V. Les mudrā
p. 83-94
Texte intégral
Généralités
1Par les mots : “Il aura scellé tous les trous”, qui concluent [la description de] l’arcana du Sādhyamantra, [l’auteur du traité] a fait allusion aux caractéristiques des mudrā. Il les donne maintenant. Telle est la connexion avec le chapitre.
1. Maintenant vont être décrites les mudrā, qui sont des auxiliaires des actes rituels. Elles ont déjà été mentionnées par leurs noms, excepté [les suivantes] : le geste-de-la-Barre, le geste-d’Attraction, le geste-du-Claquement-de-mains et le geste-du-Vase.
2Maintenant, c.-à-d. tout de suite, on va traiter des mudrā. Celles-ci sont décrites, parce qu’elles sont des auxiliaires (aṅga) des actes rituels tels l’Invite, l’Installation ou la Détention. Si quelqu’un accomplit les rites sans connaître les caractéristiques de ces mudrā, son rituel ne peut être entièrement dépourvu de défauts. Des mudrā ont déjà été nommées dans la section qui traite du culte de Śiva : le geste-de-la-Cuillère, celui du Makara1, et d’autres ; mais pas [encore] le geste-de-la-Barre (parighā), le geste-d’Attraction (ākarṣaṇī, glosant ākṛṣṭi), le geste-du-Claquement-de-mains (tāla-) et le geste-du-Vase (ghaṭa-).
3Mais on n’a pas davantage dit le nom des gestes qui effectuent l’Invite, l’Installation et la Détention ; alors comment peut-on donner comme liste de gestes non mentionnés ceux de la Barre, de l’Attraction, du Claquement de mains et du Vase ? – C’est exact. Mais les gestes d’invite et les autres ont été indiqués lorsque l’occasion s’en est présentée. On a dit plus haut2 :
“À ce [Dieu], éclatant comme le Soleil levant, il donnera des Membres avec le geste-d’Invite. Avec le geste-qui-installe, il doit faire l’Installation.”
4Et plus loin : “Il fait la Détention avec le geste-qui-retient.”
5Il explique maintenant comment le mot mudrā exprime bien l’essence du geste :
2. Ce sont les Śakti de Hara qui, parce qu’elles scellent la masse des Obstacles, sont appelées “sceaux” (mudrā) ; car on ne sache pas qu’une telle action puisse être le fait d’une autre réalité.
6Ce sont en vérité des Śakti de Bhagavat qui, parce qu’elles scellent les troupes d’Obstacles3, c.-à-d. leur ôtent leur liberté, sont appelées “Mudrā ; car on n’a jamais entendu dire qu’une action de ce genre puisse être accomplie par quelque autre réalité que les Śakti. Donc les mudrā ne sont pas de simples configurations de doigts, mais des Śakti de Parameśvara4.
Geste-de-la-Cuillère
7Il décrit le premier geste nommé, celui de la Cuillère.
3-4. Saisir le petit doigt avec le petit doigt. Sur les suivants, tenus écartés, étendre les deux majeurs en faisant se toucher leurs extrémités. Lorsque les deux index et les deux pouces sont ensuite placés au-dessus de ces six doigts et en contact avec eux, on a le geste-de-la-Cuillère, qui manifeste la Puissance d’Ajāta5.
8Disposant ses deux mains en añjali6, placer à l’intérieur des mains les deux petits doigts s’appuyant l’un sur l’autre. “Les suivants”, ce sont ceux qui viennent immédiatement après les deux petits doigts, sans intermédiaire : donc, les deux annulaires. Ils sont “écartés”, c.-à-d. ne se touchent pas, l’annulaire droit étant étendu sur la paume de la main gauche et l’annulaire gauche sur celle de la main droite ; ainsi sont-ils croisés7. Il faut ensuite étendre, par-dessus, les deux majeurs, en mettant leurs extrémités en contact, c.-à-d. appuyées l’une sur l’autre. “Les étendre”, c’est les dresser. Lorsque les deux index et les deux pouces sont ensuite appuyés sur les six autres doigts – les deux petits doigts, les deux annulaires et les deux majeurs – c.-à-d. placés par-dessus de façon à les toucher, le geste dit “de-la-Cuillère” est manifesté.
9Ainsi8 les deux pouces sont dressés ; les majeurs s’appuient l’un sur l’autre par leurs extrémités ; les deux index sont repliés avec leurs extrémités appuyées sur le dos des majeurs. Pour évoquer le canal de la [Cuillère], en forme de śakti9, on étend, c.-à-d. qu’on appuie l’un contre l’autre, les deux doigts du milieu, leurs extrémités se touchant, par-dessus – sur le dos de – deux doigts qui se touchent en laisant entre eux un intervalle10. “Ensuite”, c.-à-d. après cela, pour évoquer le réceptacle arrondi du beurre11, on place les index de façon qu’avec leurs “racines”, ils dessinent un cercle reposant sur les six doigts qui sont au-dessous, à savoir les petits doigts, les annulaires et les majeurs. Les pouces des deux [mains] aussi doivent être légèrement courbés, chacun à sa place. Il faut lire : “lorsque les deux index et les deux pouces sont en contact…”, ces mots étant au locatif absolu. Ou bien ajouter kuryād et comprendre qu’ils sont à l’accusatif.
10Telle est la mudrā nommée Cuillère, qui incite, ou attise, la Śakti de Sadyojāta.
Geste-du-Makara
5. Le geste-du-Makara, qui appartient à Vāmadeva, est le même que celui de la Cuillère en ce qui concerne la distribution de ce qui est en bas et de ce qui est en haut, de ce qui est replié et de ce qui est étendu ; [mais là,] les deux index sont repliés [sur eux-mêmes]12.
11La mudrā nommée “du Makara” est la même que celle de la Cuillère, [mais] avec les deux index un peu repliés, l’un en face de l’autre, pour imiter la forme du makara13 En [disposant] les deux pouces noués l’un à l’autre au-dessous, et les deux index au-dessus d’eux14, et en distribuant [comme pour la Cuillère ?] les doigts en contraction et les doigts en extension ( ?), on forme cette mudrā, celle de Vāmadeva15.
12Dans cette mudrā, on représente encore les dents [du Makara] en étendant en sens opposé le petit doigt gauche et le petit doigt droit16. On lit en effet dans le Jayadrathādhikāra17 :
“Les grands doigts des deux mains sont pressés l’un contre l’autre. On place les annulaires sur le dos des mains et on courbe les deux index. Les deux pouces, appuyés l’un contre l’autre, sont étendus à l’imitation d’une gueule [de Makara], On placera les deux pouces (?) et les deux petits doigts à l’intérieur pour représenter les dents. Cette mudrā est la makarī, qui dévore tous les obstacles.”
Geste-du-Trident
13Il décrit le geste-du-Trident :
6. Le Trident de Bahurūpa18, qui détruit tous les péchés, [se fait ainsi] : les [doigts] latéraux sont dressés, et les médians comme précédemment, mais au centre d’une sextuple masse19.
14Les mains se font face, les doigts écartés les uns des autres. Les deux doigts médians, les deux petits doigts et les deux pouces sont dressés, appuyés chacun contre son opposé. Les quatre autres, index et annulaires, se cachent contre le dos de la main. C’est ainsi que l’on montre la mudrā nommée Trident (triśūla), qui est celle d’Aghora et dompte les péchés.
15Quant au sens des mots [du śloka], le voici20 : le sextuple piṇḍa, c’est la masse, c.-à-d. l’assemblage, de six doigts21. “Les deux du milieu”, c.-à-d. les deux doigts qui sont au centre de ce piṇḍa comparable à une matrice, seront “comme précédemment”, c.-à-d. comme dans la makarī, où c’est dit clairement, dressés22. On doit montrer – ajouter ces mots – le geste-du-Trident, qui est celui de Bahurūpa et détruit les péchés, lorsque ces doigts sont placés de cette façon23.
16Le mot “mais” (kiṃ tu) indique la différence avec ce qui a été dit auparavant.
17Ayant ainsi dit que faire de six doigts, il indique comment placer ceux qui restent, à savoir les deux pouces et les deux auriculaires, qui sont sur les deux côtés, de façon à faire apparaître les deux autres pointes (aśri)24 [du Trident] : “les deux latéraux dressés” ; car il faut rapprocher ces deux mots, qui sont éloignés [dans le texte]. Le mot “latéral” désigne par un détour les deux pouces et les deux petits doigts25, parce qu’ils sont sur les côtés [des mains]. Ils sont dressés, c.-à-d. verticaux. Dans le Mālinītantra, cette [mudrā] est appelée “Marteau à trois pointes”. On lit là26 :
“Dresser les deux mains, les doigts écartés les uns des autres. Les deux annulaires sont sur le dos de ceux du milieu ; les index touchent la base [des pouces]27. Les deux médians seront dressés, comme les deux petits doigts et les deux pouces (puruṣa). On s’arrangera pour que les index laissent un intervalle, à côté des médians28. Tel est le Marteau-à-trois-pointes29, qui permet de prendre possession30 [d’un être quelconque] après l’avoir blessé.”
Geste-du-Lotus
18Il décrit le geste-du-Lotus :
7. Les deux mains enferment les pouces, les doigts sont étendus dans toutes les directions, et les avant-bras rapprochés : tel est le Lotus, qui excite la Puissance du Mantra Vaktra.
19Les deux mains “enferment les pouces”, c.-à-d. que les pouces sont placés à l’intérieur des mains pour simuler le réceptacle. Les huit [autres] doigts sont écartés les uns des autres pour simuler les huit pétales. Ayant fait ainsi, le Lotus est formé – ajouter le verbe. Comment est-il [encore] ? Il a “les avant-bras rapprochés” : c.-à-d. que les deux avant-bras sont collés l’un à l’autre pour représenter la tige31 [Le Lotus] ainsi formé attise la Śakti du Mantra Tat-Puruṣa32
Geste-de-la-Vache
20Il décrit le geste-de-la-Vache :
8. Il faut disposer les mains de telle sorte que chaque index touche le majeur opposé et chaque petit doigt, l’annulaire opposé33 Telle est la Vache, qui manifeste Īśa.
21Placer [d’abord] les deux mains de telle sorte que les doigts soient croisés ; joindre ensuite “mutuellement”, c.-à-d. l’un à l’autre, le pouce gauche avec le majeur droit et le pouce droit avec le majeur gauche ; joindre de même le petit doigt droit à l’annulaire gauche et l’annulaire droit avec le petit doigt gauche34 Cette mudrā est appelée “Vache”, elle rend présent le Seigneur Īśa35.
Geste “Joie-du-Cœur”
22Maintenant, la Joie-du-Cœur :
9-10. Les auriculaires et les majeurs des deux mains s’encerclant l’un l’autre, les deux doigts intermédiaires s’appuyant chacun sur la paume de la main à laquelle ils appartiennent, les deux index se touchant en avant, avec les extrémités des pouces placées sur les bases de leurs phalanges [jointes]36 : tel est le geste nommé “Joie-du-Cœur”, qui provoque la Présence du Seigneur37
23Les deux mains étant tournées la paume en haut, faire s’envelopper l’un l’autre les deux petits doigts et les deux doigts médians. Les [doigts] intermédiaires, c.-à-d. ceux qui se trouvent entre les petits doigts et les majeurs, donc les annulaires, on les fait toucher chacun sa propre paume. “Devant”, c.-à-d. en avant, on met les index en contact. Sur les bases de ces phalanges, c.-à-d. sur les articulations supérieures des index, on place les extrémités des pouces. [Ainsi] doit être montrée la mudrā dite manorathā, qui assure la Présence de Parameśvara.
Geste-de-Salutation
24Il décrit le geste-de-Salutation :
11. Les deux mains sont dressées38, leurs paumes appuyées l’une contre l’autre, les pouces touchant [les autres doigts] : telle est la Salutation, le meilleur [des gestes] pour provoquer la Présence des Mantra, que ceux-ci soient prononcés ou pas.
25[Les mains] auront leurs parties intérieures appuyées l’une contre l’autre, c.-à-d. en contact ; les deux pouces seront appliqués [contre les index, tous les doigts étant] en position naturelle39 : c’est en faisant cela que l’on forme le geste-de-Salutation. Cette [mudrā] opère excellemment la Présence des Mantra, dits ou non dits.
Geste-d’Invite
26Il décrit l’āvāhanī :
12. Formant l’añjali avec les deux mains, on appuie les pouces sur la base des petits doigts. Cette [mudrā] est utilisée dans le rite d’invite de n’importe quel Mantra.
27Avec les deux mains imitant le creux d’une coquille, on forme l’añjali40 Puis on applique les pouces sur la base des petits doigts. Cette āvāhanī doit être utilisée dans les rites d’invite de tous les Mantra41.
Geste-d’Installation et Geste-de-Détention
28Il décrit la sthāpanī et la rodhanī :
13. Les poings étant fermés [et appliqués l’un contre l’autre], on a le geste-d’Installation si les pouces sont dressés, et le “geste dur” si les pouces sont rentrés42 Dans cet Āgama, ce dernier geste sert à “détenir” les Mantra.
29On ferme les poings et on les met face à face, pouces dressés : c’est la mudrā nommée “d’installation”43 Lorsque ces deux mêmes poings “ont les pouces à l’intérieur”, c.-à-d. sont telles que les deux pouces soient dedans, on a la mudrā nommée “Geste dur”44 Elle est donnée – ajouter proktā – dans cet Āgama comme effectuant la Détention de n’importe quel Mantra.
Geste-de-la-Barre
30Il décrit maintenant la parighāmudrā :
14. Le poing étant fermé, et limité par le pouce et le majeur, étendre l’index : telle est la Barre terrible, qui cogne sur la masse des Obstacles.
31Le point étant fermé, avec le pouce reposant sur le doigt médian et l’index tendu, la Barre redoutable45, arme spéciale qui sert à frapper sur la multitude des Obstacles, apparaît46.
Geste-d’Attraction-vers-soi
32Il parle du geste-d’Attraction-vers-soi :
15. Les doigts [de celle] des deux mains qui opère47, pouces exceptés, sont repliés. En faisant cela48, on a le geste des doigts49 nommé “Attraction”, qui sert dans tous les cas où l’on veut attirer [quelque chose à soi].
33Replier successivement, chacun sur lui-même50, les doigts des deux mains à partir du petit doigt, mais pas les pouces. Cette [mudrā] est nommée “Attraction”, c.-à-d. “Attraction-vers-soi”51. On la montre pour effectuer n’importe quelle attraction.
34À propos du mot karmapāṇyoḥ. La main active est parfois la droite, parfois la gauche52. Sachant cela, on fera la layamudrā53 avec celle des deux mains qui est enjointe dans le cas où l’on se trouve.
Geste-du-Vase
35Il décrit le geste-du-Vase :
16-17a. Les deux mains ont leurs doigts bien serrés ; leurs dos sont [arrondis] en forme de demi-Lune, et leurs creux placés l’un sur l’autre. Les pouces ont leurs bases bien jointes et les index touchent les phalanges [inférieures] des pouces. Ce geste, dit “geste-du-Vase”, rend complets les rites d’ablutions, et les autres semblables.
36Placer les deux mains de sorte que leurs dos soient en demi-Lune54, c’est-à-dire arrondis en forme de demi-Lune, et que leurs creux soient appliqués l’un sur l’autre55 Les pouces de ces mains ont leurs bases “bien”, c.-à-d. excellemment, jointes : leurs bases sont collées l’une à l’autre. On placera les index de façon que leurs extrémités se cachent à la base des pouces, le gauche, à gauche et le droit, à droite. Cette ghaṭamudrā56, dit-on, rend parfaits les rites d’abhiṣeka57, etc.
Geste-du-Claquement-de-mains
37Il explique le geste appelé “Claquement”, qui sert à apaiser les Obstacles :
17b. Trois claquements de mains58 accompagnés d’un gros rire chassent les Obstacles.
38Frapper trois fois les paumes des mains l’une contre l’autre, avec un rire sonore : c’est [le geste] appelé “Claquement”, qui chasse les Obstacles.
39[Le Maître] dit, pour conclure :
18. Ces mudrā, il faut les former par la voix et la pensée [seules] pour rendre [les objets ou les divinités]59 présents lors des offrandes du culte mental.
Mais les sages [les feront] avec les “membres” que l’on a dits [lors des cultes] dans le corps, sur la terre, dans le Vase à arghya, dans les [liṅga] mobiles et les autres, ainsi que lors du rituel du Feu.
40Ces quatorze mudrā, depuis la Cuillère jusqu’au Claquement de mains, on les effectuera par la voix et la pensée au moment des offrandes du culte mental, pour rendre présents [les objets ou les divinités]. On ne nouera pas ces mudrā de façon visible.
41Au contraire, quand elles seront utilisées [lors des cultes qui se font] dans son propre corps, sur un sthaṇḍila, un Vase à arghya, un liṅga mobile et – à cause du mot ādi – sur un liṅga fixe, une image peinte ou un vidyāpīṭha, et aussi à l’occasion des offrandes dans le Feu, on les effectuera avec les “membres” qu’on a dits. C’est-à-dire qu’on les accompagnera de ces “membres” que sont pour chacune sa forme, le mantra correspondant, la pensée que ce sont des Śakti de Parameśvara, etc.60
Notes de bas de page
1 Voir 3, 27.
2 En 3, 13ab1 et 14a2.
3 On pourrait donc traduire mudrā par “Sceaux”. Mais le terme deviendrait vite embarrassant dans les composés : “sceau de la cuillère”, “sceau d’invite”, etc. En réalité, si l’idée de sceau est avancée lors de la définition abstraite du terme, c’est l’idée de geste – geste qui imite tel objet (et donc le symbolise), ou qui évoque telle action (et donc l’effectue) – qui est seule présente dans les cas particuliers concrets, avec, à l’arrière-plan, la pensée que ce geste réjouit les Dieux. Voir n. 2.
4 Point de vue souvent exprimé. Voir par ex. MVT, 7, 1 :
athātaḥ sampravakṣyāmi mudrākhyāḥ śivaśaktayaḥ /
Dans ce cas, le geste lui-même devrait être susceptible de faire se manifester la Śakti, comme le vācaka fait se manifester le vācya. Le langage des mains aurait le même statut que la parole. En fait, on trouve peu de développements à ce sujet dans nos textes, et très souvent la mudrā est justifiée en disant qu’il faut réjouir tel ou tel Dieu, comme si l’on acceptait que le terme dérive de la racine “mud” (voir Aj, 26, 2 ; SP1, p. 80, śl. 10). On peut dire aussi que les mudrā réjouissent les Dieux et chassent les Démons, ce qui donne une autre analyse du terme :
mudaṃ karoti devānāṃ drāvayaty asurāṃs tathā /
modanād drāvaṇāc cātha mudreti parikīrtitā //
(texte cité par N. in AP, p. 112).
5 Lire eṣājātasya=eṣā ajātasya. Aja ou Sadyojāta joue, parmi les cinq Brahman, le rôle du Brahman pourȧnique, toujours associé à la cuillère à oblations.
6 Voir śl. 12 et note.
7 Exactement : ils se dirigent dans des sens opposés.
8 À partir d’ici, N.K. recommence un nouveau comm. pour montrer comment les doigts, placés correctement, peuvent donner l’image de la cuillère à oblations. Ses explications sont difficiles à comprendre pour qui n’a pas devant lui un modèle correct de la mudrā en question ; aussi notre traduction est-elle très incertaine.
9 C.-à-d. de vulve. Voir 3, 27, comm., où le terme śaktimudrā glose sruṅmudrā.
10 Il s’agit probablement des annulaires ?
11 Voir la première des cuillères à oblations représentées dans le Mṛg (Bhatt, éd. crit., face à p. 68).
On notera que les deux photos de la sruṅmudrā (Bhatt, face à p. 52) ne correspondent pas à la description du texte, ni en ce qui concerne les index et les pouces (ces quatre doigts ensemble devraient, si nous lisons bien, dessiner le cercle qui représente la ghṛtadhārā), ni en ce qui concerne les annulaires qui devraient être cachés à l’intérieur.
12 Traduction naturelle, qui ne tient pas compte du comm. de N.K.
13 De sa gueule seulement.
14 N.K. ne relie les indications “en bas” et “en haut” qu’aux quatre doigts qui, dans ce geste, sont au-dessus. Dans ce cas, il est probable qu’il relie les autres indications (contraction et extension) aux auriculaires et aux annulaires. Mais le texte semble dire autre chose.
15 Vāmadeva est associé à la kalā Pratiṣṭhā, c.-à-d. à l’élément Eau. D’où probablement le choix de son symbole. On peut aussi penser qu’il est assimilable à Viṣṇu, lui-même associé à l’Eau. Voir SP1, App. VI, p. 331 et ici 6, 17b-18a, n. 1.
16 Et en les faisant apparaître entre les pouces ?
17 Pour ce texte, voir Goudriaan, HTŚL, p. 46.
18 Le Brahman nommé Bahurūpa (Aghora) correspond à Rudra (voir SP1, App. VI), dont le rapport avec le triśūla est naturel.
19 Le śloka est sibyllin, alors que le geste est simple. Nous le traduisons en suivant exactement, cette fois, le comm, de N.K.
20 N.K. vient de décrire la triśūlamudrā telle qu’il la connaît. Il lui reste à expliquer le mot à mot du texte de façon à arriver au même résultat, ce qui n’est pas très aisé.
21 La suite montre qu’il s’agit des doigts du milieu : annulaires, majeurs et index.
22 Le mot sthitayoḥ qui apparaît ici dans le comm. ne reprend pas celui du texte, ce dernier devant être, selon N.K. (voir plus loin), relié à pārśvayoḥ.
23 Ceci pour expliquer le locatif absolu des termes précédents. Mais la description n’est pas terminée.
24 Lire aparāśridvaya- avec le ms B (=T. 23) et T. 539 ou °śradvaya avec T. 266 : les autres sources ont des leçons inexactes, mais aucune n’a la leçon imprimée, āśrita-.
25 Le mot, au duel, désigne en fait quatre doigts, d’où la glose : le mot “latéral” à lui seul désigne le couple de pouces ou d’auriculaires.
26 MVT, 7, 27-29a, avec à la troisième ligne la leçon dve yute au lieu de utthite, plus deux variantes utiles signalées plus loin.
Notons que ce texte, outre ce triśikhīmudgara dont N.K. utilise la description, connaît une triśūla-mudrā (7, 5), geste très simple, qui se fait avec la seule main droite dont les trois doigts médians sont dressés et les autres rabattus.
27 Dans toutes ces descriptions, il semble que le mot mūla, sans complément, désigne le creux entre le pouce et l’index.
28 Conjectural.
29 Il vaudrait mieux lire avec MTV : mudgaras triśikho.
30 Lire āveśa avec le ms. C, T. 677 et le MVT. Il s’agit de l’acte par lequel un sādhaka peut prendre possession du corps, mort ou vif, d’une autre personne.
31 Litt., le śloka dit que le Lotus “a les doigts écartés et les avant-bras rapprochés’’. Le comm. de N.K. est conduit de façon à montrer que ces deux expressions sont bien des épithètes qualifiant paṅkajam.
32 Tat-Puruṣa ou Vaktra est le Dieu qui maintient le monde, comme Viṣṇu (voir 3, 43). Cela peut expliquer son emblème à la fois aquatique et de bon augure.
33 Lire mithas (au lieu de api vā) avec toutes les sources consultées. Le texte dit littéralement : “Il faut réunir les index et les majeurs mutuellement (c.-à-d. de façon croisée), et de même les petits doigts et les annulaires.”
34 On obtient ainsi quatre pointes, qui représentent les pis. La photo donnée par Bhatt correspond à cette description.
35 L’amṛta qui sera censé s’écouler de ces pis (voir 3, 33, comm.) est probablement à mettre en relation avec la fonction d’Īśa, qui est d’accorder la grâce aux créatures. Mais pourquoi cette présentation nouvelle des relations entre le Dieu et la mudrā ?
36 La lecture normale serait : sur leurs phalanges inférieures. Mais N.K. comprend (voir comm.) qu’il s’agit de la base des phalanges dont on vient de parler : celles qui se touchent.
37 Prabhu, glosé par Parameśvara : il s’agit du Śiva suprême ; tandis que les mudrā précédentes étaient liées aux cinq Brahman. Voir 3, 27.
38 Nous prenons praguṇa dans le sens de “dressé”. Mais N.K. comprend : “en position normale”.
39 En prenant svasthānasthau dans le sens de svasthānasthāṅgulyau. On pourrait aussi lire svasthānastha-nyastāṅguṣṭhau, où le premier terme deviendrait épithète de aṅguṣṭhau : mais la leçon n’est pas attestée.
40 Tandis que la namaskāra-mudrā est un geste de salutation, l’añjali est un geste d’offrande : les mains sont rapprochées, ouvertes en forme de coupe. À notre connaissance, les Āgama ne donnent jamais pour l’añjali la définition que retient Liebert dans son Icon. Dict, of the Indian Rel. (pp. 16-17, où pourtant la définition correcte est citée aussi), et qui est celle de la namaskāra-mudrā.
41 Ex. en 3, 12b-13a.
42 Litt. : “si les poings ont les pouces à leur intérieur”.
43 Elle sert évidemment au rite de sthāpana : voir 3, 13. Selon Bhojadeva, cité en SP1, Pl. I, mudrā No 16, ce geste est nommé sannidhāna-mudrā et une autre mudrā, différente, sert pour le sthāpana (ibid, No 15). Mais le Mṛg utilise pour le sannidhāna le geste-de-Salutation (voir 3, 14a et ici, śl. 11b).
44 niṣṭhurā : plus souvent, nirodhanī ou rodhamudrā (voir 3, 14a).
45 Faut-il l’identifier au bâton ou massue connu en iconographie sous le nom de gadā ? Voir Liebert, op. cit., p. 86.
46 On notera la ressemblance entre ce geste (photo de Bhatt, éd. crit.) et la trāsinī (SP1, Pl. I, mudrā No 34). La photo de la trāsinī correspond même mieux à notre description que celle de la parighā (voir la position des pouces).
47 La traduction suit le comm, de N.K.
48 Ou bien, comprendre que kṛta signifie magie et lire : “… où l’on attire quelque chose à soi par magie”, la précision étant donnée pour écarter les “attractions” réalisées par contact physique de la main et de l’objet.
49 À moins que śākhāmudrā ne soit un autre nom de ce geste, déjà appelé ākarṣaṇī et layamudrā.
50 Litt. : chaque phalange sur celles du même doigt.
51 karṣaṇī ou ākarṣaṇī. Ailleurs, on utilise pour attirer à soi une autre mudrā nommée “geste du crochet” (aṅkuśa-mudrā). Cf. SP3, Index, s.v.
52 Prob. selon la nature, bénéfique ou maléfique, du rite pour lequel on utilise cette mudrā.
53 Le terme de layamudrā est syn. de saṃhāramudrā, qui est le nom par lequel le Mudrālakṣaṇa désigne le geste décrit ici. Voir ibid. Ce geste ne sert pas toujours à attirer (voir n. 5) ; on l’utilise plus souvent pour rassembler des objets épars, les retirer du lieu où ils se trouvaient. Voir SP3, Index, sous “saṃhāramudrā”.
54 Nous simplifions un peu le comm., qui analyse tous les composés.
55 Selon Bhatt (voir éd. crit., photos de cette mudrā “selon le Mṛgendra”), le dos d’une main repose dans le creux de l’autre. On pourrait comprendre autrement.
56 Ou kumbhamudrā, kalaśamudrā, etc.
57 Voir 2, 14a.
58 Litt. : trois “frappers-claquements”.
59 Penser aux gestes de la Cuillère ou du Vase ; ou à ceux qui symbolisent les cinq Brahman, par ex.
60 On pourrait lire le texte autrement, aṅga signifiant “mains et doigts”.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012