État des lieux
p. 332-335
Texte intégral
1Le faubourg se transforme, se modernise, se densifie en s’appuyant sur des règles qui façonnent et définissent opération après opération l’image d’un nouveau quartier.
2L’évolution constatée est assez radicale, elle concerne le parcellaire, le bâti et le réseau viaire auquel il faut ajouter les nouveaux tracés.
3Le parcellaire est un découpage géométrique du sol, il rend compte de la structure foncière de l’espace. Il est à la différence du bâti – sensible aux effets de modes –, un élément de permanence de la ville que les transformations en cours dans le Midan affectent à des degrés divers.
4Les substitutions du bâti à la parcelle ne remettent pas en cause la structure foncière et parcellaire. Si des modifications mineures sont observées, elles résultent de règlements d’urbanisme portant sur l’élargissement des voies, le dessin des intersections des rues, la définition d’un nouvel alignement. Dans ce cas, seule la limite entre la parcelle et la rue est modifiée. C’est le type d’intervention que l’on rencontre le plus fréquemment dans le Midan.
5Les opérations de plus grande envergure nécessitent un regroupement de plusieurs parcelles. Elles conservent la structure parcellaire existante mais en modifient le découpage pour s’adapter à l’échelle des nouvelles opérations. Elles se trouvent principalement sur la rue du Midan et le long des nouvelles percées.
6Enfin certains projets d’urbanisme, sans aucune relation avec le tissu urbain existant, développent de nouvelles organisations parcellaires. Ce type de transformation radicale concerne aussi bien le parcellaire, le bâti que le dessin de l’espace public. L’ensemble de logements collectifs situé au sud-ouest du cimetière de Haqla illustre par exemple cet urbanisme. On le rencontre également sur les limites de l’ancien faubourg dans la continuité de la ville dessinée par Danger puis par Écochard.
7L’habitat traditionnel du faubourg est constitué de maisons à cour comportant le plus souvent un rez-de-chaussée et un étage ; il est actuellement remplacé par de petits immeubles collectifs de trois étages sur un rez-de-chaussée de commerces ou d’entrepôts. Dans cette disposition, la cour disparaît ou devient totalement résiduelle.
8L’insertion de ces immeubles dans le tissu ancien est extrêmement conflictuelle et perturbe le voisinage.
9Des solutions de fortune sont bricolées pour parer aux indiscrétions des vues directes dans les cours des maisons, surélévation des murs de clôture, installation de toiles de bâche au-dessus des cours ou d’auvents de tôles protégeant les parties les plus exposées. Cette résistance illustre la complexité de la situation. Elle traduit moins un refus du nouveau type d’habitat et de son mode de vie qu’une impossible coexistence des deux types en présence.
10La construction de nouveaux immeubles dans le faubourg n’est pas sans incidence sur les qualités de l’espace public. Les relevés réalisés sur place montrent, au-delà d’une différence de style de l’architecture, une rupture d’échelle du bâti et surtout une implantation en retrait des nouvelles constructions par rapport à l’alignement existant. Cette disposition systématique traduit une volonté d’élargissement de l’ensemble des rues, elle correspond à la définition d’un nouvel alignement. Ce processus de transformation de la ville est extrêmement lent, il s’impose à celui qui veut construire un nouvel immeuble, mais ne s’applique pas aux bâtiments existants.
11Les conséquences de cette procédure sont multiples. Actuellement les voies offrent simultanément l’image de l’ancien et du nouvel alignement : c’est l’opposition sur les mêmes voies entre les deux types de profil des façades qui marque le faubourg et désigne le Midan comme un immense chantier. À long terme l’ancienne hiérarchie des rues, la richesse des silhouettes, la spécificité des tracés, vont laisser place à un réseau très homogène, au tracé rectifié et au gabarit standardisé.
12Enfin, résultant d’un tracé lié à l’aménagement du Grand Damas, l’autoroute de contournement sud de la ville traverse en pont le Midan. Sa réalisation a nécessité la destruction du quartier sur une largeur de 80 m et une longueur de 400 m d’est en ouest.
Un projet
13En considérant l’ensemble des transformations actuelles du Midan, on constate que les dispositions réglementaires mises en œuvre n’assurent pas une évolution progressive du quartier, prenant en compte par exemple les nouvelles exigences en matière d’habitat ou de circulation, mais dessinent un nouveau quartier n’ayant que la direction approximative des rues pour souvenir de l’ancienne structure.
14Le Midan mérite certainement mieux. Son histoire, la vitalité actuelle de son commerce et de son artisanat appellent une évolution plus respectueuse de la structure qui a porté cet épanouissement.
15Les propositions pour la préservation du Midan distinguent cinq situations différentes qui devraient faire l’objet d’approches spécifiques.
16La rue du Midan constitue un ensemble monumental d’exception par la somme des édifices qui la bordent mais aussi par l’histoire dont elle est porteuse, plus particulièrement depuis l’époque ottomane, la route du Pèlerinage. L’évidente conservation des monuments les plus remarquables doit aussi s’accompagner d’une préservation du cadre qui les reçoit, les maisons ordinaires, les souks et bien évidemment les bayka-s, afin de respecter l’échelle des différents composants de cet ensemble. Sur le plan, les parcelles de la rue du Midan sont hachurées en bleu.
17Au nord de l’autoroute, entre la rue du Midan et la rue al-Riyad le tissu urbain, en bon état, mérite d’être préservé. Les ruelles et les impasses de ce quartier sont représentées en rouge sur le plan.
18Le lotissement de Souk al-Midan qui constitue un ensemble urbain de grande qualité nécessite une attention particulière et doit être classé et protégé. Il est repéré sur le plan par un pointillé bleu.
19Au sud de l’autoroute, l’importance des nouvelles constructions est telle que l’idée de préservation du tissu urbain n’est pas réaliste. Cependant une étude attentive de ce quartier devrait permettre de définir des projets et une nouvelle réglementation qui offre aux nombreuses maisons anciennes encore présentes la possibilité de cohabiter avec les nouvelles constructions.
20Les périphéries du faubourg, hachurées en vert sur le plan, sont tellement transformées qu’elles doivent trouver une nouvelle cohérence sans chercher nécessairement à s’appuyer sur les anciens tracés ; elles peuvent être le lieu d’implantation de nouveaux équipements, de jardins, de parcs de stationnement qui n’existent pas dans l’ancien faubourg.
État des lieux du quartier en 1994

Préservation du faubourg du Midan : plan de synthèse

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