Les temples construits pallava, de la fin du viie siècle à la fin du viiie : présentation
p. 51-64
Texte intégral
1Le père de Rājasiṃha Narasiṃhavarman II, Parameśvaravarman I, aurait inauguré, au cours du dernier quart du VIIe siècle, le principe des premiers temples construits en pierre au Tamil Nad, peut-être sous l’influence des temples des Cāḷukya de Bādāmi. Le premier monument, au sommet de la colline de Tiruk-kaḻukkuṉṟam (district de Kāñcipuram), est désigné sous le nom de Vedagirīśvara. Les murs de la cella carrée sont constitués de trois grandes dalles assemblées portant chacune des reliefs sur leurs deux faces108. Le mur intérieur du fond est occupé par une Somāskandamūrti, face à l’est. Sur les deux parois qui l’encadrent, on peut voir, face au nord, une figure d’Ardhanārīśvara assise telle qu’on la trouve représentée chez les Pallava (comme au Kailāsanātha par exemple, fig. 97 [p. 166]) et une figure masculine possédant quatre bras, assise sur un trône, face au sud. M. Lockwood (2001 : 28), remarquant l’aspect royal de cette représentation, la nomme Rājamūrti. Les mêmes images se retrouvent sur la face extérieure correspondante (fig. 1–3). La structure originelle du temple est aujourd’hui invisible, englobée dans une structure plus tardive qui la recouvre complètement. C’est la présence de la Somāskandamūrti qui conduit K. R. Srinivasan (1964 : 106), à juste titre selon moi, à supposer que ce temple a été construit sous le règne de Parameśvaravarman I109. Le deuxième édifice, de forme absidale, se trouve à Kūram. Ses murs, composés de larges blocs de pierre taillée empilés, sont dépourvus de représentations. Il est attribué à Parameśvaravarman I d’après les tablettes de Kūram (IP no 46 ; EI XVII, no 22, révision de SII I, no 151) de ce souverain qui réfèrent à la construction d’un temple, le Vidyāvinīta-pallavaparameśvara.
2Avec l’avènement de Narasiṃhavarman II Rājasiṃha110 commence la période des temples construits sur les façades desquels apparaît une iconographie nouvelle et essentiellement narrative. Une inscription de fondation (IP no 54) au Kailāsanātha à Kāñcipuram permet de lui attribuer ce temple avec certitude (fig. 4)111. De même, deux épigraphes dans le temple de Tāḷapurīśvara à Paṉaimalai sont inscrites au cours de son règne (IP no 62 et 63). Bien qu’elles n’enregistrent pas à proprement parler la fondation du monument par ce souverain, l’éloge qu’elles en font ainsi que la structure du temple très proche de celle du Kailāsanātha, suggèrent que Rājasiṃha en est le patron (fig. 5).
3Il n’est en revanche pas toujours aisé de déterminer le patronage des autres temples, car peu d’entre eux comportent des inscriptions. Le bandeau de granit qui supporte les façades du temple de l’Airāvateśvara à Kañcipuram (fig. 6) porte une longue épigraphe mais elle est aujourd’hui très endommagée112. Il faudra donc se baser sur d’autres éléments que l’épigraphie pour pouvoir situer les monuments pallava dans le cours du VIIIe siècle. Au-delà des trois temples que je viens de citer, on peut ajouter à ce groupe l’Iṟavāttāṉeśvara (fig. 7), le Piṟavāttāṉeśvara (fig. 8) et l’Amareśvara (appelé aussi Tripurāntakeśvara) (fig. 9) à Kāñcipuram, puis le Mukuntanāyaṉār (fig. 10), l’Ōlakkāṉeśvara (fig. 11) et le Temple du Rivage (fig. 12), tous trois sur le site de Mahābalipuram. Le petit sanctuaire dans l’enceinte de l’Ekāmbaranātha à Kāñcipuram, à l’ouest du bassin, peut également être pris en compte113. Ce n’est qu’après avoir tenté de situer ces temples les uns par rapport aux autres, que j’aborderai un deuxième groupe, constitué du Vīraṭṭāṉeśvara de Tiruvatikai, des Mukteśvara et Mātaṅgeśvara à Kāñcipuram et du Kailāsanātha de Tiruppattūr, monuments qui semblent plus tardifs.
4Je me garderai de proposer une chronologie de ces temples puisque l’épigraphie ne le permet pas114. On ne sait même pas, de fait, si tous ces édifices ont été construits du temps de Rājasiṃha. Leur programme iconographique répond grosso modo à celui mis en place dans le Kailāsanātha (infra chapitre IX). En revanche, les images qui occupent les façades des porches d’entrée permettent, me semble-t-il, de situer grossièrement les monuments les uns par rapport aux autres. En effet, on remarque que, sur les façades de l’ardha-maṇḍapa du Piṟavāttāṉeśvara, Gajalakṣmī (fig. 13) tournée vers le sud s’oppose à une déesse debout un pied sur son lion (fig. 14) face au nord. Or, la même disposition se retrouve sur le sanctuaire du Kailāsanātha (plan I), alors qu’elle n’apparaît pas ailleurs. Ces deux temples pourraient donc, selon moi, être à peu près contemporains l’un de l’autre.
5À l’Iṟavāttāṉeśvara et à l’Amareśvara, c’est la paire composée de la déesse accompagnée de son lion face au nord (fig. 15) et Gaṇeśa face au sud (fig. 16) que l’on rencontre sur les façades de l’ardha-maṇḍapa. Elle sera retenue dans les temples pallava postérieurs puis cōḻa. Il me semble plus probable que l’opposition déesse/Gaṇeśa soit apparue peu à peu et se soit installée de manière quasiment définitive, plutôt que de supposer que ce couple soit apparu puis ait disparu pour être ensuite adopté par la postérité. M’appuyant sur cet argument, je situerai donc ces deux temples après le Kailāsanātha, le Piṟavāttāṉeśvara et l’Airāvateśvara, du temps de Rājasiṃha ou de son successeur. Sur les façades du porche d’entrée de l’Airāvateśvara, c’est en effet le Śiva mendiant (fig. 53 [p. 129]) qui, face au sud, s’oppose à la déesse accompagnée de son lion (fig. 17). Le Śiva mendiant et Dakṣiṇāmūrti sont deux formes qui sont associées sur la face sud dans le temple du Kailāsanātha, comme ici. L’Airavatesvara, dont le reste du programme iconographique s’accorde d’ailleurs avec celui du Kailāsanātha, pourrait donc rejoindre le groupe que forment le Kailāsanātha et le Piṟavāttāṉeśvara, construits probablement tous trois sous le règne de Rājasiṃha. Il est difficile de me prononcer sur le temple de Paṉaimalai et sur celui du Mukuntanāyaṉār à Mahābalipuram qui ne comportent pas d’images sur leurs façades.
6Deux monuments restent à situer : l’Ōlakkāṉeśvara et le Temple du Rivage à Mahābalipuram. Le premier est un édifice curieux. K. V. Soundara Rajan (1969 b) et K. R. Srinivasan (1975 b et 1983 a) s’accordent, en s’appuyant sur des critères architecturaux, pour le placer comme le dernier des temples construits sous le règne de Rājasiṃha. Son iconographie est particulière. Les façades sud et arrière sont ornées des habituels Śiva assis sous le banian (fig. 29 [p. 82]) et Śiva dansant (fig. 105 [p. 170]). La façade nord, en revanche, est occupée par Rāvaṇa soulevant le mont Kailāsa115, prenant la place de la Jalandharasaṃhāramūrti. Or, ce relief n’apparaît, sur le sanctuaire même, que dans les temples de l’Iṟavāttāṉeśvara de l’Amareśvara et, plus tard, du Mukteśvara et du Mātaṅgeśvara, que je suppose postérieurs au Kailāsanātha, au Piṟavāttāṉeśvara et à l’Airāvateśvara116. Cependant, la disposition des images de cet édifice ne semble pas obéir tout à fait aux critères définis par les autres temples pallava. En effet, la déesse accompagnée de son lion qui apparaît de manière constante dès les premiers temples sur les façades des porches d’entrée est ici absente, remplacée par une figure de Kālārimūrti (fig. 132 [p. 206]). À cette dernière s’oppose un Śiva mendiant sur la façade sud (fig. 60 [p. 131]), constituant alors un couple Śiva enseignant et Śiva mendiant, tel qu’on le trouvait à l’Airāvateśvara. Le choix des images de ce temple se présente donc comme inhabituel, le rendant difficile à situer par rapport aux autres. On remarque cependant que la thématique de ses façades, à savoir le nord consacré aux formes combattantes et royales, l’ouest aux formes de transition qu’incarne le Śiva dansant (infra p. 169– 171) et le sud aux formes « sauvages » et bénéfiques du dieu, est respectée, permettant alors de considérer ce temple comme appartenant au groupe des monuments de la première moitié du VIIIe siècle dont c’est la caractéristique principale (infra p. 323).
7Le Temple du Rivage à Mahābalipuram est une pièce complexe, composée de trois sanctuaires, dont deux sont dédiés à Śiva et un à Viṣṇu. Il est le résultat d’étapes de construction successives, que je vais tenter d’exposer brièvement ici117. La première, qui correspond au noyau ancien du temple, d’obédience viṣṇuïte, est un ensemble taillé dans la roche mère. Il comprend le Viṣṇu couché, le bassin au nord dans lequel plonge un sanglier et le lion et la gazelle au sud118. Ensuite, un abri ouvert à l’est est construit pour le Viṣṇu couché119. Adossé au mur arrière de ce sanctuaire, un autre petit édifice dédié à Śiva, ouvert à l’ouest, est érigé. À l’est de cet ensemble déjà curieux, à un mètre environ, le plus grand sanctuaire, dédié à Śiva, s’élève. Les deux monuments śivaïtes sembleraient dater du règne de Rājasiṃha. Des inscriptions de ce roi signalent en effet qu’il est responsable de la majeure partie des constructions120. L’iconographie de ces deux sanctuaires, malheureusement très abîmée, reprend en partie celle des autres temples érigés sous son règne. On y trouve la déesse accompagnée de son lion et Tripurantakamūrti face au nord (fig. 154 [p. 237]), le dieu au banian face au sud. Un Śiva dansant occupait probablement la façade arrière du grand sanctuaire comme en témoigne la présence des gaṇa musiciens encore visibles sous la niche principale. On remarque, comme dans le temple de l’Ōlakkāṉeśvara, l’absence de la Jalandhara saṃhāra mūrti, qui apparaît pourtant dans tous les temples de la première moitié du VIIIe siècle à Kāñci puram (infra p. 211). Elle est remplacée ici par une forme au symbolisme royal à peu près équivalent, la Tripurāntakamūrti.
8Le temple de Vīraṭṭāṉeśvara à Tiruvatikai est souvent considéré comme un temple pallava datant du règne de Parameśvaravarman II. Une inscription sur dalles (ARE 1903, no 56, p. 22 ; IP no 71 ; SII VIII, no 331), aujourd’hui coulées dans le ciment, a été retrouvée dans l’enceinte de ce temple. Or, cette épigraphe, datée de la troisième année de règne de ce souverain (supra p. 38), ne réfère pas au Vīraṭṭāṉeśvara de Tiruvatikai mais au temple d’Agastīś vara à Aviṉūr. La présence de cette inscription attribuée à ce roi dans l’enceinte de ce monument suffit-elle pour avancer l’hypothèse que la fondation du Vīraṭṭāṉeśvara date du règne de Parameśvaravarman II ? Je ne le penserais pas au premier abord. Cependant, il faut remarquer que cet édifice présente un plan semblable à celui du Kailāsanātha à Kāñcipuram, avec un nombre égal de petites cellas extérieures ouvrant sur les façades et contenant des images (fig. 18). Les façades mêmes du temple sont couvertes de reliefs narratifs, dont les thèmes de la majeure partie d’entre eux ont été inaugurés au Kailāsanātha. Donc, sans que l’on puisse pour autant l’attribuer à Parameśvaravarman II avec certitude, il me semble que ce monument se présente comme une sorte de copie du Kailāsanātha et devrait pouvoir être situé dans les limites du VIIIe siècle. Plusieurs inscriptions pallava du IXe siècle qui enregistrent des donations à ce temple ont été retrouvées dans l’enceinte du complexe (IP no 123 [Nandivarman III] ; no 167 et no 179 [Nṛpatuṅgavarman]), montrant alors qu’il existait déjà à cette époque. Une autre inscription de Nṛpatuṅgavarman (IP no 162) mentionne même une rénovation. C’est probablement ce qui conduit K. R. Srinivasan (1983 b : 100–101) à supposer que ce monument a été repris et modifié sous les derniers rois de la dynastie. Lieu d’innombrables ajouts et de restauration massive, ce temple se présente comme un objet délicat à analyser. Malgré l’intérêt des thèmes iconographiques qui y sont rassemblés, je ne m’y réfèrerai donc que rarement dans cette étude.
9À la mort du roi Parameśvaravarman II, le royaume pallava semble plonger dans le chaos. Nandivarman II, au cours de la deuxième moitié du VIIIe siècle, ne le rétablira qu’à grand-peine. Le domaine artistique et religieux est alors marqué par un changement assez radical. Alors que les rois pallava, dès la fin du VIIe siècle, dédiaient leurs temples à Śiva, l’ouvre majeure patronnée par Nandivarman II est un monument viṣṇuïte, le Vaikuṇṭha Perumāḷ à Kāñcipuram. À proximité de ce dernier, deux temples śivaïtes sont érigés, le Mukteśvara (fig. 19) et le Mātaṅgeśvara (fig. 20). Semblables à plusieurs égards, le deuxième demeure cependant inachevé. Je les considère comme contemporains l’un de l’autre.
10La datation de ces édifices est délicate à établir. Sur la base du Mukteśvara, une inscription a été gravée (IP no 80), datée en année de règne d’un certain Nandivarman. L’année elle-même est endommagée, et il est donc difficile de déterminer s’il s’agit de Nandivarman II (deuxième moitié du VIIIe siècle) ou de Nandivarman III (troisième quart du IXe siècle). Plusieurs historiens suggèrent la vingt-huitième année de règne, ce qui les conduit à attribuer ce temple au roi Nandivarman II, puisque la plus haute année de règne retrouvée dans les inscriptions de son petit-fils est vingt-trois. Cependant, on peut opposer à cela au moins deux arguments. Le premier se base sur l’incertitude de la lecture du chiffre 28. Ensuite, le fait que l’on n’ait pas retrouvé d’inscription datée au-delà de la vingt-troisième année de Nandivarman III ne signifie pas que celle du Mukteśvara ne peut pas lui être attribuée121. Les deux biruda inscrits sur deux piliers à l’intérieur de l’ardha-maṇḍapa du Mātaṅgeśvara ne nous aident pas non plus dans la datation de ces temples. Le premier, que K. R. Srinivasan (1983 a : 68) lit Śrī-prabhupatiḥ, est en fait très abîmé et quasiment impossible à déchiffrer aujourd’hui. Le second, en meilleur état, se lit Śrī-aratya[ṃ] kana[ḥ] et, sur critères paléographiques, pourrait être attribué aux VIII e ou IXe siècles122.
11Donc, si l’épigraphie ne peut nous permettre de dater ces temples avec plus de précision, elle suggère cependant, grâce à l’inscription du Mukteśvara, qu’ils ont été érigés au cours du règne d’un Nandivarman123. Ces édifices peuvent donc être assignés à la deuxième moitié du VIIIe siècle ou au troisième quart du IXe. D’un point de vue iconographique, il semblerait que la deuxième moitié du VIIIe siècle soit la période la plus plausible. En effet, les grands thèmes des représentations du VIIIe siècle demeurent (Jalandharasaṃhāramūrti, Śiva dansant, Śiva mendiant, Rāvaṇa secouant le mont Kailāsa, Gajasaṃhāramūrti), alors qu’ils disparaîtront dans les monuments érigés au IXe siècle, sous les successeurs de Nandivarman II124. Je suppose donc que c’est sous le règne de Nandivarman II, et non de Nandivarman III, que le Mukteśvara et le Mātaṅgeśvara ont été érigés.
12Le dernier temple que j’évoquerai ici est le Kailāsanātha de Tiruppattūr (district de Trichy) (fg. 21)125. Les reliefs sont en très mauvais état, rendant l’étude iconographique délicate, et aucune inscription ne vient aider à l’établissement de sa datation. Or, comme au Mukteśvara et au Mātaṅgeśvara, les grands thèmes développés au cours de la première moitié du VIIIe siècle sont présents sur les façades, bien que leur disposition varie quelque peu (infra p. 332). Il s’agit à nouveau, selon moi, d’une iconographie en transition, reprenant celle des temples antérieurs, que l’on pourrait alors situer dans la deuxième moitié du VIIIe siècle.
Notes de bas de page
108 Pour une discussion sur ce temple, voir K. R. Srinivasan (1964 : 103–107). Voir également M. Lockwood (2001 : 27–30), qui reprend, en les rectifiant, les commentaires de l’ARE 1909, p. 76–77, sur les images de ce temple.
109 C’est en effet sous ce roi que les premières Somāskandamūrti apparaissent au fond des cellas. Voir M. Lockwood (2001 : 21–45). Une inscription de Tirukkaḻukkuṉṟam (IP no 42 et K. R. Srinivasan [1964 : 103–104]), retrouvée sur l’un des piliers du temple excavé un peu plus bas sur la même colline, mentionne un don de la part du roi Narasiṃhavarman I, à qui cette grotte est attribuée. Cette épigraphe pose problème. Ses deux premières lignes réfèrent à un Perumāṉaṭikaḷ à Tirukkaḻukkuṉṟam, tandis que les lignes suivantes mentionnent un Perumāṉaṭikaḷ de Mūlattānam sur le sommet de la colline à Tirukkaḻukkuṉṟam. Il est difficile de savoir s’il s’agit d’une seule divinité habitant un seul monument (le début de l’inscription étant soit une erreur soit une partie gravée dans un premier temps puis complétée par la suite), qui serait alors le temple excavé attribué à Narasiṃhavarman I Vātāpikoṇṭa, ou bien si cette juxtaposition renvoie à deux temples, la grotte excavée et l’édifice du sommet de la colline. C’est la deuxième solution qu’adopte K. R. Srinivasan (1964 : 106–107). Il pose alors l’hypothèse d’un temple construit en matériaux périssables précédant le temple en pierre, qui aurait été reconstruit sous le règne de Parameśvaravarman I. Je remercie le Pr. Vijayavenugopal (EFEO Pondichéry) d’avoir longuement partagé ses vues sur cette inscription.
110 Je rappelle ici que ce roi aurait accédé au trône à la in du VIIe siècle. Les dates de 690, 691 et 700 ont été proposées (supra p. 37).
111 L’inscription du Kailāsanātha, comme celle du Tāḷapurīśvara de Paṉaimalai, ne mentionnant pas l’année de règne du roi, il est impossible de déterminer à quel moment de son règne ces monuments ont été érigés. Puisque l’on sait par ailleurs que la période pendant laquelle il gouvernait fut dépourvue de conflits majeurs, pourquoi ne pas alors imaginer que la construction de ces temples a été entreprise dès le début de son règne ?
112 Une visite de ce temple en 2008, en compagnie d’E. Francis et de N. Ramaswamy, a permis de déterminer qu’il s’agit d’une inscription tamoule dont le début, à l’angle sud-ouest, est en caractères grantha. On y lit clairement « Narasiṃha », mais l’apparition de ce nom ne suffit pas pour déterminer le patronage du temple.
113 K. V. Soundara Rajan (1969 b) et K. R. Srinivasan (1975 b et 1983 a) le nomment Vālīśvara, mais il est aujourd’hui appelé Iṭapeśvara. Il est dénué de sculptures en dehors d’une représentation du couple divin sur le mur du fond de la cella dans laquelle Śiva tient un trident. Autour de ce temple, au milieu des herbes, se trouve un taureau ressemblant fortement à ceux que l’on voit au Kailāsanātha, ainsi que la partie inférieure d’une statue cassée représentant le dieu au banian. Les deux pièces sont taillées dans le grès jaune caractéristique des temples pallava de Kāñcipuram.
114 Prenant en compte les critères architecturaux uniquement, K. V. Soundara Rajan (1969 b) propose la chronologie suivante pour ces monuments pallava : Mukuntanāyaṉār, Piṟavattāṉeśvara, Airāvateśvara, sanctuaire du Kailāsanātha, Iṟavāttāṉeśvara, Amareśvara, mur d’enceinte du Kailāsanātha et sanctuaire de Mahendravarman III, Tāḷapurīśvara à Paṉaimalai, Temple du Rivage et Ōlakkāṉeśvara. Voir également K. R. Srinivasan (1975 b et 1983 a).
115 Voir V. Gillet (2007 b : fig. 8).
116 Cette image est présente au Kailāsanātha, mais sur le mur d’enceinte. Elle n’est donc pas intégrée au programme iconographique du sanctuaire.
117 Sur le Temple du Rivage, voir en particulier l’étude de J. Dumarçay et F. L’Hernault (1975) et E. Francis, V. Gillet et Ch. Schmid (2007).
118 Ch. Schmid et E. Francis développent l’hypothèse de la mise en place d’un dispositif utilisant l’eau comme mise en scène du mythe du Viṣṇu couché et du Varāha du bassin. Voir E. Francis, V. Gillet et Ch. Schmid (2007 : 588–589).
119 Ce temple aurait été élevé sous le règne Narasiṃhavarman I, si l’on en croit les tablettes de Ciṟṟūr de Nṛpatuṅgavarman (IP no 152, l. 16–17) (supra note 45).
120 E. Francis et Ch. Schmid (E. Francis, V. Gillet et Ch. Schmid [2007 : 587–590]) proposent une hypothèse intéressante quant à la śivaïsation de ce complexe sous Rājasiṃha. Les inscriptions de ce roi apposées sur les parties anciennes du temple, la destruction du sanglier représentant Varāha dans le bassin et l’enserrement du temple viṣṇuïte entre les deux sanctuaires śivaïtes seraient, selon eux, la marque de la śivaïsation, au début du VIIIe siècle, du site viṣṇuïte ancien.
121 Il faut souligner que, dans plusieurs inscriptions de Nandivarman III, l’année de règne n’est pas mentionnée ou est indéchiffrable (voir IP no 145 à 148). Il est donc tout à fait possible que son règne ne se soit pas limité à vingt-trois ans. Je remercie E. Francis des précisions qu’il m’a fournies sur l’inscription du Mukteśvara ainsi que sur les problèmes d’identification du roi qu’elle soulève.
122 Cette lecture ainsi que les remarques d’ordre paléographique m’ont été fournies par E. Francis. Il interprète ce biruda comme « celui dont la marque est le déplaisir (pour ses ennemis) ». Cette lecture diffère de celle proposée par K. R. Srinivasan (1983 a : 68) : Śrī aratyamakaṉ.
123 K. R. Srinivasan (1983 a : 67–68) suggère que la structure des temples date du temps de Rājasiṃha, mais que les représentations sont beaucoup plus tardives.
124 Sous le règne de Dantivarman sont érigés les temples du Vaikuṇṭha Perumāḷ, du Sundaravarada Perumāḷ à Uttaramērūr (peut-être le Kailāsanātha dans ce même village), l’Ādi Keśava Perumāḷ à Kūram, le Varadarāja Perumāḷ et le temple des sept mères à Ālampākkam. Le temple de Vaikuṇṭhavāsa Perumāḷ à Kiḷiyaṉūr date du règne de Nandivarman III. La disparition de grands thèmes inaugurés par l’iconographie du VIIIe siècle est particulièrement remarquable dans les temples śivaïtes du Jalanātheśvara à Takkōlam et du Vīraṭṭā-ṉeśvara à Tiruttaṇi, construits sous le règne d’Aparājita à la fin du IXe. Leurs façades sont occupées par Gaṇeśa et Dakṣiṇāmūrti au sud, Viṣṇu à l’ouest et Brahmā et la déesse accompagnée de son lion au nord. Cette disposition annonce celle des temples cōḻa. La présence de Viṣṇu sur la façade arrière est plus rare que celle de la Liṅgodbhavamūrti mais n’est cependant pas inhabituelle. Sur l’étude du temple de Tiruttaṇi, voir K. R. Srinivasan (1983 b : 102–103) et J. Dumarçay et F. L’Hernault (1975 : 33–37 pour l’étude architecturale et 109–114 pour l’étude iconographique). Sur le temple de Takkōlam, voir S. R. Balasubrahmaniam (1966 : 212–215) et K. R. Srinivasan (1983 b : 101).
125 K. R. Srinivasan (1983 a : 74) assigne ce monument à la dernière partie du règne de Nandivarman II.
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La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012