Chapitre IV. Œuvres de la quatrième période (65/685 - 132/750)
p. 155-207
Texte intégral
A - A PROPOS D'AL-MUḪTĀR
161- ‘Abd Allāh b. Hammam al-Salūlī
1‘Abd Allāh b. Hammam al-Salūlī al-Kūfī des Banū Murr h Ṣa'ṣa'a, mort après 96/715, est rangé par Ibn Šahrāšūb (Ma‘ālim, p. 152) parmi les Šu‘arā’ ahl al-bayt al-muttaqīn. Il s'était attaché aux Umayyades, notamment à Yazīd b. Mu‘āwiya, mais sous le règne de ‘Abd al-Malik b. Marwān il fut en relation avec al-Muḫtār b. Abī ‘Ubayd.
2Dans son œuvre poétique1, deux pièces surtout nous concernent.
3La première2 a la forme d'une qaṣīda classique. Après un prélude “nuit d'al-Muḫtār qui détourne de toute jeune et belle femme” (vers 4). Après quoi (vers 5), Ibn Hammām reprend l'appel d'Ibn Abī ‘Ubayd à venger al-Ḥusayn contre le gouverneur de Kūfa ; puis il énumère (vers 5-11 et décrit dans un style épique (vers 12-15) les principales tribus qui ont participé au combat ; il termine en faisant l'éloge d'al-Muḫtār, l'auxiliaire du fils du désigné (wazīr ibn al-waṣī, vers 16), et de Muḥammad Ibn al-Ḥanafiyya, le Hāšimite bien guidé (al-hāšimī al-muhtadā bihi, vers 18) qui indique la bonne conduite et à qui on doit l'obédience absolue.
4Le poème non seulement a une valeur documentaire, mais encore il reproduit certains qualificatifs d'al-Muḫtār et d'Ibn al Ḥanafiyya ; on serait donc tenté de supposer des tendances kaysānites chez le poète si cette pièce ne lui était pas inspirée par la peur comme l'expliquent Rafīq b. Ḥammūda3 et al-Nu‘mān al-Qāḍī4.
5La seconde pièce5 tient à la de la satire et de la poésie laudative. En effet le poète invective contre Yazīd b. Anas et Aḥmar b. Šumayṭ qui, non contenant de lui refuser une récompense pour son éloge de leur chef al-Muḫtār, avaient voulu le faire flageller ; en même temps, il rend hommage à Ibrāhīm b. et al-Aštar, qui l'avait défendu contre eux, et vante ses qualités guerrières et son courage (vers 2).
6En conclusion, ces vingt-six vers d'un poète manifestement pro-umayyade sont pour nous riches de sens et ils nous serviront pour l'évaluation de la poésie šī‘ite. Contentons-nous ici de remarquer que cette poésie ne s'intéresse pas seulement aux Imāms ‘alides et qu'elle n'est pas exclusivement l'apanage des poètes šī‘ites.
7Bibliographie sélective
8— Ibn Hammām (1)
9— Ibn Hammām (2)
10— Charles Pellat, EI2, 1, p. 46.
162-Surāqa al-Bāriqī
11Cité par al-‘Āmilī parmi les A‘yān al-Šī‘a (XXXIV, p. 25-29), Surāqa b. Mirdās b. Asmā b. Ḫālid al-Bāriqī al-Azdī, né probablement au début de l'Islam et mort en 79/698 ou peu après, prit part à l'insurrection iraqienne dans les rangs de Muṣ‘ab b. al-Zubayr ; en 63/685, il tomba aux mains d'al-Muḫtār b. Abī ‘Ubayd, mais il utilisa astucieusement ses talents de poète pour se faire relâcher. Plus tard, en 71/690-691, il fit partie de la cour littéraire de Bišr b. Marwān à Kūfa. Son œuvre poétique6 contient un certain nombre de pièces que nous devons analyser.
12En effet, Surāqa consacre deux pièces (au total 12 vers)7 à Ibrāhīm b. al-Aštar et quatre pièces (au total 20 vers)8 à al-Muḫtār b. Abī ‘Ubayd9.
13La pièce n° 16 (de l'édition Naṣṣār), louant Ibrāhīm b. al-Aštar d'avoir tué ‘Ubayd Allāh b. Ziyād, vante surtout son courage (vers 1) et fait de lui et de ses compagnons d'armes la police (šurṭa) d'Allāh (vers 4). S'adressant ensuite à ‘Ubayd Allāh, elle se réjouit de sa mort (vers 2) et de la captivité de Hind (vers 5), symbole très probablement des femmes umayyades.
14La pièce n° 17 réitère les louanges à Ibn al-Aštar, menacé par Rabī‘a pour avoir tué Iyās b. Muḍarrib, préfet de police de ‘Abd Allāh b. Muṭī‘ qui gouvernait Kūfa pour le compte de ‘Abd Allāh b. al-Zubayr. Une fois encore, le poète insiste sur le courage du guerrier (vers 3) et sur sa générosité (vers 5).
15Si la position de Surāqa vis à vis d'Ibn al-Aštar est claire, son attitude envers al-Muḫtār l'est beaucoup moins, et l'on peut même la taxer de duplicité. En effet les trois pièces dédiées à al-Muḫtār ont essentiellement pour but de faire relâcher le poète qui était alors son prisonnier.
16La pièce n° 11 proclame al-Muḫtār “le meilleur des Ma‘add parmi ceux qui ont accompli le pèlerinage (labbā), qui font la prière et qui habitent le Ǧanad” et sollicite, comme il se doit, son pardon.
17Dans la pièce n° 12, le poète se repent d'avoir combattu contre lui, il reconnaît sa force et lui souhaite une victoire aussi éclatante que celles de Muḥammad à Badr, au Ši‘b et à Ḥunayn.
18Dans un troisième poème (n° 18), Surāqa s'étonne d'avoir combattu un homme “bien dirigé” (mahdī) tel qu'al-Muḫtār, puis il met en relief la force des “šī‘at Allāh” et la défaite de ceux qui les ont combattus.
19Cependant, aussitôt libéré, Surāqa reprit ses attaques contre al-Muḫtār. Le poème n° 13 dément tous les éloges antérieurs et en particulier ce que le poète avait affirmé devant témoins, à savoir que des anges participaient aux combats aux côtés d'al-Muḫtār.
20En conclusion, si le nombre de vers qui concernent notre sujet dans l'œuvre de Surāqa est assez faible (32 vers sur 355, soit un peu moins du dixième), et si les poèmes se distinguent surtout par le faḫr tribal et personnel, ces vers ne nous en intéressent pas moins à un double titre : d'une part, il ne s'agit plus des ‘alides, mais de leurs hommes, notamment d'Ibrāhīm b. al-Aštar dont le courage est certainement admirable ; d'autre part, non seulement le poète n'est pas toujours fidèle au camp des ‘alides, mais il se moque même de certaines de leurs croyances ou de leurs prétentions, à tel point qu'on est en droit de se demander s'il faut vraiment le considérer comme un poète šī‘ite.
21Bibliographie sélective
22— Ziriklī, A‘lām III, p.127
23— ‘Āmilī, A‘yān XXXIV, p. 25-29
24— Blachère, H.L.A., p. 479-480
25— et surtout Surāqa, Dīwān 1 et Dīwān 2 notamment.
163-’Ubayd Allāh b. Ḥurr al-Ǧu‘fī
26Personnage à la vie très trouble, marquée par plusieurs retournements, ‘Ubayd b. al-Ḥurr b. Ḫālid b. Ǧu‘fā b. Sa‘d al-‘Ašīra n'en est pas moins considéré par al-‘Āmilī comme l'un des A‘yān al-Šī‘a (XXXVIII, p.105-106), et nous devrons analyser quelques-uns de ses poèmes10.
27Bien qu'il n'ait pas soutenu le calife ‘Uṯmān quand il était assiégé, il aurait à l'origine été d'obédience ‘uṯmānienne. À ce titre, il aurait combattu ‘Alī à Ṣiffīn dans les rangs de Mu‘āwiya, puis se serait abstenu de porter secours à al-Ḥusayn malgré une demande pressante de ce dernier. Cependant, plus tard, il se serait allié à al-Muḫtār b. Abī ‘Ubayd. Mais ensuite il se serait retourné contre lui ; à la tête de trois cents hommes, il aurait entrepris de libérer sa femme prisonnière d'al-Muḫtār, et aussi de s'emparer de plusieurs villes pour les piller. De même, il se serait allié à Muṣ‘ab b. al-Zubayr avant de le quitter pour le combattre aux côtés du calife ‘Abd al-Malik b. Marwān. Enfin, pressentant sa défaite, il se serait volontairement noyé dans l'Euphrate en 68/687.
28Dans son œuvre, sept pièces concernent notre sujet. D'abord quatre poésies, relatives à al-Muḫtār, expriment des tendances contradictoires : les trois premières11 lui sont manifestement hostiles, elles le traitent de menteur (kaḏḏāb), le menacent et lui rappellent sa défaite ; au contraire, la quatrième, d'attribution certes douteuse12, lui est favorable : le poète célèbre son combat “pour venger le petit-fils du Prophète, al-Ḥusayn” ainsi que les siens, et il regrette de n'avoir pas pu y participer.
29En second lieu, nous avons trois pièces qui concernent al-Ḥusayn13. Il faut mettre à part la deuxième (n° 40), qui est aussi attribuée à Abū Dahbal al-Ǧumaḥī14 (signalons tout de même qu'elle fait un parallèle entre les ‘alides et les Umayyades après l'assassinat d'al-Ḥusayn, de façon à dénoncer l'injustice de ces derniers), et aussi la troisième (n° 41), attribuée par Abū Miḫnaf15 à al-Ḥurr, père de ‘Ubayd Allāh, qui aurait combattu aux côtés d'al-Ḥusayn à Karbalā.
30Les principaux thèmes qui se dégagent de ces trois pièces sont les suivants : le poète exprime son émoi et sa profonde tristesse devant la mort d'al-Ḥusayn (n° 32, vers 1 et 6 ; n° 41, vers 6), ainsi que le regret de ne pas avoir répondu à son appel au secours (n° 32, vers 5 ; et surtout n° 41, vers 2, 3 et 4), mais il se console en évoquant la fatalité de la mort (n° 41, vers 8 et 9). Parallèlement il rappelle les qualités des ‘alides, et surtout leur courage (n° 41, vers 10) ; enfin il met, en relief l'injustice des Umayyades (n° 41, vers 11 et 13) et menace de les combattre (n° 41, vers 1 et 14), s'adressant particulièrement à ‘Ubayd Allāh b. Ziyād (n° 45, vers 15).
31En conclusion, la part de la poésie šī‘ite dans l'œuvre de ‘Ubayd Allāh b. al-Ḥurr est très mince, puisque, si l'on écarte les pièces d'attribution douteuse, elle se réduit aux sept vers de la pièce n° 32. Cependant on y retrouve le lexique politico-religieux du ·ī‘isme et elle reflète la position du poète vis-à-vis d'al-Muḫtār, et surtout d'al-Ḥusayn. Retenons seulement son repentir et sa volonté de se racheter qui s'accompagnent de menaces contre les Umayyades, en particulier contre Ibn Ziyād, responsable du massacre de Karbalā.
32Bibliographie sélective
33— Ziriklī, A‘lām, IV, p. 346
34— ‘Āmilī, A‘yān, XXXVIII, p.105-106
35— et surtout ‘Ubayd Allāh b. al-Ḥurr, Dīwān (édition Mahdī, et mieux édition al-Qaysī).
164-Abū al-Ṭufayl al-Kinānī
36Aux dires de Marzubānī (Aḫbār, p. 25), Mu‘āwiya considérait déjà Abū al-Ṭufayl ‘Āmir b. Wāṯila al-Layṯi al-Kinānī comme “le chantre et cavalier de Ṣiffīn” (fāris ahl Ṣiffīn wa šā‘iruhum) ; al-‘Āmilī le cite parmi les A‘yān al-Šī‘a (XXXVII, p. 11-14). Il serait né à La Mecque peu avant l'Hégire ou avant la mort du Prophète ; d'après les exploits guerriers et la poésie que lui attribuent diverses sources, il semble avoir effectivement été un šī‘ite extrêmement zélé. En effet, il manifesta très tôt ses tendances ‘alides, s'abstenant d'abord de soutenir le calife ‘Uṯmān assiégé, puis combattant aux côtés du calife ‘Alī à Ṣiffīn (cf. par exemple Ibn ‘Abd al-Barr, Istī‘āb, IV, p. 117 et Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, p. 352 sqq).
37Après l'assassinat d'al-Ḥusayn, il se rangea aux côtés d'al-Muḫtār b. Abī ‘Ubayd pour le venger, puis il soutint Muḥammad b. al-Ḥanafiyya et lorsque celui-ci fut fait prisonnier par Ibn al-Zubayr, il prit la tête d'une armée pour le libérer (cf. Iṣfahānī, Aġānī XIII, p.167). Enfin, il aurait même pris part à la révolte d'Ibn al-Aš‘aṯ contre les Umayyades, et en particulier contre leur homme al-Ḥağğāğ b. Yūsuf ; après quoi, “vieilli par les combats”, il aurait regagné La Mecque pour y séjourner jusqu'à sa mort aux environs de l'année 100/718.
38Malgré cette vie essentiellement guerrière, ou peut-être à cause d'elle, Abū al- Ṭufayl est connu comme poète bien qu'il ne nous ait laissé aucun dīwān16.
39L'étude thématique des divers fragments qu'on lui attribue conduit aux conclusions suivantes : si l'on met à part les pièces n° 10 (un prélude amoureux teinté de faḫr), n° 2 (un thrène sur son fils Ṭufayl, mort lors de la révolte d'Ibn al-Aš‘aṯ) et n° 11 (un parallèle entre ‘Abd Allāh et ‘Ubayd Allāh fils d'al-‘Abbās d'une part et ‘Abd Allāh b. al-Zubayr de l'autre, la comparaison tournant à l'avantage des deux premiers qui étaient parents du Prophète), les autres poèmes revêtent un caractère nettement politique qui les rattache à la poésie ·ī‘ite, ce qui ne les empêche pas d'accorder à la tribu du poète, les Kināna, une place primordiale. Les pièces 5 et 12 décrivent dans un style épique ses exploits guerriers à Ṣiffīn et l'appui qu'il a apporté à ‘Alī. La pièce n° 8 est consacrée à celui-ci : c'est une sorte de profession de foi, où Abū al-Ṭufayl déclare qu'après le Prophète ‘Alī est le meilleur des hommes et que quiconque s'écarte de son amour est un apostat. Par ailleurs, les pièces 3 et 6 opposent les partisans de ‘Alī et ceux de Mu‘āwiya ; elles se moquent de ces derniers, en particulier de ‘Amr b. al-‘Āṣ et de Marwān b. al-Ḥakam pour leur poltronnerie, tandis qu'elles louent Sa‘īd b. Qays al-Hamdānī17 et Mālik b. al-Ḥāriṯ al-Aštar (1) et vantent leur courage à Ṣiffīn. C'est à un autre fidèle de ‘Alī, Hāšim al-Mirqāl (1) qu'est consacrée la pièce n° 13. Tout en faisant son éloge, le poète invective contre Mu‘āwiya, l'ennemi de la sunna, et ses hommes. [Dans la pièce n° 7, le poète fait allusion à sa fuite lors de l'emprisonnement d'al-Muḫtār et dans la pièce n°1 à sa participation à un combat contre Ibn al-Zubayr.]
40Enfin, dans la pièce n° 4 le poète prend manifestement parti pour Muḥammad b. al-Ḥanafiyya, le Mahdī, l'Imām, le Sayyid, contre Ibn al-Zubayr al-Sāmirī l'Athée (al-Mulḥid).
41Même s'il nous reste fort peu de son œuvre, Abū al-Ṭufayl n'en apparaît pas moins comme un poète šī‘ite qui défend la cause des ‘alides et leur droit à l'Imāmat. En outre, ses vers ont une valeur documentaire indiscutable, d'abord parce que l'auteur, soutenant les ‘alides et leurs alliés de ses armes et de ses poèmes, semble avoir participé aux principaux événements qui ont marqué l'histoire šī‘ite au premier siècle, ensuite parce qu'il utilise une langue vigoureuse qui fait de nombreux emprunts au lexique technique de la poésie šī‘ite.
42Bibliographie sélective
43— Ziriklī, A‘lām, IV, p. 26
44— Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, index
45— Iṣfahānī, Aġānī, index
46— Marzubānī, Aḫbār, p. 24-27
47— Ibn ‘Abd al-Barr, Istī‘āb, IV, p.105-108
48— Ibn ‘Asākir, Tārīḫ, VII, p. 200-207
49— ‘Āmilī, A‘yān, XXXI/II, p.14
50— et surtout notre article dans les Annales de l'Université de Tunis, n° 10, 1973, p.171-208.
165-Kuṯayyir ‘Azza.
51Kuṯayyir ‘Azza ou Kuṯayyir b. ‘Abd al-Raḥmān al-Mulaḥī al-Ḫuzā‘ī, mort à Médine vers 105/725, est connu comme poète de l'amour courtois. Mais parallèlement Ibn Šahrāšūb (Ma‘ālim, p.152) le range parmi les Šu‘arā’ ahl al-bayt al-muttaqīn et al-‘Āmilī parmi les A‘yān al-Šī‘a (XXXXIII, p.141-143) ; par ailleurs, les ouvrages traitant de la poésie politique, notamment celui de Widād al-Qāḍī, Kaysāniyya (p. 312-322), en font un des plus importants poètes d'obédience kaysānite. Certains éléments de sa vie semi-légendaire et quelques-uns des poèmes18 qu'on lui attribue lui valent de figurer dans cet inventaire, ne serait-ce que pour essayer de préciser quel fut son apport à la poésie šī‘ite de la deuxième moitié du premier siècle de l'Hégire.
52Il ressort en effet de sa biographie qu'il fut “gagné à la cause ‘alide” ; selon Blachère (H.L.A., p. 670) “après le drame de Karbalā, l'autorité spirituelle de Muḥammad b. al-Ḥanafiyya [...] dut s'imposer à lui, peut-être sous l'influence d'un zélateur touché par la doctrine des Kaysānites de Kūfā”. Celui-ci n'est autre que Ḫandaq b. Badr (voir notice suivante).
53Cependant, après l'écrasement de ‘Abd Allāh b. al-Zubayr (en 73/692), Kuṯayyir entra au service des califes de Damas et participa à la vie mondaine qui emporta alors le Ḥiğāz tout entier (ibid., p. 611).
54C'est donc à ce qu'on peut appeler l'épisode kaysānite de la vie de Kuṯayyir qu'il faut rattacher les fragments poétiques que nous allons analyser. Une première remarque s'impose : si on se fie aux sources, il faut laisser de côté trois fragments d'authenticité douteuse19 : dans le premier, le poète limite à quatre le nombre des Imām-s désignés (Awṣiyā’),‘Alī et ses fils, c'est-à-dire Ḥasan, homme de foi et de magnanimité (vers 7), Ḥusayn, enfoui à Karbalā (vers 7-8) et Muḥammad b. al-Ḥanafiyya, occulté à Raḍwā jusqu'au jour où il reprendra le combat, lors de sa parousie (vers 10-13) ; dans le second, il appelle la malédiction de Dieu sur tous ceux qui insultent ou médisent (yasubbu) ‘Alī et ses fils, aux origines pures ; dans le dernier enfin, il insiste sur la longueur du séjour du waṣī Muḥammad b. al-Ḥanafiyya au mont (de Raḍwā).
55Par ailleurs d'autres pièces, apparemment authentiques, n'ont guère plus d'importance. Il s'agit d'un fragment20, où le poète demande à Ǧa‘da, la veuve d'al-Ḥasan b. ‘Alī, de pleurer sans cesse son mari, et de deux21 thrènes sur son ami Ḫandaq b. Badr, qui l'aurait, avons-nous dit, initié au kaysānisme : il rappelle ses vertus (bonté, générosité et courage), mais ne fait aucune allusion à sa doctrine.
56En fait, c'est dans des pièces laudatives que se manifestent clairement les tendances šī‘ites de Kuṯayyir ‘Azza.
57Une première pièce22, attribuée aussi à Kaṯīr al-Sahmī, affirme que l'amour pour le Prophète et les Ban‚ Abī al-Ḥasan (les ‘alides) efface les péchés (kaffārat al-ḏanb).
58Dans une autre23, il se désolidarise d'Ibn Arwa, ‘Uṯmān b. ‘Affān, de ‘Umar et de ‘Atīq, Abū Bakr.
59Trois pièces enfin expriment manifestement une obédience kaysānite :
60Dans une première pièce24 le poète déclare (vers 4) que Muḥammad b. al-Ḥanafiyya, qui lui aurait demandé des nouvelles de ses fils, est le "Messie" (al-Mahdī).
61Le poète aurait composé la seconde25 après l'emprisonnement de Muḥammad b. al-Ḥanafiyya par ‘Abd Allāh b. al-Zubayr ; il s'insurge contre le pseudo-calife et fait l'éloge du prisonnier, al-‘ā’iḏ al-maẓlūm (vers 2), désigné par le Prophète “waṣī an-nabī” (vers 4) ; il loue, en termes coraniques, ses qualités morales, notamment sa droiture et son courage (vers 5) et il exprime enfin l'espoir de le voir délivré (vers 8 et 9).
62La dernière pièce se présente à nous sous une double version26 et pose un vrai problème. Le poète l'a-t-il composée avant la mort de Muḥammad b. al-Ḥanafiyya (il l'inviterait alors en tant que vrai Imām, Imām al-Ḥaqq (vers 1), à rejoindre, après ses luttes contre Ibn al-Zubayr, le calife ‘Abd al-Malik b. Marwān ? Ou bien après (le poème nierait alors cette mort, et qualifiant le destinataire de meilleur des humains après le Prophète, il l'inviterait à poursuivre le combat et à donner ses directives et ses éclaircissements en matière de religion en qualité de “fils du lieutenant”, ibn al-wazīr) ?
63Aux pièces précédentes, on pourrait apparemment ajouter certains poèmes laudatifs adressés à des califes umayyades, notamment à ‘Umar b. ‘Abd al-Azīz “qui n'a ni maudit ‘Alī, ni menacé un innocent, ni accepté les avis d'un criminel”27
64En conclusion, la part de la poésie šī‘ite28 dans l'œuvre de Kuṯayyir est relativement minime ; cependant en se désolidarisant des deux premiers califes orthodoxes, en exprimant son amour pour ‘Alī et ses trois fils, enfin et surtout en affirmant sa croyance en la parousie de Muḥammad b. al Ḥanafiyya, il justifie sa réputation secondaire29 de poète pro-kaysānitedont les éloges30 aux califes ou princes umayyades s'expliquent par l'usagede la taqiyya.
65Bibliographie sélective
66— Iḥsān ‘Abbās, EI2, IV, p. 556-558
67— Blachère, H.L.A., p. 609-616 et passim
68— Kuṯayyir Ḥašīša, Kuṯayyir, C.A.R. présenté sous notre direction en 1977 à la Faculté des Lettres de Tunis
69— Widād al-Qāḍī, Kaysāniyya, p. 312-322
70— et surtout Dīwān 2.
166-Ḫandaq b. Badr
71Ḫandaq b. Badr ou b. Murra al-Asadī, mort autour de 100/720, est classé par al-‘Āmilī parmi les A‘yān al-Šī‘a (XXX, p. 118-121) et Widād al-Qāḍī (Kaysāniyya, p. 307-308) le situe presque au même plan qu'Abū al-Ṭufayl al-Kinānī, Kuṯayyir et al-Sayyid al-Ḥimyarī, en tant que poète d'obédience kaysānite. Il aurait cru en la légitimité des droits ‘alides à l'imāmat (Iṣfahānī, Aġānī XI, p. 46) et surtout, avec son ami Kuṯayyir, en la survie de Muḥammad b. al-Ḥanafiyya. Si nous le mentionnons dans notre inventaire des poètes šī‘ites, c'est en raison de poèmes probablement perdus, des rağaz où il aurait exprimé sa doctrine et son obédience ‘alides.
72Bibliographie sélective
73— Widād al-Qāḍī, Kaysāniyya, p. 307-808
74— al-‘Āmilī, A‘yān, XXX, p. 118-121
75— Iṣfahānī, Aġānī, index.
B-A PROPOS DE ZAYN AL-‘ĀBIDĪN
167-Al-Farazdaq
76Hammām b. Ġālib al-Muğāši‘ī al-Dārimī al-Tamīmī, dit al-Farazdaq, est né au Yémen, probablement après 20/641, et mort à Baṣra entre 110/728 et 114/732. De la biographie et de l'œuvre poétique31 de ce chantre des Marwānides, nous devons examiner certains points, très litigieux, qui lui valent de figurer dans notre inventaire de la poésie šī‘ite.
77Pour ce qui est de la biographie, “son père, écrit Blachère, aurait joué un certain rôle dans la région de Baṣra dans le conflit entre ‘Alī et Mu‘āwiya”32 ; et ailleurs, “dès 36/651 sous l'influence de son père, al-Farazdaq paraît avoir été mêlé au mouvement ‘alide de Baṣra ; selon al-Marzubānī et des auteurs šī‘ites cités par al-Baġdādī, il aurait montré une réelle ferveur dans ses sentiments”33. Al-Marzubānī nous dit en effet qu'“à l'époque umayyade, il était d'obédience hāšimite et qu'il composait des éloges pour les Hāšimites survivants, des thrènes pour leurs morts et des invectives contre les Ban‚ Umayya et leurs gouverneurs”34.
78Cependant, de ces éloges et de ces thrènes sur les Ban‚ Hāšim, nous ne conservons, outre un vers35 où le poète appelle à soutenir ou à venger al-Ḥusayn, que le fameux poème en mīm qui fait l'éloge de Zayn al-‘Ābidīn. Or celui-ci pose à l'historien de la littérature arabe d'épineux problèmes d'attribution et de composition (nombre et ordre des vers). En effet plusieurs auteurs anciens, et non des moindres, contestent l'attribution de certains vers à al-Farazdaq.
79Ainsi al-Zubayrī36 et surtout al-Iṣfahānī37, dénonçant une erreur de transmission, attribuent les vers 13 et 15 à al-Ḥazīn al-Kinānī38 qui les aurait composés pour un fils de ‘Abd al-Malik b. Marwān ; mais en même temps, ils confirment qu'al-Farazdaq aurait bien composé un poème de même mètre et sur la même rime en éloge à Zayn al-‘Ābidīn.
80Pareillement, al-Āmidī39 attribue les vers 2, 3, 9 et 10 à Kaṯīr b. Kaṯīr al-Sahmī (voir notice 186), et ce serait un éloge de Muḥammad b. ‘Alī b. al-Ḥusayn.
81Al-‘Askarī40 lui aussi refuse l'attribution du vers 13 à al-Farazdaq, sans pour autant en citer l'auteur.
82Selon al-Ḥuṣrī41, les vers 13 et 15 seraient d'al-Ḥazīn al-Kinānī et concerneraient ‘Abd Allāh b. ‘Abd al-Malik b. Marwān ; mais il note que d'autres auteurs les attribuent à Dāw‚d b. Salm et y voient un éloge de Quṯam b. al-‘Abbās. Pour al-Tibrīzī42 enfin, les vers 2, 9,10, 35 d'une part, 15 et 13 de l'autre, s'adressent bien à Zayn al-‘Ābidīn, mais ils sont d'al-Ḥazīn.
83Ces discussions chez les anciens se retrouvent évidemment chez les auteurs contemporains. Nous nous contenterons de quelques exemples. Alors que Zaydān43 attribue le poème à al-Farazdaq, Šawqī Ḫayf44 nie le šī‘isme de ce dernier et reprend les thèses d'al-Iṣfahānī. Al-Ḥūfī45 et Ǧarrārī46 soulignent le fait que certains attribuent le poème à Dāwūd b. Salm (comme éloge de Quṯam), ou à al-Minqarī (éloge de Zayn al-‘Ābidīn), ou encore à al-Ḥazīn (éloge de ‘Abd al-Malik). Enfin ‘Umar Farrūḫ47 se fonde sur un argument philologique (le sens du verbe istalama “baiser ou toucher par les doigts”) pour conclure à une composition tardive du poème.
84Quoi qu'il en soit, le poème est là, et l'attribution à al-Farazdaq attestée par de nombreuses sources48 tant šī‘ites que sunnites ; nous en possédons même un manuscrit “tardif mais non sans une certaine importance puisqu'il nous fournit la chaîne de transmission du texte depuis la fin de la période umayyade jusqu'à la deuxième moitié du ixe/xve siècle”.49
85Le nombre de vers du poème fait lui aussi problème puisqu'il passe de 6 à 41 selon les auteurs et les époques50 ; il en va de même pour l'ordre des vers, qui varie d'autant plus librement selon les sources que chacun a un sens complet et indépendant. Ces divergences ne peuvent qu'inciter à la prudence, et même à la méfiance, quiconque veut se prononcer sur l'authenticité de ce poème. Mais comment distinguer l'original de l'apocryphe ? Dans ces conditions, et malgré que nous en ayons, nous analyserons le poème dans sa version šī‘ite, la plus longue, en nous contentant de dégager les principaux thèmes, qui, il faut le noter, s'entremêlent et se répètent.
86Dans le premier vers, le poète annonce qu'il va répondre à ceux qui lui demandent où s'est établie la générosité ; puis il entreprend dans un style narratif péremptoire l'éloge du personnage en question. Il commence (vers 2) par vanter sa célébrité (tous les lieux sacrés et profanes reconnaissent son pas). Le deuxième élément thématique concerne sa parenté avec Muḥammad et les gens de sa famille : c'est un descendant du Prophète (vers 17), ce qui correspond à divers titres glorieux : fils du meilleur des humains (vers 3), fils de Aḥmad l'Élu (vers 4), fils de l'Envoyé de Dieu (vers 6), fils du meilleur des Quray·, fils du Sceau des prophètes (vers 20), de celui qui les dépasse tous par ses mérites (vers 22).
87On peut aussi considérer notre personnage (vers 20) comme le fils de Fāṭima ou celui de ‘Alī, et c'est pour le poète l'occasion de faire l'éloge de ces derniers : Fāṭima sera la meilleure des femmes (vers 8), ‘Alī sera le désigné (waṣī), celui dont on ne saurait oublier la-, al-Fatḥ, Ḫaybar, Ḥunayn et Qurayẕa) (vers 30, 40, 41). Ǧa‘far b. Abī Ṭālib et Ḥamza b. ‘Abd al-Muṭṭalib (vers 7) voient également rappeler leurs mérites ; ne sont-ils pas les oncles de l'intéressé ?
88L'éloge des Ahl al-bayt constitue le troisième élément thématique du poème. Le poète souligne leurs qualités, vante la noblesse de leur origine (vers 33), leur générosité (vers 31, 32, 33, 34), leur piété (vers 30, 36), leur précellence sur toutes les tribus (vers 35) et leur rapport avec la religion dont ils sont la source (vers 29, 36) et conclut que “les aimer est un acte de religion, les haïr une impiété et se tenir à leurs côtés une garantie de salut” (vers 27).
89Quant à l'éloge proprement dit de Zayn al-‘Ābidīn, s'il s'agit bien de lui, c'est le quatrième et dernier élément thématique. Le poème rappelle à nouveau sa célébrité (la Pierre noire semble reconnaître sa main, vers 10), puis sa beauté physique (vers 14), sa pudeur (vers 13), sa noblesse et sa gloire consignées dans le Livre des destins (vers 21), sa générosité (vers 23 et 24), la bonté et la magnanimité de son caractère (vers 25), sa fidélité à la parole donnée (vers 26) et son empressement à satisfaire les autres ou à les secourir (vers 18-19). Pour dire non, il se contente de prononcer la profession de foi (vers 16).
90En conclusion, ce poème, dont l'attribution à al-Farazdaq est contestée et dont certains vers sont sans doute apocryphes, nous intéresse plus en raison de sa célébrité et des prétendues circonstances de sa composition que par son contenu. En effet, d'une part l'éloge du Prophète, de Fāṭima, de ‘Alī et des Ahl al-bayt en général l'emporte sur l'évocation des qualités de l'intéressé lui-même. D'autre part, selon les diverses sources qui rapportent le poème, al-Farazdaq l'aurait improvisé, au moins en partie, lors d'un pèlerinage auquel participait le calife Hišām b. ‘Abd al-Malik en même temps que ‘Alī Zayn al-‘Ābidīn. Le premier, pris dans la bousculade, n'aurait pu toucher la Pierre noire, tandis que le second, aidé par la foule, y serait arrivé sans peine. Un des Syriens de la suite de Hišām lui aurait demandé : “quel est cet homme auquel on témoigne un si grand respect ?”Le calife aurait répondu : “je ne sais pas.” C'est alors qu'al-Farazdaq qui se trouvait à proximité aurait composé le poème, ou au moins certains vers, pour lui donner une réponse. La foule des musulmans, šī‘ites et aussi sunnites, faisant crédit à ce récit peut-être légendaire, ne cesse de transmettre le poème, manifestant ainsi sa vénération pour celui qui fut, dit-on, la “parure des dévots”, ainsi que pour sa famille, celle du Prophète.
91Bibliographie
92Voir les notes.
168-Ġānim b. Umm Ġānim
93Nous n'avons pu identifier ce personnage, qui serait contemporain de ‘Alī b. al-Ḥusayn. On lui attribue un poème51 remarquable par ses éléments thématiques et par les circonstances de sa composition.
94En effet on raconte que Ġānim, ayant trouvé gravés sur un caillou les noms de ‘Alī, d'al-Ḥasan et d'al-Ḥusayn, se serait présenté chez ‘Alī b. ‘Abd Allāh b. ‘Abbās pour lui annoncer qu'il serait calife, mais ce dernier ne l'aurait pas cru et l'aurait même maltraité.
95Ġānim se serait alors rendu chez ‘Alī b. al-Ḥusayn, dit Zayn al-‘Ābidīn. Dans son poème, Ġānim relate son aventure avec ‘Alī b. ‘Abd Allāh b. al-‘Abbās (vers 1-4) et fait l'éloge de Zayn al-‘Ābidīn, “le vrai Imām” (al-Ḥaqq, vers 8), “l'élu parmi les élus” (waṣī al-awṣiyā’).
96Bibliographie
97Voir la note.
C-ŒUVRES PRO-ZAYDITES
169-Al-Kumayt b. Zayd al-Asadī
98Al-Kumayt b. Zayd al-Asadī a fait l'objet de jugements très variés : rāfiḍite pour Ibn Qutayba (Ši‘r, p. 485), pro-šī‘ite notoire pour Iṣfahānī (Aġānī, Ṯaqāfa, XVI, p. 328), un des principaux poètes šī‘ites selon Marzubānī (Aḫbār, p. 65), et l'un des Šu‘arā’ ahl al-bayt al-muqtaṣidīn selon Ibn Šahrā·‚b (Ma‘ālim, p.151) ; pour al-‘Āmilī, il fait partie des A‘yān al-Šī‘a (XLIII, p.158-159) et pour Blachère (H.L.A., III, p. 519), c'est un poète “qui semble avoir appartenu à la secte modérée des Zaydites” ; poète imāmite (Ṣadr, Ta’sīs, p.189) ou chantre des Hāšimites (Ziriklī, A‘lām, VI, p. 92), il a récemment été étudié comme “le poète politique des Šī‘a à l'époque umayyade”52. C'est un personnage dont “la renommée, entretenue par les milieux šī‘ites, repose fondamentalement sur les Hāšimiyyāt” (Pellat, EI2, V, p. 375) ; il pose pour l'histoire de la poésie pro-‘alide d'épineux voire d'insolubles problèmes, du fait que “la chronologie de son œuvre est loin d'être claire et les grands moments de son existence ne peuvent être datés avec précision” (Pellat, ibid).
99En ce qui concerne sa biographie, nous rappellerons seulement les faits les plus communément admis. Al-Kumayt b. Zayd b. al-Ward al-Asadī naquit à Kūfa en l'an 60/680 de parents de condition modeste ; originaire d'un clan des Ban‚ Asad fixé dans cette ville, il “se serait imprégné de la tradition poétique des Nomades d'Arabie Centrale, non par des séjours en tribus, mais par l'audition de "transmetteurs" bédouins de passage à Kūfa” (Blachère, ibid). C'est là, affirme Ch. Pellat (ibid), qu'il s'initia à la poésie et à la langue des Bédouins et rencontra des poètes tels qu'al-Farazdaq, Ru’ba b. al-‘Ağğāğ ou le Ḫāriğite al- Ṭirimmāḥ dont il partageait l'hostilité à l'égard des Umayyades.”
100De plus, et c'est pour nous le plus important, “dans l'atmosphère ardente de Kūfa, al-Kumayt a dû être touché dès sa jeunesse par les croyances šī‘ites” (Blachère, ibid) ou plus précisément, selon les termes de Pellat (ibid), “il subit l'influence des tendances šī‘ites de sa ville natale qui déterminèrent sa carrière en lui inspirant des sentiments violemment pro-’alides”.
101Par ailleurs, qu'il ait été simple instituteur dans une mosquée de Kūfa, un “humble maître d'école”, ou qu'il ait acquis une vaste culture intellectuelle et brillé par son éloquence et ses dons poétiques, al-Kumayt “entreprit une carrière de poète que l'on dirait aujourd'hui "engagé"” (Pellat, ibid), carrière qui lui aurait coûté la vie mais consacra sa célébrité.
102En effet, de sa biographie émergent deux éléments capitaux : sa sympathie pour les Hāšimites ou pour les Ahl al-Bayt (il aurait rencontré53 Zayd b. ‘Alī, Muḥammad al-Bāqir et Ǧa‘far al-Ṣādiq) et ses démêlés avec les principaux représentants du pouvoir umayyade.
103Évoquons brièvement ici le second élément, puisque nous verrons nécessairement le premier, qui constitue l'aspect šī‘ite de l'œuvre d'al-Kumayt, notamment en analysant les Hāšimiyyāt54.
104Il faut noter d'abord que, vers 119-73755, très probablement en réponse au poète yéménite Ḥakīm b. ‘Ayyāš al-Kalbī, auteur dit-on d'une satire anti-‘alide ou de satires contre les Muḍarites, al-Kumayt aurait composé l'un de ses principaux poèmes, la Muḏahhaba56, qui énumère les titres de honte des Yéménites. Il “s'attira par là même l'hostilité du gouverneur de Kūfa Ḫālid b. ‘Abd Allāh al-Qasrī (105-120/723-738) au moment où ce dernier avait besoin du dévouement des éléments originaires de l'Arabie du Sud” (Pellat, ibid). Irrité, ce gouverneur qui avait longtemps voulu ignorer les poèmes pro-·ī‘ites d'al-Kumayt le dénonça au calife Hišām b. ‘Abd al-Malik (105-112 /723-738) en chargeant une esclave de chanter devant ce dernier certains vers du poète. Jeté en prison, al-Kumayt parvint à s'évader, déguisé en femme, grâce à la complicité de son épouse venue lui rendre visite. Après qu'il eut erré quelques mois dans le désert du Šām, l'entremise de Maslama b. ‘Abd al-Malik lui permit d'obtenir le pardon du calife et de réintégrer Kūfa.
105Mais en 126/743, le successeur de Ḫālid al-Qasrī, Yūsuf b. ‘Umar al-Ṯaqafī (mort en 127/745), dont al-Kumayt aurait chanté les louanges57 bien qu'il fût le responsable du meurtre de Zayd b. ‘Alī (122/740), livra le poète à la vindicte des soldats yéménites qui l'exécutèrent.
106Voyons maintenant l'aspect pro-šī‘ite de l'œuvre58 poétique d'al-Kumayt.
107Remarquons d'abord qu'il n'y a aucune trace d'obédience ‘alide dans les 1108 vers considérés comme d'attribution sûre ; ceux-ci, avons-nous dit, sont répartis arbitrairement en 694 poèmes ou fragments dont les plus importants sont la Muḏahhaba59, la Mulḥama60, et divers61 éloges ou thrènes adressés à des califes et des gouverneurs umayyades.
108Cependant, parmi les pièces attribuées simultanément à al-Kumayt et à d'autres poètes, ou bien considérées par l'éditeur du Dīwān comme apocryphes, certains fragments pourraient s'intégrer à la poésie šī‘ite62. Certes ils sont rapportés par des sources tardives et on peut facilement les laisser de côté ; néanmoins ils témoignent de la renommée d'al-Kumayt comme poète ·ī‘ite, auteur des Hāšimiyyāt.
109C'est donc ce recueil que nous devons maintenant analyser, non pas en prenant les pièces une à une63, mais dans une perspective de synthèse qui dégage les principaux thèmes. Signalons d'abord que la date de composition des Hāšimiyyāt, le titre donné au recueil, le nombre des poèmes concernés et celui des vers, posent bien des problèmes difficiles à résoudre de façon définitive.
110En effet, contrairement à une opinion répandue chez de nombreux auteurs de diverses époques64, al-Kumayt n'a sans doute pas commencé sa carrière de poète en composant tout jeune ces poèmes, et cela même si “[leur] datation est difficile parfois impossible” (Blachère, ibid, p. 520).
111Contrairement aussi à ce qu'affirme l'éditeur du Dīwān (I, p. 57), les Hāšimiyyāt n'ont pas été composées entre 110/728 et 117/735, mais plutôt entre 96/714 et 125-126/742-743 selon Horovitz (EI1, II, p. 1181), ou bien entre 77/696 et 126/743 d'après Nağā (al-Kumayt, p. 51-52), qui tous deux tiennent compte des événements évoqués par al-Kumayt (en clair ou par allusion) ; nous serons amenés à revenir65 sur la question.
112Par ailleurs, il semble que le premier à avoir utilisé le terme de Hāšimiyyāt ait été Abū Riyā· ‘Alī ou Aḥmad b. Ibrāhīm al-Qaysī, mort en 329/950. Depuis, le titre a été repris par de nombreux auteurs, et non des moindres, tels que Mas‘ūdī, Iṣfahānī, Ṯa‘ālibī (Ši‘r al-Kumayt, I, p. 58-59), et il s'est généralisé, si bien que c'est ainsi que les poèmes sont aujourd'hui connus et publiés66.
113Avant de dégager, dans un essai de classement synthétique, les principaux éléments thématiques des Hāšimiyyāt, nous donnerons de ceux-ci une brève présentation formelle à partir de l'édition de Horovitz.
114Comme le montre le tableau donné en note67, ces onze pièces (au total 560 vers68) diffèrent par leur rime, leur mètre, et surtout par leur longueur, partant leur structure. Si les rimes : ba (3 fois), lām (2 fois), rā’, ‘ayn, fā’, qāf, mīm et nūn (1 fois) et les mètres : wāfir (3 fois), ṭawīl, basīṭ et mutaqārib (2 fois), ḫafīf et munsariḥ (1 fois) semblent s'accorder aux normes de l'époque, la différence de longueur (de 2 à 140 vers) des Hāšimiyyāt fait problème et amène des réflexions sur leur structure.
115En effet, il faut noter que les pièces VIII, IX, X et XI, très courtes (respectivement 7, 2, 2, et 2 vers) et monothématiques, pourraient n'être que des fragments de poèmes, à l'origine beaucoup plus longs. On peut faire la même hypothèse pour la pièce VII où le nasīb (4 vers) est plus long que le thème central, le madīḥ (3 vers).
116Dans les autres pièces, al-Kumayt respecte le cadre de la qaṣīda tel qu'il a été défini par Ibn Qutayba dans un passage célèbre de l'introduction de son livre sur la poésie et les poètes. Cependant le volume et la nature du nasīb ne semblent pas conformes à la tradition classique. Très bref dans la pièce 1 (vers 1-2) où il est en réalité un anti-nasīb, ce premier élément essentiel de la qaṣīda est remplacé ailleurs par des développements qui n'ont rien de traditionnel ; ainsi dans la pièce n° 4, le thème initial est une condamnation de la communauté dégénérée et une satire des mœurs69.
117Lorsqu'il se détourne des “belles” et s'interdit de pleurer les demeures délaissées pour s'attaquer aux mœurs, al-Kumayt traduit-il sa sympathie envers les principaux destinataires de ces poèmes, les Hāšimites et les Ahl al-bayt ? Cela est-il pour lui une manière de marquer la sincérité de ses sentiments, respectant par là même la règle bien connue en rhétorique qui veut que le discours s'adapte à la situation et aux circonstances ?
118Il faut de plus noter que, si dans le voyage (raḥīl) al-Kumayt suit la tradition70, il ne traite pas toujours cet élément au niveau qui est le sien dans la qaṣīda classique. En effet à trois reprises (I, vers 94-102, II, vers 112-140 et III, vers 99-132) le poète clôt son poème par une description chamelière et par l'évocation des fatigues du voyage. Cette perturbation de l'ordre des éléments de la qaṣīda est-elle due à al-Kumayt lui-même ? Ou bien à ceux qui nous ont transmis ses œuvres ? Il est impossible de le savoir.
119Ajoutons enfin que le nasīb ou plus exactement l'anti-nasīb et le raḥīl (le départ) qui constituent le quart des Hāšimiyyāt (138 vers sur 580) n'intéressent pas directement la poésie šī‘ite, à la différence des trois autres éléments. Nous allons, sans nous demander ce qu'aurait pu être l'ordre chronologique de ces poèmes, essayer d'en dégager les principaux thèmes71. Notons d'abord que les Hāšimiyyāt, procédant de l'engagement politique, s'intègrent aux deux plus grands genres de la poésie classique : l'éloge et la satire. L'éloge s'adresse aux Banū Hāšim en général (et de là vient le titre qu'on a donné à ces poèmes), au Prophète Muḥammad et à ses principaux parents, en particulier ‘Alī et ses descendants. Dans sa présentation des Banū Hāšim, al-Kumayt insiste sur leur lignage qui les rend supérieurs à tous les hommes72, sur leurs qualités religieuses et morales (adhésion précoce à l'Islam73, piété, pureté74) qui en font des guides en matière de religion75. Al-Kumayt vante par ailleurs les qualités pour ainsi dire sociales des Banū Hāšim, notamment leur générosité76 et leur magnanimité77 d'une part, leur vaillance78 de l'autre.
120Enfin, ce qui est pour nous le plus important, al-Kumayt souligne les qualités politiques des Banū Hāšim, célébrant79 leur droiture, leur justice, leur sobriété et leur compétence ; c'est pourquoi il les déclare seuls héritiers du Prophète et seuls légitimes Imāms80.
121Comme de bien entendu, dans cet éloge des Banū Hāšim émerge la figure du Prophète : c'est le meilleur des humains et le poète lui témoigne un amour exclusif81. Par ailleurs les poèmes mentionnent aussi Ǧa‘far al-Ṭayyār82, Ḥamza b. ‘Abd al-Muṭṭalib83 ainsi qu'al-‘Abbās b. ‘Abd al-Muṭṭalib et ses fils ‘Abd Allāh et al-Faḍl84.
122Cependant ce sont les vers sur ‘Alī et ses descendants qui témoignent le mieux du šī‘isme d'al-Kumayt. Le poète célèbre les mérites de ‘Alī, ses qualités morales85 (intégrité, bonté et obédience au Prophète), ses exploits guerriers contre les mécréants86 et contre les Ḫāriğites (qui ne sont que des égarés87), et enfin ses qualités politiques (c'était un gouvernant perspicace et juste, agréé et désigné par le Prophète à Ḫumm88). De même, le poète évoque sa mort et l'influence tragique qu'elle a eue sur la communauté musulmane89.
123Parmi les descendants de ‘Alī, al-Kumayt cite al-Ḥasan qu'il qualifie de waṣī al-waṣī (“le désigné du désigné”) et dont il énumère les qualités morales, sociales et guerrières, notamment son intégrité, sa générosité et sa vaillance90. Mais il s'attache encore plus à al-Ḥusayn dont le sort nourrit deux thèmes complémentaires : le poète décrit91 sa mort (ou son assassinat) et celle de ses principaux alliés et il exprime92 sa douleur et sa profonde tristesse.
124Par ailleurs, al-Kumayt évoque93 aussi la mémoire de Muḥammad b. al-Ḥanafiyya (ṣāḥib al-ḫayf) et, au passage, invective contre ‘Abd Allāh b. al-Zubayr.
125Les vers consacrés à Zayd b. ‘Alī développent les thèmes suivants : le poète se lamente94 sur son sort (c'était “l'Imām juste” imām al-ḥaqq)95 et regrette de ne pas l'avoir soutenu, cela par crainte de la mort96 ; il s'attaque enfin à son meurtrier Yūsuf b. ‘Umar al-Ṯaqafī97, un scélérat et un fornicateur.
126Ce dernier n'est pas le seul à avoir subi les invectives d'al-Kumayt ; nous avons de celui-ci maintes satires contre les Umayyades qui constituent le second aspect de son šī‘isme, le plus important. Parmi ces satires, les unes s'adressent aux Umayyades en général, les autres à des califes ou à des gouverneurs particuliers.
127Ainsi al-Kumayt reproche à Mu‘āwiya, à son fils Yazīd et à son petit-fils Mu‘āwiya II, d'avoir spolié les droits des Ban‚ Hāšim98. Il invective d'autre part contre Hišām b. ‘Abd al-Malik qui affirmait la supériorité du calife sur le Prophète99, contre ‘Ubayd Allāh b. Ziyād100 et contre Ḫālid al-Qasrī101.
128Cependant les satires contre les Umayyades en général sont plus importantes : les accusant de haïr le Prophète102 et d'avoir usurpé les droits des Ban‚ Hāšim à l'Imāmat103, le poète dénonce leur interprétation tendancieuse du Coran104, leurs innovations blâmables105, leur égarement106, leur injustice et la façon dont ils exploitent leurs sujets107. Il affirme qu'il se désolidarise d'eux108, profère contre eux des menaces109, bref se présente comme leur adversaire et le défenseur des droits ‘alides.
129Toutefois, à plusieurs reprises, cette attitude est manifestement et volontairement atténuée. Certes al-Kumayt exprime son amour profond pour les Banū Hāšim et chante leurs louanges, bravant ceux qui le lui reprochent110, mais comme le note à juste titre Ch. Pellat “l'enthousiasme du poète ne va cependant pas jusqu'à prendre les armes pour soutenir la cause des ‘alides personnifiée par Zayd b.‘Alī”111. Il s'en tient au niveau de l'invective, et se garde bien de maudire les Umayyades, comme eux-mêmes maudissaient ‘Alī en chaire112. Bien au contraire, il lui arrive de leur adresser des éloges113, mais il justifie cette attitude par l'usage de la taqiyya, c'est-à-dire la dissimulation tactique de sa propre pensée114.
130Ce refus de maudire les Umayyades, al-Kumayt l'étend à Abū Bakr et ‘Umar. En effet, tout en affirmant son amour pour ‘Alī, le poète désapprouve ceux qui insultent (šatama) les deux premiers califes et se refuse à les excommunier (kaffara), même s'ils ont usurpé le pouvoir et privé Fāṭima de l'héritage de Fadak.
131Al-Kumayt partage cette prise de position avec les Zaydites ; aussi est-ce à leur mouvement qu'il a été le plus souvent rattaché. Mais cela ne saurait suffire pour conclure notre analyse de cette œuvre complexe. En effet, comme l'écrit fort justement Ch. Pellat : “En dépit des travaux qui lui ont été consacrés, la personnalité de ce poète capable de couvrir d'éloge à la fois les ‘alides et les Umayyades demeure insaisissable, voire énigmatique, du fait du peu de crédit que l'on peut accorder aux sources tant sunnites que šī‘ites ; sa versatilité, même justifiée par la taqiyya, est de nature à nous inspirer des doutes sur sa sincérité et à inciter à la plus grande prudence dans l'exploitation de son œuvre”. Quant à nous, après avoir dépouillé tout ce qui nous en est parvenu, nous ne pouvons qu'entériner une telle conclusion, en la nuançant toutefois. Al-Kumayt, comme beaucoup d'autres poètes, n'est pas un engagé inconditionnel. Vénérant les ‘alides, se lamentant sur leur sort, relatant leurs malheurs et défendant énergiquement leurs droits à l'Imāmat, il ménage cependant sa vie dans un contexte politico-religieux où l'assassinat politique est une arme aux mains du pouvoir umayyade totalitaire.
132Bibliographie
133Les sources citées dans le corps du texte et en notes.
170-Abū Ṯumayla b. al-Abbār
134Nous n'avons pu identifier ce personnage, qui serait contemporain de Zayd b. ‘Alī. On lui attribue un thrène115 composé après la mort de cet Imām.
135Le poète commence par exprimer son émoi et son angoisse (vers 1-3), rappelle les principales qualités du défunt (vers 6 et 7) et les malheurs de ses descendants (surtout vers 9-10) ; indirectement il invective leur adversaire (vers 11). Ainsi le poème reprend deux des principaux thèmes de la poésie šī‘ite : les lamentations sur les Ahl al-bayt et la satire de leurs ennemis.
136Bibliographie
137Voir la note.
D-ŒUVRES DE SOUVENIR
171-Sulaymān b. Qatta al-‘Adawī
138Cité par Ibn Šahrāšūb (Ma‘ālim, p.152) parmi les Šu‘arā’ ahl al-bayt al-muttaqīn et par al-‘Āmilī parmi les A‘yān al-Šī‘a (XXV, p. 361-366), Sulaymān b. Muḥārib, ou plus communément Sulaymān b. Qatta, client (mawlā) des Banū Taym b. Murra serait mort à Damas en 126-744. Il nous a laissé divers fragments (au total 38 vers), parmi lesquels quatre116 au moins sont des thrènes sur des ‘alides, témoignant, s'ils sont authentiques, de son obédience šī‘ite.
139En effet dans le premier117, le poète, à l'annonce de la mort d'al-Ḥasan b. ‘Alī, rappelle son amitié avec le défunt et se lamente, telle une femme, sur sa disparition ; il exprime sa haine pour les ennemis survivants.
140Les trois autres pièces se rapportent au meurtre de Karbalā. La première118 procède du thrène, de l'éloge et de la satire : le poète se lamente sur la mort de certains membres de la famille du Prophète, en particulier les fils de ‘Alī et de ‘Aqīl ; il souligne leur supériorité, et partant l'horreur du meurtre ; après quoi, il appelle la malédiction sur Ziyād, sur son fils ‘Ubayd Allāh et sur sa mère Sumayya, mais sans nommer celle-ci, parlant seulement pour la stigmatiser de la “femme aux nombreux maris”, ḏāt al-bu‘ūl.
141La seconde119 a plutôt un caractère sapiential : le poète affirme que les Hāšimites qui ont survécu se sont consolés, et que, ce faisant, ils ont tracé aux nobles la voie de la consolation.
142Cependant la pièce la plus importante, et de loin, c'est la dernière120, en raison des problèmes d'attribution qu'elle soulève, des circonstances de sa composition et de ses thèmes.
143En effet, les vers de cette pièce, dont le nombre et l'ordre varient selon les quelque trente sources anciennes qui les rapportent, sont indifféremment attribués à un inconnu (Šayḫūn ou al-Taymī), à Abū Dahbal al-Ǧumaḥī (voir notice 172), à Abū al-Rumayḥ al-Ḫuzā‘ī (voir notice 173) et à Sulaymān b. Qatta. Cependant, tandis qu'al-‘Āmilī et Šubbar ne tranchent pas le problème de l'attribution de cette pièce, ‘Abd al-Muḥsin, l'éditeur du dīwān d'Abū Dahbal, se montre catégorique et l'attribue à ce dernier poète.
144Quand à nous, en fonction de ce que disent les sources121, nous penserions volontiers qu'elle est plutôt l'œuvre de Sulaymān b. Qatta ; il se peut toutefois que divers poètes cités ci-dessus aient composé sur le même thème des poèmes ou des vers de même mètre et de même rime et que les transmetteurs les aient confondus.
145Voyons donc les principaux thèmes de cette pièce qui aurait été le premier thrène sur al-Ḥusayn, en suivant un ordre des vers qui, il faut le reconnaître, reste peu satisfaisant122.
146Tel un poète anté-islamique qui s'arrête, pour les pleurer, devant les vestiges du campement de sa bien-aimée, Sulaymān b. Qatta évoque la ruine des demeures des Āl Muḥammad après le drame de Karbalā (vers 1 et 2) et la tête d'al-Ḥusayn déchiquetée par les flèches ennemies (vers 6). Il exprime son émoi et sa profonde tristesse, mais il trouve que les larmes abondantes qu'il verse ne suffisent pas (vers 11-12), et il souhaite voir la main droite du meurtrier se paralyser (vers 8).
147Pour montrer la gravité du drame, le poème décrit aussi la peine ressentie par la nature tout entière : terre, ciel, lune et étoiles (vers 7, 7' et 14).
148En troisième lieu, le poète dégage les conséquences sociales du massacre : le déshonneur des Quray· et des musulmans en général ; tous sont profondément humiliés (vers 3 et 15).
149En contre-partie, le poète rappelle les qualités des martyrs, célébrant la générosité (vers 5) et la vaillance (vers 13) des Ahl al-bayt en général, la pudeur d'al-Ḥusayn et sa place auprès du Prophète en particulier (vers 15).
150Enfin dans la description de cette atmosphère tragique, on perçoit, très faibles, des menaces que le poète, pour exprimer sa fidélité aux Ahl al-bayt, profère contre les meurtriers (vers 10) dont il dénonce l'ingratitude (vers 9).
151En conclusion, nous retrouvons dans l'œuvre pro-šī‘ite attribuée à Sulaymān b. Qatta, les principaux thèmes inspirés par le drame de Karbalā : lamentations sur les Ahl al-bayt en général et sur al-Ḥusayn et ses proches en particulier, rappel de leurs principales qualités, attaques plus ou moins virulentes contre leurs ennemis, tout cela dans une langue qui n'enrichit guère le lexique technique dans son aspect politique.
152Bibliographie
153Les sources citées en note.
172-Abū Dahbal al-Ǧumaḥī
154Cité par Ibn Šahrāšūb (Ma‘ālim, p.152) parmi les Šu‘arā’ ahl al-bayt al-muttaqīn et par al-‘Āmilī parmi les A‘yān al-Šī‘a (III, p. 3-5), Abū Dahbal Wahb b. Zam‘a b. ‘Usayd al-Ǧumaḥī est mort, non en 63/683, mais après 125/746 (Dīwān 2, p. 31) ; il “semble avoir été le type des ‘dualistes’ à la fois panégyristes et élégiaques”123 (Blachère, H.L.A., III, p. 603).
155On lui attribue un ou deux thrènes sur al-Ḥusayn et les Ahl al-bayt en général, mais ils sont d'authenticité douteuse, si bien que nous devons écarter au moins le premier124, nous contentant d'analyser le second qui semble bien être son œuvre125.
156D'abord le poète exprime son émoi et sa tristesse à la vue des demeures ‘alides vides de leurs habitants (vers 1-2). Il les pleure, tout en notant la vanité de cette attitude (vers 35) si elle n'est pas suivie de vengeance, ce qui l'amène à menacer les assassins.
157Ensuite il compare les Umayyades et les ‘Alides : les premiers vivent dans le bien-être et jouissent de toutes les faveurs tandis que les seconds sont plongés dans la misère et le dénuement absolu (vers 3-8).
158Poursuivant le parallèle, le poète invective les Umayyades dont il dénonce l'injustice (vers 9-16), et loue les ‘alides dont il célèbre la générosité et le courage (vers 17-26). En conclusion, le poète rappelle les droits ‘alides à l'Imāmat (vers 36-41) et affirme qu'ils sont prévus par le Coran lui-même.
159Une fois analysés les principaux thèmes de la poésie šī‘ite d'Abū Dahbal, nous ne pouvons pas ne pas dire un mot des poèmes qu'il a dédiés à ‘Ātika, la fille de Mu‘āwiya, ni des panégyriques qu'il a adressés à Ibn al-Zubayr.
160En effet certains auteurs, notamment l'éditeur du Dīwān 2 (p. 22), prétendent que le poète n'aimait pas réellement ‘Ātika, mais voulait seulement nuire à son père. De même, ce serait pour atteindre Mu‘āwiya qu'il aurait fait l'éloge de ‘Abd Allāh b. al-Zubayr (Dīwān 2, p. 21). Quant à nous, nous nous bornerons à constater que sa poésie témoigne d'une position pro-‘alide, même si les poèmes šī‘ites ne représentent qu'une infime partie de son dīwān et n'enrichissent guère le lexique technique du discours sur les Ahl al-Bayt.
161Bibliographie
162— Ch. Pellat, EI2, I, p. 116
163— R. Blachère, H.L.A., III, p. 601-602
164— Abū Dahbal, Dīwān 2, éd. ‘Abd al-Muḥsin (qui utilise 234 sources, anciennes ou modernes, et en particulier Iṣfahānī, Aġānī).
173-Abū al-Rumayḥ al-Ḫuzā‘ī
165Bien qu'il soit classé par al-‘Āmilī parmi les A‘yān al-Šī‘a (XLII, p. 224-225) et par Šubbar (Ṭaff, p. 59-60) parmi les poètes d'al-Ḥusayn, nous ne savons pratiquement rien d'Abū al-Rumayḥ126 (‘Umar) b. Mālik b. Ḥanẓala (Ḥanẓal) b. ‘Abd Šams al-Salūlī al-Ḫuzā‘ī, sinon qu'il serait mort aux environs de l'an 100/718. Il aurait déclamé un court fragment devant Fāṭima b. al-Ḥusayn b. ‘Alī, et celle-ci lui aurait conseillé, ou même dicté, certaines corrections.
166Cependant ces quelques vers sont aussi attribués à Abū Dahbal al-Ǧumaḥī (voir notice 172) et à Sulaymān b. Qatta al-‘Adawī (voir notice 171) ; ils font partie du thrène127 sur al-Ḥusayn et les Ahl al-bayt en général que nous avons analysé dans la notice consacrée à ce dernier poète. Il suffira donc ici de renvoyer à cette analyse, et aux remarques que nous avons faites alors sur les problèmes d'attribution.
167Bibliographie
168Les sources citées dans le corps du texte et en notes.
174-Ibrāhīm b. al-Aštar
169Ibrāhīm b. al-Aštar Mālik b. al-Ḥāriṯ al-Naḫa‘ī est considéré par al-‘Āmilī comme l'un des A‘yān al Šī‘a (V, p. 326-334) ; il aurait participé avec son père à la bataille de Ṣiffīn ; plus tard il se joignit à al-Muḫtār b. Abī ‘Ubayd et tua en 67/686 ‘Ubayd Allāh b. Ziyād ; il trouva la mort en combattant dans les rangs de Muṣ‘ab b. al-Zubayr (en 72/691).
170De la bataille de Ṣiffīn daterait le seul fragment128 poétique qu'on ait de lui. C'est un faḫr tribal et personnel où Ibrāhīm se vante (vers 1) d'appartenir au clan des Naḫa‘ et célèbre (vers 2) sa vaillance guerrière.
171Bibliographie sélective
172— Réd, EI2, III, p.1011-1012
173— Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, index
174— Mas‘‚dī, Murūğ, index
175— et al-‘Āmilī, A‘yān, V, p. 326-334.
175-Al-Hayṯam b. al-Aswad al-Naḫa‘ī
176Nous n'avons pu identifier avec précision ce personnage que Ǧāḥiẓ (Bayān, I, p. 399) cite comme auteur et poète ; il serait mort sous ‘Abd al-Malik b. Marwān. On lui attribue diverses pièces129, dont un fragment poétique130 qui daterait de l'arbitrage à Ṣiffīn ; il y établit un parallèle entre al-Aš‘arī (Abū Mūsā) et ‘Amr b. al-‘Āṣ, soulignant la fidélité (wafā) du premier et la traîtrise du second.
177Bibliographie
178Outre les sources citées en note, voir Ibn Ḥağar, Iṣāba.
176-Šabaṯ b. Rib‘ī
179Šabaṯ b. Rib‘ī al-Tamīmī al-Yarbu‘ī (mort vers 70/690) a eu une vie en dents de scie131 ; l'épisode pro-‘alide nous a laissé une trace sous la forme de huit vers132 qui doivent figurer dans notre inventaire de la poésie šī‘ite. C'est un poème d'allure guerrière qui décrit un combat, probablement lors de la bataille de Ṣiffīn ; l'auteur présente Mu‘āwiya battant en retraite (vers 2), retrace les opérations (vers 1, 3, 4), mentionne les ennemis, notamment les Ġassān et les Ǧuḏām (vers 6) ; enfin, notant l'importance de cette “journée”, il vante les exploits des partisans ‘alides (vers 7 et 8). Bref le poème illustre bien un des aspects de la poésie šī‘ite : la relation des combats.
180Bibliographie sélective
181— Ziriklī, A‘lām, II, p. 226
182— Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, index
183— Ibn Qutayba, ‘Uyūn, index
184— al-Mubarrid, Kāmil, index
185— Ibn Abī al-Ḥadīd, Šarḥ, V, p. 231
186— Ibn Šahrā·‚b, Manāqib, III, p.172.
177-‘Adī b. Ḥātim al-Ṭā’ī
187Classé par al-Marzubānī (Aḫbār, p. 40-41) parmi les principaux poètes šī‘ites et par al-‘Āmilī parmi les A‘yān al-Šī‘a (XXXXI, p.12-16), ‘Adī b. Ḥātim b. ‘Abd Allāh b. Sa‘d al-Ṭā’ī se convertit à l'Islam en l'an 9/630 ou 10/631 ; sous le Prophète, il fit rentrer les impôts des Ṭayyi’ites et des Asadites ; sous Abū Bakr, il empêcha sa tribu d'apostasier ; sous ‘Umar, il participa à la conquête de l'Iraq ; il se tint à l‘écart de ‘Uṯmān, puis il se rallia à ‘Alī et combattit à ses côtés aux batailles d'al-Ǧamal et de Ṣiffīn ; ensuite il vécut à Kūfa où il protégea les siens contre Ziyād b. Abīh jusqu'à sa mort en 68/687-688 ; il mérite d'être signalé pour un ensemble de fragments poétiques qui reflètent son obédience pro-‘alide.
188Dans un premier groupe de sept pièces (au total 23 vers)133 qui se rapportent à la bataille de Ṣiffīn, on peut dégager les éléments thématiques suivants :
189Le poète proclame son soutien à ‘Alī (2, vers 1 et 2 ; 6, šaṭr 4 et 5) et fait son éloge, vantant sa piété (yaḫšā Allāh) et sa droiture (4, šaṭr 3-7) ; par ailleurs, il exprime sa haine contre ‘Abd al-Raḥmān b. Ḫālid b. al-Walīd (pièces 1 et 2) et menace Hišām b. Qubayṣa, du clan de Mu‘āwiya (pièce 6, šaṭr 1, 2 et 3). Cependant, sentant sa fin prochaine après le meurtre de ‘Ammār b. Yāsir, Hāšim al-Mirqāl et Ibn Budayl al-Ḫuzā‘ī (pièce 7),’Adī b. Ḥātim exprime avec des accents touchants (pièce 3) une faiblesse qu'il explique par la mort de ses fils (5, vers 5 et 6). Enfin, rapportant les tentatives de Mu‘āwiya pour le rallier à lui, il redit sa fidélité à ‘Alī (6, vers 2, 3 et 7-8).
190À la bataille de Ṣiffīn et aux pièces précédentes, on peut en rattacher une autre134 où le poète exprime sa peine devant l'attitude ingrate et déshonorante de son fils Zayd qui, après avoir tué lâchement un ‘Alide pour venger son oncle maternel, se rallie à Mu‘āwiya. La bataille d'al-Nahrawān inspire au poète une autre pièce135 où il décrit comment, sous la conduite de ‘Alī l'homme plein de mérites (vers 4), ses partisans marchent (vers 1) contre les Ḫāriğites, les Šurāt ; il traite ceux-ci (vers 2-3) de plus méchants des hommes (šarru qawm), d'ennemis de Dieu, d'injustes, d'aveugles, d'égarés, d'hypocrites et de menteurs. Enfin une dernière pièce136 est une réplique à ‘Abd Allāh b. al-Zubayr qui se serait moqué de lui devant Mu‘āwiya ; le poète, rappelant ses origines nobles et pures (vers 2), menace son adversaire et fait allusion à ses origines coptes137 (vers 1 et 2).
191En conclusion, tous ces fragments, essentiellement rapportés par des sources šī‘ites, enrichissent la poésie pro-‘alide d'avant 40/660 et confirment ses principaux éléments thématiques : éloge et défense de ‘Alī, invectives contre ses adversaires, surtout dans des rağaz vraisemblablement improvisés pendant les batailles ; on voit s'y ébaucher le lexique politico-religieux de la poésie šī‘ite.
192Bibliographie sélective
193— A. Shaade, EI2, I, p. 200-201
194— Ibn Qutayba, Ši‘r et Ma‘ārif, index
195— Mas‘ūdī, Murūğ, index
196— Marzubānī, Aḫbār, p. 40-41 et Mu‘ğam, p. 84-85
197— al-Madanī, Darağāt, p. 352-362
198— al-‘Āmilī, A‘yān, XXXXI, p.12-16.
178-Al-Nābiġa al-Ǧa‘dī
199Ibn Sallām (Ṭabaqāt, p.123-131) considère ‘Abd Allāh ou Ḥibbān b. Qays, dit al-Nābiġa al-Ǧa‘dī, des Ban‚ Ǧa‘da, groupe des ‘Āmir b. Ṣa‘ṣa‘a, comme un poète d'obédience ‘alide ; Ibn Šahrāšūb (Ma‘ālim, p.150) le range parmi les Šu‘arā’ ahl al-bayt al-muqtaṣidīn, et al-‘Āmilī parmi les A‘yān al-Šī‘a (XXXIX, p. 30-31). Il est mort après 73/692-693 ; “[son] séjour à Baṣra sous Abū Mūsā al-Aš‘arī et [sa] présence à Ṣiffīn, dans les rangs de ‘Alī, semblent confirmer des positions politiques nullement inconciliables avec une tentative de rapprochement pro-umayyade sous Mu‘āwiya vers 41/661 à Kūfa” (Blachère, H.L.A., p. 474).
200Dans son œuvre poétique138, nous retenons deux pièces de caractère šī‘ite :
201La première139 aurait été composée par al-Nābiġa juste après la mort du Prophète, et probablement après la proclamation d'Abū Bakr comme calife. Ce sont trois vers (mètre kāmil, rime ma, suivie de hā), où le poète proclame ‘Alī, “le chauve (aṣla‘) des Hāšim”, le plus glorieux des Qurayš (vers 2) ; il le salue du titre de Commandeur des Croyants (Amīr al-mu’minīn), tout en notant l'opposition des musulmans à cette nomination.
202La seconde140, composée à la bataille de Ṣiffīn, est un rağaz de 6 vers, ou plutôt de 11 šaṭr (rime qu), où le poète commence par faire l'éloge de ‘Alī, qu'il compare à un étalon (faḥl, vers 1) et dont il vante la noblesse, usant de termes rares qui rappellent la poésie bédouine archaïque (vers 2 et 1er hémistiche du vers 3) ; il conclut (vers 4, 5 et 6) en le présentant, lui et ses adversaires, engagés dans une course, le premier sur “le droit chemin”, al-hudā, les seconds sur celui de “l'hypocrisie”, al-nifāq.
203En conclusion, si brefs qu'ils soient, ces fragments pro-’alides ou šī‘ites méritent d'être cités, parce qu'ils témoignent, s'ils sont authentiques, d'une prise de position à deux moments cruciaux : la mort du Prophète et la bataille de Ṣiffīn. Dans les deux cas, l'éloge et la position partisane se complètent et s'expriment en termes politiques et religieux qui annoncent le lexique technique des šī‘ites. Mais cela ne doit pas faire oublier les éloges adressés par al-Nābiġa à ‘Abd Allāh b. al-Zubayr141 et aux Banū Ḥarb, en particulier Mu‘āwiya, ce qui montre bien la relativité des positions pro-’alides du poète142.
204Bibliographie
205Les sources citées en notes.
179-Šurayḥ b. Hānī al-Maḏḥağī
206Šurayḥ b. Hānī b. Yazīd b. al-Ḥāriṯ b. Ka‘b al-Maḏḥağī, qu'al-‘Āmilī cite parmi les A‘yān al-Šī‘a (XXXVI, p. 56-59), est mort en 78/700 lors de la campagne contre le Siğistān. Auparavant il avait participé aux batailles d'al-Ǧamal et de Ṣiffīn dans les rangs de ‘Alī. À l'issue de l'arbitrage, auquel il avait assisté, il frappa ‘Amr b. al-‘Āṣ. Nous avons de lui trois143 fragments, dont deux nous intéressent parce qu'ils expriment un engagement politique ou relèvent de la satire. Le premier144, qui daterait de la bataille d'al-Ǧamal, est écrit dans un style sapiential : il proclame le devoir de combattre les “gens du chameau” (‘Ā’iša et ses partisans) et exprime une fidélité absolue à ‘Alī.
207Le second145 daterait de Ṣiffīn : Šurayḥ b. Hānī s'adresse à Abū Mūsā al-Aš‘arī pour le prévenir contre ‘Amr b. al-‘Āṣ, un ennemi de Dieu dont il dénonce les fourberies ; ensuite il lui demande de faire la différence entre Mu‘āwiya et ‘Alī, exaltant les qualités de ce dernier, notamment sa pureté et sa précoce adhésion à l'Islam.
208Cette contribution de Šurayḥ b. Hānī à la poésie -šī‘ite d'avant 40/660 non seulement a une valeur documentaire, mais encore elle est révélatrice de l'activité de propagande que pouvait avoir un partisan en faveur de l'homme qu'il jugeait digne, par ses qualités, de l'autorité suprême.
209Bibliographie sélective
210En plus des sources citées en notes, voir :
211— Ziriklī, A‘lām, III, p. 237
212— Mas‘‚dī, Murūğ, index (où sont citées d'autres sources)
213— Ibn ‘Abd-al-Barr, Istī‘āb, II, p.142.
180-Al-Ḥuḍayn b. al-Munḏir
214Selon al-‘Āmilī, al-Ḥuḍayn b. al-Munḏir b. al-Ḥāriṯ al- Ḏuhlī al-Tamīmī al-Bakrī fait partie des A‘yān al-Šī‘a (XXVII, p. 377-387) ; c'est l'une des personnalités de Baṣra qui participa à la bataille de Ṣiffīn dans les rangs de ‘Alī, y portant l'étendard des Rabī‘a. Par la suite, il se consacra à la poésie et à la transmission de traditions profanes, cela jusqu'à sa mort que l'on situe entre 96/715 et 99/718.
215Dans son œuvre146, deux ou trois fragments nous intéressent :
216D'abord147 un thrène très vague sur le nommé Ǧabala b. ‘Aṭiyya al-Ḏuhlī, dit Abū ‘Arfa, qui aurait demandé au poète son étendard et combattu avec cet emblème jusqu'à sa mort. Un deuxième fragment148 procède du faḫr tribal : al-Ḥuḍayn b. al-Munḏir, sur le ton de la polémique, fait l'éloge des siens, les Rabī‘a que ‘Alī b. Abī Ṭālib préférait aux Muḍar si bien que ceux-ci vouaient aux premiers haine et jalousie. Enfin un troisième fragment, d'ailleurs contesté149, fait allusion aux combats de Ṣiffīn ; le poète souligne la supériorité des troupes de ‘Alī et insiste sur les échecs de celles de Mu‘āwiya, notamment de leurs chefs.
217Bibliographie
218En plus des sources citées en note, voir Bustānī, Da’ira, IV/336, et surtout
219Ch. Pellat, EI2, III, p. 558-559 (où une abondante bibliographie est donnée).
181-Al-Ṣalatān al-‘Abdī
220Quṯam b. Ḥabiyya b. Quṯam dit al-Ṣalatān al-‘Abdī des ‘Abd al-Qays est né aux environs de l'an 10/632 et mort vers l'année 90/710. Ibn Muzāḥim (Ṣiffīn, passim) le considère comme un fidèle compagnon de ‘Alī et l'un de ses poètes ; al-‘Āmilī le range parmi les A‘yān al-Šī‘a (XXXVI, p. 298), mais se contente de reprendre une seule des pièces citées par le premier. Il aurait participé à la bataille de Ṣiffīn dans les rangs de ‘Alī et, une trentaine d'années plus tard, en 65/685, en 72/692 et 75/695, il aurait combattu contre les Ḫāriğites aux côtés d'al-Muhallab b. Abī Ṣufra et de ses deux fils.
221Dans ce qui nous reste de son œuvre150, trois pièces151 seulement reflètent son šī‘isme. La pièce n° 1 rapporte la mort d'un fidèle de Mu‘āwiya, ‘Ubayd Allāh b. ‘Umar b. al-Ḫaṭṭāb, tué à Ṣiffīn par Ḥusayn b. Ǧadir al-Ḥanafī, un homme de ‘Alī ; le vers 6 déclare que l'impudent (safīh) ‘Ubayd Allāh a trouvé la mort sur l'ordre de Dieu. La pièce n° 2 défend la position de Šaqīq b. Ṯawr, d'al-Aš‘aṯ al-Kindī et de Ḫālid b. al-Mu‘ammar qui ont poussé ‘Alī à accepter l'arbitrage. Cependant la dernière pièce (n° 3) refuse le résultat de celui-ci ; elle dénonce l'avis de ‘Amr b. al-‘Āṣ et surtout celui d'Abū Mūsā al-Aš‘arī qui destituent ‘Alī ; le vers 4 proclame qu'en fin de compte le jugement devrait être favorable à ce dernier ; après quoi, en dépit de son attitude précédente conciliante, le poète menace d'une reprise de la guerre (vers 5).
222Même s'ils représentent seulement le cinquième de l'œuvre conservée d'al-Ṣalatān al-‘Abdī, et bien qu'ils n'enrichissent guère le lexique technique de la poésie šī‘ite, ces trois fragments sont importants pour leur valeur documentaire et pour la position politique qu'ils reflètent.
223Bibliographie sélective
224— Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, index
225— Ibn Abī al-Ḥadīd, Šarḥ, passim
226— al-‘Āmilī, A‘yān, XXXVI, p. 288
227— et surtout Maḥm‚d ‘Alī Makkī, “al-Ṣalatān al-‘Abdī”.
E-ŒUVRES PLURITHEMATIQUES
182-Abū al-Aswad al-Du’alī
228Abū al-Aswad Ẓālim b. ‘Amr al-Du’alī, né probablement vers 606 et mort en 69/688, est célèbre pour avoir été, selon une tradition sans valeur historique, le fondateur de la grammaire. Ibn Šahrāšūb (Manāqib, p.150) le cite parmi les Šu‘arā’ ahl al-bayt al-muqtaṣidīn, al-‘Āmilī parmi les A‘yān al-Šī‘a (XXXVI, p. 344-355), et R. Blachère (H.L.A., p. 507-508) comme l'un des rares représentants du courant pro-‘alide ou šī‘ite à Baṣra. Il s'était rallié à ‘Alī qui le nomma en 36/658 gouverneur de Baṣra. Il nous a laissé un dīwān152 dont certaines pièces intéressent notre sujet.
229Nous commençons par deux153 pièces relatives à la bataille d'al-Ǧamal. La première (n° 75) appelle ‘Uṯmān b. Ḥanīf à combattre aux côtés de ‘Alī. Dans la deuxième (n° 48), le poète minimise les menaces de Ṭalḥa et d'al-Zubayr et fait l'éloge de ‘Alī, le lion noir (vers 6) et le troisième des croyants dans la chronologie (vers 7).
230Une autre pièce154 a rapport à la bataille de Ḥārūrā ; le poète reproche à son ami Naṣr b. Mālik d'avoir combattu aux côtés des Ḫawāriğ et loue indirectement ‘Alī, le bon guide.
231L'assassinat du quatrième calife inspire au poète deux poèmes155. Le premier (n° 45) s'adresse à Mu‘āwiya pour lui rappeler la mort de ‘Alī au mois de Ramadan ; c'était le meilleur des hommes, et le poète insiste sur sa noblesse et sa foi (vers 6) ; le second également (Mulḥaq, n° 6) évoque la mort de ‘Alī, dont le courage terrorisait les montagnes et la peur elle-même (vers 7).
232Le massacre de Karbalā lui aussi inspire deux pièces156 où se dégagent deux thèmes principaux. Évoquant le meurtre d'al-Ḥusayn et des siens, le poète vante leurs qualités, leur foi (n° 48, vers 1) et leur noblesse (id., vers 8) tandis qu'il attaque les Umayyades, dénonçant leur injustice (al-fi’atu al-ẓālima, n° 47, vers 3), leur manque de tendresse (ğufāt nizār, n° 48, vers 2) et leur hypocrisie (id., vers 6). Le second thème est celui de l'appel à la vengeance (surtout p. 48, vers 4).
233On retrouve la satire des Umayyades dans un vers isolé157 où le poète insiste surtout sur le carnage qu'ils ont perpétré.
234Par ailleurs, Abū al-Aswad fait l'éloge des ‘alides, ou plutôt des Āl Muḥammad, dans deux pièces, avec deux thèmes principaux. D'une part, le poète exalte les qualités des Āl Muḥammad, leur noblesse et l'aide qu'ils ont apportée au Prophète (n° 46, vers 5 et 13) ; d'autre part, il proclame son amour pour Muḥammad, ‘Abbās, Ḥamza, al-waṣī (‘Alī) et Ǧa‘far (id., vers 3-4) et conclut que quiconque ne leur est pas fidèle s'écarte du droit chemin (n° 77, vers 2). Enfin, nous dit-on, le poète, pour exprimer une fidélité absolue et définitive à ‘Alī, aurait gravé sur sa bague un rağaz (rime ri) qui appelle sur celui-ci la bénédiction de Dieu.
235Cela fait donc onze pièces (106 vers) qui constituent le lot de la poésie šī‘ite dans l'œuvre d'Abū al-Aswad : soit neuf pièces (57 vers) pour vanter les mérites des Ahl al-bayt, notamment de ‘Alī et al-Ḥusayn, une satire de 8 vers contre Ṭalḥa et al-Zubayr et enfin un vers contre les Umayyades ; c'est le sixième des 599 vers conservés. Relativement peu. Certes on retrouve les principaux thèmes de l'époque : amour pour les ‘alides, attaque contre leurs adversaires à l'occasion des principaux événements (batailles d'al-Ǧamal et de Ṣiffīn, massacre de Karbalā) ; mais en définitive l'aspect šī‘ite n'est pas tellement manifeste dans l'œuvre de ce poète légendaire. R. Blachère avait donc raison d'écrire, après avoir dépouillé la première édition du Dīwān d'Abū al-Aswad que “l'inspiration šī‘ite s'y retrouve moins qu'on ne le pensait” (H.L.A., p. 508). Le jugement reste valable même après la publication des deux annexes.
236Bibliographie sélective
237— Ziriklī, A‘lām, p. 340
238— J.W. Fuck, EI2, I, p. 110
239— R. Blachère, H.L.A., p. 507-508
240— al-‘Āmilī, A‘yān, XXXVI, p. 344-353
241— et surtout Dīwān, éd. Duğaylī et éd. M.H. Āl Yāsīn.
183-A‘šā Hamdān
242‘Abd al-Raḥmān b. ‘Abd Allāh al-Ǧu·amī al-Hamdānī, dit A‘šā Hamdān, est né à Kūfa vers 30/650. Pour ‘Āmilī, il fait partie des A‘yān al-Šī‘a (XXXVII, p.165-166), et pour R. Blachère (H.L.A., p. 515-518), c'est l'un des principaux poètes du courant pro-‘alide entre 50/670 et 107/725. Sur le plan militaire, il se distingue en participant à des mouvements insurrectionnels contre les Umayyades, d'abord aux côtés de ‘Abd Allāh b. al-Zubayr et de son frère Muṣ‘ab entre 63/683 et 72/691, ensuite aux côtés de ‘Abd al-Raḥmān b. al-Aš‘aṯ en 80/699. Il mourut décapité sur l'ordre d'al-Ḥağğāğ en 82/701.
243Sur le plan poétique, il se signale par un ensemble de poèmes158, “reflet de ses aventures et de ses sentiments politiques (EI2, I, p. 711)” ; certains témoignent de ses rapports avec le šī‘isme.
244D'abord, dans une satire contre les Basriens (pièce 37 de l'édition Geyer)159, le poète rappelle (vers 5) les exploits des siens à la bataille du Chameau.
245La pièce n° 5160 est plus importante pour la connaissance du šī‘isme d'al-A‘šā. Aux dires de Ṭabarī et d'Ibn al-Aṯīr161, elle était tenue secrète (mukattama) à l'époque umayyade. Dans la version qu'en donne Geyer, on a l'impression d'une reconstitution, ou bien de l'assemblage de deux ou trois poèmes, qui pouvaient peut-être se compléter. Fait curieux et plutôt contraire à la tradition, le poème s'ouvre par un prélude amoureux (vers 1-9) ; R. Blachère (H.L.A., p. 517) considère cependant qu'il se rapporte à al-Ḥusayn et au drame de Karbalā ; de fait, il se poursuit par l'éloge de ce martyr (vers 10-15) et de ses partisans (vers 16-18), en insistant surtout sur leur caractère pieux (tuqā). Mais ensuite (vers 19-34) le poète passe à la bataille de ‘Ayn al-Warda où périrent les Pénitents (al-Tawwābūn) ; il évoque la mort des plus connus : Sulaymān b. Ṣurad, ‘Abd Allāh b. Sa‘d b. Nufayl al-Azdī, et ‘Abd Allāh b. Wā’il al-Tamīmī et conclut, comme pour se consoler, sur la fatalité de la mort. Enfin dans un dernier passage où les vers 35-38 ou 35-40 “sont très probablement une interpolation” (R. Blachère, ibid.), le poète invective un groupe des Hamdān, et particulièrement al-Muḫtār ( ?).
246En effet, comme le fait encore remarquer R. Blachère (H.L.A., p. 516), le “zèle pro-‘alide [d'al-A‘šā] ne semble pas avoir été jusqu'à soutenir le mouvement d'un extrémiste comme al-Muḫtār. Bien au contraire : le poème n° 31162 dénonce les mensonges de celui-ci et assimile ses amis aux Ṣabā’iyya (Sabéens) ; il les considère comme la “police de la mécréance (šurṭat al-kufr, vers 1) ; puis, tout en faisant l'éloge d'Ibn al-Zubayr, le poète proclame sa foi dans les Āl Muḥammad et prédit leur triomphe. De même, le poème n° 23163 se réjouit de la défaite d'al-Muḫtār.
247Par ailleurs, le poète exprime son opposition à l'extrémisme dans une satire164 virulente des tribus des ‘Iğl et des Kinda, connues pour leur šī‘isme extrémiste et parce qu'ils avaient l'habitude d'étrangler leurs adversaires.
248Tel est, en résumé, l'apport du poète A‘šā Hamdān à la poésie šī‘ite en cette seconde moitié du premier siècle de l'Hégire : éloges d'al-Ḥusayn, lamentation sur les morts ‘alides ou pro-’alides à Karbalā et à ‘Ayn al-Warda, et surtout satires contre al-Muḫtār et contre les extrémistes. En définitive la position et les vers šī‘ites de A‘·ā Hamdān ne semblent pas justifier la place que lui accorde R. Blachère parmi les poètes pro-‘alides, et ce, malgré la valeur esthétique de la pièce sur al-Ḥusayn et les Pénitents, et la valeur documentaire de celle sur les extrémistes. En effet, ce poète ferait plutôt partie des Zubayrides, ou plus exactement du camp hostile aux Umayyades. Ce qui le distingue surtout, c'est son faḫr personnel et tribal, ses positions pro-yéménites et l'expression de son émoi dans les dangers qu'il a connus au cours de ses multiples aventures guerrières.
249Ainsi Yūsuf Ḫalīf (Kūfa, p. 336-344) n'a pas tort de le considérer comme un représentant de la poésie des conquêtes (al-futūḥ), sans que cela doive faire oublier son apport, si minime soit-il, à la poésie šī‘ite.
250Bibliographie
251— A.J. Wensinck et G.E. Von Gunebaum, EI2, I, p. 711
252— R. Blachère, H.L.A., p. 515-518
253— Y. Ḫafīf, Kūfa, p. 336-444
254— et surtout R. Geyer, “Ši‘r A‘šā Hamdān” dans Gedichte von Abū Baṣīr Maimūn b. Qays Qays al-A‘šā, Londres, 1928, p. 311-343.
184-Al-Faḍl b. al-‘Abbās al-Lahabī
255Al-Faḍl b. al-‘Abbās b. ‘Utba b. Abī Lahab est probablement né au début de l'Islam et mort vers l'an 95/714 (Ziriklī, A‘lām, V, p. 355), et non en l'an 12/634 ou 15/637 comme l'affirme ‘Āmilī, (A‘yān, XII, p.157). Ibn Šahrā·‚b (Ma‘ālim, p.150) le considère comme l'un des Šu‘arā’ ahl bayt al-muqtaṣidīn et al-‘Āmilī le cite parmi les A‘yān al-Šī‘a (XXXXII, p. 291-292). Il aurait soutenu ‘Alī b. Abī Ṭālib, surtout à Ṣiffīn ; par ailleurs, il aurait été le premier Hāšimite à louer les Umayyades et à bénéficier des faveurs du calife al-Walīd b. ‘Abd al-Malik.
256Dans l'œuvre165 qu'il nous a laissée, tout un ensemble de pièces donne de lui l'image d'un poète d'obédience šī‘ite. Une première série de fragments166 (au total 68 vers) vante les mérites des Banū Hāšim, “Gens de la Prophétie, du califat et de la foi” et insiste sur leurs qualités morales. Un tel éloge avait certainement un sens et une portée politiques sous le règne des Umayyades.
257Encore plus importante et plus significative est l'attitude qui s'exprime dans d'autres poèmes et témoigne d'une certaine évolution :
258Après la nomination d'Abū Bakr au califat, une pièce167, d'ailleurs d'attribution douteuse, défend les droits de ‘Alī, en rappelant la précocité de son Islam, son vaste savoir en matière de Coran et de tradition (vers 2), ses liens de parenté avec le Prophète, et comment il a participé aux côtés de l'ange Gabriel à la toilette et à la mise au linceul de celui-ci (vers 3). Le premier vers du poème s'était étonné de la nomination d'Abū Bakr, et le dernier la dénonce comme une grande duperie.
259Après l'assassinat de ‘Uṯmān, al-Faḍl b. ‘Abbās aurait adressé à al-Walīd b. ‘Uqba b. Abī Mu‘ayṭ deux pièces168, où il développe trois thèmes majeurs : d'abord il insiste sur la part des Égyptiens (ahl Miṣr) dans l'assassinat (n° 4, vers 2 ; n° 27, vers 6) ; ensuite il invective al-Walīd b.‘Uqba, récusant en termes désobligeants sa parenté avec le calife (n° 27, vers 2), donc son droit à le venger (n° 27, vers 1), et lui rappelant sa qualité de fāsiq (dépravé ou impudique, n° 4, vers 9) ; enfin il fait l'éloge de ‘Alī, en termes religieux (c'est le premier à avoir fait la prière, n° 27, vers 4) ou politiques (c'est le successeur de Muḥammad, walī al-‘amr, n° 4, vers 4 et 7 ; son vicaire désigné, waṣī, n° 4, vers 5 et n° 27, vers 3), termes qui sont manifestement šī‘ites.
260De même, sans doute à l'époque de Ṣiffīn, le poète aurait adressé deux pièces169 à Mu‘āwiya : la première (n° 31) lui rappelle sa faiblesse devant ‘Abd Allāh b.‘Abbās qui avait refusé l'armistice ; la seconde (n° 40) note la détermination de ‘Alī à poursuivre le combat et fait, par là même, son éloge : c'est le meilleur des hommes (vers 9), désigné (waṣī) par le Prophète et son cavalier (fāris) (vers 10).
261Dans une autre pièce170, al-Faḍl, mettant à nu les ruses de ‘Amr b. al-‘Āṣ, le menace de poursuivre les combats et réitère l'éloge de ‘Alī, le favori de Dieu (vers 4).
262À la tragédie de Karbalā se rapporte la pièce n° 24171 ; le poète se lamente sur les Ban‚ Hāšim qui y sont morts, célébrant leur générosité et leur courage (vers 4 et 5) et dénonçant plusieurs tribus qui auraient participé au massacre (vers 6, 7 et 8) ; enfin, et cela est capital, il espère qu'un vengeur tirera raison des ennemis des ‘Alides (vers 10).
263Une dernière pièce172 enfin, adressée aux Umayyades en général, les menace, en les avertissant que la haine entre eux et les Hāšimites est réciproque (vers 4).
264Ainsi la poésie šī‘ite (60 vers sur 227), surtout si l'on y ajoute le faḫr tribal (68 vers), représente une part importante dans l'œuvre d'al-Faḍl (respectivement le quart ou la moitié de l'ensemble). Sa valeur documentaire est manifeste : on y trouve l'écho des principaux événements de l'époque : nomination de Abū Bakr, assassinat de ‘Uṯmān, bataille de Ṣiffīn et massacre de Karbalā. De plus le poète prend nettement position, tant par ses invectives (contre Mu‘āwiya et ‘Amr b. al-‘Āṣ notamment) que par ses louanges (pour les Hāšimites en général et pour ‘Alī en particulier, rappelant ses qualités connues et usant pour évoquer ses droits politiques des termes consacrés de walī, successeur, et de waṣī, désigné).
265Bibliographie sélective
266— Ziriklī, A‘lām, V, p. 355
267— ‘Āmilī, A‘yān, XXXXII, p. 291-292
268— et surtout : Mahdī ‘Abd al-Ḥusayn al-Nağm, Ši‘r al-Faḍl b. al-‘Abbās al-Lahabī.
185-Ayman b. Ḫuraym al-Asadī
269Ayman b. Ḫuraym b. al-Aḫram b. Fātik al-Asadī, né avant l'Islam et mort aux environs de 80/700 doit être considéré comme un poète šī‘ite, aussi bien selon les auteurs anciens (Iṣfahānī, Aġānī, XXI, p. 5 ; Bakrī, Simṭ, p. 262) que selon les contemporains (Zaydān, Adab, I, p. 316 ; Ḥamīda, Adab, p.153 ; Kafrāwī, Ši‘r, I, p. 216 et évidemment al-‘Āmilī, A‘yān, XIII, p. 40-55). Après avoir pleuré ‘Uṯmān, il se serait abstenu de combattre ‘Alī, malgré les offres de Mu‘āwiya.
270À défaut d'un dīwān173, il nous a laissé tout un ensemble de pièces, dont quatre174 ont une résonance šī‘ite.
271La première pièce (n° 1), très appréciée du calife ‘Abd al-Malik b. Marwān (Iṣfahānī, Aġānī, XXI, p. 6), fait l'éloge des Hāšimites, exaltant leur foi et leur piété (vers 1 et 2) et approuvant les larmes versées sur eux (vers 3 et 4) ; le poète, les comparant à d'autres hommes (les Umayyades ?), leur donne évidemment la suprématie (vers 5 et 6).
272La seconde (n° 18) fait l'éloge des hommes de ‘Alī : notamment ‘Adī b. Ḥātim175 al-Aštar176 et al-Mirqāl177 ; elle insiste sur leurs exploits à la bataille de Ṣiffīn. Cette pièce a d'autant plus de valeur qu'elle est adressée à Mu‘āwiya.
273Dans la troisième (n° 14), le poète intervient au moment de l'arbitrage (taḥkīm) ; il conseille à ‘Alī de nommer comme représentant ‘Abd Allāh b. ‘Abbās à la place de Abū Mūsā, ce qui le conduit à faire l'éloge du premier et la critique du second.
274Une quatrième et dernière pièce enfin (n° 17) relate le combat de la Ḫāriğite Ġazāla contre les Iraqiens, en insistant sur la suprématie de la première.
275Éloge des Hāšimites, conseils à ‘Alī, louanges adressées à ses hommes, tels sont les principaux thèmes de ce qu'on pourrait appeler la poésie šī‘ite d'Ayman b. Ḫuraym et qui représente à peu près un quart de sa production. Cependant, d'autres pièces affaiblissent cette position.
276En effet, d'une part il a fait l'éloge du prince umayyade Bišr b. Marwān178, et d'autre part il a pleuré ‘Uṯmān179. C'est peut-être ce qui amène Ch. Pellat à écrire180 “contrairement à l'Aġānī qui fait de lui un ·ī‘ite, on doit plutôt considérer qu'il était ‘uṯmānien”.
277Bibliographie
278— Ziriklī, A‘lām, I, p. 378
279— Ch. Pellat, EI2, I, p. 807
280— Āmilī, A‘yān, XIII, p.140-155
281— et surtout notre “Ayman b. Ḫuraym, Aḫbāruh wa aš·‘āruh”, dans A.U.T. n° 9/1972, p.101-149.
186- ‘Abd Allāh b. Kaṯīr al-Sahmī
282Kaṯīr b. Kaṯīr (Zubayrī, Nasah, 407, et Marzubānī, Mu‘ğam, 239) ou plutôt ‘Abd Allāh b. Kaṯīr b. al-Muṭṭalib al-Sahmī (Ǧāḥi˙, Bayān, III, p. 360), est un traditionniste, mort en l'an 120/739 (Ibn Ḥağar, Tahḏīb, V, p. 366). On lui attribue trois ou quatre courts fragments que nous devonsinventorier bien que deux d'entre eux soient, par ailleurs, attribués au célèbre Kuṯayyir ‘Azza et un autre à al-Farazdaq.
283Le premier181 semble être un thrène sur les Ahl al-bayt, où le poète se désespère devant la fatalité et l'irrévocabilité de la mort.
284Le deuxième182 procède de l'éloge et de l'engagement politique. En effet, en réponse à ceux qui lui reprochent son amour pour les Ahl al-bayt, le poète fait l'éloge de ces derniers : il vante leur pureté et affirme que les aimer n'est nullement un péché, mais que, bien au contraire, cela expie tout péché.
285Le troisième183 vaut non seulement par les thèmes qu'il développe, mais aussi par les circonstances de sa composition. ‘Abd al-Malik b. Marwān ou Ḫālid b. ‘Abd Allāh al-Qasrī avait ordonné de perpétuer la coutume de maudire en chaire ‘Alī et ses descendants ; pour leur répondre, le poète aurait composé ces vers où il fait l'éloge des ‘alides et appelle la malédiction divine sur tous ceux qui médisent d'eux ou les insultent. Un quatrième fragment, qu'al-Amidī attribue à Kaṯīr b. Kaṯīr al-Sahmī, n'est en fait qu'un morceau du célèbre poème en mīm d'al-Farazdaq : nous n'en tenons pas compte ici. En conclusion, même si elles sont contestées ou d'attribution douteuse et soulèvent une fois de plus les problèmes d'attribution et de transmission, ces poésies de ‘Abd Allāh b. Kaṯīr al-Sahmī illustrent bien cependant deux des thèmes principaux de la poésie šī‘ite vers la fin du règne des Umayyades : l'amour presque religieux pour les Ahl al-bayt et les invectives contre leurs adversaires.
286Bibliographie
287Voir les notes.
F-POETES FAUSSEMENT RATTACHES AU ŠĪ‘ISME
187- ‘Abd Allāh b. Abī Ma‘qil al-Anṣārī
288‘Abd Allāh b. Abī Ma‘qil b. Nuhayk b. Yūsufal-Anṣārī fit quelque temps partie de l'entourage de Muṣ‘ab b. al-Zubayr et participa à la campagne que ce dernier mena contre Zaranğ ; il mourut vers 70/690.
289D'après al-Iṣfahānī (Aġānī, Ṯaqāfa, XXIII, p.167-175) qui ne fait nulle mention de šī‘isme à son sujet, ce fut un poète mineur de l'époque umayyade. Bien qu'al-‘Āmilī le cite parmi les A‘yān al-Šī‘a (XXXVIII, p. 93-94), nous ne pouvons, au vu des quelques vers184 qu'on lui attribue, le considérer comme un poète šī‘ite. S'il figure cependant ici, c'est pour montrer la tendance qu'ont les auteurs ·ī‘ites à accroître le nombre des partisans de la cause ‘alide.
290Bibliographie
291Sezgin, G.A.S., II, p. 294-295 (qui cite une abondante bibliographie dont le dépouillement confirme nos conclusions).
188-Yaḥyā b. Ya‘mur al-‘Adwānī
292Bien que le grammairien Yaḥyā b. Ya‘mur al-‘Adwānī (m.127/744) soit considéré par al-‘Āmilī (A‘yān, I, p.168) comme un “célèbre poète šī‘ite”, il ne semble pas, à la lumière des sources disponibles, avoir laissé de vers qui témoignent d'une obédience ‘alide. Cependant il faudra en tenir compte dans nos conclusions sur la transmission de la poésie šī‘ite.
293Bibliographie
294— al-‘Āmilī, A‘yān, I, p.168
295— al-Mubarrid, Kāmil, index
296— fiabarī, Tārīḫ, index.
189-Al-Uqayšir al-Asadī
297Cité par R. Blachère (H.L.A., p. 515) parmi les poètes du courant pro-‘alide entre 50/670 et 107/725, et même comme šī‘ite (ibid., p. 542), al-Muġīra b. ‘Abd Allāh b. Mu‘riḍ de Ban‚ ‘Amr, naquit à Kūfa, probablement peu avant l'Islam, et mourut aux environs de l'année 80/799, exécuté puis brûlé sur l'ordre de ‘Abd Allāh b. Isḥāq b.’Ubayd Allāh qu'il avait invectivé (Nuwayrī, Nihāya, IV, p. 55-56). Il semble avoir mené une vie de débauche malgré sa mobilisation par ‘Abd Allāh b. al-Zubayr contre les Umayyades (Aġānī, X, p. 90). Selon certains185, il aurait été d'obédience ‘uṯmānite ou pro-umayyade bien qu'aucune pièce dans son “dīwān”186 ne justifie cette hypothèse. Rien non plus dans son comportement ou dans sa vie ne prouve son šī‘isme, sauf trois vers (n° 31, mètre ṭawīl, rime qa) rapportés par Iṣfahānī (Aġānī) et ‘Abbāsī (Ma‘āhid), qui pourraient amener à poser le problème. Cette pièce serait une comparaison entre les quatre premiers califes ; en fait al-Uqay·ir, après avoir insisté sur la valeur de la prière (vers 1) et la croyance en l'unicité de Dieu (vers 2), conclut que “la vérité est claire et les questions futiles sont à écarter”. Cette réponse vague peut tout au plus prouver que le poète se désintéressait de la politique ou bien, s'il était pro-‘alide, qu'il pratiquait la taqiyya.
298Selon nous, les poèmes d'al-Uqayšir n'ont aucun rapport avec le šī‘isme ; si nous nous sommes intéressé à lui, c'est par souci d'exhaustivité et par respect pour l'opinion de R. Blachère. Nous reprendrons simplement la conclusion de celui-ci (H.L.A., p. 515) : “Si maigres que soient ces vestiges, ils sont précieux car ils témoignent avec bien d'autres des efforts d'une bohème pour s'évader des contraintes religieuses et poétiques”, en précisant toutefois que toute appartenance du poète au šī‘isme est à écarter.
299Bibliographie
300— Iṣfahānī, Aġānī, index
301— Blachère, H.L.A., p. 515
302— Nallino, Littérature, p. 226-227
303— et notre “Uqayšir”, dans A.U.T., n° 8,1971, p. 29-91.
190-Ḥamza b. Bīḍ
304Ḥamza b. Bīḍ des Ban‚ Bakr b. Wā’il (mort en 116/734-735) est cité par R. Blachère parmi les poètes du courant pro-‘alide à Raqqa et à Kūfa entre 50/670 et 107/725 : il “s'attacha aux Muhallabides, notamment à al-Muhallab et Bilāl b. Abī Burda (mort en 120/738) ; ses mœurs, son cynisme et ses facéties sont à l'origine d'une littérature anecdotique qui semble refléter le genre de vie menée par des poètes-bouffons auprès de l'aristocratie iraqienne du iie/viiie siècle” (H.L.A., p. 518). Cependant, à notre avis, à la lumière de sa vie et des vers que rapportent de lui Iṣfahānī (Aġānī), Yāqūt (Iršād) et Ibn Ḫallikān (Wafayāt), il convient de l'écarter de notre inventaire, sauf si on tient compte d'une satire contre le calife al-Walīd b. Yazīd187. Cinq vers suffisent-ils à faire de lui un poète šī‘ite ? Malgré notre respect pour R. Blachère, la réponse est négative.
305Bibliographie sélective
306— Pellat, EI2, III, p.158
307— Blachère, H.L.A., p. 518
308— Iṣfahānī, Aġānī, index
309— Ibn Ḫallikān, Wafayāt, VI, p. 210-286 et index
310— Yāqūt, Iršād, IV, p.146-150
311— nous avons essayé de reconstituer son dīwān : A.U.T., n° 35,1994.
191-Anonyme apocryphe
312Mūsā b. Nuṣayr, gouverneur du Maġrib pour le calife umayyade ‘Abd al-Malik b. Marwān, aurait trouvé un poème sculpté188 sur l'un des murs de la ville construite par les djinns en plein désert pour Salomon. Les cinq derniers vers de ce poème se rapportent au šī‘isme. En effet, après un long développement sur la vanité de la vie (vers 1-10), le poète fait l'éloge du Prophète, envoyé à l'Humanité entière (vers 11-12) ; il affirme le droit de ses descendants à l'imāmat ou au califat, et indique, dans un esprit imāmite, qu'ils sont douze et qu'ils sont les désignés (awṣiyā’). Est-il besoin de dénoncer le caractère apocryphe de ce poème ?
Notes de bas de page
1 Cette œuvre ne paraît pas avoir été réunie en dīwān à date ancienne. Cependant, en 1966, la Mağallat al-‘Arab en a publié 103 vers précédés d'une étude sur la tribu et la vie du poète ; par ailleurs, M. Rāfiq b. Ḥammūda a préparé, sous notre direction à la Faculté des Lettres de Tunis en 1975, un C.A.R. (dactylographié) qui avait pour objet de reconstituer et d'étudier le dīwān de ‘Abd Allāh b. Hammām. Glanés dans des sources variées, historiques, littéraires ou philologiques, M. b. Ḥammūda a réuni 207 vers, répartis entre 35 pièces de longueur inégale : 26 n'excèdent pas 6 vers. Le poète utilise huit mètres, avec une forte prédilection pour le ṭawīl (16 pièces) ; viennent ensuite le basīṭ (7), le kāmil le wāfir (3), le ḫafīf (2) et enfin le ramal, le rağaz et le mutaqārib (1). On décompte 15 rimes : nūn (5 fois), lām (4), dāl, ‘ayn, kāf et mīm (3), ba, ḥa ra, sīn et qāf (2) et enfin hamza, ta, ṯūa et fā (1).
Un classement par genre donne le résultat suivant :
2 Dix-huit vers (mètre ṭawīl, rime ‘i), rapportés de façon plus ou moins complète par Dīnawarī (Aḫbār, p. 291) ; Balāḏurī (Ansāb, V, p. 234) et Ṭabarī (Tārīḫ, IV, p.510).
3 Ibn Hammām (2), p. 15.
4 Qāḍī, Firaq, p. 352.
5 Huit vers (mètre ṭawīl, rime ki), rapportés par Ṭabarī (Tārīḫ, VII, p. 640).
6 Son dīwān a fait l'objet de deux éditions, la première celle de S. M. Ḥusayn et que R. Blachère a analysée (H.L.A., p. 473-480) nous fournit “13 fragments, 3 courtes pièces et 5 poèmes soit en tout 338 vers” ; la deuxième, celle de Ḥusayn Naṣṣār, et que nous utilisons, est plus scientifique et plus complète. Ainsi édité, le dīwān de Surāqa compte 25 pièces (et non 24 comme l’indique l’index des rimes, l'auteur ayant omis un fragment de 2 vers qu’il a glané lui-même dans Ǧāḥi˙, Maḥāsin) totalisant 355 vers, répartis en 12 fragments de 2 à 6 vers et 13 poèmes allant de 7 à 79 vers et dont 3 sont relativement très longs (55, 58 et 79 vers). Le poète n'utilise que 5 mètres avec prédominance du ṭawīl (9) et du wāfir (7) puis viennent le kāmil (5) puis le basīṭ et le rağaz (2) ; mais il utilise par ailleurs comme rimes 8 lettres : lām (6), bā, rā et mīm (4), ta, fā et nūn (2), et enfin dāl (1). Le classement par genre des poèmes nous donne le résultat suivant :
7 Pièces n° 16 (5 vers, mètre ṭawīl, rime lām) et n° 17 (7 vers, mètre wāfir, rime lām).
8 Pièces n° 16 (5 vers, mètre ṭawīl, rime lām) et n° 17 (7 vers, mètre wāfir et rime lām).
9 Pièces n° 11 (rajaz, 2 vers), n° 12 (10 vers, mètre wāfir et rime nūn), n° 13 (4 vers, mètre wāfir et rime tā’) et n° 18 (4 vers, mètre ṭawīl et rime mīm).
10 L'œuvre poétique de ‘Ubayd Allāh b. al-Ḥurr a fait l'objet de deux reconstitutions : la première en 1396/1976 par Nūrī Ḥammūdī al-Qaysī (Šu‘arā’ Umawiyy‚ n, I, p. 65-125) et la seconde par Mahdī ‘Abd al-Ḥusayn al-Nağm (dans la revue al-Balāġ, n° 2, 3 et 4 ; 7e année 1397-1398/1977-1978). Ce dernier a réuni 49 pièces (et non 48, car il y a un n° 9 et un n° 9a), soit au total 195 vers auxquels il faut ajouter 9 vers (en 2 pièces) dont l'attribution au poète est douteuse. Quand à al-Qaysī, il a réuni 50 poèmes (et non 49, car il a omis de numéroter une pièce entre les n° 31 et 32), au total 248 vers. Nous utilisons cette édition en y ajoutant :
- la pièce n° 11 de l'édition de Mahdī (1 vers) ;
- la première des deux pièces ajoutées en annexe par ce dernier (6 vers) ;
- un vers (le quinzième de la pièce n° 45 chez Mahdī à ajouter à la pièce n° 41) ;
- et enfin un vers (le neuvième de la pièce n° 5 chez Mahdī à ajouter à la pièce n° 2).
Nous avons ainsi 257 (248+9) vers répartis en 52 pièces. Le poète n'utilise que 5 mètres : le ṭawīl (41 fois), le rağaz (4), le basīṭ et le wāfir (3) et enfin le munsariḥ (1) avec 15 consonnes à la rime : bā et rā (11 fois), lām (6), ğīm, dāl et ‘ayn (4), nūn (3), mīm (2), et enfin ḥa, fā, qāf, kāf, ha et ya (1 fois).
Par ailleurs, le classement par genres donne le résultat suivant :
11 Il s'agit des pièces n° 5 (3 vers, mètre ṭawīl, rime bā), n° 17 (26 vers, mètre ṭawīl, rime dāl) et n° 31 (2 vers, mètre ṭawīl, rime ‘ayn).
12 Il s'agit de la pièce n° 1 (6 vers, mètre ṭawīl, rime dāl), ajoutée en annexe par Mahdī qui mentionne qu'elle a été faussement rapportée par Baḥr al-‘Ulūm (Riğāl) et Šubbar (Ṭaff).
13 Il s'agit des pièces n° 32 (7 vers, mètre wāfir, rime qāf), n° 40 (5 vers, mètre ṭawīl, rime mīm ; attribuée aussi à Abū Dahbal al-Ǧumaḥī, dīwān 2, n° 40) et n° 41 (14 vers, mètre ṭawīl, rime mīm) auxquelles il faut ajouter une quatrième glanée par pièce 45). ṭawīl, rime yā.
14 Voir la notice n° 172.
15 Abū Miḫnaf, Maqtal, p. 77.
16 ‘‘Āmilī (A‘yān, XXXVII, 11-14) prétend qu'“ une certaine revue dit qu’il a un dīwān édité par un orientaliste allemand”. Al-Amīnī lui aussi assure (Marzubānī, Aḫbār, p. 24) que son dīwān a été publié à Londres. Mais, recherches faites, nous pouvons affirmer que ce sont là deux erreurs ; sans doute les deux auteurs confondent-ils notre poète soit avec ‘Āmir b. al-Ṭufayl, soit avec al-Ṭufayl b. ‘Awf al- Ġanawī dont les dīwān-s ont effectivement été publiés à Londres, respectivement par Ch. Lyall en 1913 et F. Krenkow en 1927. Il est à noter aussi que Ṭihrānī (Ḏari‘a, I, p. 3167) et Ziriklī (A‘lām, IV, p. 26) attribuent à al-Ǧalūdī Kitāb Aḫbār Abū al-Ṭufayl qui n'est cependant cité ni par Ibn al-Nadīm (Fihrist, p.183), ni par Kaḥḥāla, (Mu‘ğam, VI, p. 263) dans la liste des ouvrages qu'aurait composés cet auteur. En dépouillant les sources anciennes (notamment Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn ; Iṣfahānī, Aġānī ; Marzubānī, Aḫbār ; Ibn ‘Asākir, Tārīḫ) ou modernes (‘Āmilī, A‘yān), nous avons réussi à glaner 88 vers, soit 13 pièces de longueur inégale :1 vers (n° 7 et 9) ; 2 vers (n° 10) ; 3 vers (n° 8,12 et 13) ; 4 vers (n° 4) ; 5 (n° 1) ; 10 (n° 11) ;12 (n° 3 et 5) ;14 (n° 6) et enfin 18 vers (n° 2). Abū al-Ṭufayl utilise 5mètres : le ṭawīl (5 fois), le rağaz (3), le basīṭ et le mutaqārib (2), le sarī‘ (1) ; le rağaz et le mutaqārib correspondent à l'aspect guerrier de cette poésie.
17 Voir la notice n° 100.
18 Selon Ibn al-Ḫayyir dans son Fihrist (voir Dīwān 2, p. 5), Abū ‘Alī al-Qalī aurait apporté avec lui, dans son voyage en Andalousie, les deux volumes du dīwān de Kuṯayyir ‘Azza ; ceux-ci sont sans doute irrémédiablement perdus. Cependant, H. Pérès en a tenté une première reconstitution (2 vol., Alger, 1928-1930), et Iḥsān ‘Abbās une seconde (Beyrouth, 1971). C'est à cette édition, scientifique et plus complète, que nous nous référons ; Kuṯayyir Ḥašīša (voir bibliographie) a comparé les deux éditions en annexe à son travail.
19 a) Treize vers (mètre wāfir, rime ‘u), attribués par Iṣfahānī à al-Sayyid al-Ḥimyarī (voir Dīwān 2, p. 521-522) ; b) cinq vers (mètre ḫafīf, rime mi), attribués notamment par al-Ǧāḥiẓ dans le Kitāb al-Ḥayawān, à Kuṯayyir ou à un poète de Ban‚ Sahm et par al-Marzubānī dans son Mu‘ğam à Kaṯīr b. Abī Wada‘a al-Sahmī (voir Dīwān 2, p. 537) ; c) un vers (mètre wāfir, rime ma), attribué avec 4 autres à Kuṯayyir par Baġdādī dans son Farq et qui se trouve attribué à al-Sayyid dans son dīwān (voir Dīwān 2, p. 532).
20 Trois vers (mètre sarī‘, rime li), voir Dīwān 2, p. 493.
21 a) Quinze vers (mètre wāfir, rime qi), voir Dīwān 2, p. 215-218 ;
b) vingt-quatre vers (mètre wāfir, rime di), voir Dīwān, p. 219-223.
22 Trois vers (mètre kāmil, rime bi), voir Dīwān 2, p. 494 et aussi notice 186.
23 Deux vers (mètre wāfir, rime na), voir Dīwān 2, p. 490.
24 Quatre vers (mètre wāfir, rime li), voir Dīwān 2, p. 232.
25 Neuf vers (mètre ṭawīl, rime mi), voir Dīwān 2, p. 224-226.
26 Un rağaz sur rime ği, rapporté par Ibn Sa‘d, Ṭabaqāt, V, p.107 sous la forme de 5 šaṭr et par Qummī, Farq, p. 29 et Ibn al-Aṯīr, Kāmil, IV, p. 252 sous la forme de 10 šaṭr ou 5 vers (voir Dīwān 2, p. 496-497).
27 Vers 10 de la pièce 58 (trente et un vers, mètre kāmil, rime ni), Dīwān 2, p. 333-337.
28 Au total, on l'a vu, trois pièces (18 vers) d'authenticité douteuse, trois thrènes (42 vers) et cinq fragments laudatifs et doctrinaux (28 vers), ce qui fait au maximum 88 vers, même pas le vingtième de ce qui reste de son œuvre.
29 Secondaire, puisque “ dès la fin du iie/ixe siècle, Kuṯayyir est définitivement intégré à la foule des Amants-Poètes [...]” (Blachère, H.L.A., p. 612). C'est à ce titre qu’il doit d'abord d'être connu et étudié, et cela paraît naturel si l'on songe que nous avons de lui 66 pièces érotiques, soit 747 vers, plus du tiers de son œuvre.
30 Trente-trois poèmes de Kuṯayyir, soit 608 vers, font l'éloge des Umayyades (cela représente presque le tiers de sa production) ; “ en fait, remarque Blachère (H.L.A. p. 610), par opportunisme ou ambition, incité d'ailleurs à la prudence par l'attitude réservée de Muḥammad b. al-Ḥanafiyya vis-à-vis de Marwān, le poète n'éprouve nul scrupule à user de la taqiyya, ou dissimulation, par contrainte de la foi personnelle”
31 Comme le montre magistralement R. Blachère, le dīwān d'al-Farazdaq n'a fait l'objet d'aucune édition critique malgré diverses tentatives : Boucher, Paris,1870 (tome I) et Hell, Munich / Leipzig,1901 (tome 2) ; Beyrouth, s.d. et 1937 ; Le Caire,1293 ; aṣ-Ṣāwī, Le Caire,1354 / 1936,“ non critique et médiocre, avec gloses souvent négligeables ; aucune indication sur l'utilisation des manuscrits connus ; paraît reproduire Boucher et Hell, mais a l'avantage d'ajouter le texte des Naqā’iḍ”... Il fournit “ 7630 vers environ”, ce qui constitue “ la masse la plus considérable qu'on connaisse dans toute la poésie arabe” (voir Blachère, H.L.A., III, p. 504 et EI2, II, p. 807-808).
32 R. Blachère, EI2, II, p. 807 et H.L.A., III, p. 495.
33 R. Blachère, H.L.A., III, p. 495. Cf. aussi Mas‘ūdī, Murūğ, III, p. 229 où l'on voit al-Farazdaq encourager al-Kumayt à chanter les louanges des ‘Alides.
34 Marzubānī, Mu‘ğam, p. 466.
35 Mètre ṭawīl, rime li ; reproduit par Iṣfahānī, Aġānī, XXI, p. 384 (Ṯaqāfa), et cité par R. Nicholson, L.H.A., p. 243, comme exemple du šī’isme du poète (mais nous ne le trouvons pas dans son dīwān).
36 Nasab, p. 634.
37 Aġānī, XIV, p. 77 (Ṯaqāfa) : Iṣfahānī affirme que les éléments thématiques des vers ne s'appliquent pas à Zayn al-‘Ābidīn.
38 Sur ce poète, voir Blachère, H.L.A., III, p. 599-600 et passim.
39 Mu’talif, p.169.
40 Dīwān al-Ma‘ānī, p.143.
41 Zahr al-Adāb, 1, p. 67.
42 Ḥamāsa, IV, p.168.
43 Adab, 1, p. 294.
44 Dans une note marginale du texte de Zaydān, Adab, 1, p. 294.
45 Adab al-Siyāsa, p.188.
46 Al-Ši‘r al-Siyāsī, p.142, note 6.
47 Tārīḫ, 1, p. 663.
48 Voir ces sources à la note 3.
49 Voir G. Vajda, “ La transmission de l'éloge de Zayn al ‘Ābidīn”, in J.A. (1956).
50 Voici un tableau qui reste d'ailleurs nécessairement incomplet où nous citons chronologiquement les sources du poème et le nombre de vers qu'elles fournissent.
51 Neuf vers (mètre ṭawīl, rime lu), rapportés par les šī’ites Ibn Šahrāšūb (Manāqib, IV, p.136) et al-Mağlisī (Biḥār, XXXXVI, p. 36).
52 En effet Aḥmad Ṣalāḥ al-Dīn Nağā a soutenu en 1956 à Beyrouth une thèse de doctorat (publiée en 1957) sous le titre : al-Kumayt b. Zayd al-Asadī, Šā’ir a·-Šī‘a al-siyāsī fī al-‘aṣr al-Umawī ; outre une préface de F.A. al-Bustānī (p. 3-5), la table des matières (p. 6-8) et l’introduction (p. 9-15) qui présente le sujet et le plan de l'étude, l'ouvrage comporte deux grandes parties.
La première contient six chapitres qui abordent successivement la biographie du poète (p.16-36), l’inventaire et la présentation de ses œuvres (p. 37-58), son art littéraire (p. 59-75), son éloquence (Badī‘) (p. 73-83), l’influence de la littérature ancienne (poésie et Coran) sur sa poésie (p. 84-109), enfin les divers jugements portés sur lui.
La seconde partie traite des aspects politique et dogmatique (ou hérésiographique) de la poésie d'al-Kumayt. Elle comporte elle aussi six chapitres : présentation de la poésie politique en général (p.125-139), les idées politiques et religieuses d'al-Kumayt (p.140-149), les thrènes sur les ‘Alides (p.150-167), la défense des conceptions umayyades,‘alides et ‘abbassides du califat (p.168-200), enfin les principes du ši’isme, notamment la taqiyya (dissimulation de la foi), al-mahdawiyya (la croyance en al-Mahdī, le Messie) et al-afḍal wa-l-mufḍal, le méritant et le surpassé en mérites (p. 201-227) et les problèmes du fay (butin) et de Fadek (petit bourg du Ḥiğğāz) hérité par Fāṭima, mais cet héritage lui a été refusé par le calife Abū Bakr.
L'ouvrage se termine par une conclusion (p. 235-237) et l’index des noms propres (p. 238-240).
Il s'agit certes là d'une “ étude sérieuse” (Pellat, ibid), et ajoutons “ bien documentée”, mais dont il faut tout de même signaler l'aspect trop analytique et les multiples redites.
53 Voir note 62.
54 Voir note 66.
55 C'est la date retenue par A.S. Nağā après étude et comparaison des diverses versions citées, notamment celles de Mas‘ūdī et d’iṣfahānī (Nağā, al-Kumayt, p. 54).
56 Poème de 300 vers (mètre wāfir, rime na), dont seuls 88 nous restent, répartis arbitrairement en 62 pièces, sans aucun essai de reconstitution globale (Ši‘r al-Kumayt, vol. 2, p.109-134). Sur l’importance de ce poème, voir Pellat (ibid) se référant à Mas‘ūdī (Murūğ, VI, p. 36-46), qui “ n'est pas loin d'y voir à la fois une manifestation et une cause des conflits entre Arabes du Nord et Arabes du Sud qui entraînèrent la chute des Umayyades...”
57 Voir note 61.
58 Le Dīwān d'al-Kumayt qui aurait fait l'objet de plusieurs recensions, notamment d’ibn Kunāsa, al-Aṣma‘ī, al-Sukkarī et Ibn al-Sikkīt, semble irrémédiablement perdu ; il aurait contenu, non pas, comme l'affirment de façon erronée Ibn Šākir, Ḥağğī Ḫalīfa, Ḫawansārī et Āġā Bazrak (voir Ši‘r al-Kumayt, I, p. 69) plus de 5 000 poèmes, mais très vraisemblablement plus de 5 000 vers, peut-être même 5 289 vers, à en croire al-Iṣfahānī (Aġānī, XVI, p. 359) qui fait preuve ici d'une précision rare chez lui. Il a été partiellement reconstitué par Dāwūd Sallūm, qui classe en trois parties l'œuvre d'al-Kumayt : la première partie rassemble les 1 108 vers (694 pièces) que l'auteur considère sans conteste dus au poète (al- ši‘r al-saḥīḥ al-nisba) ; ce sont deux volumes (347 et 224 pages), publiés en 1969 à Bagdad ; le premier comprend une introduction sur la vie et l'œuvre du poète (p. 1-72) bien documentée mais qui pèche par un manque de synthèse — et un premier ensemble de 394 pièces (p. 74-347) ; le second contient les 300 derniers poèmes. La deuxième partie fait l'objet d'un troisième volume (Bagdad 1970) qui comprend : a) (p. 11-40) les pièces 695 à 729 (75 vers) ; b) (p. 43-46) les fragments considérés par D. Sallūm comme apocryphes (pièces 730 à 733, au total 20 vers) ; c) un additif de trois pièces (734 à 736), soit 3 vers (p. 49). Enfin, D. Sallūm en collaboration avec Nūrī al-Qaysī, a publié en 1976 un quatrième volume : c'est la troisième partie de la poésie d'Al-Kumayt, c'est-à-dire les Hāšimiyyāt. Présentée sans aucun ordre, ni esprit de synthèse, sans qu’il y ait non plus aucun essai de reconstitution en fonction des sources, du mètre, de la rime, des circonstances et des éléments thématiques, cette tentative d'édition de l'œuvre d'al-Kumayt, (voir note 66) témoigne de la nécessité et de l'urgence d'une édition scientifique et d'une nouvelle reconstitution du Dīwān ; nous envisageons de le faire un jour.
59 Voir note 56.
60 Pièce 82 (Vol. I, p. 113-124), mètre ṭawīl, rime buhā. Telle qu'elle a été reconstituée par D. Sallūm d'après diverses sources, notamment la Ǧambara d'al-Quarašī, elle comporte 88 vers “ où s'épanche une âme meurtrie par l’ingratitude tribale et où s’insurge une fierté méconnue” (Blachère, ibid, III, p. 520) ; elle “ contient des considérations générales et personnelles, puis l'éloge de Qurayš, c'est-à-dire finalement des Umayyades” (Pellat, ibid).
61 Contentons-nous de citer à titre d'exemples les pièces suivantes :
a) Éloges des Umayyades en général :
- Pièce 395, vol. II, p. 7 : 2 vers (mètre mutaqārib, rime lu) où sont signalées leur vaillance et leur bonté.
- Pièce 418, vol. II, p.17-18 : 5 vers (mètre mutaqārib, rime lu), qui célèbrent la justice des Umayyades ; ils pourraient former avec les précédents une seule et même pièce.
b) Éloge de ‘Abd-al-Malik b. Marwān :
Pièce 267, vol. I, p. 204 : 4 vers (mètre ḫafīf, rime rā), qui nomment ‘Abd al-Malik “ père des califes” (Abū l-Ḫalā’if).
c) Éloge de Maslama b. ‘Abd al-Malik :
Pièce 559, vol. II, p. 76-79 : 7 vers (mètre ṭawīl, rime lām), qui vantent sa suprématie, sa générosité et sa magnanimité.
d) Thrène de Mu‘āwya b. Hišām b.’Abd al-Malik :
Pièce 137, vol. I, p.147 : 4 vers (mètre ṭawīl, rime ti), qui rappellent les qualités spirituelles et temporelles du défunt.
e) Éloge de Yūsuf b. ‘Umar, le responsable de la mort de Zayd b. ‘Alī :
Pièce 9, vol. I, p. 85 : 3 vers (mètre ṭawīl, rime bu). En réalité l'éloge n'apparaît pas aussi manifeste que la satire (voir la Hāšimiyya n° 9).
f) Enfin le poème qui nous semble le plus important : pièce 323, vol. I, p. 223-225 : 20 vers (mètre kāmil, rime ra). C'est une sorte de profession de foi où le poète, faisant l'éloge des Umayyades en général, annonce qu’il se joint à eux et place en eux sa confiance.
62 Il s'agit des pièces suivantes :
- Pièce 700, vol. III, p.16 : 2 vers (mètre ṭawīl, rime ru), où sont cités Ǧa‘far, ‘Alī, Aḥmad (le Prophète) Ḥamza, al-‘Abbās et ‘Aqīl.
- Pièce 702, vol. III, p.18 :1 vers (mètre ṭawīl, rime ri), thrène sur ‘Alī ou sur ‘Uṯmān.
- Pièce 730, vol. III, p. 43 : 2 vers (mètre ṭawīl, rime du) ; le poète y fait l'éloge de Ǧa‘far al-Ṣādiq “ qu’il aurait rencontré lors d'un pèlerinage” (Blachère, ibid, p. 519, qui reprend Baġdādī, I, p.138).
- Pièce 731, vol. III, p. 44 : 5 vers (mètre ṭawīl, rime mi) ; le poète souligne le droit de ‘Alī à l’imāmat et affirme qu’il a été désigné par le Prophète à l'étang de Ḫumm.
- Pièce 732, vol. III, p. 45 : 7 vers (mètre sarī‘, rime ni), qui évoquent le drame de Karbalā et le meurtre d'al-Ḥusayn ; le poète proclame qu’il attend un qā’im, un révolté qui rétablira l'ordre.
- Pièce 733, vol. III, p. 46 : un rağaz de trois vers (rime mīm) que le poète aurait improvisé en présence d'al-Bāqir, et où il attaque, sans toutefois les nommer, Ṭalḥa et al-Zubayr à cause de leur attitude envers ‘Alī.
On peut cependant se demander comment al-Bāqir, qui est mort en 114, 117 ou 118/732, 735 ou 736, a pu pardonner au poète des éloges sur les Umayyades, et notamment le poème en rā et sur mètre kāmil où il se proclame pro-umayyade quidate de 119-120/ 737-738 à en croire Iṣfahānī, Aġānī, XVI, p. 354.
63 Pour cela, voir Nağā, al-Kumayt, p. 42-52.
64 Selon Mas‘ūdī, qui rapporte la chose dans un style frisant la légende, al-Kumayt aurait composé le poème en bu et l'aurait récité devant al-Farazdaq pour avoir son avis ; celui-ci l'aurait manifestement encouragé, le plaçant au-dessus de tous les poètes, morts ou vivants.
Cette anecdote, peut-être inventée par des zélateurs šī’ites, est reproduite par de nombreux auteurs : voir l'éditeur du Dīwān, I, p. 54-55, qui cite Iṣfahānī, al-‘Aynī (855/1451), al-Suyūṭī (911/1505), al-‘Abbāsī (963/1555), al-‘Āmilī (1031/1621), al-Baġdādī (1093/1682), Ḫwansārī (1313/1895) et divers historiens de la littérature arabe.
65 Voir notamment les notes 97 et 98.
66 Sans parler des nombreuses éditions commerciales pirates, nous citerons seulement celle du commentaire des Hāšimiyyāt de Abū Riyā· (par Josef Horovitz) : Die Hāšimiyyat des Kumayt, Leiden 1904 ; ainsi que celles de M. Šākir al-Ḫayyāṭ (Le Caire, 1321/1903) et Muḥammad Maḥm‚d al-Rafi‘ī (Le Caire, s. d. (1929), qui reprennent Horovitz. Notons enfin que ‘Abd al-Muta‘āl al-Ṣa‘īdī (Le Caire s.d.) les a repris dans son livre al-Kumayt b. Zayd al-Asadī, šā’ir al-‘Aṣr al-Marwānī wa qaṣā’iduhu-l-Hāšimiyyāt, avec un commentaire “important” selon Blachère (ibid., p. 521),“assez intéressant” selon Pellat (ibid., p. 375), mais qui à notre avis, mériterait plutôt l'épithète de "vulgarisateur". la dernière édition des Hāšimiyyāt est due à Dāwūd Sallūm et Nūrī al-Qaysī (voir note 58). Quoi qu’il en soit, nous renverrons à l'édition de Horovitz, qui semble encore la meilleure.
68 Et non 563 vers, comme il est dit à la page 158 des Hāšimiyyāt. Notons d'autre part que selon Blachère et Pellat (ibid.), la pièce VIII ne compte que 6 vers (au lieu de 7), et que, selon Nağā (al-Kumayt, p. 47) la pièce VI n'en a que 17 (au lieu de 20).
69 Cf. Blachère, ibid., p. 520. Notons que cet auteur ainsi que Pellat (ibid., p. 375) soulignent ces principales caractéristiques.
70 Blachère, ibid., p. 520 fait remarquer ce fait notamment à propos de la “curieuse séquence dans les n° 1 et 2 qui s'achève, contre tout usage, par une description chamelière”.
71 Contrairement à nos prédécesseurs, nous avons procédé à un dépouillement systématique et exhaustif des Hāšimiyyāt. Nous renvoyons dans les notes suivantes à ces poèmes et aux vers se rapportant à chaque élément thématique (les chiffres romains indiquent la Hāšimiyya et les chiffres arabes les vers).
72 I, 3, 13, 14, 16, 22, 23, 44 ; II, 5, 86, 87 ; III, 83-84 et V, 7-8.
73 III, 70 et V, 11.
74 I, 5, 32-34, 39-40 ; III, 80 et 133.
75 II, 85 et V, 27.
76 I, 7, 9,10, 11, 12,17, 21, 27 et 42 ; II, 81, 83, 88 ; III, 61-64, 68-69, 71-74 et 97-98 ; IV, 70-82 ; V, 12, 14-24 ; VI, 18-20.
77 I, 30, 41 ; V, 25-26.
78 I, 18-19, 24-26, 31 et 98 ; III, 30, 96 et V, 13.
79 I, 4, 8, 15, 20 et 43 ; III, 75-79 et 81-82 ; V, 28 et 32-33.
80 I, 55-56 ; II, 29-30, 38-39 et 48-52.
81 Du fait qu’il est général et n’intéresse pas directement la poésie šī’ite, le thème de l'éloge du Prophète, malgré son importance, doit être simplement mentionné. Al-Kumayt le traite en de très nombreux vers, notamment I, 45-50 et 53 ; II, 40-42 et 79-80 ; III, 35-47 et 57 ; enfin VII, 5-7 ; on y retrouve le point de vue commun à tous les musulmans.
82 I, 5-59 et 67 ; II, 93.
83 II, 89.
84 II, 105-106. À propos de ces vers, Pellat (EI2, V, p. 375) fait remarquer qu’ils “ont sans doute été ajoutés à l'époque abbasside, peut être par le fils d'al-Kumayt”.
85 Respectivement I, 61 et VI, 6.
86 I, 63-64 et II, 95-98.
87 I, 70-71 et II, 57-61 où sont cités Ibn al-Maḥūz et Nāfi‘ b. al-Azraq qui refusèrent la justice.
88 I, 62 ; II, 94 et surtout VI, 6, 7, 8 et notamment 9.
Pellat (Ibid, p. 375) écrit que le vers VI, 6 “paraît le plus ancien témoignage de cette doctrine šī’ite”. Mais nous avons vu que d'autres poètes plus anciens, dans des vers plus ou moins authentiques, ont confirmé cette désignation.
89 I, 60, 66, 68 et 69 ; II, 91.
90 I, 72 et II, 9-10.
91 I, 73-76 ; II, 101-104 et IV, 47-63.
92 V, 29-31.
93 I, 78 et II, 107.
94 IV, 90 ; X et XI.
95 VIII, 6.
96 X.
97 IX.
98 II, 31 et VI, 14-17.
99 II, 64-65 et IV, 22-27.
100 I, 77.
101 IV, 22-27.
102 II, 67.
103 II, 28 et 37.
104 IV, 67.
105 II, 67 et IV, 37-39.
106 II, 70.
107 I, 37-38 ; II, 32-36, 62-65, 68 et IV,17-20, 32-34, 40-42.
108 II, 69.
109 IV, 30-31 et 63-70.
110 I, 80, 88-92 ; II, 10-15 et 22-27 surtout.
111 Pellat, ibid., p. 375 et voir IV, p. 88 où il affirme ne pas aller jusqu'à la mort dans la défense des ‘Alides.
112 II, 96-97 ; IV, 106 et VI, 10-13.
113 Voir notamment notre note 62.
114 IV, 86. Ch. Pellat (ibid., p. 375) rappelle que “ce terme, d'après Goldziher, ZDMG, LX, 219 a été employé pour la première fois dans le sens que lui donnent les šī’ites”.
115 Douze vers (mètre kāmil, rime di), rapportés par Iṣfahānī, Maqātil, p.150-151.
116 Sur les sept pièces que nous avons réunies et classées par ordre alphabétique des rimes, nous en écartons trois : n° 2 (un vers, mètre ṭawīl, rime lu), rapportée, sans indication de sources, par al-‘Āmilī, A‘yān, XXXV, p. 365 ; n° 4 (quatre vers, mètre ṭawīl, rime ma), rapportée par Ṭabarī, Tārīḫ, VII, p.141, reprise par al ‘Āmilī, A‘yān, XXXV, p. 365 ; n° 5 (cinq vers, mètre sarī‘, rime mīm), rapportéepar Mubarrid, Kāmil, II, p. 229 ; ce sont respectivement un fragment à caractère sapiential, un thrène sur Asad b.’Abd-Allāh al-Qasrī et un panégyrique sur Quṯam b. al-‘Abbās.
117 Pièce n° 6 (4 vers, mètre munsariḥ, rime nu), rapportée par Iṣfahānī, Maqātil, p. 77 et Ibn Abī al-Ḥadīd, Šarḥ, IV, p.18, repris par al-‘Āmilī, A‘yān, XXXV, p. 366.
118 Pièce n° 3 (8 vers, mètre ḫafīf, rime li), rapportée par Mas‘ūdī, Murūğ, III, p. 258 et Iṣfahānī, Maqātil, p. 91-92, reprise par al-‘Āmilī, A‘yān, XXXV, p. 365-366 et par Šubbar, Ṭaff, I, p. 55-56.
119 Pièce n° 7 (un vers, mètre ṭawīl, rime ya), rapportée par Iṣfahānī, Aġānī, Ṯaqāfa, XIX, p. 62.
120 Il s'agit d'une pièce de mètre ṭawīl et de rime ti, totalisant 16 vers (voir notre corpus, p. 282-285).
121 Bien que l'éditeur du dīwān d'Abū Dahbal ait cité toutes les sources (à l'exception d'Abū Miḫnaf, Maqtal, que nous avons ajouté), nous croyons utile de les reproduire ici en précisant l'attribution, les vers transmis et leur ordre, et en respectant l'ordre chronologique :
a) Attribution à un inconnu
1) Abū Miḫnaf, Maqtal, p.102 dans cet ordre (1, 2, 7, 5, 7, 3, 6 et 8)
2) Ibn Qawlawayh, Kāmil, 96-97 (3 et 15)
3) Usāma, Manāzil, p. 290
4) Ibn al-Aṯīr, Kāmil, IV, p. 31 (1, 2, 3, 5,10 et 9)
5) Al-‘Umarī, Masālik, I, p. 203 (5)
6) Al-Ṭarīḥī, Muntaḫab, II, p. 477 (1, 2, 5, 3, 7 et 8) et p. 465 (7 et 2)
b) Attribution à Abū Dahbal
7) Yāq‚t, Buldān, III, p. 540 (1, 3, 5 et 6)
8) Zabīdī, Tāğ, VI, p.182 (3)
c) Attribution à Abū-al-Rumayḥ al-Ḫuza‘ī
9) A·‘arī, Maqālāt, I, p.142-143 (3, 1, 2, 5 et 7) (Ibn Abī Rumḥ)
10) Bakrī, Mu‘gām, III, p. 891 (3) (Ibn Rumḥ)
11) Ibn Šahrā·‚b, Manāqib, IV, p.17 (1, 7, 2, 3, 5,10 et 9)
12) Ibn Ḥağar, Iṣāba, IV, p. 74 (1 et 2) (Abū-r-Rumḥ)
d) Attribution à Sulaymān b. Qatta
13) Zubayrī, Nasab, p. 41 (3, 1, 5, 2, 9,10 et 7)
14) Mubarrid, Kāmil, III, p. 223 (1, 2, 5, 3,10 et 9)
15) Mas‘‚dī, Murūğ, III, p. 261 (3, 4, 7 et 2), p. 262 (4)
16) Iṣfahānī, Maqātil, p.121-122 (1, 7, 5, 9,10, 2 et 3)
17) Ibn Ǧinnī, Mutanabbī, I, p. 247 (5)
18) Ḥusrī, Zahr, I, p. 94 (1, 2, 5 et 3) (Sulaymān b. Qutayba)
19) Marz‚qī, Ḥamāsa, II, p. 961-962 (1, 2, 3 et 5)
20) Ibn ‘Abd al-Barr, Istī‘āb, I, p. 379-380 (1, 2, 5,13, 3, 9,10, 7 et 14)
21) Tibrizī, Ḥamāsa, III, p.13-15 (vers 1-4)
22) Ḫuwārizmī, Maqtal, II, p.149-150 (1, 2, 7,14, 3, 5, 9 et 10)
23) Ibn al-Aṯīr, Usd, II, p. 22 (1, 2, 5,13, 3, 7 et 4)
24) Ibn Namā, Muṯīr, p. 89 (1, 7, 5, 9,10, 2, 3 et 12)
25) Sibṭ, Taḏkira, p. 272 (3, 1, 2 et 7)
26) Ibn fiāw‚s, Luhūf, p. 87 (1, 3, 5 et 7) (Ibn Qutayba)
27) Ibn ‘Asākir, Tārīḫ, IV, p. 245-246 (3, 4, 1, 5, 2, 9,10 et 17) (Sulaymān
b. Qunna)
28) Ibn Kaṯīr, Bidāya, VIII, p. 211 (3, 4, 1, 5, 2, 9,10 et 7) (Ibn Qutayba)
29) Qand‚zī, Yanābī‘, II, p. 428-429 (1, 3, 7,14 et 5)
30) Qummī, Kunā, I, p. 379 (3, 1, 2 et 7)
e) Al-‘Āmilī, A‘yān, XXV, p. 360-365 et Šubbar, Ṭaff, I, p. 54 et 59 notent les divergences d'attribution et citent les trois poètes.
122 On pourrait à la rigueur expliquer ce désordre par le trouble du poète.
123 Blachère est arrivé à cette conclusion en dépouillant le Dīwān (1) édité par F. Krenkow (46 fragments soit environ 270 vers). Si nous nous fondons sur le Dīwān (2) édité par ‘Abd al-Muḥsin, qui reprend le premier et le complète (60 pièces, soit au total 427 vers, ou 397 en écartant les vers apocryphes dans les pièces 10 et 40, voir notes 124 et 125) nous arrivons à la même conclusion, comme le montre le tableau suivant :
124 Il s'agit de la pièce n° 15 du Dīwān 2 (15 vers, mètre ṭawīl, rime ti), attribuée aussi à Abū al-Rumayḥ al-Ḫuzā‘ī (voir notice 173) et à Sulaymān b. Qatta al-‘Adawī (voir notice 171). L'éditeur ‘Abd-al-Muḥsin, probablement pour grossir le volume, affirme catégoriquement que le poème est d'Abū Dahbal. Cependant, parmi les sources qu’il cite lui-même, deux seulement, et d’importance secondaire (Yāqūt et Zabīdī Tāğ), attribuent le poème à Abū Dahbal. Aussi croyons-nous pouvoir affirmer qu’il est plutôt l'œuvre de Sulaymān b. Qatta (voir notice 171), sans exclure toutefois l'hypothèse que de nombreux poètes aient composé sur lemême thème des poésies de même mètre et de même rime et qu'ensuite les transmetteurs les aient confondus.
125 Pièce n° 40 (41 vers, rime nūn, mètre ṭawīl). Pour elle aussi, il y a un problème d'attribution, puisque certains auteurs, notamment Zamaḫ·arī (Rabī‘, II, p.161), l'attribuent au moins en partie à ‘Ubayd Allāh b. al-Hurr (voir notice 163). Cependant ‘Abd al-Muḥsin est là encore catégorique, tandis que Ch. Pellat (EI2, I, p. 116) semble poser très subtilement le problème : “ l'Aġānī cite même quelques vers qui font allusion au meurtre d'al-Ḥusayn”, et que R. Blachère (H.L.A., III, p. 602) émet des doutes sur les convictions d'Abū Dahbal :“ Fut-il chi’ite ? On peut le croire si le thrène sur la mort de Ḥusayn est réellement de lui”.
126 Notons que son identité pose un problème. En effet al-Aš·‘arī (Maqālāt, I, p.142 143) l'appelle Ibn Abī al-Rumḥ ; al-Bakrī (Mu‘ğām, III, p. 891), Ibn Rumḥ ; Ibn Šahrāšūb (Manāqib, IV, p.17), Abū Rumayḥ ; enfin Ibn Ḥağar, Iṣāba, IV, p. 74, Abū-r-Rumḥ. Nous avons adopté, comme d'ailleurs al-‘Āmilī et Šubbar, la lecture d’ibn Šahrāšūb.
127 Vers 1, 2, 3, 5, 7, 9 et 10 du thrène (16 vers, mètre ṭawīl, rime ti) de Sulaymān b. Qatta al-‘Adawī (voir la notice 171 et surtout la note qui donne les sources du poème).
128 Un rağaz de trois vers (rime ‘ayn), rapporté par Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, p. 441, repris par al-‘Āmilī, A‘yān, V, p. 327.
129 Outre le fragment qui intéresse la poésie šī’ite (voir note suivante), Ǧāḥiẓ (Bayān, I, p. 399) lui attribue un rağaz de 4 vers (mètre rā), qui décrit les signes de la vieillesse ; al- Ṭabarī, Tārīḫ, V, p. 526 ajoute quatre vers (mètre basīṭ, rime ‘i) qui sont un thrène sur Mas‘ūd b. ‘Amr al-Azdī, nommé gouverneur de Baṣra par Ziyād b. Abīh.
130 Quatre vers (mètre kāmil, rime ru), rapportés par Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, p. 551 et Yāqūt, Buldān (article Adruh).
131 D'après les principales sources, Šabaṯ b. Rib‘ī aurait apostasié pour devenir muezzin de la pseudo-prophétesse Sağāḥ ; puis il réintégra l’islam et se rangea aux côtés de ‘Alī contre ‘Uṯmān, et aussi à la bataille de Ṣiffīn ; il adhéra ensuite au Ḫāriğisme, combattit contre al-Ḥusayn, s'allia à al-Muḫtār, puis se retourna contre lui.
132 Mètre ṭawīl, rime bi ; rapporté plus ou moins intégralement par Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, p. 294, Ibn Abī al-Ḥadīd, Šarḥ, V, p. 231 et Ibn Šahrāšūb, Manāqib, III, p.172, des sources donc exclusivement šī’ites.
133 N° 1 : 2 vers (mètre rağaz, rime bi), rapportés par Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, p. 430 et Ibn Abī al-Ḥadīd, Šarḥ, VIII, p. 72.
N° 2 : 2 vers (mètre ṭawīl, rime ru), rapportés par Ṭūsī, Amālī, I, p. 69 (attribués à ‘Adī b. Ḥimyarī al-Ṭā’ī).
N° 3 : 2 vers (mètre munsariḥ, rime si), rapportés par al-Marzubānī, Mu‘ğam, p. 84-85.
N° 4 : 6 vers (mètre ṭawīl, rime sā), rapportés par Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, p. 523, Ibn Abī al-Ḥadīd, Šarḥ, VIII, p. 51 et Madanī, Darağāt, p. 357-358.
N° 5 : 8 vers (mètre wāfir, rime lu), rapportés par al-Marzubānī, Aḫbār, p. 40-41 et Mu‘ğam, p. 84 (vers 1 et 2).
N° 6 : un rağaz (3 vers ou 5 šaṭr, rime ‘ah), rapporté par Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, p. 380 et al-Madanī, Darağāt, p. 358.
N° 7 : un rağaz (3 vers, rime mi), rapporté uniquement par al-‘Āmilī, A‘yān, XXXXI, p.14, qui reprend aussi (p.14-15 et 13) les pièces 1, 3, 4, 5 et 6.
134 Six vers (mètre ṭawīl, rime sa), rapportés par Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, p. 523 et al-Madanī, p. 360, repris par al-‘Āmilī, A‘yān, XXXXI, p.15.
135 Quatre vers (mètre ṭawīl, rime qi), rapportés uniquement par Baġdādī, Firaq, p. 77-78.
136 Trois vers (mètre ṭawīl, rime ta), rapportés par al-Madanī, Darağāt, p. 360.
137 Al-Awwān, le père d'al-Zubayr, aurait été un copte d'Égypte acheté et adopté par Ḫuwaylid (Al-Madanī, Darağāt, p. 361).
138 Les recensions du dīwān d'al-Nābiġa par al-Sukkarī al-Aṣma‘ī et Ibn al-Sikkīt (Ibn al-Nadīm, Fihrist, p. 230) sont sans doute irrémédiablement perdues ; Maria Nallino a essayé, en 1934 et 1953, d'en faire une reconstitution (utilisée par Blachère, H.L.A., p. 477-479) que nous n'avons pas pu consulter et qui a été reprise avec quelques additions par ‘Abd al-‘Azīz Rabāḥ. Cette dernière édition distingue dans le dīwān quatre groupes : a) 12 longs poèmes qui paraissent complets et comptent 510 vers ; b) 12 pièces, qui sont sans doute des poèmes tronqués (au total 104 vers) ; c) 36 courtes pièces ou vers isolés (au total 102 vers) ; d) enfin 10 pièces (20 vers au total) d'attribution douteuse ; on n'en a pas tenu compte dans les remarques suivantes. Les 60 pièces des trois premiers groupes ont une longueur inégale ; le poète y utilise 10 mètres, avec prédominance absolue du ṭawīl (23 fois) ; puis viennent le wāfir (9), le kāmil (8), le basīṭ (7), le mutaqārib (5), le rağaz (4) et enfin le ḫafīf, le ramal, le madīd et le munsariḥ (1). Comme rimes, le poète utilise 15 lettres : mīm (12 fois), lām (9), ba (8), rā (7), nūn (6), ğīm (4), ‘ayn (3), tā, sīn et qāf (2) et enfin hā, ḍād, fā, kāf et yā (1).
Un essai de classement par genres, très approximatif, donne le résultat suivant :
139 Cette pièce ne figure pas dans le dīwān ; elle est rapportée par al-‘Āmilī (A‘yān, XXXIX, p. 31) d'après le Kitāb al-durr al-naḍīd ( ?) ou al-Naḍir, auquel nous n'avons pu avoir accès.
140 Pièce 5 du groupe b, Dīwān, p.192-193.
141 Pièce 9 du groupe b, Dīwān, p. 205.
142 Pièce 5 du groupe c, Dīwān, p. 215, et pièce 5 du groupe a.
143 Outre les deux fragments cités dans les deux notes suivantes, nous avons de lui un rağaz de 3 vers (rime rā), rapporté par Ṭabarī, Tārīḫ, VI, p. 323 et Ibn Kaṯīr, Bidāya, IX, p. 30, repris par al-‘Āmilī, A‘yān, XXXVI, p. 56. Le poète y décrit sa vieillesse et rappelle ses exploits passés.
144 Un rağaz de 2 vers ou 3 šaṭr (rime lām), reproduit par al-‘Āmilī, A‘yān, XXXI, p. 58, d'après Ibn Šahrāšūb, Manāqib, III, p.16.
145 Sept vers (mètre wāfir, rime si), rapportés par Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, p. 534, reprispar Ibn Abī al-Ḥadīd, Šarḥ, II, p. 245.
146 En plus des trois fragments mentionnés ci-dessous, on lui attribue (Ibn Qutayba, Ma‘ārif, I, p. 88) deux vers (mètre ṭawīl, rime ‘a) qui expriment une certaine dignité en présence de Mu‘āwiya ; également un vers, rapporté par al-‘Āmilī, A‘yān, XXVII, p. 378, où le poète fait allusion à sa longévité ; enfin quatre vers (mètre ṭawīl, rime ma), rapportés par Ṭabarī, repris par al-‘Āmilī, A‘yān, XXVII, p. 384 : s'y expriment les craintes du poète vis-à-vis de Yazīd b. al-Muhallab.
147 Un rağaz (un vers, rime ‘a), rapporté par Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, p. 305.
148 Six vers (mètre ṭawīl, rime lu), rapportés par Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, p. 309, quereprend al-‘Āmilī, A‘yān, XXVII, p. 387.
149 Sept vers d'une pièce (mètre ṭawīl, rime ma) que ‘Alī b. Abī Ṭālib aurait composée pour faire l'éloge d'al-Ḥuḍayn (Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, p. 289-290) et que celui-ci aurait complétée (Ibn Abī al-Ḥadīd, Šarḥ).
150 L'œuvre poétique d'al-Ṣalatān nous est parvenue dispersée dans divers ouvrages littéraires et historiques d'auteurs šī’ites (notamment Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, et Ibn A‘ṯam, Futūḥ). Maḥm‚d ‘Alī Makkī l'a réunie en recueil, précédée d'une introduction. Cela constitue un mince dīwān de seize pièces (93 vers au total) dont trois seulement ont plus de sept vers (respectivement 9,16 et 23). Le poète utilise 6 mètres avec prédominance absolue du ṭawīl (8 fois), puis viennent le wāfir, le kāmil et le mutaqārib (2) enfin le basīṭ et le ramal (1). Nous trouvons 11 rimes différentes : dāl, ra, fā, qāf, lām (2 fois) ; alif maqṣūra, ba, ‘ayn, mīm, nūn et ya (1).
Un essai de classification par genre donne le résultat suivant :
151 Pièces n° 1 (9 vers, mètre ṭawīl, rime dāl), n° 2 (6 vers, mètre ṭawīl, rime rā), et n° 3 (5 vers, même mètre et même rime que la précédente) ; toutes trois sont rapportées par les šī’ites Ibn Muzāḥim et Ibn A‘ṯam. D'après les genres traités, al-Ṣalatān apparaît comme un poète engagé qui a sa place dans une histoire de lapoésie politique au premier siècle de l'Hégire.
152 Déjà colligé par Aṣma‘ī, Šaybānī et Sukkarī le dīwān d'Abū al-Aswad a reçu deux éditions : la première en 1954 par Muḥammad Ḥasan Āl Yāsīn et la seconde, avec un texte identique au précédent, par ‘Abd al-Karīm al-Duğaylī, la même année. Cependant M.H. Āl Yāsīn a publié en 1964 une deuxième édition “ revue et complétée”, puis, en 1975, un supplément ; nous avons donc le dīwān, un mustadrak et un mulḥaq. Sous cette présentation, l'œuvre poétique d'Abū al-Aswad comporte 128 pièces (au total 599 vers), soit : Dīwān : 63 pièces, 329 vers ; Mustadrak : 49 p., 223 v. et Mulḥaq : 16 p., 47 v. Bien que certains fragments puissent être regroupés, nous maintenons cette division en 128 pièces pour des raisons pratiques. Le poète utilise neuf mètres avec prédominance absolue du ṭawīl (80 fois) ; puis viennent le kāmil (13), le wāfir (12), le basīṭ (8), le mutaqārib (7), le rağaz et le munsaraḥ (3), et enfin le ramal et le ḫafīf (1) ; parailleurs nous avons 20 rimes différentes : lām (20 fois), bā (19), rā (14), ḏāl et mīm (12), ‘ayn (9), sīn, qāf et kāf (7), nūn et ha (5), ta (3), hamza (2), alif maqṣūra, ḥa, dāl, ḍād, fā et ya (1). Le classement par genres ou par groupes thématiques donne le résultat approximatif suivant :
153 Mustadrak : n° 75 (8 vers, mètre mutaqārib, rapportés par Ibn Abī al-Ḥadīd) et n° 84 (un rağaz de 3 vers, rapporté par Ṭabarī et Ibn Abī al-Ḥadīd).
154 N° 58 (trois vers, mètre ṭawīl).
155 N° 45 (six vers, mètre wāfir, rime nūn), attribué aussi à Umm al-Hayṯam b. ‘Uryān (voir la notice 90) et Mulḥaq, n° 6 (dix vers, mètre kāmil, rime rā), rapporté par ‘Āmilī, A‘yān.
156 N° 47 (neuf vers, mètre mutaqārib, rime mīm) et n° 48 (huit vers, mètre kāmil, rime ra).
157 Mulḥaq, n° 111 (mètre kāmil, rime nūn).
158 De l'œuvre poétique de A‘šā Hamdān, nous n'avons aucun dīwān attesté. Geyer acollecté 586 vers, répartis en 50 pièces, en dépouillant les sources historiques (notamment Ṭabarī, Tārīḫ, et Ibn al-Aṯīr, Kāmil) ou littéraires (spécialement Iṣfahānī, Aġānī). Sur les 50 fragments, 25 comptent moins de 5 vers, et 25 de 7 à 59 vers, dont 4 longs poèmes (respectivement de 40, 44, 58 et 59 vers). Le poète utilise dix mètres avec une prédominance absolue du ṭawīl (18 fois) ; puis viennent le kāmil (7), le wāfir et le ḫafīf (5), le mutaqārib (4), le rağaz (3), et enfin le basīṭ, le ramal, le sarī‘ et le munsariḥ (2). Nous trouvons quinze rimes différentes : rā (10 fois), dāl (7), mīm (6), ba et lām (5), nūn (3), ha (2) et enfin ta, ğīm, ṣād et ya (1).
Un classement approximatif par genres donne le résultat suivant :
159 Pièce n°37, onze vers (mètre ramal, rime lām), rapportés notamment par Ṭabarī, Tārīḫ, et Iṣfahānī, Aġānī. Voir Dīwān, p. 337.
160 Pièce n° 5, quarante vers (mètre ṭawīl, rime bi), rapportés notamment par Ṭabarī, Tārīḫ, Mas‘ūdī, Murūğ et Ibn al-Aṯīr, Kāmil. Voir Dīwān, p. 315-317.
161 Voir Ṭabarī, Tārīḫ, V, p. 608 et Ibn al-Aṯīr, Kāmil, IV, p.186.
162 Pièce n° 31, neuf vers (mètre ṭawīl, rime fu), rapportés notamment par Ṭabarī, Tārīḫ et Ibn al-Aṯīr, Kāmil. Voir Dīwān, p. 334.
163 Pièce n° 23, neuf vers (mètre wāfir, rime ri), rapportés notamment par Ṭabarī, Tārīḫ. Voir Dīwān, p. 330.
164 Pièce n° 33, cinq vers (mètre ṭawīl, rime fi), rapportés par Ǧāḥiẓ, Ḥayawān. Voir Dīwān, p. 336.
165 L'œuvre d'al-Faḍl b. al-‘Abbās b. ‘Utba ne semble pas avoir été réunie en dīwān au Moyen Âge. Mahdī ‘Abd al-Ḥusayn al-Nağm l'a reconstituée en dépouillant diverses sources littéraires et historiques, notamment Iṣfahānī, Aġānī, et Yāqūt, Buldān. Il a réuni 227 vers répartis en 53 pièces : 42 comptent de 1 à 6 vers, 11 seulement en ont plus de 7, la plus longue étant un rağaz de 14 vers. Bien que plusieurs fragments, qui ont même mètre, même rime et un sujet commun, semblent former à l'origine une seule pièce, nous avons préféré, pour des raisonspratiques, respecter le classement de l'éditeur du dīwān dans les remarques qui suivent. Al-Faḍl utilise neuf mètres avec prédominance du ṭawīl (14 fois), du basīṭ et du wāfir (12) ; puis viennent le kāmil (5), le rağaz (3), le ḫafīf, le ramal et le munsariḥ (2), et enfin le mutaqārib (1) ; nous avons treize rimes différentes : ba (16 fois), mīm (7), rā (6), nūn (5), dāl et lām (4), sīn (3), ta et ‘ayn (2), et enfin ğīm, sīn, ṣād et ya (1). La classification par genres donne le résultat suivant :
D'après ce classement, on voit l’importance du faḫr et de la poésie politique ; on peut en déduire l'engagement du poète.
166 Pièces n° 7-10, 15, 19, 22, 23, 28, 29, 32, 33, 36, 41-44 et 48.
167 Pièce n° 52 (5 vers, mètre basīṭ, rime ni), attribuée aussi, en totalité ou en partie, à Abū Sufyān b. Ṣaḫr b. Ḥarb, à al-‘Abbās b. ‘Abd al-Muṭṭalib, à ‘Abd Allāh b. Sufyān b. al-Ḥāriṯ b. al-Muṭṭalib, à Ḫuzayma b. Ṯābit et à Ḥassān b. Ṯābit (voir les notices que nous leur consacrons).
168 Pièces n° 4 (10 vers, mètre ṭawīl, rime buh), et n° 27 (6 vers, mètre ṭawīl également, rime ri) ; la première est aussi attribuée à ‘Abd Allāh b. al-Ḥāriṯ b. Abī Sufyān.
169 Pièces n° 31 (3 vers, mètre basīṭ, rime si) et n° 40 (11 vers, mètre ṭawīl, rime li).
170 Pièce n° 30 (9 vers, mètre basīṭ, rime si).
171 Dix vers (mètre ṭawīl, rime ru).
172 N° 51 (5 vers, mètre basīṭ, rime ma), que Zayd b. ‘Alī aurait envoyée à Hišām b.’Abd al-Malik b. Marwān.
173 Bien que plusieurs auteurs anciens le considèrent comme un poète “šī’ite”, et même comme un poète de valeur “ muḥsin” (cf. notre “ Ayman b. Ḫuraym, Aḫbāruh wa a·‘aruh”, p. 114, paragraphe I), Ayman b. Ḫuraym ne semble pas avoir eu de dīwān. Nous nous sommes efforcé de réunir les pièces qu'on lui attribue (A.U.T., 9,1972, p.101-149) et nous avons collecté 119 vers, répartis en 22 pièces d’inégale longueur : 14 fragments de 1 à 6 vers et 8 poèmes de 7 à 12 vers. Le poète utilise sept mètres avec prédominance du ṭawīl (7 fois) et du wāfir (6) ; puis viennent le basīṭ (3), le kāmil et le mutaqārib (2), et enfin le ramal et le rağaz (1). Par ailleurs nous avons treize rimes différentes : dāl (5 fois), rā (4), sīn et mīm (2), hamza, bā, ḥa, zay, sīn, ṭa, ‘ayn, lām et ya (1).
L'essai de classification par genres de ces pièces donnerait le résultat approximatifsuivant :
Cet essai de classement montre l'aspect plutôt politique de la poésie d'Ayman.
174 Pièces n° 1 (6 vers, mètre wāfir, rime hamza), rapportée par Iṣfahānī, Aġānī ; n° 14 (7 vers, mètre basīṭ, rime sa), rapportée par Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn, et Dīnawarī, Ṭiwāl ; n° 18 (9 vers, mètre ṭawīl, rime ‘ayn), rapportée par Ibn Muzāḥim, Ṣiffīn ; n° 17 (10 vers, mètre mutaqārib, rime ṭa), rapportée par Ḥayawān et Iṣfahānī, Aġānī, XXI, p. 6.
175 Voir la notice que nous lui consacrons n° 177.
176 Voir la notice que nous lui consacrons n° 106.
177 Voir la notice que nous lui consacrons n° 105.
178 La pièce n° 15 (mètre kāmil, rime sī), rapportée par Qudāma, al-Marzubānī et al-‘Askarī.
179 La pièce n° 3, à laquelle on peut ajouter la pièce n° 8 qui est un éloge de l'armée de ‘Uṯmān.
180 EI2, I, p. 807.
181 Deux vers (mètre ḫafīf, rime bi), rapportés par Marzubānī, Mu‘ğam, p. 240.
182 Trois vers (mètre kāmil, rime bi), rapportés par Ǧāḥi˙, Bayān, III, p. 360 ; attribués par ailleurs à Kuṯayyir ‘Azza (Dīwān 2, p. 494).
183 Cinq vers (mètre ḫafīf, rime mi), rapportés par Zubayrī, Nasab, p. 407 (Kaṯīr b. Kaṯīr), Ǧāḥiẓ, Bayān, III, p. 360, (‘Abd-Allāh b. Kaṯīr) et Ḥayawān, III, p.194 (Kuṯayyir ou un autre poète des Ban‚ Sahm), Marzubānī, Mu‘ğam, p. 230 (Kaṯīr b. Kaṯīr) ; attribué également à Kuṯayyir ‘Azza, (Dīwān 2, p. 537). Voir aussi Qāḍī, Kaysāniyya, 312, et surtout n° 2.
184 Il faut d'abord écarter un thrène de 18 vers (mètre basīṭ, rime ba) sur un partisan de ‘Alī mort à Ṣiffīn : le poème est sans doute d'al-Nağāšī al-Ḥāriṯī (voir le Ši‘r d'al-Nağāšī, pièce n° 3) ; sinon, on lui attribue huit vers (mètre ṭawīl, rime si) adressés à sa femme (rapportés notamment par Iṣfahānī, Aġānī, Ṯaqāfa, XXIII, p.167 et 171) et trois vers (mètre ḫafīf, rime ği), où il fait l'éloge de Muṣ‘ab b. al-Zubayr (ibid., p.173).
185 Lammens, Règne, p. 265 ; Ziriklī, A‘lām, VIII, p. 200 et Nallino, Littérature, p. 226-227, n° 5. Ce dernier écrit “on sait seulement qu’il était ‘uṯmānite” après avoir constaté deux lignes auparavant que “ rien ne le montre plus enthousiaste pour les Umayyades que pour les autres”.
186 Bien que Ǧurğānī (Waṣāta, p.198) et Bakrī (Tanbīh, p. 37) aient fait allusion à son dīwān, nous n'en avons trouvé aucune trace. Aussi avons-nous essayé de le reconstituer, et nous avons publié (A.U.T., n° 8,1971) 48 pièces (soit 182 vers) qui peuvent se répartir ainsi :
187 Cinq vers (mètre ḫafīf, rime qa), rapportés par Ibn Aṯīr, Kāmil, V, p. 113. Pièce n° 18 dans A.U.T., 35,1994.
188 Quinze vers (mètre basīṭ, rime di), rapportés par Ibn ‘Ayyā (Muqtaḍab, p. 47-48) et Ibn Šahrāšūb (Manāqib, I, p. 288).
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