Livre I. La création
p. 5-35
Texte intégral
1. Tirukkailacām
1Le mont VeḷḷiyaṅkuN Ram (montagne blanche, Tirukkailācam) est très célèbre, parce que Kaṇṇutal (CivaN) réside sur sa cime. D’une hauteur incommensurable, il est tout brillant et purifie l’âme de tous les êtres qui l’abordent. Nanti en est le gardien. Les tēvar, les muNi et les kaṇa se plaisent beaucoup à rester sur cette montagne blanche, (st. 1-14).
2A son sommet se trouve un palais magnifique où il existe un beau maṇṭapam de couleur d’or. Le Maître des Veda (CivaN) se trouvait un jour assis dans ce maṇṭapam avec Kavuri (Umai) sur un trône somptueux. (st. 15-18).
3Les kaṇa jouaient de la musique. NārataN chantait. PurantaraN (IntiraN) et les tēvar adoraient AtikaN (CivaN) et son épouse. Les dévots en grand nombre se trouvaient réunis devant le trône, (st. 19-22).
2. Pārppati
4Dans ces circonstances Umai se leva et s’adressa à son époux en ces termes : « Sire ! Née fille de TakkaN qui vous méprisait, j’ai pris un nom (Tākṣāyaṇī) en conséquence et j’ai été par lui élevée. Je déteste donc mon corps, dont la structure a un certain rapport avec lui. Daignez faire en sorte que ce corps disparaisse et que je puisse en prendre un autre qui soit sublime. » (st. 1-3).
5Le Maître (CivaN) lui répondit : « Le roi des Himalaya fait une pénitence en vue de t’avoir comme sa fille et de te voir ensuite m’épouser, Deviens donc sa fille. En temps voulu, je viendrai chez lui pour prendre ta main et je te ramènerai ici. » (st. 4-9).
6Vimalai (Umai) quitta son mari et se rendit à l’Himālaya. A proximité d’un étang le roi des montagnes faisait sa pénitence ; Kavuri le vit. Elle assuma la forme d’un bébé et s’étendit sur une fleur de lotus de cet étang. (st. 10-21).
7Le pénitent l’aperçut. Débordant de joie, il descendit dans l’eau, prit l’enfant dans ses bras et le porta à sa femme MēNai, à qui il raconta l’évènement. MēNai, très heureuse, donna à l’enfant le nom de Pārppati (Pārvatī) et l’éleva avec beaucoup d’affection, (st. 22-31).
8Pārppati avait six ans. Un jour elle manifesta à son père le désir de faire une pénitence en vue d’avoir le Père d’AyaN et des tēvar (CivaN) comme époux et lui demanda d’ériger une salle à cet effet. Le Roi des montagnes lui fit remarquer qu’elle était trop jeune et qu’à son âge elle ne pouvait accomplir une pénitence rigoureuse, Mais sa fille insista et déclara que cette idée ne lui était venue que par la grâce d’ĪcaN (CivaN). (st. 31-33).
9Devant cette raison pertinente, le père ne tarda pas à faire apprêter un lieu d’ascèse et à y envoyer Pārppati, en compagnie de plusieurs jeunes filles, afin de l’aider et de l’assister dans ses austérités.
10MēNai et son mari allaient souvent rendre visite à leur enfant, (st. 34-36).
3. Mēru
11Pendant que Kauri faisait sa pénitence sur les Himalaya, l’acura CūrapatmaN exerçait une grande autorité sur l’univers entier. (st. 1).
12Les sages CaNakaN et autres, n’ayant pu obtenir, malgré leurs austérités, une connaissance spirituelle parfaite, allèrent trouver le Maître des sciences (CivaN) et le prièrent de leur donner une explication claire et précise des Veda, (st. 2-7).
13Le dieu porteur de guirlande de fleurs KoNRai (CivaN) appela Nanti, lui donna l’ordre de ne laisser entrer personne dans sa demeure, excepté PūṅkaṇaikkiLa VaN (MaNmataN) et commença à expliquer les Veda aux quatre sages, (st. 8-10).
14Il leur fit d’abord un exposé clair des trois premières parties des Ākamam. En parlant de la quatrième et dernière partie, appelée ÑāNam, il dit qu’elle ne pouvait être expliquée par des mots, mais qu’on l’acquerrait en se tenant silencieux. Cela dit, il plaça sur sa poitrine sa main, qui exprimait le MōNamuttirai et se plongea un instant dans la méditation, comme pour leur montrer comment ils devaient observer le silence, (st. 11-12).
15Cet instant fut pour Kamalapputtēḷ (Brahman) et les tēvar plusieurs âges. CivaN étant immobile et silencieux, les gens de la terre et du ciel renoncèrent à la vie conjugale et vécurent comme des anachorètes ; ce qui entraîna l’extinction graduelle des êtres, qui ne se multiplièrent plus. (st. 13-29)
16CūraN (CūrapatmaN) commença à tourmenter les hommes et les tēvar. IntiraN quitta son pays et, accompagné de son épouse Cachi et de quelques tēvar, se rendit à la montagne blanche pour exposer ses doléances à l’Etre Suprême, N’ayant pu le trouver dans sa demeure, il alla au mont Meru. Là, il apprit que le fils de CūraN avait incendié le monde des tēvar et que son fils avait été fait prisonnier, (st. 30-31).
17Aussitôt il décida de faire une pénitence sur le mont Meru, à l’endroit même où il se trouvait alors, en vue d’obtenir la grâce de NimalaN (CivaN). Celui-ci, touché par la rigueur de ses austérités apparut devant lui et lui fit remarquer que son malheur était dû à sa participation au sacrifice de TakkaN qui l’avait offensé. Il ajouta : « J’aurai bientôt un fils qui tuera CūraN et tu seras alors délivré de tous les maux. » (st. 32-35).
18Makapati (IntiraN) ne fut qu’à moitié rassuré, car il se demandait comment PirāN (Civa N) pourrait avoir un enfant, lui qui se trouvait au Kayilai tandis que Umai était à l’Imayam. Accompagné des tēvar, il alla voir Vēta (Brahman) qui les conduisit tous chez MāyaN (Viṣṇu). (st. 36-57).
19Informé de la situation, l’époux de Tiru (Viṣṇu) leur dit qu’il fallait d’abord faire renoncer ῙcaN (CivaN) à son attitude pour qu’il reprenne la vie conjugale avec la fille de la montagne (Umai), afin d’avoir un enfant et que KāmaN seul était capable de l’y inciter (st. 58-81).
4. KāmatakaNam
20AyaN (Brahman) fit venir KāmaN et lui donna l’ordre de lancer ses flèches sur Kaṇṇutal (CivaN), afin de troubler son recueillement et d’exciter sa passion. KāmaN s’y refusa et fit remarquer que cela pouvait entraîner pour lui des conséquences fâcheuses de la part de TaRparaN (CivaN). VētaN (Brahman) insista et le menaça d’une malédiction. MataNavēḷ (Ma N mata N) obéit, car il préférait être victime de Kāḷakaṇṭa N (CivaN) plutôt que de VētaN. Muni de son arc et de ses flèches, il alla au mont Kayilai, accompagné de son épouse Irati. (st. 1-76).
21Autorisé par Nanti, il entra dans la demeure du dieu des dieux (CivaN), dont la vue le troubla un instant. Mais encouragé par son épouse, il s’approcha de lui, arc et flèches en mains. (st. 77-86).
22Malarkkaṭavuḷ (Brahman), CatamakaN (IntiraN) et les tēvar voulant assister à la provocation de KāmaN, vinrent se camper sur le Kayilai, à quelque distance du séjour d’ῙcaN. (st. 87).
23MāraN (MaNmataN) lança ses flèches à cinq fleurs sur le Maître. Celui-ci dérangé, ouvrit les yeux. La flamme qui sortit de son œil frontal brûla MaNmataN et le réduisit en cendres. Une épaisse fumée couvrit tout le Kayilai. Irati se jeta sur le sol, pleura et se lamenta, (st. 88-110).
5. Rupture du silence
24TicaimukaN (Brahman) et les autres tēvar, constatant que le Maître (CivaN) était rentré dans sa méditation, après l’incinération de KāmaN, furent très affligés. Ne trouvant aucun recours contre les actes malicieux continuels de CūraN, ils se décidèrent à se rendre au palais de CivaN et à chanter ses louanges. Ils se postèrent donc à la porte du sanctuaire et glorifièrent le dieu à l’œil frontal. (st. 1-12).
25Le bruit des chants des tēvar interrompit la méditation du Dieu. Celui-ci ordonna à Nanti de faire entrer ses dévots et leur demanda ce qu’ils voulaient. Les tēvar se plaignirent de la terreur semée sur tout l’univers par CūraN et des tortures à eux causées par lui et le prièrent de reprendre la vie conjugale avec Umai, en vue d’avoir, comme il l’avait dit à IntiraN, un fils capable de tuer le méchant CūraN. (st. 13-23).
26Le Maître (CivaN) acquiesça à leur désir et les laissa partir. (st. 24-26).
27A ce moment Irati se présenta devant le destructeur de son époux. Elle lui exposa son malheur et lui expliqua que son mari n’avait agi qu’à l’instigation et sur l’insistance d’AyaN et des tēvar et qu’il n’avait rien fait de son propre chef. (st. 27).
28Le Parfait (CivaN) eut pitié d’Irati et lui dit qu’il ressusciterait son mari, le jour où il se marierait avec Kavuri. (st. 28).
29La veuve s’installa en un endroit de l’Himālaya et attendit anxieusement ce mariage. (st. 29).
30Le porteur du fleuve céleste (CivaN) fit venir les sages CaNakaN, CaNantaNaN, CaNātaNaN et CaNaRkumāraN et leur dit : « Sachez, mes enfants, que la Connaissance (ñāNam) ne s’acquiert qu’en rentrant en soi-même dans un état de silence absolu, ainsi que je viens de vous le montrer. Les paroles ni les mots ne peuvent le définir. Résolvez-vous donc à faire le yōgu (yōga), votre ignorance s’en ira et vous aurez la sagesse pleine et entière, (st. 30-34).
31Les pénitents, satisfaits des explications du Parfait, lui présentèrent leurs respects et rentrèrent chez eux. (st. 35).
6. Vue de la pénitence
32Après le départ des sages, CivaN prit la forme d’un vieux brahmane et se rendit à l’endroit où la Mère (Umai) faisait sa pénitence. Les jeunes filles qui étaient de garde à la porte de la salle l’interpellèrent. Il leur répondit qu’il était venu dans l’intention de rendre visite à la pénitente. Les demoiselles annoncèrent alors l’arrivée du brahmane à Imayavaḷ (Umai) et, sur l’ordre de cette dernière, elles le laissèrent entrer. L’une des servantes, Vicayai, lui donna un siège où il s’assit. Pārppati (Umai) s’approcha du vieillard et le salua avec révérence. (st. 1-6).
33« Ne vois-tu pas que ton charme disparaît et que ton corps dépérit à cause de ta pénitence », dit le visiteur. « Puis-je savoir pour quelle raison tu t’imposes cette vie si austère ? » ajouta-t-il. (st. 7).
34Umai, retenue par la modestie, fit signe à Vicayai de répondre. Celle-ci dit au brahmane que sa maîtresse faisait sa pénitence en vue d’avoir Kaṇṇutal (CivaN) pour époux. (st. 8-9).
35Le faux brahmane leur fit remarquer alors que le Parfait (CivaN), dont même le Créateur (Brahman) ne parvient pas encore à connaître la grandeur, ne pourrait leur être accessible. Il conseilla donc à Umai d’abandonner son dessein, (st. 10-11).
36Les mots du brahmane irritèrent Umai qui, d’un air furieux, se récria : « Non, je ne renoncerai jamais à mon projet. Je le poursuivrai toujours et, si PakavaN (CivaN) n’ose pas m’épouser, je mourrai pénitente. » (st. 12-13).
37A quoi le vieillard répondit : « PiññakaN (CivaN) que tu aimes tant est dédaignable. Il ne s’habille que de peaux d’animaux. Sa monture n’est autre qu’un taureau. Ses ornements sont des serpents et des os. Le récipient dont il se sert pour conserver ses aliments est un crâne. Il absorbe du venin et vit de mendicité. Le bûcher funèbre est la salle où il danse. Les fleurs qu’il porte sur sa chevelure sont celles de koNRai (cassia) et de nocci (vitex negundo). A son service, il n’y a que des démons. Cet être vilain n’est à aucun point de vue digne de devenir ton époux. Toi, au contraire, tu es une princesse noble et belle, vivant dans l’opulence et dans le bonheur. » (st. 14-17).
38La pénitente crut que ces propos constituaient un outrage à l’égard de Kaṇṇutal (CivaN). Sa colère s’attisa donc davantage. Elle ordonna au vieillard de sortir immédiatement de sa demeure. (st. 18-26).
39Mais le visiteur n’en fit pas cas. Il continua à parler : « Sache que je t’aime et qu’en conséquence je suis venu ici avec l’intention de prendre ta main, lui dit-il. N’est-il pas injuste de ta part de me détester et me chasser ainsi ? » (st. 27).
40Ces mots vexèrent la déesse encore plus. Sans oser répondre au vieillard qui ne voulait pas se lever de son siège, malgré son ordre formel, elle préféra quitter la place et elle sortit brusquement de la salle de pénitence. Arrivée au dehors, elle aperçut devant elle, en l’air l’incomparable (CivaN), monté sur son taureau et entouré des kaṇa. Elle comprit alors que le vieux brahmāne qui l’avait visitée, n’était autre que le souverain Maître (CivaN). Elle éprouva donc une grande confusion et implora son pardon pour son comportement, dû à l’ignorance, (st. 28-30).
41Le Maître lui dit : « Ne t’en inquiète pas, Umai. Tu n’es pas du tout fautive. Tous tes reproches sont pour moi des éloges. Je te promets de prendre ta main. Sache que notre mariage aura lieu bientôt. » (st. 31).
42Ceci dit, il disparut.
43Le roi des montagnes, à qui tous ces faits ont été rapportés, alla le cœur joyeux voir sa fille Umai et la ramena à son palais. (st. 32-33).
7. Demande en mariage
44CivaN fit venir les sept iruṭi (ṛṣi) principaux1 et leur dit d’aller voir le roi des montagnes et de lui demander, pour lui, sa fille Umai en mariage. Les muNi se rendirent aussitôt auprès du roi et lui firent part de l’intention de CaṅkaraN. (st. 1-9).
45Le roi qui ne s’attendait pas à une pareille demande, tressaillit de joie et dit aux muNi : « J’accueille volontiers la demande de votre Maître. Dites-lui que je serai heureux de voir ma fille devenir son épouse. » (st. 10).
46A ce moment intervint la reine. S’adressant à ces muNi, elle dit : « Vous savez bien que le fils d’AyaN (TakkaN) qui a marié sa fille à CivaN, a été plus tard châtié par ce dernier. Je crains que nous n’ayons le même sort que lui si, aujourd’hui, nous consentons à lui donner notre fille. » (st. 11).
47Les sept muNi lui firent remarquer alors que leur Maître avait puni TakkaN parce que celui-ci l’avait méprisé, tandis qu’elle, MēNai, et son mari n’avaient pas à craindre, étant donné leur doux naturel, de faire aucun affront à CivaN, et qu’au contraire, ils pourraient même obtenir sa grâce parce qu’ils le vénéraient, (st. 12-16).
48Les deux époux furent satisfaits des paroles des muNi. Ceux-ci prirent congé d’eux et retournèrent au mont Kayilai. Ils rapportèrent au Maître la réponse du roi des montagnes et rentrèrent ensuite chez eux. (st. 17-20).
8. Décoration
49Le roi des montagnes fit venir l’architecte du monde des tēvar et lui donna l’ordre de décorer et d’embellir sa cité, en vue du mariage de sa fille Umai avec Kaṇṇutal. (st. 1-4).
50L’architecte exécuta immédiatement son ordre. Il fit ériger des tours, des portiques, des collines artificielles, etc. Il fit aménager des places publiques, entourées de beaux bosquets, et dresser des « pandals » dans toutes les rues avec des fleurs multicolores, en attachant aux poteaux des troncs de bananier et d’aréquier portant des grappes de leurs fruits. Il fit flotter partout des drapeaux et des guirlandes. Au centre de la ville, à proximité du temple, il installa un pavillon splendide, rempli de sièges somptueux pour les invités et, au milieu de ce pavillon, un magnifique dais de noce, orné de pierres précieuses, destiné aux époux. (st. 5-25).
51Le roi des montagnes en fut ravi. Il annonça le mariage de sa fille à Ayan (Brahman), CītaraN (Viṣṇu) et aux tēvar. Tous ceux-ci se précipitèrent aussitôt vers sa résidence, accompagnés de leurs épouses. Celles-ci se mirent à orner Umai de beaux bijoux et à la vêtir de riches habits de noce. (st. 26-33).
52Le roi des Himālaya, accompagné de ses proches, se rendit à la montagne d’argent (Kayilai) et invita le Maître à venir le jour même aux monts Himalaya, pour se marier avec Pārppati, en lui faisant connaître que ce jour-là était propice pour la célébration du mariage, en raison du mois de PaṅkuNi (mars-avril) où l’on se trouvait alors et de la constellation d’Uttiram (ß du lion), qui était en vogue à ce moment. (st. 34-35).
53Le dieu à la gorge noire (CivaN) lui répondit qu’il le suivrait avec ses kaṇa, sans tarder. (st. 36).
9. L’arrivée des kaṇa
54CivaN donna l’ordre à Nanti de faire venir au mont Kayilai tous les kaṇa, ainsi qu’IntiraN et les autres dieux. Nanti exécuta immédiatement cet ordre. (st. 1-2).
55Les Uruttirar (Rudra) tels que Kālattī (KālakkiNi) KūrmāṇṭaN, ĀṭakēcaN, VīrapattiraN, etc., les chefs des kaṇa KuṇṭōtaraN, KaṇṭakaNNaN, PiNāki, PānukampaN, CaṇkukaNNaN, etc., accompagnés de leurs subalternes, les gardiens des points cardinaux, le Soleil, la Lune et les autres astres, les muNi, AyaN, Māl, VācavaN (IntiraN) et les tēvar, répondirent à l’invitation. (st. 3-24).
56NāNmukaN (Brahman) apporta des bijoux pour en orner le fiancé et pria celui-ci de les accepter. (st. 25-26).
57CivaN toucha de ses doigts ces bijoux et lui dit : « Je suis content de ton offre affectueuse. Considère toutes ces parures comme si je les avais portées sur moi. » (st. 27).
58Cela dit, il regarda les serpents qui rampaient sur son corps. Ces reptiles se transformèrent immédiatement en beaux bijoux de diverses sortes et s’adaptèrent aux différentes parties du corps de leur maître.
59Tous ceux qui le virent furent frappés d’étonnement et d’admiration. (st, 28-29).
10. Le mariage
60Kaṇṇutal (CivaN) s’apprêta à se rendre à l’Himālaya. Il sortit de son palais et monta sur son taureau, aidé par KuṇṭōtaraN qui se baissa pour lui permettre de placer d’abord ses pieds sur ses épaules. (st. 1-2).
61Le Chef des kaṇa, suivi de ses cinq milliards soixante-dix millions de kaṇa, se présenta devant CivaN, le salua et se mit à la tête du cortège. Le Soleil et la Lune portaient des parasols. Vāyu et le roi des Célestes (IntiraN) tenaient des éventails. Le dieu des eaux (VaruṇaN) avait dans la main une coupe d’onguent. AyaN et Mal se placèrent aux côtés de PaṇṇavaN (CivaN). Les tēvar et les muNi les suivirent. Au son de la musique jouée par les kaṇa, tous se mirent en route vers l’Himālaya. Les gens qui assistèrent à cette procession en furent ravis. (st. 3-32).
62Le roi (MalaiyaracaN) accompagné des siens, alla à la rencontre du Maître (CivaN). Il le vit en chemin et l’amena à sa ville. Quand le cortège arriva devant le palais de Parāparai (Umai), des jeunes femmes firent l’ālātti2 au prétendu. (st. 33-37).
63A l’entrée du salon de noces, MēNai (mère de Pārppati) fit ses compliments à ParāparaN (CivaN) et lui lava les pieds avec du lait de vache. (st. 38-39).
64Le fiancé entra dans le salon, suivi de MātavaN (Viṣṇu) et de PōtaN (Brahman), Il admira la beauté du salon et alla se mettre sur le splendide siège de noces. Les invités s’assirent sur les sièges qui leur étaient destinés. (40-45).
65Les habitants des trois mondes vinrent assister au mariage. Ils étaient si nombreux que l’Himālaya commença à frémir. La Terre perdit son équilibre. Sa partie septentrionale s’abaissa et le côté sud s’éleva. Saisis de frayeur, tous les assistants se plaignirent auprès de CivaN. Celui-ci, afin de rétablir l’équilibre, fit venir le sage KumpamuNi (AkattiyaN) et lui dit d’aller de suite au mont Potiyai, situé dans la portion méridionale de la Terre, en lui faisant remarquer que sa seule présence à cet endroit suffisait pour que la Terre reprenne son état normal. (st. 46-53).
66TamiLmāmuNi (AkattiyaN) exprima son regret de ne pouvoir assister au mariage. Alors AmalaN (CivaN) lui promit qu’il irait plus tard à Potiyai et qu’à ce moment toutes les cérémonies du mariage lui seraient données en spectacle avec toute leur pompe. (st. 54-60).
67Ces paroles rassurèrent le sage. Il salua CivaN, prit congé de lui et se rendit immédiatement à Potiyai. La Terre se remit en équilibre, (st. 61-64).
68Pārati (Pārppati ou Pārvati), amenée par Caci (Intirāṇi) et d’autres arriva au salon du mariage et prit place sur le siège de noces, à côté de celui qui n’a ni commencement ni fin (CivaN). Le roi des montagnes, assisté de sa femme MēNai, accomplit la cérémonie du « don ». Il prit la main du fiancé, la plaça sur celle de sa fille. MēNai versa de l’eau dans la main de son mari qui la laissa tomber sur celles des époux, en signe de cession définitive de sa fille à Parañcuṭar (CivaN). Les femmes célestes dansèrent, les kantaruvar et les Cittar chantèrent, les célestes et les muNi récitèrent les ma Rai (Veda), Kamala arivai (Lakṣmi) et Puṇṭarīkavalli (Sarasvati) chantèrent des louanges et les kaṇa jouèrent des instruments de musique. (st. 65-73).
69Il fut ensuite procédé aux cérémonies proprement dites du mariage. VētaN (Brahman), assisté des muNi, accomplit ces cérémonies, (st. 74-78),
70MalaiyaracaN fit distribuer aux invités toutes sortes de présents, et le mariage se termina par des souhaits adressés aux époux par tous les assistants. (st. 79-84).
71A ce moment Irati, que la viduité retenait jusqu’alors un peu à l'écart, se présenta devant le marié et le pria de faire cesser son malheureux état, ainsi qu’il l’avait promis auparavant. (st. 85).
72Le Maître ressuscita alors MāraN. Mais il le rendit corporel et visible à Irati seulement et incorporel et imperceptible aux autres. (st. 85-90).
73Le gendre de MalaiyaracaN se rendit ensuite avec son épouse à la montagne d’argent, où il reprit la vie conjugale. (st. 91-95).
74Les gens de la terre et du ciel renoncèrent à leur ascétisme et, reprenant leur ancienne manière de vivre, devinrent heureux et tranquilles. (st. 96),
11. Naissance d’ĀRumukaN
75Un temps assez long s’écoula après l’hymen de CivaN et de Pārvati. Ils n’eurent point d’enfant.
76Les tēvar, qui étaient toujours persécutés par CūraN, attendaient en vain l’enfant dont la naissance avait été annoncée par l’époux de Malaimakaḷ. Leur angoisse devint plus grande. Ils se réunirent tous sur le mont Meru pour délibérer sur leur situation déplorable, (st. 1-4).
77Kamalapputtēḷ (Brahman) fit appel au dieu du vent (Vāyu) et lui dit d’aller de suite à la montagne d’argent et de s’informer de la manière de vivre du dieu dont la chevelure est ornée du croissant de lune. Redoutant beaucoup ce dernier, le roi du vent refusa d’y aller. Les tēvar insistèrent. Il prit alors la forme du zéphyr et arriva doucement à la porte du palais de CivaN. (st. 5-10).
78Nanti, le gardien du palais, l’aperçut. Il le gronda et le menaça. KālōN (Vāyu) tomba sur le sol et perdit connaissance. Quand il revint à lui après quelques instants, il salua bas Nanti et lui dit : « Sire ! Je suis venu ici non pas de mon propre gré, mais sur l’ordre formel d’Aya N (Brahman), Mal (Viṣṇu) et Makapati (IntiraN), qui voulaient connaître les faits et gestes du dieu à la gorge noire (CivaN). Pardonnez-moi et permettez que je quitte de suite Kayilai. »
79« Je t’excuse. Sauve-toi », lui dit Nanti. (st. 11-19).
80MārutāN (Vāyu) retourna immédiatement au mont Meru et raconta à MāyavaN et aux autres son aventure. (st. 20-21).
81Les tēvar s’affligèrent davantage, Ils décidèrent de se rendre eux-mêmes chez ῙcaN. Ils allèrent tous à la montagne d’argent. Autorisés par Nanti, ils entrèrent dans le palais du dieu des dieux et virent celui-ci assis sur son trône avec son épouse. Ils lui adressèrent leurs respects et lui dirent : « Seigneur ! Les méfaits des avuṇar dont nous sommes continuellement victimes, nous sont insupportables. Nous attendons anxieusement de vous l'enfant qui doit les réprimer. » (st. 20-42).
82Le Maître à la couleur du crépuscule de la nuit (CivaN) changea sa forme habituelle. Il prit six têtes et fit sortir de chacune d’elles une étincelle. Ces étincelles se dispersèrent dans tous les sens, tout en répandant une chaleur étrange. L’atmosphère se déssécha ; les océans perdirent les eaux qui s’évaporèrent et la terre se crevassa en maints endroits. Ces phénomènes inspirèrent la terreur à tous les êtres, mais ceux-ci n’en subirent aucune conséquence fâcheuse et n’eurent aucun mal, grâce à la bienveillance du Maître. (st. 43-50).
83Umai qui se trouvait alors avec son époux, courut vers sa demeure privée, saisie d’épouvante. MuṇṭakaN (Brahman) et les autres fuirent en tous sens. Mais, bien vite ils retournèrent auprès de Kaṇṇutal et implorèrent sa protection. Celui-ci fit disparaître ses cinq nouvelles têtes et ordonna aux étincelles de revenir. Il dit au Feu et au Vent de les prendre dans leurs mains et de les laisser dans l’eau de la Kaṅkai, afin que celle-ci les charrie et les dépose dans l’étang Caravaṇam. Les deux dieux hésitèrent, parce qu’ils craignaient ces étincelles. CivaN les rendit alors réfractaires à leurs effets, (st. 51-73).
84MārutaN (Vāyu) prit les étincelles et se dirigea vers la Kaṅkai suivi de VaNNi (AkkiNi). Après avoir parcouru une certaine distance, il les remit à VaNNi qui les porta jusqu’à la Kaṅkai où il les laissa. La rivière se dessécha, mais par la grâce d’AraN (CivaN), elle abonda de suite en eau et charria les étincelles qui atteignirent l’étang Caravaṇam. Les tēvar qui, en suivant le courant d’eau, arrivèrent à cet endroit, se mirent tout autour de l’étang et attendirent, anxieux de voir ce qui allait se produire. (st. 74-91).
85De l’eau du Caravaṇam surgit, quelques instants après, MurukaN, avec un corps brillant, six têtes et douze bras. Sous forme d’un bébé, il se trouva étendu sur une fleur de lotus, (st. 92-113).
86Les tēvar le virent et l’admirèrent. Ils firent appel aux nymphes Karttikai et leur dirent d’élever le bébé, avec soin. (st. 114-115).
87Les six nymphes descendirent dans l’eau pour prendre l’enfant. Elles virent alors six enfants (Voir Pl. IV. Fig. 2), au lieu d’un, d’une ressemblance parfaite entre eux. Chacune d’elles en prit un et l’allaita. (st. 117-127).
12. L’arrivée des auxiliaires
88Vimalai (Umai) qui s’éloigna d’ῙcaN (CivaN) à cause de la chaleur considérable des étincelles que celui-ci fit sortir de ses visages, revint auprès de son époux et sut ce qui s’était passé en son absence. Elle pensa que les tēvar étaient responsables.de ce qu’AmalaN (CivaN) n’eût point songé à faire naître MurukaN par elle. Elle lança alors une malédiction contre les femmes des tēvar et elle dit qu’elles n’auraient point d’enfants. La chaleur ayant disparu, elle reprit sa place au côté gauche de CivaN. (st. 1-5).
89Quand, à la vue des étincelles, la femme quitta précipitamment le mari, ses anneaux de chevilles se brisèrent et les pierres précieuses qui y étaient enfermées pour les faire sonner se dispersèrent çà et là. Chacune de ces pierres reflétait l'image de Vimalai. (st. 6-7).
90En voyant ces images ParamaN (CivaN) leur dit de s’approcher. De chacune des pierres (qui étaient au nombre de neuf) sortit une Cakti (Force) et les neuf Cakti se présentèrent devant lui et le saluèrent. Au même moment la conception s’opéra en elles. Umai qui s’en rendit compte, devint furieuse. Elle lança contre les Cakti une malédiction en leur disant que leur état de gestation durerait très longtemps, (st. 8-10).
91Le dieu des dieux (CivaN) fit sortir de la sueur des Cakti, cent mille guerriers et leur dit de se mettre à la disposition de Kantavēḷ (MurukaN), qui devait massacrer les ennemis d’IntiraN, en se servant d’eux comme ses auxiliaires. (st. 11-14).
92Plus tard, les Cakti ne pouvant endurer longtemps le malaise causé par leur grossesse indéfinie, se présentèrent devant ParamaN (CivaN) et Umai et leur demandèrent de mettre un terme à leur situation pénible. Sur les conseils du Dieu, Umai leur dit qu’elles enfanteraient sans tarder. (st. 15-21).
93Les Cakti se retirèrent et donnèrent naissance chacune à un enfant. De Cemmaṇippāvai (Maṇikkavalli, Force-rubis) est né Viravāku (Voir Pl. V Fig. 1), de Taraḷavalli (Muttuvalli, Force-perle) Vīrakēcari (Voir Pl. V Fig. 2), de Puṭparākatti (Puṣparākavalli, Force-topaze) VīramakēntiraN (Voir Pl. VI Fig. 1), de Kōmētakavalli (Force-onyx) VīramakēccuraN (Voir Pl. VI Fig. 2), de Vaiṭūriyavalli (Force-lapis-lazuli) VīramāpurantaraN (Voir Pl. VII Fig. 1), de Vairavalli (Force-diamant) VīrarākkataN (Voir Pl. VII Fig. 2), de Marakatavalli (Force-émeraude) VīramārttāṇṭaN (Voir Pl. VIII Fig. 1), de Pavaḷavalli (Force-corail) VīrāntakaN (Voir Pl. VIII Fig. 2) et de Kaḷamaṇippāvai (Nīlavalli, Force-saphir) VīratīraN (Voir Pl. IX Fig. 1). (st. 22-33).
94Chacun de ces enfants était de la couleur de sa mère et avait une constitution physique complète, comme chez un adulte. Ils se rendirent tous au palais de NātaN (CivaN) qui se trouvait sur son trône avec Pārppati et les révérèrent. CivaN donna à chacun d’eux une épée et leur dit d’aller servir MurukaN. Ils allèrent de suite voir ce dernier et, se joignant aux cent mille guerriers qui étaient déjà à son service, ils se mirent à veiller à l’exécution de ses ordres.
95Les neuf Cakti ne voulant pas se séparer de Vimalai, devinrent ses servantes et restèrent dans son palais. (st. 34-37).
13. Caravaṇam
96L’Etre Suprême (CivaN) dit un jour à Pārppati qu’il désirait aller voir les enfants à Caravaṇam et les amener à Kayilai. Il invita son épouse à l’accompagner. Tous deux, montés sur leur taureau et suivis des kaṇa, se rendirent à l’étang. (st. 1-17).
97A la vue de leurs parents, les enfants, d’un visage souriant, manifestèrent leur joie. Le Maître dit alors à son épouse de descendre du taureau et d’aller les prendre dans ses bras. Elle alla alors au bord de l’étang et, de ses deux bras, embrassa tout ensemble les six garçons. Aussitôt, ceux-ci s’unirent de façon à n’avoir qu’un seul corps, mais possédant six visages et douze bras. Le sentiment de l’amour maternel s’éveilla vivement en elle. De ses seins jaillit alors du lait qu’elle recueillit dans une coupe d’or. Elle le donna à boire au nouvel enfant. Puis elle porta l’enfant à son mari qui le prit avec tendresse et le fit asseoir à son côté, entre lui et son épouse. Les tēvar les adorèrent et chantèrent leurs louanges, (st. 18-28).
98Les nymphes Kārttikai se présentèrent devant AraN et les saluèrent. Pour leur faire plaisir, le Maître Suprême leur dit : « Mon fils ayant été élevé par vous, je lui donne le nom de KārttikēyaN et je promets d’accorder la béatitude à tous ceux qui adoreront ĀRumukaN le jour où la constellation Kārttikai, qui porte votre nom, sera en vogue. » (st. 29-30).
***
99Le lait qui sortit alors des seins d’Umai était si abondant qu’il coula comme un ruisseau et alla se jeter dans le Caravaṇam. Les six fils du sage ParācaraN qui se trouvaient dans cet étang sous forme de poissons, à la suite d’une malédiction lancée contre eux par leur père, avalèrent ce lait. Ils reprirent immédiatement leur ancienne forme, l’imprécation du père perdant alors tout son effet, Ils adorèrent AmalaN (CivaN) qui leur conseilla de se rendre au mont TirupparaṅkuNRam et d’y faire une pénitence, en attendant que son fils y vienne leur donner l’initiation. (st. 31-34).
100Ensuite le Maître congédia Tirumāl et AyaN, ainsi que les tēvar et se retira dans son palais d’or avec son épouse et son fils, (st, 33-37).
14. Les amusements
101KumarēcaN (MurukaN) (Voir Pl. IX Fig. 2) eut envie de se divertir. Orné de beaux bijoux et richement habillé, il se promenait au bord des lacs et des rivières. Il montait sur les collines et allait se reposer dans les bosquets. Il se transportait d’un monde à l’autre. Tantôt on le voyait avec six têtes, tantôt avec un seul visage, sous forme d’un jouvenceau, Il cheminait soit à pied, soit en se servant de montures. Il jouait d’instruments de musique, il chantait et dansait à son gré. (st. 1-12).
102Umai qui assistait aux amusements de son enfant en était ravie. Elle en fit part à son époux et lui demanda si l’enfant possédait des qualités extraordinaires. Kaṇṇutal (CivaN) lui dit : « Sache que notre fils a eu le nom de KāṅkēyaN, parce qu’il a été d’abord recueilli par Kaṅkai (Gange), le nom de CaravaṇapavaN, parce qu’il a pris naissance dans le Caravaṇam, celui de KārttikēyaN parce qu’il a été élevé par les Kārttikai, et celui de KantaN, parce que ses six formes ont été par toi réunies en une seule. Tu sais que je puis avoir moi-même six visages. Ce ne sont que des éléments de ces six visages qui se trouvent en lui. Mes six lettres lui sont applicables. Donc, il n’est autre que ma Puissance. Il n’existe par conséquent, quant aux qualités, aucune différence entre moi et lui. Tu verras que dans quelque temps Cevvēl (MurukaN) interrogera ViriñcaN (Brahman) sur le sens exact de ce qui est la base de tous les Curuti (Veda) et qu’il prendra lui-même les fonctions de la Création, ViriñcaN ne sachant lui répondre. Il massacrera ensuite TārakaN, CūrapaNmaN et les autres acurar et délivrera les tēvar de tous leurs maux. » (st. 13-21).
103KumaraN (MurukaN) ne cessa pas ses amusements qui devinrent de plus en plus terribles. Il errait dans les sept mondes. Il groupait en un endroit plusieurs montagnes. Il les renversait quelquefois. Il enfonçait le mont Meru dans l’océan. Il arrêtait le cours de la Kaṅkai. Il faisait changer le cours des planètes, etc., etc… Tout cela causa une épouvante considérable aux hommes et aux tēvar. Ceux-ci, n’en connaissant pas l’auteur, allèrent s’en plaindre auprès d’IntiraN qui leur proposa une visite à KamalattōN (Brahman). A ce moment ĀRumukaN (Voir Pl. X Fig. 1) se présenta devant eux avec une seule figure, sous la forme d’un jeune garçon et, en leur présence, il secoua le mont Mēru. (st. 22-40).
104Curapati (IntiraN) et les tēvar ne purent le reconnaître. Ils le prirent pour un être plus fort et plus méchant que les acurar. Ils décidèrent donc d’entrer en guerre contre lui. (st. 41-42).
105Le roi des célestes fit venir de suite son éléphant blanc qui se trouvait à ce moment à Veṇkāṭu (Tiruveṇkāṭu), où il était allé faire une pénitence en vue de récupérer ses défenses brisées. Monté sur lui et muni de ses armes, il se dirigea vers KumarēcaN. Les tēvar le suivirent. Ils cernèrent l’ennemi. Le roi lança sur lui ses armes qui se brisèrent en morceaux. L’éléphant blanc Ayirāvatam se précipita sur lui de rage. D’un coup de flèche l’invulnérable MurukaN le tua. Il lança ensuite une autre flèche sur IntiraN, ce qui lui fit perdre toute sa force. Puis il tua le dieu des eaux (VaruṇaN), CamaN (YamaN), ANilam (Vāyu), KaNalōN (AkkiNi) etc… Les tēvar qui virent cela prirent la fuite, saisis de frayeur. KumaraN resta seul sur le champ de bataille. (st. 43-59).
106Le sage NārataN qui fut témoin de tous ces faits, alla voir le précepteur des célestes (ViyāLapakavāN), et les lui rapporta. Celui-ci se rendit immédiatement au champ de bataille et, à la vue des cadavres des tēvar, disséminés çà et là, il s’attrista sur leur sort. Il se dirigea vers CaṇmukaN, le salua et lui dit : « Mon maître ! Makapati (IntiraN) avait toujours l’intention de vous servir, mais ignorant que tout cela provenait de vous et ne pouvant vous reconnaître, il osa vous faire la guerre, d’accord avec les tēvar. Pardonnez leur faute et veuillez les ressusciter. » (st. 60-77).
107MurukaN acquiesça à la demande de PoNNavaN (ViyāLapakavāN). Il ressuscita le roi des célestes et les autres. Ceux-ci reconnaissant leur tort, se prosternèrent à ses pieds. Il leur fit remarquer qu’il était plus puissant qu’ils ne le croyaient et leur montra sa forme colossale et naturelle. Puis, sur leur demande, il reprit sa forme d’ĀRumukaN et leur promit de massacrer les acurar en se servant d’eux-mêmes comme guerriers. (st. 78-106).
108Ensuite le roi des immortels (IntiraN) exprima à ĀRumukaN le désir d’adorer ses pieds sacrés. Ce dernier retourna au mont Kayilai et s’installa dans un beau temple que le roi avait fait construire par son architecte, sur l’un des pics de cette montagne. PurantaraN (IntiraN) ainsi que les tēvar fréquentaient ce temple et adoraient le jeune dieu. (st. 107-125).
109Le pic dont il s’agit prit le nom de Kantavarai ou KantaveRpu (montagne de KantaN). (st. 126-128).
15. MurukaN monte sur le bélier
110Pour être agréable à ParaN (CivaN), le sage NārataN procéda à un sacrifice au monde terrestre, aidé des tēvar et des muNi. De la fosse du feu sacré, sortit spontanément un bélier d’une apparence sauvage. A sa vue, tous ceux qui se trouvaient groupés autour du feu, prirent la fuite, saisis de frayeur. Le bélier les poursuivit et les tua en leur donnant de violents coups de cornes. Quelques-uns d’entre eux, dont NārataN, purent se sauver.
111Ils se rendirent au mont Kayilai. En chemin, avant d’atteindre le sommet de la montagne, ils aperçurent ĀRumukaN s’amusant avec ses cent mille neuf guerriers. Ils pensèrent alors que ce dernier pouvait mettre un terme à leur malheur et qu’il était inutile d’aller solliciter son père. (st. 1-11).
112Ils se présentèrent devant KantaN (MurukaN), lui firent part de ce qui s’était produit et sollicitèrent sa protection. KantaN promit de châtier le bélier et leur inspira confiance. (st. 12-16).
113Il appela Vīravāku, un chef guerrier, et lui donna l’ordre d’aller capturer l’animal. Vīravāku se mit immédiatement à sa recherche. Il le trouva dans le monde des aṇṭar (tēvar). Il le saisit par ses cornes et le traîna au mont Kayilai. (st. 17-21).
114En présence de KumaraN la bête s’assagit, devint docile et resta calme. Il dit alors aux tēvar de retourner au monde terrestre, de continuer et d’achever leur sacrifice. (st. 22).
115Les tēvar prièrent alors KumaraN de prendre le bélier comme monture. Il acquiesça à leur désir et les laissa partir. (st. 23-24).
116Le bélier devint donc depuis ce jour la monture d’Amalamūrtti (MurukaN). (st. 25).
16. L’incarcération d’AyaN
117Un jour VētaN (Brahman) accompagné des tēvar, alla à la montagne d’argent pour présenter ses respects à ῙcaN (CivaN). A son retour, il aperçut non loin de la première porte d’entrée le dieu à douze bras (MurukaN), entouré de ses guerriers. Celui-ci lui fit signe d’approcher. Le dieu qui a pour siège le lotus (Brahman) se dirigea vers lui et, sans se prosterner à ses pieds, le salua en joignant seulement ses deux mains. (st. 1-4).
118Le fils d’ĀtitēvaN (MurukaN), piqué par ce geste insuffisamment révérencieux, interrogea PōtaN (Brahman) sur ce qu’il faisait.
119« Sur l’ordre du Maître (CivaN) j’assure les fonctions de Créateur » lui répondit-il. (st. 5).
120« S’il en est ainsi, connais-tu les Curuti (Veda) ? » demanda Murukavēḷ.
121Sur la réponse affirmative de PiramaN, il lui dit d’en réciter quelques-uns.
122PiramaN commença par prononcer le mot qui est à la tête de tous les autres (st. 6-8),
123Kumaravēḷ l’arrêta et lui demanda d’expliquer le sens de la syllabe OM qu’il avait ainsi prononcée. (st. 9)
124Le Créateur, qui l’ignorait, se troubla et resta coi, tout confus, (st. 10-13).
125Cevvēḷ (MurukaN) s’étonna de son ignorance et se mit en colère.
126« Comment exerces-tu tes fonctions de créateur sans en savoir le sens ? » lui dit-il d’un ton menaçant.
127Puis, toujours furieux, il lui donna des gifles et des coups de pied et ordonna à ses subordonnés de le mettre en prison. L’ordre fut immédiatement exécuté. (st. 14-15).
128MurukaN se rendit ensuite à Kantamālvarai (KantarveRpu). Il assuma une nouvelle forme, portant un seul visage et quatre bras et remplit lui-même les fonctions de Créateur (Voir Pl. X Fig. 2), à la place d’AyaN. (st. 16-19).
17. L’élargissement d’AyaN
129Le dieu à quatre têtes (Brahman) resta longtemps en prison. KariyōN (Viṣṇu) qui en était très affligé, voulut lui faire avoir la liberté. Accompagné des célestes et des muNi, il alla trouver l’incomparable (CivaN) et lui exposa la situation, (st. 1-7).
130NimalaN (CivaN) envoya Nanti auprès de Kumaravēḷ pour lui demander de faire sortir PaṅkayaN (Brahman) de la prison. KumaraN opposa un refus catégorique et menaça même Nanti d’arrestation s’il insistait. (st. 8-13).
131Nanti rapporta cela à Annal (CivaN) qui partit aussitôt pour la montagne de son fils, monté sur son taureau et suivi du dieu de la couleur de nuage (Viṣṇu), des tēvar et des muNi. (st. 14-19).
132CaṇmukaN (MurukaN).courut vers lui, dès qu’il l’aperçut à sa porte. Il le salua, le conduisit à l’intérieur du palais et lui offrit son siège. (st. 20-22).
133Le dieu à trois yeux commença à parler. « Je suis venu ici pour faire sortir AyaN de sa prison. Mets-le en liberté sans tarder » lui dit-il. (st. 24).
134« Comment ! NāNmukaN ignore le sens de la première syllabe des Veda. Il n’est donc pas digne d’être Créateur. Il est, de plus, impertinent et mérite d’être gardé en prison », répondit le fils.
135Cette réponse l’irrita.
136« Ce que tu fais n’est pas logique, lui répliqua-t-il. Non seulement tu n’as pas obéi à l’ordre que je t’ai envoyé par Nanti, mais tu cherches encore à me contredire quand je viens en personne te demander la liberté d’AyaN. » (st. 25-29).
137A ces mots ĀRumukaN fit venir quelques kaṇa et leur donna l’ordre de lever l’écrou et d’amener AyaN. Celui-ci arrivé devant ParamaN (CivaN) le salua avec révérence.
138« C’est dommage que tu aies souffert tant de jours en prison » lui dit NātaN (CivaN). (st. 30-33).
139« Seigneur ! répondit PōtiNa N (Brahman), cette punition de la part de votre fils ne m’a été nullement préjudiciable. Au contraire elle m’a fait du bien. Je suis maintenant indemne de toute arrogance et mon âme s’est purifiée davantage. » (st. 34).
140ParamaN (CivaN) dit alors à AyaN de reprendre ses fonctions de Créateur. (st. 35).
141Il invita ensuite son fils à expliquer le sens du mot ŌM. MurukaN lui fit observer que ce sens devant être tenu secret, il ne pouvait le dire devant tout le monde. Le père lança un léger sourire et pencha sa tête vers son fils de façon qu’il puisse lui parler à l’oreille, sans être entendu par ceux qui les entouraient à ce moment. CaṇmukaN s’avança et chuchota à l’oreille de son père quelques mots qui donnèrent le sens du kuṭilai (Praṇavam) (Voir Pl. XI Fig. 1). (st. 36-39).
142Le Maître, content et satisfait, retourna à Kayilai. (st. 40).
143Plus tard, CiRumuNi (AkattiyaN) étant venu au mont KantaveRpu et ayant vénéré KumaraN, celui-ci lui enseigna le sens de la syllabe qui est à la base des maRai. (41-42).
18. Entrée en campagne
144Alors que MurukaN se trouvait sur le mont KantaveRpu, les filles de Māl (Viṣṇu), nommées Amutavalli et Cuntari (Cuntaravalli) s’éprirent de lui et voulurent devenir ses épouses. Elles firent donc toutes deux une pénitence rigoureuse dans le Caravaṇam. (st. 1).
145MurukaN vint à le savoir. Il apparut devant elles et les interpella. Elles manifestèrent alors leur intention et le prièrent d’exaucer leur vœu. (st. 2-4).
146ĀRumukaN leur dit : « Toi, Amutavalli, tu deviendras fille d’IntiraN et tu seras par lui élevée. Quant à toi, Cuntari, tu descendras sur la terre et tu deviendras fille du sage AntaṇmāmuNi (CivamuNi) mais tu seras élevée par des chasseurs. En temps opportun, j’irai chez vous et nous nous marierons. »
147Les deux filles le saluèrent bien bas et quittèrent Caravaṇam. (st. 5-6).
148Amutavalli prit la forme d’un bébé et se trouva devant PākacātaNaN (IntiraN). Elle lui dit qu’elle était la fille d’UpēntiraN (Viṣṇu), son frère, et le pria de l’élever. (st. 7).
149IntiraN qui était alors sur le mont Mēru fit appel à son éléphant, sa monture, et laissa la fille à ses soins. L’éléphant blanc la porta à Manōvati3 et l’éleva. L’enfant prit donc le nom de TeyvayāNai (Voir Pl. XI Fig. 2). (st. 8-11).
150Cuntari, afin de devenir la fille de CivamuNi, se rendit au mont Vaḷḷi, dans le pays de Toṇṭainātu, où le sage pratiquait l’ascèse. (st ! 12).
151Le dieu à douze bras (KantaN) suivi de ses guerriers, alla au mont Kayilai. Il vit ses parents assis sur leur trône. Il se précipita vers eux et prit place entre son père et sa mère. (st. 13-16).
152Makapati (IntiraN) et les tēvar, amenant avec eux NāNmukaN et KaṇṇaN (Viṣṇu) arrivèrent à Kayilai. Nanti, le gardien, leur refusa l’entrée dans le palais d’AmalaN (CivaN). Ils attendirent donc des jours entiers, à la porte. Puis ayant obtenu l’autorisation, ils se présentèrent devant l’Etre Suprême et lui firent révérence, (st. 17-23).
153VācavaN commença à parler.
154« Seigneur, dit-il au Maître (CivaN) nous ne pouvons plus endurer le malheur que nous causent les avuṇar (acurar). Nous en souffrons depuis de longues années. Infortunés que nous sommes, nous ne pouvons avoir recours qu’à vous seul. Sauvez-nous, nous qui sommes vos esclaves. Mon fils (CayantaN), ainsi que quelques tēvar sont faits prisonniers par le roi des avuṇar (CūrapaNmaN) et gardés dans sa ville. Mon pays est dévasté. Bien que vous ayez maintenant un fils, nous ne sommes pas encore délivrés de nos maux. O Maître ! nous faisons appel à votre magnanimité. Sauvez-nous. Protégez-nous. » (st. 24-32).
155AyaN et Ari le prièrent à leur tour de mettre un terme aux méfaits de CūraN (CūrapaNmaN). (st. 33).
156Le Sauveur (CivaN), poussé par un sentiment de compassion, regarda son fils KukaN (MurukaN) et lui dit : « Mon enfant ! Tu as bien entendu les doléances de nos visiteurs. Il faut de suite leur assurer la paix et la tranquillité. Va donc massacrer CūraN et ses acolytes et aide MakavāN (IntiraN) à reprendre son royaume, (st. 34-35).
157Cela dit, il pensa aux onze Uruttirar, qui apparurent aussitôt devant lui. Il les transforma en onze armes suivantes : un tōmaram (sorte de massue), une bannière, une épée, un kulicam (cotte d’armes), un arc, une flèche, un ankucam (croc à éléphants), une cloche, un paṅkayam (tāmarai, arme piquante en forme de lotus), un taṇṭam (gourdin) et une hache. Puis, il créa lui-même un vēl (javelot) capable de réduire à néant les cinq éléments de la nature et de détruire tous ceux sur lesquels il est lancé. (st. 36-38).
158Il remit toutes ces armes à KumaraN et mit à sa disposition un char solide et puissant, traîné par cent mille chevaux, qu’il créa par sa pensée.
159Il ordonna ensuite aux cent mille neuf guerriers d’accompagner son fils et aux chefs des kaṇa, notamment à AṇṭavāparaṇaN, Nanti, UkkiraN, CaṇṭaN, KāeriviLiyaN (TīkkaṇṇaN) et CiṅkaN, de prendre le commandement des troupes de leurs pūtam (démons), au nombre de deux mille Veḷḷam4 et de se mettre au service d’ĀRumukaN. (st. 39-41).
160Celui-ci salua ses père et mère et quitta immédiatement le Kayilai et, entouré de tous ces guerriers, alla en guerre contre les avuṇar. (st. 42-44).
161Sur les conseils du Maître, les dieux AyaN, Mal et Makapati (IntiraN) suivirent KumaraN (MurukaN). (st. 45).
19. Expédition
162Ari (Viṣṇu) ordonna à Maruttu (Vāyu) de conduire le char d’ĀRumukaN. Immédiatement MarutaN monta sur le char, prit les rênes et pria MurukaN de prendre place sur le plancher, au milieu du char. Quand MurukaN y monta, tous les tēvar se réjouirent, car ils étaient certains de la défaite et même de la mort de CūraN, leur oppresseur. (st. 1-3).
163Les cent mille neuf guerriers suivirent MurukaN. Les tēvar et les muNi se mirent à leur suite. Les troupes des pūtam, commandées par cent huit capitaines, accompagnèrent le fils de CivaN, au son des tambours et trompettes. (st. 4-12).
164ĀRumukaN quitta, avec tout son cortège, le mont Kayilai et arriva sur la terre. (st. 13-18).
20. Mort de TārakaN
165Kumaravēḷ (MurukaN) rencontra sur son chemin le mont Kiravuñcam, séjour de TārakaN. A sa vue, les célestes commencèrent à trembler. Soudain le sage NārataN se présenta devant KumaraN et lui dit : « Seigneur ! Méfiez-vous de cette montagne qui a pris cette forme à cause d’une imprécation de KuRumuNi. Elle est capable de toutes sortes de tours. Sur l'un de ses côtés se trouve la ville de Mayanakar, habitée par TārakaN, frère cadet de CūraN. Cet acuraN a un visage d’éléphant. Il porte un collier auquel est suspendu le disque d’AccutaN (Viṣṇu) en guise de médaillon. Si vous le tuez d’abord, il vous sera ensuite très facile de tuer son frère. » Cela dit, NārataN s’en alla. (st. 1-5).
166MurukaN chargea Vīravāku d’aller à la ville de TārakaN et d’engager un combat avec lui. Il fit venir l’architecte des tēvar et lui donna l’ordre de fabriquer des chars qu’il mit à la disposition de Vīravāku et de ses guerriers. (st. 6-16).
167Ce commandant d’armée, accompagné de sa troupe, composée de kaṇa et de pūtam, marcha sur Māyapuri et assiégea cette ville. (st. 17-25).
168Les messagers de TārakaN annoncèrent ce fait à ce dernier qui alla immédiatement à la rencontre de Vīravāku, muni de toutes ses armes et entouré de toutes ses armées. Une guerre terrible éclata entre les deux antagonistes. Il y eut des pertes de part et d’autre. Quelques pūtam périrent, de même que quelques acurar. (st. 26-59).
169TārakaN descendit de son char. Se servant de sa massue, il pénétra dans l’armée des pūtam et massacra plusieurs d’entre eux. Les kaṇa en devinrent furieux. Ils cernèrent TārakaN et l’attaquèrent. L’ennemi resta invulnérable et invincible. Il redoubla alors sa force et, de sa trompe, il saisit les kaṇa et les jeta à la mer. (st. 60-61).
170Vīrakōḷari (Vīrakēcari), un commandant d’armée, le vit, lança sur TārakaN une centaine de flèches et fit tomber de sa tête son diadème. TārakaN devint confus, mais, plus furieux, il remonta sur son char et lança avec violence sa massue sur Vīrakōlari qui s’affaissa étourdi, en la recevant sur sa poitrine, (st. 62-64).
171Entre temps Vīravāku, revenant à lui, reprit le combat. TārakaN convaincu qu’il ne pourrait le vaincre en bataille normale, eut recours à des artifices. Il assuma différentes formes mystérieuses et lança sur son ennemi plusieurs sortes d’armes. Vīravāku prit alors une flèche dite de VīrapattiraN, ce qui rendit TārakaN incapable d’user de moyens occultes. Il descendit de son char et prit la fuite. (st. 65-85).
172Vīravāku, sans oser lancer sa flèche « VīrapattiraN » sur un ennemi qui lui tournait le dos, le poursuivit. Le fuyard alla se cacher dans une caverne du mont Kiravuñcam. Vīravāku entra dans la caverne. Il fut magiquement enveloppé de suite par une obscurité profonde. Il perdit et son chemin et son esprit. Il s’étendit sur le Sol et s’endormit.
173Ne le voyant pas revenir, les cent mille huit guerriers et les chefs des pūtam, vinrent à sa recherche et eurent le même sort que lui quand ils pénétrèrent dans la caverne. (st. 86-96).
174TārakaN sortit alors de son refuge et lança des milliers de flèches sur les pūtam qui s’enfuirent dans tous les sens, en l’absence de leurs chefs. (st. 97-100).
175Le sage NārataN, témoin de cette défaite, alla de suite voir ĀRumukaN (MurukaN) et lui raconta ce qui s’était passé. (st. 101-106).
176ĀRumukaN monta immédiatement sur son char et ordonna à Vantu (Vāyu), son conducteur, de le conduire à toute vitesse. En un instant le char arriva à destination. Le fils de CivaN, accompagné des pūtam, engagea un combat terrible avec les avuṇar. Ceux-ci ne pouvant résister, succombèrent, sauf quelques-uns qui prirent la fuite. (st. 107-121).
177TārakaN, courroucé à l’excès, arriva sur le champ de bataille. Il aperçut le fils de la fille du roi des Himalaya, (MurukaN), dont la beauté le ravit. Il lui dit : « NāraṇaN, NāNmukaN et le possesseur de l’éléphant blanc, (IntiraN) sont mes ennemis, mais il n’existe aucune inimitié entre ton père et moi. Te ne vois pas pourquoi tu m’en veux.” (st. 122-129).
178KumaraN (MurukaN) lui fit remarquer alors qu’il agissait sur les ordres de son père, parce que lui, TārakaN, avait mis en prison les célestes qui n’avaient commis aucun mal. (st. 130).
179Dès qu’il entendit ces mots, TārakaN prit son arc et lança des centaines de flèches sur Kantavēḷ (MurukaN). Ce dernier brisa l’arc de TārakaN avec une flèche puissante. Puis, avec d’autres flèches, il lui sectionna la trompe et les défenses et le blessa au front. L’acuraN tomba évanoui sur le sol qu’il baigna de son sang. Son armée se dispersa et se sauva. (st. 131-160).
180Quelques instants après, TārakaN reprit connaissance et lança sur MurukaN des flèches divines dont celle de « ParamaN » (CivaN), Son adversaire les saisit par la main l’une après l’autre sans difficulté. (st. 161-172).
181TārakaN eut alors recours à ses derniers moyens. Il demanda au mont Kiravuñcam de se livrer à des rites occultes et de l’aider dans son combat, (st. 173-174).
182Kiravuñcam assuma donc successivement les formes de nuage, de vent, de feu, etc., TārakaN prenant respectivement celles de foudre, de feu, de soleil, etc., attaqua MurukaN, mais en vain. Les illusions produites simultanément par la montagne et par lui-même n’eurent aucun effet sur son ennemi et ne purent le déconcerter, (st. 175-179).
183CēyavaN (KumaraN) lança enfin son javelot. Cette arme puissante déchira le ventre de TārakaN et fendit le mont Kiravuñcam. Un bruit épouvantable retentit sur tout l’univers, lorsque TārakaN tomba mort sur le sol (Voir Pl. XII Fig. 1 et 2) et le mont Kiravuñcam se crevassa. (st. 180-196).
184Les kaṇa revinrent à la vie. Les tēvar dansèrent de joie. MurukaN leur accorda sa grâce et remit à Vīravāku la flèche que le frère de CūraN avait lancée sur lui et qu’il avait saisie. Il ressuscita ensuite les pūtam et quitta le champ de bataille avec tout son cortège. (st. 197-203).
21. Tēvakiri
185Après la bataille de Kiravuñcam, le dieu armé de javelot (MurukaN) se dirigea dans la direction du sud. Au coucher du soleil il arriva à la montagne des tēvar (Tēvakiri). Le dieu sur le lotus (Brahman), Viṇṭu, le dieu du ciel (IntiraN) et les tēvar le vénérèrent alors et lui dirent : « Seigneur ! Pour nous faire du bien vous avez tué TārakaN et détruit Kiravuñcam. Nous voulons donc adorer ici vos pieds sacrés. Daignez rester quelque temps sur cette montagne. » (st. 1-9).
186MurukaN acquiesca. Il ordonna à l’architecte céleste de créer une ville sur Tēvakiri. Celui-ci construisit immédiatement une belle cité au milieu de laquelle il érigea un beau palais, avec un trône splendide au centre. (st. 10-16).
187MurukaN s’installa sur ce trône. Les tēvar lavèrent ses pieds avec l’eau de la Kaṅkai (Gange) qu'ils firent chercher et les adorèrent, en y déposant des fleurs et en brûlant de l’encens. Après cette dévotion, MurukaN accorda à tous sa grâce. (st. 17-32).
22. AcurēntiraN à la cité de Makēntiram
188Quand la mort de TārakaN fut annoncée à son épouse Cavuri, celle-ci, accompagnée des autres femmes de TārakaN, accourut au champ de bataille, se jeta sur le cadavre de son mari et se lamenta. Toutes les épouses pleurèrent. Au même moment arriva sur les lieux AcurēntiraN, fils de TārakaN, qui était allé à Ācuram (Ācurapuri). Il pleura et poussa des sanglots comme sa mère. S’étant ensuite apaisé, il procéda aux funérailles de son père. Il fit préparer un bûcher avec du bois de santal et incinéra le cadavre. Cavuri et les autres épouses de TārakaN montèrent sur le bûcher allumé de leur mari pour y être brûlées avec lui. AcurentiraN tenta de les en dissuader, mais elles s’obstinèrent et se jetèrent dans le feu. (st. 1-19).
189Après les cérémonies funéraires de ses parents, AcurēntiraN se rendit à la cité de Makēntiram, située dans l’Océan du sud et où se trouvait son oncle CūraN, (frère aîné de TarakaN). Il lui fit part de la mort de son père et de la bravoure de MurukaN. (st. 20-36).
190En entendant cette nouvelle, CūraN rougit de colère. Il voulut se venger de MurukaN. Il sauta de son trône et ordonna à son ministre d’apprêter ses armées, pour aller en guerre contre KantaN. (st. 37-45)
191Le ministre AmōkaN essaya de calmer son roi. Il lui fit remarquer que MurukaN étant un enfant, il n’était pas digne de sa part d’engager un combat avec lui. (st. 46-60).
192CūraN s’apaisa. Il fit appeler les espions PakaN, MayūraN, CēNaN, CakkaravākaN et CukaN et leur donna l’ordre d’aller se renseigner sur la valeur de KantaN (MurukaN) et la nature de ses armées. (st. 61-65).
23. Pérégrination
193ĀRumukaN qui se trouvait à Tēvakiri, quitta cette montagne avec toute sa suite, à la pointe du jour et continua son voyage vers le sud. Il visita successivement les lieux sacrés suivants : (st. 1-2).
194Tirukkētāram, l’endroit où la fille d’Imayam (Umai) fit une pénitence en vue d’occuper la partie gauche du corps de son Maître (CivaN). (st. 3).
195Kāci (Banaras), le lieu où la grandeur de CivaN fut établie par le fait que le bras de MaRaimuni (Viyācar) qui l’avait levé pour jurer que le dieu qui dort sur le serpent (Viṣṇu) était l’Etre Suprême, était resté immobile dans cette position levée, sans pouvoir faire aucun mouvement. (st. 4).
196Tirupparuppatam (appelé aussi Srīcailam, appelé également MallikarccuNaparuvatam), l’endroit où Nanti prit la forme d’une colline, à la suite d’une longue pénitence, afin que ParamaN (CivaN) fixât sa résidence sur son sommet. (st. 5).
197Vēnkaṭakiri (Tiruvēṅkaṭam), la colline qu’il avait déjà vue lorsque, fâché contre sa mère au sujet d’une mangue, il avait erré dans les abîmes et sur les montagnes. (st. 6).
198TeNperuṅkayilai (Tirukkāḷatti, appelé aussi Takṣaṇa Kailācam), l’endroit où CivakōcaN, un chasseur (KaṇṇappaN) (Voir Pl. ΧΙII Fig. 1), KīraN (NakkīraN), ainsi qu’une araignée (Voir Pl. XIII Fig. 2), un serpent (Voir Pl. XIV Fig. 1) et un éléphant (Voir Pl. ΧΙV Fig. 2) obtinrent leur salut, (st. 7).
199VaṭavaNam (Tiruvālaṅkāṭu), le lieu où le Dieu, faisant concurrence à Kali, a vaincu cette dernière en se livrant, à une danse, avec elle, lorsqu’elle a essayé de détruire tout l’univers. (st. 8).
200Kāñci (Kāñcipuram), la ville où Māl, AyaN et les autres tēvar, avaient leur résidence, où le Maître (CivaN) s’était installé sous un manguier, où Umai avait fait ses dévotions et où coule la rivière Kampai. (st. 9-10).
201TaLaRperuñcailam (Tiruvaṇṇāmalai, appelé aussi Aruṇakiri) l’endroit où le Maître, prenant la forme d’une épaisse flamme de feu, s’interposa entre les deux antagonistes (Brahman et Viṣṇu) pour les convaincre qu’il était le seul Etre Suprême, alors que tous les deux se disputaient entre eux, en s’attribuant chacun la qualité d’Etre Suprême, (st. 11).
202Veṇṇeypperumpati (Tiruveṇṇeynallūr) l’endroit où CivaN, sous la forme d’un vieillard, empêcha la célébration du mariage de CuntaraN (CuntaramūrttināyaNār), en exhibant un contrat d’esclavage, (st. 12).
203MutukuNRam (Viruttācalam, appelé aussi PaLamalai), l’endroit où ῙcaN (CivaN) donne l’initiation aux êtres qui meurent sans avoir commis aucune faute. (st. 13).
204Et Tillaimūtūr (Citamparam), l’endroit où les sages Patañcali et Pulikkālaṇṇal (Viyākkirapātar) contemplèrent une danse d’ῙcaN que celui-ci exécuta sur leur demande. (st. 14-15).
205Après la visite de ces lieux, MurukaN se rendit au bord de la rivière Maṇṇi (MaṇṇiyāRu), située au nord du fleuve Kāviri. (st. 16).
24. Kumārapuri
206Il commençait à faire nuit lorsque MurukaN arriva au bord de la rivière MaṇṇiyāRu. KēcavaN (Viṣṇu) et Vēta (Brahman) le prièrent alors de s’installer à cet endroit où l’on voyait des tertres et des bosquets. MurukaN consentit. Il fit venir de suite ViccuvakaNmaN (l’architecte des tēvar) et lui ordonna d’ériger une ville au bord de la rivière. En un instant la ville fut construite à l’admiration de MurukaN qui s’installa dans un palais somptueux. Les tēvar occupèrent les maisons qui leur étaient destinées. Ils donnèrent à cette ville le nom de Cēyñalūr (belle cité d’enfant), qui fut également appelée Kumārapuri. (st. 1-18).
207Content de la mort de TārakaN et de la destruction de la montagne (Kiravuñcam), PurantaraN (IntiraN) passait gaiement son temps dans un palais spécial qui lui était réservé, lorsque la déesse des forêts de Cirapuram (CīKāLi) apparut devant lui et lui dit : « Sire ! Voici les bijoux de votre épouse (Intirāni) que vous m’aviez confiés quand vous êtes venu avec elle à KāLi (CīKāLi) pour faire une pénitence. Prenez-les. « (st. 19-22).
208Ce disant, la déesse lui tendit un paquet. IntiraN l’ouvrit et y trouva les bijoux de sa femme. Immédiatement il pensa à elle et fut pris d’un désir passionné. Il congédia la déesse des forêts et remit le paquet des bijoux à la garde de ses serviteurs. Il quitta ensuite son palais, se retira dans un bosquet voisin et passa la nuit sur un tertre, en proie à la passion qui le tourmentait. (st. 19-53).
209Le soleil se leva et chassa l’obscurité qui enveloppait le monde, ainsi que le désir qui rongeait le cœur d’IntiraN. Celui-ci conscient de son état, devint confus. Il rentra dans son palais et de là, accompagné des tēvar, il se rendit auprès d’ĀRumukaN et adora ce dernier. (st. 54-64).
210MurukaN lui demanda de faire les préparatifs pour un culte à AraN (CivaN) et ordonna à l’architecte des tēvar de construire un temple pour son père. Les ordres furent exécutés sur-le-champ. ĀRumukaN fit ses dévotions devant le liṅkam installé selon les règles du Caivattantiram. (st. 65-70).
211Aṇṇal (CivaN) et Umai, montés sur leur taureau, firent leur apparition et accordèrent leur grâce à MurukaN et à tous les tēvar et kaṇa qui l’entouraient. Puis ParāparaN (CivaN) remit à son fils une arme capable de détruire toute l’armée de CūraN (Voir Pl. XV. Fig. 1). Il disparut ensuite avec son épouse, (st. 71-76).
212KumaraN quitta alors Cēyñalūr avec son cortège et continua sa pérégrination. Il traversa le fleuve PoNNi (Kāviri) et arriva à Tiruvārūr, en visitant successivement Iṭaimarutu (Tiruviṭaimarutūr), le lieu où dansait le paon (Māyūram) (Voir Pl. XV Fig. 2) et PaRiyalūr. (st. 77-81).
25. Traversée du désert
213Le dieu armé du javelot, après avoir visité la ville (Tiruvārūr), prit la direction du Sud-Est. Il entra alors dans un désert. La chaleur épouvantable qui y régnait disparut aussitôt. Il plut en abondance. Une fraîcheur douce et agréable se répandit partout. (st. 1-23).
214Pendant que le dieu aux douze bras (MurukaN) voyageait dans le désert, les six fils du sage ParacaraN qui étaient en pénitence sur le mont ParaṅkuNRam et qui étaient respectivement appelés TattaN, ANantaN, Nanti, CaturmukaN, Paritippāni et Mali allèrent à sa rencontre et le prièrent de leur accorder sa grâce. (st. 24-28).
215MakavāN (IntiraN) qui était alors avec MurukaN, raconta à ce dernier l’histoire de ces personnages. (st. 29).
216Il lui dit : « Sire ! Ceux-ci qui sont les fils de ParācaraN, sont allés un jour s’amuser dans l’étang Caravaṇam, alors qu’ils étaient enfants. Ils troublèrent l’eau de l’étang au point de faire du mal aux poissons qui y vivaient. Ils attrappaient ces êtres aquatiques et les jetaient sur le bord. ParācaraN vint à l’étang pour sa prière du midi et constata le méfait de ses fils. Il se fâcha et lança contre eux une malédiction. Il leur dit qu’ils deviendraient des poissons et qu’ils vivraient dans ce même étang pendant longtemps. Aussitôt les six enfants perdirent leur corps humain, devinrent des poissons et restèrent dans l’eau. Ils demandèrent alors à leur père quand leur péché serait absous. Le muNi leur répondit : « Il arrivera un jour où le dieu à douze bras (MurukaN) fera son apparition dans cet étang sous la forme d’un bébé. La Mère (Umai) viendra alors le prendre dans ses bras. A la suite de la grande affection qu’elle aura pour lui, le lait jaillira en abondance de ses seins et se déversera dans l’étang. Vous vous précipiterez pour l’absorber. Dès que vous en aurez bu un peu, vous reprendrez votre ancienne forme. » (st. 30-35).
217Ces enfants de ParācaraN se trouvaient donc dans le Caravaṇam lorsque vous, Seigneur, vous y avez pris naissance. Ainsi que l’avait prédit ParācaraN, Umai y est arrivée pour vous prendre et a laissé couler du lait en abondance, par un sentiment d’amour à votre égard. Les poissons dont il s’agit ont absorbé ce lait et ont repris leur ancienne forme. Les six sont allés ensuite à ParaṅKuNRam où ils se sont livrés à une pénitence rigoureuse. Sachant maintenant que vous êtes en pérégrination dans cette région, ils sont venus ici pour vous saluer et obtenir votre grâce. » (st. 36-38).
218Après avoir entendu cette histoire, CaṇmukaN bénit les fils de ParācaraN et leur dit de se ranger parmi les gens de sa troupe et de le suivre. (st. 39-40).
26. Tiruccenti
219Le Clément armé du javelot (MurukaN) traversa le désert et arriva à CeṅkuNRūr. Il se rendit au temple de cette ville et fit ses dévotions. Puis il se dirigea vers la plage. Il atteignit Centimānakaram (Tiruccentūr). Il fit venir alors l’architecte céleste et lui ordonna d’y ériger un temple pour lui. L’ordre fut éxécuté sur-le-champ. MurukaN s’installa dans le temple. Les habitants du ciel chantèrent ses louanges, (st. 1-9).
220Quelques instants après, le dieu à six visages fit venir MakavāN et lui demanda de raconter l’histoire de CūraN et de ses acolytes. Le roi du monde céleste (IntiraN) s’adressa alors au sage éloquent (ViyāLapakavāN) qui s’y trouvait présent et le pria de parler des acurar, notamment de leur puissance, de leurs exploits et de leurs méfaits à l’encontre des tēvar. (st. 10-13).
221Le sage salua Cēy (MurukaN) et lui dit : « Seigneur ! Il n’y a point d’endroit où vous ne vous trouvez pas et il n’y a rien qui échappe à votre connaissance. Cependant vous manifestez le désir de connaître l’histoire des acurar. Nous savons bien que ce n’est pas parce que vous l’ignorez que vous la demandez, c’est plutôt parce que vous voulez nous préserver des malheurs dont nous sommes constamment victimes de leur part. Néanmoins, je vais vous raconter cette histoire autant que je la sache. » (st. 14-17).
222Cela dit, il commença à raconter cette histoire. (st. 18).
Notes de fin
1 Ces ṛṣi sont : Kāciyappar, Attiri, Parattuvācar, Vicuvāmittirar, Kautamar. CạmatakkiNị et Vaciṭṭar.
2 Cérémonie qui consiste à faire tourner devant le prétendu, pour le préserver des regards malicieux ou jaloux, un vase contenant de l’eau, du safran et de la chaux et à faire brûler ensuite du camphrẹ.
3 Cité de Brahman
4 Un Veḷḷam est égal à cent quatrillons.
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La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012