Chapitre III. Narration et idéalisation du tīrtha : Les villes traditionnelles
p. 187-263
Texte intégral
§ 1 Villes traditionnelles (10 k.)
1Neuf des seize villes, où la Tradition (ĀvN v. 383-386) localise les grands événements vécus par les T. (cf. Introduction § 1), sont sanctifiées par un k. dans le VTK : Ayodhya (13 : 1er, 2e, 4e, 5e, 14e T.), Śrāvastī (37 : 3e T.), Kauśāmbī (12 : 6e T.), Campā (35 : 12e T.). Kāmpilya (25 : 13e T.), Ratnavāhapura (20 :15e T.), Hastināpura (16, 50 :16e, 17e, 18e T.), Mithilā (19 :19e, 21e T.), Vārāṇasī (38 : 7e, 23e T.). Jinaprabha évoque dans le k.1 (v. 52, v. 53) les lieux de naissance des 8e, 9e, 10e, 11e, 20e, 22e, 24e T. (respectivement Caṃdāṇaṇa, Kākaṃdī, Bhaddilapura, Sīhapura, Rāyagiha, Sorianagara et Kuṃdapura), mais ne leur dédie pas de k.1 : ces sites étaient-ils devenus trop insignifiants au Moyen Age ?
2Les villes traditionnelles mentionnées par le VTK sont des villes au passé glorieux : Ratnavāhana exceptée, elles comptent parmi les dix capitales antiques dont Ṭhā (X.v. 152) donne la liste.
3Quel qu’ait été leur statut réel au Moyen Age, elles sont restées saintes à cette époque, dans l’esprit des fidèles, pour avoir abrité un Jina. Leur importance religieuse n’est cependant pas comparable à celle du Mont Satruñjaya : 1 v. 55, "comparé au mérite que vaut une offrande (sur les autres lieux saints), le mérite que vaut (à Śatruñjaya) l’installation d’une image est cent fois supérieur, celui que vaut un temple est mille fois supérieur, celui que vaut la sauvegarde de ce (lieu saint) est infiniment supérieur".
§ 2 Description du lieu saint
4Les k. 13, 37, 35, 12, 20, 25, 16, 19, 38 exaltant les villes traditionnelles ont la structure des kalpa-litanies (cf. I § 1.2.) : le k.20 et le k.38 présentent, chacun, une légende (20 § 3 ; 38 § 10) plus développée qu’à l’ordinaire dans ce type de k. ; le k.50 est un kalpa-stotra.
5Dans ces k., la présentation de la ville sacrée pour la Tradition jaina est sommaire. Les descriptions stéréotypées sont de règle : l’auteur insiste sur l’abondance qui règne dans la ville (19 § 1), comme sur son charme (20 § 1) ou sur sa pureté (25 § 1). Le caractère figé d’une telle description est rompu seulement quand, à l’occasion, l’auteur rappelle l’actualité : Jaṇai, le nom de Mithilā au Moyen Age, ou Maheṭhi, le nom de Śrāvastī, sont corroborés par les noms actuels de ces villes Janakpur et Saheṭ Maheṭ. De réels éléments topographiques sont rares. Toutefois le Saggaduvāra (13 § 7), situé au confluent du Gagghara et de la Sarayū, existe encore à l’heure actuelle (Bakker 1986 II p. 286-289). On lit aussi la division en quatre zones de Bénarès (38 § 13) : la Deva-Vārāṇasī, la Rājadhānī-Vārāṇasī, la Vijaya-Vārāṇasī et la Madana-Vārāṇasī.
§ 3 Utilisation de la tradition : orientation religieuse des légendes canoniques
6Dans les kalpa-litanies, l’auteur présente de manière très allusive une série d’événements extraordinaires qu’il puise généralement à des sources canoniques dont son public avait quelque connaissance.
7Le lecteur trouvera une indication du contexte et des parallèles dans l’annexe 1.
8L’analyse des résumés de légendes qui figurent dans les kalpa-litanies montre comment Jinaprabha cherche à édifier son lecteur en présentant la gloire des bons héros, et, inversement, le châtiment des mauvais, la conversion au jinisme ou la résistance aux épreuves (cf. annexe 1). A la façon dont il traite le folklore du lieu saint, on constate aussi la perspective orientée de son propos. L’évocation des faits non jaina est réduite à son expression minimale : alors que l’histoire d’Udāyana "faisait partie du folklore de Kauśāmbī et qu’on la récitait probablement devant les foules à l’occasion de fêtes comme celle de la yātrā du Nāgavana" (Lacôte 1908 p. 233), le nom est seulement mentionné dans VTK (12 § 4). Le même laconisme caractérise les épisodes extraits du Rāmāyaṇa ou du Mahābhārata. A propos du site de Mithilā tout imprégné de la vie des héros du Rāmāyaṇa, Jinaprabha se contente d’évoquer l’arbre où Sītā a vu le jour (19 § 8), le bassin où Rāma et Sītā ont été mariés (19 § 9). Dans le k. 13, dédié à Ayodhya, l’ordalie de Sītā est mentionnée (13 § 7). L’évocation des personnages célèbres du Mahābhārata est ou bien limitée à leur naissance (les Pāṇḍava et Duryodhana : 16 § 7) ou à leur présence, sujet de gloire (le roi Karṇa, exemple de générosité : 35 § 9). La légende du Buddha, mentionnée une fois (§ 4) dans le k.37 dédié à Śrāvastī, ville bouddhiste, est en revanche un indice montrant plutôt l’importance de la tradition plutôt que l’optique jaina de Jinaprabha.
§ 4 Vue partiale de l’histoire dans les kalpa-litanies
9La place laissée à l’histoire dans cette énumération de faits légendaires est très réduite. Seulement deux allusions à l’histoire contemporaine apparaissent dans ces k., au détour d’un détail légendaire. Toutes deux ont trait aux portes d’une ville : 35 § 4, alors que depuis l’épisode de la vertueuse Subhadrā*, la quatrième porte de la ville reste fermée, le sultan Samasadīna* l’ouvre par la force en 13032 ; 37 § 2, les portes de la ville de Śrāvastī sont de même forcées par le malik Havvasa*3. Les mleccha sont ici les Barbares qui brisent l’ordonnance parfaite du lieu saint4. L’intrusion de ces détails historiques permet de rendre compte du décalage entre réalité et légende dans le premier cas : quatre portes de la ville ouvertes et non trois ; dans le second, elle explique la perte de la protection du Yakṣa Māṇibhadra : l’influence corrompue de l’ère kali est en cause, non la perfection du lieu saint.5
§ 5 Kalpa-litanies : conclusions
10La succession des mots tels atra, la pauvreté du style, le caractère figé des descriptions donnent un caractère monotone à ces kalpa-litanies. La structure facile à imiter de ces k. invite à se demander, au moins pour certains d’entre eux, si Jinaprabha en est l’auteur : ainsi à la différence de la majorité des k., le k. 12 et le k. 13 ne comportent pas de vers introducteur. En outre, dans le k. 13, l’épisode du Maître Devendrasūri, d’abord mentionné (§ 9), est ensuite repris et développé dans un nouveau paragraphe (§ 12). Dans le k. 12, les épisodes de la vie de Candanabālā sont évoqués dans le § 2 puis dans le § 7. La confrontation du k.16 et ku k.50 dédiés à Hastināpura accentue ce soupçon d’interpolation : les § 1 à 8 du k. 16 en prose sont la pâle copie des v. 1 à 11 du k.50 en vers.
11Même si Jinaprabha est l’auteur de ces kalpa-litanies, il est tentant de penser que la plupart résultent d’une compilation et qu’il a visité seulement la ville de Hastināpura.
13 : Kalpa de la ville d’Ayodhya
Site
12Aujjhā (Ayodhyā) : Atlas 34 F 4, auj. Ayodhya, 26°48’N. et 82°12’E., 6 km au nord-est de Faizābād : cf. IGI V p. 175-76 ; H. Bakker 1986, Ayodhyā. Pts 1, 2, 3. Groningen 1986 (Groningen Oriental Studies 1). Selon Dey 1927 p. 14, Ayodhyā/Sāketa fut capitale du Kosala sud, Śrāvastī, celle du Kosala nord. Mais d’après Bakker 1986 p. 2, Ayodhyā succéda à Śrāvastī comme capitale du Kosala (cf. n.2).
Structure du texte
13Absence de vers introducteur.
14§ 1 à § 11 Litanie des merveilles d’Ayodhyā : cf. I § 1.2.
15§ 12 Légende de Devendrasūri et des quatre images d’Ayodhyā (reprise et développement du § 9) : cf. I § 1.4.
16Absence de vers final.
Bibliographie et parallèles
17§ 3 Fondation de Vinīta : cf. analyse des versions de la Vh et de l’ĀvCū : Mette 1973 p. 10-11.
18§ 4 Ordalie de Sītā : p. ex. Tris VII.9. v. 168-233 : Johnson IV p. 329-333, et plus particulièrement v. 211, v. 215, v. 217.
Remarques
19L’Ayodhyā idéale (§ 5, § 8) se superpose à l’Ayodhyā réelle (§ 7, § 10, § 11) : cf. BEI 9 1991 p. 47-48 et II § 3. On note -des éléments topographiques : les cours d’eau Sarayū et Gharghara (§ 7) ; - des lieux saints encore vivants : Sargadvāra (§ 7) : Barker 1986 II p. 286-288 ; Sītākuṇḍa (§ 10) : ibid. II p. 199-204 ; Sahasradhārā (§ 10) : ibid. II p. 286-8 ; Gopratāra (§ 11) : ibid. II p. 329 ; pour les noms d’autres lieux saints, cf. ibid, index 1 ; - des éléments de croyances populaires, comme le rôle du Yakṣa Mattagayeṃda (cf. n. 23).
Traduction
20§ 1 (24.1-2) Comme noms de même sens qu’Aujjhā, on trouve Aujjhā, Avajjhā, Kosalā, Viṇīyā6, Sākeya, Ikkhāgubhūmī, Rāmapurī, Kosalā7.
21§ 2 (24.2-5) Cette (ville) est le lieu de naissance des Jina Usaha, Ajia, Abhinaṃdaṇa, Sumai, Aṇaṃta, ainsi que du neuvième gaṇadhara° de Vīra, Ayalabhāu8. Elle est la capitale royale des descendants de la lignée de Rahu : Dasaraha, Rāma, Bharaha9, etc. Les sept ancêtres, fondateurs de lignée (kulagara), à commencer par Vimalavāhaṇa10, sont nés ici.
22§ 3 (24.6-7) Lors de la consécration royale du Seigneur Usaha*, les (99) jumeaux prirent de l’eau dans des feuilles de lotus et lui en aspergèrent les pieds (chūḍha)11. Sakka dit alors : "Eh bien ! Ces hommes sont polis (viṇīyā purisa tti)". Aussi la ville fut elle connue sous le nom de Viṇīya.
23§ 4 (24.8-9) Et (c’est) là que la vertueuse Sīyā, se soumettant à l’ordalie, changea le feu en un cours d’eau par la puissance de sa vertu, puis retint à elle seule, grâce à sa grandeur d’âme (nia-māhappa), ce cours d’eau qui inondait la ville12.
24§ 5 (24.10) C’est la ville (existant) éternellement dans la moitié sud de la terre de Bharaha qui a neuf yojana de large et douze de long13.
25§ 6 (24.11) C’est là que Cakkesarī14, dont la statue se trouve dans un temple de pierres précieuses15, supprime tout obstacle pour la communauté°°. Et (de même) le Yakṣa Gomuha16.
26§ 7 (24.12) C’est là que le lac Gagghara* se joignant à la rivière Saraū* a obtenu la célébrité sous le nom de Saggaduvāra*17.
27§ 8 (24.13-16) C’est à douze yojana au nord de cette (ville)18 que (l’on trouve) l’excellent mont Aṭṭhāvaya où le Vénérable Āigara (Ṛṣabha) a été libéré19. Et c’est là que le souverain Bharaha fit bâtir le temple Sīhanisijjā, haut de trois krośa°20 et là qu’il fit consacrer les statues des vingt-quatre Jina avec la couleur, la taille et la forme qui leur revenaient à chacune21. Là, à la porte est, se trouvent les statues de Usaha et Ajia, à la porte sud, les quatre (statues) de Saṃbhava, etc., à la porte ouest, les huit (statues) de Supāsa, etc., à la porte nord (enfin), les dix de Dhamma, etc.22. Et (là), le même (Bharaha) fit aussi faire les cent stūpa des frères23. C’est elle où doivent habiter les gens, une fois qu’ils ont joué sur les coteaux (uvaccaya*) de l’Aṭṭhāvaya24.
28§ 9 (24.18-9) C’est de cette ville que le Maître Deviṃda de la lignée d’(Abhayadeva), l’auteur des commentaires des neuf Aṅga, emporta jusque dans la ville de Serīsaya25 quatre grandes images par la voie des airs grâce à une force céleste.
29§ 10 (24.20-21) C’est là qu’aujourd’hui encore, il y a le palais du roi Nābhi (Nābhimaṃḍira*) et là que sont l’enclos Pāsanāhavāḍiyā*26, le bassin Sīyākuṃḍa* et le (lieu saint) Sahassadhāra*27. Et sur le mur se tient le Yakṣa Mattagayaṃda28. Aujourd’hui encore, les éléphants ne s’aventurent pas au-devant de lui ; sinon, ils meurent.
30§ 11 (24.22-23) Il existe une foule de lieux saints non jaina (loia*) : Gopayara*, etc.29.
[āryā] Victoire à Aujjhā, cette ville,
aux épais remparts baignés par les eaux de la Saraū,
source de purification pour les gens attachés au jinisme
qui ont fait là un pèlerinage
(jiṇa-samaya-satta-titthījatta-pavittia-jaṇā).
31§ 12 (24.24-25.7) Comment donc Deviṃda a-t-il emporté d’Aujjhā les quatre images ? Voici le récit de cet événement30 : parvenu à Serīsaya, au cours de sa vie errante, le Maître Deviṃda, qui s’était concilié Paumāvaī, Dharaṇiṃda et Chattāvallīva31, adopta la position kāyotsarga° à un endroit qui servait de dépotoir (ukkuruḍiyā*). En le voyant agir de la sorte à maintes reprises, les fidèles lui demandèrent : "Vénérable, quel mérite particulier y-a-t-il à observer ici le kāyotsarga° ? Le Maître répondit : "Il se trouve ici une plaque de pierre (pahāṇa-phalahi*), de quoi sculpter une statue de Pāsaṇāha. Et elle est miraculeuse (sannihiya-pāḍiherā°°)32. Alors, à la demande des fidèles, le Maître observa trois jeûnes pour se concilier Paumāvaī. La Vénérable s’en vint. Elle donna les consignes suivantes : "A Sopāraya33 vit un charpentier aveugle. Si cet (homme) s’en vient ici, fait un jeûne jusqu’au huitième repas, puis, une fois le soleil couché, entreprend (āḍhavai*) de tailler la plaque de pierre et achève la (statue) avant le lever du soleil, votre affaire sera réussie." Alors les fidèles dépêchèrent des hommes à Sopāraya pour le faire venir34. Le voilà arrivé. Il entreprit l’ouvrage en suivant exac-tement (les instructions). La statue assistée de Dharaṇiṃda fut achevée. (Mais) tandis que le charpentier travaillait, une tache (masa) apparut sur le cœur de la statue. Après l’avoir examinée, il fit un autre buste35. Tandis qu’il faisait cette retouche, une tache apparut. Les outils (ṭaṃkiā*) furent mobilisés (āvāhiā)36. Du sang se mit à couler37. Alors le Maître dit : "Qu’as-tu fait là ? C’est en la présence de cette tâche que cette statue sera prodigieuse (sa-ppabhāvā°°huntā) et source de merveilles extraordinaires (aīv’abbhua-heū°°). Alors, ce disant, l’effleurant (caṃpitthā*) d’un doigt, il arrêta le sang (thaṃbhiaṃ* ruhiraṃ). Cette statue achevée, vingt-quatre autres furent emportées ainsi de la mine (khāṇi-hiṃto+) puis consacrées. Alors, une nuit, grâce à une puissance céleste, le (Maître) emporta d’Aujjhā trois grandes statues par la voie des airs. Au moment même où la quatrième était emportée, la nuit cessa. Alors l’image resta au (beau) milieu d’un champ, dans le village de Dhārāseṇaya. Le roi Kumārapāla*, souverain Cālukka*, fit sculpter puis consacrer une quatrième image38.
32C’est ainsi qu’à Serīsa le prodigieux (mah’appa°°) Pāsanāha est honoré aujourd’hui encore par la communauté39. Même les Barbares (micchā*vi) ne réussissent pas à le prendre d’assaut (uvaddavaṃ kāuṃ na pāreṃti)40. Comme ils ont été réalisés dans la précipitation, ses membres n’apparaissent pas avec leur charme naturel (ūsua*-ghaḍiatteṇa na tahā salāvaṇṇā avayavā dīsaṃti). Dans ce village, on honore, aujourd’hui encore, cette image dans son temple, dit-on.
37 : Kalpa de la ville de Śrāvastī
Site
33Sāvatthī (Śrāvastī) : Atlas 34 F 4, 27° 31’N. et 82° 1’Е., sur la rive sud de la Rāptī.
34L’ancienne ville de Śrāvastī, 95 km environ au nord d’Ayodhyā (Dey 1927 s.v. ), a été identifiée par Cunningham à la fin du 19e s. avec le site de Sahet-Mahet (ASI I 1862-1865 p. 330-348). Pour d’autres références, cf. IGI XXII p. 181.
Structure du texte et parallèles
35§ 1 à § 5 Description de Śrāvastī et de ses diverses merveilles.
36§ 6 Grands événements de la vie de Saṃbhava (3e T.).
37§ 7 à § 14 Résumés de légendes canoniques : cf. annexe 1 Kavila*, Jamāli*, Goama*, Mahāvīra*, Khaṃdaga*, Bhadda*, Khuḍḍaga*.
Remarques
38On note des éléments réels : la mention de Maheṭhi, nom de Śrāvastī au 14e s. (§ 1) : cf. III § 2 et annexe 3 no 2 ; de l’assaut du malik Havvasa*, vassal du Sultan Allāvadīṇa (§ 2) : cf. annexe 2 s.v. , ainsi que le reflet des croyances populaires, telles l’influence du Yakṣa Māṇibhadra (§ 2) : cf. Sircar 1966 p. 146 ; EI XXVIII p. 328 et suivantes, ou le culte des Nāga (§ 2).
Traduction
[āryā] Gué sur la rivière des souffrances
(duha-sari-tāraṇa-vatthī),
Sāvatthī vise (aussi) à être la source de tous les bonheurs
(sayala-sukkha-pasav’atthī)41.
Après m’être prosterné devant le Jina Saṃbhava (3e T.),
je proclame un petit kalpa de cette ville (kittemi kappa-lavaṃ)42.
39§ 1 (70.14-15) Il existe ici même sur la moitié sud du pays de Bharaha, dans la contrée des Kuṇāla, qui compte une foule de qualités innombrables (agaṇijja-guṇa-gaṇa-visaa°°)43, une ville du nom de Sāvatthī. Elle est, à présent44, connue sous le nom de Maheṭhi*.
40§ 2 (70.15-22) Or à cet endroit, on trouve, aujourd’hui encore, au milieu d’une forêt dense et impénétrable, un temple jaina entouré d’une enceinte, rehaussé°° de la statue de Saṃbhavanāha, avec un śikhara qui touchait la pointe du ciel (gayaṇ’agga-lagga-sihara°°) et orné°° de cella, (à leur tour) embellies°° par les images des Jina situées sur les côtés. Tout près de la porte (duvāra-adūra-sāmaṃte)45 de ce temple, on voit un aśoka rouge agrémenté°° de grandes branches et doté d’un ombrage épais grâce à ses très belles lianes et à ses bourgeons incomparables (villira-ullasira*-)46. Les battants (kavāḍa-saṃpuḍa*) qui étaient à la porte de ce temple jaina se fermaient, jadis, d’eux-mêmes, au coucher du soleil, grâce à la puissance du Yakṣa Māṇibhadda. Et, au lever du soleil, ils s’ouvraient d’eux-mêmes. Un beau jour, sous l’influence corrompue de l’ère kali (kali-kāla-dullalia°°-vaseṇa)47, le malik** Havvasa*, (vassal) du sultan Allāvadīṇa*, vint de la ville de Vahaḍāicca*48 et brisa les battants du mur d’enceinte (kavāḍāiṃ* bhaggāṇi°°) ainsi que plusieurs images49. — C’est que les divinités préposées ont un pouvoir faible lors de l’ère duḥṣarmā (maṃda-ppabhāvā hi bhavaṃti dūsamāe ahiṭṭhāyagâ°°)50 —. Et, sur le śikhara du temple, dit-on, au moment où la communauté, venue en pèlerinage, célèbre de grandes fêtes comme l’oblation par le feu, etc., un serpent arrive là et s’y faufile51 Mais il ne suscite la crainte de personne. Une fois la lampe auspicieuse allumée, il retourne chez lui.
41§ 3 (70.23-24) Dans cette même ville se trouve le temple bouddhique où les rois d’obédience bouddhique, descendants du souverain Karāvalla, de la dynastie de Samudda, offrent (ḍhoaṃti*), aujourd’hui encore, devant leur divinité, un grand cheval d’un grand prix, sellé et joliment paré (pallāṇiyaṃ alaṃkiyaṃ vibhūsiyaṃ)52.
42§ 4 (70.25) Et, dans cette même ville, le Buddha a révélé la médecine traditionnelle et toute-puissante contre les poisons (jaṃgulī*-vijjā)53.
43§ 5 (70.26-27) Ici même, on trouve toutes sortes de riz. En jetant un seul grain de toutes ces sortes de riz, on remplit à ras bord (ā-sihaṃ) un grand récipient (khoraya*).
44§ 6 (70.28-9) Ici même, le Vénérable Seigneur Saṃbhava a vécu (quatre) grands événements (de sa vie), l’incarnation, la naissance, l’ordination et l’omniscience qui réjouirent les cœurs dans les demeures des dieux, des Asura et des hommes54.
45§ 7 (70.30-71.2) Né dans la ville de Kosaṃbī, le grand ascète Kavila*, fils de Kāsava, ministre du roi Jiyasattu, et de55 Jakkhā, s’en vint dans cette ville, à la mort de son père, pour apprendre les sciences auprès du précepteur Iṃdadatta, ami de son père. A cause des deux māsaya* d’or (qu’il était allé chercher) à la demande de l’esclave (dāsa-ceḍī*) du riche Sālibhadda, il renonça au monde et fut ensuite éveillé (sayaṃbuddha*). (A son tour), il éveilla (paḍibohiūṇa*) cinq cents voleurs et fut libéré.
46§ 8 (71.3-6) Ici même, dans le parc Tiṃdugujjāṇa se tint, avec cinq cents moines et mille nonnes, Jamāli*, l’auteur du premier schisme (paḍhama-ninhava°). Alors que la noble Piadaṃsaṇā, fille du Vénérable (Vīra), avait fait halte chez lui, le potier Ḍhaṃka laissa tomber un morceau de charbon (aṃgāra) quelque part sur sa robe (sāḍiyā) en lui disant : "Ce qui est fait est fait". Il la fit ainsi revenir à la doctrine de Vīra. A son tour, elle éveilla les autres nonnes et moines (tīe paḍibohiyā*) et tous s’attachèrent aux pas (allīṇa*) du Seigneur et de lui seul. Jamāli fut le seul à rester dans l’hérésie (vipaḍivanno° ṭhio)56.
47§ 9 (71.7-8) Ici même, dans le parc Tiṃduggujjāṇa, le gaṇadhara° Kesīkumāra*, venu du parc Kuṭṭhayujjāṇa, rencontra le Vénérable Seigneur Goama*, engagea avec lui une discussion et fit sienne la loi des cinq vœux.
48§ 10 (71.9) Ici même, pendant une saison des pluies, alors qu’il était moine, le Vénérable Mahāvīra* observa la position de la statue (khaṃḍa°-paḍimā). Ayant reçu les hommages de Sakka (Indra), il pratiqua toutes sortes d’ascèses.
49§ 11 (71.10-11) Ici même, naquit le Maître Khaṃdaga*, fils de Jiasattu et de Dhāriṇī, que Pālaga* soumit à la torture, à l’aide d’une machine, en compagnie de ses cinq cents élèves, dans la ville de Kuṃbhayā-rakaḍa.
50§ 12 (71.12.13) Ici même Bhadda*, fils du roi Jiasattu, renonça au monde et observa la position de la statue. Au cours de sa vie errante, il arriva dans un endroit désert. Appréhendé par les gardes qui le prirent pour un voleur, il eut les membres mutilés (tacchiy’aṃga*), saupoudrés de sel puis fut couvert d’herbes tranchantes (kakkhaḍa-dabbha) ; il fut (alors) relâché et atteignit la Libération.
51§ 13 (71.14) Comme à Rāyagiha, etc., dans cette ville, précisément, eut lieu l’aventure de Baṃbhadatta.
52§ 14 (71.15-17) Ici même Khuḍḍagakumāra*, l’élève du Maître Ajiyaseṇa passa plusieurs fois douze ans dans l’état de moine selon la substance (davvao sāmaṇṇe)57 pour (satisfaire) sa mère (devenue) nonne principale (mayahariyā*), le Maître et le précepteur. Au cours d’un spectacle de danse, il entendit : "C’est bien chanté, c’est bien dit". (Alors), en même temps que le prince héritier, le commerçant, l’épouse, le ministre et le cornac (miṃṭha*), il fut éveillé (paḍibuddha*).
53Voilà comment de nombreux exploits, de véritables pierres précieuses, — et il y en a encore bien d’autres —, ont valu à cette ville le nom de terre (d’accès) à la montagne de la Libération ( ? Rohaṇa-giri-bhūmi).
[āryā] Puissent les excellents sages réciter
ce kalpa de Sāvatthī, ce grand lieu saint :
le Maître Jiṇappaha le dit
avec toute sa foi dans la doctrine jaina (jiṇa-pavayaṇa-bhattī).
12 : Kalpa de la ville de Kośāmbī
Site
54Kosaṃbī (Kośāmbī) : Atlas 34 F 4, auj. Kosam, 25°20’N. et 81°24’E., vieux village encore sacré pour les jaina, à l’ouest d’Allahabad (Dey 1927 p.96, Sircar 1971 (11960) p. 254, Sharma 1972 p. 104), divisé en deux parties, Kosam Inam et Kosam Khurāj (IGI XV p. 407), autour des ruines de la vieille forteresse (ASI I p. 301-312). Le petit temple jaina dédié à Pārśvanātha qui s’élève au milieu d’une masse de ruines est moderne (construit en 1834 : ASI I p. 308). Quelques sculptures jaina plus anciennes subsistent cependant : Cunningham les date du 11e, 12e s. (ASI X p. 1-5, particulièrement p. 2).
Structure du texte et parallèles
55Absence de vers introducteur.
56§ 1 Présentation de Kosaṃbī.
57§ 2 à § 7 Litanie des merveilles du tīrtha : cf. annexe 1 Mahāvīra*, Miyāvaī*, Udayaṇa*.
58§ 8 Grands événements de la vie de Paumappaha (6e T.).
59§ 9 à § 11 Merveilles du tīrtha.
Traduction
60§ 1 (23.10) Dans la contrée des Vaccha, se trouve une ville du nom de Kosaṃbī.
61§ 2 (23.10-12) C’est la ville où Lune et Soleil avec leur char céleste sont venus se prosterner devant Vaddhamāṇa (Mahāvīra*). Ignorant l’heure tardive à cause du rayonnement de ces (astres), la noble Miyāvaī s’est attardée, là, sur les lieux du samosaraṇa°. Une fois que Lune et Soleil s’en furent allés chez eux, elle arriva trop tard58 au monastère : la noble Caṃdaṇā et les autres nonnes avaient fini d’observer les règles quotidiennes. Morigénée par la noble (Caṃdaṇā), elle demanda pardon pour son manquement à la règle, mais, à peine tombée à ses pieds, elle obtint l’omniscience59.
62§ 3 (23.13-4) C’est la ville où se trouve, aujourd’hui encore, la forteresse construite sur les ordres du roi Pajjoa qui était tombé amoureux de Miyāvaī* : ses hommes, formant une chaîne depuis Ujjeṇī, avaient apporté les briques dont on se servit60.
63§ 4 (23.15) C’est la ville où vécut Udayaṇa*, le roi des Vaccha, (cet homme) habile dans le savoir des Gandharva, fils de Sayāṇīa et de Miyāvaī61.
64§ 5 (23.16) C’est la ville où, dans les temples, on trouve des statues des Jina dont la beauté est un (véritable) onguent d’ambroisie pour les yeux de qui les contemple (pikkhaga-jaṇa-nayaṇa-amay’aṃjaṇa-rūvāo Jiṇapaḍimāo°°)62.
65§ 6 (23.17) C’est la ville où on trouve des bois embrassés par les volutes d’eaux (jala-lahari) de la Kāliṃdī (Yamunā).
66§ 7 (23.18-21) C’est la ville où Caṃdaṇabālā fit rompre à Mahāvīra* le jeûne dont il avait fait le vœu particulier, la première nuit de la quinzaine sombre du mois de Pauṣa (décembre-janvier), en lui offrant au bout de six mois moins cinq jours, du gruau dans un coin de son panier (suppa). Les dieux firent (alors) pleuvoir là six koṭi° et demi de richesses (vasuhārā ya addha-terasa-koḍi-pamāṇā)63. Le village, devenu ville, fut le lieu célèbre connu sous le nom de Vasuhāra. Les cinq prodiges (paṃca-divvāṇi°°) se manifestèrent. Dès lors (ittuccia+), depuis ce jour, (tous les) dixième de la quinzaine claire du mois de Jyeṣṭha (mai-juin), jour de la rupture du jeûne du Seigneur, on accomplit aujourd’hui encore divers rites en cette place : bain dans le lieu saint, dons et autres.
67§ 8 (23.22) C’est la ville où le Seigneur Paumappaha a vécu (quatre) grands événements de sa vie : incarnation, naissance, ordination, omniscience64.
68§ 9 (23.23) C’est la ville où l’on peut voir de majestueux manguiers aux ombres épaisses (siṇiddha-cchāyā-kosaṃba-taru°°)65.
69§ 10 (23.24) C’est la ville où, dans le temple de Paumappaha, on peut voir la statue de Caṃdaṇabālā faite pour représenter le moment de la pose dans laquelle elle avait fait rompre le jeûne (à Mahāvīra ; pāraṇa-kārāvaṇa-dasâbhisaṃdhi-ghaḍiā).
70§ 11 (23.25) C’est la ville où, aujourd’hui encore, chaque jour, dans ce même temple, un lion d’allure paisible (pasaṃta-muttī) vient rendre hommage au Vénérable (Paumappaha)66.
[āryā] Cette ville de Kosaṃbī,
purifiée par la naissance du Jina (Paumappaha),
est un grand lieu saint.
Puisse nous accorder la prospérité
celle qui est l’objet des louanges du Maître Jiṇappaha.
35 : Kalpa de la ville de Campā
Site
71Campa : Atlas 32 G 4 ; auj. Campānagar, 22°29’N. et 73°32’E., sept km à l’ouest de Bhagalpur dans le Panjab (Dey 1927 p. 44, Sharma 1972 p. 46, ASI XIV p. 109-119, IGI X p. 135-6). Campā apparaît déjà comme la capitale des Aṅga dans la liste jaina de la Viyāhapannatti (Sircar 1967 p. 98-99).
Structure du texte
72§ 1 Grands événements de la vie de Vāsupūjya (12e T.).
73§ 2 à § 17 Résumés de légendes : cf. Subhadra*, Karakaṇḍu*, Mahāvīra*, Vīra*, Kūṇika*, Kumāranandin*, Vīra*, Pālita*, Sunanda*, Aṅgaṛṣi* et Sujāta*.
74§ 3 Pārśva, fondateur d’un lieu saint.
Parallèle
75§ 3 Fondation de Kalikuṅḍa (cf. k. 15 traduit en annexe à ce k.) : Pārśvanāthacarita (Bhāvadeva) VI v. 121-149 : Bloomfield 1985 (11919) p. 115-16.
Remarques
76Au détour d’une légende, un fait historique est évoqué : l’assaut en 1303 du sultan Samasadīna*, émir de Lakṣnāvatī* (§ 4) : cf. annexe 2 s.v.
Traduction
[āryā] Nous disons le kalpa de la ville de Campā,
cet éminent lieu saint
qui pare la contrée des Aṅga,
ces briseurs de mauvaise conduite
(kṛta-durnaya-bhaṅgānām Aṅgānām).
77§ 1 (65.3-4) Dans cette ville, Vāsupūjya, douzième Prince jaina, vécut les cinq grands événements (de sa vie) que doivent tenir en honneur les habitants des trois mondes : incarnation, naissance, ordination, omniscience et Libération67.
78§ 2 (65.5-8) Dans cette même ville, Lakṣmī, fille du roi Maghava, (lui-même) fils du prince jaina Vāsupūjya, mit au monde la princesse Rohiṇī en plus de huit fils. Au cours (de la cérémonie) du svayaṃvara, cette dernière jeta autour du cou royal d’Aśoka la guirlande de promis, l’épousa et devint reine principale. Avec les années, elle eut huit fils et quatre filles. Un beau jour, de la bouche des deux élèves de Vāsupūjya, Rūpyakumbha et Svarṇakumbha, Aśoka apprit que, si on ne lui connaissait pas de malheur, c’était à cause de l’ascèse de Rohiṇī dans une existence antérieure ; il révéla la (règle) pour les actes rituels en tous genres et atteignit la Libération avec son entourage68.
79§ 3 (65.9-10) Dans cette ville vivait jadis l’Ākhaṇḍala69 de cette terre nommé Karakaṇḍu ; après avoir pris conscience (d’une existence antérieure) d’éléphant-vyantara grâce à Pārśvanātha qui pérégrinait, encore chadmastha, dans la forêt Kādambarī, au bord de l’étang Kuṇḍa, situé en contrebas de la montagne Kali, le (roi) établit Kalikuṇḍa comme lieu saint (kali-kuṇḍa-tīrthatayā pratiṣṭhāpitavān)70.
80§ 4 (65.11-16) Dans cette ville encore, la très vertueuse Subhadrā* put, grâce à sa grandeur morale, ouvrir avec éclat ( ? sa-prabhavānam) trois portes de la ville bloquées par d’imposantes poignées (vikaṭa-kapāṭasaṃpuṭa*) en pierre, une fois qu’elle eut tiré de l’eau d’un puits à l’aide d’un tamis (titau*) relié à une corde au chanvre brut (āma-sūtra*)71 et les en eut aspergées. Elle laissa cependant une quatrième porte fermée, exactement comme elle était, sous les yeux du public, roi, etc., en disant : "Cette (porte) peut être ouverte par toute autre d’aussi bonne conduite que moi72". Mais à compter ce jour, les gens la virent pour longtemps exactement dans le même état. Avec le temps, en l’an 1360 V.S. (1303), pour s’approprier de la pierre utile à la (construction de la) forteresse de Śaṅkarapura*, le sultan Samasadīna*, émir de Lakṣaṇāvatī*, fit ouvrir la (quatrième) porte et se saisit de la poignée (kapāṭa-saṃpuṭa*)73.
81§ 5 (65.17-21) Dans cette ville, le roi Dadhivāhana se promenait, à dos d’éléphant, avec Padmāvatī, son épouse principale, pour satisfaire son désir de femme enceinte, quand, se rappelant un séjour dans le désert, l’éléphant fit chemin inverse. Le roi, culbuté, se tint agrippé à la branche d’un arbre. Tandis que l’éléphant poursuivait sa route, il s’en retourna vers cette ville qui était la sienne et l’atteignit. La reine, elle, pour n’avoir pas été capable (de faire comme son époux), arrivait, toujours sur l’(éléphant), dans le désert. Descendue de l’éléphant, elle enfanta ensuite un fils. L’(enfant) devint le roi du nom de Karakaṇḍu*. Au pays des Kaliṅga, alors qu’il s’apprêtait à combattre contre son père, il en fut empêché par sa mère, (devenue) norme. Ensuite, à la vue de la jeunesse, puis de la décrépitude d’un grand taureau, il devint pratyekabuddha* et atteignit la Libération.
82§ 6 (65.22-23) Dans cette ville, Candanabālā*, fille du roi Dadhivāhana, vit le jour, elle qui, à Kauśāmbī, dit la Tradition, mit fin au jeûne du Vénérable Mahāvīra*, au bout de six mois moins cinq jours, avec les grains (qu’elle versa) du coin de son panier en satisfaisant aux conditions concernant substance, lieu, moment et état d’esprit.
83§ 7 (65.24) Dans cette ville et à Pr̥ṣṭhacampā, Vīra* tint trois assemblées plénières pendant la saison des pluies74.
84§ 8 (65.25-6) C’est aux environs de cette même ville que le roi Aśokacandra, fils de Śreṇika, surnommé Kūṇika*, fonda comme capitale la nouvelle Campā resplendissante avec ses splendides campaka (navīnāṃ Campām acīkarac cāru-campaka-rociṣṇuṃ°° rājadhānīm)75 une fois qu’il eut quitté Rājagr̥ha à cause du chagrin (qu’il éprouvait au sujet) de son père.
85§ 9 (65.27-28) Dans cette même ville, le roi Karṇa, parure de la famille de Pāṇḍu, un exemple pour les plus généreux, exerça la royauté76. Aujourd’hui encore, on voit, dans cette ville, différents lieux qu’il a purifiés (de sa présence), tels la Śr̥ṅgāracaturikā*77, etc.
86§ 10 (65.29-66.2) Dans cette ville, le commerçant Sudarśana*, exemple à voir pour ceux qui voient juste (samyag-dr̥śāṃ nidarśanaṃ), fut tourmenté (upasargyamāṇa*) par la reine Abhayā*, épouse du roi Dadhivāhana, voulant qu’il s’unît à elle. Sur ordre du roi, il fut alors emmené pour être exécuté. Grâce à la présence de sa divinité tutélaire, attirée par le pouvoir et l’éclat de sa moralité inébranlable, il changea la pique en un trône en or (śvlīṃ haima-siṃhâsanatām anaiṣīt), puis il changea (aussi) l’épée tranchante en une guirlande de fleurs embaumantes78.
87§ 11 (66.3-5) Dans cette ville, le négociant Kāmadeva*, à la tête des disciples laïcs de Vīra, qui possédait dix-huit koṭi° d’or et six troupeaux avec (chacun) dix mille vaches, devint l’époux de Bhadrā. Tandis qu’il se tenait dans la maison des jeunes (pauṣadhâgāra), il eut beau être tourmenté par un dieu de fausse croyance (mithyā-dr̥g-devena upasargito*’pi) sous les formes successives d’un Piśāca, d’un éléphant et d’un serpent, il ne vacilla pas. Et le Seigneur l’en félicita au cours d’une assemblée plénière.
88§ 12 (66.6-8) Séjournant, au cours de sa vie errante, dans cette ville, le Maître Śayyambhava, qui connaissait les quatorze Pūrva, fit prendre les vœux à son fils Manaka, venu de Rājagr̥ha, puis il réfléchit, en appliquant la (connaissance) śrutajñāna°, que ce dernier n’avait que six mois à vivre et, pour son étude, il rédigea le Daśavaikālika à partir des Pūrva. On dit que, dans cet ouvrage, la Ṣaḍjīvanikā (4e chapitre) vient de l’Ātmapravāda (7e Pūrva), la Piṇḍaiṣaṇā (5e chapitre) du Karma-pravāda (8e Pūrva), la Vākyaśuddhi (7e chapitre) du Satyapravāda (6e Pūrva) et les autres chapitres du troisième chapitre du Pūrva Pratyākhyāna (9e Pūrva)79.
89§ 13 (66.9-11) Dans cette ville habitait l’orfèvre Kumāranandin*, qui, par la grandeur de sa fortune, humiliait le Donneur de richesses (Kubera)80 ; à la suite d’un amaigrissement extrême, il devint le souverain de (l’île) Pañcaśaila. Eveillé (bodhita*) par l’intelligence de l’avisé immortel81, son ami dans une existence antérieure, il sculpta en un délicat santal gośīrṣa la statue grandeur nature du dieu des dieux, Mahāvīra, avec ses ornements (jīvanta-svāminīṃ* sālaṇkārāṃ devâdhideva°°-śrī-Mahāvīra-pratimāṃ)82.
90§ 14 (66.12) Dans cette ville, à l’intérieur du temple Pūrṇabhadra83, Vīra* fit la déclaration suivante : "Celui qui escalade l’Aṣṭāpada atteint la Perfection dès cette existence84."
91§ 15 (66.13-4) Dans cette ville vivait le marchand du nom de Pālita, disciple laïc de Mahāvīra. Son fils (appelé) Samudrapāla*, parce qu’il était né au milieu de l’océan au cours d’une traversée maritime, fut éveillé (pratibuddha*) à la vue d’un condamné à mort que l’on conduisait puis il atteignit la Perfection.
92§ 16 (66.15-6) Dans cette ville, le fidèle Sunanda* blâma la saleté et la puanteur des moines et mourut. Il devint le fils d’un marchand à Kauśāmbī et prit les vœux. D’une puanteur grandissante, il se concilia, en position de kāyotsarga°, une divinité et put embaumer son corps.
93§ 17 (66.17) Dans cette ville eurent lieu l’aventure de la calomnie d’Aṅgar̥ṣi* et de Rudraka*, élèves de Kauśikārya, et aussi les aventures de Sujāta* et Priyaṅgu*.
94§ 18 (66.18-19) Ainsi cette ville est le théâtre d’histoires variées où sont manifestes les joyaux d’événements de toutes sortes85. Et telle une amie chère qui embrasse sur tout le corps (son amant) à tout instant, la plus belle des rivières (le Gange), aux eaux gonflées par la pluie purifiante des nuages, enlace, à chaque instant, les murs et les remparts de cette ville avec ses bras, les vagues qui se brisent.
1 [āryā] (Véritable) huître
où naissent des perles en série,
nobles héros et femmes très désirables
(uttama-tama-nara-nārī)
la ville triomphe, embellie (mālinī°°)
avec les nombreux trésors de ses merveilles variées86.
2 [anuṣṭubh] Que les gens avisés célébrent,
en mettant leur foi en lui,
le lieu de naissance de Vāsupūjya.
Dans cette pensée, le Maître Jinaprabha
a dit le kalpa de Campā.
15 : Kalpa de Kalikuṃḍa et de Kukkudesara
Sites
95Lieux-dits non identifiés.
Structure
96§ 1 Origine du tīrtha Kalikuṃḍa : cf. k. 35, Parallèles et § 3.
97§ 2 Origine du tīrtha Kukkuḍesara.
Traduction
98§ 1 (26.2-15) Il était une fois, dans la contrée des Aṃga, une forêt nommée Kāyaṃbarī non loin de la ville de Caṃpā que gouvernait le roi Karakaṃḍu. (Il y avait aussi) là une montagne nommée Kalī (et), en bas de coteau, l’étang nommé Kuṃḍa. C’est là que vivait l’éléphant Mahihara à la tête d’un troupeau. Un beau jour, Pāsa qui pérégrinait en tant que chadmastha°, se tint près de Kalikuṃḍa en position de kāyotsarga° et (aussitôt) le maître du troupeau, en voyant le Seigneur (Pāsa), se souvint de ses naissances et se dit : "Chez les Videha, j’étais le nain Hemaṃdhara. De jeunes coquins se riaient de moi. Aussi par dégoût, je me pendis à la branche d’un arbre dont les branches se penchaient vers moi, et, tandis que je voulais mourir, je fus aperçu du fidèle Suppaiṭṭha. Il me demanda la cause (de mon acte). Après avoir parlé selon son désir, je fus conduit auprès de son Maître. Il me fit revenir à la raison. Pour finir, je fis, en même temps qu’un jeûne suprême, le vœu suivant (pour ma renaissance) : "Puissé-je être grand dans une autre existence !" A ma mort, je devins éléphant dans cette forêt. Voilà pourquoi dans l’intention de servir le Vénérable, il prit des lotus dans l’étang qui lui servirent à honorer le Maître. Cet (éléphant) qui, d’abord tout retourné, était (ensuite) revenu à la raison, fit un jeûne suprême et devint un très puissant Vyantara. Ayant appris cette (aventure) extraordinaire de ses informateurs (cārehiṃto+), le roi Karakaṃḍu se rendit sur les lieux, (mais) ne vit pas le Maître. Le roi se répéta mortifié : "Heureux cet éléphant qui a pu rendre hommage au Vénérable, mais moi, que je suis malheureux !" Devant le roi qui se lamentait de la sorte, Dharaṇiṃḍa, grâce à son pouvoir, fit apparaître une statue (de Pāsa) mesurant neuf hasta°. Dans sa joie, le roi cria : "Victoire, victoire !", s’agenouilla devant elle et lui rendit hommage. Il fit aussi ériger un temple à cet endroit. Le roi révéla (au monde) le tīrtha de Kalikuṃḍa en contemplant le Tīrthaṅkara et en l’honorant trois fois par jour avec des fleurs, des grains de riz non décortiqués (pupphâmisa*), etc. A cet endroit, l’éléphant-Vyantara se manifeste et exauce les vœux (paccae pūrei°°)87. Il révéla les yantra, essentiellement le yantra des neuf entités (nava-jaṃtī) et les mantra de Kalikuṃḍa qui font les six ouvrages (ṣaṭ-karman). De même que la population d’un village est appelée village, de même le Jina résidant à Kalikuṃḍa est appelé Kalikuṃḍa.
99Voilà l’origine de Kalikuṃḍa88.
100§ 2 (26.16-26.26) Autrefois, le Seigneur Pāsa, (encore) chadmastha°, se tint à Rāyaurī en position de kāyotsarga°. Tandis que le roi Īsara, souverain de la ville, se rendait à cet endroit pour se divertir à la chasse, son barde du nom de Bāṇajjuṇa aperçut le Vénérable et fit l’éloge de ses qualités en ces termes : "Ce dieu°°89 est le Jina, fils du roi Āsaseṇa." En entendant cela, le roi descendit de son éléphant, puis, à la vue du Seigneur, il tomba évanoui. Quand il revint à lui, il fut interrogé par son ministre. Il raconta (alors) ses vies antérieures : "Dans une naissance antérieure, à Vasaṃtapura, j’ai d’abord été Cārudatta, puis le brahmane Datta. Tandis qu’affligé d’une maladie de peau (kuṭṭha*), je me jetais dans le Gange, je fus éveillé par un ascète cāraṇa°. J’observai alors les cinq vœux, non-violence, etc., j’atrophiai mes sens et renonçai à mes fautes.
101Un beau jour, alors que j’étais allé au temple et m’étais prosterné devant la statue du Jina, je fus aperçu du fidèle Pukkhali qui interrogea l’ascète Guṇasāgara : "Vénérable, y a-t-il ou non faute dans le fait que cet homme vienne au temple ?" L’ascète répondit : "Quelle faute y aurait-il pour un homme qui, venu de loin, se prosterne devant le dieu ? Encore aujourd’hui, cet (homme) deviendra un coq (kukkuḍa). " Alors que je me lamentais en entendant cela, le Maître m’éclaira à nouveau en ces termes : "Toi qui es un souverain de naissance, moyennant un jeûne ultime, tu seras à Rāyaurī, le roi Īsara." Alors, je fus content et je vécus tout cela. Ensuite, je naquis roi. A la vue du Seigneur, je me suis souvenu de ma naissance."
102Ayant raconté cela au ministre, le (roi) se prosterna devant le Vénérable et entonna un chant de louange. Alors que le Seigneur s’en était allé pérégriner ailleurs, le roi fit faire un temple à cet endroit. Et il fit consacrer une statue. Comme le lieu saint avait été révélé par le roi Īsara, le meilleur des coq (kukkuḍa), il fut connu sous le nom de Kukkuḍesara. Plus tard, le roi élimina son karman et fut libéré.
103Voilà l’origine du Kukkuḍesara.
[āryā] Le Maître Jiṇapaha a composé
le kalpa des deux tīrtha
Kalikuṃda et Kukkuḍesara.
Qu’il assure la prospérité des Perfectibles !
25 : Kalpa du lieu saint de Kāmpilyapura
Site
104Kaṃpilla (Kāmpilya) : Atlas 34 E 4 ; auj. Kampil, 27°35’N. et 79°14’E., village entre Badaon et Farrakhabad, dans le district de Farrakhabad (Dey 1927 p. 88, Sharma 1972 p. 95, IGI XIV p. 328-9) qui comporte des ruines de temples hindous et jaina (Sharma ibid.). Cunningham ASI XI p. 12-13 mentionne l’existence de temples jaina avec des statues, portant des inscriptions, qui lui ont paru dater du 16e ou 17e s.
Structure du texte et parallèles
105§ 1 Présentation du tīrtha : cf. III § 2.
106§ 2 Grands événements de la vie de Vimala (13e T.).
107§ 3 à § 9 Héros du tīrtha, résumés de légendes : cf. III § 3 et annexe 1 Āsamitta*, Saṃjaya*, Gāgali*, Dumuha*.
Remarques
108L’étymologie du site Paṃcakallāṇaya (non identifié) est à noter : les cinq grands événements de la vie d’un Jina sont, en effet, habituellement : incarnation, naissance, ordination, omniscience et Libération ; la mention du sacre (rajjâbhisea) comme grand événement est vraisemblablement un élément rajouté pour justifier a posteriori le nom Paṃcakallāṇaya.
Traduction
[āryā] Je proclame de façon condensée (kittemi samāseṇaṃ)
le kalpa de la ville de Kaṃpilla,
au lustre charmant grâce au temple, situé au bord du Gange,
du Jina Vimala (13e T.).
109§ 1 (50.3-4) Il existe, ici même, sur l’Ile du Pommier Rose, à l’est dans la moitié sud du pays de Bharaha, une contrée nommée Paṃcālā. Il y a là une ville du nom de Kaṃpillapura, dont le majestueux Gange, avec ses volutes et ses remous, purifie les remparts aussi bien que les murailles90.
110§ 2 (50.4-8) Dans cette ville naquit Vimala, le treizième Tïrthaṅkara : ce fils du roi Kayavamma, (lui-même) flambeau de la lignée des Ikkhāgu, vraie perle pour le nombril (en forme de) coquillage de Sāmādevī91, a pour emblème le sanglier et pour couleur celle de l’or pur. Ce Vénérable vécut là aussi cinq grands événements (paṃcakallānaiṃ) : incarnation, naissance, sacre (rajjâbhisea)92, ordination, omniscience93. C’est pourquoi (ittuccia+) il est né, à cet endroit, la ville du nom de Paṃcakallāṇaya. Et l’endroit précis, où les dieux le célébrèrent, du fait qu’il avait le sanglier (sūara) pour emblème, obtint le nom connu de Sūarakhitta.
111§ 3 (50.9-10) Dans cette même ville naquit Hariseṇa, le dixième Cakravartin, tout comme Baṃbhadatta, le douzième Monarque universel, vit le jour ici même94.
112§ 4 (50.11-14) Et à Mihilā, dans le sanctuaire Lacchīhara, 220 ans après la Libération du Jina Mahāvīra95, Āsamitta*, élève de Koḍinna, (lui-même) élève du Maître Mahāgiri, était en train de lire, dans le chapitre Neuṇṇiya de l’Aṇuppavāyapuvva, un passage (ālāvaga*) où il devait être dit que tout avait péri ou allait périr (chinna-cheyaṇaya-vattavvayāe) tombé dans l’hérésie (vippaḍinna°), il devint l’auteur du quatrième schisme (ninhava°). Il définit (alors) la théorie Samuccheiya et parvint ici à Kaṃpilla. Là, vivaient des laïcs jaina nommés les Khaṃḍakkha. Douaniers de leur état, ils l’éveillèrent par la peur tout autant que par les arguments (bhaeṇa uvavattīhi ya)96.
113§ 5 (50.15-16) Ici vécut le roi Saṃjaya*. Parti à la chasse, il vit des gazelles tuées dans le parc Kesarujjāṇa. Là, il vit l’ascète Gaddabhāli* : saisi de dégoût, il renonça au monde et atteignit la Bonne Voie.
114§ 6 (50.17-19) Dans cette même ville vécut (āsi) le prince Gāgali*, neveu de Sāla et Mahāsāla, rois de Piṭṭhīcaṃpā, (et) fils de Piḍhara et Jasavaī. Ses oncles le firent venir de cette ville et le sacrèrent roi de Piṭṭhīcaṃpā, tandis qu’eux-mêmes prirent l’ordination en présence du Seigneur Goama. Plus tard, Gāgali aussi adopta, en compagnie de sa mère et de son père l’ordination jaina en présence du Seigneur Goama et fut libéré.
115§ 7 (50.20-22) Dans cette même ville, le roi Dumuha*, ainsi nommé à cause du reflet de son visage dans les joyaux d’un divin diadème, vint à voir, au cours de la grande fête des fleurs, une bannière d Iṃda magnifiquement décorée qu’honoraient et adulaient de hauts personnages. Mais le jour suivant, il vit cette même (bannière) tombée à terre, foulée aux pieds et traitée avec mépris. Il perçut donc la (véritable) nature de l’honneur et du mépris et devint pratyekabuddha*.
116§ 8 (50.23) Dans cette même ville, la très vertueuse Dovaī, fille du roi Duvaya, choisit pour époux les cinq Paṃḍava97.
117§ 9 (50.24-26) Dans cette même ville, le roi Dhammarui fut appréhendé sur l’ordre du roi de Kāsī, dont les Pisuṇa98 avaient provoqué la colère : ils l’avaient accusé d’avoir rendu hommage à la statue d’un Prince jaina en l’attirant ( ? ukkheḍia*) avec la pierre de sa bague. (Mais) grâce à la puissance de son dharma, Vesamaṇa envoya la troupe ennemie avec forces et véhicules à Kāsī par la voie des airs et (ainsi) le sauva. Dhammarui devint l’object du respect de ce même roi (de Kāsī).
118§ 10 (50.27-28) Théâtre°° de ces exploits-là et de bien d’autres, (tous) de véritables joyaux, cette ville est un grand lieu saint99. Moyennant un pèlerinage en cette ville, les Perfectibles qui font prospérer l’Enseignement jaina, obtiennent le bonheur dans ce monde comme dans l’autre et aussi le (karman) Tīrthaṅkara-nāma-gotra.
[āryā] Qu’après avoir foulé aux pieds leurs ennemis, les mauvais
actes (pillia ku-kamma-riuṇo),
les honnêtes gens lisent (paḍhaṃtu asaḍhā iya) le kalpa
de (cet) excellent lieu saint, la ville de Kaṃpilla100 !
Tel est le message du Maître Jiṇappaha.
20 : Kalpa de Ratnavahāpura
Site
119Ratnavāhapura, alias Ratnapura (20)33.30, Atlas 34 F 5 ; auj. Ratanpur 22°17’N. et 82°11’Е., dans l’actuel Madhya Pradesh (IGI XXI p. 238-239). Ce n’était plus qu’une ville en ruines à l’époque où l’a visitée Cunningham, cf. ASI VII (1873-74) p. 214-16 : le plus ancien temple de la ville était le dénommé Mahāmāhi. A proximité, il y avait quelques vestiges d’apparence jaina : parmi eux, une grande statue assise avait le symbole du serpent.
Structure du texte
120§ 1 Présentation du tīrtha : cf. III § 2.
121§ 2 Grands événements de la vie de Dharmanātha (15e T.).
122§ 3 Légende de Nāgakumāra : cf. IV § 5.
123§ 4 Pratiques contemporaines de Jinaprabha.
Remarques
124§ 3 Détail iconographique (nāgamūrti) justifié par une légende.
125§ 4 Pratiques populaires.
Traduction
[anuṣṭubh] Après m’être prosterné devant Dharmanātha
(15e T.), demeurant à Ratnavāhapura,
je dis, comme je le puis, le kalpa
de cette précieuse ville.
126§ 1 (33.3-4) Il existe ici même sur le continent du Pommier Rose, au pays de Bharata, dans la contrée des Kośala, une ville ornée de forêts profondes où les rayons du soleil brûlant sont couverts par la couverture que forment feuilles, fleurs et fruits, en abondance sur les branches des grands arbres de toutes espèces (nānā-jātīyôccaistara-śākhi-śākhābahula-kusuma-phala-channatā-chādita-ghanna-ghr̥ṇi-kara-galiana-vana-maṇḍita°°)101 : c’est la ville du nom de Ratnavāha, charmante avec la rivière Gharghara et ses cascades aux eaux rafraîchissantes, pures et généreuses (śītala-vimala-bahala-jala-nirjhara-gharghara-nadabandhuraṃ°° Ratnavāhaṃ nāma puram)102.
127§ 2 (33.4-8) Dans cette ville, le quinzième Tīrthaṅkara, flambeau de la famille des Ikṣvāku, descendit du Char de la Victoire, avec la séduction d’un corps dont s’était épris l’or séducteur (kanat-kanaka-kānta-kāyakāntiḥ), le foudre pour emblème et une taille de quarante-cinq cāpa (dhanus°), puis il vint dans le palais du roi Bhānu et dans la matrice de la reine Suvratadevī pour être leur fils103. Ensuite, ce (T.) qui avait reçu de son père le nom de Dharma, obtint, dans cette même ville, naissance, ordination et omniscience104. Il fut libéré au sommet du mont Sammeta (nirvr̥ttaś ca Sammeta-śikhari-śikhare)105. Et dans cette même ville, le temple de Dharmanātha, rafraîchissant les yeux des gens (jananayana-janita-śaityam°°)106, assisté d’un dieu Nāgakumāra (Nāgakumāradevâdhiṣṭhitam)107, vit au bout d’un certain temps le jour (kaleṇa nirvr̥ttam)108.
128§ 3 (33.9-29) Dans cette ville vivait un potier habile de son métier. Son fils, devenu adolescent, sortait de chez lui, car il avait le vice du jeu (krīḍā-durlalitatayā), pour aller dans ce temple qui possédait des salles de récréation (tatra rāmaṇīyaka-śālini caitye) et il y jouait, tout son soûl, à toutes sortes de jeux : dés, etc. A cet endroit, le prince des Nāga109, ayant pris forme humaine par amour du jeu, se mit à jouer chaque jour avec le fils du potier. Le fils qui n’accomplissait pas son métier de potier, héréditaire dans la famille (kula-kramâgata-kulāla-karmāṇy anirmimāṇaḥ) était, chaque jour, accablé de mauvaises paroles par son père. Mais ses propos n’eurent aucun effet. Le père le battit alors rudement et par force, il se mit à exécuter son ouvrage : extraire de l’argile, la faire venir, etc. A l’affût d’une occasion, il s’en retournait dans ce temple et, de temps à autre, recommençait à jouer de la même façon avec le Nāgakumāra. L’Immortel Nāga (Nāgāmara) lui demanda : "Pour quelle raison ne viens-tu pas jouer comme précédemment sans interruption ?" Le (garçon) répondit : "Mon père est irrité contre moi : à moins d’accomplir son métier, me dit-il, on peut difficilement arriver, à remplir les creux de la cavité du ventre (sva-karma-nirmāṇam antareṇa katham iva jaṭhara-piṭhara-vivara-pūraṇam upapadyata iti)". Entendant cela, le prince des Nāga (tad ākarṇya Dr̥k-karṇa-kumāraḥ) lui dit ce qui suit : "Dans ces conditions, à la fin du jeu, je deviendrai un serpent rampant à la surface de la terre (bhū-pīṭhe viluṭhya*). Avec l’instrument de fer servant à extraire de l’argile, tu couperas (alors) dans ma queue un morceau de quatre aṅgula° (ca. 8 cm), pas davantage, et tu le prendras. Il se transformera en bel or (cāru-cāmīkara). Avec cet or, tu auras le vivre et le couvert pour ta famille." Une fois que le (prince des Nāga) eut dit cela par amitié, le garçon procéda chaque jour exactement ainsi. Il remit cet or à son père, mais il ne révéla pas le secret. Un beau jour où son père l’avait interrogé sans lui laisser de répit, la peur lui fit raconter ce qu’il en était. Alors, mi-rieur, mimoqueur, le père lui dit : "Idiot que tu es ! Pourquoi donc coupes-tu seulement quatre aṅgula° ? Si tu en coupais plus, tu en aurais bien davantage !" Le (garçon) repartit : "Papa ! Ce n’est pas pour cela que je ne puis en couper plus que la mesure, mais bien parce que je tiens à ne pas transgresser la parole d’un dieu qui est mon ami !" Alors le père, l’esprit égaré par le trouble de la convoitise, suivit son fils à la dérobée (pracchannam anuvavraje), tandis qu’il se rendait, pour jouer, dans le temple110. Le jeu terminé, à peine le (prince des Nāga) fut-il devenu un serpent (pannagatām āpannaḥ) rampant à la surface de la terre (dharaṇī-pīṭhe viluṭhya*), le potier lui trancha aussitôt de sa pioche (kuddālikā*) la moitié du corps, alors qu’il entrait dans un trou. Alors, sous le coup de la colère (kopâṭopāt*), le prince des Nāga (Nāgakumāra) injuria le garçon avec emportement : "Ah ! Vaurien ! Tu trahis le secret !" (Là-dessus), il mordit l’enfant de ses crochets venimeux (daṃṣṭrā-sampuṭena* daṣṭvā), provoquant sa mort. Puis il fit subir au père (le même sort). Sous l’excès de sa colère, il fit une bouchée de toutes les familles de potiers (roṣa-prakarṣāt sakalāny api kulāla-kulāni kālakavalitāni kr̥tāni).
129§ 4 (33.25-30) C’est depuis ce moment-là, que, jusqu’à nos jours, il ne réside à Ratnavāhapura pas une seule personne vivant (du métier) de la roue (cakra-jivana-jātīyaḥ). Les gens n’ont des ouvrages de poterie qu’en les faisant venir d’ailleurs. Et dans cette ville, les pèlerins à la juste croyance honorent exactement de la même façon, aujourd’hui encore, la statue de Dharmanātha encadrée d’une figuration de Nāga, une fois qu’ils ont procédé à la célébration de nombreux rites. Et aujourd’hui encore, quand il vient à ne pas pleuvoir pendant la mousson, les fidèles d’autres obédiences (parasamayin) baignent le Vénérable avec des milliers de cruches de lait au nom de Dharma-rāja ("Roi Dharma"). Il tombe sur-le-champ une excellente pluie d’orage. Et Kandarpā, la déesse tutélaire de (Dharma), tout comme Kinnara, son Yakṣa tutélaire111 assurent l’obtention des vœux ainsi que la suppression des obstacles (anartha-pratighātam artha-prāptim°°)112 de ceux qui sont entièrement et assidûment dévoués à rendre hommage (sevā-hevāka*-cañcarīkāṇām)113 aux pieds-lotus de Dharmanātha.
[anuṣṭubh] Voilà le kalpa de Ratnavāha,
nommée auparavant Ratnapura,
composé, selon la Tradition,
par le Maître Jinaprabha.
16 : Kalpa de Hastināpura
Site
130Hatthiṇāura (Hastināpura) = Gajapura : Atlas 34 E 3 ; auj. Hastināpur.
Structure du texte et parallèles
131§ 1 Fondation légendaire de Hastināpura : cf. III § 2
132§ 2 Grands événements de la vie de Saṃti, Kuṃthu, Ara.
133§ 3 à § 8 Résumés de légendes : cf. annexe 1 Usabha*, Viṇhukumāra*, Gaṃgadatta*, Kattiya*.
134§ 9 à § 10 Autres merveilles du tīrtha.
Remarques
135Fête : Akkhayataiyā* (Akṣayatr̥tīyā) : cf. IGI VII p. 382.
Traduction
[āryā] Après m’être prosterné devant les Seigneurs
Saṃti (16e T.), Kuṃthu(17e T.), Ara(18e T.), Malli114
qui se tiennent à Gayaura 115,
je proclame de façon condensée (pabhaṇāmi samāsao)
le kalpa du lieu saint de Hatthiṇāura116.
136§ 1 (27.3-7) Āititthesara (R̥̥ṣabha) avait deux fils, le Souverain Bharaha ainsi que Bāhubali117. Bharaha avait quatre-vingt-dix-huit frères coutérins118. Adoptant la vie religieuse en cet endroit, le Vénérable (R̥̥ṣabha) sacra Bharaha (roi) à sa place119. Bāhubali reçut Takkhasilā120. De la même façon, tous les autres (frères) reçurent un royaume chacun à un endroit différent121. Du nom du prince Aṃga naquit l’Aṃgadesa. Du nom de Kuru, le Kurukhitta devint célèbre. Mutatis mutandis le même procédé (vibhāsā*) valut pour Vaṃga, Kaliṃga, Sūraseṇa, Avaṃti, etc.122. Le roi Kuru avait (hutthā) un fils, le roi Hatthī, qui fonda (la ville de) Hatthiṇāura123. Là coule la Bhāgīrahī gonflée d’eaux purifiantes (pavitta-vāri-pūrā°°)124.
137§ 2 (27.8-9) Dans cette ville naquirent les Guides Saṃti, Kuṃthu, Ara, respectivement les seizième, dix-septième et dix-huitième Princes jaina. Devenus plus tard les cinquième, sixième et septième Cakravartin, ils connurent la prospérité dans les six parties du pays de Bharaha. C’est là aussi qu’eurent lieu leur ordination comme leur omniscience125.
138§ 3 (27.10-11) Dans cette même ville, le Vénérable Seigneur Usaha*, après un jeûne d’une année durant, institua le jour de l’Akkhaya-taiyā* (consacrant) sa première rupture de jeûne avec du jus de carme à sucre dans la maison de Sejjaṃsakumāra, petit-fils de Bāhubali126, qui connaissait la règle du don, car, il s’était souvenu de ses naissances antérieures à la vue du Maître des trois mondes (R̥̥ṣabha). Survinrent ensuite les cinq prodiges (paṃca-divvāiṃ°)127
139§ 4 (27.12) Le Seigneur Malli tint son assemblée plénière dans cette même ville128.
140§ 5 (27.13-14) Dans cette ville, le grand ascète Viṇhukumāra*, grâce à la puissance de son ascèse, se façonna un corps d’une taille d’un lakh de yojana ; capable (ainsi) de franchir en trois pas les trois mondes, il donna une leçon (sāsitthā) à Namui*129
141§ 6 (27.15) Dans cette ville naquirent de grands hommes, tel Saṇaṃkumāra (4e C.), Mahāpauma (9e C.), Subhūma (8e C.) et Parasurāma130.
142§ 7 (27.16) Dans cette ville naquirent les cinq Paṃḍava, héros suprêmes dont c’était la dernière incarnation, ainsi que d’innombrables grands rois dont Dujjohaṇa131.
143§ 8 (27.17-18) Dans cette ville, le marchand Gaṃgadatta, maître (d’une fortune) de sept koṭi° d’or (satta-koḍi-suvaṇṇâhivaī)132, renonça au monde en présence du Seigneur Muṇisuvvaya. Le marchand Kattiya*, âme de Sohammiṃda (Śakra), (fit de même) avec mille autres marchands, par dégoût d’avoir dû servir un moine (śivaïte, parivāyaga*), sous la contrainte du roi (Jiyasattu)133.
144§ 9 (27.19) Dans cette grande ville, se trouvaient les charmants sanctuaires des Jina Saṃti, Kuṃthu, Ara, Malli ainsi que le temple d’Aṃbādevī134.
145§ 10 (27.20-21) Si donc, dans cet important lieu saint, théâtre de nombreux milliers de merveilles (aṇeg’accharia-sahassa-nihāṇe°°)135, on propage l’Enseignement jaina (et) célèbre la grande fête du pèlerinage selon la règle (vihi-puvvaṃ jattā-mah’ūsavaṃ nimmavaṃti), on détruit, moyennant quelques existences (futures), les particules de karman et parvient à la Perfection136.
[sk., anuṣṭubh] Que ce kalpa, même tout petit
(kalpaḥ svalpataro ‘pi)
du lieu saint nommé Gaja(ura) devienne,
en exauçant les désirs des Justes (satāṃ saṅkalpa-sampūrtau),
un kalpa (qui soit un) arbre des désirs
(dhattāṃ kalpadru-kalpatām).
50 : Hymne de Hastināpura
Site
146cf. k.16.
Structure et parallèles
147cf. I § 1.1 et k.16 (notes).
Mètre
148anuṣṭubh.
Bibliographie
149Traduction anglaise : Balbir 1990 p. 186-188.
Traduction (94.2-25)
1 Après avoir rendu hommage aux honorables de ce monde,
les glorieux Śānti (16e T.), Kunthu (17e T.) et Ara (18e T.),
je fais l’éloge du louable lieu saint appelé Gaja(pura)
en des louanges destinées aux Seigneurs protecteurs du lieu
(vāstoṣ-pati*).
2 La reine aux cent fils et le Fils de Nābhi (R̥̥ṣabha)
eurent, entre autres fils, le roi Kuru.
En vertu de son nom,
ce royaume fut dénommé Kurukṣetra137.
3 Le fils de Kuru fut Hastin.
On appela la ville qu’il fonda
Hastināpura :
c’est un réceptacle de merveilles multiples (anekâścarya-sevadhi°°)138.
4 La première rupture de jeûne du Seigneur Yugādiprabhu (R̥̥ṣabha*)
eut lieu, riche des cinq prodiges divins (pañca-divyâḍhyā),
auprès de Śreyāṃsa*
avec un pur jus de canne à sucre139.
5 Trois Jina, Śānti, Kunthu et Ara
naquirent ici.
Ici même, ils connurent
en tant que rois de la terre, la fortune universelle140.
6 Et Malli (y) tint une assemblée plénière141.
Les quatre temples qu’il fit construire
apparaissent aux fidèles
comme des merveilles de majesté
(śrāddhair vīkṣyate mahimâdbhutā °°)142.
7 En ce lieu resplendit (bhāsate°°),
purifiant les yeux des gens (jagan-netra-pavitrīkāra-kāraṇa°°)143,
le temple de la déesse Ambikā
qui brise les infortunes des pèlerins (yātrikôplava-chid°°)144.
8 La Jāhnavī (le Gange) purifie
les murs des temples de cette (ville)
de ses ondes encore gonflées par ses remous (vīci*),
comme elle purifie ceux qui, dans leur dévotion, désirent s’y baigner.
9 Il y eut iciles Cakravartin,
Sanatkumāra, Subhūma et Mahāpadma,
et aussi les cinq Pāṇḍava
qui ont épousé la gloire de la Libération145.
10 Les marchands Gaṅgadatta et Kārtika*
devinrent (ici) les élèves
du Seigneur Suvrata146.
Viṣṇu* donna ici une leçon à Namuci*147.
11 Les Perfectibles, à la dévotion sincère,
organisent ici un pèlerinage
qui chasse l’orgueil de l’ère kali (kali-darpa-druh°°)148,
retentit de musique et dépense la richesse des Justes.
12 Quatre grands événements (de la vie)
de Śānti, Kunthu, Ara eurent lieu
dans leur ville, ravissant le peuple de l’univers.
Leur Cessation eut lieu, elle, sur le Mont Sammeta.
13 Le septième jour de la quinzaine sombre
de Bhādra (août-septembre),
le neuvième de la quinzaine claire
de Nabhas (juillet-août),
le deuxième de la dernière quinzaine claire
de Phālguna (février-mars),
sont les dates (respectives) de leur descente du ciel.
14 Le treizième jour de la quinzaine sombre de Jyeṣṭha (mai-juin),
le quatorzième de celle de Mādhava (avril-mai)
et le dixième de la quinzaine claire de Mārga (novembre-décembre)
sont les dates (respectives) de leur naissance.
15 Le quatorzième jour de la quinzaine sombre de Śukra (mai-juin),
le cinquième de la quinzaine sombre de Rāgha (avril-mai),
le onzième de la quinzaine claire de Sahas (novembre-décembre)
sont les dates (respectives) de leur ordination.
16 Le neuvième jour de la quinzaine claire
de Pauṣa (décembre-janvier),
le troisième de la quinzaine claire
de Madhu (mars-avril),
le douzième de la quinzaine claire
d’ūrja (octobre-novembre)
sont les dates (respectives) de leur omniscience.
17 Le treizième jour de la quinzaine sombre
de Śukra (mai-juin),
le quinzième de la quinzaine claire
de Caitra (mars-avril),
le dixième de la quinzaine claire
de Mārga (novembre-décembre),
sont les dates (respectives) de leur Libération.
18 Si ce lieu où sont nées tant de perles humaines telles que vous,
détruit, à peine est-il effleuré,
le mal dès lors qu’on est éduqué,
que n’accomplit-il pas lorsqu’on prononce son éloge149 !
19 Longue vie à ce joyau des tīrtha sur la terre
qui resplendit°° grâce à de telles merveilles à l’actif de ses hommes
et par les fêtes dédiées à ses trois Jina150.
Longue vie à Gajapura que purifie le contact
des eaux de la Bhāgīrathī.
20 En l’an 1255 de l’ère Śaka151 (1233)
le sixième jour de la quinzaine claire du mois de Vaiśākha (avril-mai),
le Prince des ascètes, accompagné de sa communauté
qui était venue célébrer la fête de pèlerinage,
composa la louange de Gajapura :
(j’ai nommé) Jinaprabha.
19 : Kalpa du lieu saint de Mithilā
Site
150Mihilā (Mithilā) : Atlas 34 G 4 ; auj. Janakpur : cf. DEY 1927 p. 130 ; ASI XVI p. 34-5 ; IGI XVII p. 380.
Structure du texte et parallèles
151§ 1 Présentation du tīrtha : cf. III § 2.
152§ 2 Grands événements de la vie de Malli et Nami (19e, 21e T.).
153§ 3 à § 10 Merveilles du tīrtha.
154§ 4 et § 5 Résumés de légendes : cf. Nami*, Āsamitta*.
Remarques
155On note de menues, mais réelles indications géographiques (§ 1) : Tīrahutti et Jaṇai, les noms du Videha et de Mithilā au 14e s. (cf. III § 2), ou topographiques (§ 9) : des lieux saints spécifiques, non jaina : Sākallakuṃḍa*, Pāyālalimga* non identifiés (cf. annexe 3 no 6).
Traduction
[āryā] Après m’être prosterné aux pieds-lotus des Jina
Malli (19e T.) et Nami (21e T.),
devant lesquels les dieux (aussi) se prosternent,
je dis brièvement le kalpa (kappaṃ jaṃpemi leseṇaṃ)
de la grande ville de Mihilā.
156§ 1 (32.3-7) Ici même, au pays de Bharaha, à l’est, il y a une contrée du nom de Videhā. On l’appelle, à présent, Tīrahutti*. Et là, on voit, autour de chaque maison, des bouquets de bananiers courbés sous le poids de leurs beaux fruits sucrés. Et les voyageurs s’y régalent de gâteaux ou de boulettes de riz cuites dans du lait (civiḍayāṇi duddha-siddhāṇi pāyasaṃ ca bhuṃjaṃti). De place en place, on trouve des bassins, des puits, des réservoirs et des rivières aux eaux bienfaisantes. Même les gens (parlant le) prakrit (pāgaya-jaṇā) maîtrisent le sanskrit (sakkaya-bhāsā-visārayā) et il y a d’habiles et excellents connaisseurs d’une foule de traités (aṇega-sattha-pasattha-ainiuṇā). Là se trouvait la ville, regorgeant de richesses152, du nom de Mihilā. Elle est connue, à présent, sous le nom de Jaṇai*153. Non loin de cette (ville) se trouve Kaṇaipura* où réside Kaṇaya, le frère du grand roi Jaṇaya.
157§ 2 (32.8-9) Dans cette ville, Mihilā, le (seul) Tīrthaṅkara féminin, le Vénérable Mallināha, enfant du roi Kuṃbha et de la reine Pabhāvaī, ainsi que le Jina Nami, fils du roi Vijaya et de la reine Vappā, vécurent (quatre) grands événements de leur vie : incarnation, naissance, ordination, omniscience154.
158§ 3 (32.10) Dans cette ville eut lieu la naissance d’Akaṃpia, le huitième gaṇadhar° de Vīra155.
159§ 4 (32.11-2) Dans cette ville, le grand roi Nami*, fils de Jugabāhu et de Mayaṇarehā, devint pratyekabuddha* après l’épisode du bruit des bracelets (balaya-sadda-vaiyareṇa*) ; la fermeté de son dégoût fut éprouvée par Sohammiṃda (Śakra).
160§ 5 (32.13-5) Dans cette même ville, dans le sanctuaire Lacchīhara, deux cent vingt ans après la Libération de Vīra (307 av. J.-C.), Äsamitta* du gotra de Koḍinna, élève d’AjjaMāhgiri, lut un chapitre intitulé Niuniya dans l’Aṇuppavāyapuvva, tomba dans l’hérésie (vipaḍivaṇṇa°), inventa la théorie Sāmuccheiya. Ainsi, malgré l’opposition de grands Maîtres forts d’arguments jaina (pāvayaniya-therehim aṇegaṃta-vāya-juttihiṃ nivārijjamāṇo vi), il fut l’auteur du quatrième schisme (ninhava°)156.
161§ 6 (32.16) Les rivières Bāṇagaṃgā* et Gaṃḍaī* dont les eaux furent purifiées jadis par les pieds-lotus du Seigneur Mahāvīra, confluent dans cette ville et la rendent pure157.
162§ 7 (32.17) Dans cette ville, Caramatitthayara (Mahāvīra*) passa (six) saisons des pluies.
163§ 8 (32.18) Dans cette ville, le grand figuier, sur le lieu de la naissance de la très vertueuse Jaṇayasuā (Sītā), est connu de tous158.
164§ 9 (32.19-20) Dans cette ville, l’endroit où ont été mariés Rāma et Sīyā est connu dans le monde sous le nom de Sākallakuṃḍa*. Et il existe de nombreux lieux saints non jaina (loiya*-titthāṇi) : Pāyālaliṃga*159, etc.
165§ 10 (32.21-2) Et dans cette ville, dans le temple de Mallināha, la déesse Vairuṭṭā et le Yakṣa Kubera, suppriment les obstacles pour les Perfectibles (ārāhaya-jaṇāṇaṃ avaharaṃti° °), tout comme le font, dans le temple de Nami, la déesse Gaṃdhārī et le Yakṣa Bhiuḍī160.
[āryā] Ainsi, tous ceux qui, auprès de Jinappaha,
écoutent et récitent ce kalpa de Mihilā,
se jettent, autour du cou, une couronne de choix,
la Libération.
38 : Kalpa de la ville de Vārāṇasī
Site
166Vārāṇasī : Atlas 34a F 4 ; auj. Vārāṇasī 25°18’N. et 83°1 ‘Е. : IGI VI p. 189-93 ; Eck 1983 "Banaras, City of Light". London. Pour des études plus spécifiques, voir Eck 1978 Purāṇa XX p. 169-92 ; Eck 1980 Purāṇa XXII p. 81-101.
Structure du texte
1671 Description stéréotypée : cf. III § 2.
168§ 2 à § 9 Résumés de légendes canoniques.
169§ 10 Légende de Hariścandra.
170§ 11 à § 18 Merveilles du lieu saint.
Parallèles
171§ 3 Cf. annexe 1 Pārśva*.
172§ 4 Jayaghoṣa et Vijayaghoṣa :
Utt XXV v. 1-45 : Jacobi 1895 p. 137-41 ;
UttCū 268.2-269.3 ; UttS 520a.7-531b.3.
173§ 5 Cf. annexe 1 Dharmaruci*.
174§ 7 Cf. annexe 1 (Harikeśa)Bala*.
175§ 8 Nandaśrī :
ÄvN 1307 ; ĀvCū II 202.2-7 ; ÄvH 7I3b.5-714a,5.
176Trad : Balbir 1986 p. 930-31.
177§ 9 Dharmaghoṣa :
ÄvN 1311 ; ĀvCū II 204.7-12 ; ÄvH 716a.2-716b.2.
178Trad : Balbir in Granoff 1990 p. 63.
179§ 10 Hariścandra
180Parmi les textes que j’ai pu consulter, les plus proches de la présente version figurent dans deux ouvrages jaina : l’un du 12e s., le Satyahariścandra de Rāmacandra, résumé dans Gupta 1962 p. LXXI-III, l’autre du 13e s., le Pārśvanāthacarita (III v. 556-1033) de Bhāvadeva, analysée dans Bloomfield 1985,11919 p. 91-102. Plusieurs motifs de cette légende pan-indienne apparaissent, dès le 3e s., dans l’œuvre bouddhique de Seng Houei (cf. Chavannes 1962, no 6 et no 13). Un récit parallèle aux versions jaina se lit dans le MārkaṇḍeyaPurāṇa (VII et VIII), daté du 3e-4e s. selon Hazra 1940 p. 8-13, et dans le Caṇḍakauśika de Kṣemīśvara édité et traduit par Gupta 1962. Plus éloignée est la version tardive (ca. 11e s.) du DevībhāgavataPurāṇa (chap. VII 18-27).
Remarques
181Parmi les merveilles de ce tīrtha pan-indien, on note des éléments hindous : la légende de Hariscandra et la mention de sources non jaina (§ 11), des éléments d’une tradition bouddhiste : le stūpa Dharmekṣā* (§ 17 ; cf. annexe 3).
182Quelques indications topographiques sont par ailleurs présentes : la division de Vārāṇasī en quartiers difficiles à identifier (§ 13), la mention de la ville Candrāvatī* (§ 18) : cf. annexe 3.
Traduction
183[sālinī] Après nous être prosterné devant Supārśva,
au nom véridique,
et devant Pārśva qui aplanit les infranchissables obstacles
(nyancitānighna-vighna °°)161,
nous disons le kalpa de Vārāṇasī, la perle
des lieux saints : les enjolivements de style en chassent la rigueur
(sat-kalpanāpoḍha-kalpa)162.
184§ 1 (72.4-6) Il existe ici même en la moitié sud du pays de Bharata, dans la partie centrale, une ville embellissant la contrée de Kāśi, qui est elle-même embellie°° du fleuve du Septentrion, ce fleuve des Trente (dieux)163 et comblée (par ailleurs) d’argent, d’or et de pierres précieuses : c’est Vārāṇasī, le théâtre de merveilles fort considérables (garīyasām adbhutānāṃ nidhānam°°)164. Comme en cette ville, les deux rivières nommées Varaṇā et Asi165 confluent avec le Gange, on dit Vārāṇasī : telle est l’étymologie bien connue de son nom (Vārāṇasîti nairuktam nāmāsyāḥ prasiddham)166.
185§ 2 (72.7-10) Dans cette ville, Supārśva, l’excellent septième Jina descendit dans la matrice de la reine Pṛthvī, épouse du roi Mahīpati, de la lignée des Ikṣvāku, et vit le jour. Les habitants des trois mondes firent résonner pour lui le tambour de la gloire. Il avait le corps marqué d’un svastika, mesurait deux cents dhanus° et avait la couleur de l’or. Plus tard, il connut la fortune d’un riche royaume. Ensuite, il fit don d’une année de revenus (sāṃvatsarikaṃ dānaṃ)167. Dans le Sahasrāmravaṇa, il prit l’ordination (dīkṣām ca kakṣïkr̥tya). Tandis qu’il menait une vie itinérante, en tant que chadmastha°, il obtint, au bout de neuf mois, la pure omniscience, puis se rendit sur le mont Sammeta et fut libéré168.
186§ 3 (72.11-4) Et Pārśvanātha*, le vingt-troisième Souverain jaina, fils de l’Ikṣvāku Aśvasena169, né de la matrice de Vāmā, vit aussi le jour (dans cette ville) : il avait le serpent pour emblème, une taille de neuf kara° et un corps de couleur bleue170. Il était encore prince, quand, ayant à son actif le poids d’une bonne conduite, il obtint l’omniscience dans le parc Āśramapada. Atteignant ensuite sur cette même montagne (Saṃmetagiri) le stade ultime (śailesīm° avāpya)171 il fut libéré. Dans cette même ville, du temps où il était prince, le Vénérable eut beau savoir que l’ascète Kamaṭha*, pratiquant l’ascèse des cinq feux à Manikarṇikā172, serait, dans le futur, l’origine de son infortune, il n’en fit pas moins voir à sa mère et à la foule le serpent à demi consumé par les flammes flambantes à l’intérieur d’une pièce de bois et brisa (ainsi) celui qui était sur le mauvais chemin173.
187§ 4 (72.15-20) Dans cette ville vécurent deux frères jumeaux du gotra de Kāśyapa, les deux excellents brahmanes Jayaghoṣa et Vijayaghoṣa qui étaient accomplis, connaissant les quatre Veda et les six karman (des brahmanes, ṣaṭ-karma-karmaṭhau). Un jour, Jayaghoṣa alla se baigner dans le Gange. Là, il aperçut une vipère en train de dévorer une grenouille. Il vit ensuite une orfraie soulever le serpent et le laisser tomber à terre. L’orfraie attaqua le serpent et s’immobilisa. En voyant que l’orfraie dévorait goulûment (caṇḍa-grāsaiḥ khādantam) le serpent et que cet (animal), tout en étant lui-même la proie de l’orfraie, mangeait la grenouille qui faisait couic (cīt-kurvāṇa*-maṇḍūka-bhakṣiṇam), il fut éveillé (pratibuddha*). Il prit les vœux. Plus tard, pour une nuit, il adopta la position de la statue, puis, reprenant sa marche, il arriva dans sa ville. A la rupture d’un jeûne d’un mois, il entra dans un enclos à sacrifices. Là, il fut repoussé par les brahmanes qui refusaient de lui donner une aumône. Leur expliquant alors la conduite que prônait la Tradition, il réussit à éveiller (pratyabūbudhat) son frère et les brahmanes. Détaché (du monde), Vijayaghosa prit les vœux. Tous deux obtinrent la Libération (mokṣaṃ prāpatuḥ)174.
188§ 5 (72.21-7) Dans cette ville, le batelier nommé Nanda, parce qu’il tenait à recevoir le prix de la traversée (tara-paṇya-jighr̥kṣayā), malmena (le moine) Dharmaruci* qui aspirait, lui, à la Libération. Ayant été ensuite réduit en cendres par un "hum” du moine, Nanda devint successivement coucou domestique à la cour, oie sauvage sur la berge de la Mr̥tagaṅgā, lion sur la montagne Añjana. Ayant succombé à une émission de tejas du même ascète, il renaquit comme brahmane dans cette ville de Vārāṇasī. Ayant péri tout à fait de la même manière, il devint roi à cet endroit aussi. Au souvenir de ses naissances, il composa un vers et demi. Une autre fois, comme il avait compris à l’achèvement de la stance que l’ascète était arrivé dans la ville, il alla le trouver, après avoir sollicité de lui la vie sauve (abhaya-yācana-purassaram+), lui demanda pardon et devint très méritant. Dharmaruci fut libéré par la suite.
189Voici la stance en question :
[pk., anuṣṭubh] Naṃda fut batelier sur le Gange,
coucou domestique à la cour,
oie sauvage sur la berge de la Mayaṃga,
lion sur la montagne Aṃjaṇa,
il arriva ensuite comme brahmane à Vārāṇasī,
puis comme roi dans cette même ville :
voici arrivé, ici même,
celui qui l’a tué (eesiṃ ghāyago jo u)175.
190§ 6 (72.28-9) Saṃvāhana, roi de cette ville, avait plus de mille filles, mais, quand la ville fut encerclée par l’armée d’un roi étranger, ce fut Aṅgavīra, encore embryon, qui sauva la gloire royale.
191§ 7 (72.30-73.2) Dans cette ville, l’ascète mātaṅga appelé Bala* qui avait obtenu de naître sur la berge de la Mṛtagaṅgā vivait dans le parc Tindukodyāna. La foule de ses qualités lui avait acquis le cœur du Yakṣa Gaṇḍītinduka. Bhadrā, la fille du roi Kauśalika, cracha (niṣṭhyūtavatī*) à la vue du rsi souillé de taches. Alors le Yakṣa habita le corps (de Bhadrā), puis, après être passé dans le corps de l’ascète, l’épousa. Le (véritable) ascète l’abandonna176. Alors (le purohita) Rudradeva fit d’elle la maîtresse des sacrifices177. A la rupture d’un jeûne d’un mois, l’ascète mātaṅga, venu en quête d’aumône, fut tourné en dérision par des brahmanes. Ayant vu qu’il était tourmenté, Bhadrā fit des remontrances aux brahmanes et les éveilla (Bhadrayôpalakṣya bodhitāḥ) ; ils demandèrent pardon. En échange, les sages le comblèrent de nourriture et autres (aumônes). Pluie d’eau parfumée et de fleurs, battement de tambours et chute de richesses178.
192§ 8 (73.3-11) Dans cette ville,
193[pk., āryā] Vāṇārasī ya Koṭṭhae Päse Govāli Bhaddaseṇe ya Naṃdasirī Paumaddaha Rāyagihe Senie Vīre (ĀvN V. 1307)
194[pk., āryā] Vāṇārasī ya nayarl aṇagāra-Dhammaghosa-Dhammajase māsassa ya pāraṇae goula Gaṃgā ya aṇukaṃpā (ĀvN V. 1311)
195Ces deux vers figurent dans l’Āvaśyaka-Niryukti. En voici le sens. Dans cette même ville vivait le vieux négociant Bhadrasena. Nandā était sa femme. Leur fille Nandaśrī n’avait pas de fiancé. Dans cette même ville, dans le temple de Koṣṭhaka, le Seigneur Pārśva tint, un beau jour, une assemblée plénière. Nandaśrī prit les vœux. Elle fut confiée comme élève à la Noble Gopālī. Elle mena d’abord avec acharnement la vie itinérante, (mais) ensuite, à bout de forces, elle s’aspergea les mains et les pieds. Exclue par les nonnes, elle demeura dans une habitation à l’écart. Alors, sans être confessée (anālocya°), elle mourut et devint la courtisane divine du nom de Śrīdevī à Padmadraha, sur le mont Kṣullahimavat. Devant le Vénérable Vīra qui tenait une assemblée plénière à Rājagr̥ha, elle s’en vint montrer l’art de la danse. D’autres disent : sous la forme d’une éléphante, elle fit souffler un tourbillon179. Tandis que Śreṇika l’interrogeait sur la nature véritable de cette (déesse), le Vénérable (Vīra) raconta l’histoire de sa détresse dans une existence antérieure180.
196§ 9 (73.12-6) Dans cette même ville, les deux moines Dharmaghoṣa* et Dharmayaśas passèrent la saison des pluies. Tous deux observaient des jeûnes (kṣapaṇenâstām) mois après mois. Un beau jour, à la rupture de leur jeûne de quatre mois, ils reprirent leur vie itinérante au cours de la troisième veille. Alors qu’ils étaient accablés par la chaleur d’automne et assoiffés, ils traversèrent le Gange, sans désirer de l’eau même en pensée, parce qu’ils s’étaient dit qu’il ne fallait pas en désirer. Une divinité, conquise par leurs qualités (tad-guṇâvarjitā), créa par magie (vikurvya*) un hameau de bouviers, puis, quand ils eurent traversé le Gange, elle les invita à prendre du lait et autres (vivres). Tous deux, ayant reconnu que c’était là de la sorcellerie, refusèrent les viatiques qui leur avaient été proposés. Par compassion pour les deux (moines) qui s’étaient remis en route, la divinité créa magiquement un gros grain (bārddalaṃ vyakārṣīt*). Tous deux, revigorés par un vent frais sur le sol humide, gagnèrent un village et enseignèrent la quête d’aumônes (uñcha) pure181.
197§ 10 (73.17-74.13) Dans la glorieuse Ayodhyā, un descendant des Ikṣvāku, Hariścandra, fils du grand roi Triśaṅku, régna longtemps sur la terre (ciram asāt182 kāśyapīm), connaissant le bonheur avec la reine Sutārā, fille du roi Uśīnara (Sakra), et leur fils Rohitāśva. Un jour, au cours d’une assemblée des dieux dans le ciel (divi divija-pariṣadi), le Souverain du ciel Saudharma (Indra)183 dépeignit sa vertu. Incrédules, les deux (dieux) à la parole pour flèche, Candracūḍa et Maṇiprabha, descendirent sur la terre. L’un d’eux se métamorphosa en sanglier (vana-varāha-rūpaṃ vikṛtya*) et se mit à saccager avec furie l’enceinte sacrée du temple Śakrāvatāra situé aux abords d’Ayodhyā. Un autre jour, le grand roi Hariścandra, assis sur son trône, dans le palais, apprit le saccage de l’enceinte par le sanglier. Il se rendit sur les lieux et tua le sanglier en lui décochant une flèche. Alors que l’animal avait disparu avec la flèche, le roi blâma la conduite d’une autre personne et fouilla l’endroit. C’est alors qu’il avisa là une biche tuée par sa flèche et le fœtus tout tremblant qu’elle avait perdu. Avec ses amis Kapiñjala et Kuntala, il regarda aux alentours. Se lamentant d’avoir tué le fœtus, il se rendit auprès du chef de la communauté pour faire expiation (prāyaścitta°). Il le salua avec respect et reçut sa bénédiction. Il s’asseyait, quand Vañcanā, la fille du chef de la communauté, déclencha un tumulte sans pareil (tumulam atulam). Elle expliqua ensuite : "Papa ! Ce mécréant a tué ma biche et, si elle meurt, ce sera ma mort et celle de ma mère184." A cette déclaration, le chef de la communauté entra en furie contre le roi. Alors, le roi tomba à ses pieds et gémit : "Seigneur ! Prenez toute la terre en échange, mais absolvez-moi de ce crime ; pour empêcher la mort de Vañcanā, je vous donnerai cent mille pièces d’or. Comme le (chef de la communauté) avait consenti avec un "oṃ", le roi fit route (sahakṛtvā)185 avec le ṛṣi Kauṭalya et regagna sa ville. Il informa de la situation son ministre Vasubhūti et son ami Kuntala, puis leur enjoignit d’apporter les cent mille pièces d’or (niṣka*-lakṣaṃ)186 de son trésor royal. Alors, souriant, l’ascète Aṅgāraka déclara : "Tu nous as donné toute la terre entourée de l’océan ; tu nous donnes donc là un trésor qui est déjà nôtre. Qu’est-ce que cette façon de faire !" (tato’smadīyam eva vastv asmabhyam evaṃ dīyata iti ko ‘yaṃ nyāyaḥ)187. Quand ensuite Vasubhūti voulut tenter une réplique, le chef de la communauté le maudit et le transforma en perroquet (śāpād akāri kīraḥ)188 ; Kuntala, lui, fut (changé en) chacal189. Et tous deux habitèrent dans la forêt. Tout un mois, le roi les fit chercher, puis il prit Rohitāsva par la main et partit avec Sutārā en direction de Kāśī. Avec le temps, il atteignit cette ville de Vārāṇasī190 et s’y établit. Là, après s’être mis de l’herbe sur la tête (śirasi tṛṇaṃ datvā)191, il vendit au brahmane Vajrahṛdaya la reine et le prince pour six mille (pièces) d’or192. La (reine) accomplit là différents travaux : séparer la balle du grain (khaṇḍana), moudre le grain (peṣaṇa), etc. L’enfant, lui, ramassait brindilles, feuilles, fleurs, fruits, etc. Tandis que le roi avait l’esprit accablé d’angoisse, le chef de la communauté vint réclamer son or. Le roi lui remit les six mille (pièces) d’or. Tandis que le chef de la communauté s’exclamait, en colère, que c’était peu, Aṅgāraka dit au (roi) : "Pourquoi as-tu vendu ta femme et ton enfant ? Pourquoi ne demandes-tu pas les cent mille pièces d’or au souverain d’ici, Candraśekhara ?" Le roi répondit : "Dans notre famille, cela ne se fait pas193. Je consentirai (plutôt) à servir jusque dans la maison d’un ḍomba*194 et je te donnerai les cent mille pièces d’or." Il se mit à l’ouvrage et fut employé par un caṇḍāla à la garde d’un cimetière195. Ensuite les deux immortels causèrent encore une épidémie (mari*) dans la ville. Puis il firent en sorte que l’on fit monter, sur un âne, Sutārā amenée dans le cercle magique par un magicien (māntrikeṇa maṇḍalam ānîya) qui avait été convoqué par le roi et qui lui fit endosser l’étiquette de Rākṣasī196 ; que le perroquet, bien qu’il se fût jeté dans le feu (datta-jhampo*’pi), ne fut pas consumé197 ; que Hariścandra aperçût dans le cimetière (pitr̥vana) un homme suspendu à un figuier (utka ?)198 et une femme qui pleurait sur le bord ; qu’il apprît de l’homme l’histoire de leur enlèvement par un Vidyādhara ; qu’il le libérât ensuite, s’attachât lui-même à sa place et offrît des morceaux de sa chair dans le bassin du sacrifice ; que sa tête sortît du bassin et qu’un chacal hurlât ; que l’ascète guérît les blessures du roi199 ; que Rohitāśva, en cueillant des fleurs, fût impitoyablement mordu par un serpent (niḥśukaṃ dandaśūkena daṣṭah) et fût amené pour être incinéré (saṃskārayitum) ; que pour cette raison, le roi réclamât le collier ( ? kantika*)200 ; qu’il fût (célébré) avec une pluie de fleurs, au son de "victoire, victoire", par les dieux qui, très satisfaits de la façon dont se terminait la mise à l’épreuve de sa vertu, avaient manifesté leur propre forme ; qu’il fût loué par son peuple sous le nom de "Diadème des vertueux" ; que tout étonné, il se vît dans sa ville (et) dans son palais, assis sur son trône, avec son entourage, jusqu’à ce qu’il comprît, aux paroles des dieux201, qu’il avait été le jouet d’une illusion divine, du sanglier jusqu’à la pluie de fleurs202. Voilà la geste de Hariścandra commençant à la vente de la reine et finissant à la pluie de fleurs. C’est dans cette ville précisément que se forma la pierre de touche que fut la mise à l’épreuve de sa vertu : elle suscite l’émerveillement des gens.
198§ 11 (74.14-6) Et voici ce qui, dans le Māhātmya de Kāśī203, est donné comme qualités primordiales du (lieu) : à Vārāṇasī, il n’y a pas intrusion de l’ère kali-, ceux qui sont morts ici, qu’ils soient vers de terre, papillons, abeilles, etc., ou humains, etc., même s’ils se sont rendus coupables de bien des meurtres dans les quatre classes, communient avec la Félicité (śivasāyujyam iti)204. Il nous est déjà impossible d’ajouter foi à ce genre de propos dénué d’arguments, etc. (pratīty-ādi-yukti-rikta), il ne saurait donc être question de les dire dans un kalpa.
199§ 12 (74.17-9) Les personnes versées dans les sciences des métaux (dhātu-vāda*), du mercure (rasa-vāda*)205, des trésors (khanyavāda*)206 et des formules magiques (mantra-vidyā), celles aussi qui sont habiles dans les sciences ayant pour objet lexicographie (sabdânuśāsana), logique (tarka), art dramatique (nāṭaka), figures de style (alankāra), astres (jyotisa), prophéties (cūdā-manï)207, augures (nimitta), etc., et bien d’autres encore dans cette ville, parmi les renonçants (parivrājaka), les ascètes sivaïtes (jaṭādhara), les yogin et les membres des quatre classes, brahmanes, etc., ravissent les esprits raffinés (rasika-manāṃsi prīṇayanti). Et on voit, dans cette ville, les habitants originaires d’autres contrées situées aux quatre coins du monde : ils sont venus dans leur curiosité d’y voir pratiquer tous les arts (sakala-kalā-parikalana-kautūhalin).
200§ 13 (74.20-3) Et cette Vārāṇasī apparaît divisée, à présent, en quatre quartiers. Voici : Deva-Vārāṇasī*208 où se trouve le temple de Viśvanātha209. Au centre est honorée, aujourd’hui encore, la tablette (paṭṭa*) en pierre des vingt-quatre Jina. Le second, c’est Räjadhänī-Vārāṇasī* où habitent les étrangers (yavana). Le troisième, c’est MadanaVārāṇasī*210. Le quatrième, c’est Vijaya-Vārāṇasī*211. Mais les lieux saints non jaina (laukikāni* ca tīrthāni) dans cette ville, qui donc serait capable de les énumérer de façon exhaustive ?
201§ 14 (74.24) Dans la forêt, se trouve, près d’un étang avec un puits creusé dans de l’ivoire (danta-khātaṃ* tadāgaṃ nikaṣā)212, le temple de Pārśvanātha213, orné de multiples statues.
202§ 15 (74.24-5) Dans cette ville, on trouve, sur les étangs, des lotus de toutes espèces, où s’agglomèrent les essaims d’abeilles qu’attire la masse de leur pur parfum (amala-parimala-bharâkṛṣṭa-bhramara-kula-saṅkula).
203§ 16 (74.26) Dans cette ville, en tout lieu, on observe les singes et les chacals prêts à aller ensemble sans crainte (pratipadam akutobhayāḥ sañcariṣṇavo nicāyyante °)214.
204§ 17 (74.27) A trois krośa° de cette ville, se trouve le lieu-dit Dharmekṣā*215 où est le temple élevé du Bodhisattva dont le śikhara embrasse le ciel (śikhara-cumbita-gaganam āyatanam°°)216.
205§ 18 (74.28-9) Et à deux yojana et demi au-delà de cette ville, se trouve la ville appelée Candrāvatī*217 où se sont produits les quatre grands événements de la vie de Candraprabha, incarnation218, etc., qui suscitent la joie des gens de toute la terre.
[vasantatilaka] Qui n’a pas célébré la ville de Kāśī,
fort importante grâce à l’eau du Gange
et à la naissance de deux Jina !
Dans cette pensée, le Prince des ascètes,
connu sous le nom de Jinaprabha,
composa le kalpa de cette ville à la fortune non négligeable.
Notes de bas de page
1 Bien que Jinaprabha ne consacre pas un k. au lieu de naissance du 24e T., Mahāvīra, on constate l’importance de ce Jina à travers les divers k. où divers épisodes de sa vie sont mentionnés (12 § 2, 19 § 7, 35 § 6, 7, 37 § 10). Nemi, le 22e T., dont la popularité est croissante au Moyen Age, est le grand absent des villes traditionnelles (cf. V § 1).
2 Cf. annexe 2 s.v.
3 Cf. ibid.
4 Cf. annexe 4 no 6 et no 7.
5 Cf. II § 2.
6 L’origine légendaire de ce nom est évoquée au § 3.
7 La liste des noms donnés pour Ayodhyā est hétéroclite : Aujjhā et Avajjhā, variantes phoniques, sont superflus. Bizarrement, le nom Kosalā est mentionné deux fois. Ikkhāgubhūmī et Rāmapurī sont des désignations périphrastiques dérivées des épopées du Mahābhārata et du Rāmāyaṇa (cf. Bakker 1986 p. 9). Vinī(t)a est un nom d Ayodhyā que l’on rencontre dans la littérature canonique jaina : cf. p. ex. ĀvN v. 382. D’après Bakker 1986 p. 2-3, "Sāketa est le nom le plus fréquent dans le canon pāli comme dans le canon jaina et les indications topographiques des textes confirment la localisation de Sāketa sur le site d’Ayodhyā. Mais l’identification de Sāketa à Ayodhyā a fait l'objet de controverses : Е.В. Joshi la rejette ; selon Bareau 1979 p. 75, ou bien il s’agissait de deux villes différentes, ou bien Ayodhyā n’était plus qu’un quartier de Sāketa à l’époque maurya." Après avoir relevé et confronté les occurrences d’Ayodhyā et de Sāketa dans les textes, Bakker conclut que Sāketa était le site réel et qu’Ayodhyā représentait la ville idéale ainsi nommée par l’imagination du poète.
8 Le lieu de naissance des T. est mentionné p. ex. ĀvN v. 382 : Usaha : Ikkhāgabhūmi Ajia : Aujjhā, Abhiṇaṃdaṇa : Viṇīa, Sumai : Kosalapura, Aṇaṃta : Aujjhā ; celui du gaṇadhara Ayalabhāu figure p. ex. ĀvN v. 644 : Ayalo ya Kosalāe jāo.
9 Daśaratha, Rāma et Bharata vivent au temps du 20e T., Munisuvrata : cf. p. ex. Glasenapp 1925 p. 284-86.
10 Le nombre et l’ordre des kulakara varie selon les sources (dix selon la Prajñapti, quinze selon le Samāvayâṅga). Vimalavāhana est le premier des sept dans ĀvN v. 155 et dans Sam. § 157, v. 76 (tandis qu’aux v. 74, v. 75 figure une autre liste de sept kulakara).
11 A la vue de la majesté de Ṛṣabha, ses quatre-vingt-dix-huit frères lui aspergèrent les pieds et non la tête : cf. Triṣ I.2.v. 910 ; le fait est le même, mais la raison est sousentendue dans la KalpaSūtraSubodhikāṬikā.
12 Cf. III § 3.
13 La mesure est plus idéale que réelle : cf. Triṣ I.2. v. 912 : Johnson I p. 149 et VTK (49)91.3, § 1 ; la mesure de Mathurā est la même : (9)17.5, § 1.
14 Cakreśvarī et Gomukha sont les acolytes traditionnels de Ṛṣabha : cf. p. ex. Glasenapp 1925 pl. 24 ou Guerinot 1926 p. 101.
15 C’est peut-être une allusion au temple Siṃhanisijjā de l’Aṣṭāpada Cf infra S 8 et (49)91.13.
16 Cf. n.9.
17 Cf. annexe 3 no 3.
18 La ville réelle Ayodhyā/Sāketa est confondue ici avec la ville idéale du mont Aṣṭāpada dans la cosmologie jaina : Kirfel 1920 p. 225 renvoyant à Jambūdvīpaprajñapti 66a et suivantes et à Lokaprakāśa 507 et suivantes. Cf. aussi (49)91.3.6, § 1
19 Cf. (18)31.7, v. 5 ; (49)91.10. 11 § 2a.
20 Le temple Sīhanisijjā sur l’Aṣṭāpada. mentionné (57)101.12, § 1, est un lieu connu de la cosmologie jaina traditionnelle : une description semblable apparaît dans le Jambūdvīpaprajñapti v. 59-66 (cité par Kirfel 1920 p. 225 et aussi Shah 1955 p 116-18) et dans les k. 18 et 49 de VTK : (18)31.10-11, v. 7 ; (49)91.13-92.16, § 2b. Cf. ces k. pour les parallèles de Triṣ. Dans les notes qui suivent, je renvoie seulement aux passages de VTK correspondants.
21 Cf. p. ex. (18)31.13, v. 10 ; (49)91.27-28 § 2b.
22 Dans l’ordre, du 1er au 2e T., du 3e au 6e T., du 7e au 14e T. puis du 15e au 24e T. Cf. (18)31.23, v. 20 ; (49)93.19-21, § 9.
23 Cf. (18)31.12, v. 9 ; (49)92.16-7, § 2c.
24 C’est probablement une allusion à la place de jeux des dieux dans la cosmologie jaina mythique (Kirfel 1920 p. 224).
25 Dans d’autres prabandha, Serīsa est un lieu de pèlerinage (PPS 114.14) attaché au nom du Maître Devendrasūri (KCS 88.33-89.1) ; l’épisode de VTK est brièvement évoqué par PPS 47.9-10 (le reste du passage relate une aventure entre le roi Kumārapāla et le Maître Devendrasūri). Cf. infra § 12 : l’épisode est repris et développé.
26 Ces constructions, si elles ont existé, ont aujourd’hui disparu.
27 Cf. supra : Remarques et annexe 3 no 1.
28 C’est-à-dire sk. Mattagajendra : Seigneur des éléphants en rut ? Est-ce une épithète ou un nom propre ? C’est peut-être une allusion au Nāga, maîtrisant le seigneur des éléphants et rendant hommage à leur maître commun, Śiva ? Cf. Vogel 1926 p. 57. Mattagajendranātha est un synonyme de Śiva : cf. Eck, Devotion Divine 1991 p. 49.
29 L’auteur a peut-être mentionné ce lieu saint en raison de son ancienneté et de sa célébrité : cf. références supra : Remarques et annexe 3 no 6.
30 Cf. I § 1.4.
31 Ed 24.25 = ed 80.2 Dharaṇiṃdā-Chattāvallīya : lire Dharaṇiṃdā-Chattāvallīya (cf. Be 25b.2) ; Chettavallīya est une extension de Kṣetrapāla : cf. p. ex. (60)106.17, § 1 Dharaṇiṃda-Paumāvaī-Khittavālā ahiṭṭhāyagā.
32 Cf. annexe 4 no 17 et V § 3.
33 Cf. n.29.
34 Port sur la côte de Ṭhāṇe à soixante-cinq km de Bombay : Deloche 1980 I p. 49, Sircar 1971 (11960) p. 226, IGI s.v. La distance d’Ayodhyā à Sopārā est considérable, mais non inimaginable : Ayodhyā se trouve sur l’ancienne route commerciale de Śrāvastī à Sopārā (Chandra 1977 p. 18). Au temps de Ptolémée, Sopārā (où l’on a découvert un édit d’Aśoka) était le principal port d’échange avec l’étranger (ibid, p. 104). Il a sans doute connu le même déclin que les autres ports de la côte de Ṭhāṇe (Deloche 1980 I p. 52).
PPS 42.31 = PK 48.21 mentionnent Sopārā parmi d’autres lieux saints : pūrvaṃ Bharato rājā Śrīmālapure śrīŚatruñjaye Sopārake ’ṣṭāpade ca jīvita-svāmi-pratimāś cakāra.
35 Ou un tampon ? uttara-kāo ghaḍio.
36 Be 28b.8 = Ed 24.32 = ed 89.15 ṭaṅkiā vāhiā : lire plutôt ṭaṅkiâvāhiā ?
37 Cf. motifs parallèles de la tâche, des outils et du sang : (29)55.12-3.
38 Comme la tradition, VTK situe Devendra sous le règne de Kumārapāla (1143-1171). Cf. aussi PPS 47.10-15, qui, dans un contexte différent, rapporte une anecdote plaisante dont les protagonistes sont Devendra et Kumārapāla.
39 PPS 114.12-3 : un Maître va en pèlerinage à Serīsaka dans l’espoir de se guérir de la lèpre.
40 Cf. V § 4.
41 Choisi pour son assonance avec -tāraṇa-vatthī, le composé est peut-être une allusion à la naissance de Sambhava (3e T.) à Śrāvastī : "son nom doit suggérer qu’une exubérance de bonheur est liée à sa naissance" (Glasenapp 1925 p. 272).
42 Kappa-lavaṃ est une expression un peu curieuse, probablement l’équivalent du plus usuel kappam appam. Cf. (58)102.16, vi.
43 Cf. annexe 8, stéréotypes-région.
44 Ed 70.14 : ponctuer nayarī / saṃpai-kale.
45 Ed 70.16-7 : adūra, absent du ms. P, est superflu, mais voulu sans doute à cause de l’assonance avec duvāra-.
46 Cf. annexe 4 no 3 à 5 et annexe 8, stéréotypes-arbres.
47 Cf. annexe 4 no 6.
48 Cf. annexe 3 no 4.
49 Cf. annexe 4 no 7.
50 Cf. III § 4 et annexe 4 no 9.
51 Ed 70.21 cittago uvavisai : le mot cittaga peut désigner un serpent ou un léopard (cf. CDIAL 4804). Les deux animaux apparaissent dans un contexte sacré : cf. (7)14.9, § 1 et (48)90.2, v. 1 (cf. II § 2). J’ai préféré traduire par serpent étant donné le contexte.
52 Est-il fait allusion ici au roi Samudravijaya de la tradition, père du troisième Cakravartin Maghava, régnant à Śrāvastī (cf. DPPN s.v. ) ? J’ignore qui est le roi Karāvalla. Le don du cheval évoque peut-être l’installation dans le temple d’une statue de cheval (suggestion de Mme A. Mette) : cf. p. ex. (17)28.27, § 1 Viṃjha-rāyassa ās’ārūḍhassa muttīe paiṭṭhā.
53 La médecine contre les poisons est l’une des huit médecines énumérées par Ṭhāṇ 8 § 611 : aṭṭhavidhe āuvvede pannatte, taṃ jahā kumāra-bhicce kāya-cigicchā sālātī sallahattā jaṃgolī bhūta-vejjā khāra-taṃte rasāyaṇe. Cf. aussi VipākaS. 67a.5-67b.1 et spécialement jaṃgūliya- PaumaC ch.105 v. 57. A côté des remèdes à base de plantes... pour lutter contre les poisons (cf. Dāmara Tantra 1988 p. 80-84), on apprenait aussi le gāruḍamantra qui guérissait magiquement les personnes victimes de morsures de serpents (Mitra, IHQ 1939 p. 179). Panglung 1980 p. 66, écrit : En deux endroits dans le canon bouddhique, le Bouddha enseigne des formules de conjuration contre le venin des serpents : dans le Vinaya de l’école des Mūlasarvāstivādin, à la fin du Bhaiṣajya-vastu, le Bouddha enseigne la formule Mahāmāyūrī Dhāraṇī ; dans le Bhikṣuvibhaṅga, le Bouddha, après avoir raconté l’histoire du moine Upasena, enseigne les onze vers de conjuration contre le poison du serpent et le mantra secret tad yathā oṃ tumbile tumbile qui aurait permis à Upasena de ne pas mourir. Panglung cite encore Waldschmidt Das Upasenasūtra, ein Zauber gegen Schlangenbiss aus dem Saṃyuktāgama et ein zweites Daśabalasūtra (NGAW 1957 p. 27-44, réimpr. Kl. Schr. 1967 p. 329-347 et version anglaise Kl. Schr. p. 80-200 ; MIO 6 1958 p. 382-405, réimpr. Kl. Schr. 1967 p. 347-370).
54 Cf. p. ex. ĀvN 382 (conception et naissance), ĀvN 231 (ordination), ĀvN 254 (omniscience).
55 Litt. né de la matrice de.
56 Cf. Weber, Indische Studien XVII p. 98-106 et Deleu 1970 p. 73.
57 Cf. p. ex. Glasenapp 1925 p. 365.
58 Je ne suis pas sûre du sens de havvaṃ : "après", i.e. "trop tard" (PSM s.v. 1) ou vite (PSM s.v. 2) ?
59 Cf. p. ex. ĀvH 485b.3.
60 Cf. p. ex. ĀvH 64b.4-5 : tassa ya coddasa rāiṇo vasa-vattiṇo, teṇaṃ tesiṃ valā thavitā.
61 Udayaṇa semble confondu ici avec Udāyaṇa. Cf. aussi III § 3.
62 Cf. annexe 4 no 16.
63 L’auteur retient un détail, traditionnel (cf. p. ex. ĀvH 225a. 1-2 : vasuhārā addhaterasa hiraṇṇa-koḍio paḍiyāo), absent de Triṣ X. v. 580 : Johnson VI p. 118, dont le récit est beaucoup plus étendu par ailleurs.
64 Cf. p. ex. ĀvN 382 (conception et naissance), ĀvN 229 (ordination), ĀvN 254 (omniscience).
65 Cf. annexe 8, stéréotypes-arbres.
66 Cf. II § 2, 37 § 2 et k.48.
67 Cf. p. ex. ĀvN v. 383 (conception et naissance), ĀvN v. 230 (ordination), ĀvN v. 254 (omniscience), ĀvN v. 307 (Libération).
68 L’histoire est associée au Rohiṇī-vrata qui se pratique encore à l’heure actuelle (Nalini Balbir). Elle est connue des traditions digambara (une version figure dans le Bṛhatkathākośa no 57) et śvetāmbara (en témoigne une version tardive de Kṣamākalyāna : Rohiṇī-vyākhyāna p. 116-122 in Śrī-saubhāgya-paṇcamy-ādi-parvakathā-saṃgraha Koṭā, 2006 V.S.).
69 Ākhaṇḍala, épithète d’Indra, a été choisi pour faire écho au composé bhū-maṇḍala.
70 Sur cet épisode, cf. 15 § 1 traduit en annexe au k. de Campā.
71 Cf. IV § 5.4 et annexe 8 motifs chanvre brut.
72 L’épisode du sultan n’apparaît pas dans les versions parallèles (cf. annexe 1 Subhadrā).
73 Cf. III § 4 et annexe 3 no 4.
74 Cf. p. ex. KalpS 122., ĀvN v. 523, ĀvCū I 284.4, ĀvCū I 320.11.
75 Cf. annexe 8, stéréotypes-ville.
76 Cf. III § 3.
77 Cf. annexe 3 no 1.
78 Au vu de Be 28a. 15 (= ed 226.14-15), j’ai préféré lire taravāriṃ ca niśitaṃ surabhi-sumanodāma-bhūyam anayat et n’ai pas traduit le second manodama (Ed 66.2), qui est sans doute une réduplication fautive du précédent su-manodama.
79 Cf. Schubring 1935 p. 80-81.
80 Le composé sva-vibhava-vaibhavâbhibhūta-Dhanadamadaḥ réalise la figure de style vyatireka : Porcher 1978 p. 59-68.
81 Ed 66.10 acyuta : litt. non descendu sur terre, mais resté parmi les dieux.
82 Même épithète pour un T. : (6)12.21, v. 51, (28)54.8, § 5, (32)57.29, § 1 ; cf. annexe 4 no 8.
83 Ed 66.12 Pūrṇabhadre caitye : préférer la leçon de P = Be 28b,4 Pūrṇabhadracaitye.
84 Cf. 49 § 5.
85 Ed 66.18 nānāvidha-saṃvidhānaka-ratna-prakaṭa-nānā-vṛtta-nidhānam : j’ai traduit - prakaṭa - comme premier terme d’un tatp. avec nānā. On pourrait aussi l’analyser comme premier terme d’un dvandva : cette ville manifeste les joyaux d’événements de toutes sortes et elle est aussi le dépositaire d’histoires variées.
86 Cf. annexe 8, stéréotypes-ville.
87 Cf. annexe 4 no 20.
88 Cf. k.33, n.5.
89 Cf. annexe 4 no 17.
90 Cf. annexe 8, stéréotypes-fleuve.
91 Ed 50.5 Somādevī : lire comme ed 175.7 Sāmādevī.
92 Cf. supra : Remarques.
93 Cf. p. ex. ĀvN v. 383 (incarnation et naissance), ĀvN v. 231 (ordination), ĀvN v. 247 (omniscience).
94 Les personnages sont mentionnés p. ex. ĀvN v. 375 et leur lieu de naissance ĀvN v. 397.
95 La date est traditionnelle : cf. (19)32.14, § 5 et annexe 1 Āsamitta.
96 L’épisode de l’éveil d’Āsamitta, qui intéresse directement Kaṃpilla, est mentionné dans ce k., tandis qu’il est omis dans celui de Mihilā (19)32.13-15, § 5.
97 Le célèbre épisode hindou, – une des raisons pour lesquelles Cunningham désirait voir Kampil –, est éloquemment écourté par Jinaprabha : à son époque, il existait encore un monticule que l’on désignait comme le site du roi Drupada (Cunningham, ASI XI p. 12). Cf. III § 3.
98 Pisuṇa (50.24) est probablement synonyme de vauriens, sans référence plus précise : cf. k.32.
99 Cf. annexe 8, stéréotypes-ville.
100 Jinaprabha joue avec les mots pillia et Kaṃpilla, donnant du nom de la ville une étymologie fantaisiste.
101 Cf. annexe 4 no 3 et annexe 8, stéréotypes-arbres.
102 Cf. annexe 4 no 4 et annexe 8, stéréotypes-fleuve.
103 Ce sont là tous des éléments traditionnels de la biographie de Dharmanātha : sa couleur est mentionnée ĀvN v. 377, sa taille ĀvN v. 379, ses parents ĀvN v. 386 (mère), v. 388 (père). Cf. aussi p. ex. Guerinot 1926 p. 107.
104 Cf. p. ex. ĀvN v. 383 (naissance), v. 229 (ordination), v. 254 (omniscience).
105 Cf. p. ex. Tris IV. 5.v. 359-360.
106 Cf. annexe 4 no 15.
107 J’ai compris qu’il s’agissait d’un dieu particulier, étant donné les divers synonymes qui apparaissent par la suite, mais peut-être s’agit-il ici de la catégorie des dieux Nāgakumāra.
108 Jinaprabha joue ici avec les sens du mot nirvṛtta (33.7 et 33.8).
109 = un Nāgakumāra ? cf. n.7.
110 Cf. IV § 5.1.
111 Kandarpā et Kinnara sont les acolytes traditionnels du 15e T., Dharma : cf. p. ex. Guerinot 1926 p. 107.
112 Cf. annexe 4 no 19.
113 Cf. image comparable : (44)84.13, v. 5.
114 Tandis que, traditionnellement (ĀvN v. 383-84), Saṃthi, Ara, Kuṃthu sont nés à Hastināpura (cf. § 2), Malli (19e T.), lui, est originaire de Mithilā : il est mentionné ici parce qu’il a tenu une assemblée plénière dans cette ville (cf. § 4).
115 Le nom de Gayaura = Gajapura est traditionnel : ĀvCū I 527.4, UttCū 201.13.
116 Les § 1 à 8 du k. 16 sont très proches des vers 2 à 12 du k.50 : cf. traduction ci-après. Je donne en note les références des vers correspondants.
117 De deux épouses différentes : Bharata est le fils de Sumaṅgalā, la propre sœur de R̥̥ṣabha ; Bāhubalin est né de Sunandā.
118 Pour leurs noms, cf. p. ex. KalpaSūtraSubodhikāṬīkā 449.3-12 et 450.3-5.
119 Pour l’épisode de l’initiation de R̥̥ṣabha cf. p. ex. KalpS 211 : Jacobi SBE XXII 1884 p. 282-3 ou encore Triṣ I.3.v. 1-80 : Johnson I p. 161.
120 Jinaprabha suit la tradition jaina où Takkhasilā est la capitale du royaume de Bāhubalin : cf. p. ex. KalpaSūtraSubodhikāṬīkā 449.1, ou Triṣ I.3.v. 277-334 : Johnson I p. 183. Mais dans le Rāmāyaṇa, Takṣaśilā fut fondée par Bharata, d’après le nom de son fils Takṣa (Uṭṭarap., chap. 124 v. 201).
121 Cf. p. ex. KalpS 211 et KalpaSūtraSubodhikāṬīkā 449.1-2. Cf. aussi Triṣ I.3.v. 17 : Johnson I p. 162. Cf. n.9.
122 La KalpaSūtraSubodhikāṬīkā qui donne les noms de vingt-deux royaumes (450.6-8) mentionne Aṅga, Vaṅga et Kaliṅga.
123 Cf. 50 v. 2-3.
124 Cet autre nom du Gange est rattaché à une légende célèbre. Pour les versions jaina, cf. p. ex. Tris II.6.v. 533-576 : Johnson II p. 210-212. Cf. aussi (49)92.26, § 3 et annexe 8, stéréotypes-fleuve.
125 Cf. p. ex. ĀvN v. 383 (naissance), ĀvN v. 223a (Cakravartin), ĀvN v. 229 (ordination), ĀvN v. 254 (omniscience). Cf. aussi 50 v. 12.
126 VTK suit la tradition représentée p. ex. par ĀvH 144b.5, et non celle d’ĀvCū I 162.14 où Sejjaṃsa est fils de Bharaha (ĀvCū ibidem signale, du reste, l’autre version). 14. Cf. 50 v. 4.
127 Cf. 50 v.4.
128 Cf. 50, v. 6 et n.1. La localisation à Hastināpura de cette assemblée plénière ne figure ni dans Triṣ ni dans Nāyā I.8.
129 Cf. 50 v. 10b.
130 C. = Cakravartin. Cf. 50 v. 9. La liste est hétérogène. On s’étonne déjà de l’ordre de l’énumération. D’autre part, selon ĀvN v. 397, Mahāpauma n’est pas originaire de Hastināpura, mais de Vārāṇasī. Le nom a-t-il été ajouté ultérieurement comme écho à l’épisode de Viṇhukumāra (cf. § 5) ? Enfin, à la différence des autres, Parasurāma n’est pas un C. Le nom est peut-être mentionné ici par association avec celui de Subhūma, son meurtrier. Parasurāma, fils de Jamadaggi et de Reṇugā, tua sa mère et son beaufrère qui avaient eu une liaison. Son cousin (Kattavīriya) tua alors son père (Jamadaggi). De colère, Parasurāma élimina Kattavīriya avant d’être tué à son tour par Subhūma, fils de ce dernier.
131 Cf. III § 3.
132 Le détail est ignoré de Viyāhapannatti 16.5, cf. Deleu 1970 p.225 : Gaṃgadatta est devenu moine après avoir entendu Muṇisuvvaya proclamer la loi dans le jardin Sahassaṃbavaṇa près de Hatthiṇāura.
133 Cf. 50 v. 10a.
134 Cf. VI § 3.
135 Cf. annexe 8, stéréotypes-villes.
136 Cf. II § 4.
137 Cf. 16 § 1.
138 Cf. annexe 8, stéréotypes-ville.
139 Cf. 16 § 3.
140 Cf. 16 § 2 et n.12.
141 Cf. 16 § 5.
142 Cf. annexe 4 no 14.
143 Cf. annexe 4 no 1 et no 2.
144 Cf. annexe 4 no 19.
145 Cf. 16 § 6 et 7, n. 17 et 18.
146 Cf. 16 § 8.
147 Cf. 16 § 5.
148 Cf. annexe 8, stéréotypes -bienfaits du tīrtha.
149 Cf. I § 1.1. et II § 2 et 3.
150 Cf. annexe 4 no 1.
151 La date est indiquée par un chronogramme : pr̥ṣatka = 5, viṣaya = 5, arka = 12.
152 Riddhi-tthamia-samiddhā est un composé stéréotypé d’origine canonique : cf. p. ex. AupS in Leumann 1883 § 1.2. L’emploi de l’aoriste hutthā confirme son caractère archaïque. On relève d’autres occurrences du composé ṛddhi-samiddha dans le VTK : (7)14.3, § 1 (ville), (17)29.13, § 3 (ville), (38)72.4. § 1 (ville), (60)105.19, § 1 (village), (61)107.3, § 1 (marchand).
153 Be 27a.4 = Ed 32.6 Jagai, ed 101.9 Jaga iti : il faut lire Jaṇai. On attend en effet que le nom de la ville reflète le nom du roi Janaka, mentionné ci-après, d’autant que Janakpur est le nom de la moderne Mithilā (Dey 1927 p. 130, ASI XVI p. 34-5).
154 Cf. p. ex. ÄvN v. 383 (naissance), ĀvN v. 229 (ordination), ÄvN v. 254 (omniscience).
155 Cf. p. ex. ÄvN v. 644b.
156 Cf. (25)50.11-14, § 4.
157 Cf. annexe 3 no 3.
158 Le lieu de la naissance de Sītā était encore très révéré au siècle dernier : un temple moderne, le Sītāmarhi, situé à l’ouest de Mahila, était, avec le Sītākund, l’endroit le plus saint de la région : Cunningham ASI XVI p. 34-5.
159 Cf. annexe 3 no 6.
160 Vairotyā et Kubera sont les acolytes traditionnels de Mallinātha (Guerinot 1926 p. 108), Gandhārī et Bhṛkuṭī ceux de Nami (idem p. 109). Cf. annexe 4 no°19.
161 Cf. annexe 4 no 18.
162 Cf. Introduction § 6.
163 Uttara-vāhinyā tridaśa-vāhinyā, c’est-à-dire le Gange.
164 Cf. annexe 4 no°3 et annexe 8, stéréotypes-ville.
165 Les deux rivières (qui existent aujourd’hui encore : Cunningham ASI I p. 104, Eck 1983 p. 26-7) sont attestées dans plusieurs Purāṇa : AgniP CXII v. 6b, VāmanaP III v. 27-8, BrahṃāṇḍiyaP XLVII, v,19a, KūrmaP I XXXI v. 63b. Sur les sources purāṇiques de Bénarès, cf. ECK Purāṇa XX 1978 p. 171-2 et Purāṇa XXII 1980 p. 80-101.
166 D’après une autre explication populaire (ASI I p. 105), Vārāṇasī devrait son nom au roi Banar qui aurait reconstruit la ville il y a plus de huit cents ans. Peut-être (Eck 1983 p. 26) le nom vient-il de la rivière Vārāṇasī dont le nom apparaît dans MatsyaP CLXXXIII v. 62 : Vārāṇasī tadlyā ca yāvac chukla-nadl tu vai, et dans la liste des rivières de Mbh. (ed. Bombay) VI.9.v. 31 (avec, toutefois, la variante Varuṇam Asiṃ) :"d’après les fouilles archéologiques, l’ancienne Bénarès était située originairement plus au nord sur le haut Rājghāt où la rivière Vārāṇasī conflue avec le Gange”.
Quelle qu’elle soit, l’explication sert à sacraliser Vārāṇasī, ville protégée par les limites de deux rivières saintes.
167 Il s’agit là du don que fait chaque T. avant l’ordination (cf. p. ex. KalpS). C’est un motif que l’on retrouve (33)60.22, § 2d ; (47)88.27, § 1b.
168 Cf. ĀvN v. 382 (incarnation et naissance), ĀvN v. 229 et 231 (ordination), ĀvN v. 254 (omniscience) et v. 307 (Libération). Pour ses caractéristiques, cf. ÄvN v. 378 (taille), ĀvN v. 377 (couleur).
169 Ed 72.11 = ed 243.17 ekṣvākāśvasena-rasena sūnur vāmā-kukṣi-sambhavaḥ. Je n’ai pas traduit rasena qui manque dans P. et dans Be 30b. 17.
170 Pour les caractéristiques de Pārśva, cf. ĀvN v. 376 (couleur), ÄvN v. 380 (taille), pour les grands événements de sa vie, cf. KalpS 150, ĀvN v. 384 (naissance à Vārānasī), fils d’Āśvasena (ÄvN v. 389) et de Vāmā (ÄvN v. 386), ordination (KalpS 157, ĀvN v. 231), omniscience (KalpS 159, ĀvN v. 254), Libération (KalpS 168, ĀvN v. 307).
171 Pārśva a pratiqué un jeûne sans eau (KalpS 168).
172 Pour Maṇikarṇikā, cf. Eck 1983 p. 238-252. L’endroit n’est pas localisé aussi précisément dans les parallèles que j’ai eus à ma disposition (cf. annexe 1 : Pārśva).
173 Ed 72.14 kupatha-mathanam : j’ai compris kupatha comme bhv. Peut-être le composé est-il tatp. : mauvaise doctrine.
174 UttS et UttCū relatent l’éveil de Jayaghosa avant de commenter le chapitre XXV lui-même. Le texte en est encore plus concis que celui du VTK : la trame de l’histoire est la même, mais l’orfraie est un chat sauvage (majjāra) dans UttS et UttCū.
175 Sur la particule u : cf. Pischel § 185 : les exemples relevés, Jacobi 1886 p. 31 (1.22), 32 (1.23) et Konow 1901 Rājaśekhara’s Karpūramañjarī (Cambridge) p. 78 (1.9,13,14) ont valeur copulative. C’est l’ancienne particule védique u valant comme particule d’insistance eva (Renou 1952 GLV § 437) ou comme particule copulative (Renou 1952 GLV § 439) avec valeur atténuée de contraste.
176 L’ordre des mots est ici remarquable : 72.32 tenaiva (Gaṇḍītinduka) muner vapuṣi saṅkramya pariṇttā tyaktä ca muninā, reflétant la confusion opérée dans l’esprit de Bhadrā.
177 C’est-à-dire l’épousa.
178 Ce sont les prodiges qui accompagnent un événement extraordinaire (cf. pañcadivyāni°).
179 Les variantes invoquées sont une indication traditionnelle figurant déjà dans les Āv (ĀvCū II 202.7).
180 Le texte du VTK n’offre que de légères variantes par rapport à la version de 1’ĀvCū (cf. supra : Parallèles), ainsi la place de la question posée à Mahāvīra qui a justifié le récit.
181 Cf. n.20 et supra : Parallèles.
182 On attend plutôt aśāt, mais l’échange s et ś des mss. est banal.
183 Le premier des douze cieux śvetāmbara (Guerinot 1926 p. 184).
184 Cf. Bloomfield 1985 (11919) p. 92 : Vañcanā menace de jeûner à mort et sa mère, épouvantée de sa résolution, menace de l’imiter.
185 J’ai compris saha comme formant une périphrase verbale avec krtvā (cf. MW sahakrta-, etc.).
186 Un niṣka est une pièce ou une mesure d’or pesant 80 ratis : 9,520 kg (Sircar 1966 p. 436). Mais le mot signifie aussi "(pièce d’)or" en général : cf. CDIAL 7470. L’emploi précédent de hema-lakṣaṃ (72.26) suggère de préférer cette dernière solution.
187 Toutes les richesses du royaume de Hariścandra sont déjà comprises dans le don de la terre ; Hariścandra doit donc se procurer ailleurs les cent mille pièces d’or qu’il a promises au chef de la communauté ; cf. Bloomfield 1985 (11919) p. 93.
188 Sur l’emploi de l’ablatif proposant la cause comme plus étroitement déterminante que l’instrumental, cf. Renou 1961 GLS § 221a.
189 L’ordre est différent dans le Pārśvanāthacanta in Bloomfield 1985 (11919) p. 94 : c’est d’abord Kuntala, qui, révolté de la cruauté des deux brahmanes, les accuse d’être des Rākṣasa déguisés, et devient un chacal errant dans les cimetières. Ensuite, Vasubhüti, indigné de la rapacité du chef de communauté (il veut en outre tous les bijoux de la reine comme faisant partie des biens du royaume), le traite de Brahmarākṣasa. A son tour, il est changé en perroquet.
190 Le Caṇḍakauśika explique pourquoi Hariścandra se rend dans cette ville (Das Gupta 1962 Ksemīśvara, Àrya Caṇḍakauśika (édité par Das Gupta. Calcutta) ; kartavyo na dhanâgamo ’sya viṣaye sthānaṃ bhavānī-pater āhuyan na vasuṃdharêti tad ahaṃ Vārāṇasīṃ prasthitaḥ (53.7-8)
191 En signe d’humilité ; Hariścandra vient de prendre la résolution de se vendre comme esclave. Cf. p. ex. Pärśvanāthacanta in Bloomfield 1985 (11919) p. 96 et Caṇḍakauśika III in Das Gupta 1962 (cf. n.30) p. 59.5-6 (indication scénique : śirasi tr̥ṇam dattvā sāvaṣṭambham).
Cf. autres références dans la note de Bloomfield 1985 (11919) p. 191, expliquant l’origine de l’expression : mettre de l’herbe sur sa tête équivaut à se mettre dans l’humble condition d’un animal non carnivore. Dans un contexte guerrier, le vaincu exprime ainsi à la fois sa soumission et son désir d’être épargné, en tant qu’être inoffensif. Dans Suttanipāta p. ex., v. 440 :
Esa muñjaṃ parihare ? Dhi-r-atthu idha jīvitaṃ !
Sangāme me mataṃ seyyo, yañce jīve parājīto.
Ny Anaponika 1955 Suttanipāta. Deutsche Übersetzung von /.../. Konstanz, p. 284 et p. 440 cite le commentaire de Buddhaghosa pour cette expression : "Les hommes qui ne veulent pas prendre le parti de la fuite sur le champ de bataille s’attachent de l’herbe muñja, leur bannière ou leur arme sur la tête, pour faire comprendre qu’ils refusent de fuir". A la lumière de l’explication de Bloomfield et de ce commentaire, on peut préciser le sens de l’expression dans un contexte guerrier : il s’agit d’un acte de bravoure en tant qu’acte de soumission à son destin. Dans un autre contexte, la connotation de soumission semble prévaloir. Sur cette expression, cf. aussi Brockington IT 13 1985-86 Guarded by grass p. 20 n.8.
192 Même détail Pārśvanāthacarita in Bloomfield 1985 (11919) p. 96.
193 C’est contre la dignité du roi de mendier auprès d’un roi ennemi. Cf. aussi Pārśvanāthacarita in Bloomfield 1985 (11919) p. 97.
194 Un ḍomba est un musicien de basse caste (MW et BR s.v.). Le mot est bien conservé dans les langues modernes : Cdial 5570 Gy. eur. rom "homme", Pas. ḍomb "barbier", Kho. ḍom "musicien", S. ḍūmu "caste de musiciens ambulants", etc. En hindi (cf. Sharma 1987 s.v.), ḍom désigne "une caste d’intouchables, qui le plus souvent travaille dans les cimetières". Fuchs 1973 p. 118 décrit les Doms du Penjab : "Les Doms, chanteurs des basses castes, offrent leurs services lors des mariages et des funérailles, où ils récitent les généalogies des mariés ou bien décrivent les hauts faits des ancêtres du mari. Pour leur recensement et leurs activités différentes selon les contrées, cf. Ghurye 1969 p. 317-20. La connotation de caste intouchable semble avoir prévalu dès l’époque d’Al Bīrūnī in Sachau 1973 (11888) p. 101-2 : "Les Hāḍī, Ḍoma. Caṇḍāla, et Badhatau ne font partie d’aucune caste. Ils sont occupés à des travaux sales, comme le nettoyage des villages ou autres services de ce genre. Ils sont considérés comme une seule classe et ne se différencient que par leurs occupations." Pour Jinaprabha également, ḍomba (74.3) et caṇḍāla (74.4) semblent deux termes interchangeables. Il s’agit d’un caṇḍāla dans le Pārśvanāthacarita in Bloomfield 1985 (11919) p. 97 et dans le MārkaṇḍeyaP (VIII 81, etc.).
195 Cf. p. ex. Pārsvanāthacarita in Bloomfield 1985 (11919) p. 97 et MārkaṇḍeyaP (VIII 81, etc.)
196 Pour découvrir la cause de l’épidémie qui sévissait, le roi Candraśekhara fit, sur les conseils de son ministre Satyavasu, appel à un magicien arrivé d’Uijainï. Ce dernier expliqua que l’épidémie était due à l’activité d’une Rākṣasī. On lui donna les moyens d’accomplir un grand rite magique et il attira la supposée Rākṣasī à l’intérieur du cercle magique qu’il avait tracé. Pour punir la Rākṣasī, alias Sutārā, il ordonna qu’on la promenât à dos d’âne (Pārśvanāthacarita in Bloomfield 1985 (11919) p. 97-9).
Sur ce châtiment et sa signification, cf. Bloomfield 1985 (11919) p. 188 : "la procédure est de placer le coupable face à la queue de l’animal, de lui faire tenir cette même queue en guise de rêne et de le promener ainsi dans la ville" (cf. p. ex. Mémoires de Jahàngïr in Elliot & Dowson VI p. 300-1). Comme l’âne était considéré populairement comme un animal dépravé et impur, c’était là une terrible humiliation.
197 Ce perroquet, à la cour de Candraśekhara, qui n’était autre que Vasubhūti, avait reconnu la reine Sutārā. Outragé du sort qu’on faisait subir à cette maleureuse, il entreprit l’ordalie du feu pour prouver que Sutārā était une reine et non une Rākṣasī. Il triompha de l’épreuve : on acclama donc la vertu de Sutārā et on chassa le magicien comme imposteur (cf. Bloomfield p.99).
198 Ed 74.6 = ed 249.14 = Be 32a.6. Peut-être s’agit-il d’une lecture fautive pour utkata : immense.
199 Quand Hariścandra interroge l’homme sur son malheur, il apprend qu’il est Mahāsena, le fils de Candraśekhara, enlevé avec son épouse par une Vidyādharī, qui désirait célébrer un grand sacrifice (mahāhoma : cf. Bloomfield 1985 (11919) p. 205) avec sa chair. Pendant que la Vidyādharī se baignait dans la Gangā, Hariścandra prit la place de Mahāsena. La Vidyādharī était en train d’accomplir le sacrifice, quand la tête, hors du bassin, fit hurler un chacal et accourir un ascète furieux de la violation de son ermitage : la Vidyādharī disparut. L’ascète qui n’était autre que Kauṭilya reconnut Hariścandra, le blâma de s’être offert en sacrifice avant de s’être acquitté de sa dette, puis le soigna, de peur qu’il ne mourût avant de s’en être acquitté : cf. Pārśvanāthacarita in Bloomfield 1985 (11919) p. 99-101.
200 Ed 74.9 = ed 150.1 = Be 32a.8 : kaṇṭika. Faut-il comprendre kaṇṭhika ?. Dans Pārśvanāthacarita in Bloomfield 1985 (11919) p. 101 et dans MârkandeyaP VIII v. 103 (caila), il s’agit d’un vêtement. Tout d’abord, devant la douleur de la mère de l’enfant, Hariścandra n’eut pas le cœur d’arracher le kaṇṭika de l’enfant, comme le lui avait ordonné son maître, le candāla. Mais, ensuite, quand il vint à reconnaître Sutarā et Rohitāsva, il s y décida, pour satisfaire le caṇḍāla et pouvoir rendre les honneurs à son fils (Pārśvanāthacarita in Bloomfield 1985 (11919) p. 101).
201 Ed 74.11 bahirmukha. imprimé en gras = ed 150.3 : lire barhimukha : cf. Bloomfield 1985 (11919) p. 102, Hariścandra apprend la vérité de la bouche des dieux Candracūḍa et Maṇiprabha, qui l'ont éprouvé
202 Cf. p. ex. Pārśvanāthacarita in Bloomfield 1985 (11919) p. 101-2.
203 Les māhātmya de Kāśī sont nombreux dans les Purāṇa : cf. ECK Purāṇa XX p. 171-2 n.1.
204 Les māhātmya des Purāṇa reconnaissent à Vārāṇasī le mérite de la Libération pour tous (ECK 1982 p. 334-7). Cf. p. ex. VāmP 3.v. 29. Cf. II § 5.
205 Ou des essences ?
206 I.e. la science qui consiste à savoir d’après la configuration des terrains si le sous-sol contient des trésors.
207 Je ne sais ce que recouvrent exactement ces deux sortes d’arts divinatoires.
208 "Vārāṇasī des dieux" ou "du dieu", s’il s’agit plus précisément de l’antargṛha de la ville, autour du temple de Viśvanātha (ECK 1983 p. 25 n. et p. 354-5). Il pourrait s’agir aussi de la circonscription autour de l’antargṛha, nommée avimukta, jamais abandonnée par Śiva.
209 Il s’agit d’un liṅga particulier de Śiva. L’ancien temple prestigieux a été l’objet de destructions répétées : "sur les ruines des anciens temples de Viśvanātha se trouvent deux mosquées, l’une construite au 13e s., l’autre au 17e s." (Eck 1983 p. 120). Le temple moderne où seuls les hindous ont le droit de pénétrer est encore un centre religieux important (cf. plan et description : Eck 1983 p. 121-123).
210 Le nom mentionné, ASI 1892 p. 236, désignerait une ville construite sur le site de Jāmadagmīyā.
211 Cf. annexe 3 no 1.
212 Sur la préposition nikaṣā régissant l’accusatif, cf. Speyer 1886 § 186
213 Le temple semble ne plus exister à l'heure actuelle (Eck 1983). Mais Cunningham ASI I p. 107 mentionne un temple moderne de Pārśvanātha.
214 Cf. Il § 2.
215 Sur le stūpa appelé Dhamek, cf. ASI I p. 105-116.
216 Cf. annexe 4 no 5.
217 Jain 1984 (11947) p. 362 identifie ce Candrāvatī, lieu de naissance traditionnel du huitième T., à Candrāvatī, village près de Vārāṇasī.
218 Cf. p. ex. ÄvN v. 382.
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La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012