Chapitre V. Le tīrtha au quotidien : Statues et miracles
p. 391-473
Texte intégral
§ 1 Onze statues sacrées
1Douze k. du VTK sont dédiés à la statue spécifique d’un lieu saint (47, 57, 32, 26, 27, 29, 31, 40, 58, 60, 22, 51). Les Jina qu’elles représentent sont R̥̥ṣabha (1er T. : 47, 57), Abhinandana (4e T. : 32), Nemi (22e T. : 26), Pārśva (23e T. : 27, 29, 31, 40, 58, 60) et Vīra (24e T. : 22, 51). La prépondérance de Pārśva est nette et d’autant plus remarquable que les autres Jina, habituellement en faveur, Nemi et Vīra, sont peu représentés. Cinq statues de Pārśva sont au Gujarat et une au Rajasthan (60), les deux statues de R̥̥ṣabha sont, l’une au Maharashtra (47), l’autre au Madhya Pradesh (57), la statue d’Abhinandana est au Maharashtra et la statue de Mahāvīra dans le Sud de l’Inde (22, 51).
§ 2 Kalpa-statues : invention de lieux saints
2Les k. représentés ont la structure des kalpa-statues (cf. I § 1.4.) ; le k.51, œuvre du Maître Vidyātilaka, est un supplément au k.22 dédié à la statue de Mahāvīra : il est atypique dans le VTK (cf. I § 1.5.) et raconte diverses péripéties du Maître Jinaprabha, déjà héros du k.22. Les légendes de statues découvertes ou réparées qui figurent dans ces k. sont les seules du VTK où le miracle ait la place qui lui revient généralement dans la littérature occidentale sur les lieux saints : elles permettent de donner un statut sacré à des lieux moins prestigieux que les monts sacrés et moins anciens que les villes traditionnelles (cf. III § 1).
3Plusieurs éléments dans ces histoires témoignent en effet du caractère vivant et populaire des tīrtha qu’elles sanctifient :
4— la nature des héros représentés :
5majoritaires dans les kalpa-légendes, les héros de dignité royale (27, 57, 58), sont, dans les kalpa-statues, nettement en retrait par rapport à d'autres catégories de personnages : les Maîtres (22, 26, 31, 40, 47), les marchands (26, 32, 40, 60), les artisans (22 : charpentier ; 40 : orfèvre) ou les plus humbles gardiens d’animaux (berger : 29, 60, pâtre : 31).
6— le symbolisme de la statue et ses diverses fonctions : cf. § 3 et § 4.
7— le rôle des congrégations et des Maîtres : cf. § 5.
8— les indications réelles : cf. § 6.
§ 3 Fonction symbolique des statues
9Dans les tīrtha qui n’ont pas la merveilleuse aura des monts sacrés, la statue, objet vénéré du lieu saint, revêt une importance particulière. En elle se concentrent le prestige et les vertus du tīrtha. Douées de pouvoirs, dans la mesure où elles sont habitées des dieux protecteurs du tīrtha (adhiṣṭhāyaka, annexe 4 no 9), ou du puissant Jina auquel on les identifie (40 § 3)1, les statues auxquelles Jinaprabha consacre un k. sont susceptibles de miracles : elles sont, à plusieurs reprises, qualifiées de "saṃnihia-pāḍihera" (cf. annexe 4 no 17). La statue, objet de culte, devient ainsi l’intermédiaire concret, plus accessible, entre les T. et les hommes.
10Cette "humanisation" est visible dans le développement, au Moyen Age, des statues de T. dites jīvantasvāmin*2, à savoir probablement "grandeur nature"3. Elle est reflétée aussi dans la nature des prodiges que la foi des pèlerins prête aux statues : celle de Mahāvīra se couvre de sueur pour annoncer le raid des turukka (22 § Id), celle de Pārśva saigne quand elle est mécontente du traitement qu’on lui inflige (13 § 12 et 29)4.
§ 4 Fonction religieuse et politique des miracles
11Comme la vue du lieu saint, la contemplation de la statue, cette "masse d’ambroisie pour les regards"5, a une vertu rédemptrice : dans le k.60, il est recommandé d’aller se prosterner devant le Pārśva de divers lieux saints (§ 2) ; sa vue mène à la Libération (6 v. 67). Mais plus encore, la statue est, comme les Yaksa protecteurs, apte à accorder les faveurs matérielles : elle "élimine les obstacles que rencontre la communauté des fidèles" (cf. annexe 4 no 18). Elle est celle à qui l’on demande une descendance (32 § 2), la guérison (58) ou la réalisation de quelque autre souhait (40 § 3).
12Les pouvoirs miraculeux sont propres à édifier le fidèle ou à convertir l’incroyant : le meda Mahaṇiya devient fervent jaina, quand il voit repousser spontanément le doigt qu’il s’est coupé (32 § 3). Le roi Vikramāditya, d’obédience sivaïte, s’incline devant le R̥̥ṣabha qui s’est manifesté miraculeusement à Ujjain (47 § 1b).
13Sur l’image de l’incroyant se superpose celle du Barbare. Les pouvoirs miraculeux de la statue ont aussi une importance politique : devant les miracles successifs de Mahāvīra, les turukka n’osent plus revenir à Satyapura (17 § 4). En voyant l’hémophilie, les vomissements assaillir ses hommes, le sultan Sāhāvadīna accorde un firman pour protéger le tīrtha de Phalavardhi (60 § 1). Inversement, la prise d’une statue réputée toute-puissante assure aux Barbares la victoire (17 § 8 ; 22 § 1d).
§ 5 Rôle des congrégations et des Maîtres
14On note, dans plusieurs kalpa-statues, le lien entre la statue d’un lieu et une congrégation particulière : la congrégation Maladhārin veille sur le KokāPāsa (40 § 3), celle des Sodhativāla sur le SuddhadaṃtiPāsa (31) et probablement la congrégation Kharatara sur le PhalavaddhiPāsa (60)6. Importante pour la bonne ordonnance du pèlerinage et pour la consécration du lieu saint, l’influence de la congrégation, qui s’esquisse dans ces k., s’explique par le rôle important et croissant des Maîtres, qui sont considérés, eux aussi, comme des tīrtha vivants (jaṅgamatīrtha) intermédiaires entre les T. et les fidèles7. Cet aspect de la dévotion aux Maîtres, qui existe parallèlement dans la religion hindoue, est illustré dans le k.51, où des foules se rassemblent sur le passage du Maître Jinaprabha dans leur désir de le "voir" : la vision du Maître, comme celle de la statue (cf. annexe 4 no 16) applique sur leurs yeux un baume d’ambroisie (51)95.25.
§ 6 Légende et histoire
15Les légendes de statues qui ancrent le lieu saint dans une nouvelle tradition religieuse, celle des lieux saints révélés, ne distinguent pas nettement entre légende et histoire.
16Quand il s’agit d’expliquer la disparition, la détérioration ou la destruction, au cours du temps, de la merveilleuse statue aux origines humaines ou mythiques (27, 57, 31, 58), la Tradition sacrée invoque, en les confondant, la corruption de l’ère kali (32 § 1, 58 § 1), le caractère dépravé des mleccha (32 § 1) ou les événements historiques mentionnés souvent de manière allusive (29, 31, 40), mais parfois aussi de façon précise (22). Parfois encore, l’inconstance de l’ère kali ou la frivolité des divinités servent à justifier le fait qu’à un moment donné de l’histoire, de simples mortels aient pu détruire la statue d’un T. (31 ; 60). On trouve encore sur le même plan la mention d’un prodige et d’un événement daté (22 § 1d).
17En effet, bien qu’elles soient rares, il existe des indications historiques précises et exactes, comme, par exemple, la date de la mort du roi Pr̥thvīrāja (22 § 1d) ou celle de la consécration de Pārśva dans le Kokāvasahi (40 § 2) : cf. annexe 2.
§ 7 Des lieux saints vivants au Moyen Age ?
18Les k. consacrés aux statues des T. comportent des traits qui reflètent la vie quotidienne du Moyen Age :
19— 1. les relations intercommunautaires :
20la légende du Maître Hemacandra (40) et celle du Maître Siddhasena (47) font allusion aux conflits qui opposent jaina et śivaïtes ; le k.32 évoque les relations équivoques entre commerçants jaina et tribus forestières ; le k.32 et le k.57 mentionnent des villages donnés aux jaina tandis que le k.47 fait état d’une inscription à ce propos.
21— 2. les activités religieuses :
22le k.32 et le k.40 mentionnent les noms d’officiants du temple ; le k.22, le k.40 et le k.60 donnent la date précise à laquelle sont consacrées deux statues de Pārśva ; dans plusieurs k., enfin, Jinaprabha fait référence à l’existence à son époque (ajjâvi) de cultes (26, 27, 32, 47) et de miracles sur le lieu saint (26, 32, 57, 58, 60).
23— 3. les éléments du culte :
24Les kalpa-statues sont les seuls où figurent : - des indications sur la taille des statues : 23 parvan (22) ; 33 parvan (40), - des renseignements concernant leur iconographie : un Pārśva avec sept capuchons (60) ; un Kṣetrapāla avec une bosse sur la tête (58) ; ou encore - la mention d’un itinéraire de pèlerinage (60) non traditionnel (cf. annexe 3 no 7).
47 : Kalpa du KuḍuṅgeśvaraR̥ṣabha
Site
25Temple d’Ujjainī : Atlas 34 D 5 ; auj. Ujjain, lat. 23°11’10”N., long. 75°51’45”E. : cf. P.K. Bhattacharya 1977 Historical Geography of Madhya Pradesh from early Records. Delhi, p. 189-194.
26Au 13e s., l’importance religieuse et politique de Mahākāla apparaît telle que le sultan Ῑltutmish affirme son triomphe en s’emparant de cette idole sivaïte qu’il fait briser à Delhi : A. Cunningham 1963 (11891), Coins of Ancient India. Benares, p. 98.
27Le temple actuel de Mahākala est moderne : Dey 1927 p. 210.
Structure du texte
28§ 1a Pénitence ascétique du Maître Siddhasena Divākara.
29§ 1b Prodiges du Maître, preuve de la suprématie de R̥̥ṣabha et conversion prestigieuse du roi sivaïte Vikramāditya au jinisme.
Parallèles
30PCa 54-61 (v. 1-180) ; PCi 7.1-8.22 : Tawney p. 10-12 ; PK 15.1-21.9 ; PPS 10.8-15. Cf. aussi Deleu 1981 p. 65.
Remarques
31§ 1a Le nom de Kuḍuṅgeśvara "Seigneur des hameaux (mentionné aussi PCa v. 130), qui est donné, dans ce k., à une forme spécifique de R̥̥ṣabha, semble synonyme de Śiva : PPS 10.11 et PK 18.21 mentionnent le temple de Mahākāla (Mahākāla-prāsāda) au lieu du Kuḍuṅgesvara-devâlaya dans VTK (47)88.25. Ce détail excepté, PK présente le même texte que VTK. Comme l’auteur du PCa (59.8), Jinaprabha a préféré le terme le plus obscur : l’histoire montre qu’il s’agit de substituer R̥̥ṣabha au faux dieu, d’évincer le śivaïsme et convertir les sujets de Vikrama dont les jaina revendiquent le patronage. § 1b Don de villages par le roi Vikramāditya et inscription d’une tablette de la loi : cf. annexe 2 s.v.
Traduction
1 [āryā] Puisse-t-il vaincre, le Nābheya (R̥̥ṣabha)
que le Maître Vajrasena8,
cāraṇamuni° śvetāmbara,
consacra dans le Śakrāvataratīrtha.
2 [āryā] Je dis brièvement le kalpa (kalpaṃ jalpāmi leśena)
du dieu°° KuḍuṅgeśvaraNābheya9,
au rayonnement intense (analpa-tejas),
après avoir vu la tablette de la loi (dr̥ṣṭvā śāsana-paṭṭikām*).
32§ 1a (88.18-24) Autrefois, dans le sanctuaire Śakunikāvihāra10 qui orne la ville de Bhr̥gukaccha11, (elle-même) parure du Lāṭa12, le Maître Vr̥ddhavādin fit la proclamation suivante : "Que le vaincu devienne l’élève du vainqueur." Ayant vaincu (ensuite) l’astre illustre du Karṇāṭa (Karṇāṭa-bhaṭṭa*-divākara), venu du Dakṣiṇāpatha pour une joute oratoire, il lui fit prendre les ordres (vrataṃ grāhayāṃ cakrire). Il lui donna le nom de Siddhasenadivākara. Alors en quelques jours, il lui apprit (adhyajīgapat) tous les Āgama sans exception.
33Un beau jour, cependant, il lui déclara : "Je vais mettre tous les Āgama en sanskrit." Alors, l’Honorable (Maître) lui dit ceci : "Vraiment ! Les glorieux Tīrthaṅkara ou gaṇadhara° ne savaient pas les formuler en sanskrit, si bien qu’ils les ont formulés en ardhamāgadhī ! En parlant de la sorte, tu t’es gagné une grande expiation. A quoi bon te l’énoncer ! Tu la connais toi-même !" Alors, le (disciple) réfléchit et dit : "Vénérable ! En respectant le vœu de silence, je vais observer pendant douze ans l’expiation de l’Exclu (pārāñcitaṃ° nāma prāyāścittaṃ°)13, faisant disparaître mes insignes, la voilette, le balai, etc. (gupta-mukha-vastrikārajo-haraṇâdi-liṅga)14 et montrant une forme dépouillée (prakatiṭâvadhūta°-rūpa)15. C’est la règle (āvaśyaka)". —"C’est l’ (expiation) appropriée", lui dit le Maître.
34§ 1b (88.24-89.20) Après avoir entendu le jugement prononcé par le Maître, il chemina à l’étranger, dans les villes, villages, etc., douze ans durant. Il parvint (un jour) dans le temple dédié à Kuḍuṅgeśvara (Śiva) de la glorieuse Ujjainī et s’y installa, le corps paré de vêtements de la couleur des fleurs de śephalikā*16. On eut beau lui demander pourquoi il ne rendait pas hommage (au dieu), il ne souffla mot. En apprenant une telle (conduite) de la rumeur publique, le roi Vikramāditya*, qui avait marqué la première année de son règne en libérant de leurs dettes tous les rois (vassaux) en tout lieu (de son royaume)17, s’en vint et lui tint ce discours (jalpayāṃcakāra) : "Moine pour lécheur de lait (kṣīralilikṣo* bhikṣo)18 ! Pourquoi donc ne rends-tu pas hommage au dieu ?" Le (Maître) répondit (avādi vādinā) : "Si je rends hommage au dieu, le liṅga se brisera, au déplaisir de votre Majesté. Le roi répliqua : "Qu’à cela ne tienne, rends-lui hommage". Le (Maître) reprit : "Eh bien, écoutez !" Alors, dans la position du lotus, il se mit, avec trente-deux strophes de trente-deux vers19, à louer le dieu :
[upajāti] "Il est né de lui-même (svayaṃbhū°°),
(mais) il est l’œil de milliers d’êtres.
Il est multiple,
(mais) il a un seul akṣara pour caractériser sa nature.
Il est non manifesté,
aucun monde ne lui résiste.
Il n’a ni début ni milieu ni fin.
Il est indifférent au bien comme au mal20,"
35et ainsi de suite. Dès le premier vers, du liṅga du temple s’éleva, comme venant de la flamme d’un feu, une colonne de fumée. Les gens dirent alors : "Le maître suprême des huit sciences, le Vénérable Rudra, (tel le) feu de la destruction, va réduire le moine en cendres de son troisième œil." Alors, en premier lieu, une lueur, telle l’éclat de la foudre, sortit avec un crépitement (sa-taḍat-kāram) et fendit en deux, depuis la base, le liṅga, dont Apraticakrā21 frappait le dieu de fausse croyance (Rudra-Śiva). Apparut alors, sur un siège de lotus, le svayambhū°°22, le Vénérable Nābhisūnu (R̥̥ṣabha)23. Ensuite, grâce à cette manifestation de la Loi, le prince des Maîtres traversa, si je puis dire, l’océan de l’Exclu, se débarrassa de ses habits rouges24, dévoila ses insignes, la voilette, le balai, etc., et bénit le roi avec les syllabes "gain de la Loi" (dharma-lābhâkṣarair āśīr vādayāṃcakre).
36Ensuite, avec révérence (vinaya-purassaram +),
[anuṣṭubh] au Maître Siddhasena
qui, de loin, faisait un signe de la main
après avoir dit (la bénédiction) "gain de la loi",
le roi donna un koṭi d’or.
37Alors, le roi demanda pardon au Maître et fit son éloge en ces termes :
[indravajrā] "Que vous porte bonheur ce Souverain Jina,
le Dieu KuḍuṅgeśvaraNābhisūnu (R̥̥ṣabha),
dont le Maître Siddhasenadivākara fit la consécration,
après s’être acquitté de 1’(expiation de 1’) Exclu."
38Alors, grâce à l’Enseignement du Vénérable et Noble (bhaṭṭa*) Maître Divākara, selon le principe "tel maître, tel élève25," et grâce à son bon naturel, Vikramāditya gagna la renoncement partiel (deśa-virati°), fondé avant tout sur la juste foi. Alors, pour son propre bonheur, il donna, par un édit, au dieu°° KuḍuṅgeśvaraR̥̥ṣabha, quatre-vingt-onze villages dans le district de Gohrada*, Sāṃbadrā*, etc., quatre-vingt-quatre villages dans le district de Citrakūṭa*, Vasāḍa*, etc., puis vingt-quatre villages, Ghuṃṭārasī*, etc., et cinquante-six villages dans le district de Mohaḍa-vāsaka*, Īsaroḍā*, etc. Puis le roi fit graver une tablette de la loi (sāsana-paṭṭikā*) dans la glorieuse Ujjainī, en l’an premier26, un jeudi27 de la quinzaine claire du mois de Caitra (mars-avril) par le superintendant des archives (mahākṣa-paṭalika*-) de la contrée des Lāṭa28, Kātyāyana, fils du brahmane Gautama, et très méritant (paramārhata29) fidèle laïc śvetāmbara. Alors, à partir du jour où le dieu KuḍuṅgeśvaraR̥̥ṣabha s’était manifesté, en faisant table rase des fausses religions, 1 excellent Maître convertit tous les ascètes d’obédience śivaïte et autre (jaṭâdharâdi) en jaina śvetāmbara. Ensuite, ce radical libérateur des fausses croyances, marqua toute la terre au sceau jaina30.
39Alors, très heureux, le Maître Siddhasena dit au roi de la terre :
[āryā] "Une fois écoulées mille cent
quatre-vingt-dix-neuf années,
ô roi Vikkama, il y aura
ta pareille : le roi Kumara (Kumārapāla)."
40Voilà, dit-on, comment devint célèbre, d’une célébrité honorée de tout l’univers, le dieu KuḍuṅgeśvaraYugādi (R̥̥ṣabha).
[anuṣṭubh] Le Maître Jinaprabha
a composé, selon la Tradition,
cet éclatant kalpa (kalpam etam ruciraṃ racayāṃ cakruḥ)
du dieu°° Kuḍuṅgeśvara.
57 : Kalpa du MāṇikyadevaR̥ṣabha de Kollapāka
Site
41Kollapāka (Kulyapāka) : Atlas 34 E 6 ; auj. Kulpak, village d’Andhra Pradesh : Rice in IA 1915 p. 213-4. Il existait, à la fin du 19e s., un ancien temple jaina (du 7e s. ?), récemment restauré (Rice p. 214).
Structure du texte
42§ 1 Tribulations de la statue, de Laṅkā au nord-ouest du Deccan.
43§ 2 Découverte de la statue et fondation d’un lieu saint : cf. I § 1.4. et V § 2. Bienfaits en échange du culte : cf. V § 4.
Remarques
44§ 1 Ce k. donne une représentation iconographique de R̥̥ṣabha, sans doute plus imaginaire que réelle. M. C.B. Tripathi (Berlin) suggère différentes intentions possibles de l’auteur du VTK : insulter les dieux hindous, les assimiler au panthéon jaina ou présenter quelque chose de très insolite de manière que la statue soit auréolée de sacré et révérée par des dieux différents.
45§ 2 La manifestation de Padmāvatī (Yakṣiṇī du 23e T.), plutôt que celle attendue de Cakreśvarī (Yakṣiṇī du 1er T.), indique la faveur dont jouit Padmāvatī indépendamment du T. dont elle est l’acolyte. Il n’est du reste pas indifférent que l’action se passe au Karnataka, où Padmāvatī était populaire au Moyen Age (cf. VI § 5).
Traduction
[āryā] Nous écrivons en une petite composition
(appe a gaṃtheṇa),
à peu près selon la Tradition,
le kalpa du MāṇikkadevaUsaha (1er T.)
qui orne l’excellente Ville de Kollapāka.
46§ 1 (101.12-25) Autrefois, dit-on, sur l’excellent Mont Aṭṭhāvaya, dans le temple Sīhanisijjā, le souverain Bharaha fit sculpter, en pierres précieuses, les statues des vingt-quatre Jina, avec, chacune, la couleur, la taille, la configuration qui lui appartenaient31. Mais, ensuite, à la pensée qu’elles ne conviendraient pas pour les hommes, le même (Bharaha) fit sculpter, tout spécialement, pour le bonheur des gens, une statue du Seigneur Usaha dans une émeraude limpide : elle avait deux tresses sur les épaules, un soleil sur le menton, une lune sur le front, un liṅga de Śiva sur le nombril32. C’est pourquoi précisément on l’appela Māṇikkadeva ("Dieu d’émeraude"). Plus tard, les Khecara, venus en pèlerinage, l’aperçurent. Emerveillés de sa beauté inégalée, ils la placèrent sur leur char divin et l’emportèrent sur le versant sud du Mont Veaḍḍha. Ils lui rendaient hommage, pleins d’une dévotion profonde (bhatti-bhara-bharia-cittehiṃ pūijjaï).
47Un beau jour, l’ascète Nāraya, arrivé au hasard de sa marche sur le Veaḍḍha, vint à apercevoir cette (statue) et il interrogea les Vidyādhara : "D’où vient cette (statue) ?" Ils répondirent alors : "Nous l’avons apportée de l’Aṭṭhāvaya. Depuis le moment où nous avons commencé à lui rendre hommage, nous sommes devenus plus riches de jour en jour." Après avoir entendu cela, Nāraya raconta à Iṃda dans le ciel la majesté de cette statue. Iṃda la fit emporter dans le ciel et se mit à lui rendre hommage avec dévotion : (cela dura) jusqu’à une période intermédiaire entre l’époque de Muṇisuvvaya et celle de Namināha33.
48Entre-temps, à Laṃkā, était né Rāvaṇa, l’écharde des trois mondes. Maṃdoarī, son épouse, était très bonne croyante. En apprenant de Nāraya la majesté de l’image de pierre précieuse, elle formula expressément le souhait de lui rendre hommage. Ayant réfléchi à l’histoire, le grand roi Rāvaṇa chercha à se concilier Iṃda. Content, le (dieu) remit la statue à la grande reine. Contente, elle lui rendait hommage trois fois par jour. Un beau jour, Dasaggīva (Rāvaṇa) enleva la reine Sīā. Malgré les remontrances de Maṃdoarī, il ne la libérait pas. Alors, en rêve, le dieu préposé à la statue (paḍimā-ahiṭṭhāyaga°°)34 prédit à Maṃdoarī la mort de Rāvaṇa et la destruction de Laṃkà. Alors, elle jeta la statue dans l’océan. Là, les dieux lui rendaient hommage.
49§ 2 (101.26-102.11) Au même moment, au Kannāḍa, dans la ville de Kallāṇa, vivait (hutthā)35 le roi Saṃkara*, d’obédience jaina. A cet endroit, un Vyantara de fausse croyance, en colère, créa une épidémie par magie (Vaṃtarena kuvieṇa mārī* viuvviā*). Le roi fut désespéré (adaṇṇa*)36. Sachant qu’il était affligé, la déesse Paumāvaī lui dit la nuit, en rêve37 : "Sire ! Si vous sortez Māṇikkadeva de l’océan, l’emportez dans votre ville et lui rendez hommage, le salut est (assuré)38. Alors, le roi se rendit auprès de l’océan et fit un jeûne. Satisfait, le souverain de l’océan se manifesta au roi et lui dit : "Prenez autant de joyaux que vous le désirez". Le roi repartit : "Je n’ai que faire de joyaux ou d’autres richesses. Donne-moi la statue déposée par Maṃdoarī." Alors, le dieu retira la statue et la remit au roi. Puis il lui dit : "Dans ta contrée, les gens seront heureux ; mais dépose la statue juste à l’endroit où il te viendra un doute en cours de route." Alors, le roi partit avec son armée. Par la puissance d’une divinité, l’image suivait, hissée sur le chariot posé sur le dos de deux jeunes bœufs. Après avoir franchi un passage difficile, le roi conçut un doute : "Est-ce que la (statue) suit ou non ?" Alors, la déesse tutélaire plaça la statue à Kollapāka, ville, dans le Tilaṃga, que les érudits dépeignent comme la Vārāṇasī du Sud39.
50— Autrefois, l’image était faite de l’émeraude la plus pure, (mais) le long contact de l’eau salée de l’océan avait durci ses membres. Onze lakhs quatre-vingt mille neuf cent cinq années s’étaient écoulées depuis qu’on avait fait venir le Vénérable Māṇikkadeva40 de l’océan —.
51A cet endroit, le roi fit ériger un très beau temple41. En outre, pour honorer le dieu°°, il fit donner douze villages42.
52A cet (endroit), le Vénérable se tint entre ciel et terre pendant six cent quatre-vingts années de l’ère Vikrama (jusqu’en 623 ?). Comme on savait que les mleccha allaient arriver, on le mit sur un trône.
53— Grâce à son charme, elle fait pleuvoir de l’ambroisie sur les yeux des Perfectibles (bhaviāṇaṃ loaṇesu amaya-rasaṃ°° varisei)43. On ne sait si la statue a été sculptée par des outils (ṭaṃka*), si elle a été apportée d’une mine, si elle a été réalisée par un artisan, si elle est faite de diamant ou de saphir : elle a l’apparence d’un tronc de bananier44 —.
54Aujourd’hui encore, dit-on, une lampe brûle avec l’eau qui a servi à baigner le Vénérable45. Aujourd’hui encore, en s’appliquant de la boue du bain sur les yeux, les aveugles recouvrent la vue46. Aujourd’hui encore, grâce à la puissance du lieu saint, les gouttes qui tombent des pavillons du temple humectent les habits des pèlerins. Tout homme, qui a été mordu auparavant par un serpent, se relève.
55Voilà. Si on accomplit ou fait accomplir ou partager la grande fête du pèlerinage et l’hommage destinés au Māṇikkadeva de ce grand lieu saint47 qui s’illustre par plus d’un exploit, on obtient le lustre du bonheur dans ce monde et dans l’autre48.
[āryā] Voilà le kalpa de Māṇikkadeva,
décrit brièvement (vaṇṇio samāseṇaṃ)
par le Maître Jiṇapaha.
Qu’il assure le salut des Perfectibles !
32 : Kalpa du dieu Abhinandana de la contrée des Avanti
Site
56La contrée des Avanti désigne l’ensemble de la région dont Avanti (Ujjain) fut la capitale (Dey 1927 s.v.). On ne retrouve pas, dans le titre, le nom de Medapallī "Hameau des meda" mentionné dans le k., comme si l’auteur, ou le copiste ultérieur, ne savait où situer ce lieu qui abrite le temple d’Abhinandana, le 4e Jina.
Structure du texte
57§ 1 Mésaventures de la statue tombée aux mains des autochtones incroyants et fondation du lieu saint par le marchand Vaijā (Trajet journalier de Dhārāḍa à Medapallī) : cf. I § 1.4 et k.29.
58§ 2 Prodiges de la statue : cf. V § 4.
Remarques
59Le k.32 est le seul k. dédié à Abhinandana dans le VTK. Ce Jina ne jouit pas de la même faveur que Pārśva ou de Mahāvīra et ses représentations sont fort rares : Bhattacharya 1974 (11939) p. 39. Comme Medapalī n’est ni le lieu de naissance d’Abhinandana ni le lieu d’un autre des grands événements de sa vie, le choix et la présence de ce Jina à cet endroit sont curieux. Un ancien culte de Kālī pourrait justifier le choix d’Abhinandana, dont Kālikā (divinité empruntée au panthéon brahmanique : cf. Bhattacharya ibid, p.40) est la Yakṣiṇī traditionnelle (cf. p. ex. Guerinot 1926 p. 103).
60§ 1 Relations de marchandage entre le marchand et la population locale.
61§ 2 Suprématie du T. Abhinandana et conversion du roi Jayasiṃha* (cf. annexe 2 s.v.).
Traduction
[anuṣṭubh] Je dis brièvement le kalpa
(kalpaṃ jalpāmi leśataḥ)
d’Abhinandana (4e T.), ce dieu°°
à la dignité fort remarquable (iddhatarâyati),
célèbre dans l’Avanti.
62§ 1 (57.19-58.14) Ici, dit-on, le fils du roi Saṃvara, joyau de la lignée des Ikṣvāku, (ce) cygne pour l’étang qu’est la matrice de Siddhārthā, au singe pour emblème, à l’éclat d’or, qui, par sa naissance, purifia la ville de Kosalāpura49, — (j’ai nommé) le dieu°° Abhinandana, quatrième T., d’une taille de trois cent cinquante dhanus°50 — avait un temple à Medapallī51, situé dans la grande forêt proche de Maṅgalapura, (cette) ville de la contrée du Mālava. Dans ce hameau habitaient les meda52 qui n’étaient pas encore dégoûtés de leur empressement à accomplir toutes sortes de canailleries (vicitra-pāpa-karma-nirmāṇa-karmathaṭāyām ajātanirvedāḥ).
63Un beau jour, une armée de vils mleccha (tuccha-mleccha) tomba là à l’improviste et saccagea le temple de ce Jina (bhagnaṃ tajjinâyatanam)53. Bien qu’à même d’anéantir les craintes des fidèles (pratihata-praṇata-jana-ḍimbam *api°°)54, l’image du Vénérable dieu°° Abhinandana, qui ornait ce temple, fut, à cause de la négligence des dieux préposés à la statue, corrompus qu’ils étaient par l’ère kali (pramadvaratayā ’dhiṣṭhāyakānāṃ°° kali-kāla-durlalitānām°°)55, et à cause de leurs incartades (akalanīyatā*), brisée en neuf morceaux, — en sept, disent certains56 —. Mais (ensuite) pris de remords, les meda rassemblèrent les morceaux (sañjāta-manaḥkhedair medaiḥ sammīlya)57 et les portèrent en quelque endroit.
64Alors qu’il s’était ainsi écoulé fort longtemps, un marchand habile de son métier du nom de Vaijā, qui enchantait son village avec ses qualités de la blancheur du rire de Śiva (hara-hasita-sita-guṇa-grāmâbhirāma)58, venait continuellement du village de Dhārāḍa et faisait à cet endroit un commerce sous forme de troc (krayā-krayikā*-rūpāṃ vaṇijyām). Et chaque jour, une fois de retour chez lui, cet homme très méritant (paramârhata)59 ne manquait pas de rendre hommage au dieu (devam apūpujat). En aucun cas, il ne prenait de repas avant d’avoir rendu hommage au dieu. Or un jour qu’il arrivait dans ce hameau, les (meda), qui avaient plus d’une méchanceté (à leur actif), dirent à ce (fidèle) : "Pourquoi fais-tu chaque jour le va-et-vient (ehireyāhirā*) ? Pourquoi ne manges-tu pas dans notre village qui est une liane des désirs fournissant les mets appropriés aux marchands60 " ? Le marchand répondit alors : "Hé Là ! Messieurs ! Tant que je ne vois pas l’Arhant, le dieu°° des dieux (devâdhideva)61, vénéré dans les trois mondes, et que je ne lui rends pas hommage, je ne suis pas en état de me nourrir (na valbhāyāṃ* pragalbhe)62 ! Les kirāta63 reprirent : "Si telle est ta foi à l’endroit de ton dieu°°, nous allons te faire voir la divinité qui t’est chère." "Soit", leur dit le marchand. Alors, les kirāta réunirent les neuf — ou sept — morceaux, en les fixant membre à membre (yathâvayava-nyāsaṃ) et firent voir l’image du Vénérable Abhinandana. Ne se tenant plus de joie (pramudita-muditavāsanâtiśayena)64 à la vue de cette (image) sculptée dans une fort belle pierre de marbre (sucitara-mammāṇa*-pāṣāṇa), l’excellent marchand, à l’esprit droit, se prosterna devant le Vénérable qui fait disparaître les difficultés illimitées (tena namaskr̥tas tiraskr̥ta-duranta-durito bhagavān°°)65, lui rendit hommage avec des fleurs et autres (dons) et arrangea son culte dans le temple. Alors seulement, le (marchand), très sérieux dans ses engagements, prit son repas. Mais un autre jour, alors que ce marchand se vouait de cette manière (itthaṃ* kāraṃ) à rendre hommage au Jina, les nāhala66, se surpassant dans la grandeur de leur manque de jugement, séparèrent les morceaux (udyad-avivekâtirekabahulair nāhalair śakalāniyutakī-kr̥tya), dans l’espoir d’en tirer quelque argent, puis gardèrent l’image dissimulée quelque part. Quand, au moment de lui rendre hommage, le (marchand) ne vit pas la statue, il ne prit pas son repas. Consterné, il fit alors un jeûne de trois jours sans eau67. C’est alors que les meda l’interrogèrent : "Pourquoi ne prends-tu pas ton repas ?" Il raconta ce qu’il en était. Alors, la troupe des meda lui dit : "Si tu nous donnes de la mélasse, nous te ferons voir le dieu°°." Le marchand répliqua : "Je vous en procurerai, je m’y engage." Ils réunirent donc les neuf — ou sept — morceaux comme auparavant et les exhibèrent. Il vit alors l’image du (dieu) se composer. Le meilleur des fidèles eut le cœur plus contristé encore du fait que les Barbares l’avaient touchée68. Là-dessus, dans son naturel excellent, il prit la résolution suivante : "Aussi longtemps que je ne vois pas cette image être d’un seul tenant, je ne prends pas de riz." Alors qu’il jeûnait ainsi jour après jour, les divinités préposées à la statue lui dirent en rêve (tadbimbâdhiṣṭhāyakaiḥ svapne nijagade)69 : "Badigeonne d’un enduit de santal les jointures des neuf morceaux de cette image : alors elle deviendra d’un seul tenant." Plein de joie quand il se réveilla à l’aube, il fit exactement ainsi. Le Vénérable obtint un corps d’un seul tenant. Les jointures s’assemblèrent à l’aide du seul enduit de santal (sandhayaś ca militaś ca candanâ-nulepa-mātreṇa)70. Après avoir rendu, l’instant d’après, hommage, d’une foi toute pure, au Vénérable, le marchand71 prit son repas, exultant d’une joie exubérante, puis donna mélasse et autres aliments aux meda. Après cela, le marchand heureux, comme s’il avait obtenu une collection de joyaux, plaça la statue avec son piédestal dans un hameau désert au pied d’un pipai72 et la décora (śūnyakheṭake* pippala-taros tale vedikā*-bandhaṃ vidhāya sā pratimā maṇḍitā). A partir de ce moment, des groupes de fidèles, formés de membres des quatre classes, s’en vinrent des quatre coins du monde et commencèrent à organiser une fête de pèlerinage (śrāvaka-saṅghāś cāturvarṇya-lokāś catur-dig-antād āgatya°° yātrôtsavaṃ sūtrayituṃ pravr̥ttāḥ)73. Là, les superintendants de monastère (maṭha-patyâcārya*) Abhayakīrti, Bhānukīrti, Āṃbā, Rājakula prennent soin du temple.
65§ 2 (58.15-22) Une fois, l’Honnête (sādhu*) Hālāka, fils de Thehā, guirlande de la lignée des Prāgvāṭa74, (qui était) sans enfant, (mais) désirait un fils, fit le serment suivant (viracitam upayācitakam) : "S’il me naît un fils, je ferai construire un temple ici." Par la suite, grâce à la présence des trente dieux préposés à la statue (adhiṣṭhāyaka°°- tridaśa), il eut un fils nommé Kāmadeva. Alors, l’Honnête Hālāka fit construire un temple au śikhara fort élevé (caityam uccaistaraśikharam°°)75. Plus tard, Kāmadeva épousa la fille de l’Honnête Bhāvaḍa. Le père fit venir Malayasiṃha et d’autres (personnes) du village de Ḍāhā et les institua comme officiants.
66Le meda du nom de Mahaṇiya se trancha un doigt, en faisant cette invite au Vénérable : "Pour sûr, si le doigt me repousse, je suis un servant de ce Vénérable." Dès l’application du santal, onguent du Vénérable, le doigt du meda se renouvela (punar-navībabhūva)76. (A la nouvelle de cette merveille extraordinaire (tam atiśayam atiśāyinam niśamya), Jayasiṃha*, roi du Mālava, l’âme resplendissant de l’intensité d’une foi étincelante, rendit lui-même un hommage profond au Seigneur. Pour rendre hommage au dieu°°, il donna un terrain de vingt-quatre hala° aux superintendants du monastère. Le Maître d’Avanti (Jayasiṃha) accorda une terre de douze hala° aux officiants du dieu77.
67Aujourd’hui encore, le Vénérable dieu°° Abhinandana qui, de la splendeur de sa majesté, emplit toute la terre, est honoré exactement de la même façon.
[anuṣṭubh] Le Maître Jinaprabha
a composé ce menu kalpa
du dieu Abhinandana,
selon la Tradition.
26 : Kalpa de l’Ariṣṭanemi d’Aṇahilapura
Site
68Aṇahilapura : Atlas 34a D 5 ; auj. Patan, lat. 23°51’N., long. 72°11’E, au nord-ouest d’Ahmedabad : Burgess 1903 p. 33.
69La tradition assigne à Vanarāja la fondation d’Anahila en 745. La ville fut ensuite la capitale des souverains du Gujarat jusqu’à son annexion par ‘Alā-ad-dīn au début du 14e s. Les musulmans conservèrent Anahilapura comme capitale jusqu’au début du 15e s. ; Aḥmad Shāh fit alors d’Ahmedabad sa capitale (Burgess 1903 p. 19). Au cours du 14e s., tous les monuments religieux, hindous ou jaina, furent saccagés. Sur Patan, cf. Tod 1971 (11835) p. 222-36 et Burgess 1903 p. 33-57.
Structure du texte
70§ 1 Légende du marchand Jakkha (trajet de Kannauj à Patan) : cf. I § 1.4. et V § 2.
71§ 2 Légende du Maître Jasobhadda : cf. V § 5.
72§ 3 Dynasties d’Aṇahillapaṭṭana : cf. V § 6 et annexe 2 s.v.
73Sur les dynasties des Cāpotkata*, des Caulukya* et des Vāghela*, consulter Sankalia 1941 p. 35-45.
Bibliographie et parallèles partiels
74Traduction anglaise : Cort 1990 p. 265-266.
75§ 1 Légende du négociant Jakkha : son nom n’apparaît pas dans les prabandha qui me servent de référence (cf. Introduction § 13). Peut-être est-il une déformation ou un écho de Jamba, nom du marchand qui, d’après PCi 13.21, est devenu le principal ministre du roi Vanarāja. Motif du corselet de la princesse Mahaṇigā : VTK (42)78.18-19 (k. de Vastupāla et Tejapāla), PCi 12.23-24, PPS 128.13-14 (légende du roi Vanarāja) et PK 101.14-15 (légende des ministres Vastupāla et Tejapāla).
76§ 2 Légende de Vanarāja : PCi 12-15, PPS 12.21-31.
77Fondation d’Anahilapura : PCi 13.4-9, PPS 12.29-31 et 128.13-17.
78Le personnage de Vanarāja et la légende de la fondation d’Anahilapura relèvent d’une tradition encore très vivante au début de ce siècle : en témoignent la dédicace falsifiée de deux statues modernes, où l’on a porté la date de 802 V.S., et les images également modernes de Vanarāja et de son ministre Jamba qui se trouvaient dans une des cella du temple (cf. Burgess 1903 p.6).
Remarque
79Culte d’Ambā : cf. n.8 et VI § 3.
Traduction
[āryā] Après nous être prosterné devant Ariṭṭhanemi (22eT.),
nous proclamons le kalpa de l’Ariṭṭhanemi,
lié à la congrégation des Baṃbhāna78 :
il est la guirlande d’Aṇahilapura-paṭṭaṇa.
80§ 1 (51.3-16) Autrefois, dit-on, vivait dans la Ville de Kaṇṇaujja un très puissant négociant du nom de Jakkha79 (mah’iḍḍhi-saṃpunno negamo hutthā)80. Un beau jour, pour faire du commerce, il emporta avec un grand convoi de bœufs (bailla*) des marchandises à vendre et partit pour le Gujarat, (cette) terre rattachée à Kaṇṇaujja que Mahiṇigā, la fille du roi de Kaṇṇaujja, avait reçue en échange d’un corselet (kaṃculiā)81. En cours de route, il s’arrêta à Lakkhārāma sur la rive de la Sarassaī. — C’était, dit-on, l’emplacement de la ville Aṇahillavāḍayapattana autrefois. — A cet endroit, le négociant fit faire halte au convoi et, tandis qu’il se trouvait là, la saison des pluies arriva. Il se mit à pleuvoir. Un beau jour, pendant le mois de Bhādra (août-septembre), il arriva que tout le convoi de bœufs s’en alla — où, personne ne le savait. Le (négociant) fit fouiller partout, mais on ne les trouva pas. Tandis qu’il était, pour ainsi dire, complètement malade de chagrin, du fait de la perte de tout son avoir, la Vénérable Aṃbā82 survint, une nuit, dans un rêve. Elle lui dit : "Mon petit (vaccha*) ! Veilles-tu ou dors-tu ?" Jakkha se récria : "Maman ! D’où me viendrait le sommeil83, alors que mon convoi de bœufs a disparu, lui qui était tout mon avoir !" La déesse reprit : "Mon cher (enfant), à Lakkhārāma, sous un tronc d’ambalikā (aṃbaliyā-thuḍassa* hiṭṭhe+)84, il y a trois statues. Tu dois les prendre, quand tu auras fait creuser à trois puruṣa°. Une des statues est celle du Seigneur Ariṭṭhanemi, une autre, celle de Pāsanāha, une autre (enfin), celle de la déesse Aṃbiyā85 ". Jakkha répliqua : "Mais, Vénérable ! comment puis-je bien reconnaître l’endroit parmi la foison des souches d’ambalikā (aṃbaliyā-thuḍāṇaṃ* bāhulle) !" La déesse lui dit : "Là où tu verras un cercle de sanguine recouvert de fleurs (dhāu*-maṃḍalaṃ puppha-yaraṃ), tu sauras que là se trouvent les trois statues. Quand les trois statues seront visibles et auront été honorées, tes bœufs reviendront d’eux-mêmes." A l’aube, il se leva, présenta l’offrande et procéda exactement ainsi : (alors voilà qu’) apparurent les trois statues. On leur rendit hommage selon la règle. En l’espace d’un instant, sans même qu’on ait eu le temps d’y songer, les bœufs étaient revenus. Le négociant exulta de joie. Ensuite, à cet endroit, on fit ériger un temple. On y fit installer les statues.
81§ 2 (51.17-21) Une autre fois, à la fin de la saison des pluies, le Maître Jasobhadda, parure de la congrégation Baṃbhāṇa86, partit d’un village exempt d’affermage (aggahāra*) que paraient mille huit cents magasins d’étoffe (aṭṭha-rasa-saya-paṭṭa-sāliya*-ghara) et, tandis qu’il pérégrinait pour (atteindre) Khaṃbhāitta87, il parvint à cet endroit. Les gens l’interpellèrent : "Vénérable ! Il n’est pas permis de passer outre le lieu saint ! Alors, le Maître rendit hommage aux trois statues. Lors de la pleine lune du mois de Mārgaśīrṣa (novembre-décembre), on hissa la bannière au cours d’une grande fête. — Aujourd’hui encore, chaque année, on hisse la bannière le même jour exactement —. Et cette grande fête où l’on hisse la bannière eut lieu en l’an 502 V.S ( ?445)88.
82§ 3 (51.22-28) En l'an 802 de l’ère Vikrama (705), à Lakkhārāma, dont le berger Aṇahilla avait distingué l’emplacement, le roi Vanarāya*, joyau de la dynastie des Cāukkaḍa* fit fonder Paṭṭaṇa89.
83A cet endroit naquirent les sept rois de la dynastie des Cāukkaḍa*90 : Vaṇarṇya* (746), Jogarāya (806), Khemarāya (841), Bhūada (866), Vayarasīha (895), Rayaṇāicca (920), Sāmaṃtasīha (935).
84Et dans cette ville naquirent onze rois de la dynastie des Cālukka* : Mūlarāya (ca. 961), Cāmuṃḍarāya (ca. 996), Vallabharāya (ca. 1009), Dullaharāya (ca. 1009), Bhīmadeva* (ca. 1022), Kaṇṇa (ca. 1063), Jayasimhadeva* (ca. 1093), Kumārapāladeva* (ca. 1093), Ajayadeva (ca. 1172), Bālamūlarāya (ca. 1176), Bhīmadeva* (II, ca. 1178).
85Puis naquirent les rois de la dynastie des Vāhela* : Lūṇappasāya (ca. 1231), Vīradhavala (ca. 1231), Vīsaladeva (ca. 1242), Ajjuṇa deva (ca. 1262), Sāramgadeva* (ca. 1274), Kannadeva* (ca. 1296).
86C’est alors que commença le règne des sultans Allāvadīṇa* (1299), etc., sur la contrée du Gujarat.
87Le Seigneur Ariṭṭhanemi, auteur de miracles (sur l’intervention de) Kohaṃḍī (Ambikā, kohaṃḍī-kaya-pāḍihera°°)91, est honoré, aujourd’hui encore, de la même manière exactement.
[sk., anuṣṭubh] Le Maître Jinaprabha
a écrit — que ce soit pour votre bonheur ! —
ce kalpa d’Ariṣṭanemi,
après l’avoir entendu des Anciens
(mukhāt purā-vidāṃ śrutvā).
27 : Kalpa du Pārśva de Śaṅkhapura
Site
88Saṃkhaura (Śaṅkhapura), alias Saṃkhesara (Śaṅkheśvara), mentionné Ed 52.4 : auj. Śankheśvar, village encore sacré pour les jaina, à onze km environ au sud-ouest de Munjapur, dans le Gujarat (ÍGI XXII p. 59 ; Jayantavijaya 1942, Śaṅkheśvara Mahātīrtha. Ujjain).
89Au début de ce siècle, il subsistait le parvis d’un temple de Pārśvāntha entouré de cellas de briques. Les ruines datent, au plus tôt, de la fin du 16e s. : Burgess 1903 p. 94-5, Burgess 1971 (11874-5) p. 217.
Structure du texte
90Absence de vers introducteur.
91Obtention d’une statue et fondation d’un lieu saint : cf. V § 2. Substitution, même par les turukka, du culte du T. à celui du dieu local : cf. V § 4.
92Deuxième vers final en sk.
Bibliographie et parallèles
93— Traduction anglaise : Cort 1990 p. 266-267.
94PaPrS 324.28-30-325.1-6 : seront mentionnés dans les notes seuls les détails utiles à la comparaison.
95L’ensemble de l’épisode des guerres entre Jarāsaṃdha et Kaṇha figure p. ex. dans Triṣ VIII.7.v. 134-457 : Johnson V p. 220-240.
Traduction
96(52.2-16) Autrefois, dit-on, Jarāsaṃdha92, le neuvième Prativāsudeva, quitta la ville de Rājagiha et, avec son imposante armée au complet, marcha vers l’Ouest pour combattre Kaṇha, le neuvième Vāsudeva. Kaṇha, lui, partit de Bāravaī avec toute son armée à sa rencontre et arriva à la frontière du royaume de (Jarasaṃdha). Là, le Vénérable Ariṭṭhanemi souffla la conque Paṃcajaṇṇa93. A cet endroit fut fondée la ville du nom de Saṃkhesara94. Alors, Jarāsaṃdha, désorienté par le retentissement de la conque, se concilia Jarā, sa divinité tutélaire, et (ainsi) créa par magie la Vieillesse (viuvviyā* jarā) dans l’armée de Viṇhu95. Bouleversé à la vue de son armée torturée par la toux et l’asthme (khāsa*-sāsa*), Kesava (Kr̥ṣṇa)96 demanda au Vénérable Seigneur Ariṭṭhanemi : "Vénérable ! Comment mon armée sera-t-elle hors d’atteinte et comment la gloire de la victoire sera-t-elle en mes mains97 ?" Après avoir eu recours à l’avadhi°, le Vénérable lui déclara : "Au Pāyāla, il y a une statue du futur Jina Pāsa qui est honorée (pūjjamāṇā)98 par les serpents99. Si tu l’honores, toi, à la place de ta divinité, tu seras hors d’atteinte et tu auras la gloire de la victoire100." En entendant cela, Viṇhu, — pendant sept mois et trois jours (disent les uns), pendant trois jours seulement, selon d’autres101 — chercha à se concilier grâce à la règle du jeûne le Souverain des serpents. Puis Vāsugi, le roi des Nāga, se manifesta. Alors, après (lui avoir témoigné) dévotion et respect, Hari sollicita la statue. Le roi des Nāga la lui confia. Alors, au cours d’une grande fête, Kaṇha l’emporta et la fit installer à la place de sa divinité. Il se mit à lui rendre hommage trois fois par jour selon l’usage102. Alors, une fois que toute son armée fut aspergée de l’eau où l’on avait baigné (la statue), et qu’eurent disparu Vieillesse, Maladie, Chagrin et autres obstacles, l’armée de Viṇhu fut rétablie103. Ensuite, Jarāsiṃdhū subit une défaite écrasante104. Les Asura Lohāsura, Gayāsura, Bāṇāsura, etc., furent vaincus105.
97Dès lors, avec l’assistance de Dharaṇiṃda et Paumāvaī, la statue devint l’éliminatrice de tous les obstacles (sayala-vigghāvahāriṇī°°) et la source de tous les bonheurs (sayala-r̥ddhi-jaṇaṇī°°)106. Elle fut installée à cet endroit-même à Saṃkhapura107. Avec le temps, elle fut cachée. Ensuite, elle fut visible dans le puits Saṃkhakūva108. Jusqu’à nos jours toute la communauté lui rend hommage dans le temple et elle exauce les souhaits les plus divers (ceīhare sayala-saṃgheṇa pūijjai pūrei ya aṇega-vihe paccae)109. Même les rois turukka** célèbrent là sa grandeur110.
1 [āryā] Le Souverain jina Pāsa dont la statue se tient
à Saṃkhapura est un adorable lieu saint.
J’ai écrit son kalpa
en suivant les chants sacrés.
2 [sk., indravajrā] Puisse cet arbre auspicieux des désirs,
le tout-puissant dieu Pārśvanātha de Śaṃkbeśvara111,
apporter toujours le bonheur
dans le corps et la demeure des Perfectibles.
29 : Kalpa du Pārśvanātha de la ville de Harikaṃkhī
Site
98Au Gujarat, non identifié.
Structure du texte
99Mésaventures de la statue de Pārśva : cf. I § 1.4.
100Miracle édifiant les fidèles d’une corporation (goṣṭhī) et naissance d’un lieu de pèlerinage : cf. V § 2.
Remarque
101Incursion du Sallāra Atanubukka* sous le règne du Caulukya Bhīmadeva*, peut-être en 1197 : cf. annexe 2 s.v.
Traduction
[āryā] Après m’être prosterné devant le Souverain jaina, Pāsa,
qui réside dans le temple de la ville de Harikaṃkhī,
je vais dire, au sujet de ce Jina, un petit kalpa
qui réduit en cendres l’orgueil de l’ère kali
(kappam appaṃ niddalia-kali-dappaṃ°°)112.
102(55.3-18) Au Gujarat, il existe un joli village du nom de Harikaṃkhī. Là, dans le temple jaina au śikhara élevé°°, les Perfectibles rendent hommage à la miraculeuse (sannihia-pāḍiherā°°) statue de Pāsanāha avec diverses marques d’hommage, trois fois par jour.113
103Un beau jour, au cours du règne de Bhīmadeva*, flambeau de la dynastie des Cālukka*, le sallāra**114 Atanubukka*, venu du pays des turukka (turukka-maṃḍala)115 avec troupes et véhicules, saccagea le fort d’Aṇahilavāḍaya-paṭṭaṇa et voilà qu’il aperçut, sur le chemin du retour, ce temple dans le village de Harikaṃkhī. Il y pénétra et brisa la statue de Pāsanāha (bhaggā°° Pāsanāha-paḍimā)116. Alors, le sallāra** ayant mis à sac (upaddavittā°°) le village s’en retourna chez lui.
104Le village fut à nouveau habité. S’y rassemblèrent des fidèles, membres d’une corporation (guṭṭhiyā*). Ayant constaté que le Vénérable avait les membres brisés (bhagavaṃtaṃ bhagg’aṃgaṃ), ils commencèrent à s’entretenir à ce sujet : "Hélas ! Comment les gredins (cilāa*) ont-ils bien pu briser le Vénérable, en dépit de sa grande majesté ? Et comment une telle partie a-t-elle bien pu se détacher du Vénérable (tārisī kalā gaya tti) ? Alors, tandis qu’ils étaient endormis, les divinités préposées (ahiṭṭhāyaga°°)117, leur donnèrent, dans un rêve, les instructions suivantes : "Rassemblez tous les morceaux de cette statue et mettez-les dans la cella, bloquez la porte par un battant (duvāraṃ kavāḍa*-ruddhaṃ), mettez une barre (tālaya*) et attendez six mois durant. A ce moment-là, quand vous ouvrirez la porte, vous devez voir une statue dont tous les membres seront intacts." Les membres de la corporation exultèrent et procédèrent exactement ainsi. Cinq mois s’écoulèrent.
105Au début du sixième mois, étourdiment (ūsugī*), les membres de la corporation ouvrirent la porte. Que virent-ils alors... (la statue) du Vénérable avec presque tous ses membres. Mais elle avait de place en place des taches noires. Alors, inconsidérément, ils firent appel à un charpentier. Il se mit à racler les taches avec un burin (teṇa ṭaṃkiāe* masā chiṃdium āraddhā), quand soudain, du sang se mit à couler des taches118. Les membres de la corporation en furent épouvantés : ils essayèrent d’apaiser la divinité en lui rendant hommage, en lui offrant des aliments, etc. Alors, la nuit, dans un rêve, les (divinités) préposées leur enjoignirent (sumine āiṭṭham ahiṭṭhāyagehiṃ°° jahā) : "Vous n’avez pas agi convenablement : vous avez ouvert la porte, alors que les six mois n’étaient pas écoulés. Et qui plus est, vous avez employé un burin (puṇo vi ṭaṃkiā* vāhāviā)119. Maintenant, fermez-moi cette porte (ḍhakkeha* maha duvāraṃ) jusqu’à ce que le dernier mois vienne à terme." Une fois qu’ils eurent procédé exactement de cette façon, au bout des six mois, quand ils ouvrirent la porte, ils virent la statue du Seigneur Pāsa avec des membres sans égratignures et d’un seul tenant. Seulement elle était un peu faible aux ongles (en forme de) coquilles et au pouce (kevalaṃ naha-suttīsu aṃguṭṭhe ya maṇāgaṃ tucchā). Les membres de la corporation étaient très heureux. Ils se mirent à lui rendre hommage comme auparavant.
106Des communautés s’en viennent des quatre coins du monde (āgacchaṃti cāud-disāo°° saṃghā)120. Elles célèbrent la grande fête du pèlerinage (kariṃti jattā-mah’ūsavaṃ).
107Voilà (l’histoire de) Pāsanāha, auteur de merveilles et trésor de magnanimité (camukkāra-kārī māhappa-nihī)121.
[āryā] Voilà le kalpa du Fils d’ Āsaseṇa (Pāsanāha)
qui se tient dans la ville de Harikaṃkhī :
le Maître Jiṇapaha
l’a décrit de manière condensée.
31 : Kalpa du Pārśvanātha de Śuddhadantī
Site
108Au Gujarat, non identifié.
Structure du texte
109Absence de vers introducteur.
110Passé mythique de la statue de Pārśva et découverte de celle-ci : cf. V § 2.
111Substitution du culte du T. à celui du dieu local, déprédation par les turukka et réparation miraculeuse : cf. V § 4 et § 6.
Traduction
112(57.2-13) Autrefois, dit-on, dans la ville d’Avajjhā, Pauma (Rāma)122, fils de Dasaraha et huitième Baladeva, qui était extrêmement bon croyant, honorait (pūitthā) fréquemment et longtemps, à la place de sa propre divinité, la statue en pierres précieuses du futur souverain jaina, Pāsanāhā, qui exauce les désirs et fait disparaître les nombreux obstacles (diṭṭha-paccayaṃ°° aṇega-vigghâvahāriṇiṃ°° paḍimaṃ)123.
113Puis, le temps passant, comme ils savaient, selon la tradition "il y a foule de lotus, (mais) pas de (vrai) lotus" (paumâgarā apaumā)124, que la conduite dharmique allait se relâcher à l’ère duḥṣamā, les dieux préposés à la statue (ahiṭṭhāyaga-devaya°°) emportèrent la (statue) par la voie des airs, à l’est, dans la ville de Suddhadaṃtī au Sattasayadesa125 et la déposèrent dans un temple souterrain. Connaissant l’instabilité des temps, ils dissimulèrent le fait qu’elle était en pierres précieuses et la couvrirent de pierres126.
114Il s’écoula fort longtemps. Dans la congrégation des Sodhativāla127, il y avait (ahesiṃ) un Maître du nom de Vimalasūri. Une nuit, une instruction lui fut donnée en rêve : "Il y a, ici même, dans un temple souterrain, la statue de Pāsa. Déterre-là et fais-lui rendre hommage. " Il en instruisit alors la communauté des laïcs. Elle achemina la statue hors du temple souterrain. On fit construire un temple. On y fit installer la (statue). On se mit à lui rendre hommage trois fois par jour.
115Tandis que la ville avait été désertée au cours du temps, un jour, à cause de la négligence des dieux préposés à la statue (ahiṭṭhāyagāṇaṃ°° pamattattaṇena)128, les turukka**, arrivés là par hasard, aperçurent la statue du Vénérable Pāsanāha. Les ignobles individus lui firent sauter la tête (aṇajja-cariehiṃ matthayaṃ uttārittā), l’abattirent, puis s’en allèrent. Alors, un chevrier, qui s’était aventuré là en faisant paître ses chèvres, vit la tête du dieu°° tombée à terre129 ; il pleura longuement, puis la remit sur le corps du Seigneur. Elle adhéra sans attache de mortier (sala*-saṃdhi)130.
116Aujourd’hui encore, grâce à la puissance du dieu, elle se trouve exactement dans la même position et elle est comblée d’hommages.
[āryā] Voilà le kalpa du dieu°° Pāsanāha
qui se tient dans la ville de Suddhadaṃti :
le Maître Jiṇapaha
l’a présenté selon la Tradition.
40 : Kalpa du Pārśvanātha de Kokāvasahī
Site
117Temple d’Aṇahilapura, actuelle Pātan : cf. k.26.
Structure du texte
118§ 1 Légende de fondation du temple Kokāvasahī : cf. V § 2.
119§ 2 Origine miraculeuse de la statue de Pārśva.
120§ 3 Vertus extraordinaires du KokāPārśva : cf. V § 3 et 4.
Bibliographie
121Traduction anglaise : Cort 1990 p. 267-269.
Remarques
122§ 1 Conflits religieux entre jaina et śivaïtes : cf. k.47.
123§ 2 Guerre avec le Mālva : cf. Bhīmadeva* (annexe 2 s.v.). Inscription : cf. n.14.
Traduction
[āryā] Après nous être prosterné
devant Pāsanāha (23e T.),
que servent Paumāvai et le Roi des Nāga (Dharaṇendra)131,
nous disons, comme nous pouvons, ce qu’on doit dire
du KokāvasahīPāsa132.
124§ 1 (77.11-25) Le Maître Abhayadeva133, originaire du kula des Paṇhavāhaṇa et rehaussé de la parure formée par la congrégation des Harisaurīya134, quitta un jour Harisaura135 et, tandis qu’il pérégrinait de village en village, il arriva dans la ville d’Aṇahillavāḍaya-paṭṭaṇa. Il se tint avec son entourage quelque part à l’extérieur (de la ville).
125Un beau jour, le roi Jayasiṃhadeva* s’en vint dans un parc royal, monté à dos d’éléphant, et il aperçut le (Maître), les vêtements et le corps souillés de taches. Le roi descendit du dos de l’éléphant, lui rendit hommage, lui dit qu’il faisait là chose difficile et lui donna le nom de Maladhāri136. (Ensuite), après lui en avoir fait (lui-même) la requête, le roi le conduisit à l’intérieur de la ville. Il lui donna un abri près du Ghayavasahī137. Le Maître se tint à cet endroit.
126C’est dans sa lignée que naquit, plus tard, le Maître Hemacaṃda138, d’une gloire notoire parce qu’il a composé de nombreux ouvrages. Ce (Maître) se rendait, chaque jour, durant les quatre mois de la saison des pluies, au Ghayavasahī et tenait là un prêche. Mais un beau jour, pour l’offrande aux Mânes d’un quelconque groupe d’infidèles de Ghayavasahī (guṭṭhiyassa* piukajje)139, on entreprit de procéder à des offrandes et à d’autres déploiements dans le temple Ghayavasahī. A ce moment-là, le Maître Hemacaṃda arriva pour tenir son prêche. Les Infidèles l’en empêchèrent : "Aujourd’hui, il n’y a pas de prêche à tenir ici. Avec les offrandes et les autres apprêts, il n’y a pas de place ici." Le Maître reprit alors : "Nous ne prêcherons que brièvement aujourd’hui : il ne doit pas y avoir d’interruption de prêche pendant la saison des pluies." Mais les Infidèles ne firent aucune concession. L’esprit brouillé par l’irritation, le Maître s’en retourna à son abri. Alors, sachant que le Maître était affecté, les fidèles laïcs, Mokhadeva et Nāyaga, orfèvres de leur état (sovannia*), cherchèrent à acquérir un terrain pour faire bâtir un temple près de Ghayavasahī dans la pensée qu’une telle humiliation ne devait pas se reproduire une autre fois dans un autre temple. Mais ils n’en trouvèrent nulle part. Alors on demanda son terrain au marchand du nom de Kokaya140. Mais les infidèles de Ghayavasahī voulurent l’en dissuader en proposant de l’acheter au triple de sa valeur (tiuṇa-damma *-dāṇa-paicchaṇa). Alors le Maître et sa communauté se rendirent dans la maison de Kokaya. Après les avoir reçus avec hospitalité, le (marchand) leur dit : "Je vous dorme le terrain au prix convenable (dinnā mae jahôcia-mulleṇa), mais (à cette condition) : "Le temple doit être érigé à mon nom." Le Maître et les fidèles acquiescèrent. Et là, près du Ghayavasahī, on fit ériger un temple du nom de Kokāvasahī. On fit installer là Pāsanāha. On lui rendait hommage trois fois par jour (pūijjai tikālaṃ141.)
127§ 2 (77.26-78.5) Or au cours du temps, pendant le règne de Bhīmadeva*, le roi du Mālava saccagea Paṭṭaṇa et brisa jusqu’à la statue de Pāsanāha142. Alors, les marchands Rāmadeva et Āsadhara, descendants de l’orfèvre Nāyaga, entreprirent de la restaurer. Trois plaques de marbre (phalahī*-tigaṃ) furent apportées (du village) d’Ārāsaṇa, mais elles n’étaient pas sans défauts. C’est pourquoi, malgré la réalisation de trois images, le Maître et les fidèles ne furent pas entièrement satisfaits. Alors, Rāmadeva fit le serment suivant : "Tant que je n’ai pas fait sculpter une image du Seigneur (qui soit parfaite), je ne mange pas." Le Maître aussi jeûna. Alors, au bout d’un jeûne jusqu’au huitième repas, Rāmadeva reçut l’ordre divin : "Là où tu verras un diagramme avec des fleurs et des grains de riz non décortiqués (gohaliā* sa-pupph’akkhayā*)143 au-dessous (tassa hiṭṭhā+), à cet endroit précisément, il y a, dans l’enclos d’un sanctuaire, une plaque de marbre qui se trouve à tant de hasta°." Rāmadeva creusa et trouva la plaque de marbre. Il fit sculpter une image de Pāsanāha qui était d’une beauté incomparable. En l’an 1266 V.S. (1209), le Maître Devāṇaṃda la consacra144. On la fit installer dans le temple. Et elle fut connue sous le nom de KokāPāsanāha. Rāmadeva eut deux fils, Tihuṇā et Jājā. Tihuṇāga eut un fils, Mallaa. Il eut, lui, deux fils, Delhaṇa et Jaitasīha. Et ces deux-là rendaient hommage chaque jour à Pāsaṇāha.
128§ 3 (78.6-10) Un beau jour, SaṃkhesaraPāsanāha145 accorda un rêve à Delhaṇa : "A l’aube, pendant une heure et demi146, je serai présent dans la statue du KokāPāsanāha. Donc, dès lors que vous rendez hommage à cette seule image, vous me rendez hommage à moi, je vous l’affirme." (Alors), tandis que les gens lui rendent hommage exactement de cette façon, le KokāPāsa exauce les souhaits (pūrei paccae) à la façon du SaṃkhesaraPāsa. A cet endroit-même, il réalise pour les gens les objets des offrandes, pèlerinages et engagements qui s’adressent au Pāsa de Saṃkhesara147.
129Voilà comment est devenu miraculeux (saṃnihia-pāḍihera°°) le Vénérable (Jina) lié à la congrégation des Maladhārin148, dont la statue mesure trente-trois parvan° (ca. 1,80m)149.
[āryā] Voilà le petit kalpa (kalpa-lesa)
du KokāvasahiPāsanāha,
qui est l’ornement de la ville d’Aṇahila-paṭṭaṇa :
qu’il efface les souffrances des gens (dhua-kilesa°°) !
58 : Kalpa de l’Antarikṣa-Pārśvanātha de Śrīpura
Site
130Siripura (Śrīpura) : Atlas 34a F 5 ; auj. Sirpur, "ancien village dans le Madhya Pradesh (district de Raipur) : Jaina Gazette 1929 p. 190-199 (référence communiquée par Melle Nalini Balbir). D’après Sharma 1972 p. 171, cet ancien village, sur la rive droite de la Mahānadī, était, autrefois, la capitale du Mahākosala (EI XI p. 184-201).
Structure du texte
131§ 1 Histoire de la statue de Pārśva.
132§ 2 Croyances populaires contemporaines de Jinaprabha.
Parallèle
133Version abrégée : PaPrS 36.7-22.
Remarques
134Détail iconographique de la statue de Ksetrapāla : cf. V § 7.
135Trajet de la statue de Laṅka à Viṃgaulla et du roi de Viṃgaulla à Siripura.
Traduction
[āryā] Après m’être prosterné devant le Pāsa,
à la puissance manifeste (payaḍa-pahāva-nivāsa),
qui orne Siripura,
je proclame le kalpa miniature (kappa-lava)150
de la statue de ce (Jina) suspendu
entre ciel et terre (aṃtarikkha)151.
136§ 1 (102.17-103.5) Autrefois dans la ville de Laṃkā, l’ardhacakrin Dasaggīva (Rāvaṇa) envoya quelque part, pour une raison quelconque, ses serviteurs (olaga*) nommés Māli et Sumāli152. Tandis qu’ils se déplaçaient dans le ciel, sur leur char divin, l’heure du repas arriva. Un brahmane du nom de Phulla (phulla-baḍua)153 se dit : "Justement aujourd’hui, dans mon étourderie (ūsagatteṇa*), j’ai oublié chez moi la petite boîte avec la statue du Jina. Et ces deux hommes pleins de mérite ne mangent nulle part, s’ils n’ont pas rendu hommage à leur dieu. Donc, s’ils ne voient pas la petite boîte où leur divinité est à sa place, ils seront en colère contre moi. Grâce au pouvoir d’une science magique, il fabriqua avec du sable pur une toute nouvelle statue du futur Jina Pāsanāha. Māli et Sumāli lui rendirent hommage et prirent leur repas. Puis, une fois qu’ils furent partis dans le ciel, le brahmane jeta la statue au (beau) milieu d’un étang du voisinage. Grâce au pouvoir d’une divinité, elle demeura dans l’étang, tout à fait intacte154. Au cours du temps, l’eau de l’étang baissa. Il eut l’aspect d’un fossé plein d’eau (jala-bhariaṃ khaḍugaṃ*).
137A quelque temps de là, dans la contrée de Viṃgaullī, et là, dans la ville de Viṃgaulla155, vécut le roi Siripāla. Il avait tous les membres rongés d’une sévère maladie de peau (gāḍha-koḍha*). Un beau jour, il alla à l’extérieur de la ville pour chasser (pārahi-heuṃ)156. Comme la soif l’avait pris, il marcha un certain temps et atteignit ce fossé d’eau. Là, il but de l’eau et se lava le visage et les mains. Voici qu’alors ses membres furent guéris de leur maladie et eurent l’éblouissant éclat du lotus d’or (kaṇaya-kamal’ujjala-chāyā)157. Alors, en voyant cette merveille au retour du roi, la reine demanda (pucchitthā) : "Seigneur ! Où avez-vous donc fait vos ablutions aujourd’hui !" Quand le roi lui eut dit ce qu’il en était, la reine se dit : "Ah ! C’est prodigieux !" Le lendemain, elle conduisit le roi à cet endroit. Elle lui lava tout le corps. Le roi eut le corps renouvelé. Alors, après avoir procédé à des offrandes, etc., la reine dit : "Que se manifeste la divinité particulière qui se trouve ici, quelle qu’elle soit." Comme la reine était rentrée chez elle, la déesse lui dit en rêve158 : "Il se trouve ici la statue du futur Tīrthaṅkara Pāsanāha. Grâce à son pouvoir, le roi a recouvré la santé. Le roi doit mettre la statue sur un chariot, l’atteler à des veaux âgés de sept jours avec une corde qui soit faite, en tout et pour tout, de sept fils de chanvre brut (satta-diṇa-jāe taṇṇae juttittā āma*-sutta-taṃtu-mittarassīe)159, devenir lui-même le cocher et la déplacer vers sa demeure. Ensuite, à l'endroit même où le roi regardera en arrière (pacchāhuttaṃ+), la statue simmobilisera160."’Alors, le roi scruta l’eau du fossé et trouva la statue. Il procéda exactement selon (les indications du rêve) et fit déplacer la statue. En chemin, le roi se demanda si la statue venait ou non161 et il jeta le regard du lion162. La statue s’immobilisa à cet endroit, entre ciel et terre (aṃtarikkha). Le chariot continua d’avancer (sagaḍo aggao huttaṃ+ nīsario). Comme il était inquiet de ne pas voir la statue, le roi fonda à cet endroit même la ville, marquée à son nom, de Siripura et, il y fit ériger un temple. Là, au cours de nombreuses grandes fêtes, il fit installer la statue. Le roi lui fit rendre hommage trois fois par jour (püei taṃ puhavi-paī tik-kālaṃ)163.
138§ 2 (103.5-13) Aujourd’hui encore, la statue se tient exactement dans la même position entre ciel et terre. Autrefois, dit-on, les femmes passaient sous le trône en-dessous de l’image, en portant sur leur tête des pots avec leur chargement ( ?sa-vāhaḍiyaṃ*)164. Avec le temps, soit à cause d’une subite élévation de terrain ( ?bhūmi-vegara-caḍaṇā)165, soit parce que (la divinité) s’était rendue compte que l’ère était corrompue par les mleccha et autres calamités (micch’āi-dūsia kālâṇubhāva°°)166, l’image apparut de plus en plus bas, de sorte qu’aujourd’hui, il ne peut plus passer sous l’image qu’un vêtement (aho aho dīsaṃtī jāva saṃpai uttarīmittaṃ paḍirmāe hiṭṭhā+ saṃcarai). On voit la flamme d’une lampe dans l’espace entre le trône et le sol.
139— Quand la statue fut placée sur le chariot, elle fut alors assistée d’Aṃbādevī et de Khittavāla. Dans son étourderie (ūsagatta*), elle prit un seul de ses deux fils, Siddha et Buddha. L’autre resta en arrière. Alors, elle enjoignit à Khittavāla d’amener cet enfant-là. Mais celui-là, s’en allant en toute hâte, ne l’emmena pas. Alors, la déesse le frappa à la tête de son marteau ( ?ṭuṃbaeṇa*)167 —. Aujourd’hui encore, on en voit (la marque) à la même place sur la tête de Khittavāla168.
140Voilà. Cette statue miraculeuse (kaya-pāḍiherā°°) que servent Aṃbāevī et Khittavāla169, d’une part, Dharaṇiṃda et Paumavaī, d’autre part, reçoit les hommages des Perfectibles. Les pèlerins célèbrent des fêtes de pèlerinage. Même si on l’asperge avec l’eau du bain de la (statue), un lampion ne s’éteint pas170. Une fois qu’on a les membres aspergés de l’eau de son bain, les maladies, dadda*, toux, maladies cutanées, etc. disparaissent (ṇhavaṇôdageṇa ahisitta-gattāṇaṃ dadda*-khasa*-kuṭṭh’āi*-rogā uvasamaṃti)171.
[āryā] Le Maître Jiṇapaha
a écrit, à peu près selon la Tradition,
le kalpa du Pāsanāha qui se tient entre ciel et terre,
pour rendre service aux autres comme à lui-même.
60 : Kalpa du Pārśvanātha de Phalavardhi
Site
141Phalavaddhia (Phalavardhika) : Atlas 34a D 4 ; auj. Phalodhi dans le Rajasthan, à deux km de Mertā : cf. IGI XX 128-129 ; jain 1972 p. 424-427.
Structure du texte
142§ 1 Histoire de la statue de Pārśva : cf. V § 2.
143§ 2 Vertus extraordinaires du tīrtha : cf. V § 3 et § 4.
Parallèles
144PPS 31.9-15 et PaPrS 35.24-35.4, plus brefs que VTK. Dans ces textes, un Maître est le héros de la légende, au lieu des marchands Dhaṃdhala et Sivaṃkara de VTK.
Remarques
145Le nom de Phalavardhika n’apparaît pas dans la littérature ancienne. Ce village n’est pas non plus le théâtre de légendes dans les différents prabandha (PCi, PK, PCa). Son importance paraît avoir été religieuse essentiellement : PPS 31.9-15 et PaPrS 35.24-36.4 consacrent un prabandha au lieu saint de Phalavardhikā. Les occurrences nombreuses de ce tīrtha dans KhG suggèrent même que Phalavardhikā et son Pārśva étaient liés à la congrégation Kharatara : KhG 64.21-22, 65.22, 66.2 fait mention de pèlerinages à Phalavardhikā. KhG 25.3 évoque une joute entre deux Maîtres et KhG 34.4 rapporte l’ordination de plusieurs moines en 1241 V.S. (1184).
146§ 1 Statue de Pārśva avec ses sept capuchons : cf. V § 7.
147Date de l’inauguration de la statue : 1181 V.S., cf. n.20.
148Barbarie du sultan Sahavadīna* et triomphe du jinisme : cf. V § 6 et annexe 2 s.v..
149§ 2 Itinéraire de pèlerinage : cf. annexe 3 no 7.
Traduction
[āryā] Après m’être prosterné devant le Jina Pāsa,
qui demeure dans le temple de Phalavaddhia,
je dis, selon la Tradition,
son kalpa qui brise l’orgueil de l’ère kali (dalia-kali-dappa°°)172.
150§ 1 (105.18-106.14) Il existe, dans la contrée de Savālakkha173, à proximité de la ville de Meḍattaya174, le village du nom de Phalavaddhī, charmant°°175 avec ses divers sanctuaires, tels le temple de Vira, etc. A cet endroit, se trouve le temple au śikhara élevé°°176 de la déesse Phalavaddhi177.
151Bien que regorgeant de richesses (riddhi-samiddho°° vi)178, le (village) devint quasiment abandonné au cours du temps. En dépit de la situation et de leur renommée, des marchands arrivèrent là et s'y installèrent Parmi eux était le très croyant Dhaṃdhala, perle de la lignée des Sirimāla179, à la tête d’une communauté d’honnêtes gens. Et il en existait un second avec de semblables qualités : Sivaṃkara, (véritable) lune pour le ciel qu’est la communauté des Uvaesavāla180. Tous deux avaient beaucoup de vaches. Une des vaches de Dhaṃdhala, bien que traite chaque jour, ne donnait pas de lait. Dhaṃdhala interrogea alors le berger : "Trais-tu, toi-même, cette vache au-dehors, ou un autre le fait-il, pour qu’elle ne donne pas de lait ?" Le berger jura de sa loyauté et fut innocenté (govāleṇa savahāiṃ kāuṇa appā niravarāhī kao)181. Alors, le berger, qui examinait (tout) scrupuleusement, vit un jour la vache laisser couler du lait sur un haut raḍa* ( ?)182 près d’un jujubier (bori-taru)183.
152La voyant (faire) ainsi chaque jour, il la montra à Dhaṃdhala. Ce dernier se dit : "Pour sûr, il y aura ici un Yakṣa ou quelque autre sorte de divinité à cet emplacement." Alors, de retour chez lui, la nuit, tandis qu’il dormait tranquillement, il eut ce rêve : "Un homme lui disait : ‘Ici, dans le rada*, un Vénérable Pāsanāha se trouve à l’intérieur de la cella d’un temple. Mets-le au jour et fais-lui rendre hommage184." Alors Dhaṃdhala, réveillé à l’aube, communiqua à Sivaṃkara la teneur du rêve. Alors, après avoir procédé à des offrandes, tous deux, dévorés de curiosité, firent creuser l’emplacement du raḍaya* avec des truelles (uḍḍa*). On dégagea, avec la cella du temple, le Vénérable Pāsanāha paré de ses sept capuchons de serpents (sattaphaṇi-phaṇā-maṃḍia)185. Chaque jour, tous deux lui rendaient hommage en grande pompe. Tandis qu’ils rendaient ainsi hommage au Guide de la terre (Pāsa), les dieux préposés (ahiṭṭhāyaga°°) leur donnèrent à nouveau des instructions en rêve186 : "Faites ériger un temple exactement à cet emplacement." Alors, les deux (marchands), très heureux, entreprirent de faire ériger un temple à leurs propres frais. On assigna les charpentiers à leur ouvrage. Mais, une fois le pavillon principal construit, ils durent cesser l’ouvrage faute de moyens parce qu’ils avaient dépensé l’argent sans compter. Les deux excellents fidèles tombèrent dans une profonde détresse. A quelque temps de là, une nuit, les divinités préposées°° dirent à nouveau en rêve : "Au point du jour, alors que les corbeaux ne croassent pas encore (alavaṃtesu kāesu), devant le dieu°°187, vous verrez, chaque jour, un monceau de pièces (dammāṇaṃ* satthiam*)188. Ces pièces doivent être employées à l’œuvre du temple." Ayant vu qu’il en était bien ainsi, ils prirent les pièces et entreprirent de terminer l’ouvrage. Enfin, cinq pavillons furent achevés ainsi que de petits pavillons, au grand étonnement des habitants des trois mondes. Alors que le temple était bien avancé, les fils (des marchands) se dirent : "D’où peut provenir cet argent qui permet à l’ouvrage de progresser sans interruption ?" Donc, voici qu’un jour et dès la pointe de l’aurore, ils se mirent à observer en silence, dissimulés derrière des piliers (thaṃbhāia)189. Ce jour-là, les dieux ne fournirent pas la collection de pièces. Sachant que le royaume des mleccha était proche, les divinités préposées (ahiṭṭhāyaga), bien qu’invoquées avec ferveur, ne fournirent pas l’argent190. Et l’ouvrage du temple resta en l’état du moment. En l’an 1181 V.S. (1124)191, le Maître Dhammaghosa192, successeur du Maître Sīlabhadda, parure de la congrégation des Raya193, qui avait obtenu cette fonction après sa victoire sur le grand Maître digambara Guṇacaṃda194, célébra la cérémonie de la consécration sur le śikhara du temple de Pāsa sous les yeux de la quadruple communauté. Avec le temps, comme les dieux préposés°° s’abandonnaient entièrement à la négligence — à cause de la toute-puissance de l’ère kali, les Vyantara deviennent frivoles et inconstants —, le sultan Sāhāvadīṇa* brisa l’image principale195, (Mais), une fois redevenus attentifs, les dieux préposés°° montrèrent aux mleccha et à leur roi Barbare des prodiges, cécité, hémorragie, vomissement196. Alors, le sultan promulgua un firman (phuramāṇa**)197 : "Il est interdit à quiconque de saccager le temple de ce dieu°°." Dans la pensée, dit-on, que les dieux préposés°° ne souffriraient pas une autre image du Vénérable, la communauté ne fit pas installer d’autre image.
153§ 2 (106.14-22) De grands prodiges du Vénérable se manifestent, malgré son corps en morceaux. Chaque année, le dixième jour de la quinzaine claire du mois de Pauṣa (décembre-janvier), jour auspicieux de la naissance de (Pāsa), des communautés de fidèles arrivent des quatre coins du monde et célèbrent la ravissante fête de pèlerinage avec (toutes sortes de rites), bains, chants, danses, musique instrumentale, ornements floraux, élévation de la bannière d’Iṃda (ārovaṇa-iṃdadhaya), etc. En manifestant hommage, etc., à la communauté, ils propagent l’Enseignement (jaina), effacent les coquetteries de l’ère duḥṣamā, etc., et s’acquièrent une imposante masse de mérites198. Dans ce temple, les dieux préposés, Dharaṇiṃda, Paumāvaī, Khittavāla aplanissent la foule des obstacles°° que rencontre la communauté et ils exaucent les souhaits°° des personnes soumises (au Jina)199. Qui plus est, les Perfectibles qui demeurent ici la nuit peuvent, s’ils se concentrent, voir déambuler dans le temple, un homme (tenant) à la main une lampe (à lueur) fixe. Quand on a vu Pāsanāha sur l’emplacement de ce grand lieu saint, on fait un pèlerinage aux statues de Pāsanāha qui se trouvent sur les lieux suivants : Kalikuṃḍa* (15), Kukkuḍesara* (15), Siripavvaya*, Saṃkhesara* (27), Serīsaya* (13), Mahurā* (9), Vāṇārasī* (38), Ahicchattā* (7), Thaṃbhaṇaya* (59), Ajjāhara*, Pavaranayara*, Devapaṭṭaṇa*, Karaheḍaya*, Nāgaddaha*, Siripura* (58), Sāmiṇi*, Cārūpa*, Ḍhiṃpurī* (43), Ujjeṇī*, Suddhadaṃtī* (31), Harikaṃkhī* (29), Liṃboḍaya*, etc.200. Telle est l’invite aux membres de la communauté (saṃpadāya-purisāṇaṃ uvaeso).
1 [āryā] Voilà le petit kalpa (kappam avi appaṃ)
du Prince des Jina, Pāsa, de la ville de Phalavaddhi.
Qu’il soit une source de bons auspices
pour les Perfectibles qui l’écoutent !
2 [sk., āryā] Après avoir recueilli, comme il pouvait,
des personnes compétentes, un fragment de la tradition orale
(āpta-janasya mukhāt upādāya saṃpradāya-lavam),
le Maître Jinaprabha a composé le kalpa
du tout-puissant Pārśva de Phalavarddhi.
22 : Kalpa de la statue du Mahāvīra de Kanyānanīya
Site
154Kaṇṇāṇaya (Kanyānanīya) : actuel Kaṇṇānur, village identifié au site de Vikramapura (Atlas 38a E 8), dans le Tamil Nadu : cf. IGI XXII p. 3-5 ? En fait, les indications données par A. et Bh. Nahta dans l’introduction à la Vidhimārgaprapā de Jinaprabhasūri (éditée par Jinavijaya. Bombay, 1941, p. 8) que je viens d’obtenir laissent plutôt penser que Kaṇṇāṇaya est l’actuel Kanāṇā, près de Hansī*, dans la province du Vāgaḍa* au Rajasthan.
Structure du texte
155§ 1 Mésaventures de la statue (de Kaṇṇāṇaya à Kayaṃvāsatthala puis à Ḍhillī) : cf. I § 1.4.
156§ 2 Aventures du Maître Jinaprabha : cf. I § 1.5 ; V § 2 et § 5 et k.51.
Bibliographie et parallèles
157— Traduction anglaise : Ph. Granoff, Jinaprabhasūri and Jinadattasūri : Two Studies from the Śvetāmbara Jain Tradition in Speaking of Monks : Religious Biography in India and China. Oakville, 1992, p. 3-7 (cf. compte-rendu in BEI 11, 1993, paru en 1995).
158§ 1a Episode de la consécration de la statue de Mahāvīra : KhG 24.28. Bien qu’elle ne soit pas mentionnée de manière explicite dans KhG, la date y est la même que dans VTK (1233 V.S.) : l’épisode se situe entre deux événements, datés, l’un de 1232 V.S., l’autre de 1234 V.S.
159§ 2c Jinaprabha obtient de Muḥammad bīn Tughluq la statue captive de Mahāvīra : Vr̥P 96.15-28. Les circonstances de l’épisode diffèrent : le Maître voit la statue de Mahāvīra à terre et foulée aux pieds par les habitants. Il demande donc au Sultan de lui en faire don. Le Sultan est alors curieux de voir ce Mahāvīra. Il refuse d’abord de le donner, puis se reprend et promet de le remettre à Jinaprabha à la condition que Mahāvīra parle. Le miracle se produit. Le roi demande au Maître comment lui rendre hommage puis fait bâtir un temple en son honneur.
Remarques
160§ 1 Iconographie : cf. V § 7.
161Dates : 1176 consécration de la statue de Mahāvīra par le Maître Jiṇavai : cf. Parallèles ;
1621191 le Sultan Sāhavadīṇa* tue le roi Puhavirāya* de la dynastie des Cāhuyāna* : cf. annexe 2 s.v. ;
1631254 sévère famine ;
1641328 incursion du Sikandar d’Āsīnāyara : cf. n.9.
165§ 2 Le k.22 et le k.51, son supplément, sont les seules, mais importantes chroniques du VTK qui relatent des épisodes de la vie du Maître Jinaprabha et évoquent ses relations avec le Sultan Muḥammad bīn Tughluq qu’il sait gagner à la cause d’un jinisme sans division sectaire (cf. infra § 2d).
Traduction
[āryā] Après m’être prosterné devant le Jina aux qualités incommensurables,
le Mahāvīra inébranlable comme la montagne des dieux,
je vais dire, comme je pourrai, le kalpa de la statue de ce (Jina), qui se tient dans la ville de Kaṇṇāṇāya.
166§ 1a (45.3-7) Dans la ville de Kaṇṇāṇaya, parure de la contrée des Cola, en l’an 1233 V.S. (1176), un jeudi, dixième jour de la quinzaine claire du mois Āṣāḍha (juin-juillet), notre ancien Maître (amheccaya + puvv’āyaria), le Maître Jiṇavai201, consacra la statue de Mahāvīra qu’avait fait sculpter l'Honnête (sāhu*) Mānadeva, neveu du Maître Jiṇavai, habitant à Vikkamapura. (Cette statue), d’une taille de vingttrois parvan ° (ca. 1,25m), faite de pierre joīrasa* qui venait du mont Mammāṇa (Mammāṇa-sela-samuggaya-joīsarôvala-ghaḍiyā)202, tintait comme celui d’une cloche, dès qu’on l’effleurait de l’écaille de l’ongle (naha-sutti-laggaṇe vi) et, sur l’indication d’un rêve ou au contact d’un minerai particulier appelé anakavāla*203, elle était miraculeuse (sannihiya-pāḍiherā°°)204. Longtemps, la communauté des fidèles lui rendit hommage.
167§ 1b (45.7-10) Mais voici qu’en l’an 1248 V.S. (1191), le sultan Sāhavadīṇa* fit passer de vie à trépas le roi Puhaviràya*, flambeau de la lignée des Cāhuyāna. (Aussi), l’éminent marchand Rāmadeva205, dignitaire du royaume et très bon croyant, fit parvenir un écrit à la communauté : "Le règne des turukka** est arrivé. La statue de Mahāvīra doit être portée dans un endroit secret." Alors, les fidèles la firent placer dans un tas de sable à Kayaṃvāsatthala*, qui devait son nom au gouverneur Kayaṃvāsa, parure de la lignée des Dāhima206.
168§ 1c (45.10-18) Il en fut ainsi jusqu’en l’an 1311 V.S. (1254) où sévit une sévère famine : n’ayant pas de quoi subsister, le charpentier Jojaa quitta Kaṇṇāṇaya avec l’ensemble de ses gens et fit route vers une contrée prospère, dans l’espoir d’y trouver de quoi vivre. Se disant que la première étape de voyage devait être courte, il passa la nuit justement à Kayaṃvāsatthala. A minuit, une divinité lui accorda un rêve : "Il se trouve sous l’endroit (tassa hiṭṭhe+) où tu dors, à autant de hasta° que voici, une statue du Vénérable Mahāvīra. Tu ne dois pas aller ailleurs. Tu auras ici même de quoi subsister." Il s’éveilla (tout) fébrile et fit creuser l’endroit par ses fils et les autres (membres de sa maisonnée). Enfin ! On vit la statue ! Alors, très heureux, il se rendit à la ville et en informa la communauté des fidèles. Au cours d’une grande fête (mah’ūsava-purassaraṃ-+), les fidèles firent entrer (dans la ville), puis installer dans un temple, le Seigneur tout-puissant (Mahāvīra). On lui rendit hommage trois fois par jour207. — A plus d’une reprise, la statue fut préservée des incursions des turukka** —. Les fidèles assurèrent au charpentier le vivre et le couvert. Ils allèrent à la recherche de l’encadrement de la statue (paḍimāe parigara), mais en vain.
169— Il se trouve quelque part aux environs de (Kayaṃvāsatthala). Sur ce cadre sont probablement inscrits éloge, année (d’installation), etc. —.
170§ 1d (45.18-25) Un beau jour, on vit, après avoir baigné le Vénérable, de la sueur suinter sur son corps. On eut beau l’essuyer : la sueur n’en cessa pas pour autant208. Les fidèles avisés comprirent alors : "Il va y avoir une incursion, c’est sûr." Dès l’aube s’abattit le raid (dhāḍī*) des Jaṭṭhua-rāyautta. La ville fut entièrement dévastée. Voilà comment le Seigneur dont la puissance était manifeste (pāyaḍa-pabhāva) fut l’objet d’un hommage jusqu’en 1385 V.S. (1328). Cette année-là survint le sikandar (sikadāra**) de la ville d’Āsīnayara*209, un descendant de la dynastie d’Allavia au comportement cruel : les fidèles laïcs et les moines furent jetés au cachot et torturés (sāvayā sāhuṇo a baṃdīe kāuṃ viḍaṃbiyā*). L’image en pierre (sela) de Pāsanāha fut brisée°°. La statue de Mahāvīra, elle, tout à fait intacte, fut mise sur un chariot, puis emportée à Ḍhillīpura* et déposée dans le trésor du sultan, demeurant à Tugulakābāda* (New-Delhi)210. Elle resta durant quinze mois, dit-on, captive des turukka, parce qu’ils se disaient : "Quand le sultan sera là, nous ferons ce qu’il ordonnera." Enfin, avec le temps, le sultan Mahammada* quitta la ville de Devagiri* et arriva à Jogiṇipura* (Delhi).
171§ 2a (45.26-46.8) Un beau jour, alors qu’il pérégrinait en tournée d’errance dans les contrées étrangères, le Maître Jiṇappaha, successeur du Maître Jiṇasiṃha211, (lui-même) ornement de la congrégation Kharayara212, parvint dans un faubourg de Ḍhillī* (Delhi). Plus tard, alors qu’on avait fait l’éloge de l’assemblée des sages (paṃḍia-guṭṭhī*) à la cour du grand roi et que le roi des rois avait demandé qui donc était le sage le plus remarquable, l’astrologue Dhārādhara entreprit de louer les qualités de ce (Maître). Le grand roi l’envoya donc quérir, puis introduire avec bien des égards, au crépuscule du deuxième jour de la quinzaine claire du mois de Pausa (décembre-janvier). Le (Maître) salua (cérémonieusement) le grand roi (bhiṭṭio* tehiṃ mahārāyâhirāo). Le (sultan) le fit asseoir tout à côté, lui demanda de ses nouvelles, etc., et (en retour) entendit des paroles de bénédiction d’une composition toute nouvelle (āyaṇṇio ahiṇava-kavva-āsīvāo). Longtemps, jusqu’à minuit, dura leur entrevue en aparté (egaṃte guṭṭhī* kayā). Alors qu’il lui avait déjà fait passer la nuit à cet endroit213, dès l’aube, il l’y convoqua derechef. Enthousiaste, le grand roi entreprit de lui faire donner un millier de bœufs, une importante somme d’argent, un très beau parc, des centaines de vêtements, des centaines d’étoffes de laine, des substances odorantes : aloès, santal, camphre, etc. Alors, le Maître éclaira le grand roi, en lui disant que ces (possessions) n’étaient pas appropriées pour les moines et il repoussa le tout. Mais, devant l’insistance du roi, réfléchissant qu’il ne devait pas blesser le roi des rois, il accepta quelques (présents) : étoffes de laine, vêtements, aloès, etc. Ensuite, le (sultan) organisa une joute oratoire (vāya-goṭṭhī*) avec les sages venus de diverses autres régions et fit amener deux grands éléphants (mayagala*-hatthi-juala). Sur l’un, on fit monter le Maître (Jiṇappaha), sur l’autre, le Maître Jiṇadeva214. Les huit tambours du sultan étaient en train de retentir, les deux conques de jouer, les sons des bhuiṃga, des mardala (sortes de tambours), des kaṃsāla, des ḍholla, etc., de se faire entendre, les foules de bardes de réciter (bhaṭṭa*-ghaṭṭa*), quand le Maître suivi de personnes des quatre classes, escorté de sa communauté quadripartite215, arriva à la salle des jeûnes. Les fidèles firent une grande fête pour son entrée dans la ville. On offrit de riches présents. A nouveau, le pātasāhi** confia un firman (phurarmāṇa**) susceptible de protéger de (toute) attaque la doctrine de tous les śvetāmbara. Le Maître en fit envoyer des copies (paḍicchaṃdaya*) aux quatre coins du monde. Ce fut l’épanouissement de la doctrine.
172§ 2b (46.8-10) Un beau jour, le Maître sollicita un firman pour protéger les lieux saints et principalement Sittuṃjaya, Girināra et Phalavaddhi. Le monarque universel le lui accorda à l’instant même. Le (firman) fut envoyé dans les lieux saints. Aussitôt après les paroles du Maître, le roi des rois fit libérer une foule de prisonniers.
173§ 2c (46.10-16) Un lundi, le Maître revint à la cour, tandis qu’il pleuvait. Il salua (cérémonieusement) le sultan (bhiṭṭio* surattāṇo). Le grand roi essuya les pieds du Maître souillés de boue avec une pièce de tissu d’une excellente étoffe qu’il avait reçue du malik Kāphūra*. Comme il avait dispensé ensuite des paroles de bénédiction et commenté un poème savant où il décrivait (les hauts faits du roi, vaṇṇāṇa-kavve vakkhāṇie), le (Maître) avait émerveillé le grand roi. Le (Maître) vit là une chance : après avoir dit tout ce qui se devait, il sollicita la statue du Vénérable Vīra. Après avoir échangé toutes sortes de propos raffinés (sukumāra-goṭṭhī*), le monarque absolu (ega-chatta-vasuhâhivai) la lui accorda, il la fit apporter du trésor de Tugulakābāda (New-Delhi). Le (sultan) la fit placer sur les épaules de deux malik, cochers de leur état216 puis, sous les yeux de toute l’assemblée, la fit venir en sa présence, la regarda et la remit au Maître. Alors, après les fastes d’une grande fête, toute la communauté fit entrer la (statue), posée sur un siège confortable, dans le palais (sarāī**)217 du malik Tājadīna* et installer dans le temple218. Le Maître fit pleuvoir de la poudre de santal. La (statue) fut honorée avec de grandes marques d’honneur.
174§ 2d 46.17-46.25) (Après avoir installé, sur ordre du grand roi, le Maître Jiṇadeva219 et quatorze autres personnes dans la province de Ḍhillī*, le Maître partit dans la province du Mahāraṭṭha. Le roi des rois donna au Maître et à sa communauté de fidèles tout ce qui est nécessaire au voyage : bœufs, chameaux, chevaux, ? gulaiṇī*, sièges confortables, etc. Dans les villes, sur son itinéraire, le Maître propageait la doctrine ; de place en place, les communautés le saluaient avec respect ; il rendait hommage à des lieux saints qui n’en étaient pas auparavant (apuvvatiṭṭhāiṃ) ; enfin, il atteignit la ville de Devagiri* (Deogir). La communauté fit une fête pour son entrée (dans la ville) et rendit hommage au Maître.
175Dans la ville de Paiṭṭhāna, il y avait la statue grandeur nature (jīvaṃtasāmi*)220 de Muṇisuvvaya : les maîtres de communauté, Jagasīha, Sāhaṇa, Malladeva en tête, firent là un pèlerinage. Ensuite, à Ḍhillī (Delhi), sur la place de la victoire (vijaya-kaḍae), le Maître Jinadeva vit le grand roi. (Le sultan) le traita avec beaucoup d’égards, lui fit don d’un palais auquel fut donné le nom de Surattāṇasarāī. Quatre cents familles de laïcs furent conviées à en faire leur lieu de résidence. Là, le cakravartin de l’ère kali (Mahammada) fit bâtir une salle des jeûnes et un temple221. Et là, il fit installer le dieu°° Mahāvīra222. Le Vénérable reçoit, trois fois par jour, l’hommage avec de grandes marques d’honneur de fidèles d’autres obédiences aussi bien que de fidèles jaina śvetāmbara et digambara223.
1 [āryā] En voyant à l’actif du sultan Mahammada*,
un tel épanouissement de la Doctrine,
les gens croient être dans la quatrième ère,
bien qu’ils soient dans la (misérable) cinquième.
2 [āryā] Elle balaie les craintes, l’image
(biṃbaṃ paḍihaya-ḍiṃbaṃ°°)
du Souverain Jina Vīra qui efface les souffrances
(dhua-kilesa°°) :
cette (image), joie pour l’esprit et les yeux,
est triomphante jusque Lune et Soleil224.
3 [āryā] Voilà le kalpa de la statue du dieu°° Mahāvīra
présent dans la ville de Kaṇṇāṇaya :
l’a écrit le Maître des ascètes (muṇîsara, Jinaprabha),
l’élève du Maître Jiṇasiṃha, (cet) Indra des ascètes.
51 : Reste du kalpa du Mahāvīra de Kaṇṇāṇaya
Site : cf. k.22
Structure du texte
176§ 1 à § 5 Divers épisodes témoignent des relations cordiales de Jinaprabha et Muḥammad bīn Tughluq : cf. I § 1.5.
Bibliographie
177Traduction anglaise : Granoff 1992, p. 12-17 (cf. références dans le k.22).
Remarque
178L’élève de Jinaprabha rend hommage au prestige de son Maître auprès de disciples de toutes confessions religieuses comme auprès du sultan. Il relate avec enthousiasme la faveur dont bénéficie le jinisme à cette époque. Les fêtes fastueuses se succèdent : on célèbre l’arrivée de Jinaprabha à Delhi, la fête jaina de la Paryuṣaṇā avec ses usages spécifiques (récitation du Pajjosaṇakappa, envoi de lettres d’invitation, cf. § 2), les consécrations de monuments et de statues à la gloire du jinisme (§ 3, § 4, § 5) ainsi que le pèlerinage organisé à Hastināpura avec la bénédiction du sultan (§5).
179Personnages historiques : cf. annexe 2 s.v.
Traduction
[āryā] Ensuite, sur les indications du Maître Saṃghatilaya225,
l’ascète Vijjātilaya226
dit le supplément
du kalpa du Vīra de Kaṇṇāṇaya.
180§ 1 (95.3-7) Voici : Sa Seigneurie (bhaṭṭāraya*), le Maître Jiṇappaha empêche les turukka** de saccager, dans la ville de Daulatābāda*, les temples qu’ont fait ériger l’Honnête (sāhu*) Pethaḍa227, l’Honnête Sahajā228 et le ṭh(akkura)** Acala229, en produisant le firman (phuramāṇa**) ; il rend prépondérante l’expansion de la Doctrine des Jina ; il accorde la parole des Arhant aux disciples de gana étrangers (pāḍicchaga°) ; il fait faire aux ascètes les ascèses (enseignées par) les traités canoniques et non canoniques (aṃgâṇaṃga-paviṭṭhâgama) ; il enseigne à ceux qui méritent de les apprendre les traités de logique, grammaire, poésie, dramaturgie, rhétorique, même s’ils sont des ascètes d’autres congrégations ; il réprime l’orgueil non négligeable de la foule des rhéteurs (vāi-viṃdâṇaṃ)230 aux propos vils et violents (ubbhaḍa-vāyabhaḍa-vāyāṇaṃ)231. Il passe ainsi presque trois ans.
181§ 2 (95.8-96.4) Au même moment, dans la ville de Jogiṇipura (Delhi), tandis qu’en une occasion quelconque, on loue l’assemblée (-guṭṭhī*) des sages, le grand souverain étranger (sagâhirāa), Mahammada*-sāhi**, tombé dans le doute concernant les arguments des traités, se souvient des qualités du Maître. Et il dit : "Si Sa Seigneurie (bhaṭṭāraya*) était à présent l’ornement de ma cour, il m’apaiserait facilement en enlevant toutes les échardes des doutes qui m’ont pénétré l’esprit. Pour sûr, c’est pour avoir été vaincu par l’intelligence du (Maître) que Bihappai a délaissé la terre et s’est rendu (allīṇa*) dans le ciel." Reconnaissant le moment favorable en entendant l’éloge des qualités du Maître fait par le roi en ces termes, le malik** Tājala*, arrivé de Daulatābāda*, touche la surface de la terre du plat de son front et déclare : "Majesté ! Le Magnanime est là-bas (à Daulatābāda), mais, comme il ne peut supporter l’humidité de cette ville, il est très amaigri." Alors, le roi, se souvenant de l’excellence des qualités du Maître avise un émir (mīra**) : "Holà ! malik ! Va vite chez le scribe (duvīrakhāna**) et fais lui écrire un firman (phuramāṇa**), fais-le envoyer là-bas, avec le message suivant : "Sa Seigneurie (bhaṭṭāraya*) vient à nouveau ici avec tel équipage." Alors, une fois que l’émir eut fait exactement ainsi, le firman fut envoyé (pesiaṃ phuramāṇaṃ**). Ensuite, il parvint chez le chancelier (dīvāṇa**) de Daulatābāda. Kutulakhāna*, le gouverneur de la ville, dit avec respect à Sa Seigneurie (bhaṭṭāraya*) qu’un firman du pātasāhi** était arrivé pour elle et que son départ pour Ḍhillipura (Delhi) était ordonné. Alors, neuf jours plus tard, le Maître fut prêt, et le douzième jour de la quinzaine claire du mois de Jyeṣṭha (mai-juin), il partit en grande pompe, sous une constellation royale, suivi d’un cortège (composé) de la communauté et de caravanes. Puis, de place en place, il suscitait des centaines de fêtes, réduisait en cendres l’orgueil de l’ère viṣama-duḥṣamā, piquait la curiosité des regards des gens de toutes les contrées sur son itinéraire (sayal’aṃtarāla-jaṇavaya-jaṇa-nayaṇakoūhallam uppāayaṃtā°°)232, faisait surgir des lieux de dharma, était révéré par les foules de Maîtres qui, anxieux et fébriles, arrivaient de loin. Enfin, il gagna le fort d’Allāvapura*, parure de Rāyabhūmi*233 : le roi, devant l’ampleur de pareilles acclamations, avait d’abord pensé qu’il y avait une querelle entre les hindous et les milakkhu, mais il avait été détrompé ensuite par Jiṇadevasūrī, le meilleur élève de ce Maître, qui ornait la cour royale et rendait honneur aux qualités de son Maître ; il l’avait donc fait introduire en sa présence avec bien des égards et au moyen d’un firman (phuramāṇa**) lui avait fait rendre par le malik** tous les biens des caravanes sans exception. Le Maître fit prospérer la doctrine des Jina, demeura là un mois et demi, puis quitta Allāvapura*. Derechef, dans la grande ville de Siroha*, le roi le combla d’une dizaine de vêtements faits d’une divine étoffe ointe et parfumée qu’il avait fait venir en sa présence. Enfin, il atteignit les abords de la capitale de l’Emir (Hammīravīra**). A ce moment-là, des foules de maîtres, de moines et de fidèles laïcs de la communauté, venus à sa rencontre, (poussés) par une dévotion longtemps accumulée, se sentirent, à sa seule vue (daṃsaṇa-nimittao°° vi), comblés, comme s’ils avaient été baignés dans des bassins de nectar et lui firent cortège234. Ainsi, le deuxième jour de la quinzaine claire du mois de Bhādrapada (août-septembre), le Maître de l’ère devint l’ornement de la cour royale. A l’instant, avec des yeux chargés du poids de leur joie, le pātasāhi** Mahammada* tout en se levant235, lui demanda d’une voix bienveillante de ses nouvelles. Puis le roi baisa avec affection la main du Maître et la porta à son cœur avec le plus grand des respects. En retour, le Maître émerveilla l’esprit du roi en dispensant des bénédictions toutes nouvelles qu’il avait composées pour la circonstance. Au cours de grandes fêtes, le (sultan) le fit conduire dans la grande salle des jeûnes. Le roi invita de hauts dignitaires, rois hindous et grands malik, Dīnāra* et d’autres, etc., à aller avec le Maître. S’inclinent devant lui cent mille fidèles laïcs, depuis longtemps impatients (de le voir). Sont venus à sa rencontre les citadins, depuis longtemps désireux de le voir. Se sont rassemblés par curiosité, les gens de contrées étrangères. Alors, des foules de bardes le célèbrent avec des réjouissances en série. Au son de divers instruments qui viennent du roi, nombreux tambours (bhūribherī), flûtes (veṇu), vīṇā, de clairs tambours (maddala-muiṃga-paḍupadaha), conques jumelées (jamala-saṃkha), il est fêté bruyamment à la ronde ; des foules de brahmanes le célèbrent en faisant entendre les Veda, et des musiciens ainsi que des jeunes femmes chantent sa prospérité. Au même moment, il parvint à la salle des jeûnes du Surattāṇasarāi236. Les membres de la communauté firent de grandes fêtes de bienvenue (vaddhāvaṇaya*) et le troisième jour de la quinzaine claire de Bhādrapada (août-septembre), au cours de la grande fête (de la Paryuṣaṇā) organisée par toute la communauté (sayala-saṃgha-kāriamah’ūsava-sāraṃ+), on récita le Pajjosaṇakappa. Et en tout lieu arrivèrent des lettres (d’invitation) pour annoncer sa venue. Les communautés de toutes les contrées furent ravies. Il fit libérer de nombreux fidèles laïcs qui, par centaines de milliers, avaient été accordés au roi (rāyadijja-saya-sāhassā) ou faits prisonniers par lui. Et, par compassion, il fit aussi libérer d’autres personnes (que les jaina) des mains (du sultan, kārā-hiṃto +). On donna et on fit donner de la stabilité aux choses qui n’avaient pas de stabilité (dinnā dāviā ya apaiṭṭhāṇaṃ paiṭṭhā). On fit et on fit faire à maintes reprises l’expansion de la Loi jaina.
182§ 3 (96.5-12) Ainsi, comme lors de sa venue à la cour, le (Maître) avait remporté les joutes verbales sur les sages et les rhéteurs, on assista à 1 expansion du jinisme. S’écoulèrent ensuite les quatre mois de la saison des pluies. Un beau jour, au mois de Phālguṇa (février-mars), comme Magadūmaī Jahāṃ, sa mère, s’en venait de Daulatābāda*, le sultan partit à sa rencontre avec une division composée des quatre formations et fit venir avec lui le Maître sur sa requête (abbhatthaṇāpurassaraṃ+). Ils rencontrèrent la mère du sultan (bhiṭṭiā* jaṇaṇī) à l’emplacement (du nom de) Vaḍathūṇa*. Le grand roi offrit à tous de somptueux cadeaux. Tous se virent donner de très belles étoffes de laine (pahāṇa-kabāi** vatthāiṃ). Il gagna ensuite la capitale en fête (Delhi). On révéra le Maître avec des habits, du camphre, etc. Alors, le douzième jour de la quinzaine claire du mois de Caitra (mars-avril), sous une constellation royale, il prit congé du grand roi et il fut heureux de la beauté de l’abri (sāibāṇa**) donné par le pātasāhi**. Là, cinq élèves furent ordonnés. On fit des œuvres conformes au dharma, hisser la bannière, augmenter la juste foi, que paya le ṭh(akkura)** Madana, fils de Thiradeva. Et le dixième jour de la quinzaine claire du mois d’Āsādḥa (juin-juillet), on consacra en grande pompe treize images que l’on avait fait sculpter tout récemment. Là, ceux qui avaient fait sculpter les images procurèrent une forte somme d’argent. (Ce fut le cas) en particulier d’Ajayadeva, fils de l’Honnête (sāhu*) Mahārāya.
183§ 4 (96.13-17) Un beau jour, le roi se prit à penser qu’il était pénible pour le Maître de venir toujours de loin ; il lui accorda donc, spontanément, près de son palais, une toute nouvelle résidence charmante avec ses habitations éblouissantes, et il invita la communauté des fidèles à y habiter. Le roi lui-même, lui donna le nom de Bhaṭṭāraya-sarāī. Le pātasāhi fit ériger au même endroit un sanctuaire de Vīra et une salle des jeûnes. En l’an 1389 V.S. (1332), à un moment auspicieux, le septième jour de la quinzaine sombre du mois d’Āṣāḍha (juin-juillet), au cours d’une grande fête fastueuse237 avec chants, danses, poésies, commandés par le roi, Sa Seigneurie (bhaṭṭāraya*) entra dans la salle des jeûnes, une fois que le roi lui-même en eut donné le signal favorable. Il réjouit les sages du don de la joie. On renfloua par des donations les indigents et les sans-abri, etc.
184§ 5 (96.18-97.9) Un beau jour, au mois de Mārgaśīrṣa (novembre-décembre), le roi l’emmena à nouveau avec lui, quand il se mit en route pour une expédition de conquête à l’Est. Le Maître fit s’épanouir en tout lieu la Loi jaina, faisant libérer des prisonniers, etc. Il fit restaurer le lieu saint de Mahurā. Il satisfit les brahmanes et d’autres avec des donations, etc. Ensuite, à la réflexion qu’il était pénible pour le Maître, qui avait fait vœu de vérité, d’être toujours sur les routes, dans un campement, le roi fit quitter à ce Maître la ville d’Āgara* (Agra) en compagnie du malik Khoje Jahāṃ* pour qu’il rejoignît la capitale. Avec en main le firman concernant le pèlerinage à Hatthiṇāura, le Maître des ascètes s’en retourna. Il convoqua alors la communauté quadripartite et fit apposer le tilaka de maître de communauté à l’Honnête Bohittha, dont son ami Cāhaḍa était le fils ( ?putta-Cāhaḍasahissa sāhu*-Bohitthassa). Sous une bonne conjonction, le Maître partit avec un cortège de maîtres, etc., faire un pèlerinage à Hatthiṇāura.
185Bohittha, le maître de communauté organisa de grandes fêtes de place en place. Le (Maître) atteignit l’emplacement du lieu saint : on lui fit une fête de bienvenue (vaddhāvaṇaya*). Et là, le Maître fit installer dans les emplacements du temple (qui leur revenaient) les images des Jina Saṃti, Kuṃthu, Ara et la statue d’Aṃbiā qu’il avait fait faire et consacrer tout récemment. Le maître de communauté et la communauté célébrèrent entre autres, la grande fête de la fraternité de la communauté (saṃgha-vacchal’āi-mah’ūsavā). On honora les cortèges de mendiants en leur donnant vêtements, aliments, bétel, etc. Le dixième jour de la quinzaine claire du mois de Vaiśākha (avril-mai), à peine revenu du pèlerinage, le Maître fit installer, au cours d’une grande fête (mah’ūsava-sāraṃ +), l’image de Mahāvīra, qui refoule la foule de toutes les fautes (dūrīkaya-sayala-duria-ḍiṃba°°), dans le sanctuaire qu’avait fait ériger le shāh (sāhi**-rāya-kāria-vihāra)238. Ainsi la communauté lui rend hommage. Tandis que le grand roi est revenu spécialement de son expédition, des fêtes apparaissent dans les temples. Le monarque universel révère le Maître en lui manifestant une considération sans borne. En tout lieu résonnent les tambours de la gloire, qui propagent la considération de toute la terre pour le Maître. Les śvetāmbara comme les digambara pérégrinent partout sans être maltraités : c’est qu’ils ont en main le firman que leur a accordé le roi des rois. Grâce à la faveur où était le Maître, parure de la congrégation Kharatara, en dépit de la conquête de toute la terre par l’armée des étrangers, le Maître protégea grâce au firman, Sittuṃjaya, Girināra, Phalavaddhi et d’autres lieux saints encore. Il glorifia par de tels ouvrages ses prédécesseurs, Pālittaya, Mallavāi, Siddhaseṇadivāyara, Haribhaddasūri, Hemacaṃdasūri239, parmi les principaux.
186Que dire encore ? Toutes les entreprises conformes au dharma de ce roi gagné par les qualités du Cakravartin des maîtres sont là bien à la vue de tous. Chaque matin, à l’aube, on fait résonner les conques jumelées dans les temples. Les Justes accomplissent de grandes manifestations d’hommage dans le Sanctuaire de Vīra au cours de la représentation que donnent les profonds tambours et les cymbales qui résonnent (vajjaṃtaguhira-maddala-muiṃga-muggala-tāla-pikkhaṇaya-sāraṃ+). Pleuvent sur la terre devant Mahāvīra camphre, aloès, eau parfumée et grains de riz (uggāra*) dont se munissent les Perfectibles. Les ascètes se déplacent à leur gré, se vouant à propager l’enseignement des Jina, comme s’ils étaient sous la domination d’hindous, comme s’ils étaient dans l’ère duḥṣama-sūṣamā, alors qu’ils sont sous la domination des Barbares et dans l’ère duḥṣamā. Et quoi d’autre encore ? Les tenants de toutes les autres doctrines et leur entourage se prosternent de tout leur long, comme des esclaves, devant le tabouret où le Maître pose ses pieds (luḍhaṃti* gurūṇaṃ рāуа-vīḍhe kiṃkarā iva paṃca-daṃsaṇiṇo saparivārā). Ils boivent, comme des disciples venus d’un gaṇa° étranger, la parole du Maître (paḍicchaṃti paḍicchagā° iva guru-vayaṇaṃ). Et le servent constamment, se tenant à la porte, dans leur impatience de voir le Maître (daṃsaṇ’ūsugā*) et en quête d’œuvres à faire pour ce monde et pour l’autre, les fidèles d’autres obédiences (para-titthi). A la requête du roi, le Maître se rend constamment à la cour du roi. Il fait libérer quantité de prisonniers. Il éveille sans interruption la curiosité dans l’esprit du roi, en lui tenant des propos sensés en accord avec les propos des Jina. Les grandes œuvres du Maître produisent en tout lieu l’expansion du jinisme. Ayant un esprit limpide comme les eaux du Gange, le (Maître) purifie les espaces intermédiaires avec les clairs de lune de sa gloire. Il éveille le monde des jīva par l’ambroisie de ses paroles. Les fidèles de même ou d’autre obédience aussi bien (sadaṃsaṇiṇo para-daṃsaṇiṇo a) se soumettent à ses ordres en toute circonstance. Le Maître de Père prêche le but suprême aux siens et aux autres par des procédés incomparables et inégalables (aṇannâsāhāraṇabhaṃgīe)240. Comment une intensité telle de l’expansion (du jinisme) qui se trouve divulguée aussi ouvertement et en toute occasion (payaḍaṃ ceva paribhāvijjamāṇā niccaṃ pi vaṭṭamāṇā)241 pourrait-elle bien être dite par de faibles esprits ?
187Puisse cet excellent Maître vivre des koṭi° d’années et propager longtemps l’enseignement des Jina242.
[āryā] Puisque la louange des qualités du Maître Jiṇapaha
relève de l’Expansion du jinisme,
elle a été contée dans le supplément
du kalpa dédié au Vīra de Kaṇṇāṇaya.
Notes de bas de page
1 A plusieurs reprises, c’est la statue même que l’on qualifie de "deva" (cf. annexe 4 no 8). Le même terme est employé aussi pour l’image viṣṇuite : cf. Colas in Padoux 1990 p. 106.
2 Jinaprabha évoque une statue du Munisuvrata jīvantasvāmi à Pratiṣṭhāna (23 v. 9), une de Nemi à Girnar (2)6.5, une de Mahāvīra à Campā (35 § 13) et une de Pārśvanātha à Ḍhiṃpurī (43 § 6a).
3 Sur les images jīvanta-svāmin, cf. Shah 1987 p. 137.
4 Sur le motif de l’image qui saigne, cf. pour les hindous : Ojha in Padoux 1990 p. 122, pour les chrétiens : Maraval 1985 p. 190.
5 Cf. annexe 4 no 16.
6 On relève deux autres exemples, dans le k.59 (le Pārśva de Stambhanaka lié au Maître Abhayadeva de la congrégation Kharatara), et dans le k. 13 (le Pārśva de Serīsa lié au Maître Devendra de la congrégation Nagendra).
7 Il semble que les congrégations, dont l’histoire est encore mal connue, aient joué un rôle non seulement religieux, mais aussi politique, dans la mesure où elles étaient liées à des familles de personnages riches et influents : cf. Ph. Granoff, East and West 39.1-4. Dec. 1989 p. 195-215.
8 Vajrasena apparaît comme le fondateur d’un gaccha : Deo 1956 p. 364. Le nom apparaît plusieurs fois dans le catalogue de mss. de Schubring 1944, mais il n’est pas mentionné de date.
9 Cf. annexe 4 no 8.
10 Nom d’un sanctuaire de Bhr̥̥gukaccha : pour la légende de sa fondation, cf. (10)20.31-21.31.
11 Auj. Broach.
12 Cette contrée correspond à la partie sud du Gujarat (Dey 1927 p. 114).
13 La plus grave des expiations : cf. Caillat 1965 p. 205-12.
14 “On se défait de ses insignes matériels, de manière à ne pas faire tort à la Doctrine” (Caillat 1965 p. 100). "L’exclu n’est pourtant pas considéré comme un simple laïc. Il se soumet à des macérations sévères pendant tout le temps de son éviction" (Caillat 1965 p. 206-7).
15 Avadhāvana est le terme technique désignant le départ avec l’intention d’abandonner les insignes religieux (Caillat 1965 p. 100).
16 L’arbre śephalikā (lat. vitex negundo) a de petites fleurs de couleur pourpre : cf. Roxburgh 1874 p. 481.
17 Je ne suis pas sûre de la traduction du composé sarvatrânr̥ṇīkr̥ta-viśva-viśvaṃ-bharâṅkita-nijaika-vatsaraḥ.
18 Accuser de gourmandise un moine dont l'alimentation est soumise à des règles strictes est une grave injure.
19 Sur les dvātriṃśikvā de Siddhasena, cf. Upadhye 1971 p. *47-*50.
20 Cf. Upadhye 1971 p. 111 : v. 1.
21 Apraticakrā (connue aussi sous le nom de Cakreśvarī) est la Yakṣiṇī de R̥̥ṣabha : cf. p. ex. Bhattacharya 1939 p. 35.
22 Le titre n’est pas commun chez les jaina. Cf. autre ex. (59)105.1, § 2.
23 Dans PK, PPS et PCa, apparaît Pārśvanātha au lieu de R̥̥ṣabha.
24 Cf. supra, n.9.
25 Litt, suivre 1 être qui donne la vie, saṃjīvinī-cāri-caraka-nyāyena.
26 De l’ère Vikrama = 57 av. J.-C. ?
27 Le jeudi (guru-divasa) est un jour faste : cf. (22)45.4, § 1a.
28 Ed 89.15 = ed 297.4 = Be 33a.7 bhāṭa : à corriger probablement en Lāṭa.
29 Nominatif normalisé sur le thème vocalique : cf. d’autres exemples (32)57. 26, § 1 ; (36)69.5, § 4 ; (43)82.21, § 1b.’
30 Sur la fonction religieuse et politique des miracles, cf. V § 4.
31 Cf. (18)31.13, v. 10 et (49)91.27-8, § 2b. Le k.49 détaille la description traditionnelle des statues des Jina.
32 Cf. supra : Remarques.
33 Cf. n. 10.
34 Cf. annexe 4 no 9.
35 Hutthā, forme d’aoriste archaïque, plus ou moins formulaire (cf. Pischel § 517) : son emploi correspond-il à une intention stylistique de l’auteur ? Cf. k.57, n.3.
36 Ce motif de légende, comme son expression, est stéréotypé : cf. p. ex. (17)29.5, § 2.
37 Cf. supra : Remarques.
38 La même expression apparaît dans dans le k.17, § 2 jāyaṃ sivaṃ pour terminer l’épisode de la mārī.
39 Rice LA 1915 p. 214 mentionne aussi cette désignation (qu’il a lue dans le "Times of India" du 18 avril 1915) pour Kollapāka : on ne sait si cette dénomination repose sur la tradition orale ou sur le témoignage du VTK.
40 La mort de Munisuvrata s’est écoulée, selon la Tradition, dans la 1 184 980e année, celle de Nami dans la 584979e année (KalpS 184 : Jacobi 1884 p. 280). Ce chiffre fantastique de 1180905 années correspond, je crois, à la période intermédiaire entre la vie du 20e T., Munisuvrata, et celle du 22e T., Nemi (cf. supra § 1).
41 Rice IA 1915 p. 214 mentionne, sans en indiquer la source, que la tradition orale (rapportée par le "Times of India" du 14 avril 1915) attribue à Śaṅkara, roi de la dynastie des Cālukya au 7e s., la construction du temple jaina de Kulpak.
42 Cf. annexe 4 no 8 et annexe 8, don.
43 Cf. V § 3 et annexe 4 no 18.
44 Ed 102.8 dīsei. On attend plutôt une forme passive : dīsai. Faut-il voir là un ex. de la confusion d’emploi entre les formes en -ai et en -ei (Bloch 1965 p. 242) ?
45 Même motif : 58 § 2.
46 Cf. (7)14.17, § 2 : l’application de la boue sert à guérir de la lèpre. Cf aussi V §4.
47 Ed 102.10-11 = ed 337.7-8 Mahā-titthassa Māṇikka-devassa jattā-mah’ūsavaṃ pūam ca je kariṃti kāraviṃti aṇumoaṃti a : il me semble s’agir ici d’une construction en chiasme, mahā-titthassa allant de pair avec jattā-mah’ūsavam et Māṇikkassa avec pūaṃ.
48 Cf. annexe 8, stéréotypes-bienfaits du tīrtha.
49 Soit Viṇiyā dans ĀvN v. 382 : on voit que, pour Jinaprabha, les différents noms d’Ayodhyā sont interchangeables.
50 Le père du 4e T. est mentionné ĀvN v. 387, sa mère, ĀvN v. 385 et sa taille, ĀvN v. 378. Cf. aussi n.13.
51 Medapallī semble un terme générique plus qu’un nom véritable.
52 Dans la liste jaina traditionnelle de la Prajñāpanā (Kirfel 1920 p. 227), kirāta et meda désignent deux peuples différents (3e et 33e de la liste) parmi les mleccha (peuples non-ārya). Néanmoins, ces mots sont interchangeables pour Jinaprabha (kirātair jagade 57.30, medair apr̥cchi 58.5) et désignent les "Barbares”. Les termes sont souvent choisis en fonction des possibilités d’assonances (57.22 : nirvedā medā, 57.24 : khedair medaiḥ, 58.3 : -bahutair nāhalais, 58.6 : kirāta-vrātair avādi, 58.12 : dadau ca guḍādi medebhyaḥ).
Sur le mot nāhala qui n’apparaît pas dans la Prajñapanā, cf. n.18.
53 Cf. V § 6 et annexe 4 no 7.
54 Cf. annexe 4 no 18.
55 Cf. V § 6 et annexe 4 no 6.
56 On a d’autres exemples de ce respect de Jinaprabha pour les variations de traditions : (27)52.9 ; (38)73.10, § 8 ; (61)107-26-7, § 2.
57 Avec ce sens, on attend sammilya en sk. class., mais sammīlya, qui s’explique sans doute par un croisement de formes, est banal : CDIAL 10131 indique une évolution de sens pour sammīl, de "fermer" à "rassembler".
58 Les différents états d’âme ont, chacun, une couleur qui leur correspond : blanche est celle du rire.
59 Nominatif d’un thème consonantique normalisé sur les thèmes en -a. Cf. autres exemples : (36)69.5, § 4 ; (43)82.21, § 6b ; (47)89.15, § 1b.
60 J’ai compris le composé vaṇig-ucita-bhojya-pūraṇa-kalpa-vallyām (57.28) comme un tatpuruṣa apposé à pallyām.
61 Cf. autre ex. de cette appellation pour un Jina : (6)12.21, v. 51 ; (28)54.8, § 5 ; (35)66.10, § 13 ; cf. aussi annexe 4 no 8.
62 Le mot valbhāyāṃ* est choisi pour faire écho à pragalbhe. L’ensemble de l’expression est recherchée : le marchand s’adresse aux mleccha de la même façon que le roi à ses sujets : cf. (34)61.18-9, § 2.
63 Cf. n.4.
64 Litt, avec une intensité de sentiments débordants de joie. J’ai compris le composé comme étant un bhv. où pramudita- est un substantif, complément valant l’instrumental de mudita-.
65 Cf. annexe 4 no 18.
66 Synonyme de meda. "Au Madhya Pradesh, les Nāhal constituent une tribu forestière, au statut social très bas, qui existait au début de ce siècle encore. Autrefois, les Nāhal formaient une communauté de voleurs au même titre que les Bhils et les Koli" : cf. Russell 1969 IV p. 259-61. La connotation de "brigands" faisait du mot un équivalent de meda et de ses synonymes pour Jinaprabha (cf. n.4).
67 Cf. p. ex. Schubring 1935 § 157.
68 Dans le composé sutarāṃ viṣāda-niṣāda-saṃsparśa-kaluṣita-hr̥dayaḥ (58.8), la place de viṣāda me gêne. Peut-être a-t-il été placé là pour l’allitération ?
69 Cf. annexe 4 no 9.
70 Cf. motif semblable (31)57.12.
71 Litt. tirant de ses marchandises sa subsistance (paṇya-jīvaḥ).
72 Le pippala, "dont le caractère sacré est marqué par l’interdit frappant ses fruits" (Viennot 1954 p. 70), n’est pas l’arbre lié à Abhinandana : ce Jina a obtenu l’omniscience sous un priyāla — cf. p. ex. Bhattacharya 1974 (14939) p. 39 et a été libéré sous un priyaṅgu (Guérinot 1926 p. 103).
73 Cf. annexe 4 no 12.
74 Il s’agit de cette lignée illustre à laquelle appartiennent les ministres Tejaḥpāla et Vastupāla : cf. p. ex. (5)10.1, § 2.
75 Cf. annexe 4 no 5 et 9.
76 Cf. V § 4.
77 Cf. annexe 8, don.
78 Sur la congrégation des Brāhmaṇa, cf. Deo 1956 p. 522 : elle semble avoir été mentionnée pour la première fois en 1122 V.S. et avoir existé jusqu’en 1663 V.S. L’association d’un tīrtha et d’une congrégation, spécifiques, avec une statue semble être un trait du jinisme au Moyen Age : cf. V § 5.
79 Le nom Jakkha est-il une déformation de Jamba (cf. supra : Remarque) ? Ou bien est-il un reflet de la faveur du culte des Yakṣa (sur des noms féminins tels Yakki-suṇḍarī, cf. Nandi 1973 p. 147) ?
80 Plutôt qu’il ne témoigne d’un ancien état de langue, l’emploi de l’aoriste archaïque huthtā est, comme l’expression puvviṃ kira, sans doute davantage un procédé stylistique pour inscrire cette légende dans un passé lointain. Le motif de la princesse Mahaṇigā qui apparaît à plusieurs reprises dans les prabandha (cf. supra : Parallèles) suggère, si l’ensemble est homogène, une origine relativement récente de la légende. Cf. k.57, n.5.
81 Cf. (42)79.18-19, "En ce lieu (le Gujarat), Mahanadevī, la fille du roi de Kanyakubja, reçut de son père la terre du Gujarat en échange d’un corselet (Gūrjjaradharām kañculikā-pade labdhām), y exerça la royauté, puis devint, à sa mort, la divinité tutélaire du Gujarat." Cf. aussi supra : Parallèles.
82 Ambā (alias Ambikā) est considérée comme une déesse populaire indépendante plutôt que comme la Yakṣinī de Pārśvanātha. Cf. n.8 et VI § 3.
83 Même type de dialogue : (59)104.31, § 2 ; même emploi de vatsa : 6 v. 42 ; 53 § 2.
84 Probablement amlica (Roxburgh 1874 p. 530). Le nom d’arbre choisi ici n’est pas étranger au nom et à l’influence d’Ambā sur ce tīrtha.
85 Dans ce trio on trouve, à coté de la statue d’Ariṣṭanemi, T. principal de ce lieu saint, celles des populaires Pārśva (23e T.) et Ambikā. Cette déesse figure ici comme divinité indépendante, plutôt qu’elle ne représente la Yaksiṇī traditionnelle de Nemi Cf VI § 2 et § 3.
86 Cf. n. 1.
87 La forme prakrite, Khambhāitta, est très proche du nom moderne Khambayat. Sur le lieu saint de Stambhanaka, cf. k.59.
88 Ed 51.20-21 = ed 180.6 = Be 17a.13 Vikkamāiccāo paṃcasu saesu duttaresu varisāṇaṃ aikkaṃtesu.
Je n’ai pas trouvé de parallèle à l’histoire de Yaśobhadra. Mais, étant donné que dans PK 46.31, PCi 68.23, PPS 75.24, Yaśobhadra apparaît comme un contemporain de Siddharāja (Jayasiṃha, ca. 1100-1143, cf. Sankalia 1941 p. 39) et que la congrégation des Baṃbhāna semble ne pas exister avant le 11e s. (cf. n.1), je serais tentée de penser qu’il est fait ici référence à une autre ère que celle de 57.
89 Cf. supra : Parallèles. Rencontrant les ministres du roi Vanarāja qui cherchent un emplacement où fonder une capitale, le berger Anahilla accepte de leur montrer un terrain qu’il sait auspicieux, à la condition que l’on donne son nom à la ville.
90 Les dates respectives des rois Cāukkaḍa, Cālukka, Vāhela et du sultan Allāvadīṇa sont citées selon Sankalia 1941 p. 35-43.
91 Cf. V § 3 et annexe 4 no 17.
92 Selon la Tradition, Jarāsaṃdha, le neuvième Prativāsudeva, et Kaṇha, le neuvième Vāsudeva, frère de Rāma, sont contemporains du 22e T., Nemi. Pour le résumé du début de la légende, cf. Glasenapp 1925 p. 289. Comme l’avait prédit le sage Atimukta, le neuvième Vāsudeva Kaṇha tua Kaṇsa, l’époux de Jīvayasā. Cette dernière fit appel à son père Jārasaṃdha, roi de Rājagṛha, pour qu’il vengeât Kaṃsa. Ayant vaincu Rāma et Kaṇha, il leur enjoignit de quitter Mathurā : Kaṇha bâtit alors la ville de Dvārakā au Gujarat. Plus tard, au cours de la lutte entre les Pāṇḍava et les Kaurava, il combattit encore contre Kaṇha : c’est là que se situe l’épisode de VTK.
93 Cf. p. ex. Triṣ VIII.7.v. 425 : Johnson V p. 238. Le début de l’épisode de VTK est omis dans PaPrS.
94 La fondation de la ville de Śaṅkheśvara à la suite de l’épisode de la conque n’apparaît pas dans la version de Triṣ et ne figure que de façon implicite dans PaPrS. Kṛṣṇa souffle la conque pour le combat et, une fois le combat terminé, on lit : 325.5 tatas s tatra Śaṅkhapuraṃ vāsitaṃ.
95 Cf. PaPrS 324.28.
96 Kaṇha, lui-même, n’est pas atteint par le maléfice, précise PaPrS 324 28-29
97 Dans Triṣ, Nemi lui-même participe à la bataille. PaPrS 324.29-30 suit la même trame que VTK.
98 Ed 52.8 pūjjamāṇā : préférer ed 182.12 pūijjamāṇā. Cf. infra : pūijjai.
99 L’épisode de la statue est aussi absent de Tris. Dans PaPrS, la statue ne se trouve pas au royaume de Vāsuki (dimension majestueuse de VTK appropriée au héros Kaṇha), mais sous un figuier (PaPrS 325.1).
100 Cf. PaPrS 325.1-2.
101 Même indication des variations de traditions : 32 § 1, 38 § 8 et 61 § 2.
102 Cf. annexe 4 no 13.
103 Cf. PaPrS 325.3.
104 PaPrS 325.3 place l’épisode de la conque soufflée par Kaṇha juste avant la mort de Kaṇha : 325.4.
105 L’indication est plus vague dans PaPrS 325.4.
106 Dharaṇendra et Padmāvatī sont les acolytes traditionnels de Pārśva : cf. p. ex. Guérinot 1926 p. 110. Cf. annexe 4 no 18.
107 En plus de 1 installation de la statue, PaPrS 325.5 mentionne la construction d’un temple.
108 Cette évocation condensée des tribulations d’une statue manque dans PaPrS.
109 Cf. annexe 4 no 18.
110 Cf. V § 4.
111 Ed Saṃkheśvara. Sur l’influence de cette statue, cf. 40 § 3.
112 Cf. Introduction § 6.
113 Cf. annexe 4 no 5, no 13 et no 17.
114 Probablement identique à sillāra : cf. (17)29.29, n.52.
115 Turukka-maṃḍalāo, imprimé en gras dans Ed 55.5, semble un terme générique plutôt qu’un lieu précis.
116 Cf. annexe 4 no 7 et supra : Remarques.
117 Cf. I § 1.4. et annexe 4 no 9.
118 Ed 55.13 nīsariaṃ masehiṃto+ ruhiram. On rencontre le même motif des taches, des outils et du sang qui coule : 13 § 12.
119 Ed 55.15 ṭaṃkiā vāhāviā : le mot vāhāviā n’est pas attesté dans PSM. Peut-être faut-il plutôt lire āvāhāviā, de āVAH, causatif : faire appel, faire venir (BR, MW s.v.) ?
120 Cf. annexe 4 no 12.
121 Cf. annexe 4 no 17.
122 Rāma, le huitième Baladeva, est contemporain du 20e T., Munisuvrata : cf. p. ex. Glasenapp 1925 p. 286.
123 Cf. annexe 4 no 18.
124 L’expression, d’origine canonique, est un peu plus développée dans le k.21 : paumāgarā sarovaragāī apaumā gaddabha-juā vā (35.29). Cf. aussi annexe 4 no 6 et no 9.
125 Cf. (17)30.11, § 7 et annexe 3 no 4.5.
126 Cf. motif semblable : (5)9.21, § 1 ; (9)18.19, § 1 ; (9)19.28-29, § 21 ; (28)54.5-6, § 5.
127 La congrégation tire probablement son nom du village de Suddhadaṃtī, mais je n’ai pas de renseignement à son sujet. Cf. V § 5.
128 Ce défaut d’objectivité historique se rencontre à plusieurs reprises dans VTK : (32)57.23, (37)70.19, etc ; cf. aussi V § 6 et annexe 4 no 6.
129 Cf. annexe 4 no 8.
130 Je n’ai pas trouvé d’attestation du mot sala. Peut peut-être corrigera-t-on casala en cosala : usala est une forme attestée en v. guj. (PPhS 19.43) pour sk. ulukhāla "mortier" (cf. CDIAL 2360).
131 Padmāvatī et Dharaṇendra sont les acolytes traditionnels de Pārśva : cf. p. ex. Guérinot 1926 p. 110.
132 Le nom du temple Kokāvasahī n’apparaît pas dans les prabandha (PCa, PCi, PPS, PK, KhG).
133 Abhayadeva vécut, selon Jhavery 1944 p. 212-213, de ca. 1021 à 1078.
134 Comme Abhayadeva, Rājaśekhara, auteur de PK, appartient au kula des Praśnavāhana, subdivision du gaṇa des Koṭika, à l’intérieur de la congrégation Harṣapurīya (cf. praśasti finale de PK p. 131). L’existence de la congrégation Harṣapurīya est attestée au moins depuis 1258 V.S. (cf. JPPS 114.1-3, et aussi Deo 1956 p. 463 et 526) jusqu’à 1555 V.S. (Deo 1956 p. 526).
135 C’est vraisemblablement le nom de la ville à l’origine de la congrégation Harṣapurīya (cf. Deo 1956 p. 463) qui est localisée dans le Gujarat du Nord : cf. Atlas 34 D 4.
136 Le surnom de Maladhāri est, d’après la légende, à l’origine du nom d’un gaccha, attesté selon Nahar 1983 (11918) dans les inscriptions no 89 (1259), 684 (1378), 406 (1485), 991 (1512), 413 (1549), 494 (1553), 648 (1558), 599 (1570). C’est la congrégation de plusieurs Maîtres de PK : Maladhāri- Śrīdevaprabhasūri (113.11), Śrīnaracandrasūri-Maladhāri (115.12, 118.15, 127.28), Rājaśekhara (131, cf. n.4). PPS 12.7 et PCi 57.5 mentionnent encore le Maître MaladhāraHema.
137 Le nom de ce temple figure dans PPS 75.27.
138 Hemacandra vécut ca. 1145 V.S. (1088)-1220 V.S. (1163), selon Jhavery 1944 p. 218-220. Cf. aussi Deo 1956 p. 34.
139 Sur la valeur péjorative du mot goṣṭhī, attestée dans le mot goṭṭhilla cf Balbir 1986 III p. 77.
140 ARK donne VTK comme seule référence.
141 Cf. annexe 4 no 13.
142 Cf. V § 6 et annexe 4 no 7.
143 Sur gohaliā, cf. ST p. 58-59 et p. 129 : "il s’agit probablement d’un diagramme comme le svastika. Généralement, un tel diagramme fait de pierre rouge ou jaune est considéré comme auspicieux. Aujourd’hui encore, il est de coutume parmi les jaina de placer des fruits sur un diagramme svastika fait de grains (souvent de riz non décortiqué : akṣata*) sur un petit tabouret, en face de l'image : ce diagramme fait de grains porte le nom de guhalī."
144 Nahar 1983 (11918), inscription no 89, confirme l’existence d’un Maître Devānanda de la congrégation Maladhāri à peu près à cette période : Sam. 1259 Vaiśākha su° 3 sau Jehaḍa suta sā° bahuddeva hīra bhadrābhyām mātṛ rāja śrī śreyo'rthaṃ śrī-Pārśvanātha-pratimā kāritā pratiṣṭhitā Maladharī śrī-Devānanda sūribhiḥ. Dans ces conditions, peut-être faut-il préférer la leçon de C : bāsaṭṭhe (1262) ?
145 Cf. k.27.
146 Litt, pendant quatre ghaḍiyā (96 min.).
147 Cf. V § 4 et annexe 4 no 18.
148 Cf. V § 5 et annexe 4 no 17.
149 Les indications précises concernant les tailles des statues sont rares dans VTK (cf. annexe 8 statue). Une telle précision est donc, à côté de 1 inscription du Maître Devānanda, un argument en faveur d’un témoignage direct de Jinaprabha et de 1 activité religieuse de ce lieu saint au Moyen Age (cf. V § 7).
150 L’expression kappa-lavaṃ, sans doute équivalente de kappam appam (10)20.6, est curieuse, mais non isolée dans VTK : cf. (37)70.13, vi. ; (39)75.2, vi.
151 Cf. (58)103.5-6, § 2.
152 Mālin et Sumālin sont, dans le Rāmāyaṇa, deux Rākṣasa, fils de Sukeśa et de Devavatī, qui, sur les conseils de Brahmā, se sont établis à Laṅkā, où ils ont épousé les filles de la Gandharvī Narmadā : Hrī, Śrī et Kīrtī. Sur leur histoire, cf. Rāmāyaṇa (édition de Bombay) VII 5, 6, 7.
153 Cf. PaPrS 36.9 : Puṣpa-baṭuka.
154 Cf. PaPrS 36.10. Cf. aussi V § 3 et annexe 4 no 9.
155 Si cette ville de Viṃgaulla est la même que la cité de Bengale mentionnée plus tard par les sources portugaises, elle désigne, selon les auteurs, Chittagong ou Sonārgāon : cf. Sircar 1971 (11960) p. 134-135. Cependant, selon Sircar ibidem, la dénomination de Vaṅgalā n’apparaît jamais dans la littérature bengalie du Moyen Age : ou bien VTK donne là le témoignage que le nom existait avant l’arrivée des Portugais ou bien c’est une autre ville.
156 La forme normale, attestée PSM, est pāraddhi, mais pārahi, — forme corrompue ou faute — évoque ce terme qui convient aux activités d’un roi.
157 Cf. PaPrS 36.12.
158 Cf. PaPrS 36.15-6.
159 Cf. PaPrS 36.17 (sapta-dina-jāta-tarṇakâdi-ratha). Cf. motif semblable : 6)12.15, (v. 45 ; (35)65.11, § 4 ; (59)104.17, § 1.
160 Cf. motif parallèle k.5.
161 Cf. même motif (57)102.1-2, § 2.
162 Cf. même motif (53)98.30-31, § 2. Cf. PaPrS 36.19-20 paścād-vilokitam.
163 Cf. annexe 4 no 13.
164 Ed (58)103.5 = ed 340.11 = Be 47a.3.
165 Ed 103.6 = ed 340.12 = Be 47a.3.
166 Cf. annexe 4 no 6.
167 Ed 103.10 = ed 341.4 = Be 47a.6 ; cf. PaPrS 36.21 daṇḍena.
168 Cf. V § 7.
169 Dharaṇendra et Padmāvatī sont les acolytes traditionnels de Pārśva (23e T.) ; Ambādevī et Kṣetrapāla sont deux divinités populaires, en faveur au Moyen Age (cf. Jain & Fischer 1978 II p. 24 et 29). Cf. V § 3 et annexe 4 no 17.
170 Cf. même prodige (57)102.8, § 2.
171 Cf. PaPrS 36.21-22. Cf. aussi V § 4.
172 Cf. Introduction § 6.
173 Cette contrée, mentionnée sous ce nom dans une inscription de Kumārapāla (EI II p. 422), est située, d’après Sharma 1972 p. 90, dans le désert de Thar et fait partie du Rajasthan actuel.
174 Auj. Mertā, à 117 km au nord-est de Jodhpur (Jain 1972 p. 177) dans l’actuel Rajasthan.
175 Cf. annexe 4 no 3.
176 Cf. annexe 4 no 5.
177 Selon Jain 1972 p. 27, le temple de Phalavardhikā est l’actuel temple de la déesse Brahmaṇī : "le style du temple est du 11e s. et les parties du śikhara original remontent au moins au10e s." Je n’ai pas d’autre renseignement sur la déesse Phalavardhī.
178 Composé stéréotypé : cf. (7)14.3, § 1 ; (17)29.13, § 3 ; (19)32.6, § 1 ; (38)72.4, § 1 ; (61)107.3, § 1.
179 Les Śrīmāli désignent encore actuellement une caste de jaina à Jodhpur : cf. IGI XIV p. 189 ; IGI XV p.177 ; IGI XXI p. 111. Le nom de Śrīmāli est dérivé de la ville de Śrīmāla (Bhinmāl) au Rajasthan. Sur les Śrīmāli, cf. Sangave 1959 p. 92-93.
180 D’après Sangave 1959 p. 91, les Osvāla ou Marwari (cf. IGI s.v.) représentent la caste de marchands (essentiellement jaina) prédominante au Rajasthan. Sur leur localisation, la légende de leur origine (rattachée traditionnellement au nom d’une ville) et leurs subdivisions, cf. Sangave 1959 p. 88-92.
181 Sur la forme appā au nominatif, cf. Pischel § 401. Pour l’emploi en sk., cf. Renou 1961 GLS § 255 : "En sk. classique, on évite d’employer le pronom réfléchi au nominatif ; ātmā se rencontre cependant Malāv. III entre strophe 19-20, Daś 45.20." Extension de l’usage ? Forme de la langue parlée ? Cf. autres exemples : (9)17.25, § 1 ; (28)54.11, § 5 ; (61)107.24, § 2.
182 Ed 105.25 = ed 348.16 = Be 22a.2 raḍassa.
Les textes de PPS 31.11 et PaPrS 35.25 comportent jāli, à la place de raḍa : peut-être un équivalent de l’urdu jhāṛā : bosquet (Platts p. 400) ?
183 Le motif du lait qui coule, absent de Thomson 1955, apparaît encore dans les k. suivants ; (6’) 13.17, (17)28.24, (21)37.7 et (59)105.25. La badarī est un des arbres auréolés de prestige mythique (cf. Viennot 1954 p. 76 et p. 78).
184 Ou rends-lui hommage : d’après Bloch 1965 p. 246, le prakrit littéraire, préférant les finales longues, ajoute souvent le suffixe -hi au thème du causatif valant pour le verbe simple. Par ailleurs, on lit 105.30 pūyaṃti mahayā iḍḍhīe.
185 Les sept capuchons sont l’emblème traditionnel de Pārśva ; cf. V § 7.
186 Cf. annexe 4 no 9.
187 Cf. annexe 4 no 8.
188 Satthiaṃ = amas ou collection ?
189 Thaṃbhāi (a) est curieux : faut-il y voir un dérivé de thaṃhha ? Un dernier terme ā(d)i est étonnant ici.
190 Cf. V § 6 et annexe 4 no 6.
191 PPS et PaPrS diffèrent de VTK en ce qui concerne la date d’installation de la statue : en 1199 V.S. (1142), d’après PPS 31.15 et PaPrS 35.30 (Saṃ. 1199 phā sū 10 gurau biṃba-sthāpanam). PaPrS 36.1 mentionne en outre le hissement de la bannière en 1208 V.S. (1151) par le Maître Municandra : Sam. 1208 māgha śu 13 kalaśadhvajâropah Śrīdevasūri-prahitâtmiya-śiṣya-Śrīmunicandra-sūribhir. Le même fait est mentionné de façon allusive par PPS 31.15 : Saṃ. 1204 varṣe māha śudi 13 śukre kalaśa-dhvajâropaḥ.
192 D’après Jain 1972 p. 304, le Sakalatīrthastavana de Siddharṣi (12e s.) p. 395, rapporte que le Maître Dharmaghoṣa a reçu un jayapada du roi Arṇorāja après sa victoire sur son rival digambara Guṇacandra.
193 Cf. Deo 1956 p. 537 : le Rājagaccha est peut-être le titre donné au Bṛhatkharataragaccha. Une épigraphe mentionne son existence en 1287 (EI IX p. 154). Cette congrégation semble avoir été florissante au Rajasthan et en Uttar Pradesh.
194 Cf. n.20.
195 Cf. V § 6 et annexe 4 no 6 et no 7.
196 Cf. V § 4.
197 Cf. (22)46.8, § 2b.
198 Cf. V § 7.
199 Padmāvatī et Dharaṇendra sont les acolytes traditionnels de Pārśva (cf. p. ex. Guérinot 1926 p. 110). Kṣetrapāla (plus ou moins terme générique, cf. les Dvārapāla) est une forme de divinité populaire, installée à l’entrée de chaque temple jaina comme divinité gardienne : Jain & Fischer 1978 II p. 29. Cf. aussi Bhattacharya 1974 (11939) p. 18 et p. 134-135. Cf. VI § 3 et § 5; annexe 4 no 19 et no 20.
200 Cf. V § 7 et annexe 3 no 7.
201 Jinapati est un Maître de la congrégation Kharatara : d’après KhG 23.9, il est né en 1210 V.S. (1153), prononce les vœux en 1217 V.S. (1160) et reçoit le nom de Jinapati en 1226 V.S. (1169). Cf. supra : Parallèles.
202 Ed 45.5 joīsaro : lire comme ed 160.7 : joīraso, nom d’une pierre précieuse. Cf. Finot 1896 p. XVIII : "jyotirasa est, d’après S.M. Tagore, le jaspe sanguin ou héliotrope."
203 Ed 45.6 = ed 160.9 = Be 45a.16 anakavālâbhihāṇa-puḍhavi-dhāu-visesasaṃphāseṇa.
204 Cf. V § 3 et annexe 4 no 17.
205 Peut-être s’agit-il du marchand Rāmadeva, élève de Jinapati, en faveur auprès du roi Pṛthvīrāja, selon KhG 32.14.
206 S’agit-il des Daima, sous caste de brahmanes, mentionnée par IGI s.v. ?
207 Cf. annexe 4 no 13.
208 Cf. V § 3.
209 Peut-être le sikandar d’Āsīnayara désigne-t-il le sultan Muhammad bīn Tughluq, frère d’‘Alā-ad-Dīn, qui règne à partir de 1325 ?
210 Cf. V § 4 et § 6.
211 D’après Jhavery 1944 p. 230, Jinaprabha est devenu successeur de Jinasiṃha en 1341 V.S. (1244). Sur le Maître Jinasiṃha, cf. Vr̥P 93.28-94.9.
212 La congrégation des Kharatara occupe, encore à l’heure actuelle, une place prééminente parmi les jaina śvetāmbara. La première attestation épigraphique date de 1147 V.S. (1090), mais sa fondation peut être antérieure : une des versions de la tradition fait remonter l’existence de ce gaccha à 1080 V.S. (1027)" : cf. Deo 1956 p. 528-529. Cf. V § 5.
213 Ed 45.30 sāvittā ; ed 163.6 vasāvittā ; j’ai choisi la leçon de Be 45b. 15 vasāviyā.
214 Jinadeva est l’élève principal de Jinaprabha, selon Jhavery 1944 p. 230.
215 Moines, nonnes, laïcs (hommes et femmes).
216 Ed 46.14 = ed 164.13 = Be 46a.11 sūagāṇam ? malikkāṇaṃ** khaṃdhe dāūṇa.
217 Il existe plusieurs personnages du nom de Tāj-ad-dīn : il s’agit peut-être ici de celui qui fut secrétaire d’état d’‘Alā-ad-Dīn (cf. p. ex. Al Badā’ūni in Ranking 1973 (11898) p. 94.
218 Cf. supra : Parallèles.
219 Cf. n. 14.
220 Cf. (2)6.5 ; (23)47.20, v. 20 ; (35)66.10, § 13 ; (43)82.6, § 6a et V § 3.
221 Cf. supra : Parallèles.
222 Cf. annexe 4 no 8.
223 Cf. annexe 4 no 13.
224 Cf. annexe 4 no 15 et no 18.
225 Saṅghatilaka est, selon Jhavery 1944 p. 235, un élève de Jinaprabha. Un Maître de ce nom a composé la Tattvakaumudī en 1422 V.S. (1366) : cf. Schubring 1944 no 851.
226 Est-il l’élève de Saṅghatilaka ?
227 KhG 52.33 mentionne un personnage de ce nom présent à Prahlādanapura en 1326 V.S. (1269).
228 D’après KhG 50.18, le fils d’un Sahajā est présent à Prahlādanapura en 1309 V.S. (1252).
229 Un ṭhakkura de ce nom présent à Hastināpura en 1375 V.S. (1318) est mentionné dans KhG 65.25.
230 Ed 95.6 = ed 315.9 = Be 51b.17.
231 Ed 95.6 = ed 315.9 ; Be 51 b. 16-17 ujjhaḍa-vāya-bhaḍa-vāyāṇaṃ : ujjhaḍa est-il à comprendre comme un dérivé de jhaṭ, d’où "vif" ?
232 Cf. V § 5.
233 Ed qui imprime en gras Rājabhūmi incite à y voir le nom d’une ville. Mais peut-être faut-il traduire : domaine royal ?
234 Cf. n.8.
235 Ed 95.27 = ed 317.12 abbhutthāṇam ivâyaraṃteṇa ; le passage est absent de Be 52a. 14. J’ai compris iva comme ayant valeur d’insistance : cf. BR s.v.
236 Cf. (22)46.22, § 2d.
237 Ed 96.16 = ed 320.6 payaḍijja-māṇa-amāṇa-mah’ūsava-sāraṃ + ; j’ai préféré la leçon de Be 52b. 14-15 payaḍijja-māṇa-mah ūsava-sāraṃ.
238 Cf. V § 3 et annexe 4 no 18.
239 Ce sont les noms des plus glorieux Maîtres jaina, selon la Tradition : cf. p. ex. Jhavery 1944 p. 193-220.
240 Ed 97.7 = ed 323.1 = Be 53а.17.
241 Ed 97.7-8 = ed 323.2-3 = Be 53b.1.
242 Cf. V § 5.
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La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012