41 – Vāṇēcam
p. 51-54
Texte intégral
1Un acura nommé VāṇaN, installa un liṅkam à Kāñci, à l’est d’Antakēcam et fit une pénitence rigoureuse. (st. 1-2)
2ALakaN (Civa) se présenta devant lui et, ravi de son austérité, se livra à une danse mystérieuse. VāṇaN prit alors un tambourin et en joua de ses deux mains. Sa musique était si concordante et si délicieuse que le danseur lui fit avoir mille bras, en vue de lui permettre d’exceller davantage dans son art, et lui demanda ensuite ce qu’il voulait de plus. (st. 3-4)
3VāṇaN répondit : “Sire ! Daignez me doter d’une forteresse de flamme, de la puissance et des richesses pour régner sur les trois mondes, ainsi qu’un amour éternel pour vos pieds sacrés”. KampavāṇaN (Civa) lui accorda ce don. (st. 5-6)
4Plus tard, pendant qu’il exerçait son autorité sur les trois mondes, VāṇaN alla un jour au mont Kayilai. Il y trouva l’Etre Suprême dansant. (st. 7)
5Enchanté de le voir danser, il se mit lui-même à jouer du tambourin avec ses mille mains. Pour le récompenser, le dieu qui a le taureau pour monture lui demanda ce qu’il souhaitait encore. “Mon seul désir, répondit VāṇaN, est que vous veniez tous les matins à la porte de ma forteresse, accompagné de votre épouse et de vos enfants Murukavēḷ et le dieu au visage d’éléphant, afin que je vous contemple ensemble à mon réveil, car je considère cette vision comme le plus grand bonheur que je puisse avoir dans ma vie. Le Maître lui accorda également ce don. (st. 8-11)
6Un matin, comme d’habitude, quand VāṇaN vit le dieu à la gorge noire à la porte de son palais, il lui dit : ‘‘Mon Maître ! NeṭiyavaN (Viṣṇu), VācavaN (Indra) et autres ont été vaincus par moi. Maintenant je n’ai plus d’ennemi. Mes épaules s’engourdissent, faute de combat. Pour les dégourdir, je n’ai qu’un seul moyen. C’est d’entrer en guerre contre votre Majesté. Daignez me faire connaître votre intention”. (st. 12-13)
7Le Maître, qui n’ose pas tuer celui qui le vénère, sourit légèrement et répondit : “Ecoute VāṇaN ! TuḷavaN (Viṣṇu) qui prit naissance dans la dynastie de Etu (Yadu) viendra bientôt chez toi et tes épaules seront par lui dégourdies”. (st. 14-17)
8L’acura reprit : “Cet individu aux yeux de lotus (Kṛṣṇa) est venu trente fois lutter avec moi, sans pouvoir triompher. Je m’étonne que vous parliez maintenant de cet individu qui n’a point de prouesse”. (st. 18-19)
9“Ne te fais pas de fausses idées, répliqua le Dieu Civa (CivapirāN). Après ses luttes avec toi, il a acquis une force épouvantable à la suite de l’initiation que lui avait donnée le sage UpamaNiyaN. Il ira à ton palais quand ta fille sera l’objet d’une médisance publique et quand le mât de ton pavillon se brisera de lui-même”. (st. 20-22)
10Plus tard, une nuit, la fille de VāṇaN, eut un songe au cours duquel elle vit un prince qui l’embrassa. Eprise de ce prince inconnu, elle commença depuis ce moment à penser toujours à lui, ce qui entraîna son dépérissement. Une de ses compagnes s’en rendant compte, se fit apporter les portraits de tous les princes du monde et les lui présenta. Quand elle vit celui d’AnuruttaN, petit-fils de KaṇṇaN (Kṛṣṇa), elle reconnut en lui le prince qui l’avait embrassé dans son rêve. (st. 23-26)
11La compagne se rendit nuitamment à Tuvarai (Tuvārakai). Elle entra dans le château où dormait AnuruttaN. Elle l’enleva avec son lit et le transporta dans la chambre de la princesse. AnuruttaN s’étant réveillé, aperçut la fille et tomba amoureux d’elle. Sans vouloir retourner à sa ville, il resta dans le palais des mois entiers avec elle, à l’insu des autres. (st. 27-31)
12La princesse devint enceinte. La nouvelle s’ébruita et parvint aux oreilles de son pere. Celui-ci fit mettre le prince en prison. Le même jour le mât du pavillon de VāṇaN se brisa et tomba fortuitement. (st. 32-33)
13Le sage au luth (Nāratar) qui avait connaissance de tous ces faits, alla trouver le roi de Tuvārakai (Kṛṣṇa) qui était depuis longtemps à la recherche de son petit-fils, et lui fit part de l’incarcération de ce dernier. (st. 34)
14KaṇṇaN (Kṛṣṇa), suivi de son armée, alla assiéger la ville de Cōṇitapuram, capitale du royaume de VāṇaN. Celui-ci envoya ses soldats contre lui. Une lutte terrible eut lieu à quelque distance de la ville. L’armée de KaṇṇaN plus puissante que celle de VāṇaN, mit en déroute cette dernière. Les soldats rebroussèrent chemin et se précipitèrent vers la ville. Les guerriers de KaṇṇaN les poursuivirent. Mais, arrivés à l’entrée de la forteresse, ils rencontrèrent le dieu au visage d’éléphant (Vināyakar) qui leur opposa une résistance formidable. (st. 3.5-70)
15KaṇṇaN se rendit alors auprès de lui Il lui adressa des compliments et lui présenta des friandises. Il le laissa alors passer avec ses soldats. (st. 71)
16A la deuxième porte ils virent ĀRumukaN. Ils le gagnèrent par des révérences et allèrent à la troisième porte, où ils trouvèrent Malaimakaḷ dans une attitude menaçante. Ils se prosternèrent devant elle et la calmèrent. Ils arrivèrent enfin à la quatrième porte, gardée par le Maître dont le drapeau a pour insigne le taureau blanc. Tirūmāl le salua avec un profond respect et le pria de l’aider à vaincre l’acura malfaiteur (VāṇaN) (st. 72-76)
17Le Maître lui répondit : “Sache que pour ce faire, tu dois d’abord me vaincre. Prends ton arme contre moi. Ne te décourage pas. Rappelle-toi le don que je t’ai accordé autrefois sur le mont Mainākam. Ne t’ai-je pas dit que même s’il m’arrivait de faire la guerre contre toi eu faveur des acura, la victoire serait toujours de ton côté ?” (st. 77-89)
18Un combat violent eut lieu entre les deux. Le dieu aux yeux de lotus (KaṇṇaN) fatigué, dit à son adversaire qu'il ne pouvait continuer la lutte. Celui qui ne cherche qu’à exaucer les vœux de ses dévots (Civa) cessa immédiatement son attaque et s’écarta. (st. 90-100)
19MāyaN (Kṛṣṇa) franchit alors la quatrième porte et alla au fond du palais. Il y rencontra VāṇaN qui, tout furieux, s’élanca sur lui. Ils se battirent tous les deux. Au cours de la bataille MāyaN, qui était plus fort que VāṇaN, trancha l’un après l’autre ses nombreux bras. Le dieu à l’œil flamboyant (Civa) se présenta à ce moment devant les antagonistes et s’adressant à KaṇṇaN, il lui dit : “Ecoute moi KaṇṇaN ! VāṇaN est pour moi aussi fidèle que toi. Epargne lui au moins deux de ses bras, les anciens qu’il avait au début, afin qu’il puisse s’en servir pour m’adorer”. (st. 101-105)
20A ces mots, le roi de la dynastie des yātavar (Kṛṣṇa) laissa tomber son arme. Il épargna à VāṇaN quatre bras au lieu de deux seulement et se lia d’amitié avec lui. (st. 106)
21Quelques jours après, VāṇaN maria sa fille à AnuruttaN. Le roi armé de la conque (Kṛṣṇa) emmena ensuite les époux à sa ville (Tuvārakai). (st. 107)
22Plus tard, UmaipākaN (Civa) alla chez VāṇaN et lui demanda si l’engourdissement de ses épaules avait disparu. Cette demande ironique confondit VāṇaN, qui se prosterna à ses pieds et sollicita de lui sa grâce. (st. 108-109)
23Le Maître lui conseilla d’aller adorer de nouveau le liṅkam qu’il avait installé à Kāñci.
24VāṇaN suivit ses conseils et obtint de lui le don de devenir chef des Kaṇa. (st. 110)
25Le liṅkam de VāṇaN prit le nom de Vāṇēcam. (st. 111)
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