Introduction
p. 39-66
Texte intégral
§ 1 Lieux saints, pèlerinages1
1Un lieu saint, tīrtha, est, pour les jaina comme pour les hindous, un endroit auréolé d’un prestige particulier à cause de la présence purifiante d’un fleuve ou d’un personnage extraordinaire. Mais au lieu d’expliquer la valeur symbolique du tīrtha par la sacralité des eaux, les jaina insistent sur sa sainteté propre : le tīrtha ("gué" <TṜ- : traverser) montre le moyen de traverser l’océan des existences, saṃsāra, au même titre que les personnages saints du jinisme, les vingt-quatre Tīrthankara2. Les jaina reconnaissent d’abord comme tīrtha les lieux qui symbolisent les vingt-quatre héros du jinisme. Dès les premiers siècles de notre ère, les biographies de ces personnages ont localisé avec précision les cinq grands événements de leur vie (pañca-kalyāṇāni) : incarnation dans une matrice humaine (cyavana), naissance (janman), ordination (dīkṣā), omniscience (kevala-jñāna), Libération, Extinction (siddhi, nirvāṇa). La dénomination de tīrtha a ensuite été étendue à divers lieux devenus extraordinaires (Śatruñjaya, Gajapantha, etc.) pour avoir été témoins de la Libération de grands ascètes ou pour être un hymne vivant au jinisme grâce à leur collection de temples majestueux (Satruñjaya, Abu, Śravaṇa-Beḷgoḷa, etc.)3.
2Comme l’itinérance (viHR̥, paryAṬ, viCAR, etc.), vieil élément de l’ascèse, l’existence des lieux saints repose sur une longue tradition. Pourtant, d’après les témoignages littéraires, la pratique du pèlerinage ne fait que tardivement l’objet d’une institutionnalisation chez les jaina : l’œuvre de Ratnaśekhara (15e s. ; § 2) en fournit les premières définition et codification. Parce que les récits et descriptions des pèlerinages se multiplient dans la littérature à partir du 12e siècle, on a conclu que le phénomène culmine au Moyen Age4.
§ 2 Sources des pèlerinages : la littérature théorique
3Ratnaśekhara distingue dans la Śrāddhavidhi (22b, 14-23a.l) trois sortes de pèlerinages : 1) la fête du Nandīśvaraparvan (aṣṭāhnika-yātrā), 2) la procession des images sur des chariots (ratha-yātrā) et 3) le pèlerinage sur les lieux saints (tīrtha-yātrā)5. Il définit comme tīrtha les endroits tels Śatruñjaya et Raivata où les T. ont vécu les grands événements de leur vie6. Il précise aussi quelle est la fonction du pèlerinage : accroître la pureté de la foi jaina en rendant visite aux lieux saints selon des règles7 bien définies qui concernent l’individu et la communauté. Le pèlerinage nécessite de chacun une ascèse physique (ne pas prendre plus d’un repas par jour, ne pas porter de guirlandes, vivre chastement, dormir à même le sol, voyager à pied même si l’on possède voiture et char) et une attitude charitable (donner des provisions de route à ceux qui en sont démunis, offrir le soutien d’une bonne parole à ceux qui sont sans secours). Une organisation sociale est aussi prévue : un chef de communauté est nommé qui est responsable de la bonne ordonnance du pèlerinage. Il doit régler la vie religieuse des membres de la communauté pendant les étapes : dans les temples, sur le passage des pèlerins, il faut accomplir les pratiques religieuses (bains, circumambulation, don de bannières, pūjā), faire fabriquer différents objets (vases, bracelets, etc.), aider à la restauration des temples délabrés, enfin organiser les fêtes (chants, danses, etc.). Le lieu saint, but du pèlerinage, fait l’objet d’une vénération particulière8 ; il faut le protéger et se montrer là d’une moralité exemplaire : être affectueux envers ceux qui partagent la même religion (sādharmika-vātsalya), faire preuve de déférence envers le maître et la communauté, etc. (cf. Ratnaśekhara, Śrāddhavidhi 23b.12-25a.3).
§ 3 Sources des pèlerinages
4Description empirique et récits de pèlerinages figurent pour la plupart dans la littérature des prabandha, genre littéraire jaina qui se développe au Moyen Age9. Rédigés en prose ou en vers (avec çà et là des vers en pk. et en apabhraṃśa), ils forment des recueils de morceaux indépendants au contenu semi-légendaire, semi-historique : on lit la merveilleuse histoire du roi Sātavāhana (PK no 15), le récit du pèlerinage de Vastupāla en 1220 (PCi 100.4-101.20), ou encore la restauration des temples sur le Mont Abu (PK no 24).
5Les principaux de ces ouvrages sont les suivants : Prabandhāvali in Purātanaprabandhasaṃgraha (PPS), 1234 ; Prabhāvakacarita (PCa), 1277 ; Prabandhacintāmaṇi (PCi), 1305 ; Prabandhakośa (PK), 1349 ; Pañcaśatīprabandhasambandha (PaPrS), 15e ; Bhojaprabandha, 16e s. Apparentées aux prabandha, les biographies des dignitaires religieux d’une même lignée (gacchīya-paṭṭāvali-sarngraha) mentionnent visites aux lieux saints, années des pèlerinages, installation de bannières ou de statues. Les principaux ouvrages sont la Kharataragacchabṛhadgurvāvali (KhG) et la Vṛddhācāryaprabandhāvali in KhG.
6C’est dans le cadre de cette littérature que s’inscrit le Vividhatīrthakalpa10, œuvre pour l’essentiel du moine Jinaprabha (cf. § 4). En 63 compositions indépendantes (kalpa), il célèbre divers tīrtha dans la tradition indienne des māhātmya11 (cf. § 6).
§ 4 Jinaprabha, principal auteur du Vividhatīrthakalpa
7Le Vividhatīrthakalpa (VTK)12, appelé aussi Kalpapradīpa (VTK, k.63), ou encore Kalpakadambaka13 (Schubring 1944, no 659, cf. § 5), est attribué, dans le dernier k. de l’ouvrage (63), au moine Jinaprabha. Voici ce qui en est dit.
63 : Histoire de la composition de l’ouvrage
1 [anuṣṭubh] Depuis le début, tous kalpa
confondus, l’œuvre compte
trois mille cinq
cent soixante anuṣṭubh14.
2 [indravajrā] (Mon premier est) : où est le but ? (ji)
[(Mon second) : quel est le mot pour négation ? (na)
(Mon troisième) : quel est le premier préverbe ? (pra)
(Mon quatrième) : comment est la nuit ? (bha, brillante)
[(Mon cinquième et dernier) : qui est cher aux gens ? (sūri, le maître)
Qui (donc) a composé le recueil ? (Jinaprabhasūri)
3 [śārdūlavikrīdita] En l’an 1389
de l’ère Vikrama (1332),
le mercredi, dixième jour
de la quinzaine sombre
de Bhādrapada (août-septembre) 15,
alors que l’Emir-(soleil) Muḥammad (bīn Tughluq)
brillait sur tout le globe,
fut achevé ce recueil
dans la ville de Yoginī (Delhi).
4 [anuṣṭubh] Longue vie à cet ouvrage
nommé Kalpapradīpa ("Flambeau des kalpa")
que purifie la célébration
des lieux saints (destinée) à ceux qui sont dévoués
aux Tīrthankara16.
8Les dates de composition de plusieurs k. (cf. § 5) permettent de situer avec certitude Jinaprabha entre la fin du 13e s. et la première moitié du 14e s.17.
9Pontife śvetāmbara de la congrégation Kharatara, il fut un élève du maître Jinasimha (cf. k.22 et k.51 ; Vṛddhācāryaprabandhāvali in KhG 94.10). Ce fut certainement un moine influent au sein de sa communauté (VṛP 94.10) et une personnalité intellectuelle brillante : on lui attribue quantité d’hymnes (stotra, stavana)18. Bien introduit à la cour des Moghols, il sut, comme, plus tard, Hīravijayasūri à la cour d’Akbar19, se gagner la considération du Sultan Muḥammmad bīn Tughluq et faire prospérer le jinisme au temps des "Barbares" musulmans : d’après le k.22 et le k.51, Jinaprabha obtint du sultan des firmans pour protéger Śatruñjaya, Girnar, Phalavardhi et plusieurs autres lieux saints encore.
10On ne sait rien de ses attaches, mais selon toute vraisemblance, étant donné la localisation de la congrégation Kharatara (au Gujarat et au Rajasthan) et les descriptions précises que fournissent les k. d’Abu (8), Satyapura (17), Phalavardhi (60), Jinaprabha est originaire du Rajasthan ou du Gujarat.
11Jinaprabha n’a pas visité tous les lieux mentionnés dans le VTK (cf. § 11). Néanmoins, ses déplacements, dictés par ses devoirs monastiques et ses fonctions politiques, l’ont conduit en des points de l’Inde considérablement distants les uns des autres : Hastināpura, Pratiṣṭhāna, Kaṇṇāṇaya, etc.
§ 5 Le Vividhatīrthakalpa, œuvre composite
12Rédigé entre 1328 et 1333 d’après les dates qui figurent à la fin de plusieurs k. (1 : 1328 ; 11 : 1327 ; 44 : 1329 ; 50 : 1333 ; 63 : 1332), le Vividhatīrthakalpa "Kalpa de divers tīrtha" est un ensemble composite tant par la forme que par le contenu. Le texte édité comprend soixante-trois k. d’inégale longueur (deux lignes, k.55, à onze pages, k. 21), mais tous les mss. du VTK n’incluent pas le même nombre de k. (cf. § 8). Ces k., de styles variés, écrits en sk. (27 k.) ou en pk. (36 k.), en prose (43 k.) ou en vers (20 k.), ne sont pas tous l’œuvre du moine Jinaprabha : le k. 18 porte le nom du Maître Dharmaghoṣa ; le k.51 est attribué à Vidyātilaka, l’un des élèves de Jinaprabha ; d’autres, manifestement, ne figuraient pas tels quels dans le noyau original20.
13Le contenu du VTK est lui aussi très varié (cf. § 11). Enfin, les k. qui composent le VTK sont de formes diverses (cf. I § 1).
§ 6 Kalpa, genre littéraire
14Dans le canon jaina comme dans la tradition brahmanique, kalpa (k.) est d’abord un terme générique qui s’applique aux rituels de purification. Ainsi le Kalpasūtra jaina (du groupe des Chedasūtra) est un traité des règles monastiques concernant lieu, durée de séjour, aumônes, relations entre moines et nonnes, etc.21. Les rituels définis dans ces textes et la litanie des expressions récurrentes dans chaque sūtra22 ont pu partiellement contribuer à la naissance d’un genre appelé k. En effet, on voit le terme k. définir, dès les ouvrages védiques tardifs, une composition littéraire de type religieux, et parallèlement désigner chez les jaina un genre littéraire apparenté aux prabandha et aux carita qui semble se développer entre les 13e et 15e siècles23.
15En vers ou en prose, en sk. ou en pk., le k. est caractérisé par sa relative brièveté : dans le k.6 (v. 6) ou le k.61 (108.7) par exemple, Jinaprabha manifeste le souci de ne pas être trop long. Dans nombre de pièces, il précise qu’il est concis (alpa-kalpa)24, condense (samāsena)25 ou rédige un kalpa-miniature (kalpa-leśa)26. La dimension relativement modeste du k. convient à l’humilité du moine27 qui ne recherche pas la gloire littéraire, mais son propre salut et celui des pèlerins. Les diverses façons de décrire le lieu saint préparent en effet le pèlerin à percevoir la valeur symbolique du tīrtha et ses vertus particulières. En ce sens, le k. réfère à l’acte de parole ou d’écriture équivalant à un rituel, permettant donc d’assurer le salut du fidèle28 qui le lit, l’écoute (6 v. 71), ou le compose (1 v. 129).
16Les thèmes des k. peuvent être variés : lieux, statues, fêtes, formules d’hommages et, naturellement, saints personnages (cf. § 11). Dans le k.6, l’auteur dit explicitement que raconter l’origine d’une statue (v. 6) est un sujet approprié pour ce genre littéraire. Un excursus sur le mot k. dans la tardive Upakeśagacchīyapaṭṭāvali donne un échantillon des divers types de k. possibles et de leur contexte : des noms de lieux, des règles monastiques29.
17Comme il est de tradition en Inde, en début ou en fin de k., Jinaprabha se réclame de devanciers30 : il semble renvoyer parfois à des sources orales31, parfois à des sources écrites (1 v. 122, v. 123 ; 2 vi. ; 6 v. 69)32. En réalité, la majorité des expressions employées dans ce contexte sont des clichés choisis en fonction du mètre qui ne permettent pas de tracer une frontière nette entre l’oralité et l’écriture33. De menues indications internes données par l’auteur sur le genre du k. suggèrent cependant que le k. était d’abord un genre oral (1 v. 131, 6 v. 71). Mais même les légendes dont l'allure pourrait suggérer le recours à une tradition orale étaient aussi consignées par écrit : l’histoire de la statue trouvée par Ratna (5) a un parallèle dans le Śatruñjayamāhātmya par exemple (cf. 5 § 1). La matière légendaire transmise dans les k. provient pour une part d’un matériel ancien (cf. annexe 1) que l’auteur du VTK cite une fois explicitement (38 § 8). On constate d’autre part (8 § 1, 17 § 2, 33, 34, 43, 59 § 1), des interférences avec les sources plus récentes des prabandha.
§ 7 Editions. Manuscrits
Editions
18Deux éditions sont actuellement disponibles.
19— ed = editio princeps (Bibliotheca Indica no 238 Calcutta) : entreprise par le Pandit Kedarnath Sāhityabhūṣaṇa en 1923, elle a été complétée par D.R. Bhandarkar en 1942. Cette édition ne donne aucun renseignement sur les mss. qu’elle utilise.
20— Ed = édition due au Muni Jinavijaya (Singhi Jain Series 10 1934). Cette édition décrit les neuf manuscrits sur lesquels elle se fonde (cf. infra).
21A vrai dire, aucune des deux éditions n’est véritablement critique, même si l’une et l’autre signalent des variantes en note. Les différences entre elles ne concernent que des points de détail, mais, dans 1 ensemble, le texte adopté par Jinavijaya est plus satisfaisant : c’est donc lui que je prends pour base de la traduction. Je compare avec ed et et avec le manuscrit de Berlin (cf. § 10) lorsqu’il y a dans le texte de Ed une difficulté que la confrontation pourrait aider à résoudre.
Manuscrits
22a) Jinavijaya présente comme suit les mss. sur lesquels Ed se fonde (VTK, introduction p. 3-7) :
23. A : Ahmedabad, 58 folio, complet ; copié en sam. 1466 (1409) : copie ordinaire, état de correction ordinaire représentant la vulgate.
24. B : Ahmedabad, 38 folio, incomplet, non daté ; semble dater du 15e siècle environ : écriture et correction de qualité supérieure à l’ordinaire.
25. C : Ahmedabad, 41 folio, incomplet, non daté : bon état.
26. D : Ahmedabad, 45 folio, incomplet, non daté : écriture bonne, mais leçons médiocres.
27. P : Bhandarkar Oriental Research Institute Poona, 32 folio, incomplet, copié en sam. 1569 (1512) : écriture bonne, leçons médiocres.
28. Pa : Bhandarkar Oriental Research Institute Poona, 62 folio, complet, comme A ; copié en sam. 1527 (1470) : écriture bonne, qualité bonne.
29. Pb : Bhandarkar Oriental Research Institue Poona, 85 folio, incomplet, non daté : très corrompu.
30. Pc : Bhandarkar Oriental Research Institute Poona, 24 folio, incomplet, non daté.
31. [E : Bhandarkar Oriental Research Institute Poona, non daté : contient seulement VTK (21) : ancien et bon].
32b) J’ai eu, d’autre part, accès à un autre ms. du VTK, conservé à la Staatsbibliothek de Berlin et intitulé Kalpakadambaka, que les deux éditions (Ed et ed) n’ont pas pris en compte34 : Be (ms. de Berlin) : Schubring 1944 no 659 = Ms. or. fol. 1859, Berlin, 60 folio (26,3 x 11 cm), non daté, écriture ancienne. 17 lignes (cf. § 10).
§ 8 Nombre des kalpa du VTK selon les mss. disponibles
33Un tableau synoptique montre la situation :
Ms. | Total des k. | k. manquants |
A | 63 | |
B | 29 | 14, 19, 23, 25, 29, 31-33, 35, 58, 62, 63 |
C | 52 | 1-3, 23, 45, 49, 56, 58, 61-63 |
D | 32 | 1-8, 41-63 |
P | 47 | 15-16, 18, 21, 33, 34, 42-44, 46, 51-56 |
Pa | 63 | |
Pb | 56 | 57-63 |
Pc | 26 | 1-7, 9-11, 15-18, 26, 27, 29 31, 33, 34, 41-44, 46-48, 51-57, 61 |
34En fait, les véritables obstacles à une édition critique du VTK tiennent moins aux problèmes ponctuels de lecture qu’à la composition même du livre. Tous les manuscrits n’incluent pas le même nombre de k. : le moins étendu en comporte vingt-six (ms. Pc), les plus étendus soixante-trois (mss. A et Pa), comme on voit par le tableau synoptique ci-contre.
35Etant donné que les mss. C, D, Pc sont tronqués au début et que le ms. B finit abruptement, les k. communs à tous les mss. sont peu nombreux : 12, 13, 20, 21, 22, 24, 28. Le noyau s’élargit si l’on prend en compte les mss. C et D à partir du k.9, le ms. B jusqu’au k.35 : 1 à 13, 17, 20 à 22, 24, 26 à 28, 30, 35 à 41, 47, 50.
36On peut encore envisager de déterminer les k. dont la signature est vraisemblablement considérée comme authentique en les classant d’après les indications des vers initiaux (vi.) et finaux (vf.) des k.
1) La présentation la plus courante est la mention de "je" dans les vi., celle du nom de Jinaprabha dans les vf. C’est le cas dans les k. suivants : 1 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10 ; 17 ; 19 ; 20 ; 21 ; 22 ; 24 ; 25 ; 26 ; 28 ; 29 ; 32 ; 33-34 ; 35 ; 36 ; 37 ; 38 ; 39 ; 42 ; 43 ; 45 ; 46 ; 47 ; 48 ; 49 ; 50 ; 58 ; 60 ; 61-30 ;
2) Le nom de Jinaprabha figure dans le vf. (mais "je" ne figure pas dans le vi.) : 23 ; 44 ; 53 ;
3) Le nom de Jinaprabha figure dans le vf. (sans vi.) : 5 ; 12 ; 15 ; 31 ;
4) Le nom de Jinaprabha figure dans le vi. : k.11 (avec date de composition dans le vf.) et 41 (bénédiction dans le vf.) et 59 (sans vf.) ;
5) "Je" figure dans le vi. sans mention de nom dans le vf. : 3 ; 6 ; 16 ; 40 ; 56 ; 57 (souhait final) et 2 (vf. atypique) ;
6) "Je" figure dans le vf. sans vi. : 27 ;
7) aucune indication : 4 ; 14 ; 52 ; 54 ; 55 ; 62.
37Les k. recensés dans les rubriques 3), 5) et surtout 6) et 7) sont les k. les plus suspects. Mais il est en fait difficile de savoir avec certitude quels k. étaient dès l’origine dans le VTK : cet ouvrage, constitué de compositions indépendantes et unitaires, a formé un corpus ouvert où ont pu être facilement ajoutées des k. composés par des moines autres que Jinaprabha (51 : Vidyātilaka ; 18 : Dharmaghoṣasūri).
§ 9 Ordre des kalpa du VTK
38Il est également difficile de déterminer quel était l’ordre réel de succession des k. L’ordre adopté par les deux éditions est celui des mss. A (Pa, B, C, D, Pb), mais il en existe un autre, très différent, auquel se conforment les deux mss. P et Pc (cf. Jinavijaya, VTK, introduction p. 10-11) et, à une variante près, le ms. de Berlin (cf. § 10). Dans Ed, la logique de l’ordonnance échappe. Elle n’est ni chronologique (1 : 1326, 11 : 1307, 21 : 1332, 44 : 1329, 63 : 1332), ni géographique même si l’on discerne çà et là des regroupements : ainsi les k. 2 à 5 sont tous consacrés à Girnar. L’ordre suivi dans P résulte d’une tentative de classement : après les k. consacrés aux monts Satruñjaya et Girnar, comme dans le ms. A, il regroupe ensemble, conformément à la suggestion du vers final du k.30, les k. dédiés à Ambikā (6 = 61 Ed) et Kapardin (7 = 30 Ed), et les fait suivre d’un k. consacrant un autre personnage vénéré du jinisme, Pārśva (8 = 6 Ed) ; toujours dans P, deux autres regroupements se laissent apercevoir : les k. 14 à 20 (= 57, 26, 40, 31, 27, 58, 29, 35 de Ed) sont consacrés à la statue particulière du Jina d’un lieu saint ; les k. 26 à 35 (= 49, 50, 13, 12, 37, 19, 25, 36, 38 de Ed) sont consacrés à des villes traditionnelles, ont la même structure que les "kalpa-litanies" (cf. I § 1.2).
§ 10 Singularités du manuscrit de Berlin (Be)
39Be comprend 59 k. Le k.58 est présent deux fois, une fois en sk., une fois en pk., le k.29 est en sk. et non en pk. comme dans Ed. Il manque les k. 15, 16, 18, 44, 52. Dans l’ensemble, Be suit l’ordre qui, selon Ed, est celui du ms. P. Cependant, on note quelques différences. Be place le k.35 entre les k.25 et 36 (non entre les k.41 et 28). D’autre part, il compte douze k. après le k.22 avec lequel se termine le ms. P. Mais il est possible que ces k. aient été ajoutés ultérieurement : l’écriture m’a semblé plus noire, plus régulière et plus serrée que dans le reste du ms.
40Voici le tableau des concordances entre Be et Ed :
Be | Ed |
(1) 1a. 1-3b. 15 | 1 |
(2) 3b. 15-4b.3 | 2 |
(3) 4b.3-5a. 13 | 4 |
(4) 5a.l3-6a.4 | 5 |
(5) 6a.4-6b.2 | 3 |
(6) 6b.2-7a. 13 | 61 |
(7) 7a.l3-8a.l | 30 |
(8) 8a.l-9a.14 | 6 |
(9) 9a.14-10a.12 + (59’) : 10a.12-10a.17 | 59 6’ |
(10) 10a. 17-113.2 | 7 |
(11) lla.2-12b.2 | 9 |
(12) 12b.l2-13a.7 | 10 |
(13) 13a.7-14b.8 | 11 |
(14) 14b.8-16a. 13 | 17 |
(15) 16a.13-16b.17 | 57 |
(16) 17a.l-17b.2 | 26 |
(17) 17b.2-18a.6 | 40 |
(18) 18a.6-18a.15 | 31 |
(19) 18a.l5-18b.9 | 27 |
(20) 18b.9-19b.15 (sk.) | 58 |
(21) 19b.l5-20b.l (sk.) | 29 |
(22) 20b. 1-20b. 15 | 41 |
(23) 20b.15-21b.13 | 28 |
(24) 21b.l3-22b.6 | 60 |
(25) 22b.6-22b. 15 | 48 |
(26) 22b.15-24b.ll | 49 |
(27) 24b.ll-25a.7 | 50 |
(28) 25a.7-25b.14 | 13 |
(29) 25b. 14-26a.3 | 14 |
(30) 26a.3-26a.13 | 12 |
(31) 26а.13-27а.1 | 37 |
(32) 27a. 1-27a. 13 | 19 |
(33) 27a. 13-27b. 13 | 25 |
(34) 27b.13-28b.10 | 35 |
(35) 28b.10-30b.11 | 36 |
(36) 30b. 11-32b.3 | 38 |
(37) 32b.4-33a.11 | 47 |
(38) 33a.11-34a.9 | 8 |
(39) 34a.9-35a.7 | 32 |
(40) 35a.7-35b.7 | 23 |
(41) 35b.7-36b.5 | 24 |
(42) 36b.5-37b. 10 | 39 |
(43) 37b. 10-38b. 1 | 45 |
(44) 38b.1-38b.6 | 62 |
(45) 38b.6-39a.12 | 20 |
(46) 39a.13-45a.12 | 21 |
(47) 45a.12-46b.4 | 22 |
(48) 46b.4-47a.9 (pk.) | 58 |
(49) 47a.9-48a.5 | 42 |
(50) 48a.5-49b.17 | 43 |
(51) 49b. 17-5Ш.З | 46 |
(52) 51b.3-5 1b. 13 | 48 |
(53) 51b. 13-53b.3 | 51 |
(54) 53b.3-55a.7 | 53 |
(55) 55a.7-55a. 15 | 54 |
(56) 55a.15-55a.16 | 55 |
(57) 55a. 17-56a.4 | 56 |
(58) 56a.4-57a.16 | 33 |
(59) 57a.16-60a.6 | 34 |
§ 11 Choix du corpus du VTK
41Parmi les 63 k. qui composent le VTK, on distingue :
des k. dédiés à des lieux saints (35 k. : 1 à 5 ; 7 à 21 ; 23 ; 25 ; 28 ; 33 à 38 ; 41 ; 43 ; 44 ; 49 ; 50 ; 59), à des statues (13 k. : 22 ; 26 ; 27 ; 29 ; 31 ; 32 ; 40 ; 47 ; 51 ; 52 ; 57 ; 58 ; 60), ou à un animal du lieu saint (1 k. : 48) ;
des k. dédiés à des membres du panthéon jaina (4 k. : 6 ; 30 ; 53 ; 61) ou à d’illustres personnages (1 k. : 42) ;
des k. qui célèbrent divers thèmes de la religion jaina (8 k. : 24 ; 39 ; 45 ; 46 ; 54 ; 55 ; 56 ; 62) ;
le colophon final qui compte pour un k. (63).
42L’acception assez large du terme tīrtha dans le jinisme justifie que soient intégrés dans le VTK des k. traitant de thèmes banals dans la littérature jaina : deux lignes sur la supériorité des T. (55) ; des données biographiques relatives aux vingt-quatre T. (45), aux onze gaṇadha° (39), une description de l’assemblée plénière appelée samavasaraṇa (46), une évocation des grands événements de la vie d’un Jina (54, 56), un hymne aux cinq entités suprêmes (62), une description du Nandīśvara de la cosmologie jaina (24). Ils n’ont aucune originalité : je ne les examinerai pas ici.
43Les k. retenus sont ceux qui ont paru les plus importants pour l’étude des pèlerinages et des manifestations de la piété dans le jinisme du Moyen Age. Ce sont d’une part les k. dédiés au panthéon des jaina : l’inclusion de compositions en l’honneur du Yakṣa Kapardin (30), des déesses Ambikā (61) et Padmāvatī (53) ou de Pārśvanātha (6) a probablement une signification religieuse moins banale que la description du samavasaraṇa (46). Ce sont d’autre part les k., majoritaires dans le VTK (38 k.), qui consacrent un lieu saint ou un de ses éléments, comme la tigresse de Satruñjaya (48) ou le lieu-dit Kalikuṇḍa (15)35.
44Dans ce groupe, j’ai omis les k. suivants :
l’atypique k.4, morceau d’alchimie pratiquée sur le mont Girnar (traduction à paraître dans le JA sous presse) ;
le long et atypique k.21 (11 p.), dédié à la ville où le 24e T., Mahāvīra, atteignit le nirvāṇa : il existe dans divers mss. isolés (Eggeling no 7676, no 7677)36 et exigerait une étude indépendante ;
le k.14, bref supplément du précédent ;
le k.10 et le k.41 dédiés à des lieux dits ; j’ai traduit le k. 15 mentionné dans un itinéraire de pèlerinage du VTK.
45Le corpus ainsi délimité comprend 48 k. (soit environ quatre-vingts pages sur les cent que compte Ed).
46Ainsi, avec le VTK, le lecteur voyagera au Gujarat, au Rajasthan, en Uttar Pradesh et au Maharashtra. Il escaladera l’un ou l’autre des cinq monts sacrés pour les jaina : Śatruñjaya (1, 48), Girnar (2, 3, 4, 5), Abu (8), Vaibhāra (11), sans oublier l’idéal Aṣṭāpada (18, 49). Il visitera les villes de Mathurā (9), Vārāṇasi (38), etc., ou les villages de Harikaṃkhī (29), Suddhadaṃtī (31), etc. Il partagera encore les péripéties survenues à des statues érigées sur tel lieu saint, Kollapāka (57), Śrīpura (58), etc.
§ 12 Langue et style des kalpa
47Des différences linguistiques et stylistiques apparaissent entre les k. étudiés. Les unes tiennent à la langue utilisée. Dans les k. en sk., l’auteur recourt à des formes grammaticales rares37. Il emploie aussi des synonymes multiples (pour "chien" : k.3438, "Barbares" : k.3239, "mort" : k.3640) choisis en fonction de l’environnement phonique. Les k. en pk. ont un style simple. Font exception les seuls k.1741, 22, en partie, et surtout le k.51 écrit par un élève de Jinaprabha. Dans le k.22, Jinaprabha use de composés d’allure kāvya42, de phrases étendues (22)45.23-25, (22)46.3-6, de synonymes divers pour le mot "sultan" (surattāna**)43. Le cas extrême du k.51 présente les caractéristiques du style kāvya44 : les phrases sont longues, l’expression synthétique remplace l’expression analytique, les derniers termes de composé à valeur de postposition45 ou de pluralisant46 sont fréquents. Les k. 17, 22 et 51 sont en outre les seuls où l’auteur recourt à des mots arabo-persans (cf. n43. et annexe 5.2).
48D’autres différences constatées entre les k. tiennent davantage au type dont chaque k. relève. Les kalpa-stotra en sk. et en vers sont les plus élaborés (cf. I § 1.1.) : formes grammaticales rares (23 v. 14 saṃpanīpadyatām, 44 v. 8 nandyat), recherche stylistique (ordre des mots : 23 v. 3, v. 12 ; mètres variés : 23, 44 ; effet de surprise : 23 v. 6, v. 8). Même lorsqu’ils sont en sk., les kalpa-litanies sont monotones (cf. I § 1.2.) : la seule recherche, une constante du VTK, est celle de l’assonance phonique47. Seul, le k.38 se distingue : dans l’épisode du ṛṣi Harikeśabala par exemple (38 § 7), l’ordre des mots dans la phrase, tena yakṣeṇâdhiṣṭângī tenaiva muner vapuṣi saṅkramya pariṇītā tyaktā ca muninā (72.31-32) favorise la confusion (bhrāntimān48) et l’effet de surprise, du moins dans un premier temps : le Yakṣa épouse Bhadrā, le muni l’abandonne.
§ 13 Méthode d’analyse du corpus
49Diverses études ont, depuis le siècle dernier, évoqué la richesse légendaire, historique ou géographique du VTK49. Voici les documents auxquels je me suis reportée pour exploiter les renseignements qu’il donne.
Légendes
50Parmi les œuvres canoniques et leurs commentaires, j’ai recouru systématiquement au KalpS pour les quatre T. les plus connus ; pour les autres T. et les légendes de héros, j’ai utilisé les traditions transmises par les Āv (ĀvN, ĀvCū et ĀvH) et l’Utt (UttCū, UttŚ, UttNe)50 : ces textes fournissent les deux sources les plus importantes où ont puisé les ouvrages ultérieurs.
51Parmi les écrits plus récents, l’ouvrage de référence est le Triṣ (aṣṭiśalākā-puruṣa-carita) de Hemacandra (12e s.) : il relate les légendes des vingt-quatre T., des douze Cakravartin, des neuf Vāsudeva, des neuf Baladeva et des neuf Prativāsudeva.
52Deleu 1981, Sandesara 1972 ont montré les interférences entre le VTK et d’autres prabandha. Selon leur modèle, j’ai utilisé systématiquement PCi, PPS, PK pour les héros de légendes, et PCa, KhG, plus spécialement, pour les épisodes qui mettent en scène les maîtres.
Histoire
53Bühler, Kielhorn51 ont souligné la fiabilité du témoignage de Jinaprabha dans les k. 8, 9, 17 qu’ils ont confrontés à des textes contemporains ou à des inscriptions.
54J’ai recouru aux sources musulmanes suivantes :
le Al-Kāmil fī t-tārīkh d’Ibn Asīr (12e s.), Elliot & Dowson II p. 468 ;
le Tāj-al Ma‘āsir de Hasan Nizāmī (13e s.), Elliot & Dowson II p. 228-30 ;
le Tabakāt-i-Nāsirī de Minhāj al Sirāj (13e s.), Elliot & Dowson II p. 300 ;
le Tārīkh-i-Alai de Amīr Khusrū (13e s.), Elliot & Dowson III p. 74 ;
le Tazyat-al Amsar de ‘Abdallāh Wassāf (1328), Elliot & Dowson III p. 44 ;
le Tārīkh-i-Firuz Shāhi de Ziyā-ad-dīn Barnī (1358) in Elliot & Dowson III p. 93-268 ;
le Tārīkh-i-Firuz Shāhi de Shams-i-siraj ‘Afif (14e s.) in Elliot & Dowson III p. 269-388 ;
le Tārīkh-i-Mubārak Shāhi de Yahyā B. Ahmad B. ‘Abdallāh Sīrhindī (ca. 1435) in Basu 1932 ;
le Muntakhabal-t-tawārīkh d’Al Badā‘ūnī (1615) in Ranking 1973.
Géographie
55Outre des ouvrages généraux de géographie (Dey 1927, Sircar 1971,11960, Sharma 1972), j’ai consulté fréquemment l’atlas historique de Schwartzberg 1978 (Atlas), et m'en suis inspirée pour établir les cartes qui figurent ci-après52. Les ASI et les Gazetteers permettent de comparer les notations du VTK avec un état des lieux sans doute assez semblable à celui du 14e s. D’autre part, j’ai comparé les indications du VTK aux analyses qu’en ont faites Entwistle 1987 et Bakker 198553 dans leur étude des sites de Mathurā et d’Ayodhyā54.
§ 14 Principes de traduction et de présentation du corpus
56A partir du chapitre II, le présent volume comprend la traduction annotée, aussi littérale que possible, des k. retenus dans le VTK (cf. § 11). J’ai rencontré au cours de ce travail cinq difficultés majeures que voici, avec les solutions adoptées :
quand différents mots désignent la même réalité, j’ai traduit par un mot unique en français pour des raisons de clarté. J’ai procédé ainsi pour les mots "épée" et "chien" dans le k.34 ; quant à bimba et pratimā, mots qui, visiblement, sont interchangeables dans le texte, je les traduis, dans un même récit, par un mot unique "image" ou "statue" ;
quand bhavat alterne avec tvad dans un même dialogue, j’ai choisi, pour des raisons d’harmonie, de traduire soit par "vous”, soit par "tu", uniformément selon le personnage interpellé ;
pour ne pas rompre l'unité dans un récit au passé, j’ai traduit les occasionnels présents par des verbes au passé ; ils paraissent avoir tantôt la valeur d’un imparfait duratif, tantôt celle d’un présent de narration insistant sur le résultat présent d’une action écoulée, ainsi pūijjai (101.17, 101.23, 101.25), kahei (101.19), muṃcai (101.23), karei (101.29) ;
j’ai adopté les composés "pieds-lotus", "mains-lotus", "bras-sceptres" pour rendre une image stéréotypée qui, de toutes façons, n’a pas de correspondant en français : sont qualifiés ainsi les pieds des Jina (7x), les mains d’un Maître (1x) ou de Perfectibles (1x), les bras du Yakṣa Kapardin (1x) ;
parmi les mots variés qui servent à marquer la progression du récit (krameṇa, tadā, tatas, etc.), j’ai choisi de traduire anyadā par l’expression "un beau jour". La tournure est un peu familière, mais elle permet, me semble-t-il, de rendre l’atmosphère merveilleuse et l’événement particulier dignes de retenir l’attention du lecteur.
57Les k. traduits ci-après seront présentés comme suit :
581. La traduction est précédée d’une brève notice composée :
d’une présentation sommaire du site avec quelques indications bibliographiques : le lecteur verra ainsi d’emblée quels sites sont identifiés, quels autres nécessitent une recherche plus approfondie ;
d’une présentation de la structure des k. ici divisés en paragraphes (§ 1, etc.), avec renvoi, le cas échéant, aux paragraphes des chapitres (I § 1, etc.) ;
d’une indication des parallèles aux légendes évoquées par le VTK ;
enfin, d’une rubrique, où sont consignés les remarques que le k. appelle, ou les faits à signaler à l’attention.
59Naturellement, l’une ou l’autre des rubriques disparaît quand elle n’appelle pas de remarque ; elles peuvent aussi être regroupées en une seule quand cela est nécessaire (cf. III).
602. Dans la traduction des k., divisés en paragraphes,
j’ai distingué dans la présentation les k. en prose et les k. en vers : pour ces derniers, j’ai essayé de respecter la césure ;
j’ai adopté les principes suivants concernant les noms propres :
ils n’ont pas été décomposés : ou bien la division en éléments simples est claire ou bien elle est arbitraire ;
61ils figurent en sk. dans les k. en sk., en pk. dans les k. en pk. : un renvoi au nom sk., chaque fois qu’il existe dans le VTK, figure dans les annexes 6 et 7 (index des noms propres de personnes et de lieux), quand la correspondance n’est pas transparente, mais on ne trouvera pas, par exemple, Aṃga renvoyant à Aṅga.
623. Divers sigles et procédés typographiques sont utilisés, qui renvoient aux annexes figurant après le corps des traductions55 :
Un astérisque après un nom de personne renvoie à l’annexe 1 : répertoire des légendes ;
Un astérisque après un nom de personne écrit en capitales renvoie à l’annexe 2 : histoire ;
Un nom de lieu suivi d’un astérisque renvoie à l’annexe 3 : géographie ;
Par ailleurs, je fais figurer entre parenthèses :
les faits de style notables assonances ; stéréotypes signalés par °°“(annexe 4 et annexe 8, stéréotypes) ;
les faits de langue remarquables
63mots remarquables signalés par * (annexe 5.1)
64mots arabo-persans signalés par ** (annexe 5.2)
65mots techniques signalés par ° (annexe 5.3 et 5.4)
66suffixes grammaticaux signalés par + (annexe 5.5).
Notes de bas de page
1 J’ai présenté une analyse du VTK dans un article du BEI 9 1991, Lieux saints jaina dans le Vividhatīrthakalpa : représentation, fonction, panthéon (p. 37-59) auquel je renverrai occasionnellement dans le présent travail.
2 Cf. n.8.
3 Cf. Sangave 1959 p. 270-273.
4 Cf. Williams 1963 p. 234-235, Balbir 1987 p. 228.
5 Cf. Willams 1963 p. 232.
6 Tatra tīrthāni śrī-Śatruñjaya-śrī-Raivatâdini. Tathā tīrthakrj-janma-dīksā-jñānanirvāṇa-vihāra-bhūmayo ’piprabhūta-bhavya-sattva-śubha-bhāva sāmpādakatvenabhav-âmbhonidhi-tāraṇāt tīrthāny ucyante (Śrāddha-vidhi, 23b. 12-13).
7 Cf. Śrāddha-vidhi 23b. 13-14 : teṣu sad-darśana-viśuddhi-prabhāvâdy-arthaṃ vidhivad yātrā-gamanaṃ tīrtha-yātrā.
8 Il convient de se rappeler toutefois qu’il existe une critique de la valeur des tīrtha dès le 8e siècle de notre ère. Dans le contexte antibrahmanique de la Kuvalayamālā (p.48 et suivantes), le moine jaina Dhammanandana demande au roi Purandaradatta si l’eau du tīrtha a le pouvoir de laver la saleté intérieure et s’il est nécessaire de se déplacer, ou si toute eau est susceptible d’être purifiante dès lors que l’on concentre sa pensée sur le lieu saint. Si c’est la pureté de la pensée qui confère au tīrtha ses vertus, on pourrait alors considérer que l’eau du puits est susceptible de posséder les mêmes propriétés. Si tel n’est pas le cas, quelles sont donc les caractéristiques qui permettent de définir un lieu comme tīrtha ? Cf. § 1.
9 Cf. Renou 1953 II § 2417 ; Sandesara 1953 p. 144-147 ; Deleu 1981 p. 61-72.
10 Le VTK n’appartient pas à la littérature théorique relative aux pèlerinages : on n’y rencontre ni description du pèlerinage ni récit d’une expérience religieuse comme celle d’Egérie p. ex.
11 Cf. p. ex. Gonda 1977 p. 277 ; Kane 1960 p. 582.
12 Le titre de Vividha-tīrtha-kalpa, sans grande signification, est vraisemblablement un titre post-fabriqué.
13 Les titres de Kalpa-pradīpa, "Flambeau des kalpa", et Kalpakadambaka, "Arbre des désirs" ont un caractère auspicieux qui convient au genre de l’œuvre.
14 D’après un calcul très approximatif, le nombre donné par Jinaprabha couvre quatre-vingts des cent pages du VTK édité : cf. § 11.
15 Comme dans les k. 1, 11,44, 50 (cf. Balbir 1990 p. 188 n.20), la date est indiquée par un chronogramme : nandā = neuf, aneka-pa = huit, śakti = trois, Śīta-gu = un.
16 Plutôt que d’analyser les deux génitifs tīrthānāṃ tīrtha-bhaktānāṃ (Nahṭā 1978 p. 268) comme deux termes sur le même plan syntaxique, il m’a semblé préférable pour le sens de leur donner une fonction différente. Par ailleurs étant donné les habitudes stylistiques de Jinaprabha (cf. 11 v. 2 ; 49 vi.), j’ai choisi un sens différent pour chacun des mots tīrtha.
17 J.P. Jain donne des indications plus précises dans l'introduction à la traduction hindie du VTK (cf. Nahṭā 1978), mais n’indique pas ses sources. J. Cort reprend ces renseignements (Granoff 1990 p. 287).
18 Schubring 1944 I donne une liste de ces compositions : Saṃdehaviṣauṣadhi (no 72), Ṛṣabhadevājñāstava (no 436), Caturvimśatistavana (no 474), Ajitatīrthaṃkarastavana (no 519), Mahāvīrastavana (no 605), Gautamastotra (no 635). Pour une analyse des no 36 et du no 474, cf. Schubring (11926, réimpr. Kleine Schriften) 1977 p. 301 et 303.
19 Cf. Mehta 1973 VI p. 426.
20 Je soulève les problèmes concernant l’authenticité de k. particuliers dans les brèves notices qui précèdent les traductions.
21 Cf. Schubring 1905.
22 On relève ainsi dans le Kalpasūtra l’expression (no) kappai nigganthāṇaṃ "il (ne) convient (pas) pour les moines de".
23 Cf. Mehta 1967 IV p. 293.
24 Cf. 29 vi., 32 vf., 57 vi.
25 Cf. 7 vf., 16 vi., 25 vi., 29 vf., 49 vi., 57 vf.
26 Cf. 1 v. 3, 6 v. 3, 8 v. l, 19 vi., 32 vi., 34 vf., 40 vf., 47 vi., 53 vf. Une variante de kalpa-leśa est kalpa-lava : 5 vf., 37 vi., 39 vi., 51 vi., 58 vi.
27 On en trouve des manifestations plus ou moins sincères dans les expressions kim api, fréquentes dans les vers introducteurs ou dans l’interrogation : p. ex. "qui sommes-nous pour nous risquer ici ?" (11 v. 2).
28 On lit quantité de clichés dans les vers introducteurs ou finaux des k. : détruire la foule des péchés (28 vi.) et l’orgueil (29, 60) de l’ère kali, briser l’errance dans les existences (4) et gagner la couronne de la Libération (19).
29 Cf. Upakeśagacchīyā inclus dans le Paṭṭâvali-samuccaya édité par Darśanavijaya. Agra p. 180.22-181.14 (sans année d’édition).
30 Jahāsuam, sk. yathāśrutam, "selon la Tradition", figure dans les vers introducteurs des k. 7, 17, 33, 43, 57, 60, dans les vers finaux des k. 5, 20, 31, 32, 43, 47, 53, 58.
31 On lit mukhāt purāvidāṃ śrutvā dans le vers final du k.26, souṃ dans le vers final du k.28, āpta-janasya mukhāt dans le vers final du k.60.
32 On lit vuḍḍha-vayaṇāo (30 vf.), racayāṃ cakrur āgamāt (36 vf.), dṛṣṭvā śāsanapaṭṭikam (47 vi.), vuḍḍhôvaesāo (61 vi.).
33 On constate une fluctuation pour les verbes employés dans les vers introducteurs ou finaux des k., entre "dire” et "composer" :
-variantes de dire :
abhidadhmaḥ (33 vi.), abhidhāsye (43 vi.), āhuh (35 vf.) ; kittemi (25 vi. ; 26 vi. ; 37 vi. ; 58 vi.) ; jaṃpemi (7 vi. ; 17 vi. ; 19 vi. ; 49 vi. ; 51 vi.) ; JALP (8 vi. ; 32 vi. ; 35 vi. ; 38 vi. ; 47 vi. ; 53 vf.), THUV (12 vf.), praSTU (36 vi.), pariKAH (51 vf.), bemi (60 vi.). BHAN (6 v. 3 ; 25 vf. ; 27 vi. ; 29 vi. ; 37 vi. ; 40 vi.), vuccham (22 vi. ; 30 vi.) ;
-variantes d’écrire :
KR (20 vf. ; 34 vf.), tanyate (11 v. l), dṛbdhaḥ (8 v. 52), nirmāya (1 v. 130), praṇītaḥ (1 v. 123), RAC (23 v. 15 ; 32 vf. ; 36 vf. ; 47 vf. ; 43 vf. ; 44 v. 9 ; lihio (5 vf. ; 22 vf. ; 2 vf. ; 27 vf. ; 28 vf. ; 29 vf. ; 30 vf. ; 57 vi. ; 58 vf. ; 61 vi.), vaṇṇio (7 vf. ; 9 vf. ; 31 vf. ; 57 vf.), vyadhita (38 vf. ; 60 vf.), sūktiḥ (11 v. 29).
34 Je remercie l’Indologisches Seminar de l’Université de Münster : j’ai pu y utiliser e microfilm de ce manuscrit conservé à l’Asien-Africa-Abteilung der Deutschen (Staats)bibliothek de Berlin.
35 Je présente ces deux k. (cf. tableau infra) en annexe aux k. auxquels ils se rattachent : ainsi le k.48 après le k.1 et le k. 15 après le k.35 (dédié à Campa) dont il détaille un des éléments de légende.
36 Je remercie l’India Office Library et l’Institut de Münster grâce à qui j’ai pu utiliser les microfilms de ces deux mss.
37 Cf. p. ex. les formes de duel (34, 36), d’aoriste passif telles praiṣi (36)67.18, prākāśi (38)74.30, les aoristes à redoublement nyavīviśat (36)67.3, vyajijñapat (36)67.9, les adjectifs dérivés patāyalu (34)61.11, śraddhālu (43)82.8, prasṛmara (34)63.1, alaṃbhūṣṇu (34)61.10, les abstraits en -tā, kalanīyatā (32)57.23," pramaddharatā (32)57.23, les formations cvi, ainsi sacetanī-bhūya (33)60.19, pathikī-bhava (34)61.18, l’absolutif kaṇehatya (34)62.33, l’adverbe ubhākarni (34)62.1, le composé ṇamul sataḍat-kāram (47)89.3, la périphrase verbale valbhāyaṃ pragalbhe (32)57.29.
38 Sārameya (34)62.20, kauleyaka (34)62.22, śunaka (34)62.25, bhaṣaṇa (34)62.28, rasanāliha (34)63.27.
39 Cf. k.32, n.4.
40 astaṃgata- (36)67.2, ālekhya-śeṣatā (36)67.4, kathā-śeṣatā(36)67.30, svargâthityam prāpita- (36)68.32.
41 Cf. surtout 17 § 4.
42 Cf. (22)45.6 : aṇakavālâbhihāṇa-puḍhavi-dhāu-visesa-saṃphāseṇaṃ.
43 On relève ainsi : mahārāyāhirāa (22)45.29, mahā-nariṃda (22)46.1, pātasāhi (22)46.7, ega-chatta-vasuhâhivai (22)46.13, kali-kāla-cakkavatti (22)46.24.
44 Cf. Renou, JA 1959 p. 1-113.
45 Cf. -sāra (51)95.29, (51)96.2, (51)96.16, (51)96.27, (51)96.34, -puvva (51)95.4, (51)96.5, -purassara (51)96.7.
46 Cf. -vagga (51)95.19, (51)95.33, -vimda (51)95.26, (51)95.32.
47 Cf. p. ex. bhū-maṇḍalâkhaṇḍala (35)65.9, § 3 ; cāru-campaka-rociṣṇu (35)65.26, § 8 ; vaibhavâbhibhūta-dhana-dhanada (35)66.10, § 13 ; dāna-sauṇḍeṣu dṛṣṭānta (35)65.27, § 9, etc.
48 Cf. Porcher 1978 p. 87-90.
49 Cf. Bühler, IA 1898 (extrait du k.9 : Mathurā), 1899 (extrait du k.17 : Satvapura) ; p. 149 ; Law, IA IV 1939 p. 109-123 (paraphrase de quelques passages du VTK) ; Bakker 1985 (k.13 : Ayodhyā), Entwistle 1987 (k.9 : Mathurā) ; Balbir 1990 (k.50 : Hastināpura).
50 Cf I § 1.2. et annexe 1.
51 Cf. n.49.
52 Je remercie vivement Mme M. Bonin qui a patiemment redessiné les cartes
53 Cf. n.49.
54 Cf. k. 13, Remarques et BEI 9 1991 p. 47-48.
55 Cf. aussi p. 15-16.
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La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012