avons regroupé sous cette rubrique d’une part des métiers concernant des produits alimentaires non indispensables (café, épices, sucreries), ou des matières premières précieuses (or et argent), et d’autre part des métiers spécialisés dans la production et la vente d’objets destinés aux membres des classes riches (objets de luxe). Bien que fort diverses ces activités avaient des caractères communs : concentration géographique particulièrement forte, et localisation proche des centres vitaux de la ville80.

    Le café et les épices

    35Le commerce en gros du café et des épices occupait une place prépondérante dans l’ensemble de la vie économique du Caire : nous n’avons pas trouvé moins de 62 ḫān et wakāla mentionnés à son propos, soit environ le quart des lieux de commerce de gros identifiés au Caire. Il était très strictement localisé dans la vieille ville, des deux côtés de la Qaṣaba mais surtout à l’est de cette artère, la limite sud de ce commerce se trouvant à Ġūriyya, la limite nord dans la Ğamāliyya. D’autre part les principaux centres du commerce du café et des épices furent relativement mobiles. Entre 1650 et 1800, le centre de gravité de ce négoce se déplaça, à l’intérieur de Qāhira, du triangle délimité par al-Azhar, le Ḥamzāwī et le Ḫān al-Ḫalīlī, vers le nord, dans le quartier situé entre le Ğamāliyya et Bāb al-Naṣr, dont la vogue commença à se dessiner vers la fin du xviie et s’affirma dans le courant du siècle suivant. Bien que les causes de ce déplacement ne soient nulle part indiquées, on peut supposer que le quartier de Ğamāliyya bénéficia de sa situation géographique, à proximité de la porte nord du Caire par où entraient les caravanes chargées de café et d’épices ; la congestion de la région centrale, la difficulté d’y trouver des espaces libres et tout simplement d’y circuler aisément étaient autant de raisons qui devaient renforcer ce mouvement vers une zone où la densité commerciale était moins forte.

    36La partie de la Qaṣaba située entre le Faḥḥāmīn (L 6) et le Ṣāġa (I 6), fut le cœur du commerce du café et des épices d’une manière très constante aux xviie et xviiie siècles. Dans les caravansérails de cette région étaient installés entre le quart et le tiers des tuğğār en café qui possédaient environ le tiers du total des successions ; ces proportions varièrent assez peu de 1650 à 1798, malgré des changements dans le détail81. La zone du Ġūriyya où, rappelons-le, étaient vendues les étoffes indiennes, connut son apogée pendant la première moitié du xviiie siècle, le Ḫān al-Bāšā (160 Κ 6) restant durant tout le xviie et le xviiie siècle l’un des principaux dépôts de tuğğār, immédiatement après la Wakāla Ḏulfiqār Katḫudā82. La prospérité du Bunduqāniyyīn fut surtout grande pendant le xviie siècle et le début du xviiie siècle. Le Ḫān al-Ḥamzāwī (27 Κ 7) était alors un des centres principaux des marchands d’épices : Muḥammad al-Dāda al-Šarāïbī construisit sa petite wakāla à proximité immédiate du ḫān, et ce quartier fut, jusqu’à la fin du xviiie siècle, un lieu de résidence apprécié par les tuğğār, tels Aḥmad ibn ‘Abd al-Salām, šāh bandar des tuğğār, vers 1790, et après lui Aḥmad al-Maḥrūqī83. Mais l’importance du Ḥamzāwī dans le négoce du café avait alors passablement diminué. La région du Ṣāġa connut l’évolution inverse et son activité se développa beaucoup au xviiie siècle, autour de la Wakāla al-Danūšarī (238 I 6), fondée sans doute peu avant 173084.

    37La grande période du quartier d’al-Azhar, comme centre de commerce du café et des épices, se situe pendant la seconde moitié du xviie siècle et la première moitié du xviiie siècle : on y trouvait alors environ 30 % des tuğğār dont les successions représentaient une proportion équivalente de la fortune globale des tuğğār. A cette époque la Wakāla/Ḫān Zarākiša (164 Κ 5) et le Ḫān al-Maṣbaġa (près de 229 Κ 5) figuraient parmi les principaux lieux de vente du café. Le quartier paraît avoir perdu beaucoup de son importance dans ce trafic vers la fin du xviiie siècle85.

    38Le Ḫān al-Ḫalīlī atteignit lui aussi son apogée au xviie siècle : à cette époque 20 % environ des tuğğār (avec 20 % du total des successions) résidaient ou commerçaient dans les wakāla et les ḫān situés autour du fameux caravansérail. L’importance relative du Ḫān al-Ḫalīlī diminua quelque peu ensuite, en particulier pendant la première moitié du xviiie siècle, mais il resta, jusqu’en 1798, un des principaux marchés du Caire86, ainsi qu’en témoigne l’activité maintenue de la Wakāla/ Ḫān Ğa‘far Agha (226 H/I 5) pendant toute cette période87.

    39Nous n’avons pas trouvé de mention des wakāla du quartier situé entre le Ğamāliyya et la porte de Bāb al-Naṣr dans les successions des tuğğār avant 1673 (Wakāla al-Farāḫ, non loin de Bāb al-Naṣr, 334 F 5) ; c’est d’ailleurs en 1673 que fut construite la Wakāla Ḏūlfiqār (290 G 5) qui devait être, jusqu’à la fin du siècle suivant, le centre principal du commerce du café au Caire88. De la même époque datent les deux wakāla voisines : Wakāla ‘Abbās Agha (304 G 5), construite en 1694, dont ne subsiste aujourd’hui que la porte, et Wakāla Bāzar‘a, sans doute construite à la fin du xviie siècle (wakāla « al-Kykhyeh » dans la Description, 303 G 5) dont la façade est intacte et dont l’ordonnance intérieure, bien que défigurée par des constructions parasites, reste très reconnaissable89. Pendant la seconde moitié du xviie siècle (entre 1661 et 1700) 10,5 % seulement des tuğğār étudiés exerçaient leur activité dans ce quartier (9,6 % des successions). Ces chiffres passèrent à 31,6 % du nombre total des tuğğār, avec 23,5 % des successions (de 1701 à 1750) et enfin à 29,2 % du nombre des tuğğār, avec 38,2 % du total des successions (entre 1751 et 1798). A cette époque le quartier nord de Qāhira était devenu le centre du commerce en gros du café : c’est là que le grand tāğir en café, Maḥmūd Muḥarram, šāh bandar des tuğğār du Caire, mort en 1795, établit son domicile (en 287 G 4), à proximité de la mosquée qu’il restaura en 1792 dans la rue principale de Ğamāliyya90. Et c’est aussi non loin de Ğamāliyya que fut construit, dans les dernières années du siècle, à cinquante mètres du rempart, hors Bāb al-Futūḥ, l’établissement des négociants de la Mekke, une très belle maison qui aurait coûté 30.000 pataques (2.700.000 paras en monnaie de 1798)91.

    40Le commerce d’Afrique était localisé dans le centre de Qāhira en des emplacements qui n’avaient que fort peu varié depuis l’époque de Maqrīzī, lorsque le Ḫān Masrūr al-Ṣaġīr était le principal marché des esclaves, sūq al-raqīq (approximativement 191, 192 et 193 K/I 6)92. Au début du xvie siècle le sultan créa, près du Ḫān al-Ḫalīlī, un marché pour la vente des esclaves qui remplaça le souq ancien (près de 404 I 6)93. A la fin du xviiie siècle la localisation restait la même : la Wakāla al-Ğallāba (191 et 192 K/I 6) et la Wakāla al-Ğallāba al-Ṣuġrā (404 I 6) étaient alors les centres principaux de vente des esclaves noirs et plus généralement des produits apportés par les caravanes d’Afrique (ivoire, gomme, poudre d’or, etc...)94. Quant au marché du Ḫān al-Ḫalīlī, il était plutôt spécialisé dans la vente des esclaves blancs, surtout circassiens et géorgiens (Wakāla Küčük, 223 I 5 ; et Ḫān Ğa‘far, 226 H/I 5), comme c’était déjà le cas au xve siècle95. La Description de l’Égypte mentionne deux autres Wakāla al-Ğallāba, l’une à l’extérieur de Bāb al-Futūḥ (388 D 5) et l’autre hors Bāb al-Ša‘riyya (309 Ε 8), qui servaient peut-être de haltes aux commerçants d’Afrique, sur les voies d’accès vers Qāhira. Mais la localisation du commerce du Soudan se confondait pour l’essentiel avec celle du commerce du café et des épices.

    41Le commerce au détail des épices occupait au Caire un nombre considérable de commerçants : bien que les ‘aṭṭārīn fussent assez dispersés et qu’on en trouvât dans tous les quartiers du Caire, phénomène qui ne saurait surprendre puisque leur activité s’apparentait à celle des marchands de produits alimentaires, le plus grand nombre était groupé dans Qāhira, à proximité des marchés de gros ; entre 1679 et 1700, 7 ‘aṭṭār sur 11 avaient leur boutique dans Qāhira ; un siècle plus tard la proportion n’avait guère changé (13 sur 25). Pendant ce laps de temps le centre de gravité des ‘aṭṭārīn s’était cependant déplacé. A la fin du xviie siècle la majeure partie des ‘aṭṭārīn qui travaillaient dans Qāhira (5 sur 7) étaient groupés dans le Faḥḥāmīn (282 L 6) et le Šawwā’iyyīn (285 L 6), les noms de ces quartiers n’ayant plus aucun rapport avec les activités qu’ils abritaient ; le Sūq al-‘Aṭṭārīn (« épiciers, droguistes ») mentionné par la Description de l’Égypte (302 L 6) était situé à l’emplacement exact du Sūq al-‘Aṭṭārīn wa l-Warrāqīn de Maqrīzī96. Du fait de cette identification totale entre les ‘aṭṭārīn et le quartier où la plupart d’entre eux étaient installés, leur corporation était fréquemment désignée sous le nom de ṭā’ifat sūq al-faḥḥāmīn ou même de ṭā’ifat al-faḥḥāmīn. A la fin du xviiie siècle c’est dans le quartier de Bunduqāniyyīn (30 Κ 6) que résidaient la plupart des ‘aṭṭārīn (10 sur les 13 que comptait Qāhira) : de fait ce « souq des arbalétriers » qui à l’époque de Maqrīzī comptait surtout des commerces d’alimentation97 est en général mentionné par Ğabartī à propos des « droguistes »98. La raison de ce déplacement des ‘aṭṭārīn de deux cents mètres vers le nord reste pour nous inexpliquée. Les marchands d’eau de rose (māwardiyya), métier apparenté à celui des ‘aṭṭārīn, exerçaient leur activité dans la même région, dans la Tarbī‘a, à mi-chemin entre le Faḥḥāmīn et le Bundu-qāniyyīn99.

    Le travail des métaux précieux et le change des monnaies

    42Le travail de l’or et de l’argent et le change des monnaies étaient deux activités étroitement liées, d’une part parce qu’elles concernaient l’une et l’autre les métaux précieux, d’autre part parce qu’elles constituaient un domaine où les minoritaires juifs et chrétiens jouaient un rôle particulièrement important, circonstance qui n’était pas sans influence sur leur localisation. Au Caire comme dans beaucoup de villes musulmanes le travail de l’or et de l’argent et le change se caractérisaient par la stabilité de leur implantation géographique en plein cœur de la cité100 : cette localisation était évidemment en rapport avec le rôle que jouaient les métaux précieux dans le grand commerce qui était traditionnellement concentré dans la partie de la Qaṣaba située entre le Ġūriyya et le Ḫān al-Ḫalīlī. C’est dans cette même partie du Caire que se trouvaient les caravansérails où descendaient les ğallāb africains, qui ravitaillaient l’Égypte en poudre d’or. Enfin cette zone était située à proximité immédiate du Ḥāra al-Yahūd (135 H 7, I 7, I 8) où résidaient les juifs.

    43Les orfèvres se trouvaient encore au xviiie siècle à l’endroit exact où Maqrīzī localisait le Ṣāġa dans un quartier dont le lacis de rues n’avait pas beaucoup changé depuis l’époque ayyoubide101. La quasi-totalité des ṣuyyāġ et des ğawharğiyya dont nous connaissons le lieu de travail avaient leur boutique dans le Ṣāġa (48 I 6) : 11 des 12 artisans cités dans le Maḥkama. Dans cet espace très resserré la Description mentionne : des orfèvres en 46 H 6, à la Wakāla al-Ḫaṭīb (57 H 7), et dans le Ḫān Abū Ṭāqiyya (près de 59 H 6) ; une Wakāla al-Ğawharğiyya (243 I 6) ; et un Sūq al-Ğawharğiyya (246 I 6). Les orfèvres constituaient l’un des exemples les plus remarquables de concentration géographique qu’il fût alors possible d’observer au Caire102.

    44Pour des raisons techniques faciles à comprendre les changeurs (ṣarrāf ou ṣaïrafī) étaient plus dispersés que les ṣā’iġ : les documents du Maḥkama mentionnent des changeurs dans la plupart des grands centres commerciaux du Caire : Ğamāliyya, Ḫān al-Ḫalīlī, Bāb al-Ša‘riyya, Qanṭara Aq Sunqur, Ḥanafī, Qanāṭir al-Sibā‘, Ṭūlūn, Qawṣūn, Sūq al-Silāḥ... On les trouvait nombreux également à Bāb Zuwaïla et à Rumaïla. Mais le centre principal du change se trouvait normalement dans Qāhira, à proximité de la Qaṣaba, entre le Ṣāġa où affluaient les métaux précieux et le quartier juif (beaucoup de changeurs étaient Israélites)103. Les deux wakāla spécialisées dans le change des monnaies étaient situées dans la rue même qui ceinturait le Ṣāġa : Wakāla al-Hamšarī (43 I 6) et Wakāla al-Mulla (44 I 7) qui portait aussi le nom de Wakāla al-Ṣayārif. Dans les moments de crise monétaire, lorsque les gouvernants édic-taient des mesures de réglementation concernant les espèces, on allait les proclamer au Ṣāġa qu’on prenait souvent la précaution de fermer préalablement, en raison des spéculations et des manœuvres plus ou moins frauduleuses qui s’y déroulaient. La rue située derrière le Ṣāġa portait d’ailleurs, au début du xviiie siècle, le nom significatif de « rue des monnaies rognées » (‘Aṭfa al-Maqāṣīṣ), rappel de l’activité des changeurs qui y coupaient les pièces avec des ciseaux (maqāṣṣ), et dans la Description la Wakāla al-Mulla est également appelée Wakāla al-Maqāṣīṣ104.

    45Beaucoup de métiers spécialisés dans la production d’objets de luxe à partir de matières premières plus ou moins précieuses obéissaient à la même localisation centripète que celui des orfèvres et étaient installés non loin du centre de Qāhira : c’est ainsi qu’on travaillait l’ambre dans le Sūq al-Ḫaruzātiyya (171 Κ 6) et dans la Wakāla al-Muğāwirīn (172 Κ 6), et que les centres du travail du corail, de l’ivoire et de la nacre se trouvaient à la Wakāla al-‘Āğātiyya (254 G 8), à la Wakāla al-Sabaḥiyya (166 G 7) et à la Wakāla al-Murğān (350 F 5).

    Le commerce du savon et du tabac

    46Dans le cas du savon et du tabac la localisation était principalement déterminée par le caractère international de ce négoce : les centres commerciaux étaient situés dans la zone d’activité des Syriens et des Turcs au Caire, entre le Ḫān al-Ḥamzāwī et Bāb al-Naṣr, à l’intérieur de l’aire géographique occupée par le grand commerce du café et des épices.

    47Beaucoup de commerçants en savon étaient originaires de Syrie et surtout de Palestine d’où provenait la plus grande partie du savon importé : sur 17 tuğğār étudiés nous avons relevé deux Qudsī, trois Nābulusī et un Ġazzī. L’essentiel du commerce du savon se déroulait non loin de l’entrée même du Caire, dans le quartier de Bāb al-Naṣr/Ğamāliyya dont le caractère « syrien » a été souvent souligné. La Wakāla al-Ṣābūn (343 F 5) en était le centre presque unique : dès l’époque de Maqrīzī, qui l’appelait Wakāla Qūṣūn du nom de l’émir qui en avait fait un grand « fondouk », avec des magasins, ce caravansérail abritait des commerçants et des marchandises venus de Syrie. Il prit ensuite le nom de Ṣābūn qui correspondait à son activité principale105 ; 15 de nos 17 tuğğār en savon y avaient leurs boutiques et ḥāṣīl ; la liste de 1801 donne d’ailleurs à leur ṭā’ifa le nom significatif de corporation des « marchands de savon qui sont dans l’oquelle dite el Saboun » (liste de 1801, n° 182) ; son cheikh le « Seied Ahmad Ezaroû » (al-Zarū) est également cité dans les sources comme « cheikh de l’okelle du savon » ou encore comme « ra’īs al-tuğğār bi-wakālat al-ṣābūn »106. Cette corporation ne groupait vraisemblablement que les « grossistes », les détaillants ayant une corporation à part, celle des marchands de savon du Caire (liste de 1801, n° 28). Bien que les ṣabbān fussent presque tous réunis dans la Wakāla al-Ṣābūn, d’autres caravansérails sont mentionnés à leur propos dans les archives et dans la Description, mais ils sont pour la plupart situés dans le même quartier de Bāb al-Naṣr/Ğamāliyya : Wakāla al-Kurdī (située près de Bāb al-Naṣr) ; Wakāla al-Mulla (351 F 5) ; Wakāla al-Šīšīnī (124 F 4/5) ; Wakāla al-Tuffāḥ (323 G 5), derrière laquelle se trouvait, à la fin du xviiie siècle, un local ayant la même destination (Description : « cuirs et savons » : 325 G 5). En dehors de cette zone on ne trouvait de marchands de savon que dans le Ḫān al-Ḫalīlī.

    48L’implantation géographique du commerce du tabac, activité alors toute récente, s’était effectuée sans que jouent les facteurs historiques dont nous avons si souvent constaté l’importance dans la localisation des métiers ; elle est donc particulièrement intéressante à étudier. Le commerce en gros de ce produit, importé principalement de Syrie et de Turquie, était établi dans les quartiers commerçants de Qāhira où travaillaient de préférence Turcs et Syriens, c’est-à-dire le Ḫān al-Ḫalīlī et le Ğamāliyya107. Dans la région située entre Bāb al-Naṣr et le Ğamāliyya, la Description mentionne les wakāla Murğān, al-Tīna (329 G 5), al-Tuffāḥ, al-Šāmī (311 G 6), Amšāṭiyya (312 G 6) ; et, aux alentours du Ḫān al-Ḫalīlī, les wakāla al-Danūšarī (238 I 6) et al-Ṭābūna (239 I 6), et le Ḫān al-Sabīl (208 I 5) ; cette coïncidence avec la zone du commerce en gros du café est un signe de l’importance prise par le tabac dans le grand négoce cairote. Si on étudie la localisation des marchands de tabac au détail (daḫāḫinī) on constate naturellement une dispersion qui paraît s’accentuer entre la fin du xviie et la fin du xviiie siècle, en même temps que se généralise l’usage de ce produit ; entre 1679 et 1700 sur 15 daḫāḫinī que les documents du Maḥkama nous permettent de situer avec précision 11 tenaient boutique dans Qāhira, dont 3 près de Bāb al-Naṣr et 4 dans le voisinage du Ḫān al-Ḫalīlī. Un siècle plus tard, sur 23 daḫāḫinī localisés, 13 exerçaient leur activité dans Qāhira, soit une proportion nettement moins élevée, dont 5 dans le Ğamāliyya et près de Bāb al-Naṣr, et 4 près du Ḫān al-Ḫalīlī et d’al-Azhar. Si on rapproche ces chiffres des indications que donne la Description (5 wakāla dans la région de Ğamāliyya/Bāb al-Naṣr, 3 près du Ḫān al-Ḫalīlī), on en tire l’impression que le commerce du tabac s’est déplacé vers le nord, en direction du Ğamāliyya, tout comme le grand commerce du café108.

    Autres activités commerciales à localisation centrale

    49Un certain nombre d’activités commerciales concernant des produits de luxe, ou « non essentiels », étaient également rassemblées dans le cœur de Qāhira, à proximité du Ḫān al-Ḫalīlī.

    50A l’époque de Maqrīzī, le souq des ḥalwāniyyīn/confiseurs était situé en L 6 au croisement de la Qaṣaba et de la rue des ka‘akiyyīn/pâtissiers (L 5 et 6) ; ces derniers, avant de s’installer dans la rue qui devait garder leur nom jusqu’à nos jours, avaient même occupé une position encore plus centrale, là où, à l’époque de Maqrīzī, travaillaient les ḥarīriyyīn (I 6). Un peu plus au nord, des marchands de fruits secs (nuqalī) vendaient pistaches, amandes, raisins secs, etc... aux alentours de Bab al-Zuhūma (236 I 6)109. Près de quatre siècles plus tard, confiseurs et pâtissiers continuaient à exercer leur activité le long de la Qaṣaba dans les deux centres mentionnés par Maqrīzī. La partie méridionale de cette grande artère, située le long de la façade de la mosquée al-Mu’ayyad, au nord de Bab Zuwaïla, portait d’ailleurs le nom de Sukkariyya (257 M 6) : sucreries, pâtes sucrées et confitures, dont les gens riches du Caire étaient friands, y étaient préparées et débitées dans un très grand nombre de « riches boutiques, très petites, mais ornées et d’un aspect agréable »110. Dans Baïn al-Qaṣraïn on trouvait des marchands de confitures (Description : « El-Marabbâtyeh », 249 I 6), des marchands d’épiceries, de sucres et de confitures (268 H 6), et dans le Bunduqāniyyīn, des confiseurs et des marchands de fruits : la description faite vers 1500 par Léon l’Africain de Baïn al-Qaṣraïn où l’on vendait des « eaux très délicates distillées de toutes sortes de fruits, desquelles usent tous les nobles » et des confitures « assez mignonnement faites », restait tout à fait exacte au xviiie siècle111. C’était dans le voisinage immédiat de ce quartier, à l’intérieur même du Ḫān al-Ḫalīlī que se trouvait le grand marché des fruits secs : la Description y situe le ḫaṭṭ « el-Noqâlyeh » (220 I 5) et de fait c’est là que tous les nuqalī dont nous avons trouvé la trace dans les registres du Maḥkama exerçaient leur métier. Ce commerce reposait presque entièrement sur l’importation de produits venus de Syrie et de Turquie112 : il était donc normalement localisé au centre du Caire.

    51Nous avons eu l’occasion d’évoquer précédemment le déclin de l’artisanat de la faïence en Égypte et la substitution aux produits locaux de faïences achetées en Europe et en Turquie : les tasses employées dans les cafés, remarque Chabrol, « sont quelquefois en porcelaine, et viennent d’Allemagne : le plus ordinairement, elles sont en faïence et ornées de diverses couleurs ; elles sont également apportées d’Allemagne »113. Ce qui était vrai pour des produits d’usage courant l’était certainement aussi pour les produits de luxe : c’est ainsi que la céramique employée dans les revêtements architecturaux venait de Delft et d’Italie, etc... Les fanāğīnī (marchands de vaisselle) mentionnés dans les documents du Maḥkama devaient donc vendre surtout des produits importés : aussi les trouve-t-on installés dans le Ḫān al-Ḫalīlī et ses environs, centre du commerce international. Les wakāla mentionnées à leur propos sont, en dehors du Ḫān al-Ḫalīlī lui-même, le Ḫān al-Fasqiyya (229 I 5), la Wakāla al-Danūšarī, la Wakāla al-Ğallāba al-Ṣuġrā, auxquelles il faut vraisemblablement ajouter le Sūq al-Fanāğīn, qui, d’après une waqfiyya de 1721 citée par ‘Alī Pāšā, était le nom nouveau du Ḫān al-Laban (242 I 6)114.

    52On ne fabriquait au Caire (à l’extérieur de la ville) que de la verrerie assez commune. Par contre, la belle verrerie était en grande partie importée, surtout de Venise : c’est sans doute pourquoi le commerce du verre avait gardé une localisation privilégiée, en plein centre de Qāhira : le souq des verriers (zağğāğīn) avait été jadis situé un peu à l’ouest de la Qaṣaba, en face de la rue des Tourneurs (ḫarrāṭīn) ; bien des siècles plus tard, à la fin de l’époque ottomane, les marchands de glaces se trouvaient à moins de cent mètres de là, dans le Ḫaruzātiyya (171 Κ 6), au début du Ḫarrāṭīn.

    53La fabrication des tapis, encore active au xviie siècle, paraît avoir beaucoup décliné ensuite115. Aussi les tapis vendus au Caire étaient-ils de plus en plus un objet d’importation. Le marché du tapis avait eu, avant 1517, une localisation relativement excentrique puisque Maqrīzī mentionne un Sūq al-Anmāṭiyyīn (tapis de selle) un peu au nord de la mosquée al-Mu’ayyad (à l’emplacement approximatif de l’« Okâlt el-Bastyeh » de la Description : 275 L 6) et puisqu’au temps d’Ibn Iyās les busuṭiyyīn étaient établis non loin de là, hors de Bāb Zuwaïla, au début du Darb al-Aḥmar, en M 6 sur le plan116. C’est donc sans doute sous les Ottomans que ce commerce se déplaça vers le Ḫān al-Ḫalīlī où il était localisé au xviiie siècle, dans la Wakāla (ou Ḫān) al-Busuṭ (219 I 5).

    54La quincaillerie était apportée d’Europe : « La quincaillerie qui se fait en Égypte est fort peu de choses, ou pour mieux dire ce n’est rien, observait De Maillet au début du siècle. A la réserve des ciseaux et de de quelques rasoirs, tout le reste vient de France et d’Allemagne par Venise »117. Les nombreux articles de métal qui étaient regroupés sous ce nom étaient donc vendus dans le centre du Caire : dans le Ḫurdağiyya (237 I 6) et dans Ašrafiyya (232 I/K 6), la Description mentionne, le long de la Qaṣaba, la Wakāla al-Qāwuqğiyya (303 L 6), le Sūq al-Kutubiyya (185 Κ 5), la Wakāla al-Kišāyāt (235 I 6), le Bunduqāniyyīn (30 Κ 6) où se vendaient le fil de fer et le laiton ; au Ḫān al-Ḫalīlī, la Wakāla Ḫān al-Nuḥās (229 I 5) ; dans la région de Ğamā-liyya/Bāb al-Naṣr, les wakāla al-Ašrāq (254 H 5), al-Tuffāḥ, al-Muḥsin (349 F 5), Šaïḫ al-Qāṣid (348 F 5). Seule faisait exception la Wakāla al-Muqašātiyya (24 M 9) située à la limite de Qāhira. La localisation des ḫurdağī, qui étaient à la fois quincailliers et merciers, tenait compte de la géographie du commerce de gros : plus de la moitié de ceux dont nous avons retrouvé les successions entre 1776 et 1798 (5 sur 9) avaient leur boutique au Ḫān al-Ḫalīlī, ou dans son voisinage immédiat118. Mais nombreux également (3 sur 9) étaient les ḫurdağī installés dans le Sūq al-Silāḥ, à proximité de la Citadelle qui, du fait de sa population de militaires, était un centre de consommation important. La structure corporative correspondait à cette bi-polarisation : la liste de 1801 mentionne une corporation des « Marchands de bagatelles du Khan-kalili et Souk-essilah... dit Khardaguiéh » (n° 243).

    55La localisation dans le centre de Qāhira des « métiers du livre » était liée non pas au mouvement commercial mais à la présence d’al-Azhar mosquée-université autour de laquelle s’ordonnait la vie intellectuelle du Caire. Ce phénomène qui est commun à toutes les grandes cités musulmanes était naturellement fort ancien : un Sūq al-Warrāqīn, marché des papetiers, est mentionné par Maqrīzī et Saḫāwī, puis par Ibn Iyās (mais il était alors déjà occupé par des marchands de tissus), à proximité de la madrasa d’al-Malik al-Ašraf Barsbāy119. Aux xviie et xviiie siècles c’était encore dans le quartier al-Ašrafiyya, dans le Ḫaṭṭ ou Sūq al-Warrāqīn, que se tenaient les marchands de papier : comme ce produit était presque exclusivement importé d’Europe les papetiers, qui étaient en relations d’affaires avec les marchands francs, apparaissent souvent dans les documents des archives consulaires. Tout près de là, entre le Ḫān al-Ḫalīlī et le mašhad al-Ḥusaïni, se trouvaient les fabricants d’encre (ḥabbārīn) dans le quartier qui portait leur nom (Ḥabbāriyya, 217 I 5). Le Kutubiyya enfin (175 Κ 5), et le Sūq al-Kutubiyya (185 Κ 5) où travaillaient relieurs, fabricants de couvertures de livres, colleurs de carton et libraires, étaient situés aux portes mêmes de la moquée al-Azhar, c’est-à-dire là où les manuscrits se copiaient et se vendaient : le petit nombre des boutiques de libraires, 20 avec 30 marchands d’après Evliya Čelebi, 8 seulement d’après Lane, 8 ou 10 d’après Michaud et Poujoulat vers 1831, est une indication intéressante sur le niveau médiocre de la vie intellectuelle au Caire120. On vendait également des livres au Ḫān al-Ḫalīlī.

    4. ACTIVITÉS LIÉES A LA CASTE DOMINANTE

    56Un certain nombre d’activités étaient principalement vouées à la satisfaction des besoins de la classe dominante, militaires des odjaqs et mamelouks de tous rangs : c’était le cas en particulier de la fabrication et de la vente des armes, de la fabrication et de la vente du matériel de transport (sellerie, matériel de bât et de campement...), et enfin de la vente des montures (chevaux et chameaux) et des animaux de bât. Dans la localisation géographique de ces activités la proximité du centre politique du pays constituait un élément déterminant : c’est donc la Citadelle (qala‘a) et non plus al-Qāhira, qui joua dans ce cas le rôle de pôle attractif121.

    Les armes

    57Pour les métiers concernant l’armement, l’événement décisif avait été, à l’époque ayyoubide, l’installation des gouvernants à la Citadelle : c’est à ce moment que fut vraisemblablement transporté dans le Sūq al-Silāḥ (20 R 6) le marché des armes qui, à l’époque fatimide, était situé au cœur de Qāhira. Cependant un certain nombre de métiers restèrent fixés dans la ville ancienne jusqu’à l’époque mamelouke. Maqrīzī mentionne notamment : le Sūq al-Silāḥ wa l-Naššābīn(marché des armes et des fabricants de flèches), fondé après la chute des Fatimides dans Baïn al-Qaṣraïn, à l’ouest de Baït al-Qāḍī (H 6) ; le Sūq al-Mahāmiziyyīn (marchands d’éperons), situé au croisement de la rue des Ḫarrāṭīn et de la Qaṣaba (I Κ 6) ; le Sūq al-Bunduqāniyyīn (arbalétriers) où l’on vendait des arbalètes et des denrées alimentaires122.

    58L’époque ottomane vit s’achever le départ hors des quartiers centraux des métiers des armes, ce transfert n’étant peut-être pas sans rapports avec la substitution des armes à feu aux armes blanches dont le caractère artistique faisait souvent de véritables objets de luxe. Les armes traditionnelles tiennent encore beaucoup de place dans les manuels de futuwwa ainsi que dans la liste d’Evliya Čelebi qui mentionne : 160 yaygilar et okčular (archers et fabricants d’arcs) avec 3 saints patrons ; 300 kilgiyan (fabricants d’épées), 65 mizrak demerengisi (fabricants de lances), etc... Au contraire les fabricants d’armes à feu ne sont pas mentionnés dans les textes de futuwwa et ils sont peu nombreux encore dans Evliya : 75 tüfenkčiyan (fabricants de fusils), 18 barutgi (marchands de poudre), les barutgi étant les seuls à avoir un patron123. La situation est très différente au xviiie siècle : les documents du Maḥkama mentionnent trois corporations d’armuriers classiques (aqwāsiyya, našāšībiyya, suyūfiyya) et trois corporations de fabricants d’armes à feu (tufakğiyya, qundaqğiyya, bārūdiyya), mais les premières sont représentées par un très petit nombre d’artisans (cinq au total) et apparaissent comme des métiers-reliques ; au contraire les fabricants/marchands de poudre et d’armes à feu figurent en grand nombre dans ces documents. La liste de 1801 mentionne seulement une corporation d’armuriers d’arme blanche (n° 61) et une corporation d’armuriers d’armes à feu (n° 84).

    59Dans le cas du déplacement des bārūdiyya/fabricants de poudre, qui est le seul sur lequel nous ayons des renseignements précis, les raisons de sécurité jouèrent un rôle déterminant. Les bārūdiyya étaient établis au xviie siècle, non loin de Bāb Zuwaïla et de la mosquée al-Mu’ayyad, dans le quartier dit al-Bāsiṭiyya (en M 6), donc en plein cœur de la cité. Cet endroit qui avait pris le nom de Ḫaṭṭ al-Bawāridiyyīn était le centre de leur corporation. En 1671, un incendie éclata dans les boutiques du Sūq al-Bārūd, faisant des dégâts importants et de nombreuses victimes dont la fille de Yūsuf Bey, qā’im maqām. Le pacha prit alors un buyuruldu ordonnant le transfert du marché à al-Maḥmūdiyya, à côté de Rumaïla (en S 5) ; mais dès que les boutiques du Bāsiṭiyya eurent été reconstruites, les marchands de poudre revinrent s’y installer au grand soulagement des gens de Rumaïla124. En 1703, un second incendie éclata au Bārūdiyya et on décida le transfert, cette fois définitif, des fabricants de poudre à Rumaïla125. Une autre manufacture de poudre qui se trouvait à l’Azbakiyya fut également détruite par un incendie en 1721126. En fin de compte, au xviiie siècle, en dehors de quelques boutiques du Bunduqāniyyīn où l’on vendait de la poudre (ce qui causa une grave explosion en 1787)127, en dehors également de la poudrerie qui se trouvait à Bāb al-Lūq, donc hors de la ville, et non loin de la butte de « Tell el-Sebâkh » qu’exploitaient les salpêtriers, au nord de Birka al-Saqqā’īn (P 14)128, tous les bārūdī étaient installés dans le quartier de Maḥmūdiyya dans une situation comportant moins de dangers pour la population129.

    60A cette époque, il y avait deux groupes principaux d’armuriers au Caire. On trouvait des marchands de poudre, des marchands d’armes traditionnelles (suyūfī) et modernes (qundaqğī), d’armes du pays et d’armes importées, non loin de la Citadelle, dans Sūq al-Silāḥ (20 R 6) et Suwaïqa al-‘Izzī. Le marché aux armes se tenait tous les matins près de la mosquée de Sulṭān Ḥasan (sauf le jeudi et le lundi, jours auxquels il se tenait au Ḫān al-Ḫalīlī). Des armuriers (qundaqğī et tufakğī) exerçaient également leur activité au début du Darb al-Aḥmar où la Description place le marché d’al-Qundaqğīyya (251 M 6)130 : cette seconde localisation était évidemment en rapport avec la présence ancienne des bārūdiyya à l’intérieur de Bāb Zuwaïla et sans doute aussi avec l’existence d’un important poste de Janissaires, près de Bāb Zuwaïla. Les armuriers d’armes à feu mentionnés dans les documents du Maḥkama se partageaient à peu près également entre le Darb al-Aḥmar (cinq armuriers) et le Sūq al-Silāḥ (quatre armuriers). Les quelques suyūfī dont nous avons pu trouver les successions avaient tous leurs boutiques à Sūq al-Silāḥ.

    Le marché aux chevaux

    61La présence « sous la Citadelle » du marché aux chevaux constitue un phénomène courant dans les villes musulmanes, parfaitement mis en lumière par J. Sauvaget en ce qui concerne Damas131. Il n’est guère besoin d’insister sur le caractère logique de cette localisation, les militaires constituant une clientèle assurée pour les marchands de montures ou d’animaux destinés à assurer le transport du matériel militaire ou du ravitaillement lors des expéditions. Quand le sultan ayyoubide Malik Kāmil alla habiter la Citadelle, le marché des chevaux, des chameaux et des ânes (sūq al-ḫaïl wa l-ğimāl wa l-ḥamīr) fut transféré à Rumaïla, où il avait lieu deux fois par semaine, le lundi et le jeudi132. Il peut y avoir eu par la suite quelques déplacements de faible importance comme celui que signale Ibn Iyās pour l’année 1490, lorsque le sultan ordonna de transférer le Sūq al-Ḥamīr de l’entrée de l’hippodrome (maïdān) à l’emplacement situé à côté de la madrasa de Qānībāy al-Ğarkasī (V 5)133 ; mais de toute manière le marché aux chevaux ne quitta plus l’esplanade située devant la Qala‘a.

    62C’est là que se trouvait encore, au xviiie siècle, le Sūq al-Ḫaïl où se vendaient principalement les chevaux et d’une manière générale tous les animaux destinés au transport des gens et des marchandises, ânes, mulets et chameaux, ainsi que la plupart des voyageurs l’ont mentionné dans leurs ouvrages sur Le Caire. Un grand nombre de maquignons y exerçaient leur activité ; Evliya Čelebi n’en mentionne pas moins de trois corporations différentes : at bazari dellallari (courtiers du marché aux chevaux) au nombre de 60 ; at ganbazlari (maquignons) qui étaient 200 ; meyangiyani at bazari (intermédiaires du marché aux chevaux) 200 également134. Leurs trucages justifient l’adage rapporté par Rifaud d’après lequel « jamais un bon cheval ou un bon dromadaire n’a été exposé aux Romelles »135. Le marché se tenait sur la place de Rumaïla elle-même, entre la mosquée de Sulṭān Ḥasan et la Citadelle ; tout près de là (en 130 Τ 5) la Description place un « okel pour les ânes » (Wakāla al-Ḥamīr). A la différence du marché aux chevaux et aux chameaux qui avait une grande importance pour la caste dominante militaire et qui était géographiquement lié à la Citadelle, les marchés aux ânes étaient à la fois nombreux et très dispersés dans Le Caire, l’âne étant la monture des gens du commun (et des étrangers). La plupart de ces marchés se trouvaient à proximité des portes du Caire : en dehors de celui de Rumaïla déjà signalé, il y avait trois Sūq al-Ḥamīr à proximité de Bāb al-Lūq (228 M 12, 286 L 13, 292 Ο 13 et 273 Ρ 13), une Wakāla al-Ḥamīr à Bāb al-Ša‘riyya (399 D 8), quatre Wakāla al-Ḥamīr autour de Bāb al-Naṣr et de Bāb al-Futūḥ (370 C 6, 378 Ε 5, 364 Ε 6, 353 F 5). On trouvait également une Wakāla al-Ḥamīr en plein centre de Qāhira (193 Κ 6) : plutôt qu’un marché c’était sans doute une sorte de « station » où les gens ayant affaire dans le bazar laissaient leurs montures136.

    Fabricants et marchands d’articles de voyage

    63Les métiers concernant le matériel de voyage avaient, eux aussi, subi le mouvement d’attraction vers la Citadelle que l’on vient de décrire. A l’époque de Maqrīzī, la plupart de ces marchés étaient encore localisés à l’intérieur de Qāhira : le marché des fabricants d’articles de caravane (Sūq al-Muraḥḥilīn) où l’on vendait des selles de chameaux, des bâts et où, d’après le chroniqueur, on pouvait aisément trouver de quoi équiper cent chameaux en un jour, était situé entre le Marğūš et Bāb al-Futūḥ (E 6) ; les maḥāïriyyīn/marchands de litière tenaient leur marché à l’est de la mosquée al-Aqmar (en G 6) ; les ḫiyāmiyyīn/fabricants de tentes se trouvaient près de la mosquée d’al-Azhar (K 5/6)137. Mais dès l’époque d’Ibn Iyās le déplacement de ces métiers vers le sud était en grande partie réalisé : les ḫiyāmiyyīn étaient établis à proximité de Rumaïla et le marché de la Voûte (Sūq al-Qabw), où les Mamelouks allaient acheter ce qui leur était nécessaire pour leurs voyages, était situé entre Rumaïla et la mosquée de Qawṣūn (106 Ρ 8)138.

    64Sous les Ottomans, la localisation de ces activités dans le voisinage de la Citadelle ne connaissait plus d’exception. Les ḫiyāmiyyīn fournissaient aux armées en campagne une grande variété de tentes, qui pouvaient atteindre des prix extrêmement élevés : Aḥmad Čelebi prétend qu’en 1723 le pacha acheta 10.000 zinğirlī (soit plus de 1.000.000 de paras) une tente (ṣiwān) appartenant à la succession d’Ismā‘īl Bey139. Ils formaient une corporation nombreuse et puissante : Evliya Čelebi comptait 600 fabricants de tentes (čadirgiyan), 300 fabricants de cordes de tentes (tinabgiyan), 150 fabricants de ceintures de tentes (kolangiyan). Les ḫiyāmiyyīn exerçaient leur activité dans le quartier de Qawṣūn (Description : al-Ḫiyāmiyya, 112 Ρ 7) juste au nord des selliers. Les murāḥiliyya qui fabriquaient et vendaient des selles de chameaux étaient installés au sud-ouest de Rumaïla dans la rue descendant vers Ṣalība et Ibn Ṭūlūn : la Description mentionne un « Morâhlyeh » en 2, 5 et 223 Τ 6. Ils étaient les voisins des šukāliyya, artisans qui travaillaient les sangles, longes et entraves : « Choukâlyeh » est mentionné en 3 Τ 6 sur le plan de la Description, et nous avons effectivement trouvé une corporation des šukuliyya bi-ḫaṭṭ al-Rumaïla dans les documents du Maḥkama. On trouvait à Rumaïla des barādi‘iyya (pour barādi‘iyya) qui fabriquaient des selles de chevaux et de baudets, mais le centre principal de leur activité était dans le Darb al-Aḥmar, à côté du marché des armuriers (192 Ν 5) ; la mention faite dans un document de 1791 des archives du Maḥkama, d’un Ḫaṭṭ al-Barādi‘iyyīn al-‘atīq (ancien), près d’al-Ḫušaïba (I 6) nous fait supposer que le transfert de cette activité de l’intérieur à l’extérieur de Qāhira était alors relativement récent encore140. On trouvait également « sous la Citadelle » (Description : « El Roukbyeh », 112 U 7) des rukubiyya/fabricants d’éperons, artisans qui étaient les descendants, très modestes à en juger par le montant de leurs successions, des mahāmiziyyīn de l’époque mamelouke. Enfin Rumaïla était à la fois un grand marché où mamelouks et gens des milices trouvaient, au moment où ils préparaient leurs expéditions, tous les objets et ustensiles, toutes les denrées d’alimentation qui leur étaient nécessaires141, et un des principaux lieux de plaisir de la capitale, cette dernière fonction étant évidemment liée à la proximité d’une importante population de militaires.

    5. COMBUSTIBLES, CONSTRUCTION, VERRERIE ET POTERIE

    65Ces artisanats avaient en commun le fait que leur présence était peu désirable à l’intérieur de la ville où elle eût été gênante pour la population : de là leur localisation excentrique142.

    Les combustibles

    66Les marchés et les centres de fabrication des principaux combustibles utilisés au Caire étaient établis à la périphérie de la ville, dans des quartiers généralement pauvres, pour diverses raisons : le bois et le charbon de bois étaient en presque totalité importés de l’extérieur de l’Égypte ; du fait de leur encombrement, leur stockage nécessitait des zones faiblement peuplées et comportant de vastes espaces libres ; enfin ces produits étaient souvent salissants, et leur fabrication exposait le voisinage à de sérieux inconvénients.

    67C’est à Būlāq que les ḥaṭṭābīn, dont nous avons retrouvé les successions dans les registres du Maḥkama, avaient leurs dikka, entrepôts où le bois à brûler (ḥaṭab) était emmagasiné. Le ḥaṭab était ensuite transporté au Caire : les deux principaux marchés étaient établis à proximité de Bāb al-Lūq (Ḥaṭṭāba en 117 Ν 14) et à la Citadelle (Sūq al-Ḥaṭab en 28 S 2). Ce dernier était assez important pour que tout le quartier situé au nord de la Citadelle ait pris le nom de « quartier des marchands de bois à brûler » (Ḥāra al-Ḥaṭṭāba, 32 R 3) ; la porte de Bāb al-Wazīr elle-même, principale entrée du Caire de ce côté, en direction de la Citadelle, de Rumaïla et de Darb al-Aḥmar (65 R 4) était parfois appelée porte « des marchands de bois » ou « du bois »143. Non loin du Sūq al-Ḥaṭab se trouvait à l’époque de l’Expédition d’Égypte un endroit appelé al-Kassāra (67 S 3) où résidaient et travaillaient sans doute les ouvriers qui débitaient le bois à brûler144. Les dépôts de bois qui se trouvaient au xviiie siècle encore près de la mosquée al-Mu’ayyad (ḥaṭab warā al-Mu’ayyad : 359 M 7), et les toponymes mentionnés par la Description dans cette région (mosquée al-Ḥaṭabiyya en 111 Κ 7 et ‘Aṭfa al-Ḥaṭṭāba en 229 I 8) conservaient sans doute le souvenir du temps où ce quartier, alors périphérique, abritait l’activité des marchands de bois que le développement de l’agglomération avait ensuite amenés à se déplacer à proximité des portes.

    68Pour la même raison les fabricants de charbon de bois (faḥḥāmīn) anciennement installés eux aussi au nord de la mosquée al-Mu’ayyad s’étaient ensuite déplacés vers la bordure occidentale de la ville : leur implantation ancienne avait donné son nom à un quartier central, mais nous avons déjà constaté que le souq « al-Faḥḥāmīn » était à l’époque ottomane un des principaux centres de vente des tissus maghrébins. Au xviiie siècle, les fours à charbon étaient situés à proximité de Bāb al-Lūq, par où le bois parvenait au Caire, dans le quartier populaire de Fawwāla : la Description mentionne plusieurs fabriques de charbon en 288 L 13 et en 189 G 11, ainsi qu’un marché de charbon en 12 Κ 10, à proximité immédiate du Ḥawš al-Faḥm (11 Κ 9). Un peu au sud se trouvait le Sūq al-Ğilla (206 Q 12), marché des « mottes à brûler » : ces galettes que les paysans fabriquaient avec un mélange de fiente de bétail, et de débris de paille de riz ou de maïs, étaient utilisées, une fois séchées, pour le chauffage domestique ou l’alimentation des fours à plâtre, à chaux, à verre et à poterie dont un grand nombre se trouvaient dans la même région145. Une partie du charbon de bois que l’on consommait au Caire était fabriquée et apportée par des bédouins des tribus arabes de la région de Ṭūr dans le Sinaï dont les caravanes, fortes de 1.000 à 2.000 chameaux, venaient au Caire toutes les six semaines environ146 : les Arabes de Ṭūr campaient habituellement à la limite du désert, derrière le Muqaṭṭam, à quelques kilomètres du Caire. Ceux qui venaient jusqu’en ville s’installaient dans le Ḥawš ‘Uṭaï, emplacement situé à peu de distance de Bāb al-Naṣr147. Une partie de la caravane entrait, semble-t-il, par Bāb al-Lūq et allait s’installer dans « l’oquel Nauli près du quartier franc »148, sans doute près du Ḥawš al-Faḥm.

    Construction, fours à plâtre et à chaux

    69Les métiers qui fournissaient les matériaux nécessaires à la construction avaient également une localisation exclusivement périphérique. D’une part les matières premières encombrantes et salissantes qu’ils utilisaient étaient apportées de l’extérieur de la ville : la pierre à plâtre (ğibs) venait du sud, de Ḥulwān ou de la région de Banï Suwaïf, en général par voie d’eau, certains ğabbāsīn/fabricants de plâtre étant propriétaires des bateaux (markab) sur lesquels s’effectuait le transport ; la pierre à chaux (ğīr) était extraite principalement du Ğabal al-Ğuyūšī situé derrière la Citadelle. Les meules nécessitaient un bétail nombreux qu’il eût été difficile de loger et d’entretenir à l’intérieur de la ville149. Enfin la présence des fours était évidemment gênante pour le voisinage. Les moulins et fours à plâtre (ğabbāsa) et les fours à chaux (ğayyāra) fonctionnaient donc en général hors de l’agglomération, près de ses limites orientales, septentrionales et occidentales, sur des emplacements facilement accessibles de l’extérieur, mais assez proches des portes pour que les produits puissent être introduits en ville aisément.

    70Les fours à chaux étaient particulièrement nombreux près des portes de la ville et à proximité du Ğuyūšī. La Description de l’Égypte (plan du Caire) mentionne des ğayyāra en Q 4, près de Bāb al-Wazīr (65 R 4) ; pour sa part Niebuhr situe un chaufour en Κ I, au-delà de la mosquée Qāïtbāy ; et on trouve effectivement dans la liste de 1801 une corporation des « fabricants de chaux du quartier dit Kaied Bey » (n° 211). Le centre principal de fabrication de la chaux était situé hors de Bāb al-Naṣr et de Bāb al-Futūḥ où se trouvaient quatre fours, localisés en 367 Ε 5, 379 D 5, et en Ε 5 et G 5 (sur le plan). Il y en avait également hors de Bāb al-Ša‘riyya en D 8 et D 10 : au sud-ouest de la porte une place portait le nom significatif de was‘at al-ğīr. Enfin, le plan de la Description situe encore un four à chaux près de Bāb al-Lūq, en L 12 : mais il y en avait en réalité plusieurs dans le voisinage de la rue des Fours à chaux où l’on se battit durement lors de l’insurrection de 1800 contre l’armée française150.

    71Le plâtre, qui arrivait par le Nil, était surtout travaillé dans les quartiers ouest et sud de la ville. On trouvait des fours à plâtre près de Bāb al-Ša‘riyya (293 Ε 8) et de Bāb al-Baḥr (330 D 14), hors Bāb al-Ḫarq (18 M 9), mais surtout, semble-t-il, dans la région située entre Qanāṭir al-Sibā‘ et qala‘a al-Kabš : la Description y situe deux ğabbāsa (171 U 10 et 172 V 10) et il est possible que la seconde corporation de fabricants de chaux que le mauvais état de la liste de Vincennes nous a empêché de localiser avec précision (n° 212 : quartier Seied...) ait eu son centre à Sayyida Zaïnab (158 U 12). La plupart des ğabbāsa mentionnées dans les documents du Maḥkama se trouvaient dans la partie sud du Caire, et une des portes conduisant au Vieux Caire portait d’ailleurs le nom caractéristique de Bāb al-Ğabbāsa (84 Y 7).

    72C’est également à l’ouest de la ville, donc à proximité du fleuve, qu’on fabriquait les briques (ṭūb) avec du limon du Nil mélangé d’argile et de brins de paille. La Description mentionne en 425 A 8 un Tall al-Ṭawwāba « butte où l’on faisait des briques cuites », hors de Bāb al-Ša‘riyya, entre le Ḫalīğ al-Miṣrī et la Birka al-Raṭlī qui avait d’ailleurs anciennement porté le nom de Birka al-Ṭawwābīn151. Mais c’est sans doute surtout entre Le Caire et le Nil que se trouvaient les principales briquetteries : Niebuhr en signale une située à l’ouest de Qanṭara al-Dikka (350 F 14), au-delà du Ḫalīğ, dans la direction du Nil152.

    Verriers et potiers

    73La fabrication de la verrerie et de la poterie, artisanats dont nous avons noté le déclin, avait les mêmes caractères que les activités précédemment étudiées : matière première utilisée (argile), combustibles nécessaires (roseaux, bois à brûler, charbon de bois) encombrants ou salissants ; fabrication désagréable en raison de la fumée et des mauvaises odeurs que répandaient les fours. Comme les fours à chaux et à plâtre, les fabricants de verre et de poterie étaient donc installés à l’écart du centre dans des régions de peuplement peu dense.

    74Les verreries (ma‘mal al-qizāz ou ma‘mal al-zuğāğ) étaient groupées dans le quart nord-ouest de la ville. Cet artisanat avait au Caire un caractère presque « industriel » : d’après Evliya Čelebi les trois karhane (fabriques) de bouteilles du Caire, avaient une moyenne de près de 70 ouvriers par entreprise, chiffre exceptionnel pour Le Caire à cette époque. La production locale était limitée à des objets courants, verres plats pour l’éclairage des dômes des bains, bouteilles, bocaux, etc... D’après la Description les verreries se répartissaient en deux groupes : cinq étaient situées entre le Ḫalīğ et le quartier populaire de Fawwāla (2 L 10, 109 H 10, 185 H 11, 103 I 11, 282 L 13) ; le reste se trouvait dans le quartier de Ḥusaïniyya ; un peu plus d’un siècle après, Germain Martin mentionnait encore la présence de plusieurs fours de verriers près de Bāb al-Naṣr153. On trouvait également dans le quartier de Ḥusaïniyya (388 D 5) une fabrique de bougies (ma‘mal al-šam‘), industrie qui s’apparentait par beaucoup de points à la verrerie.

    75La poterie avait le même caractère de rusticité à l’époque ottomane. Cela explique peut-être que, alors que les potiers (fāḫūriyya) sont mentionnés dans les Kitāb al-Futuwwa avec un saint-patron (Muḥammad al-Malānī), ils ne paraissent pas avoir constitué de corporation au Caire aux xviie et xviiie siècles ; du moins n’en avons-nous trouvé aucune trace. Par contre Ğīza et le Vieux Caire avaient deux corporations de potiers. L’argile utilisée par les potiers était apportée de Basātīn et de Daïr al-Ṭīn, villages situés au sud du Caire, ce qui explique sans doute la localisation des ateliers dans la partie ouest du Caire, au-delà du Ḫalīğ, exactement comme les moulins à plâtre et pour les mêmes raisons. On trouvait des potiers près de la Birka al-Azbakiyya (196 G 11) et, hors du Caire, près de Bāb Šu‘aïb (442 D 10)154. Au delà de Bāb al-Ḫarq, près du Sūq al-Qawādis (62 M11), marché des godets de sāqiya, se trouvaient sans doute également des ateliers de potiers155. La poterie grossière du pays était vendue à Bāb al-Ša‘riyya, à proximité des centres de fabrication.

    Nattiers et cordiers

    76Les nattes (ḥuṣur) étaient très employées au Caire, où elles constituaient un des éléments essentiels de l’ameublement, puisqu’elles tenaient lieu en particulier de lits et de tapis. Hors du Caire on fabriquait des nattes dans le Ṣa‘īd, dans le Fayyūm et à Manūf. Les artisans nattiers du Caire (ḥuṣuriyya) utilisaient du jonc (samār) apporté de Ṭarrāna, des lacs Naṭrūn et de Ḥulwān156, et tissaient leurs nattes dans de vastes ateliers, sur des métiers fort rudimentaires : c’étaient des artisans très pauvres, ce que confirme leur absence quasi totale des registres du Maḥkama, malgré leur nombre assez élevé (Evliya Čelebi en dénombre 200 répartis dans 80 ateliers).

    77Tous ces caractères (utilisation d’une matière première encombrante, apportée de régions situées au sud du Caire, besoin de place pour le stockage et pour la fabrication, pauvreté des artisans) expliquent que cet artisanat se soit concentré dans la partie méridionale du Caire entre Rumaïla et Qanāṭir al-Sibā‘, dans les quartiers pauvres de Ḥabbāla et de Qala‘a al-Kabš : fabrique de nattes en 168 V 10, Wakāla al-Ḥuṣur en 169 V 10, al-Ḥuṣuriyya en 127 Τ 6. Plusieurs toponymes au sud-ouest de Rumaïla confirment bien le caractère dominant de cette activité dans ce quartier : Darb al-Ḥuṣur (ou al-Ḥuṣuriyya) en 66 U/V 6/7 ; mosquée al-Ḥuṣuriyya ; Hammam al-Ḥuṣuriyya (ou al-Ḥuṣurī). Des ḥuṣuriyyīn avaient jadis été installés dans le centre du Caire, près de la mosquée al-Aqmar, mais, dès l’époque de Maqrīzī, on vendait en fait des chaussures dans le Sūq al-Ḥuṣuriyyīn : le nom de la Wakāla al-Ḥuṣuriyya, mentionnée par la Description en cet endroit (313 G 6), n’était sans doute qu’un souvenir de cette localisation ancienne157.

    78La présence des cordiers (ḥabbālīn) au sud de Rumaïla, à peu près au même endroit que les fabricants de nattes, s’explique par des raisons similaires : il fallait aux cordiers de grands espaces vides pour tresser la matière fibreuse (līf) que l’on tirait de la feuille du palmier. Par ailleurs, les cordes constituaient un élément important du matériel de voyage et ces artisans avaient donc avantage à travailler à proximité de la Citadelle158. Le quartier de Ḥabbāla (Description : al-Ḥabbāla, 126 Τ 6 ; et Darb al-Ḥabbāla 41 X 5, 47 et 50 V 6) était un des plus pauvres du Caire, et les ḥabbālīn comptaient individuellement parmi les artisans les plus défavorisés : cheikh de la corporation, al-Ḥāğğ ‘Abbās, un des rares cordiers que mentionnent les documents du Maḥkama, ne laissa en 1677 qu’une succession de 13.408 paras159.

    6. MÉTIERS DES MÉTAUX ET DU BOIS

    79Les métiers du bois et des métaux occupaient parfois, dans le centre du Caire, une place généralement réservée au commerce des produits exotiques, des étoffes ou des objets de luxe, sans doute à cause de leur importance traditionnelle et de la large utilisation que l’on faisait de leurs produits dans la vie quotidienne160.

    Le bois

    80Le bois de construction (ḫašab), comme le bois à brûler (ḥaṭab), venait de la Méditerranée et, pour une faible partie, de Haute-Égypte. Comme les ḥaṭṭābīn, les ḫaššābīn exerçaient donc en général leur activité à Būlāq même, où ce matériau était emmagasiné avant d’être revendu et transporté au Caire. Produit encombrant le bois pouvait difficilement être « charroyé » dans les rues du Caire, et stocké dans le centre. Bien avant que Maqrīzī ne décrive les souqs du Caire les marchands de bois (ḫaššābīn) avaient cédé la place, à l’intérieur de Bāb Zuwaïla (en M 6), aux marchands de vieilles hardes (ḫal‘iyyīn)161, et étaient vraisemblablement allés s’installer hors de Qāhira, là où nous les retrouvons à l’époque ottomane : le centre principal d’activité des ḫaššābīn était alors situé dans la rue Taḥt al-Rab‘ entre Bāb al-Ḫarq et Bāb Zuwaïla, non loin de la Wakāla al-Ḫušaïba ; des 3 ḫaššābīn mentionnés dans le Maḥkama pour Le Caire, deux avaient leur « scierie » (maflaq) « sous le Rab‘ al-Ẓāhirī », c’est-à-dire à proximité de la takīya al-Ğulšānī, le troisième dans le ḫaṭṭ de Bāb al-Ḫarq (M 9). La Description localise dans Taḥt al-Rab‘, qui était alors un marché couvert, des scieurs de long (naššārīn) dont le centre était peut-être la Wakāla al-Naššārīn (384 M 8), et des charpentiers et menuisiers (nağğārīn)162 ainsi que beaucoup d’artisanats différenciés, comme on va le voir plus loin. Le second centre de vente du bois se trouvait à mi-chemin entre Bāb al-Ḥadīd et Bāb al-Ša‘riyya, dans le Sūq al-Ḫašab (134 E/F 10/11). Au xixe siècle, ‘Alī Pāšā signalait encore des activités de ce genre à l’ouest de Bāb al-Ša‘riyya : dans la Wakāla Ḥasan Katḫudā (D 8 ou Ε 8) on vendait des bois à construire, et dans la Wakāla al-Ğāmūs (312 Ε 8) on faisait des travaux de menuiserie163. La Description mentionne encore, près de l’Azbakiyya, une Wakāla al-Ḫašab (193 G 11) et un Raṣīf al-Ḫašab (294 Κ 13) et, à l’intérieur de Qāhira, deux Sūq al-Ḫašab (50 I 7 et 228 I 8).

    81Un grand nombre de corps de métier se partageaient la production des objets de bois : les ḫarrāṭ/tourneur, ṣanādīqī/fabricant de coffres, kursiğī/fabricant de tables, ‘ulabī/layetier, qabāqībī/fabricant de socques de bois, ḍabbabī/fabricant de serrures de bois, étaient les plus nombreux. Bien qu’ils fussent généralement très pauvres, les objets qu’ils produisaient étaient si couramment utilisés et leurs traditions artisanales étaient si anciennes qu’on les trouvait installés dans le centre même du Caire, à peu près à l’endroit où les situait Maqrīzī : le marché des fabricants de coffres (Sūq al-Ṣanādiqiyyīn), dans al-Ašrafiyya (232 I/K 6), continuait à être mentionné sous le nom de Ḫaṭṭ al-Ṣanādiqiyya par Ğabartī ; quant au marché des Tourneurs (Sūq al-Ḫarrāṭīn), il occupait, quatre siècles plus tard, le même emplacement dans la rue conduisant à al-Azhar (190 Κ 6)164. Tous les ṣanādīqī, ḫarrāṭ et kursiğī dont nous avons retrouvé la succession dans le Maḥkama avaient leur boutique/ atelier dans ce quartier tout proche d’al-Azhar. On trouvait cependant des ‘ulabiyya légèrement plus au sud, dans Qāhira, en 279 L 6, et surtout dans Taḥt al-Rab‘ (M 7) : « Un grand nombre de menuisiers et de layetiers sont établis dans une grande rue très large et couverte, appelée Taḥt el-Rob‘, remarque Jomard. Ils fabriquent des caisses d’une grande capacité et très solides, en bois de cèdre et autres bois odorants »165. On y trouvait également des fabricants de ces serrures de bois (ḍabba) qui étaient une spécialité du Caire et qui avaient de tous temps excité la curiosité des voyageurs occidentaux166.

    L’artisanat du cuivre

    82Parmi les métiers consacrés au travail des métaux, ceux du cuivre occupaient une place assez enviable : les naḥḥāsīn, bien qu’ayant perdu une partie de leur réputation ancienne, continuaient à fabriquer bon nombre d’objets et en particulier presque toute la vaisselle utilisée au Caire. Aussi ces habiles ouvriers étaient-ils plus aisés que la plupart des artisans du Caire.

    83Cela, et aussi la tendance à la stabilité géographique des métiers, explique une localisation apparemment aberrante : cet artisanat particulièrement bruyant était concentré dans le cœur même de la ville. Il est possible également que, matière première de la monnaie divisionnaire, le cuivre ait conservé par là une importance qui justifiait son maintien à proximité immédiate du Ṣāġa : en période de crise monétaire le contrôle de l’autorité s’apesantissait sur les chaudronniers de même que sur les orfèvres167. Quoi qu’il en soit, aux xviie et xviiie siècles comme au temps de Maqrīzī, les naḥḥāsīn étaient presque tous fixés dans la rue de Baïn al-Qaṣraïn (actuellement rue des Naḥḥāsīn), entre al-Ašrafiyya et al-Rukn al-Muḫallaq : sur 46 naḥḥāsīn dont il nous a été possible de localiser les boutiques d’après les documents du Maḥkama, 29 travaillaient dans Baïn al-Qaṣraïn et 14 dans le quartier voisin du Ḫān al-Ḫalīlī. Leur concentration était donc à peu près aussi rigoureuse que celle des orfèvres dans le Ṣāġa. Le centre du Sūq al-Naḥḥāsīn (276 H 6) s’étendait des monuments du sultan Qalāwūn au Ṣāġa ; la rue qui bordait le quartier des orfèvres au nord portait d’ailleurs le nom de ‘Aṭfa al-Naḥḥāsīn (47 et 250 I 6). Un certain nombre de wakāla étaient dans ce quartier spécialisées dans la fabrication et la vente des objets de cuivre : Wakāla al-Naḥḥāsīn (233 I 6), Wakāla al-Ṣabbāġ (H 6), Wakāla Sulṭān Farağ b. Barqūq (H 6), et surtout Wakāla ou Ḫān al-Lāwand (271 H 6), où 11 des naḥḥāsīn dont nous avons étudié la succession étaient installés168.

    84Le Ḫān al-Ḫalīlī était un centre de vente des objets de cuivre locaux ou importés de Constantinople, plutôt qu’un centre de fabrication : les naḥḥāsīn y occupaient plus particulièrement le Ḫān al-Nuḥās (229 I 5), qui s’était d’abord appelé Ḫān al-Fasqiyya, et la Wakāla/Ḫān Ğa‘far Agha (226 I 5). La période de la plus grande prospérité du Ḫān al-Ḫalīlī dans ce domaine paraît s’être située au xviie siècle : d’après le Maḥkama il y avait là, à cette époque (années 1679-1700), autant de naḥḥāsīn que dans Baïn al-Qaṣraïn, le montant moyen de leurs successions s’élevant à 92.228 paras constants contre 50.763, inégalité qui illustre bien la supériorité économique des marchands sur les artisans au Caire. L’importance relative du Ḫān al-Ḫalīlī diminua au xviiie siècle, époque où la chaudronnerie se concentra de plus en plus totalement dans le Naḥḥāsīn. Il n’y avait au Caire aucun autre centre de travail du cuivre de quelque importance169.

    Le travail du fer

    85A la différence des naḥḥāsīn les ḥaddādīn/forgerons, étaient des artisans pauvres et sans prestige. Mais l’importance réelle de cet artisanat du fer peut être appréciée plus justement à partir des chiffres donnés par Evliya Čelebi qui ne dénombre pas moins de 16 métiers et de 2.830 artisans.

    86La localisation des ḥaddādīn à la périphérie de Qāhira traduisait cette infériorité économique et sociale qu’aggravait sans doute encore la présence de nombreux minoritaires chrétiens dans leurs rangs. Diverses raisons, et en particulier le caractère bruyant et salissant du travail, expliquaient également cet éloignement, mais nous venons de voir qu’elles n’avaient pas empêché le maintien des naḥḥāsīn en plein cœur du Caire. Les ḥaddādīn avaient quitté le centre de la ville très anciennement, avant même l’époque de Maqrīzī qui signale que le marché des forgerons et des tailleurs de pierre (Sūq al-Ḥaddādīn wa l-Ḥağğārīn), situé au nord-ouest de la mosquée al-Mu’ayyad était connu de son temps sous le nom de marché des fabricants de tapis de selles (Sūq al-Anmāṭiyyīn)170. Cependant le même auteur indique que le souq des marchands d’aiguilles (Sūq al-Abbārīn) se trouvait un peu au nord d’al-Azhar (I Κ 5) et il place des fabricants de couteaux dans le Sūq al-Ḫarrāṭīn (K 5/6), donc dans le centre de Qāhira171.

    87A l’époque ottomane les ḥaddādīn se répartissaient en trois principaux secteurs. Le groupe le plus important se trouvait dans Taḥt al-Rab‘, non loin par conséquent du quartier des Anmāṭiyyīn. La Description énumère entre Bāb Zuwaïla et Bāb al-Ḫarq plusieurs centres d’activité : « forgerons » dans ‘Aṭfa al-Ḥaddādīn (355 M 7) ; « forgerons » (387 M 8) ; Sikka al-Ḥaddādīn (390 M 8) ; al-Ḥaddādīn (27 M 9) ; boutiques de fripiers et de marchands de fer (175 Ν 8). Leur faisaient suite les étameurs en fer blanc (samkarī) dont les ateliers jouxtaient Bāb al-Ḫarq (22 M 9). A ce groupe correspondait une corporation locale (n° 9 dans la liste de 1801). Le deuxième quartier de forgerons s’étendait entre Bāb al-Futūḥ, à proximité de laquelle se trouvait le Sūq al-Ḥaddādīn (95 E/F 6), et le quartier de Rukn al-Muḫallaq où la plupart des ḥaddādīn du Maḥkama que nous avons pu situer avec précision avaient leur boutique (G 6). C’était vraisemblablement ici que se trouvait le centre d’activité de la corporation n° 197. Enfin il y avait à Bāb al-Ša‘riyya un troisième quartier de ḥaddādīn dont l’importance est attestée par sa mention dans la liste de Vincennes (corporation n° 13). Par contre on vendait au Bunduqāniyyīn du fil de fer, du laiton en fil et en plaque, c’est-à-dire des produits importés, dont le commerce trouvait normalement sa place dans la zone centrale consacrée au négoce international.

    7. CONCLUSIONS

    Principes généraux de la localisation des métiers au Caire

    88Les problèmes concernant la localisation des métiers au Caire se posaient naturellement en termes tout à fait différents suivant que les activités concernées étaient géographiquement concentrées ou au contraire dispersées. Bien qu’il soit impossible de proposer des critères rigoureux et que les exceptions fussent nombreuses, la répartition des métiers entre ces deux catégories se faisait suivant un certain nombre de principes qui permettent de rendre compte de la plupart des cas concrets. Étaient en général concentrés dans un même lieu (avec possibilité de constitution de plusieurs centres si le développement du métier et la croissance de l’agglomération le rendaient nécessaire) : les métiers fortement spécialisés, ceux qui n’employaient qu’un nombre relativement réduit d’individus, les activités liées au grand commerce international, les activités de luxe. La vente du café et des épices, le commerce des tissus, le travail des métaux précieux sont les exemples les plus caractéristiques de cette première catégorie de métiers. Compte tenu de la force de la tendance des individus d’un même métier à se regrouper sur le plan géographique, comme l’organisation corporative les rassemblait sur le plan socio-professionnel, les facteurs de concentration étaient plus puissants au Caire que les facteurs de dispersion. Il n’en reste pas moins vrai qu’un grand nombre d’activités, parmi les plus importantes au point de vue numérique, étaient dispersées : c’était surtout le cas des métiers qui concernaient des produits indispensables pour la vie de tous les jours dont la répartition correspondait à celle de la population entre les différents quartiers du Caire ; métiers de l’alimentation (fourniers, marchands d’huile et de beurre, « épiciers »), vente au détail de produits de grande consommation (tabac), et enfin ce qu’on pourrait appeler les « services » (fourniture de l’eau, bains publics, transport des personnes et des marchandises)172. Les métiers géographiquement concentrés sont les seuls dont la localisation offre un intérêt en ce qui concerne la structure urbaine, et c’est donc eux qui retiendront surtout notre attention.

    89Les facteurs permettant de rendre compte de la localisation des diverses activités économiques au Caire sont en nombre relativement limité, mais ils se combinaient entre eux d’une manière qui pouvait être assez complexe. L’importance économique des métiers a eu un rôle souvent déterminant, les activités fondamentales étant généralement établies dans le centre de la cité, cependant que les activités secondaires, ou moins rentables, étaient refoulées vers la périphérie de Qāhira ou du Caire. Corollaire de ce premier principe, le déclin d’une activité pouvait provoquer sa relégation progressive loin du centre et vice versa. Les motivations « techniques » qui avaient une importance non moins grande ont été en général un facteur d’éloignement par rapport au centre : lorsque les matières premières qu’ils utilisaient, ou le processus de fabrication, présentaient des inconvénients ou des risques pour le voisinage, lorsque encore ils avaient besoin de grands espaces libres, les métiers s’établissaient généralement à distance du centre, de préférence en lisière de l’agglomération. En conséquence, l’extension de l’agglomération entraînait inévitablement leur déplacement vers des sites de plus en plus éloignés du centre. Enfin les facteurs historiques ont joué un rôle non négligeable en favorisant le maintien des activités dans leur position géographique originelle quelle que fût la force des facteurs autres qui auraient justifié leur transfert : une bonne partie des exceptions que l’on peut constater au jeu normal des deux premiers principes de localisation économique s’expliquent de cette manière.

    90Les facteurs généraux qui viennent d’être brièvement définis déterminent deux types principaux de localisation, centrale ou périphérique, entre lesquels la répartition des métiers s’est faite d’une manière assez logique. Dans le centre économique du Caire, la Qāhira fatimide, de part et d’autre de la Qaṣaba qui la traversait du nord au sud (de Bāb al-Futūḥ à Bāb Zuwaïla), la zone de plus grande activité avait pour limites, au sud le Faḥḥāmīn (282 L 6), à l’est la mosquée al-Azhar, le Ḫān al-Ḫalīlī, Baït al-Qāḍī, à l’ouest le Ṣāġa et le Ḥamzāwī, et elle se prolongeait vers le nord, avec le Marğūš et le Ğamāliyya, jusqu’aux portes du Caire fatimide. A l’intérieur de ce rectangle irrégulier de 1.500 mètres de long et de 400 mètres de large, dont la superficie ne dépassait pas le quinzième de la surface totale du Caire était concentré, on l’a vu, l’essentiel de l’activité du Caire :

    • grand commerce international du café, des épices, des tissus, du tabac, du savon, de la verrerie, de la quincaillerie auquel s’ajoutaient les activités de change des monnaies ;
    • travail et commerce des matières précieuses et d’une manière générale des objets de luxe : orfèvrerie, bijouterie, passementerie, travail et vente de la soie ; travail et vente des objets d’ambre et d’ivoire ; vente de produits alimentaires de luxe (confiserie, fruits secs) ;
    • activités intellectuelles liées à al-Azhar (vente du papier, librairie...) ;
    • quelques artisanats très spécialisés, ou ayant un caractère artistique prononcé, souvent maintenus dans le centre de Qāhira par la tendance à la stabilité géographique des métiers : c’était le cas des naḥḥāsīn, des fabricants et marchands de meubles et objets de bois, d’une partie des cordonniers.

    91D’autres métiers étaient établis en dehors du centre lui-même, mais à l’intérieur de Qāhira, dans une situation donc très privilégiée qui se justifiait par l’importance intrinsèque de ces activités ou par les liens étroits qui existaient entre le processus de fabrication et la vente qui s’effectuait dans les boutiques de la Qaṣaba : c’était le cas en particulier des sucreries, des fabriques de jus de réglisse et des teintureries dont la plupart se trouvaient dans la zone située entre la Qaṣaba et le Ḫalīğ. Bien que le commerce y dominât d’une manière écrasante, Qāhira comptait donc d’importantes activités artisanales, en particulier dans sa partie ouest qui était aussi une zone d’habitat aisé, la région comprise entre la Qaṣaba et le mur est de Qāhira étant au contraire une zone de peuplement pauvre173.

    92En dehors de Qāhira existaient quelques centres d’activité économique d’une certaine importance dont deux au moins étaient des appendices de la zone centrale : Bāb al-Ša‘riyya, quartier situé à cheval sur le Ḫalīğ, comptait des activités commerciales et artisanales assez variées ; la Qaṣaba Riḍwān et le Qawṣūn prolongeaient vers le sud le quartier de Mu’ayyad/Bāb Zuwaïla et leur rôle économique était notable déjà à l’époque de Maqrīzī174. L’importance du quartier de Sūq al-Silāḥ/ Rumaïla provenait pour une grande partie de la proximité de la Citadelle, centre du pouvoir politique et militaire en Égypte : les commerces et les artisanats qu’on trouvait là étaient donc liés à la présence de la caste dominante. Le quartier d’Ibn Ṭūlūn était un centre d’activité économique très ancien où la présence, traditionnelle dans cet endroit, des Maghrébins contribuait à entretenir en particulier d’importantes activités commerciales (café, épices, tissus).

    93En dehors de ces centres isolés l’activité économique se disposait, par rapport à Qāhira, en auréoles successives dans lesquelles la place des métiers dépendait pour l’essentiel des facteurs de localisation que nous avons définis plus haut : l’importance économique décroissante, les inconvénients croissants présentés par le métier déterminaient une hiérarchie descendante depuis les abords immédiats de Qāhira jusqu’aux zones extérieures à l’agglomération du Caire.

    • Un certain nombre d’activités artisanales importantes restaient à proximité de Qāhira : c’était le cas d’une fraction du travail du fer, de la plupart des métiers du textile, dont la filature, le tissage et une partie de la teinturerie étaient localisés dans le quartier situé à l’ouest du Ḫalīğ, de diverses « industries alimentaires » (meunerie, criblage, fabrication du vinaigre...) et d’un certain nombre d’artisanats fabriquant des objets de grande consommation (verrerie, poterie).
    • Certains commerces « de gros » étaient rejetés vers la périphérie pour rester à proximité des portes par où arrivaient les approvisionnements : commerce des denrées alimentaires (grains, légumes, fruits, bétail), commerce des textiles, commerce du bois à brûler et à construire.
    • Enfin les activités « industrielles » véritablement polluantes ou dangereuses étaient rejetées sur le pourtour de la ville ou même hors des murs, l’accroissement de l’agglomération à l’époque ottomane ayant imposé des transferts dont plusieurs ont été signalés précédemment. Parmi ces activités « périphériques » mentionnons : les abattoirs (à l’extérieur de la ville) ; les huileries (sur la bordure ouest) ; les tanneries (hors des murs) ; les fabriques de combustibles (sur la limite ouest du Caire) ; les fours à chaux et à plâtre (situés hors la ville) ; les ateliers pour la fabrication des nattes et des cordes ; les fabriques de poudre.

    Le poids économique de Qāhira

    94Nous avons eu souvent l’occasion de souligner l’importance du rôle joué par Qāhira et par la zone de la Qaṣaba dans l’activité économique du Caire. Il est tentant d’essayer de donner de cette prédominance une expression chiffrée en utilisant les indications que nous fournissent les documents du Tribunal. Sans doute nous faut-il, une fois de plus, souligner que l’échantillonnage que nous fournissent ces documents est faussé par la sur-représentation des successions importantes, les artisans et commerçants pauvres étant par contre sous-représentés ou même absents. Cependant, les distorsions qui en résultent dans les statistiques que nous pouvons dresser seront surtout graves en ce qui concerne le nombre des successions : ces chiffres ne seront utilisables qu’à titre d’indication ou de comparaison. Par contre les données concernant le volume des successions doivent pouvoir être acceptées avec plus de confiance, les successions grandes et moyennes ayant de toute manière une importance statistique que ne ferait qu’atténuer une information plus complète en ce qui concerne les petites successions. Le tableau 36 résume les données concernant le poids économique comparé des grandes régions du Caire, à la fin du xviie et à la fin du xviiie siècle.

    Tableau 36. Répartition des activités économiques entre les grandes régions du Caire

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    Source : Archives du Maḥkama.
    Notes :
    1. Cette étude ne prend en considération que les successions pour lesquelles nous connaissons avec une précision suffisante la localisation des boutiques et ateliers.
    2. Les grandes régions entre lesquelles on a divisé Le Caire sont délimitées comme suit : Qāhira est la ville fatimide, limitée par le rempart au nord, à l’est et au sud, et par le Ḫalīğ à l’ouest ; Ḥusaïniyya s’étend au nord du rempart et à l’est du Ḫalīğ ; la région ouest comprend toute l’agglomération à l’ouest du Ḫalīğ ; la région sud est limitée au nord par le mur de Qāhira (B. Zuwaïla) et à l’ouest par le Ḫalīğ. Voir la carte numéro 2 sur laquelle on a délimité les quartiers de Qāhira.
    Chacune de ces régions est divisée en un certain nombre de quartiers qui paraissent former des unités économiques et sociales. Dans Qāhira : Ğamāliyya, Ḫān al-Ḫalīlī, al-Azhar, Mu’ayyad, Marğūs, Ṣāġa, Ġūriyya/Ḥamzāwī (ce sont les « sept quartiers riverains de la Qaṣaba »), ‘Utūf, Darb al-Maḥrūq, Mūskī/Darb al-Sa‘āda. Dans la région ouest : Bāb al-Ša‘riyya, Bāb al-Baḥr, Azbakiyya, Bāb al-Ḫarq, Fawwāla/Bāb al-Lūq, ‘Abdīn/Ḥanafī. Dans la région sud : Bāb Zuwaïla, Qawṣūn, Birka al-Fīl, Rumaïla/Sūq al-Silāḥ, Ḥaṭṭāba, ‘Arab al-Isār, Ḥabbāla/Darb Ḫalīfa, Ṭūlūn, Qanāṭir al-Sibā‘.
    4. Les limites des quartiers sont assez imprécises et il n’a pas été toujours aisé de répartir entre eux les artisans et commerçants, dont la localisation professionnelle était connue. D’autre part le découpage des « quartiers » ne coïncide pas exactement avec celui des « régions » ; c’est ainsi que les quartiers de Bāb al-Ša‘riyya, du Mūskī et de Bāb al-Ḫarq sont à cheval sur le Ḫalīğ. On a considéré que Bāb al-Ša‘riyya et Bāb al-Ḫarq faisaient partie de la région ouest, le Mūskī de Qāhira. De même Darb al-Maḥrūq, bien que débordant sur la région sud a été classé avec Qāhira. Cette répartition n’est pas dénuée d’arbitraire, et elle est même très contestable dans le cas de Bāb al-Ša‘riyya dont beaucoup d’activités doivent en fait être rattachées à Qāhira. Mais si l’on connaît la localisation professionnelle exacte de beaucoup d’artisans et commerçants du quartier de Bāb al-Ša‘riyya qu’on aurait pu placer à l’ouest ou à l’est du Ḫalīğ, le cas de ceux, fort nombreux, qui sont simplement localisés « dans le quartier de Bāb al-Ša‘riyya » n’aurait pu être réglé si on n’avait gardé son unité à ce quartier, entièrement placé « hors Qāhira ».

    95Ce double tableau montre très clairement l’écrasante prédominance économique de Qāhira où exerçaient les trois quarts (1679-1700) ou les deux tiers (1776-1798) des artisans et commerçants dont nous avons étudié les successions, ce qui représentait dans les deux cas environ les neuf dixièmes du montant total des successions envisagées. Ce phénomène apparaît avec le même netteté dans le tableau 37 :

    Tableau 37. Répartition des successions par régions suivant leur montant

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    Source : Archives du Maḥkama.

    96La quasi-totalité des grandes fortunes était donc rassemblée dans Qāhira où exerçaient, en particulier, presque tous les tuğğār en café et épices : 34 sur 35 pendant la période 1679-1700, et 18 sur 19 en 1776-1798. Cette concentration de la puissance économique à l’intérieur de Qāhira était sans rapport avec la répartition réelle de la population entre les grandes régions du Caire qui était approximativement la suivante : dans Qāhira habitait environ un tiers de la population, dans la région ouest environ un cinquième, et dans la région sud environ deux cinquièmes175.

    97Aucune transformation notable ne paraît s’être produite dans la situation globale que nous venons de décrire entre la fin du xviie siècle et celle du xviiie siècle : l’atténuation de la prédominance de Qāhira paraît trop limitée pour être vraiment significative ; une partie des progrès de la région ouest (c’est-à-dire de Bāb al-Ša‘riyya) seraient d’ailleurs sans doute à mettre à l’actif de Qāhira. La stabilité des chiffres concernant la région sud est d’autre part tout à fait frappante.

    98Le second trait marquant de cette répartition des activités économiques entre les différentes régions du Caire apparaît également dans le tableau 36 : à l’intérieur de Qāhira c’étaient la Qaṣaba et ses environs immédiats qui polarisaient l’essentiel de l’activité économique, avec environ 90 % du total des fortunes, dont cinq quartiers se partageaient la quasi-totalité, ceux du Ḫān al-Ḫalīlī, du Ġūriyya/Ḥamzāwī, d’al-Azhar, de Ğamāliyya et de Ṣāġa, cependant que le Marğūš et Mu’ayyad ne jouaient qu’un rôle économique relativement modeste.

    99D’un siècle à l’autre cependant des changements apparaissent dans la position relative des quartiers centraux dont l’ensemble dominait d’une manière écrasante la vie économique du Caire, ainsi que le montre le tableau suivant :

    Tableau 38. Les cinq principaux quartiers économiques du Caire à la fin des xviie et xviiie siècles (nombre de commerçants et d’artisans, et montant global des successions, en paras constants)

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    Source : Archives du Maḥkama.

    100D’un siècle à l’autre le Ġūriyya reste le plus important des quartiers du Caire au point de vue économique, sa prédominance tendant même à s’affirmer à la fin du xviiie siècle, puisqu’il totalise alors 18,4 % du nombre total des successions étudiées et 35,8 % de leur montant. Pendant la même période le Ḫān al-Ḫalīlī connaît un déclin relatif. Mais les changements les plus importants concernent le quartier d’al-Azhar dont le recul est très sensible et le Ğamāliyya qui devient un des principaux centres économiques du Caire : sur ces différents points les chiffres du tableau 38 ne font que confirmer, en les précisant, des observations que nous avons faites déjà à plusieurs reprises.

    101Il nous paraît enfin utile de souligner à nouveau le rôle secondaire joué par les centres extérieurs à Qāhira dans l’activité économique globale, telle du moins qu’elle apparaît à travers les successions du Maḥkama ; la comparaison des pourcentages des nombres et des montants des successions (dans les tableaux 36 et 37) montre bien le caractère mineur des activités dont les quartiers ouest et sud étaient le théâtre. L’indiscutable développement de la région ouest n’est sans doute pas sans rapport avec l’urbanisation croissante de cette zone qui attirait au xviiie siècle la population aisée de la ville. Mais rien dans les centres extérieurs à Qāhira ne rappelait, même de loin, le foisonnement d’activités hautement différenciées qui caractérisait la Qaṣaba.

    Caractères de la topographie économique du Caire

    102Le principe de base, en ce qui concerne la structure économique de la ville du Caire, paraît bien avoir été, conformément au schéma proposé par L. Massignon pour les villes islamiques, la fixité de la répartition topographique des métiers, dans la zone centrale du Caire, à proximité des Palais et de la Grande Mosquée176. En dépit des vicissitudes économiques et politiques, qui ont affecté l’Égypte de l’époque fatimide à la fin du xviiie siècle, en dépit des changements profonds qu’a connus la structure urbaine du Caire à travers des phases alternées d’expansion ou de repli, c’est cette stabilité qui frappe surtout lorsqu’on considère les métiers les plus importants dans la série des grands textes historico-topographiques de Maqrīzī à la Description de l’Égypte et finalement à ‘Alī Pāšā : les marchands d’épices, puis de café, les trafiquants d’or soudanais et d’esclaves, les marchands de tissus, les changeurs et les orfèvres, les confiseurs, les chaudronniers, etc... travaillent, au début du xixe siècle, à l’emplacement à peu près exact où Maqrīzī les situait non seulement lorsqu’il décrivait ce qu’il avait sous les yeux, mais même lorsqu’il se référait à une situation plus ancienne.

    103Ce principe posé, il serait naturellement inexact de décrire la topographie économique de la ville du Caire comme entièrement figée ; ainsi que nous avons eu maintes fois l’occasion de le remarquer elle a beaucoup changé de l’époque fatimide à l’époque mamelouke, et de Maqrīzī à ‘Alī Pāšā : la naissance d’activités nouvelles, le déclin ou la disparition d’activités anciennes, le déplacement de nombreux métiers, l’essor de centres économiques nouveaux, ont profondément affecté la structure de la ville, même si la permanence de certains traits maintenait son identité fondamentale au fil des siècles. Aux facteurs de localisation mentionnés plus haut qui étaient aussi des facteurs de changement si les conditions générales se modifiaient, s’ajoutaient les interventions « humaines » dont le meilleur exemple est constitué par l’installation du centre politique à la Citadelle qui provoqua le transfert de nombreuses activités hors de Qāhira. Mais d’une manière générale ces interventions ont eu un caractère si exceptionnel qu’elles paraissent n’avoir joué qu’un rôle secondaire dans l’évolution de la structure urbaine du Caire qui est caractérisée, à l’époque ottomane, dans le domaine strictement économique, comme dans celui plus vaste de « l’urbanisme », par l’absence presque totale de politique « volontaire » de la part des autorités : pendant cette période de trois siècles nous ne pouvons guère mentionner que deux actions de ce genre, l’une positive (construction de la Qaṣaba Riḍwān), l’autre négative (déplacement des poudreries).

    104Cette absence d’urbanisme volontaire ne signifiait pourtant pas que la structure économique du Caire fût anarchique. Le libre jeu de facteurs économiques et sociaux avait donné naissance à un équilibre « naturel » dont les traits principaux sont lisibles sur la carte économique du Caire à l’époque de Maqrīzī, et d’une manière plus précise encore, grâce à une information plus sûre et plus complète, sur le plan de la Description : la répartition hiérarchisée des métiers en auréoles à partir du centre, la bordure occidentale de la ville abritant une partie importante des activités à caractère « industriel », constitue le signe le plus frappant de la relative cohérence de la structure économique du Caire. Cette cohérence se manifeste encore dans la formation d’ensembles économiques logiques, telle l’installation d’un groupe d’activités liées à la caste dominante autour de la Citadelle, ou le développement au sud de Bāb Zuwaïla d’un « complexe » de métiers du cuir, depuis la vente du bétail jusqu’à la sellerie et la cordonnerie, la partie la plus différenciée de cet ensemble (fabrication et vente des chaussures et de tous les objets de cuir) pouvant d’ailleurs survivre au déplacement de certains des éléments de base, rendu nécessaire par la croissance de la ville (marché aux bestiaux, abattoirs, tanneries).

    105Cette organisation « spontanée » de l’espace économique urbain, en dehors de toute coordination, et même de toute intervention, de la part des autorités, était la seule qui fût concevable dans une ville où n’existait aucune institution proprement urbaine : ainsi que nous le verrons plus loin l’autorité de la ḥisba et son domaine d’activité, qui comprenait traditionnellement les questions d’édilité, s’étaient grandement restreints à l’époque ottomane, sans que rien la remplaçât véritablement dans ce secteur particulier. Les gouvernants ne s’intéressaient aux questions d’urbanisme que dans la mesure où ils s’efforçaient de résoudre, au jour le jour, des problèmes (concernant par exemple la voirie) qui, s’ils avaient été totalement négligés, auraient pu être une cause de désordre. Mais ils ne concevaient pas que leur rôle puisse aller plus loin que cette action surtout répressive ; d’une manière générale ils ne considéraient les activités économiques dont Le Caire était le théâtre que comme la source d’une exploitation fructueuse et ne se souciaient nullement de les faciliter et encore moins de les encourager.

    Notes de bas de page

    1 Nous nous référerons aux indications topographiques données dans la Description de l’Égypte (Jomard, Explication du plan, 589-657) de la manière suivante : numéro du toponyme, suivi de la lettre et du chiffre donnant sa position sur le plan du Caire de la Description : par exemple, Ḫān al-Ḫalīlī, 209 I 6. Nos cartes reproduisent le carroyage du plan de la Description.

    2 Voir la carte numéro 3.

    3 Voir par exemple la substitution, en G 6, du Sūq al-Dağğāğīn (marché des volailles) au Sūq al-Tabbānīn wa l-Qammāḥīn (Maqrīzī, II, 96) ; ou, en Κ 6, du Sūq al-Bunduqāniyyīn (alimentation et armes) au Sūq al-Fāmiyyīn (I, 373).

    4 Maqrīzī, II, 51, 95, 119.

    5 Ibn Iyās, IV, 169, 419 ; V, 46-7, 53 (Sūq al-Darīs) ; V, 430 (tabbāna) ; V, 309 (qammāḥīn) ; V, 437 (Mīdān al-Qamḥ, à l’emplacement de Mīdān al-Ġalla dans la Description : près de 71 F 9).

    6 Ruq‘a et raḥba sont les termes qu’on trouve généralement dans la Description. Un document des archives de la Citadelle (VII, 624, 1792) définit ruq‘a comme une vaste place (sāḥa kubrā) destinée à la vente des grains. Ğabartī emploie également le mot ‘arṣa qui a la même acception.

    7 Le même type de localisation se retrouve dans d’autres villes musulmanes : à Damas, par exemple, les marchands de paille et orge s’étaient installés sous la Citadelle où se tenait, comme au Caire, le marché aux chevaux (Sauvaget, Esquisse, 465) ; de même à Antioche c’est au Maïdān (hippodrome) que se trouvait le marché aux grains (Weulersse, Antioche, 72).

    8 Vincennes, Β 6 39, 21 août 1799.

    9 Nous avons vu qu’Ibn Iyās situait là un Sūq al-Darīs. Des documents des archives de Vincennes (B 6 132, 15 février 1801 ; 183, 15 frimaire an VII) signalent un commerce de grains et de paille à Ḥusaïniyya. ‘Alī Pāšā (Ḫiṭaṭ) énumère trois wakāla de Ḥusaïniyya où l’on vendait du fourrage (barsīm et darīs) (II, 5-6).

    10 Ğabartī, III, 332-7, 341, 351 ; IV, 279. Šarqāwī, Miṣr, III, 113-5. A Damas le commerce en gros des légumes et des fruits se trouvait également « sous la Citadelle » où l’attirait la présence du marché aux chevaux (Sauvaget, Esquisse, 465).

    11 Maqrīzī, II, 95.

    12 La vente des fruits secs (naql) constituait une activité qui touchait au commerce international et qu’on étudiera plus loin.

    13 On trouvait dans cette région, au xviiie siècle, des wakāla aux noms évocateurs du commerce des fruits, mais dont l’activité réelle était toute différente : W. al-Līmūn (402 Ε 6) ; W. al-Tīna et W. al-Tuffāḥ (329 et 323 G 5) ; W. al-‘Ağwa (178 I/K 5). Et plus anciennement, près de Bāb al-Naṣr et Bāb al-Futūḥ, la W. al-Baṭṭīḫ qui est mentionnée au début du xviie siècle (Isḥāqī, 256 ; Mar‘ī, 395, à propos d’événements survenus en 1613).

    14 Voir les incidents relatés par Mengin (Histoire de l’Égypte, III, 244-5) et Paton (A History of the Egyptian Revolution, II, 262).

    15 Maqrīzī, II, 45, 110, 136. Ibn Taġrī Birdī, Nuğūm, VII, 176. Ibn Iyās, III, 238. ‘Alī Pāšā, IV, 48.

    16 Tribunal, ‘Ask., v. 66, 422 (1664).

    17 ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, I, 5.

    18 Il existe toute une littérature sur les ma‘mal al-farrūğ où l’on faisait éclore les œufs : voir par exemple de Stochove, Voyage au Levant, 442-3 ; Jouvin de Rochefort, Le Voyageur d’Europe, 54 ; Niebuhr, Voyage, I, 89, 125 ; Girard, Mémoire, 614 ; Jomard, Ville du Kaire, 701, 716 ; Lane, Manners, 317 ; Clot-Bey, Aperçu, II, 305-6. Chaque ma‘mal contenait de 12 à 24 fours et recevait 150 à 200.000 œufs chaque année ; il y en avait une vingtaine au Caire.

    19 Maqrīzī, II, 96. Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 474. Plus anciennement encore, à l’époque des Fatimides, des dağğāğīn et des ka‘akiyyīn exerçaient leur activité en plein centre, près de Bāb al-Zuhūma (en I 6), où ils furent ensuite remplacés par les ḥarīriyyīn (Maqrīzī, I, 374. Ravaisse, op. cit., I, 437).

    20 Vansleb, Nouvelle relation, 125-6.

    21 Niebuhr (Voyage, 89-90) indique sa situation exacte.

    22 Tribunal, ‘Ask., v. 216, 211 (1790).

    23 Evliya Čelebi, X, 366, mentionne 30 bouchers juifs (yehudi kassabi). Voir Samuel Jemsel, Jewish Travellers, 338 : bouchers spéciaux pour les juifs caraïtes.

    24 Evliya Čelebi, X, 366.

    25 Il s’agissait uniquement de moulins mus par la force animale.

    26 ‘Aṭfa al-Ṭāḥūn : 71 N 11, 388 M 8, 203 M 5, 98 Ν 4. Darb al-Ṭāḥūn : 45 G 9, 36 H 9, 238 I 8, 105 I 11, 7 Κ 10.

    27 Maqrīzī, II, 100.

    28 Evliya Čelebi, X, 362, 365. Liste de 1801 : n° 39, fabricants d’huile de sésame ; n° 50, marchands d’huile de saffranom.

    29 La présence de presses à huile de sésame à Bāb al-Ša‘riyya est un fait ancien : elle est attestée dès le début du xve siècle (Van Berchem, Matériaux, Le Caire, 345-6). Au xviiie siècle il y avait dans cette région une rue Baïn al-Sayāriğ (Description : 91 Ε 6, 201 Ε 7).

    30 C’est le cas des six maṭbaḫ mentionnés par la Description (362 Ε 6, 327 G 6, 79 F 6, 38 I 6, 261 M 7, 9 L 9) et de six des sept maṭbaḫ, non cités par la Description, dont nous avons trouvé la trace dans les documents du Maḥkama.

    31 Sur le métier de marchands de irki sus, et sur la fabrication de cette boisson, voir Evliya Čelebi, X, 360. Également Lane, Manners, 155, 331 (erḳ soos) ; Berggren, Guide, 677.

    32 La Description mentionne cinq maṭbaḫ ‘irqī dans cette région : 165 et 173 G 7, 299 Ε 8, 240 I 8, 218 Κ 9 ; un sixième se trouve à l’est de la Qaṣaba, en 401 M 5. Un seul était situé hors de Qāhira (76 R 7/8).

    33 Le « marché de beurre et de fromage » localisé par la Description non loin de Bāb al-Ḫarq (14 L 9) était sans doute un marché de gros où les fallāḥīn apportaient leurs produits.

    34 Evliya Čelebi, X, 361. Chabrol, Essai sur les mœurs, 365, 438. Jomard, Description abrégée, 586.

    35 Descriptions dans Niebuhr (Description, I, 151), Chabrol (Essai sur les mœurs, 365, 438-9), G. de Nerval (Voyage en Orient, I, 245). Voir Clerget, Le Caire, II, 73-4.

    36 De 1679 à 1700 sept successions de qahwağī d’une valeur moyenne de 18.099 paras constants. De 1776 à 1798 sept successions d’une valeur moyenne de 6.459 paras.

    37 Description : « petits cafés », 338 F 5.

    38 Description : « cafés », 249 H 8. Evliya Čelebi mentionne parmi les cafés connus un Babi Š’ariyye Kahvesi, un Sunkuriyye Kahvesi et un Gemamiz Kahvesi (X, 361).

    39 Description : « cafés », 128 Τ 6. De nombreux cafés sont mentionnés dans ce quartier par Evliya Čelebi (X, 361) : Rumeli Meydani Kahvesi ; Sultan Hasan Kahvesi, trois cafés à la Citadelle. Les sources arabes en mentionnent également un certain nombre : Qahwat al-Ašrāf à Rumaïla, cafés sis en face de la caserne des ‘Azab, café près de Sabīl al-Mu’minīn, café al-Zaraba, Qahwa Rīḥān à Ṣalība, etc...

    40 Voir la carte numéro 4.

    41 A l’époque de Maqrīzī, les ṣawwāfīn occupaient une position plus centrale, près de la mosquée al-Mu’ayyad (Maqrīzī, I, 373).

    42 Tribunal, ‘Ask., v. 203, 205 (1778).

    43 Il convient de noter à nouveau que beaucoup de ces opérations avaient lieu dans de petits ateliers ruraux et qu’une bonne partie des filés était apportée de la campagne sur les marchés du Caire (A.N., Alexandrie, Β 1 108, 23 mars 1755).

    44 Jomard, Ville du Kaire, 717.

    45 Description : deux « teintures » (202 Ε 7 et 301 Ε 8), une « teinture » de coton (267 F 8), une « teinture » de soie et coton (77 F 6), une « teinture » d’indigo (90 F 7), la « Masbaghat el-Soultâny » (259 G 8), plus une « teinture » par impression (182 F 7).

    46 Evliya Čelebi, X, 372. Il faut lire « gullah » (tisserands) à la place de « güllab ».

    47 Notons cependant l’existence d’une corporation des qazzāzīn bi-ḫaṭṭ Bāb al-Ša‘riyya. La Description mentionne la présence de tisserands (qazzāzīn) en 152 Ο 8, 172 Ν 9, 208 V 11, 114 S 12, 199 R 12, 19 J 9, 251 Κ 12, 61 Κ 4, 64 S 7, 181 I 11. Et deux « fabriques d’étoffes » : 362 C 6, 363 G 6 (lire D 6).

    48 Maqrīzī, II, 98, 101, 103.

    49 Ibn Iyās, III, 197 ; G. Wiet (traduction, II, 223). Ce sūq prit ensuite le nom de Sūq al-Šarm (Ğabartī, IV, 299 ; Description, 307 Κ 6).

    50 Ibn Iyās, III, 425. G. Wiet (traduction, II, 475) propose de lire Sūq al-Mahāmiza (fabricants d’éperons) plutôt que S. al-Harāmiza qui se trouve dans le texte de Būlāq ; mais un Sūq al-Harāmiza est bien mentionné dans les documents des archives du Tribunal. Voir plus loin.

    51 Fréquemment mentionné dans la chronique d’Ibn Iyās (III, 425 ; V, 300).

    52 Ibn Iyās, III, 299 ; IV, 51 ; V, 233. ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, II, 114. Salmon, Etudes sur la topographie du Caire, 33.

    53 C’est-à-dire les marchés al-Ġūriyya (173 Κ 6), al-Harāmiziyyīn (près de 26 Κ 6), Šarb et Ğamalūn (307 Κ 6), Ḥamzāwī (27 Κ 6/7), Faḥḥāmīn (282 L 6), Ğūdariyya (L 6).

    54 Corporation numéro 93. Le caractère maghrébin du quartier se maintint jusqu’au xixe siècle : voir Wilkinson, Modern Egypt, I, 252 ; ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, III, 38.

    55 Al-Rammāl, 18 a. D’après ce chroniqueur al-Ḥamzāwī avait démoli une maison construite par Ġūrī dans le Bunduqāniyyīn et en avait fait un ḫān pour les tuğğār. Voir ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, III, 34.

    56 Nābulusī, I, 230 a.

    57 Un chiffre permet d’apprécier la puissance des négociants du Ḥamzāwī : lors du pillage des marchés du Caire, en 1815, les gens de ce sūq perdirent plus de 3.000 bourses, ceux du Ġūriyya 180 seulement (Ğabartī, IV, 224).

    58 Parmi une littérature très abondante sur le « Kan Kalil », souvent qualifié de Bezestan, Besestin, Bezistan, on peut citer : Léon l’Africain, Description de l’Afrique, III, 355 ; Brémond, Viaggi, 45-6 (« C’est un très beau monument qui a la forme d’un palais somptueux, tout en marbre fin à trois étages et carré ») ; Davity, Description générale de l’Afrique, 269 ; Thévenot, Relation d’un voyage, 272 ; Le Brun, Voyage au Levant, 213 ; Fermanel, Le Voyage d’Italie et du Levant, 416 ; Dumont, Nouveau Voyage, 306 (Un Besestin « qui n’est ni moins beau, ni moins riche que celui de Constantinople »), etc…

    59 Parmi les marchands de tissus dont nous avons retrouvé les successions pour la période de 1776 à 1798 quatre travaillaient dans ce sūq et leurs successions représentaient 5 % du total.

    60 Soit, entre 1679 et 1700 : 27 marchands sur un total de 60 marchands en tissus (45 %), avec 60 % du total des successions ; et, entre 1776 et 1798, 32 marchands sur 78 (41 %), avec 64 % des fortunes.

    61 Ğabartī, II, 152.

    62 Sur dix qā‘a que nous avons pu localiser d’après les documents des archives du Maḥkama, huit se trouvaient dans Qāhira et deux à Qanṭara Aq Sunqur. La Description place en 336 F 5 le tissage de la soie « koreych », et en 125 I/K. 7 la filature de la soie, donc à l’intérieur de Qāhira.

    63 Maqrīzī, I, 374 ; II, 102 ; traduction Casanova, IV, 74. Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 436.

    64 Des documents du Tribunal situent le Sūq al-Harāmiza « dans le Warrāqīn » (174 Κ 6), au-dessous de la Mosquée al-Ašrafiyya (194 Κ 6).

    65 Cette corporation portait également le nom de corporation de la Tarbī‘a. C’est le numéro 47 de la liste de 1801 : corporation des marchands de soie. Sur 13 ḥarīrī dont nous avons trouvé la succession entre 1776 et 1798, 8 avaient leurs boutiques dans la Tarbī‘a.

    66 Maqrīzī, I, 362 ; Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 439 ; II, 90 η. 1. Les tireurs d’or se trouvaient donc à proximité du Ṣāġa, comme c’était primitivement le cas à Alep (Sauvaget, Alep, 221).

    67 Evliya Čelebi, X, 370. Les métiers des ḥabbākīn et des rassāmīn avaient presque totalement disparu aux xviie et xviiie siècles.

    68 Maqrīzī, II, 98, 103, 105.

    69 Le qāwuq était un bonnet haut, couvert de drap et doublé de coton qu’on enveloppait d’un grand morceau de toile fine (Niebuhr, Voyage, I, 129 ; Chabrol, Essai sur les mœurs, 413 ; Breton, L’Egypte et la Syrie, I, 64).

    70 Ğabartī (I, 100), donne apparemment une place élevée aux qāwuqğiyya dans la hiérarchie des métiers. Les sept qāwuqğī dont nous avons trouvé la succession pour la période 1679-1700 avaient une fortune moyenne de 68.155 paras constants.

    71 Entre 1776 et 1798 nous n’avons trouvé que deux qāwuqğī dont la fortune moyenne est de 3.029 paras seulement, contre sept marchands de ṭarbūš (dont quatre Maghrébins) avec une fortune moyenne de 147.246 paras constants. Le ṭarbūš était un bonnet de drap rouge qu’on plaçait sur la calotte appelée ṭāqiya (Dozy, Noms de vêtements, 251 ; Chabrol, Essai sur les mœurs, 415).

    72 Voir la carte numéro 5.

    73 Comme c’était le cas à Damas par exemple (Sauvaget, Décrets mamelouks, III, 16). Pour la localisation des tanneries à Fès voir Le Tourneau, Fès, 347.

    74 Voir notre article Quartiers de résidence, 61, 72.

    75 ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, III, 63-4.

    76 Tribunal, ‘Ask., v. 49, 47, 2 ḏū l-qa‘da 1073/8 juin 1663 : il s’agit de ‘Alī al-Madābiġī qui avait son domicile dans le Ḫaṭṭ al-Madābiġ al-qadīma, et un entrepôt (ḥāṣil) dans al-madābiġ al-ğadīda, répartition qui laisse supposer que le transfert était encore récent. ‘Alī Pāšā cite une ḥuğğa datée de 1072/1661-2 dans laquelle il est question du Ḫaṭṭ al-Madābiġ al-qadīm (Ḫiṭaṭ, IV, 99).

    77 Evliya Čelebi, X, 373. Description, Explication des planches : XXVI-4, le maroquinier.

    78 Evliya Čelebi, X, 373.

    79 Maqrīzī, I, 373 ; II, 100.

    80 Voir la carte numéro 6.

    81 Dans les wakāla et ḫān de la Qaṣaba travaillaient : entre 1663 et 1700 31,6 % du nombre total des tuğğār (possédant 29,1 % de la fortune totale des tuğğār) ; entre 1701 et 1750 25, 3 % des tuğğār (44, 7 % de la fortune totale des tuğğār) ; entre 1751 et 1798 27,1 % des tuğğār (31, 4 % de la fortune totale).

    82 Nous avons localisé au Ḫān al-Bāšā, entre 1661 et 1798, 14 tuğğār en café (sur un total de 283) ; leurs successions totalisées représentaient 8.971.400 paras constants (sur un total de 196.012.904 paras constants pour l’ensemble des tuğğār pendant cette période).

    83 Voir notre article Aḥmad ibn ‘Abd al-Salām.

    84 Le nom est écrit Dānūšārī dans la Description. Dans les documents des archives du Tribunal nous ne l’avons pas trouvée mentionnée avant 1735. Elle est d’abord appelée ḫān.

    85 Entre 1661 et 1700 26,3 % des tuğğār étudiés travaillaient dans le quartier d’al-Azhar (33,8 % des fortunes) ; ces chiffres passèrent ensuite à 34,4 % et 25,8 %, entre 1701 et 1750 ; et 8,3 % et 2,1 %, entre 1751 et 1798. Entre 1661 et 1798 nous avons localisé au total dans le Ḫān al-Zarākiša 11 tuğğār (total de leurs successions 5.013.658 paras constants) ; et dans le Ḫān al-Maṣbaġa 10 tuğğār (montant total des successions : 7.055.123).

    86 Étaient installés au Ḫān al-Ḫalīlī : de 1661 à 1700 22,8 % des tuğğār (avec 20,2 % du montant total des successions de tuğğār) ; de 1701 à 1750 8,8 % des tuğğār (4,2 % des fortunes) ; de 1751 à 1798 20,8 % des tuğğār (11,3 % des fortunes).

    87 Entre 1661 et 1798 nous avons trouvé dans les documents du Tribunal 11 tuğğār qui exerçaient leur activité dans la wakāla de Ğa‘far Agha (total des successions : 4.799.135 paras constants).

    88 Première mention de la Wakāla Ḏūlfiqār dans les documents du Tribunal en 1683 (‘Arab., v. 61, 74). De 1661 à 1798 nous y avons localisé 14 tuğğār en café (fortune totale 9.011.200 paras constants).

    89 Cette wakāla est datée du xviie-xviiie siècle d’après le Comité (XXXVII, 1933/5, 432 ; XXXVIII, 19). La première mention, dans les documents du Maḥkama que nous avons dépouillés, remonte à 1767 (elle porte le nom de Wakāla de feu Ḥasan Katḫudā) (‘Ask., v. 181, 47).

    90 Cette mosquée porte le numéro de classement 30. ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, II, 74 ; V, 110.

    91 Vincennes, Β 6 50, 14 et 28 août 1800 ; 57, 18 et 26 novembre 1800. Cette maison fut détruite par les Français lorsqu’ils décidèrent de dégager les remparts du Caire.

    92 Maqrīzī, II, 92. D’après Rhoné (L’Égypte à petites journées, 260), le vieux « Khân de Masrour » se trouvait à l’emplacement du Ḫān al-Ḥamīr (sans doute la Wakāla al-Ḥamīr de la Description : 193 Κ 6), donc tout près de l’« Okâlt el-Gellâbeh » de la Description.

    93 Ibn Iyās, IV, 404 ; V, 92. Vraisemblablement à l’endroit où s’éleva ensuite l’« Okâlt el-Gellâbeh el-Soghâyr » qui était située immédiatement au sud du Ḫān al-Ḫalīlī.

    94 Voir les récits des voyageurs : Bremond, Viaggi, 46 ; Thévenot, Relation d’un voyage, 272 ; Jouvin de Rochefort, Le Voyageur, 36 ; Nerval, Voyage en Orient, I, 274-5. Voir surtout : Jomard, Ville du Kaire, 721, 723. Ğabartī, IV, 314.

    95 Ibn Iyās, III, 96.

    96 Maqrīzī, I, 374.

    97 Maqrīzī, II, 104. Ce quartier portait chez Maqrīzī et Ibn Iyās le nom de al-Bunduqāniyyīn, qui est aussi celui que l’on trouve dans Ğabartī. Dans les documents du Maḥkama le mot est orthographié Bunduqiyyīn. Dans la Description on trouve Bunduqaniyā, sans doute pour Bunduqāniyya.

    98 Ğabartī, II, 141, 169 ; IV, 224. Il y avait déjà des ‘aṭṭārīn dans ce secteur au temps de Léon l’Africain (Description de l’Afrique, III, 355).

    99 Jomard, Ville du Kaire, 702. Wilkinson, Modern Egypt, 252.

    100 Voir sur cette localisation centrale Sauvaget, Alep, 120, 220.

    101 Maqrīzī, II, 102. Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 439, 445. Rhoné, L’Egypte à petites journées, 260. Clerget, Le Caire, II, 277-9.

    102 La Description mentionne cependant en 60 Τ 7 des « orfèvres coptes ».

    103 Toutefois l’assertion de Jomard (Ville du Kaire, 724) d’après lequel « les changeurs... sont tous juifs » n’est nullement corroborée par les documents du Maḥkama : de 1776 à 1798 nous n’avons trouvé qu’un ṣarrāf juif contre huit musulmans.

    104 D’après Damurdāšī (104), le changement de dénomination de ‘Aṭfa al-Ṣāġa eut lieu en 1703 au moment de la grande crise monétaire. Voir sur l’activité répréhen-sible des ṣayārifa Ğabartī, II, 178.

    105 Maqrīzī, II, 93 ; ‘Alī Pāšā, II, 70. Dans la liste des monuments classés du Caire où elle porte le numéro 11 (date : 742/1341), elle a retrouvé son nom de wakāla de Qūṣūn ; mais il n’en subsiste plus que la belle porte qui donne sur la rue de Bāb al-Naṣr. Voir Van Berchem, Matériaux, Le Caire, 180-1.

    106 Vincennes, Β 6 134, 174, 12 messidor an IX ; 135, 54, 7 nivôse an IX. Tribunal, ‘Ask., v. 228, 203.

    107 De 1776 à 1798 nous avons trouvé dans les archives du Tribunal les successions de 8 tāğir/marchands de feuilles de tabac et de tabac : sur ce nombre 2 venaient de Syrie (Ṣaïdā et Alep), et 4 de régions de Turquie voisines de la Syrie du Nord, principale exportatrice de tabac, par le port d’Alexandrette, soit 3 de Malatya et 1 de Harput.

    108 Cependant le Ḫān al-Ḫalīlī restait, à la fin du xviiie siècle, le centre principal du commerce en gros du tabac : Bāb al-Zuhūma (236 I 6), situé non loin de là, était le siège d’une corporation de « vendeurs de tabac à fumer en détail » (liste de 1801 n° 135).

    109 Maqrīzī, II, 99 ; I, 373 et 374 ; II, 97 et 102. Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 439.

    110 Jomard, Ville du Kaire, 701-2, 716.

    111 Léon l’Africain, Description de l’Afrique, III, 353.

    112 Ğabartī (IV, 231) mentionne parmi les yemiš (fruits) importés de Turquie : les raisins secs (zabīb), les figues (tīn), les amandes (lawz), les noisettes (bunduq), les noix (ğawz). Et parmi les fruits secs venant de Syrie : les figues sèches comprimées (mulabban), la pâte d’abricot (qamar al-dīn), l’abricot (mišmiš ḥamawī), la pistache (fustuq), le pignon (ṣanawbar).

    113 Essai sur les mœurs, 437.

    114 ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, V, 93. La Description donne à ce sūq le nom traditionnel de Ḫān al-Laban.

    115 Sur l’artisanat du tapis en Égypte à l’époque ottomane voir les voyageurs européens : Thévenot, Voyages, II, 454 ; Jouvin de Rochefort, Le voyageur, 36 ; De la Croix, L’Égypte ancienne et moderne, 79. Et parmi les études modernes : Erdmann, Kairener Teppiche ; Kühnel, Cairene Rugs ; Wiet, Tapis égyptiens.

    116 Maqrīzī, I, 373 ; II, 100. Ibn Iyās, IV, 17, 177, 202 ; V, 132. Salmon, Études sur la topographie du Caire, 112.

    117 Le Mascrier, Description de l’Egypte, II, 193.

    118 Marcel, Contes du Cheykh el-Mohdy, III, 454 : c’est au Ḫān al-Ḫalīlī qu’est le principal commerce « de fripperie, de petite mercerie et de menue quincaillerie ». Marcel va jusqu’à supposer, évidemment à tort, que le mot même de quincaillerie serait une corruption de « Khan Khalyly », et aurait été importé du Levant par Marseille.

    119 Maqrīzī, I, 374 ; Saḫāwī, Ḍaw, II, 216 ; IV, 321, etc. Van Berchem, Matériaux, Le Caire, 354-6. Ibn Iyās, II, 475 ; III, 425.

    120 Jomard, Ville du Kaire, 714. Michaud et Poujoulat, Correspondance d’Orient, VI, 299, 300. Lane, Manners, 214.

    121 Voir la carte numéro 6.

    122 Maqrīzī, I, 373, 374 ; II, 103, 104. ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, II, 26. Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 459.

    123 Voir les Kitāb al-Futuwwa, B.N. 1375, 1376, 1377. Evliya Čelebi, X, 368, 371.

    124 K. tarāğim, 689. Manuscrit Paris 1854, 212 b - 216 b. Zubda, 17 a. Muḫtaṣar, 55 b. Aḥmad Čelebi, 24 b.

    125 Aḥmad Čelebi, 41 b. Mais le quartier des Bārūdiyya, près de Bāb Zuwaïla, garda jusqu’à la fin du xviiie siècle son appellation ancienne.

    126 Aḥmad Čelebi, 95 a.

    127 Ğabartī, II, 141.

    128 Vincennes, Β 6, 9, 15 octobre 1798. Jomard, Ville du Kaire, 713. Ğabartī, IV, 159.

    129 Les 6 bārūdī dont nous avons trouvé la succession au xviiie siècle avaient tous leur boutique à Rumaïla, dans le Sūq al-Bārūdiyya.

    130 Toute la partie du Darb al-Aḥmar située entre Bāb Zuwaïla et la mosquée de Qiğmās (monument n° 114) porte dans la Description le nom de Darb al-Qundaqğiyya (246 Ν 6).

    131 Voir Sauvaget, Décrets mamelouks, I, 13-5 ; Esquisse, 465.

    132 Maqrīzī, I, 364. Clerget, Le Caire, I, 146.

    133 Ibn Iyās, II, 268.

    134 Evliya Čelebi, X, 376. La liste des corporations de 1801 ne mentionne qu’une corporation de « courtiers de chevaux » (n° 256), mais nous savons par ailleurs qu’il y avait au Caire une corporation de dallālīn fī l-ğimāl ou ğammāla du Sūq al-Rumaïla (courtiers en chameaux) (Tribunal, ‘Arab., v. 95, 69).

    135 Rifaud, Tableau de l’Egypte, 76.

    136 Rhoné, L’Egypte à petites journées, 260.

    137 Maqrīzī, I, 374 ; II, 95, 101 ; traduction Casanova, IV, 74. ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, II, 12. Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 476 ; II, 39.

    138 Ibn Iyās, IV, 9 ; V, 132, 154.

    139 Aḥmad Čelebi, 138 b. Pour les différentes formes de tentes utilisées par les Mamelouks voir la planche II de la Description.

    140 Tribunal, ‘Ask., v. 216, 533.

    141 Le marché de Rumaïla était également très fréquenté par les pèlerins avant le départ pour le ḥağğ. Voir Ben Othman, al-‘Ayyāšī, 130-1.

    142 Voir la carte numéro 7.

    143 Niebuhr, Voyage, I, 90. Vincennes, B 6 80, plan, numéro 28.

    144 ‘Alī Pāšā (Ḫiṭaṭ, II, 100) signale que la rue al-Kassāra était habitée par un grand nombre de « fendeurs de bois à brûler » (kassārī l-ḥaṭab).

    145 Ğabartī, IV, 130. Sur les mottes et leur fabrication voir dans la Description, Explication des planches, planche XXVIII-1. Sur « l’odeur insupportable » dégagée : Entraigues, Un Français d’autrefois en Égypte, 280.

    146 Informations détaillées dans Coutelle, Observations sur la topographie de la presqu’île du Sinaï, 277-299. Voir aussi Girard, Mémoire, 621-3, et dans les archives de Vincennes : Mémoires historiques, 526/7, Journal de Detroye, 117 ; B 6 11, 5 décembre 1798 ; B 6 183, Poussielgue, 5 germinal an VIII ; B 6 62, 17 janvier 1801. Également : Doguereau, Journal, 77 ; La Jonquière, L’expédition d’Égypte, III, 443.

    147 Description : Hoch el-O’tay, 297 G 5. Voir Ğabartī, IV, 315. Au xixe siècle encore la région de Bāb al-Futūḥ était un des principaux centres de vente du charbon (‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, II, 7).

    148 Vincennes, Β 6 141, 29 juin 1800.

    149 La succession d’un ğabbās, mort vers 1726, comporte, pour deux moulins à plâtre : quatre chameaux, deux bœufs et huit ânes, et deux bœufs et douze chameaux (Tribunal, ‘Arab., v. 92, 146).

    150 Vincennes, Mémoires historiques, 541, Relation du siège du Caire.

    151 Ibn Abī l-Surūr, 160 b et 163 b.

    152 Niebuhr, Voyage, I, 91 (numéro 38 sur le plan du Caire).

    153 Les Bazars du Caire, 16.

    154 Ğabartī, III, 33.

    155 Ce quartier compte plusieurs toponymes en qawādīs (45 Ν 10) et fawāḫīr (171 N/O 9) dans la Description.

    156 Jomard, Ville du Kaire, 711-2, 721. Girard, Mémoire, 603-5. Description, Explication des planches, XX-1.

    157 Maqrīzī, I, 376 ; II, 102. Cependant ‘Alī Pāšā (Ḫiṭaṭ, III, 24) signale qu’on fabriquait des nattes dans le Marğūš, à la Wakāla al-Ḥuṣur.

    158 Evliya Čelebi, X, 371 : bunlar dahi muattal yerde išlerler. Sur les cordiers voir de Brèves, Relation des voyages, 254-5 ; Description, Explication des planches, XVI-2.

    159 Tribunal, ‘Arab., v. 58, 261.

    160 Voir la carte numéro 8.

    161 Maqrīzī, I, 373 ; II, 104.

    162 Jomard, Ville du Kaire, 709. Vincennes, B 6 193, 4 décembre 1800 : « la voûte qui couvre le quartier Tarterope où là travaillent des charpentiers ».

    163 Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, III, 75-6.

    164 Maqrīzī, II, 102-3. Ğabartī, I, 130, 162 ; II, 106, 115 ; III, 25, 341 ; IV, 105.

    165 Jomard, Ville du Kaire, 709.

    166 Voir par exemple : Coppin, Relation de Voyages, 243 ; Thévenot, Relation d’un Voyage, 272 ; Jomard, Ville du Kaire, 709 ; Lane, Manners, 20-1 ; Clot-Bey, Aperçu, II, 313 ; Nerval, Voyage en Orient, I, 183. Sur leur localisation ancienne : Maqrīzī, II, 100.

    167 En 1703 par exemple, ‘Alī Agha, chargé de remédier à la crise monétaire, ferme le Ṣāġa et donne l’ordre au cheikh des naḥḥāsīn de porter à la Monnaie tout ce qu’ils pourrait acheter de cuivre pour qu’il y soit monnayé (Qīnalī, 41 a).

    168 Description : Okâlt el-Aouend. Mentionnée par D. Russell (Medieval Cairo, 156, 162-3) sous le nom de Wakāla al-Liwāndji.

    169 Peut-être cependant y avait-il des étameurs (mubayyiḍīn al-nuḥās) dans le Ğamāliyya où la Description mentionne « al-Mabyadah », en 269 G 4, et « darb al-Mabyadah », en 292 G 5. La présence de naḥḥāsīn dans Taḥt al-Rab‘ (Description : Wakāla al-Naḥḥāsīn, 28 M 8) est également probable : en 1816 le pacha y créa une fabrique d’ustensiles de cuivre (Ğabartī, IV, 256).

    170 Maqrīzī, I, 373. Le Sūq al-Anmāṭiyyīn était situé en 260 M 6 : le mot al-Māṭiyyīn (écrit al-Maṭi‘īn dans la Description) est peut-être une déformation de anmāṭiyyīn.

    171 Maqrīzī, I, 374 ; II, 103.

    172 Voir nos articles Les porteurs d’eau et Les bains publics.

    173 Voir A. Raymond, Quartiers et mouvements populaires.

    174 Les quartiers de Bāb al-Ša‘riyya et de Bāb Zuwaïla/Qawṣūn étaient d’ailleurs le siège de plusieurs corporations de métiers.

    175 Nous proposons cette estimation en partant de l’hypothèse que la répartition des sabīl (fontaines publiques) et des ḥammām (bains publics) correspondait « en gros » à la répartition de la population. D’après ce que nous savons cette répartition était la suivante vers 1798 :
    Image

    176 Ce schéma a été notamment exposé dans l’article de L. Massignon, Les corps de métiers et la cité islamique (Revue Internationale de Sociologie, septembre 1920, 473-489 ; dans Opera Minora, I, 369-384).

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    1 Nous nous référerons aux indications topographiques données dans la Description de l’Égypte (Jomard, Explication du plan, 589-657) de la manière suivante : numéro du toponyme, suivi de la lettre et du chiffre donnant sa position sur le plan du Caire de la Description : par exemple, Ḫān al-Ḫalīlī, 209 I 6. Nos cartes reproduisent le carroyage du plan de la Description.

    2 Voir la carte numéro 3.

    3 Voir par exemple la substitution, en G 6, du Sūq al-Dağğāğīn (marché des volailles) au Sūq al-Tabbānīn wa l-Qammāḥīn (Maqrīzī, II, 96) ; ou, en Κ 6, du Sūq al-Bunduqāniyyīn (alimentation et armes) au Sūq al-Fāmiyyīn (I, 373).

    4 Maqrīzī, II, 51, 95, 119.

    5 Ibn Iyās, IV, 169, 419 ; V, 46-7, 53 (Sūq al-Darīs) ; V, 430 (tabbāna) ; V, 309 (qammāḥīn) ; V, 437 (Mīdān al-Qamḥ, à l’emplacement de Mīdān al-Ġalla dans la Description : près de 71 F 9).

    6 Ruq‘a et raḥba sont les termes qu’on trouve généralement dans la Description. Un document des archives de la Citadelle (VII, 624, 1792) définit ruq‘a comme une vaste place (sāḥa kubrā) destinée à la vente des grains. Ğabartī emploie également le mot ‘arṣa qui a la même acception.

    7 Le même type de localisation se retrouve dans d’autres villes musulmanes : à Damas, par exemple, les marchands de paille et orge s’étaient installés sous la Citadelle où se tenait, comme au Caire, le marché aux chevaux (Sauvaget, Esquisse, 465) ; de même à Antioche c’est au Maïdān (hippodrome) que se trouvait le marché aux grains (Weulersse, Antioche, 72).

    8 Vincennes, Β 6 39, 21 août 1799.

    9 Nous avons vu qu’Ibn Iyās situait là un Sūq al-Darīs. Des documents des archives de Vincennes (B 6 132, 15 février 1801 ; 183, 15 frimaire an VII) signalent un commerce de grains et de paille à Ḥusaïniyya. ‘Alī Pāšā (Ḫiṭaṭ) énumère trois wakāla de Ḥusaïniyya où l’on vendait du fourrage (barsīm et darīs) (II, 5-6).

    10 Ğabartī, III, 332-7, 341, 351 ; IV, 279. Šarqāwī, Miṣr, III, 113-5. A Damas le commerce en gros des légumes et des fruits se trouvait également « sous la Citadelle » où l’attirait la présence du marché aux chevaux (Sauvaget, Esquisse, 465).

    11 Maqrīzī, II, 95.

    12 La vente des fruits secs (naql) constituait une activité qui touchait au commerce international et qu’on étudiera plus loin.

    13 On trouvait dans cette région, au xviiie siècle, des wakāla aux noms évocateurs du commerce des fruits, mais dont l’activité réelle était toute différente : W. al-Līmūn (402 Ε 6) ; W. al-Tīna et W. al-Tuffāḥ (329 et 323 G 5) ; W. al-‘Ağwa (178 I/K 5). Et plus anciennement, près de Bāb al-Naṣr et Bāb al-Futūḥ, la W. al-Baṭṭīḫ qui est mentionnée au début du xviie siècle (Isḥāqī, 256 ; Mar‘ī, 395, à propos d’événements survenus en 1613).

    14 Voir les incidents relatés par Mengin (Histoire de l’Égypte, III, 244-5) et Paton (A History of the Egyptian Revolution, II, 262).

    15 Maqrīzī, II, 45, 110, 136. Ibn Taġrī Birdī, Nuğūm, VII, 176. Ibn Iyās, III, 238. ‘Alī Pāšā, IV, 48.

    16 Tribunal, ‘Ask., v. 66, 422 (1664).

    17 ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, I, 5.

    18 Il existe toute une littérature sur les ma‘mal al-farrūğ où l’on faisait éclore les œufs : voir par exemple de Stochove, Voyage au Levant, 442-3 ; Jouvin de Rochefort, Le Voyageur d’Europe, 54 ; Niebuhr, Voyage, I, 89, 125 ; Girard, Mémoire, 614 ; Jomard, Ville du Kaire, 701, 716 ; Lane, Manners, 317 ; Clot-Bey, Aperçu, II, 305-6. Chaque ma‘mal contenait de 12 à 24 fours et recevait 150 à 200.000 œufs chaque année ; il y en avait une vingtaine au Caire.

    19 Maqrīzī, II, 96. Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 474. Plus anciennement encore, à l’époque des Fatimides, des dağğāğīn et des ka‘akiyyīn exerçaient leur activité en plein centre, près de Bāb al-Zuhūma (en I 6), où ils furent ensuite remplacés par les ḥarīriyyīn (Maqrīzī, I, 374. Ravaisse, op. cit., I, 437).

    20 Vansleb, Nouvelle relation, 125-6.

    21 Niebuhr (Voyage, 89-90) indique sa situation exacte.

    22 Tribunal, ‘Ask., v. 216, 211 (1790).

    23 Evliya Čelebi, X, 366, mentionne 30 bouchers juifs (yehudi kassabi). Voir Samuel Jemsel, Jewish Travellers, 338 : bouchers spéciaux pour les juifs caraïtes.

    24 Evliya Čelebi, X, 366.

    25 Il s’agissait uniquement de moulins mus par la force animale.

    26 ‘Aṭfa al-Ṭāḥūn : 71 N 11, 388 M 8, 203 M 5, 98 Ν 4. Darb al-Ṭāḥūn : 45 G 9, 36 H 9, 238 I 8, 105 I 11, 7 Κ 10.

    27 Maqrīzī, II, 100.

    28 Evliya Čelebi, X, 362, 365. Liste de 1801 : n° 39, fabricants d’huile de sésame ; n° 50, marchands d’huile de saffranom.

    29 La présence de presses à huile de sésame à Bāb al-Ša‘riyya est un fait ancien : elle est attestée dès le début du xve siècle (Van Berchem, Matériaux, Le Caire, 345-6). Au xviiie siècle il y avait dans cette région une rue Baïn al-Sayāriğ (Description : 91 Ε 6, 201 Ε 7).

    30 C’est le cas des six maṭbaḫ mentionnés par la Description (362 Ε 6, 327 G 6, 79 F 6, 38 I 6, 261 M 7, 9 L 9) et de six des sept maṭbaḫ, non cités par la Description, dont nous avons trouvé la trace dans les documents du Maḥkama.

    31 Sur le métier de marchands de irki sus, et sur la fabrication de cette boisson, voir Evliya Čelebi, X, 360. Également Lane, Manners, 155, 331 (erḳ soos) ; Berggren, Guide, 677.

    32 La Description mentionne cinq maṭbaḫ ‘irqī dans cette région : 165 et 173 G 7, 299 Ε 8, 240 I 8, 218 Κ 9 ; un sixième se trouve à l’est de la Qaṣaba, en 401 M 5. Un seul était situé hors de Qāhira (76 R 7/8).

    33 Le « marché de beurre et de fromage » localisé par la Description non loin de Bāb al-Ḫarq (14 L 9) était sans doute un marché de gros où les fallāḥīn apportaient leurs produits.

    34 Evliya Čelebi, X, 361. Chabrol, Essai sur les mœurs, 365, 438. Jomard, Description abrégée, 586.

    35 Descriptions dans Niebuhr (Description, I, 151), Chabrol (Essai sur les mœurs, 365, 438-9), G. de Nerval (Voyage en Orient, I, 245). Voir Clerget, Le Caire, II, 73-4.

    36 De 1679 à 1700 sept successions de qahwağī d’une valeur moyenne de 18.099 paras constants. De 1776 à 1798 sept successions d’une valeur moyenne de 6.459 paras.

    37 Description : « petits cafés », 338 F 5.

    38 Description : « cafés », 249 H 8. Evliya Čelebi mentionne parmi les cafés connus un Babi Š’ariyye Kahvesi, un Sunkuriyye Kahvesi et un Gemamiz Kahvesi (X, 361).

    39 Description : « cafés », 128 Τ 6. De nombreux cafés sont mentionnés dans ce quartier par Evliya Čelebi (X, 361) : Rumeli Meydani Kahvesi ; Sultan Hasan Kahvesi, trois cafés à la Citadelle. Les sources arabes en mentionnent également un certain nombre : Qahwat al-Ašrāf à Rumaïla, cafés sis en face de la caserne des ‘Azab, café près de Sabīl al-Mu’minīn, café al-Zaraba, Qahwa Rīḥān à Ṣalība, etc...

    40 Voir la carte numéro 4.

    41 A l’époque de Maqrīzī, les ṣawwāfīn occupaient une position plus centrale, près de la mosquée al-Mu’ayyad (Maqrīzī, I, 373).

    42 Tribunal, ‘Ask., v. 203, 205 (1778).

    43 Il convient de noter à nouveau que beaucoup de ces opérations avaient lieu dans de petits ateliers ruraux et qu’une bonne partie des filés était apportée de la campagne sur les marchés du Caire (A.N., Alexandrie, Β 1 108, 23 mars 1755).

    44 Jomard, Ville du Kaire, 717.

    45 Description : deux « teintures » (202 Ε 7 et 301 Ε 8), une « teinture » de coton (267 F 8), une « teinture » de soie et coton (77 F 6), une « teinture » d’indigo (90 F 7), la « Masbaghat el-Soultâny » (259 G 8), plus une « teinture » par impression (182 F 7).

    46 Evliya Čelebi, X, 372. Il faut lire « gullah » (tisserands) à la place de « güllab ».

    47 Notons cependant l’existence d’une corporation des qazzāzīn bi-ḫaṭṭ Bāb al-Ša‘riyya. La Description mentionne la présence de tisserands (qazzāzīn) en 152 Ο 8, 172 Ν 9, 208 V 11, 114 S 12, 199 R 12, 19 J 9, 251 Κ 12, 61 Κ 4, 64 S 7, 181 I 11. Et deux « fabriques d’étoffes » : 362 C 6, 363 G 6 (lire D 6).

    48 Maqrīzī, II, 98, 101, 103.

    49 Ibn Iyās, III, 197 ; G. Wiet (traduction, II, 223). Ce sūq prit ensuite le nom de Sūq al-Šarm (Ğabartī, IV, 299 ; Description, 307 Κ 6).

    50 Ibn Iyās, III, 425. G. Wiet (traduction, II, 475) propose de lire Sūq al-Mahāmiza (fabricants d’éperons) plutôt que S. al-Harāmiza qui se trouve dans le texte de Būlāq ; mais un Sūq al-Harāmiza est bien mentionné dans les documents des archives du Tribunal. Voir plus loin.

    51 Fréquemment mentionné dans la chronique d’Ibn Iyās (III, 425 ; V, 300).

    52 Ibn Iyās, III, 299 ; IV, 51 ; V, 233. ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, II, 114. Salmon, Etudes sur la topographie du Caire, 33.

    53 C’est-à-dire les marchés al-Ġūriyya (173 Κ 6), al-Harāmiziyyīn (près de 26 Κ 6), Šarb et Ğamalūn (307 Κ 6), Ḥamzāwī (27 Κ 6/7), Faḥḥāmīn (282 L 6), Ğūdariyya (L 6).

    54 Corporation numéro 93. Le caractère maghrébin du quartier se maintint jusqu’au xixe siècle : voir Wilkinson, Modern Egypt, I, 252 ; ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, III, 38.

    55 Al-Rammāl, 18 a. D’après ce chroniqueur al-Ḥamzāwī avait démoli une maison construite par Ġūrī dans le Bunduqāniyyīn et en avait fait un ḫān pour les tuğğār. Voir ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, III, 34.

    56 Nābulusī, I, 230 a.

    57 Un chiffre permet d’apprécier la puissance des négociants du Ḥamzāwī : lors du pillage des marchés du Caire, en 1815, les gens de ce sūq perdirent plus de 3.000 bourses, ceux du Ġūriyya 180 seulement (Ğabartī, IV, 224).

    58 Parmi une littérature très abondante sur le « Kan Kalil », souvent qualifié de Bezestan, Besestin, Bezistan, on peut citer : Léon l’Africain, Description de l’Afrique, III, 355 ; Brémond, Viaggi, 45-6 (« C’est un très beau monument qui a la forme d’un palais somptueux, tout en marbre fin à trois étages et carré ») ; Davity, Description générale de l’Afrique, 269 ; Thévenot, Relation d’un voyage, 272 ; Le Brun, Voyage au Levant, 213 ; Fermanel, Le Voyage d’Italie et du Levant, 416 ; Dumont, Nouveau Voyage, 306 (Un Besestin « qui n’est ni moins beau, ni moins riche que celui de Constantinople »), etc…

    59 Parmi les marchands de tissus dont nous avons retrouvé les successions pour la période de 1776 à 1798 quatre travaillaient dans ce sūq et leurs successions représentaient 5 % du total.

    60 Soit, entre 1679 et 1700 : 27 marchands sur un total de 60 marchands en tissus (45 %), avec 60 % du total des successions ; et, entre 1776 et 1798, 32 marchands sur 78 (41 %), avec 64 % des fortunes.

    61 Ğabartī, II, 152.

    62 Sur dix qā‘a que nous avons pu localiser d’après les documents des archives du Maḥkama, huit se trouvaient dans Qāhira et deux à Qanṭara Aq Sunqur. La Description place en 336 F 5 le tissage de la soie « koreych », et en 125 I/K. 7 la filature de la soie, donc à l’intérieur de Qāhira.

    63 Maqrīzī, I, 374 ; II, 102 ; traduction Casanova, IV, 74. Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 436.

    64 Des documents du Tribunal situent le Sūq al-Harāmiza « dans le Warrāqīn » (174 Κ 6), au-dessous de la Mosquée al-Ašrafiyya (194 Κ 6).

    65 Cette corporation portait également le nom de corporation de la Tarbī‘a. C’est le numéro 47 de la liste de 1801 : corporation des marchands de soie. Sur 13 ḥarīrī dont nous avons trouvé la succession entre 1776 et 1798, 8 avaient leurs boutiques dans la Tarbī‘a.

    66 Maqrīzī, I, 362 ; Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 439 ; II, 90 η. 1. Les tireurs d’or se trouvaient donc à proximité du Ṣāġa, comme c’était primitivement le cas à Alep (Sauvaget, Alep, 221).

    67 Evliya Čelebi, X, 370. Les métiers des ḥabbākīn et des rassāmīn avaient presque totalement disparu aux xviie et xviiie siècles.

    68 Maqrīzī, II, 98, 103, 105.

    69 Le qāwuq était un bonnet haut, couvert de drap et doublé de coton qu’on enveloppait d’un grand morceau de toile fine (Niebuhr, Voyage, I, 129 ; Chabrol, Essai sur les mœurs, 413 ; Breton, L’Egypte et la Syrie, I, 64).

    70 Ğabartī (I, 100), donne apparemment une place élevée aux qāwuqğiyya dans la hiérarchie des métiers. Les sept qāwuqğī dont nous avons trouvé la succession pour la période 1679-1700 avaient une fortune moyenne de 68.155 paras constants.

    71 Entre 1776 et 1798 nous n’avons trouvé que deux qāwuqğī dont la fortune moyenne est de 3.029 paras seulement, contre sept marchands de ṭarbūš (dont quatre Maghrébins) avec une fortune moyenne de 147.246 paras constants. Le ṭarbūš était un bonnet de drap rouge qu’on plaçait sur la calotte appelée ṭāqiya (Dozy, Noms de vêtements, 251 ; Chabrol, Essai sur les mœurs, 415).

    72 Voir la carte numéro 5.

    73 Comme c’était le cas à Damas par exemple (Sauvaget, Décrets mamelouks, III, 16). Pour la localisation des tanneries à Fès voir Le Tourneau, Fès, 347.

    74 Voir notre article Quartiers de résidence, 61, 72.

    75 ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, III, 63-4.

    76 Tribunal, ‘Ask., v. 49, 47, 2 ḏū l-qa‘da 1073/8 juin 1663 : il s’agit de ‘Alī al-Madābiġī qui avait son domicile dans le Ḫaṭṭ al-Madābiġ al-qadīma, et un entrepôt (ḥāṣil) dans al-madābiġ al-ğadīda, répartition qui laisse supposer que le transfert était encore récent. ‘Alī Pāšā cite une ḥuğğa datée de 1072/1661-2 dans laquelle il est question du Ḫaṭṭ al-Madābiġ al-qadīm (Ḫiṭaṭ, IV, 99).

    77 Evliya Čelebi, X, 373. Description, Explication des planches : XXVI-4, le maroquinier.

    78 Evliya Čelebi, X, 373.

    79 Maqrīzī, I, 373 ; II, 100.

    80 Voir la carte numéro 6.

    81 Dans les wakāla et ḫān de la Qaṣaba travaillaient : entre 1663 et 1700 31,6 % du nombre total des tuğğār (possédant 29,1 % de la fortune totale des tuğğār) ; entre 1701 et 1750 25, 3 % des tuğğār (44, 7 % de la fortune totale des tuğğār) ; entre 1751 et 1798 27,1 % des tuğğār (31, 4 % de la fortune totale).

    82 Nous avons localisé au Ḫān al-Bāšā, entre 1661 et 1798, 14 tuğğār en café (sur un total de 283) ; leurs successions totalisées représentaient 8.971.400 paras constants (sur un total de 196.012.904 paras constants pour l’ensemble des tuğğār pendant cette période).

    83 Voir notre article Aḥmad ibn ‘Abd al-Salām.

    84 Le nom est écrit Dānūšārī dans la Description. Dans les documents des archives du Tribunal nous ne l’avons pas trouvée mentionnée avant 1735. Elle est d’abord appelée ḫān.

    85 Entre 1661 et 1700 26,3 % des tuğğār étudiés travaillaient dans le quartier d’al-Azhar (33,8 % des fortunes) ; ces chiffres passèrent ensuite à 34,4 % et 25,8 %, entre 1701 et 1750 ; et 8,3 % et 2,1 %, entre 1751 et 1798. Entre 1661 et 1798 nous avons localisé au total dans le Ḫān al-Zarākiša 11 tuğğār (total de leurs successions 5.013.658 paras constants) ; et dans le Ḫān al-Maṣbaġa 10 tuğğār (montant total des successions : 7.055.123).

    86 Étaient installés au Ḫān al-Ḫalīlī : de 1661 à 1700 22,8 % des tuğğār (avec 20,2 % du montant total des successions de tuğğār) ; de 1701 à 1750 8,8 % des tuğğār (4,2 % des fortunes) ; de 1751 à 1798 20,8 % des tuğğār (11,3 % des fortunes).

    87 Entre 1661 et 1798 nous avons trouvé dans les documents du Tribunal 11 tuğğār qui exerçaient leur activité dans la wakāla de Ğa‘far Agha (total des successions : 4.799.135 paras constants).

    88 Première mention de la Wakāla Ḏūlfiqār dans les documents du Tribunal en 1683 (‘Arab., v. 61, 74). De 1661 à 1798 nous y avons localisé 14 tuğğār en café (fortune totale 9.011.200 paras constants).

    89 Cette wakāla est datée du xviie-xviiie siècle d’après le Comité (XXXVII, 1933/5, 432 ; XXXVIII, 19). La première mention, dans les documents du Maḥkama que nous avons dépouillés, remonte à 1767 (elle porte le nom de Wakāla de feu Ḥasan Katḫudā) (‘Ask., v. 181, 47).

    90 Cette mosquée porte le numéro de classement 30. ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, II, 74 ; V, 110.

    91 Vincennes, Β 6 50, 14 et 28 août 1800 ; 57, 18 et 26 novembre 1800. Cette maison fut détruite par les Français lorsqu’ils décidèrent de dégager les remparts du Caire.

    92 Maqrīzī, II, 92. D’après Rhoné (L’Égypte à petites journées, 260), le vieux « Khân de Masrour » se trouvait à l’emplacement du Ḫān al-Ḥamīr (sans doute la Wakāla al-Ḥamīr de la Description : 193 Κ 6), donc tout près de l’« Okâlt el-Gellâbeh » de la Description.

    93 Ibn Iyās, IV, 404 ; V, 92. Vraisemblablement à l’endroit où s’éleva ensuite l’« Okâlt el-Gellâbeh el-Soghâyr » qui était située immédiatement au sud du Ḫān al-Ḫalīlī.

    94 Voir les récits des voyageurs : Bremond, Viaggi, 46 ; Thévenot, Relation d’un voyage, 272 ; Jouvin de Rochefort, Le Voyageur, 36 ; Nerval, Voyage en Orient, I, 274-5. Voir surtout : Jomard, Ville du Kaire, 721, 723. Ğabartī, IV, 314.

    95 Ibn Iyās, III, 96.

    96 Maqrīzī, I, 374.

    97 Maqrīzī, II, 104. Ce quartier portait chez Maqrīzī et Ibn Iyās le nom de al-Bunduqāniyyīn, qui est aussi celui que l’on trouve dans Ğabartī. Dans les documents du Maḥkama le mot est orthographié Bunduqiyyīn. Dans la Description on trouve Bunduqaniyā, sans doute pour Bunduqāniyya.

    98 Ğabartī, II, 141, 169 ; IV, 224. Il y avait déjà des ‘aṭṭārīn dans ce secteur au temps de Léon l’Africain (Description de l’Afrique, III, 355).

    99 Jomard, Ville du Kaire, 702. Wilkinson, Modern Egypt, 252.

    100 Voir sur cette localisation centrale Sauvaget, Alep, 120, 220.

    101 Maqrīzī, II, 102. Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 439, 445. Rhoné, L’Egypte à petites journées, 260. Clerget, Le Caire, II, 277-9.

    102 La Description mentionne cependant en 60 Τ 7 des « orfèvres coptes ».

    103 Toutefois l’assertion de Jomard (Ville du Kaire, 724) d’après lequel « les changeurs... sont tous juifs » n’est nullement corroborée par les documents du Maḥkama : de 1776 à 1798 nous n’avons trouvé qu’un ṣarrāf juif contre huit musulmans.

    104 D’après Damurdāšī (104), le changement de dénomination de ‘Aṭfa al-Ṣāġa eut lieu en 1703 au moment de la grande crise monétaire. Voir sur l’activité répréhen-sible des ṣayārifa Ğabartī, II, 178.

    105 Maqrīzī, II, 93 ; ‘Alī Pāšā, II, 70. Dans la liste des monuments classés du Caire où elle porte le numéro 11 (date : 742/1341), elle a retrouvé son nom de wakāla de Qūṣūn ; mais il n’en subsiste plus que la belle porte qui donne sur la rue de Bāb al-Naṣr. Voir Van Berchem, Matériaux, Le Caire, 180-1.

    106 Vincennes, Β 6 134, 174, 12 messidor an IX ; 135, 54, 7 nivôse an IX. Tribunal, ‘Ask., v. 228, 203.

    107 De 1776 à 1798 nous avons trouvé dans les archives du Tribunal les successions de 8 tāğir/marchands de feuilles de tabac et de tabac : sur ce nombre 2 venaient de Syrie (Ṣaïdā et Alep), et 4 de régions de Turquie voisines de la Syrie du Nord, principale exportatrice de tabac, par le port d’Alexandrette, soit 3 de Malatya et 1 de Harput.

    108 Cependant le Ḫān al-Ḫalīlī restait, à la fin du xviiie siècle, le centre principal du commerce en gros du tabac : Bāb al-Zuhūma (236 I 6), situé non loin de là, était le siège d’une corporation de « vendeurs de tabac à fumer en détail » (liste de 1801 n° 135).

    109 Maqrīzī, II, 99 ; I, 373 et 374 ; II, 97 et 102. Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 439.

    110 Jomard, Ville du Kaire, 701-2, 716.

    111 Léon l’Africain, Description de l’Afrique, III, 353.

    112 Ğabartī (IV, 231) mentionne parmi les yemiš (fruits) importés de Turquie : les raisins secs (zabīb), les figues (tīn), les amandes (lawz), les noisettes (bunduq), les noix (ğawz). Et parmi les fruits secs venant de Syrie : les figues sèches comprimées (mulabban), la pâte d’abricot (qamar al-dīn), l’abricot (mišmiš ḥamawī), la pistache (fustuq), le pignon (ṣanawbar).

    113 Essai sur les mœurs, 437.

    114 ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, V, 93. La Description donne à ce sūq le nom traditionnel de Ḫān al-Laban.

    115 Sur l’artisanat du tapis en Égypte à l’époque ottomane voir les voyageurs européens : Thévenot, Voyages, II, 454 ; Jouvin de Rochefort, Le voyageur, 36 ; De la Croix, L’Égypte ancienne et moderne, 79. Et parmi les études modernes : Erdmann, Kairener Teppiche ; Kühnel, Cairene Rugs ; Wiet, Tapis égyptiens.

    116 Maqrīzī, I, 373 ; II, 100. Ibn Iyās, IV, 17, 177, 202 ; V, 132. Salmon, Études sur la topographie du Caire, 112.

    117 Le Mascrier, Description de l’Egypte, II, 193.

    118 Marcel, Contes du Cheykh el-Mohdy, III, 454 : c’est au Ḫān al-Ḫalīlī qu’est le principal commerce « de fripperie, de petite mercerie et de menue quincaillerie ». Marcel va jusqu’à supposer, évidemment à tort, que le mot même de quincaillerie serait une corruption de « Khan Khalyly », et aurait été importé du Levant par Marseille.

    119 Maqrīzī, I, 374 ; Saḫāwī, Ḍaw, II, 216 ; IV, 321, etc. Van Berchem, Matériaux, Le Caire, 354-6. Ibn Iyās, II, 475 ; III, 425.

    120 Jomard, Ville du Kaire, 714. Michaud et Poujoulat, Correspondance d’Orient, VI, 299, 300. Lane, Manners, 214.

    121 Voir la carte numéro 6.

    122 Maqrīzī, I, 373, 374 ; II, 103, 104. ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, II, 26. Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 459.

    123 Voir les Kitāb al-Futuwwa, B.N. 1375, 1376, 1377. Evliya Čelebi, X, 368, 371.

    124 K. tarāğim, 689. Manuscrit Paris 1854, 212 b - 216 b. Zubda, 17 a. Muḫtaṣar, 55 b. Aḥmad Čelebi, 24 b.

    125 Aḥmad Čelebi, 41 b. Mais le quartier des Bārūdiyya, près de Bāb Zuwaïla, garda jusqu’à la fin du xviiie siècle son appellation ancienne.

    126 Aḥmad Čelebi, 95 a.

    127 Ğabartī, II, 141.

    128 Vincennes, Β 6, 9, 15 octobre 1798. Jomard, Ville du Kaire, 713. Ğabartī, IV, 159.

    129 Les 6 bārūdī dont nous avons trouvé la succession au xviiie siècle avaient tous leur boutique à Rumaïla, dans le Sūq al-Bārūdiyya.

    130 Toute la partie du Darb al-Aḥmar située entre Bāb Zuwaïla et la mosquée de Qiğmās (monument n° 114) porte dans la Description le nom de Darb al-Qundaqğiyya (246 Ν 6).

    131 Voir Sauvaget, Décrets mamelouks, I, 13-5 ; Esquisse, 465.

    132 Maqrīzī, I, 364. Clerget, Le Caire, I, 146.

    133 Ibn Iyās, II, 268.

    134 Evliya Čelebi, X, 376. La liste des corporations de 1801 ne mentionne qu’une corporation de « courtiers de chevaux » (n° 256), mais nous savons par ailleurs qu’il y avait au Caire une corporation de dallālīn fī l-ğimāl ou ğammāla du Sūq al-Rumaïla (courtiers en chameaux) (Tribunal, ‘Arab., v. 95, 69).

    135 Rifaud, Tableau de l’Egypte, 76.

    136 Rhoné, L’Egypte à petites journées, 260.

    137 Maqrīzī, I, 374 ; II, 95, 101 ; traduction Casanova, IV, 74. ‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, II, 12. Ravaisse, Essai sur l’histoire, I, 476 ; II, 39.

    138 Ibn Iyās, IV, 9 ; V, 132, 154.

    139 Aḥmad Čelebi, 138 b. Pour les différentes formes de tentes utilisées par les Mamelouks voir la planche II de la Description.

    140 Tribunal, ‘Ask., v. 216, 533.

    141 Le marché de Rumaïla était également très fréquenté par les pèlerins avant le départ pour le ḥağğ. Voir Ben Othman, al-‘Ayyāšī, 130-1.

    142 Voir la carte numéro 7.

    143 Niebuhr, Voyage, I, 90. Vincennes, B 6 80, plan, numéro 28.

    144 ‘Alī Pāšā (Ḫiṭaṭ, II, 100) signale que la rue al-Kassāra était habitée par un grand nombre de « fendeurs de bois à brûler » (kassārī l-ḥaṭab).

    145 Ğabartī, IV, 130. Sur les mottes et leur fabrication voir dans la Description, Explication des planches, planche XXVIII-1. Sur « l’odeur insupportable » dégagée : Entraigues, Un Français d’autrefois en Égypte, 280.

    146 Informations détaillées dans Coutelle, Observations sur la topographie de la presqu’île du Sinaï, 277-299. Voir aussi Girard, Mémoire, 621-3, et dans les archives de Vincennes : Mémoires historiques, 526/7, Journal de Detroye, 117 ; B 6 11, 5 décembre 1798 ; B 6 183, Poussielgue, 5 germinal an VIII ; B 6 62, 17 janvier 1801. Également : Doguereau, Journal, 77 ; La Jonquière, L’expédition d’Égypte, III, 443.

    147 Description : Hoch el-O’tay, 297 G 5. Voir Ğabartī, IV, 315. Au xixe siècle encore la région de Bāb al-Futūḥ était un des principaux centres de vente du charbon (‘Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, II, 7).

    148 Vincennes, Β 6 141, 29 juin 1800.

    149 La succession d’un ğabbās, mort vers 1726, comporte, pour deux moulins à plâtre : quatre chameaux, deux bœufs et huit ânes, et deux bœufs et douze chameaux (Tribunal, ‘Arab., v. 92, 146).

    150 Vincennes, Mémoires historiques, 541, Relation du siège du Caire.

    151 Ibn Abī l-Surūr, 160 b et 163 b.

    152 Niebuhr, Voyage, I, 91 (numéro 38 sur le plan du Caire).

    153 Les Bazars du Caire, 16.

    154 Ğabartī, III, 33.

    155 Ce quartier compte plusieurs toponymes en qawādīs (45 Ν 10) et fawāḫīr (171 N/O 9) dans la Description.

    156 Jomard, Ville du Kaire, 711-2, 721. Girard, Mémoire, 603-5. Description, Explication des planches, XX-1.

    157 Maqrīzī, I, 376 ; II, 102. Cependant ‘Alī Pāšā (Ḫiṭaṭ, III, 24) signale qu’on fabriquait des nattes dans le Marğūš, à la Wakāla al-Ḥuṣur.

    158 Evliya Čelebi, X, 371 : bunlar dahi muattal yerde išlerler. Sur les cordiers voir de Brèves, Relation des voyages, 254-5 ; Description, Explication des planches, XVI-2.

    159 Tribunal, ‘Arab., v. 58, 261.

    160 Voir la carte numéro 8.

    161 Maqrīzī, I, 373 ; II, 104.

    162 Jomard, Ville du Kaire, 709. Vincennes, B 6 193, 4 décembre 1800 : « la voûte qui couvre le quartier Tarterope où là travaillent des charpentiers ».

    163 Alī Pāšā, Ḫiṭaṭ, III, 75-6.

    164 Maqrīzī, II, 102-3. Ğabartī, I, 130, 162 ; II, 106, 115 ; III, 25, 341 ; IV, 105.

    165 Jomard, Ville du Kaire, 709.

    166 Voir par exemple : Coppin, Relation de Voyages, 243 ; Thévenot, Relation d’un Voyage, 272 ; Jomard, Ville du Kaire, 709 ; Lane, Manners, 20-1 ; Clot-Bey, Aperçu, II, 313 ; Nerval, Voyage en Orient, I, 183. Sur leur localisation ancienne : Maqrīzī, II, 100.

    167 En 1703 par exemple, ‘Alī Agha, chargé de remédier à la crise monétaire, ferme le Ṣāġa et donne l’ordre au cheikh des naḥḥāsīn de porter à la Monnaie tout ce qu’ils pourrait acheter de cuivre pour qu’il y soit monnayé (Qīnalī, 41 a).

    168 Description : Okâlt el-Aouend. Mentionnée par D. Russell (Medieval Cairo, 156, 162-3) sous le nom de Wakāla al-Liwāndji.

    169 Peut-être cependant y avait-il des étameurs (mubayyiḍīn al-nuḥās) dans le Ğamāliyya où la Description mentionne « al-Mabyadah », en 269 G 4, et « darb al-Mabyadah », en 292 G 5. La présence de naḥḥāsīn dans Taḥt al-Rab‘ (Description : Wakāla al-Naḥḥāsīn, 28 M 8) est également probable : en 1816 le pacha y créa une fabrique d’ustensiles de cuivre (Ğabartī, IV, 256).

    170 Maqrīzī, I, 373. Le Sūq al-Anmāṭiyyīn était situé en 260 M 6 : le mot al-Māṭiyyīn (écrit al-Maṭi‘īn dans la Description) est peut-être une déformation de anmāṭiyyīn.

    171 Maqrīzī, I, 374 ; II, 103.

    172 Voir nos articles Les porteurs d’eau et Les bains publics.

    173 Voir A. Raymond, Quartiers et mouvements populaires.

    174 Les quartiers de Bāb al-Ša‘riyya et de Bāb Zuwaïla/Qawṣūn étaient d’ailleurs le siège de plusieurs corporations de métiers.

    175 Nous proposons cette estimation en partant de l’hypothèse que la répartition des sabīl (fontaines publiques) et des ḥammām (bains publics) correspondait « en gros » à la répartition de la population. D’après ce que nous savons cette répartition était la suivante vers 1798 :
    Image

    176 Ce schéma a été notamment exposé dans l’article de L. Massignon, Les corps de métiers et la cité islamique (Revue Internationale de Sociologie, septembre 1920, 473-489 ; dans Opera Minora, I, 369-384).

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