Antonin Jaussen (1871-1962) parcours biographique d’un religieux
Antonin Jaussen (1871-1962): Biographical Itinerary of a A Man of Religion
p. 13-22
Résumés
Quelques étapes de l’itinéraire religieux d’Antonin Jaussen sont explicités, depuis son arrivée à l’âge de dix-neuf ans à Jérusalem, jusqu’à son départ pour Le Caire à l’âge de cinquante-sept ans. Insistant sur sa formation à Jérusalem, cet article se base largement sur les archives inédites du couvent dominicain Saint-Etienne à Jérusalem. La phase de la maturité de Jaussen est plus connue, mais une analyse de la bibliographie demeure un bon révélateur du parcours intellectuel.
Some steps of the religious itinerary of A. Jaussen are retraced here, from his arrival in Jerusalem, at the age of nineteen, until his departure to Cairo, at the age of fifty seven. Concentrating mainly on his training in Jerusalem, this contribution draws on the unpublished archives of the dominican convent in Jerusalem. Jaussen’s mature years are better documented, but a study of Jaussen’s bibliography yields information about his intellectual background.
Texte intégral
1Joseph-Marie Jaussen (en religion, fr. Antonin) est né à Brison, commune de Sanilhac, dans l’Ardèche, le 27 mai 1871. Il fit ses études secondaires à Poitiers dans un collège religieux appelé « école apostolique » et tenu par des dominicains. De là, il alla directement au noviciat, ayant choisi fort tôt d’entrer dans les ordres. Examinons les étapes de sa première formation.
LES DÉBUTS
2Le frère Antonin Jaussen arrive à Jérusalem le 1er juillet 1890 pour y poursuivre ses études de jeune religieux dominicain (Montagnes, 1995 :51). Il a dix-neuf ans et est séminariste, soit, dans le vocabulaire dominicain actuel, « frère étudiant ». C’est sa troisième année de religieux ; il ne vient pas à Jérusalem pour y faire son noviciat simple, première étape de la vie religieuse, mais arrive à Jérusalem ayant été novice en France, et même, pendant un an, étudiant scolastique. Sa province dominicaine est celle de Lyon, ou Occitanie, dans la dénomination dominicaine de l’époque1. Pour la province de Lyon, le noviciat simple (soit, la toute première année de vie religieuse) se faisait, du fait des expulsions des ordres religieux hors de France, au couvent de Rijckholt (Pays-Bas), de même que le début des études. Jaussen avait achevé son noviciat simple le 8 septembre 1889, date de sa profession, c’est-à-dire de ses premiers vœux. Il avait commencé le noviciat une année auparavant, à l’âge de dix-sept ans. De septembre 1889 à l’arrivée à Jérusalem, s’écoule l’année scolaire 1889-1890, qui est pour Jaussen, toujours à Rijckholt, la première année d’étude comme jeune religieux. Elle sera comptée comme « seconde année de philosophie », l’année de philosophie de la classe terminale du secondaire, celle du baccalauréat en philosophie, comptant comme première année de philosophie scolastique. Grâce à ce subterfuge – compter la Terminale comme année valide pour les études ecclésiastiques – Jaussen gagne une année. Cela explique ce qui suit : à Jérusalem, il sera immédiatement « en théologie », puisque deux années de philosophie aux Pays-Bas sont suffisantes. En incise, je doute personnellement que ce séjour aux Pays-Bas ait pu marquer Jaussen, par la découverte d’un pays étranger, comme première expérience d’expatriation, comme découverte d’une langue et de mœurs différentes de celles de son Ardèche natale : nous savons que ces couvents du temps des expulsions étaient de petits morceaux de France, où on ne parlait que le français, et que les jeunes religieux étaient très sévèrement formés, d’une manière stricte et austère, monastique. Le contact avec la Hollande a dû être quasi inexistant pour un novice enfermé derrière la clôture. Tout au plus peut-on deviner que cela constituera une transition d’ordre psychologique pour la relation à sa famille : lorsque Jaussen arrive à Jérusalem, ses parents l’avaient déjà « perdu » depuis deux ans accomplis et lui, de même.
3Jaussen arrive au couvent Saint-Étienne de Jérusalem pour y croiser le P. Lagrange, qui achevait son tout premier séjour, long de quatre mois, au cours duquel il s’était convaincu du bien-fondé du projet d’une École pratique d’Études bibliques dominicaine à Jérusalem. Lagrange repart mi-juillet, et ne sera là que pour la rentrée. Le contexte de cette venue prématurée de Jaussen en Orient – normalement, un religieux est envoyé en « pays de mission » après toutes ses études et une fois ordonné prêtre – est le même que pour toute sa génération de condisciples. La loi à propos du service militaire de trois ans permettait à tout jeune en âge d’aller sous les drapeaux d’en être dispensé pour peu qu’il réside dix ans à l’étranger2. Les supérieurs religieux, désireux sans doute d’éviter au jeune qui sortait du noviciat le contact de la caserne, préféraient envoyer leurs séminaristes en pays de mission. Du coup, cela obligeait les maisons d’accueil à se transformer en maisons d’enseignement philosophique et théologique, ce qu’elles n’étaient pas pour la plupart. Nous reparlerons de cet infléchissement des programmes d’études de l’École vers un minimum sérieux de théologie, de droit canonique, d’histoire de l’Église, etc., disciplines nécessaires, en plus de l’Écriture sainte, à la formation des prêtres. Sur le plan matériel, on peut rappeler que Jaussen fait partie de la première génération de l’École, celle des pionniers, dont les débuts nous paraissent quasi-héroïques, étant donnée la précarité des installations. Le jeune homme arrive dans un couvent qui n’est pas encore construit, dont les locaux provisoires sont l’ancien abattoir turc aménagé par le P. Matthieu Lecomte, fondateur de Saint-Étienne. Exiguïté des locaux – les frères convers logeaient en dortoir – manque de bibliothèque, et surtout, manque d’argent. Tout cela rendait la vie quotidienne à Saint-Étienne dans ces premiers temps fort difficile. Mais il est clair que les jeunes la supportaient avec enthousiasme. Sur le plan académique, les débuts furent tout aussi difficiles, par le manque de personnel enseignant qualifié. Mais tous firent corps, et l’extraordinaire allant du P. Lagrange allait imprimer sa dynamique à l’École balbutiante.
4Le statut religieux de Jaussen en 1890 est le suivant : les jeunes religieux, après leur noviciat dit simple – celui de la toute première année – étaient appelés novices profès, de la profession, ou vœux, de trois ans. Ainsi, les archives de Saint-Étienne mentionnent Jaussen et ses condisciples sous la rubrique « novices profès ». Ils logeaient dans le petit bâtiment appelé noviciat. Ces frères profès demeuraient quatre années sous la juridiction spirituelle d’un maître des novices3 En 1890, ils sont quatre étudiants dominicains de la Province de Lyon. A ce noyau du couvent, s’ajoute un externe, un jeune assomptioniste de Notre-Dame de France. Le P. Lagrange écrit en 1891 : « C’est un triste horizon que quatre jeunes gens trop jeunes pour suivre les questions bibliques... » ; il poursuit : « ...Ce que je désirerais surtout, ce seraient des étudiants de l’Ordre déjà à demi formés pour la théologie, qui pourraient se donner aux langues... » (Montagnes, 1995 : 50-51). De fait, le fondateur n’est pas tellement intéressé à faire de l’École un institut de théologie, mais plutôt l’École pratique d’Études bibliques qu’il a prévue, sur le modèle de l’École pratique des Hautes Études de Paris. Le souci de l’acquisition des langues orientales est caractéristique du fondateur. L’avenir lui donnera malgré tout raison : ce trop jeune Jaussen se mettra à la théologie, certes, mais aussi aux langues, et il sera un excellent élève de l’École, comme les notes obtenues le montrent, et plus probante, sa carrière intellectuelle, si fructueuse.
5Le cursus des études reste modeste la première année, mais s’étoffera4. Il est clair que le plus brillant professeur du jeune Jaussen, c’est Lagrange en personne. Or, si ce dernier a toutes les qualifications canoniques pour enseigner la théologie, cette matière n’est pas sa spécialité, celle sur laquelle il investit. Je veux suggérer que la formation proprement philosophique et théologique de la génération de Jaussen, Vincent, Abel, Savignac,... fut un peu bâclée en comparaison des domaines bibliques, linguistiques et archéologiques. J’insiste sur ce non-dit de la formation première de la génération de Jaussen : ces jeunes gens n’ont pas eu le parcours de qualité qu’ils auraient eu en France en philosophie et en théologie. Si Jaussen a su admirablement développer ses qualités personnelles, en particulier dans le domaine de l’ethnologie, c’est pour une bonne part en autodidacte. Le programme des cours des toutes premières années et le registre des examens le montrent : les domaines étudiés nous éclairent sur la formation intellectuelle du tout jeune Jaussen.
6Première année (1890-1891) : Jaussen a 19 ans. Il est le meilleur élève avec une note de 16/20 (les autres, 15, 14 et 12/20) ; l’examen portait pour lui sur les « Lieux théologiques » (sorte d’introduction générale), l’Écriture sainte, l’hébreu et l’arabe5. Ainsi, dès son arrivée à Jérusalem, Jaussen est mis par le P. Lagrange à l’étude des langues sémitiques.
7Deuxième année (1891-1892) : les jeunes dominicains sont maintenant sept, dont le jeune Hugues Vincent, qui fit une si brillante carrière à l’École. Les deux meilleurs élèves seront dorénavant, Jaussen en général en premier, et Vincent en second. Ils obtiennent 22/25, les matières étant, pour Jaussen, théologie, histoire de l’Église, Écriture sainte, archéologie et géographie bibliques, hébreu et arabe. Au second semestre 1892, Jaussen obtient 20/20, le P. Vincent étant second, avec 17/20.
8Troisième année (1892-1893) : Jaussen et Vincent obtiennent 23/25. Les matières sont les mêmes ; s’y ajoute l’allemand, après deux ans d’hébreu et d’arabe. Cette troisième année voit l’École bien fournie : six étudiants dominicains et dix-huit assomptionnistes. Au deuxième semestre 1893, Jaussen obtient 23/25, Vincent 22/25.
9Quatrième année (1893-1894) : le jeune fr. Raphaël Savignac arrive à Jérusalem. Toujours en tête, Jaussen et Vincent obtiennent 17/20. Le groupe des étudiants dominicains se diversifie, puisque des étudiants nettement plus âgés et déjà prêtres viennent achever leurs études à Jérusalem. Au second semestre, Jaussen obtient, avec Vincent, 24/25. Jaussen et Vincent n’ont plus que la théologie et la géographie biblique comme matières. Les langues ne sont plus précisées, malheureusement. Si l’arabe est arrêté, pour Jaussen, nous devons conclure qu’il aura eu trois ans et demi d’arabe. Il passe un dernier examen d’hébreu l’année suivante, ce qui donnerait en tout quatre ans et demi pour cette langue.
10Cinquième année (1894-1895) : en tout, il y a vingt-neuf étudiants (huit dominicains, quatorze assomptionnistes et sept d’autres appartenances). C’est l’année où Jaussen achève l’essentiel de ses études théologiques et est ordonné prêtre (1894). Il suit des cours de théologie thomiste, d’Écriture sainte et d’hébreu. Il obtient 28/30, Vincent n’ayant que 22/30. Au second semestre, en 1895, il obtient de nouveau la meilleure note des huit dominicains, 23/25. Ses matières sont : théologie thomiste, Écriture sainte, géographie biblique, et, pour la première fois, araméen. Jaussen, jeune prêtre, se prépare à être à son tour professeur6.
11Sixième année (1895-1896) : Jaussen suit encore un cours de théologie thomiste, d’exégèse et d’araméen. Il passe son examen final de théologie, dit « lectorat », le 28 mai 1896. Il peut dorénavant enseigner. Ses études institutionnelles s’achèvent.
12Jaussen professeur : la septième année de l’École (1896-1897) il enseigne dès le premier semestre, à l’âge de 25 ans. Ses matières : exégèse de l’Ancien Testament et hébreu7. En 1898- 1899, l’enseignement de Jaussen se modifie. On lui confie la théologie dogmatique thomiste, l’arabe et l’araméen. C’est donc son premier cours d’arabe, à l’âge de 27 ans... Il transmet la charge de l’hébreu au P. Vincent8. Une curiosité pour nous : Jaussen enseigne, en 1900-1901, le traité de Saint Thomas d’Aquin intitulé De Deo Uno ; en 1902 et 1903, le De Deo Creatore, De Angelis, De Homine, De Ultimo Fine. Ces mêmes années, il enseigne aussi le prophète Isaïe, Job, les petits Prophètes ; pour ce qui est des langues, il cède l’araméen à Savignac, mais conserve l’arabe, le sabéen, et introduit la grammaire sémitique comparée en 1903-1904.
13La chronique du couvent a été tenue de manière irrégulière ; malgré tout, elle nous est fort précieuse. Ce registre commence en 1884, avant la fondation de l’École, et se poursuit pour les années qui nous intéressent, celles de la formation de Jaussen, à partir de 1892 (une interruption fâcheuse couvrant les débuts de l’École, 1890-1891). J’en extrait des passages mentionnant Jaussen, dans leur style ecclésiastique, non dénué d’humour. Je suivrai l’ordre chronologique. Au-delà de l’aspect indubitablement anecdotique de ces informations inédites, se devine entre les lignes, une ambiance humaine, intellectuelle et religieuse authentiquement saisie.
« Le 23 février 1892, nos étudiants ayant subi les examens font tous ensemble une course au Jourdain et à la mer Morte, conduits par le R.P Vicaire et le P. Séjourné. Le R.P. Germer et les étudiants de l’Assomption font partie de la caravane. L’excursion est de trois jours ».
« Le 7 mars 1892, nous donnons une grande solennité à notre fête de Saint Thomas d’Aquin. Ce jour-là, à quatre heures, les étudiants de Saint-Sauveur et ceux de Sainte-Anne se réunissent aux nôtres dans la grande salle des conférences artistement (sic) décorée pour la circonstance. Nombre de religieux et de prêtres y sont présents. Après un panégyrique fort remarquable de Saint Thomas prononcé par le R.P. Lagrange, on entend une pièce de vers en arabe d’un étudiant franciscain à la louange du grand docteur. Puis le fr. Antonin [Jaussen] de nos étudiants soutient une thèse sur l’Unité de l’Église. Un Père franciscain argumente brillamment contre lui. Un frère assomptionniste lit une pièce de vers français sur les Franciscains et les Dominicains en Terre Sainte au xiiie siècle. Un novice dominicain en lit une troisième sur les Derniers moments de Saint Thomas. La cérémonie est close par la bénédiction du T.S. Sacrement. Il nous revient du dehors que cette séance a produit une excellente impression ». La même fête, l’année suivante en 1893 :
« Le jour de Saint Thomas, le P. Zanechia, Maître en Théologie, chante la grand-messe. A cause de l’absence du R.P. Prieur et d’un grand nombre de religieux, la séance de théologie [...] est ajournée au dimanche de la passion, le 19 mars. – Toutes les communautés religieuses d’hommes et le Patriarcat y sont représentées [...]. Un scolastique franciscain prélude par une pièce de vers en italien sur Saint Thomas – puis le fr. Hugues Vincent lit une dissertation française sur Saint Thomas, envisagé comme philosophe surtout, dans son enseignement sur la composition des corps – puis une pièce de vers d’un étudiant assomptionniste. Vient après, une thèse soutenue contradictoirement entre notre fr. Antonin Jaussen, aidé du R.P. Zanechia, et un étudiant franciscain. Le sujet de la thèse est l’existence de Dieu prouvée par la nécessité d’un premier moteur. La séance est terminée par une pièce de vers lue par le P. Paul Meunier sur Une distraction de Saint Thomas à la table de St Louis ». 1895 :
« ...notre fête de Saint Thomas est célébrée comme l’année précédente. Le R.P. Azzopardi, Régent, est ad officium et chante la grand-messe. Le soir précédent, élèves et lecteurs étaient allés en corps lui faire leurs souhaits de fête. Le jour de la fête, à trois heures de l’après-midi, a lieu comme à l’ordinaire une séance académique coupée par trois duos de violon et orgue exécutés, aux applaudissements de toute l’assistance, par deux religieux franciscains. Le P. Doumeth débute par une pièce de vers en arabe. Le P. Régent lit une fort savante dissertation en latin sur les mérites exceptionnels du grand Saint Thomas. Le morceau, clair, bien débité, pas trop long, est très applaudi. Le P. Rhétoré lit une pièce de vers en syriaque sur le Cordon de Saint Thomas, en ayant soin de donner la traduction française après chaque strophe. Cette composition a un grand succès. Puis, vient une thèse sur les Causes de l’Incarnation, d’après Saint Thomas, soutenue par le fr. Hugues Vincent et combattue par le frère Antonin Jaussen – argumentation brillante et bien conduite de part et d’autre. Deux pièces de vers français fort bien tournées, lues et chantées par des frères novices des assomptionnistes, terminent la séance. »
« Les Pères Paul Meunier, Séjourné et Antonin Jaussen partent pour la France, vers le milieu de juillet pour y faire un séjour de deux mois très utile à leur santé et aux affaires de Saint-Étienne. Retour : 5 octobre 1895 ».
Jaussen étant jeune prêtre :
« 4 février 1896 : voyage au Sinaï : P. Lagrange entreprend le voyage du Sinaï avec nos cinq élèves ecclésiastiques, trois de nos Pères étudiants, les Pères Mac Mahon, Hugues Vincent et Antonin Jaussen. M. le Comte de Piellat s’adjoint à eux, et ils trouvent au Caire M. le Capitaine de Grand maison officier français qui, de retour du Tonkin, projetait un pèlerinage à Jérusalem et nous avait demandé le logement. »
« Le lendemain 5 août 1896, nos novices accompagnés du Père Antonin Jaussen, sous-Maître, partent pour prendre quelques jours de vacances au monastère des Carmes du Mont Carmel à Caïffa. Ils prennent la voie de terre par Naplouse et visitent sur leur route les lieux saints de Samarie, Nazareth et le Mont Thabor. Ils sont partout reçus avec une aimable hospitalité, surtout au Mont Thabor dont le Père président est le R.P Marcel bien connu de nos Pères, religieux qui nous fut toujours très sympathique – et ils arrivent sans incidents fâcheux au Carmel où ils trouvent l’accueil le plus cordial. »
« Les prédications de la station d’Avent sont partagées entre le P. Rhétoré, le P. Antonin Jaussen, qui prêche pour la première fois dans notre chapelle et le P. Hugues Vincent, qui donne de son côté son premier sermon le deuxième dimanche et le R.P. Delau, professeur de philosophie, qui clôture la station. »
« Au premier janvier 1910, le couvent compte vingt et un religieux de chœur et sept frères convers. Il a à sa tête comme prieur le T.R.P. Maître frère Marie-Joseph Lagrange de la province de Toulouse et comme sous-prieur le T.R.P. fr. M. Raymond Créchet, de la province de France. Le collège théologique a pour modérateurs le R.P. Bachelier fr. Antonin Jaussen, de la province d’Occitanie, régent des études, et le R.P.M. Raphaël Savignac, de la province de Toulouse, pro-maître. Le premier enseigne les langues arabe et sabéenne, le second la géographie de la Terre sainte et la langue araméenne. Le T.R.P. Prieur fait le cours de Nouveau Testament (exégèse et introduction). Le R.P. Dhorme enseigne l’Ancien Testament et est en même temps professeur d’assyrien et d’archéologie orientale. Le R.P. Abel est professeur de topographie. »
LA MATURITÉ
14Le P. Lagrange écrivait lors de son tout premier contact avec la Palestine un projet pour sa nouvelle école, dont voici une phrase significative : « Nos exégètes et nos apologistes n’hésitent pas à faire le voyage de Terre sainte, pour étudier cet Orient qui change si peu et élucider ces questions de géographie et d’histoire qui touchent de si près à la foi. Mais un voyage est insuffisant pour acquérir une connaissance approfondie des lieux, des langues, des usages, et jusqu’à présent aucune institution stable n’a répondu à un désir qui souvent a été exprimé »9 [souligné par nous]. Lorsque Jaussen arrive à sa maturité, il pourra s’essayer à remplir cette partie du programme de son maître. En effet, en cette fin du xixe siècle, l’immuabilité relative de l’Orient est une idée sous-jacente dans l’orientalisme européen ; d’où, pour des biblistes, le postulat que l’étude de l’Orient contemporain est une matière noble, de premier choix, pour Pélucidation des textes sacrés. Lagrange va jusqu’à préciser que l’étude des usages contemporains est à mettre au même plan que l’étude des langues et des lieux. Cette conviction du fondateur de l’École est certainement une pièce maîtresse dans l’élaboration de la dimension ethnographique de l’œuvre de Jaussen.
15Avant de commenter quelques éléments de la bibliographie de Jaussen, prenons comme point de référence un épisode bien documenté de sa maturité, à Noël 1908 : la croisière sur la mer Morte10. Jaussen est alors régent, c’est-à-dire directeur de l’École biblique. Il est professeur d’archéologie orientale et de langue arabe et sabéenne. A l’époque de la croisière, l’École compte dix étudiants religieux dominicains, sept abbés, un laïc (de Namur), huit bénédictins. Les professeurs sont huit dominicains. A la croisière, se joignent des invités laïcs, comme le comte de Piellat. Cette croisière est une initiative originale de Jaussen : il en est le moteur principal, ce qui illustre bien son dynamisme. A cette époque, il a trente-sept ans et est déjà engagé dans son grand œuvre, l’exploration du nord de l’Arabie. Une aquarelle du comte de Piellat, demeurée à l’École biblique, est un relevé pris sur le vif de l’intérieur de la cabine du bateau. Elle est dédiée « au cheick (sic) Antoun », surnom affectueux de Jaussen à l’École. Il est un sheikh, un chef bédouin11.
16C’est ce chef qui dirige le binôme formé avec Savignac lors des trois célèbres expéditions épigraphiques en Arabie du nord. Il ne s’agit pas de reprendre ce qui est bien connu... Je rappelle les dates, dans un souci biographique : 1907, 1909 et 1910. Lorsqu’ils partent ainsi à l’aventure, Jaussen a trente-six ans, et Savignac trente-trois. Ils sont au mieux de leur forme physique et intellectuelle. Les résultats sont là, appréciés de tous les spécialistes (Tarragon, 1990). Dans l’intervalle serré de ces expéditions en Arabie, Jaussen achève sa grande enquête ethnographique qui aboutit au célèbre Coutumes des Arabes au pays de Moab.
17La bibliographie des articles de Jaussen (voir à la fin de cet ouvrage) suit les thèmes de ses recherches menant aux livres proprement dits, lesquels ne sont pas si nombreux qu’on ne puisse en suivre la genèse d’ébauches en ébauches. Les grands thèmes sont au nombre de trois : l’épigraphie sémitique, la géographie biblique et les coutumes arabes. Le choix de ses coauteurs confirme cette ligne : Vincent, Abel et Savignac sont tous trois épigraphistes et sémitisants.
18En 1927, il publie son ouvrage sur Naplouse. Sur le plan biographique, notons un changement progressif du rythme de vie de Jaussen. Il a cinquante-sept ans, est physiquement devenu gros, fort, costaud certes, mais sans doute fatigable, et il renonce aux grandes expéditions de sa jeunesse. Son enseignement à l’École devient plus sporadique, du fait de ses absences : on découvre qu’il est souvent à Naplouse, chez les Sœurs, dont il est aumônier. Ce sont évidemment ces séjours prolongés sur place qui lui ont permis de rédiger cette description de la ville. Le sujet était réputé ardu. Le P. Abel, rendant compte de Naplouse dans la Revue biblique, écrit : « [il s’agit] [...] de la vie intime de la population la plus fermée et la plus hostile à l’étranger qui soit en Palestine... ». Il poursuit : « ...l’observateur a réussi à pénétrer ce qu’il y a encore de plus secret dans ce monde caché, [...] la vie privée, domestique et sociale de la femme » (1928 : 476)12. Le ton d’Abel est aussi sévère que celui de la préface de Jaussen. Abel écrit encore : « ...combien sont éloignés de notre façon de voir et de vivre, des gens qu’on croirait normaux [...]. Pour un grand nombre, cet ouvrage sera une révélation ». Abel note que l’ouvrage est « oriental dans sa forme comme par le fond ».
LE DÉPART DE JÉRUSALEM ET LA RETRAITE
19Nous n’avons guère de documents à Jérusalem sur la dernière partie de la longue vie si active de Jaussen, celle qui concerne l’Égypte. Toute l’histoire de la fondation du couvent dominicain du Caire à laquelle il participe reste à documenter.
20Dans une lettre assez tragique, émouvante, de 1920, Lagrange écrit au provincial de Paris : « Le moment est venu de penser à une nouvelle équipe. Le P. Jaussen est conquis au ministère. Dans ce couvent, jadis si nombreux, nous ne sommes que six professeurs à l’École biblique. Dans quatre ou cinq ans, mort, maladie, découragement, l’École aura cessé de pouvoir fonctionner »13 Quel est le contexte ? Bien sûr, le retour difficile après la Grande Guerre, le manque de ressources financières, les suspicions de Rome contre Lagrange et son œuvre d’exégèse novatrice, l’âge (il a soixante-cinq ans)... Étrange est la remarque de Lagrange sur Jaussen, conquis au ministère... Je la comprends ainsi : Jaussen n’est plus vraiment du corps professoral, il est passé du côté, légitime certes dans un couvent, des « Pères de ministère », ceux qui s’adonnent à la prédication, aux contacts, etc. Cette image d’un Jaussen plus proche d’un curé de paroisse que d’un professeur aux Hautes Études, que cache-t-elle ? Pour Lagrange, c’est sans doute une déception cachée, qui nous fait comprendre comment il acceptera si aisément que Jaussen parte définitivement au Caire : il n’était déjà plus de l’équipe primitive, dont il fut pourtant un si fidèle compagnon. Demeurent Vincent, Abel, Savignac, Dhorme... Que fait Jaussen dans les années vingt ? En fait, d’après le registre scolaire, il continue à enseigner14, mais bien moins qu’avant la Grande Guerre. Dès la fin de 1927, son enseignement s’interrompt, puisque le départ pour Le Caire se précise. Le P. Marmadji prend le relais pour l’arabe et le syriaque. Ces années vingt ont été, rappelons-le, celles où Jaussen s’est dévoué notamment aux Sœurs de Saint-Joseph à Naplouse, y rédigeant certes le livre que nous avons évoqué, mais aussi s’absentant de facto beaucoup de Jérusalem. Entré dans la cinquantaine, Jaussen connaît-il une certaine lassitude face au travail exclusif de recherche, avec ses heures d’enfermement en bibliothèque ? Il semble qu’arrivé à cet âge, il ait éprouvé le besoin de plus de contacts humains, de voir du monde, laïcs et laïques. Un infime détail vaut-il la peine d’être noté ? Après la Grande Guerre, Jaussen change légèrement sa signature, réintroduisant son prénom laïc, adjoint toutefois à son prénom religieux : la bibliographie montre qu’à partir des années vingt, il signe : « J.-A. Jaussen », que je lis comme Joseph-Antonin.
21Jaussen quitte Jérusalem pour la nouvelle fondation du Caire, maison filiale de Saint- Etienne de Jérusalem, en 1928 ; il a cinquante-sept ans. La construction prendra cinq ans. L’idée de cette fondation remonte à quelques années plus tôt. Une lettre du P. Lagrange, dès 1921, l’atteste. Jaussen fait alors un voyage en France et rencontre le provincial de Paris, auquel Lagrange recommande le projet du Caire que Jaussen doit défendre de vive voix15. Lagrange écrit : « ...comment ne pas vous dire tout ce que j’attends et espère de vous dans l’intérêt de la pénétration de notre Ordre en Égypte ? Les circonstances ont tout à fait l’apparence d’être une préparation providentielle. On nous demande, on nous appelle ». A l’occasion de cette lettre, nous pouvons évoquer un point de la préhistoire de la fondation du couvent du Caire : Lagrange poursuit — toujours fin 1921 – : « Jadis, j’ai fait une tentative qui a échoué ». Le baron Empain fut l’instigateur de cette tentative en proposant, vers 1910-1911, un terrain à Héliopolis (Lagrange, 1967 : 193-4 ; Montagnes, 1989 : 302-5). En 1921, le dominicain que Lagrange propose pour Le Caire n’est pas Jaussen mais le P. Nasse, comme la même lettre le précise. Lagrange poursuit : « Il saute aux yeux que deux maisons, l’une en Égypte, l’autre en Palestine, devraient s’appuyer l’une sur l’autre, ou que la maison de Jérusalem pourrait être un foyer pour les débuts d’un apostolat en Égypte ». Cette dernière phrase caractérise la fondation du Caire : dans l’esprit de Lagrange, ce projet est « apostolique », dans la lignée de la mission générale des dominicains, à savoir l’apostolat polyvalent (prédications, certes, mais aussi publications, conférences, cercles d’études, etc.). Le Caire n’est pas fondé comme une doublure de l’École de Jérusalem, bien que Lagrange ait songé à une vocation plus spécifiquement intellectuelle pour ce nouveau couvent, mais à réaliser dans un second temps16. En 1928, lorsque Jaussen se rend sur place pour réaliser le projet, il y va non pas tant comme « savant », ancien professeur de l’École, mais comme « Père de ministère », prêtre doué pour l’apostolat, les contacts, la diffusion de la Parole de Dieu, ainsi que le notait le P. Lagrange en 1920, et comme le confirme en 1963 le P. Georges Anawati : Jaussen était un homme du dialogue œcuménique avant la lettre17.
22En 1932, Jaussen reçoit l’aide du P. M.-D. Boulanger18, venu depuis Fribourg retrouver son ancien condisciple. Devenu ensuite le Supérieur de la Maison dominicaine du Caire, le P. Boulanger en est considéré comme le cofondateur par la tradition propre au Caire (Anawati, 1959 : 522-3). Or, le P. Boulanger était essentiellement un homme apostolique, et non un universitaire, un chercheur. Cela nous confirme dans l’impression de cette différence d’orientation entre l’École biblique et la maison du Caire, en leurs débuts respectifs.
23En septembre 1959, Jaussen se retire en France pour des soins. Il passe deux ans à Levallois-Perret, puis, en 1961, se rend dans le Gard, à Jonquières-Saint-Vincent, chez les sœurs de la congrégation des dominicaines du Saint-Sacrement. C’est là qu’il meurt, le 29 avril 1962, à l’âge de quatre-vingt-onze ans. On le savait malade depuis deux ans19.
24La même année, meurt Louis Massignon...
Bibliographie
BIBLIOGRAPHIE
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Montagnes B. (1996), Positio — Documents réunis en vue du procès de béatification du P. M.-J. Lagrange (pro-manuscripto).
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Tarragon de J.-M. (1990), « Ethnographie », in Vesco J.-L. (sous la dir. de), L’Ancien Testament. Cent ans d’exégèse à l’École biblique, Paris, Gabalda, p. 19-44.
Tarragon de J.-M. (1994), « La photothèque de l’École biblique... », in Itinéraires bibliques. Photographies de la collection de l’École..., Paris, Institut du Monde Arabe/Douchy, Centre Régional de la photographie, p. 7-13.
Tarragon de J.-M. (sous la dir.) (1997), « Avant-propos », in Périple de la mer Morte en hiver, 28 décembre 1908-7 janvier 1909, Jérusalem, École Biblique, p. 11-14
Et documents inédits, consultés aux archives du couvent Saint-Étienne de Jérusalem : chronique conventuelle et registre scolaire des débuts de l’École biblique.
Notes de bas de page
1 Le provincial de Lyon venait de changer : le P. Ambroise Laboré succède au P. Ceslas Ruby. Le Maître de l’Ordre était Larroca, qui meurt dans l’année 1890 et, après un intérim tenu justement par le Provincial de Lyon, le Maître sera A. Frühwirth.
2 Une lettre du P. Lagrange, du 30 avril 1920, rappelle l’importance de ce contexte ; le fondateur écrit : « ...Je n’aurais jamais osé entreprendre cette œuvre si la loi militaire n’avait contraint les provinciaux à expatrier leurs novices. C’est à cette loi que l’École doit son existence... » ; Archives dominicaines de Paris ; communication du P. B. Montagnes.
3 En 1890, un certain P. Cyprien Florisonne, qui ne resta guère à Jérusalem. Pour 1892, c’est un des professeurs ordinaires, le P. Barnabe Augier, qui est maître des novices.
4 Je reste personnellement perplexe sur l’équilibre entre philosophie scolastique, ou théologie, et les études orientalistes dans ces toutes premières années de Saint-Etienne. Il apparaît que la théologie n’était pas bien représentée dans le cursus, du moins pour l’idée que nous nous faisons de la solidité, du poids, de ces années de théologie imposées traditionnellement aux dominicains. A cette époque, il fallait huit ans d’études, deux de philosophie, et six de théologie, ces dernières divisées en deux années préparatoires, les « prolégomènes », qu’ils appelaient les « lieux théologiques », et quatre années de thomisme et d’Écriture sainte.
5 Les professeurs sont alors : en théologie, le P. Marquet ; en Écritures saintes, Lagrange et Séjourné ; en hébreu, Lagrange ; en grec, Séjourné ; en arabe, le P. Doumeth.
6 À la rentrée 1894, le maître de l’Ordre avait érigé l’École biblique en « studium formel », ou « collège théologique », ce qui revient à mettre au bout de quatre ans la jeune institution sur le même plan que les collèges et universités de l’Ordre dominicain. Cela autorise la collation des grades universitaires, y compris le doctorat en théologie, et ce non seulement pour les étudiants dominicains, mais aussi pour ceux des autres congrégations et pour les prêtres séculiers. Le premier régent de ce collège universitaire est le P. Alphonse Azzopardi.
7 L’arabe, le syriaque et l’araméen sont donnés par le P. Rhétoré. Le P. Doumeth est assistant pour l’arabe.
8 Ces changements, étonnants pour nous, sont dus aux modifications de la composition du corps professoral, certains professeurs étant rappelés en métropole. Il devient nécessaire pour le petit noyau des permanents d’assurer le minimum canonique pour que l’institution puisse fonctionner. Ainsi, Jaussen est amené à enseigner la dogmatique.
9 Lettre au P. Larroca, Maître de l’Ordre, écrite de Jérusalem, le 2 avril 1890 ; Archives de l’Ordre, Rome ; cf. Positio, 1996, p. 55-56.
10 Cf. dans cet ouvrage la contribution de R. Escande. Consulter également les publications originelles par F.-M. Abel, d’abord les cinq articles dans la Revue biblique, « Mélanges. Une croisière... », 1909, p. 213-242, 386-411, 592-605 & 1910, p. 92-112, 217-233. Puis, la monographie, plus complète, Une croisière autour de la mer Morte, Paris : Gabalda, 1911. S’y ajoute maintenant le livre de photographies sur la croisière que l’École vient de publier, autour du texte inédit d’un élève contemporain et d’extraits du P. Abel, Périple à la mer Morte, 28 décembre 1908- janvier 1909, sous la direction de J.-M. de Tarragon, O.P., Jérusalem, 1997
11 J’ai déjà émis l’hypothèse que ce surnom est probablement un décalque de celui, célèbre, de l’explorateur suisse, J.L. Burckhardt, inventeur de Petra, qui était devenu « sheikh Ibrahim » : Jaussen, nouveau Burckhardt... Cela a pu effleurer l’humour de ses compagnons (Tarragon, 1990 : 20, n. 3).
12 À ce propos, les photos des dames de Naplouse prises par Jaussen, – toutes n’étant pas publiées dans le livre, mais demeurant dans notre collection – semblent bien indiquer de la part du dominicain un penchant pour le beau sexe...
13 Lettre du 30 avril 1920. La phrase suivante exprime une autre angoisse de Lagrange : « C’est le moment qu’attendent les Pères de la Compagnie de Jésus ».
14 L’arabe uniquement : en 1920, 1921 (seulement au deuxième semestre), 1922 ; de 1923 à 1926, il y ajoute l’introduction aux Prophètes et les coutumes arabes ; en 1926 et 1927, il ajoute l’éthiopien et le himyarite.
15 Lettre de Lagrange du 3 septembre 1921 au P. Raymond Louis (communication du P. B. Montagnes).
16 Lagrange écrit en 1911 : « ...Le Caire étant la capitale intellectuelle de l’Islam... il y aurait un intérêt considérable à y posséder un établissement d’études religieuses supérieures... » (Montagnes, 1989 : 304).
17 « Animé d’un idéal magnanime,... [Jaussen] désirait engager, sur les sommets, au plan des idées et des doctrines, des échanges fraternels et fructueux entre savants appartenant à diverses religions et diverses cultures. », MIDÉO (Mélanges de l’Institut dominicain d’Études orientales, Le Caire) n° 7, 1962-1963, « Chronique de l’IDÉO », p. 406.
18 Né en 1885, il fit son noviciat et ses études à Saint-Étienne de Jérusalem, dans les années 1904-1911. Il y fut ordonné prêtre en 1909. Ainsi, il vécut avec Jaussen à Jérusalem, avant de le seconder en Égypte. Il mourut en juin 1961.
19 Cf. la nécrologie dans « Chronique de l’IDÉO », MIDÉO n° 7, 1962-1963, p. 405-6. Jaussen est inhumé dans la commune de Ville Vieille (Gard), où il avait des neveux.
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