Les repères et les signes dans la ville que j’habite
p. 33-36
Texte intégral
1Poursuivant toujours plus avant l’exploration des différents éléments qui composent une ville, on s’attachera ici à identifier les repères et les signes ainsi que le rôle qu'ils jouent dans son histoire.
2Les repères, les objets architecturaux : temples, églises, mosquées, bâtiments officiels donnent corps et sens à la cité. Par l’importance de leur volume, de leurs dimensions, par la nature de leur emplacement aussi, ils constituent des points forts dans la ville. Les identifier permet de reconnaître ce qui relève du registre monumental par opposition au paysage urbain ordinaire d’une rue, généralement composé d’une suite d’habitations. A ce titre, la différence d’échelle est une notion importante à prendre en compte dans la perception que j’ai des édifices de la ville. Le traitement architectural autour d’un édifice majeur peut me renseigner également sur l’intention de l’architecte ainsi que sur celle des responsables de la cité : mise en perspective d’un édifice, bâtiment s’insérant dans la composition d’une place ordonnancée, édifice entouré d'un jardin, monument placé en retrait de l’alignement d’une rue... (Parfois un monument est créé pour mettre en lumière la vérité d’un paysage.) En effet, la disposition, l’insertion particulière dans la ville de grands édifices repères participent souvent d’un désir de "théâtraliser, de mettre en scène" un édifice et ce afin qu’il soit reconnu, et parfaitement identifié par les habitants.
3Les édifices cultuels, les bâtiments officiels me renseignent aussi sur l’histoire de la cité que j’habite. Une mosquée, une église, un temple hindou, la demeure officielle du gouverneur le "Raj Nivas", les marchés : "Petit" et "Grand Bazar" ont été construits à un moment particulier de l’histoire de la ville. Connaître l’époque de leur construction, apprécier et identifier leur style architectural, comprendre, même sommairement, le plan général mis en oeuvre, distinguer le choix des matériaux utilisés, sont autant d’éléments susceptibles d’affiner la connaissance et la perception que j’ai de la ville où j’habite. Parfois un édifice peut présenter un style architectural qui a été influencé par une culture étrangère, il peut être alors intéressant d’en signaler la provenance et de distinguer les motifs décoratifs propres à cette autre culture.
4Parfois, les repères d’une ville ne concernent pas de grands édifices et ne relèvent pas du monumental. Ils n’en constituent pas moins des points forts souvent chargés symboliquement. La statue de Gandhi située sur le bord de mer à Pondichéry constitue un repère et une image affective pour tous les habitants qui, le soir tombant, déambulent tout au long de la promenade. Gandhi, le dos tourné à la mer, porte son regard vers l’Inde.
5La tour-clocher sise à l’angle de la rue Gandhi et de la rue Lal Bahadur Shastri est un autre exemple de repère symbolique dans la cité. Plus élevée que les maisons avoisinantes, sans être pour autant monumentale, située au croisement de rues commerçantes, influencée par le style colonial français, elle se donne à la fois comme repère et comme signe mais elle demeure surtout le témoignage d’une époque disparue pour les anciens pondichériens.
6Les repères exercent aussi un rôle dans mon comportement de promeneur. Mon trajet d'un lieu à un autre, ma promenade seront d’autant mieux rythmés que mon parcours est balisé par la vision et la reconnaissance d’édifices successifs qui créent un réseau, une trame invisible me portant jusqu’à ma destination.
7Un repère peut aussi adopter un tour plus confidentiel. Alors, il s’agit plus rarement d’édifices monumentaux, mais plutôt d’objets, de signes ordinaires de la rue qui peuvent m’affecter et me guider dans ma promenade. Ces repères, connus de moi seulement, influencent et donnent un sens intime à ma promenade. Un simple café, une boutique, le terminus des bus, la présence particulière d’un arbre à un croisement de rue, une publicité, le nombre infini des statues représentant des hommes politiques et situées le plus souvent au milieu des carrefours, une inscription sur un mur deviennent alors des signes qui se chargent pour moi, parfois temporairement, de sens et me servent de relais et d’indications personnelles dans le choix de mon trajet ou de ma déambulation Ces signes, que je me suis choisis, peuvent aussi disposer au plaisir ou au jeu. Je peux, au cours de mon trajet, anticiper l’apparition d’un signe, je peux m’en détourner, je peux également le mettre en relation avec un événement personnel, en choisissant que la vision de ce signe me place, par exemple, sous de bons auspices. L’essentiel étant de comprendre et de sentir ici toute l’infinie richesse de matériaux qu’une ville met sans relâche à ma disposition, variété de signes, repères qui m’alertent et que j’utilise, ordonne, supprime, retrouve selon mon désir de marcheur.
***
8Peut-on identifier, à l’aide du plan de la ville de Pondichéry, un certain nombre de repères architecturaux, de monuments ? A quelle catégorie appartiennent-ils ? Cultuelle ? Administrative ? Quelle est leur affectation ?
9Parmi les édifices cultuels, est-il possible d’établir une classification selon la confession à laquelle ils appartiennent ?
10La localisation des édifices cultuels nous renseigne-t-elle sur une répartition homogène par quartier ?
11Que peut-on déduire alors des pratiques religieuses à Pondichéry ?
12En visitant un de ces monuments cultuels ou officiels, est-il possible d'analyser la façon dont il s’insère dans le paysage urbain ? Sur une place ? En retrait ? Dans l’alignement d’une rue ?
13Peut-on en apprécier le volume ? Les dimensions ?
14Leur échelle est-elle la même que pour les maisons situées dans une rue ?
15Qu'implique dans la lecture de la ville ce changement d’échelle ?
16Certains de ces monuments ont-ils subi une influence architecturale étrangère ?
17Par quels motifs architecturaux cette influence se caractérise-t-elle ?
18Ces repères monumentaux vous servent-ils parfois de relais dans vos promenades ? De quelle façon ?
19Existe-t-il d’autres repères qui ne sont pas monumentaux ? Que peuvent-ils alors symboliser ?
20Vous arrive-t-il d’imaginer d’autres repères ou signes qui vous sont personnels et dont vous vous servez au cours d’une déambulation ?
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