Appendice III. Installation d’un liṅga1
p. 421-423
Texte intégral
1... pour compléter cette déclaration : telle est la connexion avec le chapitre2. Un liṅga, c’est un support (adhikaraṇa) pour le culte de Parameśvara. Il est “honoré par les Immortels” : ces mots sont destinés à faire savoir que, par l’adoration d’un liṅga, les hommes [aussi] peuvent atteindre tel ou tel objet. Car il est dit dans le Maya :
“C’est en adorant le liṅga selon la règle que les Āditya, les Vasu, les Rudra et les Ṛṣi à la force immense ont atteint le séjour le plus enviable.”
2[Un liṅga à traits manifestés] est une image (pratimā). “[Un liṅga à traits] non manifestés” est celui où les différents éléments [du corps divin] n’apparaissent pas. Celui qui est “les deux à la fois”, c.-à-d.” [à traits] manifestés-et-non-manifestés”, est un liṅga à visages3.
3... Le sādhaka doit faire l’installation [de son liṅga] pour lui-même, en vue d’acquérir des siddhi. “Par les autres” signifie que le guru, c.-à-d. l’ācārya, doit installer un liṅga s’il en est requis par les autres : samayin, putraka, sādhaka, etc. Par l’adjectif “paraiḥ”4 – par d’autres – [on peut aussi comprendre]5 que l’installation d’un liṅga peut être effectuée, pour leur propre compte, par [les initiés] autres que le guru, à savoir le sādhaka et les suivants. Mais pour les quatre [ordres d’initiés], elle peut toujours être faite par l’ācārya : tel est le sens de ce passage.
4Il distingue les différents liṅga :
[2.] Un liṅga établi sur terre peut être en pierre, en métal, en terre, en pierre précieuse ou en bois. Ainsi en a décidé l’Omniscient, aussi bien pour [l’adepte] qui vise les jouissances que pour l’autre.
5Ce liṅga convient pour le culte de celui qui vise les jouissances, mais aussi pour celui de l’autre, du Muni. Car (?) de Celui qui possède l’Omniscience procède la Toute-Puissance (?)6.
6On considère en général comme bons les liṅga faits de ces matériaux divers que sont la pierre, le métal, la terre, les pierres précieuses et le bois. Dans quelques ouvrages cependant, on dit que [le liṅga] pourra être fait avec tout autre matériau dont l’usage est enseigné dans son propre traité.
7On donne en premier lieu les mesures des liṅga de pierre précieuse, qui sont les plus importants7 :
[3a.] Un [liṅga de pierre précieuse aura d’un doigt à deux coudées [de haut] ; il ne doit pas être plus grand que cela.
8On fera un liṅga de pierre précieuse [en lui donnant une dimension] qui va d’un aṅgula à 24 aṅgulas8. Mais “pas plus grand que cela”. Prendre “para” dans le sens de “qui dépasse”. Cette interdiction concerne le seul dépassement ; car9 même les liṅga plus petits qu’un doigt permettent de réussir :
“Pour les siddhi, on approuve même [les liṅga] à partir de la grosseur d’un jujube...10. Insignifiant en dimension (?), la vertu [d’un tel liṅga] est en effet puissante et détruit tous les maux.”
9C’est ainsi que le Maya et d’autres ouvrages enseignent [l’usage de liṅga] de longueur inférieure à un doigt.
10Quant à la règle que donnent le Kiraṇa et d’autres traités :
“Un liṅga de pierre précieuse aura d’un doigt à un empan ; pas plus”11,
11elle concerne la mesure obligatoire du liṅga destiné au sādhaka12. Il ne faut pas comprendre qu’elle s’applique à tous les liṅga.
12Il indique les mesures des liṅga de métal et des suivants :
[3b.] Les liṅga de fer, etc. ont d’une main à six coudées. Avec le bois, on en fait de trois sortes...
Notes de bas de page
1 Titre vraisemblable pour le chapitre dont N. R. Bhatt a retrouvé ce fragment (son App. I. p 251) dans un seul de ses mss. Il va sans dire que la traduction provisoire que nous en donnons à titre de curiosité est aussi problématique que l’édition elle-même.
2 Cette indication, obligatoire dans le comm. du premier śloka de chaque chapitre, prouve que nous lisons ici le comm. au śl. 1. Le chapitre antérieur, avec lequel se fait la liaison, pourrait être le ch. 1 du caryāpāda, où il était question, à propos du sādhaka, de l’installation d’un liṅga (voir śl. 97a). Le fragment actuel représenterait alors le début du ch. 2 de ce même caryāpāda.
3 Classification tripartite bien connue. Voir par ex. Mayamata, 33, 1-2a.
4 Voir cp. 1, 97a.
5 N.K. donne ici une seconde interprétation du mot paraiḥ que contenait le śloka manquant. Elle est a priori plus vraisemblable que la précédente.
6 Faut-il lire akhilakartṛtva- ? Et quel est le sens de cette phrase ?
7 Pour les sādhaka – ce qui donne l’esprit du passage que nous lisons.
8 Le hasta mesurant 24 aṅgula, il faut certainement lire le début du śloka comme suit : ekāṅgulādihastānta. La ligne du Kir citée plus loin limite la longueur à un vitasti, c.-à-d. 12 aṅgula.
9 Nous lisons : yasmāt.
10 Le texte tel qu’il est imprimé se lirait : "à partir de la grosseur du jujube mentionnée par (?) l’Atharva-Veda”. Nous ne savons pas de quoi il s’agit.
11 Kir, cp, 21, 46 (avec deux fautes dans le texte publié à Devakoṭṭai). Même chose dans l’UKām, 37, 61b :
aṅgulādi-vitastyantaṃ ratnaliṅgaṃ dvijottamāḥ/
12 Interprétation peu convaincante, et qui contredit les déclarations du Maya citées plus haut.
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