Annexe III. Extraits du Tēvāram
p. 291-295
Texte intégral
1. Hymne dédié au dieu de Kaṭaimuṭi par Campantar, Tēvāram 1.111
1Texte, Digital Tēvāram, Chevillard, Sarma & Subrahmanya Aiyar 2007 (où le saṃdhi est défait).
21.
aruttaṉai, aṟavaṉai, amutaṉai,—nīr—
viruttaṉai, pālaṉai, viṉavutirēl,
oruttaṉai, allatu iṅku ulakam ēttum
karuttavaṉ, vaḷa nakar—kaṭaimuṭiyē.
32.
tirai poru tirumuṭi tiṅkaḷ vimmum
arai poru puli ataḷ aṭikaḷ iṭam,
tiraiyoṭu nurai poru teṇcuṉainīr
karai poru vaḷa nakar—kaṭaimuṭiyē.
43.
āl iḷamatiyiṉoṭu, aravu, kaṅkai,
kōla veṇnīṟṟaṉait toḻutu iṟaiñci,
ēlanalmalaroṭu virai kamaḻum
kālaṉa vaḷa nakar—kaṭaimuṭiyē.
54.
koy aṇi naṟumalarkkoṉṟai_amtār
mai aṇi miṭaṟu uṭai maṟaiyavaṉ ūr,
pai aṇi aravoṭu māṉ maḻuvāḷ
kai aṇipavaṉ iṭam—kaṭaimuṭiyē.
65.
maṟai avaṉ, ulaku avaṉ, māyam avaṉ,
piṟaiyavaṉ, puṉal avaṉ, aṉalum avaṉ,
iṟaiyavaṉ eṉa ulaku ēttum kaṇṭam
kaṟaiyavaṉ vaḷa nakar—kaṭaimuṭiyē.
76.
paṭa aravu ēr alkul palvaḷaikkai
maṭavaralāḷai orpākam vaittu,
kuṭaticai mati atu cūṭu ceṉṉik
kaṭavuḷtaṉ vaḷa nakar—kaṭaimuṭiyē.
87.
poṭi pulku mārpiṉil puri pulku nūl,
aṭi pulku paiṅkaḻal, aṭikaḷ iṭam;
koṭi pulku malaroṭu kuḷircuṉainīr
kaṭi pulku vaḷa nakar— kaṭaimuṭiyē.
98.
nōtalceytu arakkaṉai, nōkku aḻiyac
cātalceytu, avaṉ, aṭi caraṇ! eṉalum,
ātaravu aruḷceyta aṭikaḷ avar
kātalcey vaḷa nakar— kaṭaimuṭiyē.
109.
aṭi muṭi kāṇkilar ōr iruvar
puṭaipulki, aruḷ! eṉṟu pōṟṟu icaippa,
caṭai iṭaip puṉal vaitta caturaṉ iṭam—
kaṭaimuṭi; ataṉ ayal kāviriyē.
1110.
maṇṇutal paṟittalum māyam ivai;
eṇṇiyakāl, avai iṉpam alla;
oṇnutal umaiyai orpākam vaitta
kaṇṇutal vaḷa nakar— kaṭaimuṭiyē.
1211.
poṉ tikaḻ kāvirip poru puṉal cīr
ceṉṟu aṭai kaṭaimuṭic civaṉ aṭiyai
naṉṟu uṇar ñāṉacampantaṉ coṉṉa
iṉtamiḻ ivai cola, iṉpam āmē.
13Traduction
141.
De l’incarnation de la richesse – dieu, ambroisie,
Aïeul, enfant, ah si vous le demandez !
Lui qui est l’unique, et rien d’autre, que ce monde adore –
De Celui sur qui l’on médite, voici la fertile cité, Kaṭaimuṭi.
152.
Sur sa tête sainte où se brisent les vagues s’épanouit un croissant,
Sur ses hanches il porte la peau d’un tigre, lui l’honorable dont voici le lieu,
La fertile cité où l’eau des bassins clairs dont l’écume combat les vagues,
Va battant les rives, Kaṭaimuṭi.
163.
Oui, de Celui dont les pieds exhalent un parfum
Tandis qu’on le prie, s’inclinant, lui qui est doté du jeune croissant,
Du serpent, de la Gaṅgā, de cendre belle et blanche,
Avec les fleurs plaisantes qui conviennent, voici la fertile cité – Kaṭaimuṭi.
174.
Il est pourvu d’une belle guirlande d’odorantes fleurs de koṉṟai juste cueillies,
Brahmane dont le cou est orné de noir dont voici la ville,
Lieu de celui dont les mains sont parées
D’une hache, d’une antilope et d’un serpent qui gonfle son capuchon : Kaṭaimuṭi.
185.
« Il est le Veda, il est l’univers, il est la magie,
Il porte un croissant de lune, il porte l’eau, il est le feu,
Le monarque suprême ! », ainsi l’univers prie-t-il le dieu au cou sombre,
Dont voici la fertile cité – Kaṭaimuṭi.
196.
Il a placé sur l’un de ses côtés une jeune femme à la main parée de nombreux bracelets,
Dont le mont de Vénus est pareil à un cobra déployé,
Il s’est orné du diadème qu’est le croissant de la direction de l’ ouest,
Voici la fertile cité de ce dieu, Kaṭaimuṭi.
207.
Sur sa poitrine frottée de cendres un cordon de brins entrelacés,
À ses pieds de brillants anneaux de cheville, voici le lieu de l’ honorable,
– Parfumée grâce aux eaux de frais bassins dont les fleurs enlacent les lianes,
La fertile cité : Kaṭaimuṭi.
218.
Lorsqu’il meurtrit le démon afin de détruire ses visées1,
Lors qu’il l’amenait à la mort, [celui-ci] dit « Lui, Ses pieds sont mon refuge ! »,
Et l’honorable fit la grâce de [l’]aimer,
– de celui qui aime voici la fertile cité, Kaṭaimuṭi !
229.
Pieds et chef de l’unique, ils étaient deux qui ne pouvaient les voir,
Ils s’approchèrent : « Grâce », dirent-ils, et ils prièrent avec constance ;
C’est le lieu de ce sage qui plaça l’eau en son chignon,
Kaṭaimuṭi, et la Kāvēri en est proche.
2310.
Se baigner, s’arracher [les cheveux], voilà des actes mauvais,
Si l’on y songe, on n’obtient nul bonheur ;
De celui qui plaça Umā au front brillant sur l’un de ses côtés,
De celui qui a un œil au front, voici la fertile cité, Kaṭaimuṭi.
2411.
L’éclat de l’eau abondante de la Kāviri d’or brillante,
Va rejoindre les pieds du Śiva de Kaṭaimuṭi,
Que chante le connaisseur de l’excellence, Nāṉacampantaṉ,
De dire ces vers en doux tamoul, voilà qui est bonheur !
2. Strophe d’Appar où apparaissent les deux toponymes « Kaṭaimuṭi » et « Caṭaimuṭi », Tēvāram 6.70.3
25Texte, Digital Tēvāram (Chevillard, Sarma & Subrahmanya Aiyar 2007)
26iṭaimarutu, īṅkōy, irāmēccuram,
iṉṉampar, ēr iṭavai, ēmappēṟūr,
caṭaimuṭi, cālaikkuṭi, takka(ḷ) ḷūr,
talaiyālaṅkāṭu, talaiccaṅkāṭu,
koṭumuṭi, kuṟṟālam, koḷḷampūtūr,
kōttiṭṭai, kōṭṭāṟu, kōṭṭukkāṭu,
kaṭaimuṭi, kāṉūr, kaṭampantuṟai,
kayilāyanātaṉaiyē kāṇal āmē.
27Traduction
28À Iṭaimarutūr2, à Īṅkōy, à Irāmēccuram,
À Iṉṉampar, dans le bel Iṭavai, à Ēmappērūr
À Caṭaimuṭi, à Cālaikkuṭi, à Takkaḷūr,
À Talaiyālaṅkāṭu, à Talaiccaṅkāṭu.
À Koṭumuṭi, à Kuṟṟālam, à Koḷḷampūtūr.
À Kōttiṭṭai ; à Kōṭṭāṟu, à Kōṭṭukkāṭu,
À Kaṭaimuṭi, à Kāṉūr, à Kaṭampantuṟai.
C’est le maître de Kayilāyam [du Kailāsa] que l’on peut voir3.
3. Strophe de Cuntarar où apparaît le toponyme Kaṭaimuṭi, Tēvāram 7.12.8
29Texte, Digital Tēvāram (Chevillard, Sarma & Subrahmanya Aiyar 2007)
30nāḷum naṉṉilam, teṉpaṉaiyūr, vaṭakañcaṉūr,
nīḷanīḷcaṭaiyāṉ nellikkāvu, neṭuṅkaḷam,
kāḷakaṇṭaṉ uṟaiyum kaṭaimuṭi, kaṇṭiyūr,
vēḷārnāṭṭu vēḷūr, viḷattūrnāṭṭū viḷattūrē.
31Traduction
32Chaque jour à Naṉṉilam, à Teṉpaṉaiyūr, à Vaṭakañcaṉūr,
Lui qui a un chignon fait de longues mèches (caṭaiyāṉ), à Nellikkāvu, à Neṭuṅkaḷam
Lui qui a la gorge noire, il demeure, [comme] à Kaṭaimuṭi, à Kaṇṭiyūr,
À Vēḷūr dans le pays (nāṭu) des Vēḷār et à Viḷattūr dans le pays (nāṭu) de Viḷattūr.
Notes de bas de page
1 Contra V.M. Subrahmanya Aiyar (Chevillard, Sarma & Subrahmanya Ayar 2007) : « as his eyes were destroyed ». Je ne vois pas en effet à quel détail de la légende impliquant Rāvaṇa pourrait renvoyer la destruction des yeux : sans doute l’œil, sens premier de nōkku, est-il à comprendre comme l’intention, le dessein (cf. Tamil Lexicon, « meaning, intention »). Je remercie Uthaya Veluppillai, dont le travail sur Campantar constitue une somme de propositions nouvelles (cf. Veluppillai 2013), d’avoir proposé cette interprétation du texte.
2 De même que Kaṭaimuṭi correspond au Tirukkaṭaimuṭi des inscriptions, Iṭaimarutur correspond à Tiruviṭaimarutur. Sur l’usage du préfixe tiru- dans le Tēvāram, voir la note liminaire à la liste des toponymes de Chevillard, Sarma & Subramanya Aiyar 2007.
3 Ce toponyme est celui d’un des rares sites du Tēvāram localisé dans l’Inde septentrionale, à savoir le mont Kailāsa (cf. Tēvāram 1.68, 3.68, 4.47, 6.55, 6.56, 6.57, 7.100). Les onze strophes de l’hymne sont bâties sur la même structure que celle qui est ici citée et le poème affirme ainsi l’enracinement d’un Śiva d’origine nord-indienne dans le territoire tamoul, couvert par les nombreux autres toponymes.
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La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012