Introduction à la deuxième partie
p. 191
Texte intégral
1L’étude des liens personnels, de leur formation et de leurs natures multiples, tend à faire apparaître les émirs mamlūk-s comme des éléments pleinement intégrés au reste de la société, et non plus comme des corps étrangers susceptibles d’entraîner des réactions de rejet de la part d’une société qui aurait considéré leur domination comme un insupportable fardeau. Ils ont ainsi développé un modèle de clientélisme privé particulièrement performant puisque tendant à agglutiner autour d’eux une cour d’administrateurs civils et de ʿulamā’, dispensateurs de services et demandeurs d’avantages financiers. La suprématie économique et politique des émirs sur le reste de la population rendait d’ailleurs inévitable une telle organisation sociale, faute de quoi la pérennité de leur pouvoir eut été menacée. Alors que nous avions axé jusque-là notre étude sur les émirs, puisque c’est autour d’eux, dans le cadre de leurs maisons ou des établissements religieux ou d’enseignement qu’ils fondaient, que s’élaboraient les liens sociaux, il convient désormais de considérer le clientélisme du point de vue des élites civiles qui en sont les premières bénéficiaires. En effet, tant que nous restions dans la sphère « privée » de la gestion des biens de l’émir ou de son épanouissement intellectuel ou religieux, les élites militaires restaient au centre de l’analyse. Dans la mesure où nous ambitionnons de transposer le clientélisme dans le domaine public, ce sont les élites civiles qui deviennent le point central puisqu’il s’agit de déterminer comment elles parviennent à approcher le pouvoir, y être associées, voire l’exercer, dans un système qui, théoriquement, les en exclut. Le clientélisme au service des carrières individuelles prend alors une autre dimension, nous sommes conduits à introduire la notion de « réseaux de relations », la notion de clientèle restant un peu trop limitée pour rendre compte de la complexité des relations individuelles qui sont en jeu. Dans cette perspective, il s’agit donc, plutôt qu’aux structures sociales et aux institutions, de s’intéresser aux interactions entre les acteurs sociaux afin d’inscrire les desseins individuels dans une démarche plus globale.
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