IV. Les édifices
p. 66-104
Texte intégral
1§ 4.1. Les édifices décrits dans nos deux textes relèvent tous, comme on l’a déjà signalé, de l’architecture religieuse : en effet ce sont soit des temples ou des chapelles destinés à abriter des images divines, soit des bâtiments nécessaires au fonctionnement d’un sanctuaire ou à l’accomplissement de certaines cérémonies ; on notera que dans un cas comme dans l’autre il peut s’agir de constructions permanentes ou provisoires : ainsi à côté des temples permanents qui sont généralement des prāsāda (§ 4.2 sq), on a le taruṇālaya (§ 4.37) construit pour une durée de temps limitée ; de même on verra que bon nombre de pavillons (maṇḍapa) ne sont que des constructions provisoires érigées à l’occasion de certaines cérémonies particulières (§ 4.13), alors que d’autres font partie des édifices dont la présence dans un sanctuaire est nécessaire. Ces différentes constructions relèvent le plus souvent de catégories architecturales bien déterminées et ce sont surtout elles que l’on étudiera ici en réservant pour le chapitre suivant la présentation de la disposition générale des sanctuaires (bhavana). On présentera donc successivement les prāsāda qui peuvent se définir comme des temples dont l’élévation comporte six niveaux, les maṇḍapa., pavillons à trois niveaux, les gopura qui sont des pavillons d’entrée, les mālikā qui se présentent comme des galeries formant cloître et enfin le taruṇālaya que l’on a mentionné ci-dessus et divers édifices sur lesquels nos textes sont particulièrement avares de renseignements (sabhā, dhiṣṇya...).
LES PRĀSĀDA
2§ 4.2. Du point de vue architectural un prāsāda est défini comme un bâtiment dont l’élévation comporte les six niveaux (Aj 14.91) ; dans la pratique des textes il s’agit toujours d’un temple abritant une divinité, que ce soit le temple principal d’un sanctuaire, auquel cas on précise parfois en employant des composés tels que mūlaprāsāda ou mūlaharmya ou mūlālaya (ci-dessous), ou bien encore la chapelle de certains Assesseurs de Śiva tels que Caṇḍeśa, Brahmā, Jyeṣṭhā, Durgā, Gaṇeśa, Viṣṇu ou Arka (Aj 39.11-14 et § 5.14) ; sauf erreur de notre part ce terme de prāsāda est toujours utilisé dans le Raurava comme dans l’Ajita avec ce sens précis de “temple (ou chapelle) pourvu de six niveaux” et la seule exception nous paraît plus apparente que réelle : il s’agit de l’emploi de l’expression “comme un prāsāda destiné aux dieux” (devaprāsādavat) à propos d’un dhiṣṇya qui comme nous le verrons est défini simultanément comme une habitation divine (devatāgṛha) à trois ou quatre niveaux (Aj 14.92 et ci-dessous § 4.39) ; on peut supposer que dans ce cas particulier il s’agit de souligner une similitude qui porte sur la fonction et non sur l’élévation. A côté de prāsāda un certain nombre d’autres termes sont utilisés pour désigner la même catégorie d’édifice : ainsi vimāna (Aj 12.34, 47), sadman (Aj 12.30, 36... ; — Rau 39.12...) sadana (Rau 39.1, 2...), nivesa (Aj 39.13) et surtout harmya (Aj et Rau, passim), ālaya, dhāman et gṛha (Aj et Rau, passim) ; les trois derniers de ces termes sont d’ailleurs utilisés comme on peut s’y attendre pour désigner n’importe quel type de bâtiment : ainsi pour ne prendre que quelques exemples la chapelle de Vṛṣa a la forme d’un pavillon (maṇḍapākāra) et elle est baptisée ālaya (Aj 39.12), une sabhā est un dhāman (Aj 14.93 et § 4. 38) et, comme on vient de le voir, un devadhiṣṇya est en même temps un devatāgṛha. Ālaya est fréquemment employé dans le composé śivālaya pour désigner non pas un temple mais l’ensemble complexe que constitue le sanctuaire de Śiva (par ex. Rau 30.9 ou Ajita 51.6) ; dans ce sens il est un synonyme de bhavana (ci-dessous). Quant à harmya on sait qu’appliqué à un toit il semble avoir le sens particulier de “bâtiment à toit plat” (§ 3.29). Enfin le mot bhavana semble être employé pour désigner le sanctuaire dans son ensemble par opposition au temple proprement dit ; on lit ainsi par exemple dans l’Ajita qu’après avoir fait la circumambulation du village (grāma), on entre dans le sanctuaire (bhavana) et l’on se dirige vers le pavillon sacrificiel (situé dans l’enceinte, § 5.10) puis l’on fait la circumambulation du temple (dhāman)…” (Aj 28.95-98) ; enfin mandira qui n’apparaît qu’une fois (Rau 36.2) semble désigner de façon générale le sanctuaire (dans le cas particulier, celui dont Viṣṇu est la divinité principale).
Dimensions des prāsāda
3§ 4.3. Les renseignements apportés respectivement par chacun de nos textes au sujet des dimensions des prāsāda sont assez dissemblables et nous les présenterons séparément (§§ 4.4 et 5), mais on peut noter dès maintenant quelques caractéristiques communes à ces deux exposés. Tout d’abord la seule dimension qui nous soit donnée en valeur absolue est la largeur du prāsāda ; on a d’ailleurs déjà vu que cette largeur peut éventuellement servir d’unité de référence pour le calcul des dimensions des enceintes du sanctuaire (§ 2.2). C’est à partir de cette largeur que l’on déterminera la valeur de la hauteur selon des proportions qui varient d’un texte à l’autre ; quant au calcul de la longueur, il n’en n’est jamais question bien que l’Ajita présente un type de prāsāda de plan rectangulaire (ou peut-être deux, voir ci-dessous § 4.12). Un autre point remarquable est la largeur extrêmement réduite proposée pour les prāsāda de la plus petite taille — trois coudées selon l’Ajita et une seule selon le Raurava — mais de telles dimensions s’expliquent assez bien si l’on songe que les descriptions que nous avons là peuvent aussi bien concerner le temple principal d’un ensemble que les chapelles des Assesseurs qui l’entourent (ci-dessus), chapelles auxquelles l’étroitesse des cours ne permet pas de donner un grand développement (ci-dessous § 5.6). Enfin le nombre important des largeurs proposées par l’un et l’autre de nos textes ne doit pas faire illusion : un grand nombre d’entre elles ne conviennent qu’à des temples à paliers multiples dont il n’est guère question dans nos textes ; ainsi l’Ajita qui donne les largeurs des temples d’un à douze paliers, ne décrit que ceux à palier unique ; de même le Raurava qui va jusqu’à seize paliers est très discret sur les proportions détaillées des édifices à trois paliers ou plus (voir § 4.6).
4§ 4.4. Selon l’Ajita (12.15-20) il y a vingt-huit largeurs possibles pour les prāsāda : elles vont de trois à trente coudées (par accroissements successifs d’une coudée) et se répartissent en trois groupes qui correspondent respectivement aux “petits” temples (kanyasa, avara, adhama), aux “moyens” (madhyama) et aux “grands” (uttama, śreṣṭha) ; à chacune de ces catégories correspondent des hauteurs (Aj 12.34-37) et des nombres de paliers (Aj 12.46-60) bien déterminés ; l’ensemble de ces données peut se résumer dans le tableau suivant ;
catégorie | nombre de paliers | largeur en coudées | rapport hauteur largeur |
petits | 1 | 3 à 10 | |
(3 à 10 coudées) | 2 | 5 à 10 | |
3 | 7 à 10 | 2/1 | |
4 | 9 à 10 | ||
5 | 9 (?) (a) | ||
moyens | 3 | 11 et 12 | |
(11 à 20 coudées) | 4 | 11 à 14 | |
5 | 11 à 16 | ||
6 | 13 à 18 | 12/7 | |
7 | 15 à 20 | ||
8 | 17 à 20 | ||
9 | 19 et 20 | ||
grands | 8 | 21 et 22 | |
(21 à 30 coudées) | 9 | 21 à 23 | |
9 | 21 à 23 | ||
10 | 21 à 26 | 11/7 | |
11 | 23 à 28 | ||
12 | 25 à 30 |
5§ 4.5. Pour le Raurava (39.1-8) il y a trente-six largeurs possibles (d’une coudées à soixante-et-onze par accroissements successifs de deux coudées) et elles se répartissent en cinq groupes (au lieu de trois) de façon suivante :
catégorie | largeurs en coudées | nombre de paliers |
kṣudra (“petit”) | 1 à 13 | 1, 2 ou 3 |
ābhāsa | 15 à 27 | 3, 4 ou 5 |
vikalpa | 29 à 41 | 6, 7 ou 8 |
chanda | 43 à 55 | 8, 9 ou 10 |
jāti | 57 à 71 | 13 ou 16 |
6En ce qui concerne les hauteurs (ibidem) on indique qu’elles peuvent être calculées à partir de la largeur choisie selon l’un des cinq modes suivants : śāntika (hauteur = ¼ de la largeur), pauṣṭika (haut.= ½ largeur), jayada (haut.=3/4 larg.), adbhuta (haut.=larg.) et sārvakāmika (haut. = 5/4 larg.) ; cependant il n’est pas fait mention d’un rapport quelconque entre l’un de ces cinq modes et les cinq catégories dont il a été question précédemment.
Elévation des prāsāda
7§ 4.6 Les proportions verticales des différents niveaux (varga) ne sont données clairement qu’à propos des édifices à un seul (Ajita et Raurava) et à deux paliers (Raurava) ; elles peuvent se résumer dans les tableaux suivants :
8(en ce qui concerne la seconde description de l’Ajita nous corrigeons navāṃsake en daśāṃśake, le total faisant dix et non neuf, mais il faut cependant remarquer que tous les manuscrits utilisés par l’éditeur portent navāṃśake ou navāṃśakaiḥ et jamais daśāṃśake).
prāsāda à deux paliers (Rau 39.20b-21)
motif de couronnement | stūpi | 1/11 |
toit e | mastaka | 2/11 |
attique | gala | 1/11 |
entablement (2e palier) | prastara | 1/11 |
niveau des piliers (idem) | aṅghri | 2/11 |
entablement (Ie palier) | mañca | 1/11 |
niveau des piliers (idem) | aṅghri | 2/11 |
soubassement | adhiṣṭhāna | 1/11 |
9On constate que le socle (upapīṭha) n’est jamais pris en considération dans l’établissement de ces proportions, ce qui ne doit pas surprendre puisqu’il s’agit là d’un élément dont la présence n’est pas indispensable et dont les proportions découlent naturellement de celles du soubassement sous lequel il vient se placer (ci-dessus § 3.13)· D’autre part le prāsāda à deux paliers apparaît comme un simple développement de celui qui n’en à qu’un et la hauteur du second palier est égale à celle du premier. Les proportions verticales des édifices à trois paliers et plus se calculent, selon le Raurava, à partir de celles des édifices à deux paliers mais les indications fournies à ce sujet ne sont pas très claires (Rau 39.22-233) : il semble qu’il faille diviser la hauteur d’un édifice à trois paliers en douze parties égales ; onze d’entre elles sont distribuées comme précédemment et correspondent au soubassement, aux deux premiers paliers ainsi qu’à l’attique, au toit et au motif de couronnement ; quant à la douzième elle est subdivisée en trois et correspond pour les deux tiers au niveau des piliers du troisième palier et pour le tiers à son entablement : la hauteur totale de ce troisième palier est ainsi égale au tiers de celle de chacun des deux paliers inférieurs. On procède de même pour les édifices à quatre paliers et plus en ajoutant à chaque fois une partie (subdivisée en trois) pour le palier supplémentaire et ce jusqu’aux édifices à seize paliers dont la hauteur est divisée en vingt-cinq parties distribuées probablement de la façon suivante :
10On obtient ainsi des prāsāda dont les deux paliers inférieurs sont égaux entre eux et sont chacun le triple de chacun des paliers supérieurs également égaux entre eux.
Plan des prāsāda
11§ 4.7. Intérieurement le prāsāda comporte une pièce centrale unique, la cella, qui est éventuellement entourée par un ou plusieurs déambulatoires concentriques (alinda, § 4.8). Cette cella dont l’appellation normale est garbhagṛha (Aj 12.21 ; — Rau 39.14...) est très souvent désignée plus simplement par garbha (Aj et Rau, passim), terme qui s’applique également au dépôt de fondation (Aj chap. 17) ; on trouve aussi garbhāgāra (Rau 13.22), dhāmagarbha (Aj 12.27), antargṛha (Aj 25.38) ou antaḥsthāna (Aj 49.60). Ses proportions ne nous sont données que pour les petits prāsāda (ceux qui n’ont pas de déambulatoire) et sa largeur doit être le quart, les trois cinquièmes ou les quatre septièmes de celle du prāsāda (Aj 12.21-24) ou bien encore le tiers, la moitié ou les trois cinquièmes de cette largeur (Rau 39.14-15) ; dans un cas comme dans l’autre le reste de la largeur du prāsāda est occupée par l’épaisseur du mur (bhitti) qui entoure la cella et qui en l’absence de déambulatoire est également le mur extérieur de l’édifice ; il faut ajouter enfin que selon l’Ajita (12.25-27) la largeur de la cella d’un prāsāda construit (reconstruit ?) autour d’un Liṅga préexistant (pūrvaṃ sthaṃ liṅgam) doit être neuf ou douze fois celle du Liṅga et l’épaisseur des murs le tiers ou la moitié de la largeur de la cella. Le socle de l’image ou du Liṅga (pīṭha, piṇḍikā, § 5.3) est placé au centre de la cella avec un léger décalage vers le Nord-Est cependant (Rau 28.68 ; 30.37) et il est fixé au sol par un mortier (sudhā) solide (ibidem). Ce sol (sthala, Aj, Rau passim) est d’ailleurs légèrement incliné du Sud au Nord pour faciliter l’évacuation des liquides qui coulent du bec du socle (Aj 13.14) ; le niveau de ce sol est toujours inférieur à celui du bas du pādavarga et il doit correspondre avec celui du conduit d’évacuation (jalanirgamanacchidra) percé à travers le mur du sanctuaire (Aj 13.14-15) ; selon l’Ajita (ibidem) ce conduit doit se situer à la même hauteur que le sommet du socle de l’édifice (upapīṭha) ou que le tore (kairava), le dé (gala) ou le bandeau supérieur (paṭṭikā) du soubassement et cela au milieu de la face nord de l’édifice ou à son angle nord-est, quelle que soit semble-t-il l’orientation du prāsāda (§ 4.9) ; le Raurava qui ne donne aucun détail précis sur cet élément semble n’envisager que sa mise en place au Nord (Rau 11.3). Ce conduit se prolonge à l’extérieur par une gargouille (nāla) (Aj 13.16-19) : c’est une pierre saillante (nāsaśaila) de section carrée dont la largeur est égale à celle des piliers (c’est-à-dire au module) ou bien encore à l’épaisseur du mur sur laquelle elle s’appuie ; sa longueur est deux fois trois quarts ou trois fois plus grande que sa largeur ; une rigole (jalāyana) est creusée au milieu de la face supérieure de de cette pierre : elle est de section trapézoïdale et sa largeur au fond est plus petite d’un huitième de ce qu’elle est en haut où elle est égale au tiers de la largeur de la gargouille ; l’extrémité de la gargouille comporte un jet sculpté semblable à une lèvre inférieure d’éléphant (gajādharoṣṭāṃśa) et légèrement incliné vers le bas. On ne reviendra pas sur la porte de la cella (gehadvāra, ci-dessus § 3-37) sinon pour signaler que sa position est déterminée par l’orientation générale du sanctuaire : s’il est dédié à Śiva, son temple ouvrira généralement à l’Est mais la possibilité d’une orientation vers l’Ouest est envisagée à plusieurs reprises (Rau chap. II ; — Aj 14.66 ; 18.257 ; 39.22) ; les chapelles des Assesseurs devront s’ouvrir de façon à faire face au temple principal (ci-dessous § 5.13) ; pour les sanctuaires dédiés aux autres dieux on verra que, par exemple, dans le cas de Ganesa la porte doit toujours être à l’Est cependant que dans le cas de Skanda elle peut être à l’Ouest ou à l’Est... etc (voir ci-dessous §§ 5.17 sqq).
12§ 4.8. Les “déambulatoires” (alinda) qui peuvent entourer la cella ne sont mentionnés que dans le Raurava (39.10, 16 et suiv.) qui précise que de tels éléments ne peuvent se trouver que dans les temples des quatre catégories supérieures (ābhāsa...), temples qui, comme on l’a vu, sont larges d’au moins quinze coudées et possèdent au moins trois paliers (§ 4.5). Ces déambulatoires se présentent comme des passages couverts bordés par deux murs : lorsqu’il n’y a qu’un seul déambulatoire, son mur intérieur qui est simultanément le mur de la cella est appelé gṛhapiṇḍi (Rau 39.16) et son mur extérieur qui est aussi le mur extérieur du prāsāda est le hāra (ibid.) ; dans le cas de déambulatoires multiples (il peut y en avoir jusqu’à neuf, Rau 39.17), le hāra du premier est le mur intérieur du second et ainsi de suite. On indique de plus que ces déambulatoires se trouvent également aux paliers supérieurs (voir ci-dessous) et que des escaliers dextrogyres placés aux angles (karṇe karṇe à lire au lieu de kaṇṭhe kaṇṭhe en Rau 39.17a) et partant des déambulatoires du rez-de-chaussée permettent d’accéder à ceux des paliers supérieurs (Rau 39.17-18) ; on ajoute également que le mur qui sépare la cella du premier déambulatoire (c’est à dire le gṛhapiṇḍi) est fait d’une maçonnerie compacte de pierres et de briques. En revanche, mise à part l’indication selon laquelle les “petits” temples n’ont pas de déambulatoire, on ne nous fournit aucun renseignement sur le rapport qui doit exister entre les dimensions du temple et le nombre des alinda, non plus que sur les proportions respectives que doivent avoir gṛhapiṇḍi, alinda et hāra ; de plus il n’est jamais question du rôle dévolu à ces passages couverts sinon à propos des escaliers menant aux étages supérieurs (ci-dessus). Sur ce dernier point il faut souligner que la traduction d’alinda par “déambulatoire” correspond beaucoup plus dans notre esprit à la disposition particulière des alinda qu’à leur fonction ; il est en effet remarquable de constater que, sauf erreur de notre part, la description des rites qui se déroulent dans le temple ne fait jamais mention de l’utilisation de ces alinda : on pourrait certes voir là un signe de plus du peu d’intérêt apporté par nos textes aux temples de grandes dimensions, cependant une telle attitude peut aussi s’expliquer si l’on veut bien considérer que ces alinda répondent moins à des préoccupations cultuelles qu’à des nécessités de technique architecturale. On a déjà vu que, selon le Raurava, les escaliers d’accès aux paliers supérieurs sont installés dans les alinda, mais l’on ne voit pas pourquoi la présence de tels escaliers rendrait nécessaire l’existence de plusieurs alinda concentriques ; en revanche il est certain que pour les temples à paliers multiples, les seuls concernés ici, la disposition des paliers supérieurs en retrait par rapport à ceux qui sont en dessous aboutit à donner une épaisseur considérable aux murs des paliers inférieurs : on peut donc se demander si les alinda ne sont pas, pour une bonne part, destinés à alléger cette maçonnerie, leur étroitesse probable évitant que cet allégement n’aboutisse à un affaiblissement préjudiciable à la solidité de l’ensemble.
13§ 4.9. L’entrée du prāsāda proprement dit peut être précédée d’une construction annexe que nous décrirons ici bien qu’elle relève en réalité de la catégorie des “pavillons” (maṇḍapa, §§ 4.13 sqq) ; il s’agit du mukhamaṇḍapa qui est accolé à la façade principale du prāsāda et que l’on peut considérer comme faisant véritablement partie du temple : ce “pavillon de la porte (du prāsāda)” est en effet essentiellement destiné à l’accomplissement de rites que l’étroitesse de la cella, encombrée par le piédestal, ne permet pas d’accomplir à l’intérieur même du prāsāda ; une telle construction peut se trouver devant un temple ou devant une chapelle et l’Ajita précise que le parivārālaya de Caṇḍeśa doit en comporter un (Aj 39.11 et § 5.14). Ce texte consacre d’ailleurs deux descriptions complémentaires au mukhamaṇḍapa, l’une à propos du temple de Śiva (Aj 12.28-31) et l’autre à propos des généralités sur les maṇḍapa (Aj 37.37-40) ; le Raurava en revanche ne lui consacre que deux vers (Rau 40.1-2) et ne signale même pas son existence dans le chapitre décrivant les prāsāda. Appelé aussi ardhamaṇḍapa (Aj 28.99 ; — Rau 40.2), agramaṇḍapa (Rau 27.6) ou encore et surtout maṇḍapa, le mukhamaṇḍapa est comme tous les maṇḍapa (§ 4.13) un édifice dont l’élévation ne comprend que les trois premiers niveaux auxquels s’ajoute éventuellement un socle (upapīṭha) ; selon l’Ajita ces trois niveaux doivent être égaux en hauteur aux niveaux correspondants du prāsāda (Aj 12.28 ; 37.39-40) ou bien encore ils doivent être plus petits d’un, deux, trois... ou huit seizièmes (Aj 12.28-29). En largeur le mukhamaṇḍapa peut être égal au prāsāda (Aj 12.31 ; —Rau 40.1) ou plus petit d’un quart ou d’un cinquième (Aj 12.31) ou plus grand de la moitié ou des trois-quarts (Rau 40.1) ; ni l’un ni l’autre de nos textes n’indique si cet élément est carré ou rectangulaire, mais il est peut-être sous-entendu qu’il suit la même règle que les autres maṇḍapa (ci-dessous § 4.21). Calculée en unités relatives, cette largeur peut être d’une, deux, trois ou quatre paṅkti (Aj 37.37) : on sait que cette unité correspond à la distance qui sépare deux piliers voisins et de telles expressions signifient donc que la façade du pādavarga peut comporter deux piliers corniers (largeur d’une paṅkti) ou bien encore deux piliers corniers séparés par un, deux ou trois piliers intermédiaires (voir ci-dessous § 4.20) ; on remarquera à ce sujet que la valeur de la paṅkti étant constante pour un même édifice, les dispositions à trois et cinq piliers (deux et quatre paṅkti de large) comportent un pilier situé dans l’axe de l’édifice (donc de la porte du temple), ce qui est surprenant (dans les descriptions de maṇḍapa carrés le nombre de paṅkti est toujour pair et celui des piliers par conséquent toujours pair, ce qui évite les piliers axiaux, § 4.20). La liaison entre le mukhamaṇḍapa et le prāsāda est assurée, selon l’Ajita, par un passage couvert (antarāla) : sa largeur est égale à celle du mukhamaṇḍapa ou bien encore elle est plus petite d’une paṅkti (ci-dessus) ou plus grande d’un, deux, trois ou quatre modules (Aj 37.38) ; cependant la largeur intérieure du passage (praveśa) doit toujours être de deux modules (Aj 37.39) ; cette dernière indication ne laisse pas de surprendre puisque l’on s’attendrait plutôt à ce que cette largeur soit fonction de celle de la porte de la cella. Le Raurava qui mentionne l’antarāla reliant le mukhamaṇḍapa au prāsāda à propos des emplacements des images des Dvārapāla (Rau 32.1), ne décrit que celui qui est destiné à relier deux maṇḍapa (Rau 40.5b et § 4.22). On accède probablement au mukhamaṇḍapa par une porte extérieure placée dans l’axe de celle de la cella mais nos textes n’en parlent pas ; de plus un demi-vers peu clair du Raurava semble indiquer que le mukhamaṇḍapa peut comporter un accès latéral large d’un à trois modules (Rau 40.2b) : ekaṃ vā dvitridaṇḍam vā pārśvaveśārdhamaṇḍapam (les leçons des autres manuscrits ne sont pas plus claires :... pārśvevedārthamaṇḍapam ou... pārśvavedārdhamaṇḍapam) ; quoi qu’il en soit on peut supposer que la porte (ou les portes) est précédée par un avant-corps (nirgama) et un escalier (sopāna) comme celle des autres maṇḍapa (§ 4.22).
14§ 4.10. Comme on l’a vu (§ 3-34), des avant-corps (bhadra) peuvent être appliqués sur les faces aveugles du prāsāda ; leur largeur est le tiers ou les deux cinquièmes de celle du temple et leur saillie, très faible, est d’un module ou d’un module et demi ; il n’est pas obligatoire qu’il y en ait simultanément sur les trois faces aveugles : il ne peut y en avoir qu’un seul (à l’arrière) ou deux (sur les faces latérales) (Aj 12.32-34). Qu’il y ait ou non des avant-corps, les faces aveugles du pādavarga doivent être ornées d’arcatures médianes (toraṇa, § 3. 45) abritant des images divines (§ 5.2). A cela s’ajoutent les édicules qui peuvent être accolés au pādavarga du rez-de-chaussée ou du deuxième palier (ou à l’attique ?) (§ 3.42) ; l’Ajita ne les mentionne qu’incidemment à propos de certains types particuliers de prāsāda (§ 4.12) ; en revanche le Raurava indique les principes généraux régissant leur disposition (Rau 29.11-13) : une façade doit porter deux édicules carrés aux angles (karṇakūṭa), trois édicules allongés (koṣṭha) dont un au centre et les deux autres aux quarts, et enfin quatre “cages” (pañjara) disposées de façon à séparer les uns des autres les édicules précédemment nommés ; le texte ajoute que l’espace laissé libre entre ces différents édicules est le hārāntara, ce qui laisse supposer que la disposition prescrite concerne un temple à “déambulatoire” (alinda) puisque c’est ce type de temple dont le mur extérieur est dit hāra (§ 4-8) ; ces hārāntara (“intervalles de mur”) sont larges comme la moitié des édicules carrés et des “cages” et le quart des édicules allongés. A ces divers éléments s’ajoutent enfin les niches et fausses-lucarnes (nāsikā) placées sur l’attique et le toit (sur leur disposition générale voir ci-dessus §§ 3.26, 28 et 44).
Classification des prāsāda
15§ 4.11. Nous avons vu que nos deux textes classent les prāsāda en fonctions de leurs dimensions (§§ 4.4-5), mais l’un et l’autre proposent également de ranger les prāsāda en fonction des différences de plan qui peuvent exister entre le tracé des niveaux supérieurs (attique, toit et motif de couronnement) et inférieurs (voir aussi § 3.32) ; c’est un système de classification bien connu des śilpaśāstra et les termes utilisés (qui ne varient guère d’un texte à l’autre) pour désigner les différentes classes ont parfois conduit à en déduire une répartition pseudo-géographique parfaitement injustifiée (voir à ce sujet Mayamata, t.1, p. 5 et t. II p. 350). Selon l’Ajita (12.65-68a) il existe trois classes de temples désignées sous les noms de nāgara, drāviḍa et vesara ; le Raurava n’en mentionne que deux (nāgara et vesara) (Rau 39.23-25 et 28-29). Un temple nāgara est carré de la plinthe au motif de couronnement (Aj et Rau) ; il ne doit pas avoir plus d’onze paliers (Rau) et son toit porte, aux points cardinaux, des fausses-lucarnes en forte saillie (bhadranāsikā) et, aux points intermédiaires, d’autres plus petites (alpanāsikā) (Rau) ; enfin on verra par ailleurs qu’il convient comme chapelle de Jyeṣṭhā et Durgā, assesseurs de Śiva (Aj 39.14 et § 5. 14). Le temple drāviḍa (Aj) a ses trois niveaux supérieurs établis sur un plan octogonal, les autres l’étant sur un plan carré ; la chapelle de Viṣṇu, assesseur de Śiva, relève de cette catégorie (Aj 39.14 et § 5.14). Enfin le temple vesara est circulaire de la plinthe au motif de couronnement (Rau) ou bien encore carré en bas et circulaire en haut (Aj et Rau) ; son toit peut porter des niches très saillantes ou peu saillantes ou bien encore des petites niches (Rau) ; aucun exemple de son emploi n’est fourni.
16§ 4.12. A cette classification traditionnelle l’Ajita ajoute la description de quatre types particuliers de prāsāda qui sont caractérisés par des détails de plan ou par la présence ou l’absence de certains éléments secondaires ou décoratifs. Il s’agit tout d’abord du type saubhadra (Aj 12.68b-69)qui apporte la jouissance (bhogada) et qui convient pour tous les dieux (sarvasurocita) ; comme son nom l’indique il est caractérisé par la présence d’avant-corps (bhadra) auxquels s’ajoutent des viśāla ( ?, § 3.35) ; son entablement porte des édicules d’angles (karṇakūṭa) et le bahut de son attique (vedikā) bâti sur un plan octogonal porte huit “cages” (pañjara) ; on ne nous indique pas cependant s’il se rattache à la classe drāviḍa et si son attique, son toit et son motif de couronnement doivent également être octogonaux. Le type svastibandhana (Aj 12.70) est rectangulaire (caturaśrāyata) et son toit porte trois motifs de couronnement (stūpi, § 3.30-31) ; enfin il ne doit comporter aucun édicule (pañjarādivihīna). La description du type sarvatomukha n’est pas très claire (Aj 12.71-72a) : il semble que son plan de base soit rectangulaire, à moins qu’il ne faille comprendre āyatāśraṃ vinā ( ?) proktam comme signifiant qu’il n’a pas de côté allongé (par comparaison au type précédent) et que par conséquent il est carré ; son attique et son toit (pas de mention du motif de couronnement) sont octogonaux mais reposent sur un bahut (vedikā) circulaire (āśramāśraśirogrīvaṃ vṛttavedikayā yutam) ; enfin il est pourvu de mahānāsikā dont on ne sait si ce sont des fausses-lucarnes placées sur le toit ou les niches de l’attique (§§ 3.26, 28, 44). Enfin le type sārvakāmika (Aj 12. 72b-74) appartient à la classe hastipṛṣṭha (“en dos d’éléphant”), c’est-à-dire qu’il est construit selon un rectangle dont l’un des petits côtés est remplacé par une abside semi-circulaire (§ 3.32) ; son attique et son toit sont bâtis sur le même plan et son toit est pourvu d’un pignon (lalāṭa) en façade (il doit probablement comporter à l’arrière une croupe au-dessus de son abside) ; dépourvu d’édicules d’angles il possède une grande niche en façade (sur le pignon) et des niches (ou des fausses-lucarnes ?) plus petites (kṣudranāsikā) derrière et sur les côtés ; la chapelle de Vināyaka, assesseur de Śiva, est bâtie sur ce modèle, de même, peut-être, que celle de Skanda (Aj 39.13 et § 5.14).
LES MAṆḌAPA
17§ 4.13. Les pavillons (maṇḍapa) sont certainement les édifices les plus fréquemment mentionnés dans nos textes où il n’est guère question de rites qui ne se déroulent à l’intérieur d’un maṇḍapa, qu’il s’agisse d’un édifice permanent construit à proximité du temple ou d’une construction provisoire érigée à l’occasion d’une cérémonie particulière (ci-dessous § 4.23), sans oublier naturellement le mukhamaṇḍapa qui comme on l’a vu sert de vestibule à certains prāsāda et sur lequel nous ne reviendrons pas ici (voir ci-dessus § 4.9). On notera enfin qu’en ce qui concerne nos deux textes le seul maṇḍapa qui soit un temple proprement dit est l’édifice “en forme de maṇḍapa” qui abrite l’image de Vṛṣa, assesseur de Śiva (Aj 39.12 et § 5.14). Techniquement le maṇḍapa est un édifice dont l’élévation ne comprend que trois niveaux (soubassement, niveau des piliers et entablement) auxquels peut éventuellement s’adjoindre un socle (ci-dessous §§ 4.16 sq) ; le Raurava indique qu’un maṇḍapa peut avoir un ou plusieurs paliers (tala) (Rau 40.20) mais on notera dès maintenant pour ne plus y revenir que ni ce texte ni l’Ajita ne présentent d’exemple de maṇḍapa à paliers multiples. La couverture du maṇḍapa est située à la hauteur de son entablement et se présente comme une terrasse légèrement bombée pourvue éventuellement d’un lanterneau central (kūṭa) (§ 4.18) ; elle est supportée par des piliers disposés selon un réseau orthogonal régulier déterminé à partir de l’unité de mesure propre aux maṇḍapa, unité que nos textes appellent paṅkti ou aṃśa (ci-dessus § 2.3) ; le maṇḍapa apparaît ainsi comme un édifice hypostyle qui peut être entièrement ouvert sur l’extérieur ou au contraire fermé, partiellement ou totalement, par des murs sur lesquels peuvent s’appliquer des pilastres (§ 4.17) ; le plan est carré ou rectangulaire (§ 4.19), mais comme dans le cas des prāsāda, ces formes régulières peuvent être modifiées par l’adjonction d’éléments secondaires (§ 4.22).
18§ 4.14. En ce qui concerne la nomenclature on constate que le terme maṇḍapa (ou maṇḍapa dans sa forme tamoulisée) est d’usage très constant et qu’il n’est pour ainsi dire jamais remplacé par un synonyme sauf dans certains composés : c’est ainsi que l’on trouvera yāgaśālā, yāgadhāman ou yāgagṛha (ogeha) employés parallèlement avec yāgamaṇḍapa pour désigner le pavillon sacrificiel (ci-dessous § 4.24) ; on peut également se demander si certaines annexes du temple désignées par des termes aussi peu précis que sthāna ou niveśana ne se présentent pas en réalité comme des maṇḍapa (Aj 38.43 sqq et § 5.9) ; nous reviendrons plus loin sur l’emploi des termes maṇḍa, maṇḍya et maṇḍita dans le Raurava (§ 4.18). Restent enfin les prapā et les kūṭa ; prapā est employé pour désigner certains édicules où se déroulent, à l’occasion de l’installation d’un Liṅga ou d’une image, les cérémonies de la consécration par l’eau (jalādhivāsa) et du bain (snāna) du dieu (ci-dessous § 4.29) ; ce type d’édifice est également proposé par le Raurava comme un substitut possible du maṇḍapa d’installation (Rau 30.13-14 et 31.20, ci-dessous § 4.28 II et IV), pour le reste nos textes ne donnent pas de définition de ce genre d’édifice mais il s’agit très probablement, comme ailleurs, d’une variante simplifiée du maṇḍapa caractérisée par l’absence de soubassement et par une couverture légère supportée par des piliers plantés directement dans le sol (voir Mayamata, t. I, p. 618 et 620) : une telle description correspond particulièrement bien à Aj 18.97 où il est dit que la prapā doit être construite au-dessus du Liṅga (posé à même le sol) (liṅgopari prapāṃ kuryāt). Quant au kūṭa, proposé par le Raurava comme un substitut d’un maṇḍapa ou d’une prapā (Rau 31.20), c’est probablement une variante de maṇḍapa caractérisée par une charpente à chevrons (lupā, voir § 3-29). Chacun de nos deux textes consacre tout un chapitre aux caractéristiques générales des maṇḍapa (Aj chap. 37 et Rau chap. 40) ; nous avons essayé dans les paragraphes qui suivent de regrouper ces données générales avec celles qui sont contenues dans les descriptions des maṇḍapa construits à des occasions particulières, maṇḍapa dont les éléments caractéristiques seront repris ensuite (§§ 4.23 et suivants).
Dimensions des maṇḍapa
19§ 4.15. Les dimensions des maṇḍapa qui nous sont données en valeur absolue (coudées ou empans) sont leur largeur et, plus rarement, leur hauteur ; à cette dernière se substitue ou s’ajoute parfois la hauteur des piliers ou encore celle du soubassement (ci-dessous) en revanche la longueur n’est jamais indiquée directement (ci-dessous § 4.21). Traitant d’une façon générale de la largeur des maṇḍapa, l’Ajita indique que “exprimée par des nombres impairs de coudées elle va de trois à trente et une coudées, ce qui donne vingt-neuf possibilités” (Aj 37.1-2) ; le dernier chiffre mentionné dans cette phrase montre qu’il faut sous-entendre qu’il existe une série parallèle de dimensions exprimées cette fois-ci par des nombres pairs, série qui doit aller de deux à trente coudées ou de quatre à trente-deux ; il est difficile de choisir entre ces deux possibilités puisque le même texte décrit un pavillon de deux coudées de large (le plus petit des ḍolāmaṇḍapa, § 4.31) et un autre qui en fait trente-deux, le pavillon d’installation des grands Liṅga, (voir § 4.26, type I)... Quant au Raurava il traite du même sujet en une phrase difficilement compréhensible (Rau 40.3 : sāṣṭahastaṃ samārabhya dvidvihastavivardhanāt/trayoviṃśacchataṃ yāvattāvan maṇḍapaṃ vistṛtam) qui pourrait à la rigueur se traduire : “la largeur d’un maṇḍapa va de huit à cent-vingt-trois coudées par accroissements successifs de deux coudées” ; on remarquera cependant que le chiffre de 123 coudées paraît bien excessif et que d’autre part les largeurs des maṇḍapa décrits dans le reste de ce texte vont de cinq coudées (le plus petit des pavillons sacrificiels, § 4.24) à trente-six (pavillon pour les rites funéraires, § 4.32). La hauteur totale des pavillons n’est que rarement, on l’a dit, donnée en valeur absolue ; dans le chapitre traitant des maṇḍapa en général, l’Ajita ne donne que les hauteurs possibles pour les piliers (ci-dessous) et ce n’est qu’à propos des pavillons d’installation des Liṅga (§ 4.26) et des statues (§ 4.27) qu’il est question de la hauteur du maṇḍapa : dans le premier cas (Aj 18.34 sq) elle peut être de quinze, neuf ou cinq empans (tāla= une demi coudée, § 2.1) et dans le second cas elle doit en faire douze. La hauteur des piliers va théoriquement de cinq à dix-huit empans (Aj 37.8-9 et § 3.17) ; les seules hauteurs particulières qui nous soient indiquées sont de onze et neuf empans pour les snapanamaṇḍapa (Aj 29.14 et § 4.30). Enfin la hauteur en valeur absolue du soubassement n’est donnée que pour les pavillons d’installation des Liṅga et des images (Aj 18.45 et 40.10, un empan) et pour les snapanamaṇḍapa (Aj 29.14, 15, un empan et demi).
20§ 4.16. Les proportions verticales des maṇḍapa n’apparaissent pas toujours clairement dans nos textes. Dans le chapitre général qu’il consacre au maṇḍapa, le Raurava se borne à indiquer que les proportions du soubassement, du niveau des piliers et de l’entablement doivent être les mêmes que celles du temple principal (mūlaharmya) (Rau 40.21), mais on peut se demander si une telle formule ne doit pas surtout s’appliquer au mukhamaṇḍapa plaqué contre la façade du prāsāda (§ 4.9) ; pour le reste le texte n’indique qu’à propos du maṇḍapa sacrificiel (yāgamaṇḍapa, § 4.24) que la hauteur de son soubassement doit être le tiers ou le quart de celle de ses piliers (Rau 18.62), sans préciser ce qu’il en est de l’entablement. Selon l’Ajita la hauteur du soubassement doit être la moitié, les deux cinquièmes ou le tiers de celle des piliers (Aj 37.27-28a) et celle de l’entablement la moitié ou le tiers (Aj 37.31). Dans les descriptions particulières il n’est jamais question des proportions de l’entablement ; quant au soubassement sa hauteur doit être le tiers de celle des piliers dans le cas du ḍolāmaṇḍapa (Aj 28.63 sq et § 4-31) et seulement les trois vingt-deuxièmes ou le sixième dans celui des snapanamaṇḍapa (Aj 29.14-15 et § 4.30) ; ces derniers chiffres sont très faibles mais ils nous semblent pouvoir s’expliquer sans difficulté s’agissant d’un pavillon provisoire : l’érection d’un soubassement important est un gros travail et l’on peut supposer que ce type de soubassement très bas est en fait beaucoup plus fréquent que peuvent le laisser supposer nos textes, il y a même fort à parier que bien souvent ces pavillons érigés pour peu de temps ne comportent aucun soubassement à l’instar des prapā (§ 4.14), à moins qu’ils ne soient bâtis sur des soubassements permanents comme on en voit parfois dans les cours de certains sanctuaires (en particulier au Kērala).
21Questions de proportions mises à part, aucun détail particulier ne nous est donné sur les soubassements qui doivent donc (théoriquement) correspondre aux types généraux déjà décrits (§§ 3. 14-15) ; l’Ajita se borne à indiquer qu’ils peuvent être surélevés ou encore purement et simplement remplacés par un socle (sopapīṭhaṃ tu vā kuryāt kevalaṃ vopapīṭhakam/ Aj 37.28) ; dans les descriptions particulières, seul le ḍolāmaṇḍapa est présenté comme étant pourvu d’un socle dont la hauteur doit être égale à celle de son soubassement ou à ses trois quarts (Aj 28.65a où il faut naturellement lire sopapīṭhakam au lieu de somapīṭhakam).
22§ 4.17. Les pavillons décrits dans le cours de nos deux textes sont tous des édifices entièrement ouverts et leur pādavarga se présente donc comme une colonnade ; cependant les deux textes indiquent que les maṇḍapa peuvent être aussi totalement ou partiellement fermés par des murs (kuḍya, bhitti) c’est ainsi que le Raurava précise que “pour des raisons de solidité on peut bâtir un mur sur le pourtour du maṇḍapa aux endroits que l’on veut” (Rau 40.19b : balārthaṃ bāhyataḥ kuḍyam iṣṭapaṅktiṣu kalpayet) et il ajoute “qu’un maṇḍapa peut être accessible de tous côtés ou bien encore il peut avoir un mur aux endroits que l’on veut ou encore un mur (tout autour)” (Rau 40.23b : saveśaṃ paritaḥ kudyam iṣṭāṃśe kuḍyam eva vā) ; l’Ajita se borne à indiquer comment il faut calculer l’épaisseur du mur et la saillie des pilastres (ci-dessus § 3.17). Dimensions mises à part, les piliers des maṇḍapa doivent “être conformes aux règles prescrites pour les piliers dans le chapitre relatif aux prāsāda” (Aj 37.7) et ils correspondent donc aux types que nous avons déjà eu l’occasion de décrire (§ 3.22) ; l’Ajita précise simplement qu’ils doivent tous être pourvus d’un soutien d’entablement (bodhikā, Aj 37. 29-30 et § 3. 21) ; enfin il faut probablement supposer que, bien que cela ne soit pas dit, il s’agit le plus souvent de piliers en bois. Le nombre des piliers visibles sur chaque face du pādavarga est déterminé par la dimension de cette face exprimée en “unités” (paṅkti, aṃśa) ; on a vu que cette unité se définit comme la distance qui sépare les axes de deux piliers voisins situés sur le même alignement et que sa valeur doit être constante pour un maṇḍapa donné (§ 2.3) : si la largeur d’un pavillon est de trois unités, quatre piliers seront visibles sur la face du pādavarga correspondant à cette largeur (deux piliers corniers et deux piliers intermédiaires) s’il s’agit d’un pavillon carré, la largeur étant toujours de trois unités, le nombre total des piliers qui supportent la toiture sera donc de seize parmi lesquels il y aura douze piliers périphériques et quatre piliers intérieurs ; de même un pavillon carré de cinq unités de large comportera au total trente-six piliers : quatre piliers centraux entourés de douze piliers intérieurs eux-mêmes entourés par vingt piliers périphériques (pour les autres pavillons carrés et les pavillons rectangulaires voir ci-dessous §§ 4.19 sqq). Cependant la plupart des pavillons utilisés dans les cérémonies décrites dans nos textes comportent en leur centre une plateforme (vedikā) et l’on peut être amené pour l’installer à supprimer les quatre piliers centraux, ce qui fait que, pour conserver les mêmes exemples, un pavillon carré large de trois unités peut ne comporter que ses douze piliers périphériques) : ou bien encore qu’un pavillon carré de cinq unités de large peut ne comporter que trente-deux piliers (douze piliers intérieurs et vingt piliers périphériques) : on lit ainsi dans l’Ajita (27.150-153) que le pavillon sacrificiel (yāgamaṇḍapa, § 4.25) est carré, qu’il fait trois unités de côté et qu’il comporte seize ou douze piliers, ou bien encore que “les trois types de pavillons (carrés destinés à l’installation des images) comportent trente-six piliers, mais que le sage fidèle peut supprimer les quatre piliers centraux pour installer la plateforme” (ṣaṭtriṃśatstambhasaṃyukte prokte’smin maṇḍape traye/ varjayed deśiko dhīmān madhye stambhacatuṣṭayam // vedyartham athavā... Aj 40.7-8a). Cette disposition est possible pour pratiquement toutes les tailles de pavillons (ci-dessous §§ 4.20 sq), mais la suppression des piliers centraux aboutit, au milieu du maṇḍapa, à un entrecolonnement réel de trois unités, ce qui évidemment pose le problème de la couverture de cette partie du pavillon.
23§ 4.18. On ne reviendra pas ici sur l’entablement proprement dit (prastara, mañca, ci-dessus § 3.23), sinon pour rappeler qu’il n’en n’est jamais question dans les descriptions de maṇḍapa particuliers. Le toit des maṇḍapa est, on le sait, à même hauteur que cet entablement et il se confond avec le plafond (§ 3.24) ; on a vu (ibidem) que, selon l’Ajita, il est constitué de trois lits superposés de pièces de bois (poutres, solives et soliveaux) et d’un lit de briques : il s’agit donc d’une structure lourde qui doit être supportée par des piliers relativement rapprochés si l’on veut éviter un fléchissement des architraves (uttara), ce qui explique probablement qu’en valeur absolue l’unité (paṅkti) ne dépasse pas cinq coudées (§ 2.3) et amène en même temps à se demander comment se fait la couverture des pavillons dont la partie centrale comporte un entrecolonnement réel de trois unités. Dans l’Ajita l’absence de toute référence à la couverture des maṇḍapa, mise à part la description de la structure lourde mentionnée ci-dessus, ne permet pas de savoir comment l’auteur du texte envisage la question ; il est d’ailleurs possible qu’il faille purement et simplement considérer que le type de couverture décrit est uniquement théorique et que les maṇḍapa sans piliers centraux doivent être simplement couverts de paillottes ce qui donne évidemment une latitude beaucoup plus grande dans le choix de la portée des architraves. Le Raurava est plus explicite ; dans le chapitre 40 qu’il consacre aux caractéristiques générales des maṇḍapa, la description des pavillons dont les piliers centraux manquent contient la mention de la présence d’un kūṭa qui est placé au centre du pavillon et dont la largeur, quand elle est indiquée, est égale à trois unités, c’est-à-dire à celle de l’espace libéré au centre par la suppression de quatre piliers ; ainsi par exemple le pavillon carré large de neuf unités peut comporter cent piliers ou bien encore seulement quatre-vingt-seize s’il possède en son centre un kūṭa large de trois unités (litt. “un kūṭa occupant neuf parties de la superficie”, voir § 2.3) (Rau 40.13) ; cette description est d’autant plus intéressante qu’il en existe une autre, parallèle, selon laquelle le snapanamaṇḍapa (§ 4.30)a quatre-vingt-seize piliers et qu’il comporte en son centre “un toit surmonté d’un motif de couronnement et large de trois unités” (Rau 24.3 : madhye tantu navāṃśaṃ syāt stūpyārohitaśīrṣakam), une autre lecture possible étant “un toit monté sur des chevrons” (lupārohitaśīrṣakam, note critique ad loc.) ce qui est encore plus caractéristique : si l’on admet le parallèle, évident à notre sens, entre ces deux descriptions le kūṭa apparaît ainsi comme une sorte de lanterneau couvert par un toit à quatre pentes ; ce type de couverture permet des portées plus grandes que les toits plats et le lanterneau doit s’appuyer sur les douze piliers qui entourent l’espace dégagé au centre ; comme on le verra, ce lanterneau existe aussi dans le cas de certains pavillons rectangulaires : dans ce cas il est bâti sur un plan rectangulaire également, mais il semble que sa largeur ne dépasse jamais trois unités (ci-dessous § 4.21). Pour en rester aux pavillons carrés, le Raurava mentionne également la présence d’un lanterneau dans le cas de certains pavillons dont le réseau de piliers est complet : ainsi le pavillon large de cinq unités et pourvu de trente-six piliers peut être sarvamaṇḍita (ci-dessous) ou bien encore il peut comporter un kūṭa central large d’une unité ou un kūṭa large de trois unités (Rau 40.10-11) : dans le premier cas le kūṭa repose sur les quatre piliers centraux et dans le deuxième sur les douze piliers qui les entourent ; pour ce type de pavillon on peut supposer que l’intérêt du lanterneau est de surélever la toiture au centre du maṇḍapa pour y installer par exemple un dais (vitāna). Comme on vient de le voir le maṇḍapa à trente-six piliers sans lanterneau est qualifié de sarvamaṇḍita (Rau 40.11a) et ce terme ou d’autres qui lui sont apparentés se retrouvent dans d’autres descriptions : le pavillon à 64 piliers sans lanterneau est maṇḍita (Rau 40.12 a), celui à 100 piliers sans kūṭa est maṇḍa (ibid. 13a), le pavillon rectangulaire à 80 piliers et toujours sans lanterneau est maṇḍita (ibid. 17a) mais son homologue pourvu de 72 piliers et d’un lanterneau est décrit comme comportant un lanterneau à l’intérieur et un maṇḍya tout autour (Rau 40.18a : anyāvṛtaṃ maṇḍyam antaḥ pakṣāṃśakūṭakam, voir ci-dessous § 4.21, type II) ; la dernière citation montre bien à notre sens l’opposition qui existe entre la structure désignée par ces termes en maṇḍo et le kūṭa/lanterneau, les premiers s’appliquant à la toiture plate qui est normalement celle des manḍapa. Reste maintenant à savoir quel rapport peut exister entre maṇḍapa, d’une part, et maṇḍita, maṇḍya, maṇḍa de l’autre, ce qui est un tout autre problème ; on connaît l’étymologie traditionnelle de maṇḍapa telle qu’elle apparaît par exemple dans le Mayamata (25.26a : maṇḍaṃ subhūṣaṇaṃ taṃ pātīti maṇḍapam iṣyate, voir note ad loc.) et les différentes interprétations qui en ont été données selon que l’on prend maṇḍa au sens d’“ornement” ou de “plateforme” (détail in Mayrhofer, sv maṇḍapa) ; on sait que maṇḍa désigne également la “tête” et l’on peut se demander si dans le cas particulier qui nous intéresse ce n’est pas à ce dernier sens qu’il faut s’attacher, l’emploi de maṇḍa (maṇḍita, maṇḍya) étant alors destiné à souligner le fait que la toiture (plate) est la “tête” du maṇḍapa de même que le śikhara est la tête (śīrṣa, śiras) du prāsāda ou du gopura ; c’est une hypothèse et l’on pourrait supposer également que la couverture plate est semblable à la “crème” (maṇḍa) qui couvre le lait. Rappelons enfin qu’il n’est pas impossible que les différents termes dont nous venons de parler soient à mettre en rapport avec le nom du tailloir (maṇḍi) qui peut se placer au-dessus du chapiteau (§ 3.20).
24§ 4.19. Les pavillons peuvent être carrés ou rectangulaires mais il est assez peu question des seconds dans nos deux textes en dehors des chapitres qu’ils consacrent aux caractéristiques générales des maṇḍapa. C’est ainsi que l’Ajita après avoir indiqué que tous les pavillons doivent être carrés (Aj 37.3a : caturaśrāḥ samāḥ sarve maṇḍapāḥ parikīrtitāḥ/) fournit cependant une règle pour calculer la longueur (mukhāyāma) des pavillons à partir de leur largeur (Aj 37.18 et ci-dessous § 4. 21) ; mais le reste du texte ne mentionne qu’un seul pavillon rectangulaire, le ḍolāmaṇḍapa (Aj 28.63 sq et § 4-31)· Le Raurava qui présente différentes manières de calculer les proportions des pavillons rectangulaires (Rau 40.4-5a et 14 sqq, § 4.21) ajoute que les pavillons carrés sont destinés aux rites de snapana et ceux qui sont rectangulaires aux cérémonies d’habillage des statues (Rau 40.20a : samāśraṃ snapanārthaṃ tu pariveṣārtham āyatam) mais le seul pavillon rectangulaire qui soit mentionné dans le reste du texte est justement un snapanamaṇḍapa (Rau 24.2-3 et ci-dessous § 4.30) ; quant aux pavillons où se déroule l’habillage des images (les āsthānamaṇḍapa, § 4.23) ils ne sont jamais décrits... Qu’ils soient carrés ou rectangulaires, les pavillons sont déterminés comme on l’a vu par le nombre d’unités (paṅkti) que comportent leur largeur et (éventuellement) leur longueur ainsi que par le nombre de leurs piliers et par la présence éventuelle d’un lanterneau central (kūṭa).
25§ 4.20. La largeur des pavillons carrés est toujours exprimée par un nombre impair d’unités (une, trois, cinq, sept ou neuf) et leurs piliers sont par conséquent toujours en nombre pair (de quatre à cent). En voici les différents types présentés par nos deux textes :
- Pavillon d’une unité de large : cet édifice très simple ne comportant que quatre piliers corniers est mentionné dans l’Ajita qui l’appelle śrīkara (Aj 37.10a).
- Pavillon de trois unités : c’est le modèle le plus répandu et l’Ajita l’appelle śrībhadra (Aj 37.10b) ; il en existe comme on l’a vu deux types (§ 4. 17) l’un à seize piliers (Aj 37.10b ;- Rau 40.9) et l’autre à douze piliers (Aj 37.11a). Le type à seize piliers sert surtout pour les cérémonies d’installation (ci-dessous §§ 4.25...) ; il est également utilisé comme pavillon sacrificiel (yāgamaṇḍapa) pour les mahotsava (Aj 27.151 et Rau 18.60 ; § 4-24). Le type à douze piliers n’est mentionné que comme pavillon sacrificiel pour les mahotsava (Aj 27.151, § 4.24) et comme snapanamaṇḍapa (Aj 29.13).
- Pavillon de cinq unités de large : selon le Raurava qui ne cite aucun exemple d’utilisation d’un tel modèle de pavillon il en existe trois types qui tous ont, semble-t-il, trente-six piliers (Rau 40.10-11a) : le premier est sarvamaṇḍita et a probablement un toit entièrement plat, le second a un lanterneau (kūṭa) qui repose sur les quatre piliers centraux et le troisième un lanterneau reposant sur seize piliers (ci-dessus § 4.18). Selon l’Ajita il existe deux types (Aj 37.12b-13a) : l’un à trente-six piliers (nommé śrīviśāla ; pas d’exemple d’utilisation) et l’autre à trente-deux piliers (śrībhoga) ; ce dernier peut servir pour l’installation des images de plus de cinq coudées (Aj 40.4 sq et § 4.27) et pour celle des Liṅga de taille moyenne (Aj 18.38 et § 4.26).
- Pavillon de sept unités : il existe deux types de ce pavillon que l’Ajita appelle śrīkūṭa ; l’un à soixante-quatre piliers (le Raurava le dit maṇḍita), l’autre à soixante piliers et lanterneau central (kūṭa) (Rau 40.11b-12b1 et Aj 37.13b-14a). Selon l’Ajita le premier peut servir de snapanamaṇḍapa (§ 4.30) et le second de pavillon d’installation pour les Liṅga de grande taille (§ 4.26).
- Pavillon de neuf unités de large : nous avons vu (§ 4.18) que selon le Raurava (40.12b-13) il existe deux types de ce pavillon, l’un à cent piliers est un maṇḍapa et l’autre, à quatre-vingt-seize piliers, comporte un lanterneau qui comme on l’a vu semble surmonté d’un motif de couronnement (stūpi) dans le cas particulier du snapanamaṇḍapa (Rau 25.2-3). L’Ajita (37.14b-17) appelle ce maṇḍapa sarvatomukha et aux deux types décrits dans le Raurava en ajoute un troisième qui semble ne comporter que soixante-seize piliers ; c’est du moins ainsi qu’il faut probablement interpréter la description qui en est donnée (athavā madhyame tyaktvā vedapādāṃs tu tad bahiḥ/ravipādayuto bāhye hīnaṃ viṃśatpādo’pi yaḥ) : “ou bien encore ayant supprimé les quatre piliers centraux, on a autour douze piliers et l’on ôte les vingt piliers (qui sont normalement) à l’extérieur (de ces douze piliers)”. L’Ajita ne mentionne aucune utilisation de ce pavillon sarvatomukha.
26§ 4.21. Selon l’Ajita (37.18-19) le plan d’un pavillon rectangulaire s’obtient à partir de celui du pavillon carré de même largeur et la longueur choisie qui doit toujours faire un nombre entier de paṅkti ne doit cependant pas dépasser le double de la largeur ; quant à la suppression éventuelle des piliers centraux elle doit se faire selon les mêmes proportions. Pour prendre un exemple on peut dire qu’à partir d’un pavillon carré de trois unités de large et pourvu de seize ou douze piliers, on peut obtenir des pavillons rectangulaires ayant les proportions suivantes :
nombre de piliers
largeur | longueur | (avec piliers centraux) | (sans...) |
3 | 4 | 20 | 14 |
id. | 5 | 24 | 16 |
id. | 6 | 28 | 18 |
27Le Raurava présente deux façon de procéder : selon la première, analogue à celle proposé par l’Ajita, le plan des pavillons rectangulaires est établi à partir de celui des pavillons carrés de même largeur en tenant compte du fait que la longueur ne doit pas dépasser le triple de la largeur (les rapports possibles étant 5/4, 6/4, 7/4, 8/4, 9/4,10/4, 11/4 et 12/4) (Rau 40.4-5a et 21a). La seconde méthode consiste à prendre pour base deux plans types, l’un faisant cinq unités de large et sept de long et l’autre sept de large et neuf de long (Rau 40.14-19a) ; dans un cas comme dans l’autre deux solutions sont envisagées selon que le pavillon possède ou non un espace central dégagé et couvert par un lanterneau (kūṭa) :
28I Le pavillon de base large de cinq unités et long de sept a quarante-huit piliers s’il n’a pas de lanterneau ; dans le cas contraire le lanterneau mesure trois unités de large et cinq de long et le pavillon n’a que quarante piliers. Dans un cas comme dans l’autre ce type de pavillon comprend à l’arrière un raṅga (?, § 3.36) large de trois unités et à l’avant un avant-corps (agrabkadra, § 3.34) large ou saillant d’une unité. La longeur de ce pavillon peut être accrue de deux unités en deux unités jusqu’à ce qu’elle fasse le triple de la largeur, ce qui donne les possibilités suivantes :
nombre de piliers
largeur | longueur | sans kūṭa | avec kūṭa |
5 | 7 | 48 | 40 |
id. | 9 | 60 | 48 |
id. | 11 | 72 | 56 |
id. | 13 | 84 | 64 |
id. | 15 | 96 | 72 |
29II Le pavillon de base, large de sept unités et long de neuf, a quatre-vingts piliers lorsqu’il n’a pas de lanterneau et il est alors qualifié de maṇḍita (ci-dessus § 4.18) ; dans le cas contraire il n’a que soixante-douze piliers et un lanterneau de trois unités sur cinq (comme dans le cas précédent) ; lui aussi comprend un raṅga de trois unités à l’arrière. Comme dans le cas précédent la longueur peut être accrue de deux unités en deux unités jusqu’à ce qu’elle fasse le triple de la largueur ce qui donne les possibilités suivantes :
nombre de piliers
largeur | longueur | sans kūṭa | avec kūṭa |
7 | 9 | 80 | 72 |
id. | 11 | 96 | 84 |
id. | 13 | 112 | 96 |
id. | 15 | 128 | 108 |
id. | 17 | 144 | 120 |
id. | 19 | 160 | 132 |
id. | 21 | 176 | 144 |
30§ 4.22. On a vu que, comme celui des prāsāda, le plan des pavillons peut être modifié par l’adjonction d’éléments secondaires, galerie pourtournante et avant-corps (§ 3.34). La galerie pourtournante (vāra) est selon l’Ajita (37.22-23) large d’une unité (paṅkti) c’est-à-dire qu’elle ne comporte qu’une rangée de piliers disposés parallèlement aux côtés du corps principal ; ces piliers ont le même aspect que ceux du corps principal mais leur hauteur doit être réduite d’un quart et d’une moitié ; on peut de plus supposer qu’ils reposent à même le sol et qu’ils supportent sur l’extérieur un toit en appentis qui prend appui sur le corps principal. Les avant-corps sont soit l’agrabhadra large (ou saillant ?) d’une unité qui est mentionné à propos d’un pavillon rectangulaire (Rau 40.16b et § 4.21 type I), soit les nirgama qui selon l’Ajita (37.23-25) sont saillants d’une unité et larges de trois et dont le nombre (de un à quatre à raison d’un par face) varie avec celui des escaliers d’accès et des portes ; à ce sujet rappelons que nous n’avons guère de détails sur les portes des pavillons qui se présentent peut-être souvent comme de simples arcatures (toraṇa) de feuillages (§ 3.43) ; leur nombre est parfois indiqué à propos de certains pavillons particuliers et dans ce cas il est toujours de quatre (Aj 27.151 ; 18.48b) et ce n’est guère qu’à propos des maṇḍapa d’installation des Liṅga que l’Ajita précise que les portes situées à l’Est et au Nord doivent avoir une largeur en rapport avec les dimensions du Liṅga (voir § 4.26) ; de toute façon les maṇḍapa dont il est question dans nos textes étant généralement des édifices ouverts et pourvus de soubassements souvent peu élevés, on peut supposer que dans la plupart des cas ils sont accessibles de tous côtés... Dans son chapitre général sur les maṇḍapa, le Raurava décrit le passage qui peut relier entre eux deux pavillons voisins (Rau 40-5b-8a) : il l’appelle antarāla (maṇḍapākhyadvayor antar antarālaṃ prakalpayet), terme utilisé souvent on le sait pour désigner le passage couvert qui relie le mukhamaṇḍapa au prāsāda (ci-dessus § 4.9) ; cet antarāla peut avoir l’aspect d’un maṇḍapa ou bien être sāvakāśa, expression qui semble correspondre à un passage “à découvert” ; pour le reste il comporte éventuellement un accès latéral ou bien encore des parois percées de claire-voie (jālaka) ; enfin sa largeur va d’une à neuf coudées à moins qu’elle ne soit établie en fonction du nombre d’unités que comprend la largeur des maṇḍapa, mais le rapport entre les deux dimensions n’est pas indiqué. Aux différents types d’avant-corps signalés ci-dessus il faut peut-être ajouter comme on l’a vu le raṅga qui se trouve “à l’arrière” de deux pavillons rectangulaires (§§ 3.36 et 4.21). Enfin on peut aussi rappeler que des édicules de tous genres( karṇakūṭādi, Rau 40.20) peuvent orner les façades des pavillons.
Types particuliers de pavillons
31§ 4.23. Les pavillons décrits à propos de rites particuliers sont assez nombreux, il s’agit en particulier des pavillons sacrificiels, des pavillons d’installation des images ou des Liṅga, de ceux destinés au bain des images et des Liṅga, des snapanamaṇḍapa, du ḍolāmaṇḍapa et du maṇḍapa construit à l’occasion des funérailles. Cependant un certain nombre d’autres sont mentionnés sans être nullement décrits et nous les énumérons ici pour ne plus y revenir. Le puṣpamaṇḍapa (“pavillons aux fleurs”) est mentionné comme un lieu possible pour la célébration de l’ārātrika (Aj 23.5) et il s’agit probablement de l’édifice nommé puṣpaśālā et présenté comme une annexe permanente du temple en Aj 38.45 (voir aussi § 5.10) ; le dharmaśravaṇamaṇḍapa où sont prononcés les sermons est également une annexe permanente du sanctuaire (Aj 38.46 et ibid.) ; en revanche nous ne savons pas si le pavillon de la danse (nṛttamaṇḍapa) mentionné par le Raurava (19.4) est construit spécialement pour la cérémonie de la danse sacrée (śuddhanṛtta, litt. “danse pure”) ou s’il s’agit d’un édifice permanent comme les précédents. Enfin il est assez souvent question de l’āsthānamaṇḍapa (Rau 18.105 ; 26.34 ; — 4/22.58, 259, 284 et 291) : c’est là où sont “habillées” les statues portatives (utsavamūrti) et c’est probablement là aussi qu’elles doivent être conservées entre les fêtes où on les promène (d’où le nom de “pavillon de réception”) : rappelons simplement que ce pavillon est théoriquement de plan rectangulaire (ci-dessus § 4.19).
Le pavillon sacrificiel
32§ 4.24. Le pavillon sacrificiel est utilisé pour les cérémonies comportant une oblation (homa) : il se caractérise par la présence d’une plateforme centrale (vedikā) entourée par un nombre variable de creusets (kuṇḍa) de formes diverses (pour la description de ces creusets voir Raurava chap. 14 Ajita 21.3-50) ; ce pavillon est désigné le plus souvent sous le nom de yāgamaṇḍapa (Aj 27.149 ; 23.4 ; 38.49 ; — Rau 17.7 ; 18.60, 136) mais l’on trouve également yāgagṛha (ogeha) (Aj 27.280, 303 ; 28.44 ; 35-9 ; — Rau 25.59), yāgadhāman (Aj 27.274, 281), yāgaśālā (Rau 11.12) et naturellement maṇḍapa (passim). Ce peut être un édifice permanent, auquel cas il est situé au Nord-Est du temple dont il est une annexe (Aj 38.49 et § 5.10) ; aucune description ne nous en est donnée, ni dans un texte ni dans l’autre, le Raurava se bornant à indiquer que sa disposition intérieure doit être inversée lorsqu’il est attaché à un temple orienté à l’Ouest (Rau 11.12 et § 4.7) ; il semble pour le reste que ce soit dans ce pavillon permanent que se déroulent les cérémonies de l’offrande des lumières (ārātrika, Aj 23.4), de la pūrṇāhuti (oblation plénière, Aj 27.303 ; 28.44) ou de l’aṅkurārpaṇa (Rau 17.7). Cependant certaines cérémonies nécessitent la construction d’un pavillon sacrificiel provisoire, ainsi par exemple les grandes fêtes annuelles (mahotsava) ou bien encore les cérémonies qui accompagnent l’installation d’un Liṅga ou d’une image. Nous reviendrons plus loin sur cette seconde catégorie de pavillons (pavillons d’installation, §§ 4.25 sq) ; en ce qui concerne les mahotsava le chapitre qui leur est consacré dans chacun de nos āgama contient une description détaillée du pavillon sacrificiel qui doit être construit à leur occasion (Aj 27.149 sqq et Rau 16.80 sqq). Ce maṇḍapa qui selon le Raurava peut aussi être une prapā (§ 4.14) doit être érigé à proximité du temple : ce peut être à tous les orients majeurs et intermédiaires sauf l’Ouest et le Sud-Ouest selon le Raurava ou bien seulement au Nord, au Nord-Est, au Sud ou au Sud-Est selon l’Ajita. Il est carré, sa largeur (5, 7 ou 9 coudées selon le Raurava, 5,7 ou 10 selon l’Ajita) doit être divisée en trois unités (paṅkti) : il peut avoir seize (Aj et Rau) ou douze piliers (Aj), ce qui correspond aux deux types possibles de pavillon de trois unités (ci-dessus § 4.18 type II). La hauteur de ses piliers est égale au tiers de sa largeur (Aj) et Rau, litt. “à une unité”) et celle de son soubassement est le tiers ou le quart de celle des piliers (Rau). On y accède par quatre portes (Aj) précédées chacune par une arcature (toraṇa, Aj et Rau). A l’intérieur il comporte une plateforme centrale (vedikā) dont la largeur est le tiers de celle du maṇḍapa (Aj et Rau) et la hauteur la moitié de la largeur (Aj) ou bien encore une coudée (Rau), ce qui revient à peu de choses près au même pour un maṇḍapa de 5 ou 7 coudées de large ; cette plateforme peut, selon le Raurava, être surélevée par un socle (upavedikā) haut de deux doigts et saillant de trois ; la vedikā est destinée à recevoir les vases figurant les divinités et sa surface suprérieure doit être “lisse comme un miroir” (Aj 27.154). C’est autour d’elle que sont disposés les creusets dans lesquels on procédera à l’oblation ; selon l’Ajita il y a neuf creusets pour les cérémonies importantes, cinq pour celles qui le sont moins et un seul pour les petites cérémonies ; le Raurava indique simplement qu’il peut y en avoir neuf ou cinq. Lorsqu’il y en a neuf il faut disposer un creuset carré (caturaśra, vedāśra) à chaque orient majeur, un creuset circulaire (vṛtta) à chaque angle et enfin un creuset lotiforme (padmakuṇḍa, ambujao) entre le creuset du Nord-Est et celui de l’Est ; le Raurava précise de plus que les creusets carrés de l’Est et du Sud peuvent être remplacés par des creusets lotiformes. Pour obtenir la disposition à cinq creusets il suffit de supprimer les creusets circulaires des angles et, selon l’Ajita, de placer le creuset lotiforme au Nord-Est ; enfin lorsqu’il n’y a qu’un seul creuset il doit être installé à l’un des points cardinaux. En dehors de ces pavillons sacrificiels destinés aux mahotsava on peut signaler également ceux qui sont destinés à la cérémonie de fondation d’un sanctuaire ou au rituel d’expiation nommé pavitrāropaṇa. Dans le premier cas (Aj 17.12-14) le pavillon est construit devant le temple en construction (ou bien au Sud ou au Nord) ; il est large de 5, 6 ou 7 coudées et abrite une plateforme (vedikā) entourée de quatre creusets carrés, à moins qu’il n’y en ait qu’un seul, toujours carré et situé à l’Est. Dans le second cas (Rau 25.32-34) le pavillon carré est construit à l’Est ou au Nord-Est du temple et sa plateforme surélevée par un socle (upavedikā) doit être entourée de cinq creusets carrés ou circulaires disposés aux points cardinaux et au Nord-Est.
Les pavillons d’installation
33§ 4.25. Les cérémonies d’installation des représentations divines (Liṅga ou images) et, éventuellement (Rau chap. 29), de leur socle nécessitent la construction de “pavillons d’installation” désignés par des termes assez variés : adhivāsārthamaṇḍapa (Aj 18.34), pratiṣṭhāmaṇḍapa (Aj 40.39 ; - Rau 36.15), sthāpanārthamaṇḍapa (Aj 40.4) et surtout maṇḍapa, sans autre précision (Aj 42. 6 ; 46.18,38 ; 47.1 ; 48.14 ; - Rau 28.27 ; 29.8 ; 30.13 ; 31.20 ; 37.23 ; 38.18 ; sur le cas particulier de Rau 34.20. voir ci-dessous § 4.28 type VI). Ces pavillons sont assez semblables aux pavillons sacrificiels (yāgamaṇḍapa) et comme eux ils abritent une plateforme centrale (vedī, vedikā) entourée par des creusets dont le nombre et la forme varient en fonction des divinités (et des textes) ; cependant le rituel d’installation comportant un “bain” de la divinité (snāna), celui-ci a le plus souvent lieu dans un pavillon ou une prapā séparés (snānamaṇḍapa, snānaprapā, § 4.29) mais le Raurava mentionne parfois la présence d’un emplacement pour ce bain (snānavedī, snānaśvabhra) à l’intérieur même du pavillon d’installation (ci-dessous § 4.28 types II, III, IV). Selon l’Ajita les dimensions et le nombre des piliers de ces pavillons d’installation varient selon la nature et la taille de la représentation divine qui doit être installée alors que selon le Raurava ces variations ne portent que sur les dimensions (les maṇḍapa ayant toujours seize piliers) ; la disposition intérieure est également légèrement différente d’un texte à l’autre et nous présenterons donc séparément ces pavillons en commençant par ceux que décrit l’Ajita.
34§ 4.26. Pour l’installation des Liṅga l’Ajita propose trois types de pavillons carrés destinés respectivement aux grands, moyens et petits Liṅga (Aj 18. 34 sq). Pourvus d’un nombre variable de piliers, ces pavillons ont tous un soubassement haut d’une demie coudée : le texte dit littéralement que “leur sol doit avoir une hauteur d’un empan” (maṇḍapānāṃ tu sarveṣāṃ tālamātrasthalocchrayam/ Aj 18.45b) ; ils sont pourvus de quatre portes précédées chacune d’une arcature (Aj 18.48b) et il semble que la largeur intérieure des portes situées au Nord et à l’Est soit fonction de la dimension (longueur/largeur ?) du Liṅga qui doit être installé (mānena niścite liṅge prāgudagdvāragarbhayoḥ/tanmānadviguṇaṃ vāpi triguṇaṃ vā caturguṇam//hīnamadhyottamaṃ kuryāt… Aj 18.44-45a) ; leur plateforme centrale (vedī, vedikā) est en briques cuites ou crues et elle doit être surélevée par un socle (upāna, § 3.3) (Aj 18.46-47a) ; le bain du Liṅga a toujours lieu dans un snānamaṇḍapa séparé (ci-dessous § 4.29). Les caractéristiques particulières de ces différents pavillons sont les suivantes :
- Pour les grands Liṅga le pavillon (Aj 18.34-38a) a une largeur de 32 coudées et une hauteur de 15 empans ; ayant sept unités (paṅkti) de large il ne comporte que 60 piliers (ci-dessus § 4.20 type IV avec lanterneau) et l’espace libéré au centre est occupé par une plateforme : sa largeur est les trois septièmes de celle du pavillon, sa hauteur d’une coudée et celle de son socle (upāna) est de quatre doigts. Cette plateforme est entourée de deux rangées concentriques de creusets : la première comprend neuf creusets qui sont respectivement carré (à l’Est), en forme de vulve (yonikuṇḍa) (au Sud-Est), en demie lune (au Sud), triangulaire (Sud-Ouest), circulaire (Ouest), hexagonal (Nord-Ouest), lotiforme (Nord), octogonal (Nord-Est) et enfin à nouveau circulaire (entre le creuset du Nord-Est et celui de l’Est) ; la seconde rangée comporte vingt-quatre creusets carrés. Les portes situées au Nord et à l’Est ont une largeur égale au au quadruple de la dimension du Liṅga (ci-dessus).
- Pour les Liṅga de taille moyenne le pavillon (Aj 18.38b-41a) est large de quinze coudées et haut de neuf empans ; il ne comporte que trente-deux piliers et il est donc conforme au type śrībhoga (§ 4.20 type III in fine) ; l’espace rendu libre par la suppression des quatre piliers centraux est occupé par une plateforme large de cinq coudées (soit le tiers du maṇḍapa), haute de trois empans (donc plus élevée que dans le cas précédent) et placée sur un socle de trois doigts de haut ; elle est entourée par seize creusets disposés en une seule rangée, les huit creusets disposés aux orients majeurs et intermédiaires (comme ci-dessus) étant séparés les uns des autres par huit creusets circulaires. Les portes du Nord et de l’Est ont une largeur qui est le triple de la dimension du Liṅga (ci-dessus).
- Pour les petits Liṅga le pavillon est large de dix coudées et haut de cinq ; il comporte seize piliers (§ 4.20 type II) ; la largeur de la plateforme est le tiers de celle du pavillon, sa hauteur de deux empans et celle de son socle de deux doigts ; les neufs creusets qui l’entourent sont disposés comme ceux de la première rangée du type I. Les portes nord et sud sont larges comme deux fois le Liṅga.
35§ 4.27. L’Ajita ne donne de description complète du maṇḍapa d’installation des images qu’à propos de l’installation de celles qui figurent Śiva seul (kevala) (Aj 40.4 et suiv.) ; cependant mis à part le nombre et la disposition des creusets, cette description est valable pour toutes les divinités et par la suite le texte se contentera d’indiquer que le pavillon est “comme ci-dessus (pūrvavat) et ne parlera que des creusets. Selon cette description générale ce pavillon doit être édifié à l’Est, au Nord, au Sud ou au Nord-Est du temple où doit être installée la divinité ; sa hauteur est de six coudées et celle de son soubassement d’une demie-coudée (voir § 4.16) et cela, quels que soient la largeur du pavillon et le nombre de ses piliers ; de même la plateforme centrale est toujours haute d’une coudée. Pour les statues de dix coudées de haut, la largeur du pavillon est de vingt-cinq ou quinze coudées et il comporte trente-deux piliers (§ 4.20 type III, śrībhoga) ; la disposition est la même pour les statues de 5 coudées mais la largeur est alors de 16 ou 15 coudées ; enfin pour les petites images la largeur doit être de 12, 7 ou 5 coudées, le nombre des piliers étant toujours de 16 (§ 4.20 type II). Le rite du bain a toujours lieu dans un édifice séparé (§ 4.29). Quand à la disposition des creusets elle suit comme on l’a vu une règle particulière pour chaque divinité :
- Lorsque Śiva est seul (kevala) (Aj 40.10-123) il y a neuf creusets disposés comme ceux du pavillon d’installation des petits Liṅga (§ précédent type III) ; cette disposition convient également pour les images composites de Harihara (Aj 44.26) et d’Ardhanārī (Aj 45.12 et 21), ainsi que pour celles où Śiva est figuré en compagnie de Brahmā et Visnu (42.6).
- Lorsque Śiva est figuré en compagnie d’Umā (sāmbika) (Aj 41.26b-27) il doit y avoir un creuset en forme de vulve (yonikuṇḍa) à chacun des angles de la plateforme ; il semble que ces quatre creusets s’ajoutent aux neuf que nécessite l’installation de Śiva lorsqu’il est seul, cependant la description de l’oblation donnée ensuite (Aj 41.36 et suiv.) est assez confuse et il est possible que ces yonikuṇḍa se substituent aux creusets respectivement en forme de vulve, en triangle, en hexagone et en octogone qui se trouvent aux angles dans la disposition précédente.
- Pour l’installation de Vṛṣendra, principal assesseur de Śiva (Aj 46.19), il doit y avoir cinq creusets qui sont respectivement carré (Est), en demie lune (Sud), circulaire (Ouest), triangulaire (Nord) et lotiforme (Nord-Est). Cette disposition convient également pour l’installation de Brahmā (Aj 47.2).
- Pour l’installation des Mātṛkā (Aj 48.12-14) il doit y avoir neuf creusets qui sont respectivement carré (à l’Est), circulaire (au Nord-Est), lotiforme (entre le Nord-Est et l’Est) et en forme de vulve (partout ailleurs c’est-à-dire au Sud-Est, Sud, Sud-Ouest, Ouest, Nord-Ouest et Nord).
- Pour l’installation de Vināyaka (Aj 49.17-20) deux dispositions sont possibles selon que l’oblation se fait dans neuf creusets ou seulement dans cinq. Dans le premier cas les creusets des points cardinaux sont respectivement (en partant de l’Est) carrés, semi-circulaires (litt. “en arc”, dhanur), circulaires et triangulaires ; ceux des directions intermédiaires (Sud-Est…) sont tous carrés et le creuset “principal” (pradhāna) est lotiforme et doit se trouver entre celui du Nord-Est et celui de l’Est ; dans le second cas on supprime les creusets carrés des directions intermédiaires et l’on place le creuset principal lotiforme au Nord-Est.
- Pour l’installation de Skanda les dispositions sont les mêmes mais le creuset principal est hexagonal au lieu d’être lotiforme (Aj 50.15-16 et 43 sq).
- Pour Caṇḍeśa (Aj 51.8-10) deux dispositions sont possibles également ; lorsqu’il y a neuf creusets ceux des points cardinaux sont carrés, cependant que ceux des points intermédiaires et le creuset principal (entre Nord-Est et Est) sont circulaires ; lorsque l’oblation est quintuple on supprime les creusets circulaires des points intermédiaires et l’on place le creuset principal, également circulaire, au Nord-Est.
- Pour Jyeṣṭhā le creuset principal est en forme de vulve (Aj 52.11a) et il doit y en avoir quatre autres (Aj 52. 10 est une reconstruction hypothétique, mais voir ibid. 23 et suivants).
- Pour Durgā (Aj 53.18b-20) il y a neuf creusets : ceux des points cardinaux sont carrés, ceux des points intermédiaires en forme de vulve et le creuset principal (entre le Nord-Est et l’Est) est lotiforme.
- Pour Sūrya (Aj 54.13-15) il peut y avoir neuf creusets (huit carrés aux points cardinaux et intermédiaires et un lotiforme entre le Nord-Est et l’Est) ou seulement cinq (carrés aux points cardinaux et lotiforme au Nord-Est).
36§ 4.28. Comme on l’a indiqué ci-dessus tous les “pavillons d’installation” décrits dans le Raurava sont des édifices à seize piliers (ci-dessus § 4.20 type III) ; la largeur de la plateforme centrale est toujours le tiers de celle du maṇḍapa et sa hauteur est généralement d’une coudée ; cette plateforme repose le plus souvent sur un socle (upavedikā) et sa face supérieure “doit être recouverte d’une couche de terre rouge lisse comme un miroir” (Rau 27.29b) ; à côté de la plateforme et des creusets qui l’entourent, le maṇḍapa abrite parfois l’emplacement du bain de la statue (snānavedī). Si un certain nombre de maṇḍapa sont décrits de façons plus ou moins détaillées, on remarque que parfois le texte se contente d’indiquer que le rite d’installation se déroule dans un pavillon sans donner plus de détails (installation des images de Śiva, Rau 35. 293, ou de celle de Viṣṇu, Rau 36.15).
37I Pour l’installation du Liṅga (Rau 27.27 sq), le maṇḍapa, construit en face du sanctuaire, doit avoir de 7 à 15 coudées de large (ce qui donne neuf possibilités correspondant aux neuf tailles de Liṅga, Rau 27.3-4) ; la plateforme, supportée par un socle (upavedikā) haut de deux doigts et saillant de cinq, est entourée par cinq creusets qui sont respectivement carré (Est), en demi-lune (Sud), circulaire (Ouest), triangulaire (Nord) et lotiforme (Nord-Est) à moins que tous ne soient carrés ; la disposition est la même s’il s’agit d’un Liṅga provisoire (bālaliṅga, Rau 27-12b-15 et § 4-37) mais la substitution de creusets carrés n’est pas envisagée. Le bain du Liṅga a lieu dans une snānaprapā séparée (§ 4.29).
38II Dans le cas particulier des Liṅga commémoratifs (kṣetraliṅga) (Rau 30.13-15) le pavillon (qui peut également être une prapā, § 4. 14) est large de neuf coudées et sa plateforme centrale (l’upavedikā n’est pas mentionnée) n’est entourée que de quatre creusets (aux orients majeurs) qui sont tous carrés ; à cela s’ajoute une plateforme secondaire placée au Nord de la plateforme principale, large d’une coudée et destinée au “bain” du Liṅga (snānavedī).
39III Dans le maṇḍapa destiné à l’installation du socle (pīṭha, piṇḍikā) du Liṅga (Rau 29.8-20a) la plateforme (placée sur un socle) doit être entourée de cinq creusets en forme de vulve (disposés aux points cardinaux et au Nord-Est) ; la snānavedī est comme dans le cas précédent au Nord. Ce pavillon doit être construit à l’Est, au Nord-Est ou au Nord du temple.
40IV Le maṇḍapa destiné à l’installation de Gaurī (Rau 31.18-23) est le seul pavillon d’installation d’une image dont la description soit un peu détaillée. Ce peut être un maṇḍapa proprement dit ou un kūṭa ou encore une prapā (§ 4.14) et il doit être construit en face du temple du Dieu ou de celui de la Déesse ; sa largeur est de sept, huit ou neuf coudées ; ses portes (ou sa porte ?) sont surmontées d’arcatures décoratives (toraṇa, § 3.45) ; sa plateforme placée sur un socle haut de deux doigts et large de trois est entourée de cinq creusets en forme de lotus ou de vulve disposés aux points cardinaux et au Nord-Est. La partie nord de ce pavillon abrite une fosse pour le bain de l’image (snānaśvabhra) : la largeur de cette fosse est le triple de celle du socle de l’image à installer ; elle est entourée par trois levées (mekhalā, litt. “ceinture”) de terre (ou seulement deux ou une) ; ces levées sont percées sur la face nord de la fosse par un conduit (nāla) qui se termine à l’intérieur et à l’extérieur par un “jet” (jalādhāra).
41V En ce qui concerne Mohinī (Rau 37.23-24a) et Nāgarāja (Rau 38.18b-19) les descriptions sont beaucoup plus sommaires (le nombre des piliers n’est pas indiqué mais vues les dimensions, on peut supposer qu’il est de seize comme dans tous les autres cas) : pour Mohinī le pavillon est large de neuf coudées et sa plateforme (placée sur un socle) est entourée de quatre creusets circulaires placés aux points cardinaux ; pour Nāgarāja le pavillon ne fait que sept coudées de large et un seul creuset, lotiforme ou circulaire, doit être disposé à l’Est de la plateforme.
42VI. Enfin pour les images figurant Someśvara, le texte se contente d’indiquer qu’il faut confectionner dans un maṇḍapa, devant le sanctuaire, une plateforme large de deux coudées et haute comme le tiers de cette largeur ; cette plateforme est placée sur un socle ; à l’Est se trouve un creuset circulaire et au Nord-Est un creuset en forme de vulve (Rau 34.20-21) ; on peut se demander si dans ce cas particulier le maṇḍapa en question n’est pas tout simplement le mukhamaṇḍapa du temple : en effet il n’est pas question de la construction de cet édifice mais seulement de la confection de la plateforme (maṇḍape cālayāgre tu madhye vedīṃ prakalpayet/Rau 34.20a).
Pavillons pour la consécration par l’eau et le bain des dieux
43§ 4.29. Le rituel d’installation des Liṅga et des images est accompagné d’un bain (snāna) donné au dieu à l’intérieur même du maṇḍapa d’installation, comme on l’a vu ci-dessus, ou dans un édifice séparé : selon l’Ajita cet édifice est un maṇḍapa, le snānamaṇḍapa (Aj 18.99 ; 4°·39 ; 41.28 ; 42.7 ; 45.12 ; 46.16 ; 47.10 ; 49.28 ; 50.17,30 ; 51.21 ; 54.30), qui doit être établi au Nord ou au Nord-Est du pavillon d’installation (pratiṣṭhāmaṇḍapa) et dont la largeur doit être égale à celle de la plateforme centrale de ce pavillon (Aj 40.39-40) ; au centre de ce snānamaṇḍapa se trouve une plateforme (vedikā, snānavedī) supportant une cuve pourvue d’un conduit d’évacuation (nālāvaṭa) (Aj 40.40 ; 47.10). Selon le Raurava cet édifice est une prapā (Rau 28.34 ; 29.7) au centre de laquelle se trouve une fosse (śvabhra) carrée, large d’une coudée et entourée de trois levées (mekhalā) percées au Nord par un conduit (nāla) (Rau 28.34-35, voir aussi ci-dessus § 4.28 IV). La consécration par l’eau (jalādhivāsa) qui fait également partie du rituel d’installation a lieu au bord d’une rivière ou d’une pièce d’eau, bref d’un tīrtha, et elle nécessite la construction d’une prapā (ci-dessus § 4.14) (Rau 28.26 ; 29.7 ; - Aj 18.97 ; 28.93) ; on a vu que cet édicule est construit sans soubassement à même le sol ; selon le Raurava (29.7) il est supporté par quatre piliers.
Pavillons pour le snapana
44§ 4.30. La cérémonie du snapana est une cérémonie propitiatoire destinée à “éviter une mort précoce, à calmer les maux et les craintes, à racheter les fautes... etc” (Aj 29.1 sqq) ; elle consiste à “baigner” mentalement Śiva et sa suite dans une série de vases contenant des liquides et des substances diverses ; le snapana est d’autant plus méritoire que le nombre de vases est plus considérable mais les nombres possibles varient légèrement d’un texte à l’autre (voir à ce sujet Raurava, t. I, p. 145 et suiv.) : en ce qui concerne nos textes il va de 4 à 1008 pour l’Ajita (29.20 et suiv.) et de 9 à 1009 pour le Raurava (chap. 20 à 24). Ces vases doivent être disposés selon des diagrammes bien déterminés (voir les figures données par M. N. R. Bhatt dans ses deux éditions) et ces diagrammes doivent être établis en face du sanctuaire, à l’intérieur ou non d’un maṇḍapa (Aj 29.16). Ce snapanamaṇḍapa est décrit de façon légèrement différente dans nos deux textes et nous les étudierons donc séparément. Pour l’Ajita (29.12-16) il existe trois modèles de snapanamaṇḍapa qui conviennent respectivement aux grands, aux moyens et aux petits snapana. Pour les grands snapana (1008, 508 ou 216 vases, Aj 29.20-21a), le pavillon carré est large de 13 coudées et il comporte 64 piliers (c’est-à-dire qu’il est conforme au type śrīkūṭa, ci-dessus § 4.20 type IV) ; ses piliers doivent avoir onze empans (tāla) de haut (soit 12 X11=132 doigts) et son soubassement ne doit être haut que de 16 doigts, ce qui est extrêmement faible eu égard aux proportions prescrites pour les pavillons dans le chapitre qui leur est consacré (§ 4.16). Pour les snapana moyens (108, 48, 24 vases) le pavillon ne doit avoir que sept coudées de large et pour les petits (16, 8, 4 vases) il ne doit en avoir que cinq ; dans un cas comme dans l’autre il n’a que douze piliers (voir § 4.20 type II sans piliers intérieurs) qui sont hauts de 9 empans (108 doigts) et qui sont placés sur un soubassement haut de 16 doigts comme dans le cas précédent. Ces trois pavillons doivent avoir un sol “lisse comme un miroir” et doivent être pourvus de quatre portes précédées d’arcatures. Le Raurava qui mentionne que les snapana à 25 et 108 vases se déroulent dans un maṇḍapa (Rau 21.1 ; 23.3) ne décrit que celui qui est destiné au snapana à 1009 vases (Rau 24.2-3) : il s’agit d’un pavillon pour lequel il existe neuf largeurs possibles (de 15 à 23 coudées) ; il peut être carré ou rectangulaire, mais doit avoir 96 piliers et un lanterneau central surmonté d’un motif de couronnement et large de trois parties (litt. : “occupant neuf parties”) (voir également § 4.18) ; le type carré correspond bien évidemment à ce que l’on a vu plus haut (§ 4.20 type V) ; quant au type rectangulaire, il peut s’agir d’un simple développement du type carré (avec accroissement du nombre des piliers) ou d’un pavillon de 7 unités de large et 13 de long à 96 piliers (§ 4.20 type II).
Pavillon pour la cérémonie de la balançoire
45§ 4.31. La cérémonie de la balançoire (ḍolotsava) est un rite propitiatoire au cours duquel les images processionnelles (utsavamūrti) du dieu que l’on célèbre (utsaveśvara) et de sa parèdre sont placées sur une balançoire installée à l’intérieur d’un maṇḍapa (Aj chap. 28) ; l’Ajita, seul à parler de cette cérémonie, décrit simultanément le pavillon proprement dit et le portique intérieur destiné à supporter la balançoire (Aj 28.63-79), ce qui aboutit à une description confuse où, pour prendre un exemple, le mot stambha désigne successivement les piliers du maṇḍapa et ceux, plus petits, qui servent de montants au portique. Le maṇḍapa est rectangulaire, sa longueur n’est pas indiquée (§ 4.21) et sa largeur peut être de 2, 8 ou 14 coudées ou bien encore de 3, 9 ou 15 (Aj 28. 63-64a) ; il comporte un soubassement (dharātala, adhiṣṭhāna) surélevé par un socle (upapīṭha) ; sur ce soubassement se trouvent d’une part les piliers du maṇḍapa lui-même (leur nombre n’est pas indiqué), d’autre part les montants du portique (qui sont de hauteur différente, ci-dessous) ; ce maṇḍapa est prapālaṅkṛta (Aj 28.68a), ce qui semble indiquer qu’il est doté d’une couverture légère (voir § 4.14). Les deux piliers du portique (ḍolāstambha) sont réunis par une traverse (uttara, voir également § 3.23) au-dessus de laquelle se trouve une arcature (toraṇa) dont le sommet correspond avec celui des piliers du maṇḍapa (ci-dessous) ; le tympan (nāsikā) de cette arcature est orné de vyāla et de haṃsa (Aj 28.69a) ; enfin la balançoire proprement dite (ḍolā) comporte un siège fait d’une planche (phalaka), pourvue d’anneaux (valaya) auxquels sont attachés les chaînes (śṛṅkhalā) de suspension. Les proportions verticales du maṇḍapa et du portique sont données à partir de la hauteur du soubassement, hauteur qui doit faire le quart de la largeur de l’édifice (Aj 28.64b) ; ainsi la hauteur du socle (upapīṭha) est égale à celle du soubassement ou plus petite d’un quart et celle des piliers du maṇḍapa est trois fois celle du soubassement ; quant au portique, ses montants ont une hauteur égale aux cinq tiers du soubassement, la traverse (uttara) en fait le tiers et l’arcature est aussi haute que le soubassement (litt. “est égale aux trois cinquièmes des montants”, Aj 28.65-68)... Ces différentes proportions peuvent se résumer dans le tableau suivant où l’on a supposé pour la simplification de l’exposé que la hauteur totale est partagée en quinze parties (ou en quartorze parties trois-quarts) :
46Enfin pour terminer indiquons que le texte précise que les montants du portique sont légèrement tronconiques : leur largeur à la base est le huitième de leur hauteur et cette largeur doit être, à leur sommet, diminuée d’un dixième (Aj 28.67, voir également Aj 37.5 et ci-dessus § 3.17).
Pavillon pour les rites funéraires
47§ 4.32. Le maṇḍapa pour les rites funéraires n’est que rapidement décrit et seulement dans le Raurava (46.23-31) ; c’est un grand pavillon carré large de trente-six coudées et construit sur le champ de crémation (śmaśāna) au moment où l’on y amène le corps ; on y trouve un creuset (ou plusieurs ?) placé au centre de l’édifice ainsi que deux autels (vedī, vedikā) placés à une coudée de ce creuset, respectivement au Nord-Ouest et au Nord-Est ; enfin l’emplacement du bûcher (citāsthāna) est situé au Sud-Est du creuset. Les autels sont carrés et larges respectivement de 8 (Nord-Ouest) et 7 doigts (Nord-Est) ; l’emplacement du bûcher est rectangulaire et mesure quatre coudées sur deux coudées huit doigts. Au cours de la description du pavillon il n’est question que d’un seul creuset dont on dit qu’il est large d’une coudée et qu’il est entouré par une seule levée (mekhalā) large de huit doigts et haute de quatre (Rau 46.26-27), sa forme n’étant pas indiquée ; en revanche dans la description de l’oblation (Rau 46.99 et suiv.) il est, d’une part, question de creusets de différentes formes qui sont mis en relation avec des oblations accomplies dans des intentions particulières et, d’autre part, il est question de “quatre creusets qui se trouvent aux quatre angles” (Rau 46.106a) (sans précision sur leurs formes) ; il semble que les différentes formes prescrites doivent être celles que peut avoir le kuṇḍa central, mais nous ne savons si les quatre creusets dont il est question ensuite peuvent se substituer à celui qui est au centre ou bien doivent simplement l’entourer. Les formes prescrites pour le kuṇḍa central sont celles d’un hexagone, d’un cercle, d’un lotus, d’un triangle, d’une vulve et d’un carré (Rau 46.100-105).
LES GOPURA
48§ 4.33. Les pavillons d’entrée, destinés au franchissement des murs d’enceinte concentriques qui entourent le temple (prākāra, ci-dessous §§ 5.5 sq), sont très sommairement décrits dans l’Ajita (38.31-42) comme dans le Raurava qui ne leur consacre qu’un chapitre de cinq vers (chap. 42) : l’un et l’autre s’attachent beaucoup plus à la présentation des dimensions de ces édifices qu’à celle de leurs caractéristiques architecturales. On sait qu’un temple peut avoir jusqu’à cinq enceintes (toujours numérotées en partant du centre, § 5.5) ; selon l’Ajita la première n’a qu’un seul accès situé en face de la porte du temple proprement dit alors que les autres en ont deux (sur l’axe du temple, devant et derrière) ou quatre (aux points cardinaux) (Aj 38.29-30) ; le même texte ajoute que ces accès peuvent se présenter sous la forme de pavillons d’entrée ou sous celle de simples portes (gopuraṃ syāt pratidvāraṃ kevalaṃ dvāram eva vā/Aj 38.31). Pour désigner d’une façon générale les pavillons d’entrée, le seul terme qui apparaisse dans nos textes en dehors de gopura est dvārāyatana (“bâtiment de la porte”, Rau 26.6) ; gopura est un mot ambigu qui peut désigner aussi bien les pavillons d’entrée en général que ceux qui sont propres à certaines enceintes ou encore un type architectural défini (dans les expressions gopurākāra ou gopurākṛti, ci-dessous § 4.35). Il existe en effet des termes spécifiques pour désigner de façon précise les pavillons d’entrée correspondant à chacune des cinq enceintes ; dans les textes parallèles (voir Mayamata, t. I, p. 570 note 5) ce sont généralement les suivants : śobhā (ou dvāraśobhā) pour le pavillon d’entrée de la première enceinte, śālā (ou dvārao) pour celui de la seconde, prāsāda (ou dvārao) pour celui de la troisième, harmya (dvārao) pour celui de la quatrième et enfin gopura (dvārao) pour celui de la cinquième et dernière ; le Raurava n’emploie pas ces termes dans le chapitre qu’il consacre aux pavillons d’entrée (où ils sont désignés collectivement par gopura) mais cette série apparaît de façon incidente dans le même texte à propos des dvārapāla dont les images doivent être placées “de part et d’autre des portes (des pavillons d’entrée) dont le premier est la śobhā et le dernier le gopura” (śobhādigopurānteṣu dvārasyaiva tu pārśvayoḥ/Rau 32.2). L’Ajita emploie une nomenclature différente puisqu’il appelle dvāragopura le pavillon d’entrée de la première enceinte, nahāgopura celui de la cinquième et gopura les trois autres (Aj 38.32-36), cela ne l’empêchant pas d’utiliser gopura dans son sens général (par exemple Aj 38.31 cité ci-dessus) et d’ajouter que les pavillons d’entrée des première et cinquième enceintes (c’est-à-dire le dvāragopura et le mahāgopura) sont “en forme de gopura” et que les autres peuvent être “en forme de harmya” (teṣu pañcamam ādyaṃ ca gopurākāram ucyate/śeṣeṣu harmyavad vāpi… Aj 38.39-40a et ci-dessous § 4.35). Nous verrons que cette multiplicité des sens de gopura peut parfois faire problème lorsqu’un emplacement est fixé par rapport au “gopura” sans plus de précision (ci-dessous § 5.11) ; indiquons tout de suite que d’une façon générale il semble que ce gopura soit le pavillon d’entrée du sanctuaire (bhavana, § 4.2) c’est-à-dire celui qui se trouve sur l’enceinte extérieure, celle qui constitue le péribole et cela quel que soit le nombre total des enceintes (ci-dessous § 5.5) ; cette équation du gopura et de l’entrée du sanctuaire se recoupe en fait avec la définition du gopura considéré comme pavillon d’entrée de la cinquième enceinte (ci-dessus) et avec l’emploi qui est fait du terme dans l’architecture non religieuse pour désigner par exemple la porte fortifiée d’une ville ou d’un palais.
49§ 4.44. Selon le Raurava les dimensions des pavillons d’entrée sont calculées à partir de la largeur du temple principal du sanctuaire (mūlaprāsāda) : la largeur des pavillons d’entrée est toujours égale à celle de ce temple et leur longueur va en s’accroissant au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre du sanctuaire ; quant à leur hauteur elle est égale à leur longueur ou au double de la largeur (Rau 42.1-3) ; ces différentes proportions peuvent se résumer dans le tableau suivant établi en prenant pour unité la largeur du temple :
50Le système de proportions proposé par l’Ajita est moins cohérent (Aj 38.31-39) : ce texte en effet ne fournit qu’une dimension horizontale, exprimée en coudées, et la hauteur déterminée à partir des dimensions du prāsāda. La dimension horizontale, baptisée vistāra, est de 3, 5 ou 7 coudées pour le pavillon d’entrée de la première enceinte, de 5,7 ou 9 pour la seconde, 7, 9 ou 11 pour la troisième, 9, 11 ou 13 pour la quatrième et 11, 13 ou 15 pour la cinquième ; vistāra désigne normalement la largeur mais par analogie avec ce qu’indique le Raurava on peut également supposer que ces dimensions croissantes correspondent plutôt à la longueur des pavillons d’entrée ; de toute manière il s’agit là de dimensions réduites qui ne conviennent guère qu’aux pavillons d’entrée des “petits” prāsāda, ceux dont la largeur ne dépasse pas dix coudées (ci-dessus § 4.4) et qui, comme on l’a indiqué, sont pratiquement les seuls que l’Ajita, décrit de façon un peu détaillée (§ 4.3 sq). Selon l’Ajita, il y a deux façons de calculer la hauteur des pavillons d’entrée (Aj 38.38-39) : selon la première cette hauteur est égale à la hauteur totale du prāsāda ou à celle de son toit (c’est-à-dire à la hauteur totale diminuée de celle du motif de couronnement) ; selon la seconde l’unité de référence est la largeur du prāsāda, les pavillons d’entrée ayant une hauteur égale à une fois et demie, une fois trois quarts ou deux fois cette largeur ; on ne trouve aucune indication relative à l’application de telle ou telle proportion à un pavillon d’entrée placé sur une enceinte déterminée.
51§ 4.35. La description architecturale des pavillons d’entrée telle que la présentent nos deux textes se réduit comme on l’a dit à très peu de choses. Pour l’Ajita on a déjà signalé que les pavillons d’entrée peuvent être “en forme de gopura” ou “en forme de harmya” (Aj 38.49-40 et § 4.33) : la première expression (gopurākāra) ne nous apprend rien mais on peut noter qu’une expression analogue (gopurākṛti) est employée pour définir l’aspect de la chapelle des Sept Mères à propos de laquelle on ajoute qu’elle est deux fois longue comme large (Aj 39.12-13 et ci-dessous § 5.14) ; l’autre expression employée, harmyavad, est susceptible de deux interprétations différentes selon le sens dans lequel on prend harmya : si l’on considère qu’il s’agit purement et simplement d’un synonyme de prāsāda (ci-dessous § 4.2) on peut comprendre que les pavillons d’entrée en question (ceux des enceintes intermédiaires) peuvent avoir le même aspect que le temple principal ; cependant l’on sait que harmya est également employé pour désigner un type particulier de toit et que ce terme apparaît avec ce sens dans le Raurava à propos justement du toit des pavillons d’entrée (ci-dessus §3.29) : si l’on admet cette interprétation il faut comprendre que ces édifices ont un toit plat. En fait le seul détail précis que nous fournissse l’Ajita à propos des pavillons d’entrée concerne leurs portes : on a vu en effet qu’il s’agit de portes cochères ou charretières qui s’élèvent de la plinthe du soubassement (upāna) à l’architrave de l’entablement (uttara) (ci-dessus § 3.37). Si l’on en vient maintenant au Raurava les renseignements qu’il fournit ne sont gèure plus précis : on y apprend cependant que les pavillons d’entrée sont rectangulaires (Rau 42.1-2), qu’ils peuvent avoir un ou plusieurs paliers, que leur toit peut revêtir des aspects divers (Rau 42.3-5) et qu’ils ont un (ou plusieurs ?) motif de couronnement (Rau 26.20 et § 3.30). Nous ne reviendrons pas sur la question des toits (voir § 3.29) ; en ce qui concerne le nombre des paliers, on notera qu’il est mis en rapport avec celui des paliers du temple principal dans une formule dont le sens précis nous échappe (eko vānekabhūmir vā gaṇyādīn sadanoktavat/Rau 42.3 a) ; il faut peut-être comprendre que le nombre et les proportions des paliers suivent les mêmes règles que pour les prāsāda.
LES MĀLIKĀ
52§ 4.36. Les mālikā sont des bâtiments hypostyles qui peuvent éventuellement être construits contre la face intérieure d’un mur d’enceinte (prākāra) et qui constituent ainsi une sorte de galerie de cloître ; ils sont destinés à abriter les images des Assesseurs (lorsqu’elles sont disposées contre les murs d’enceinte, ci-dessous § 5.13) ainsi que certaines dépendances du temple qui sont, comme dit l’Ajita, “adossées aux murs d’enceintes” (prākārāśrita, Aj 38.43 et ci-dessous § 5.9). Selon l’Ajita (38. 25-27) ces galeries peuvent avoir un ou deux paliers et comportent une, deux ou trois rangées de piliers disposées parallèlement au mur d’enceinte (Aj 38.25 : le texte dit littéralement que les mālikā ont une, deux ou trois paṅkti de large) ; toujours selon le même texte le calcul de la valeur des unités relatives (paṅkti) ainsi que celui de la hauteur des piliers et du soubassement doivent “être effectués comme précédemment”, ce qui renvoie probablement au chapitre relatif aux maṇḍapa (ci-dessus §§ 4.13 et suiv.) enfin ce texte termine sa description des mālikā par une formule assez bizarre (jalamārgavihīnaṃ vā śālākāraṃ prakalpayet, Aj 38.27a) dont nous ne savons si elle doit s’appliquer aux mālikā ou bien encore aux murs d’enceintes sur lesquels elles prennent appui ; dans la première hypothèse il doit s’agir de la présence éventuelle de chéneaux (jalamārga) en l’absence desquels la mālikā doit avoir la forme d’une śālā, c’est-à-dire d’un édifice à toit en carène (§ 4.40) ; dans la seconde hypothèse il peut s’agir tout simplement de drain traversant (?) les murs d’enceinte. Les données contenues dans le Raurava (41.10-12) sont légèrement différentes : les mālikā doivent avoir une profondeur de trois, quatre ou cinq coudées, le nombre des unités (paṅkti) doit être impair et il doit être le même partout : ce qui signifie probablement que la galerie doit comporter le même nombre de rangées de piliers (parallèles au mur) sur tout le pourtour de la cour. Le même texte précise que le soubassement (ādhāra) des mālikā doit être haut comme les trois quarts de celui du temple (mūlaharmya) et que les piliers (caraṇa) et l’entablement (prastara) doivent avoir les mêmes dimensions que ceux du temple : cette précision est intéressante puisqu’elle nous indique incidemment que les mālikā sont comme les maṇḍapa des édifices dont l’élévation ne comporte que les trois premiers niveaux (varga).
BATIMENTS DIVERS
Le temple provisoire
53§ 4.37. Le temple provisoire (taruṇālaya, litt. “temple jeune”) est un édifice de structure simple destiné à servir de substitut provisoire à un temple en construction ou en réfection (Rau chap 27 ; pour l’Ajita voir § 2.21). Il doit être édifié avant le début des travaux effectués sur le temple lui-même au Nord-Est ou à l’Est de ce temple (ou de son emplacement s’il s’agit d’une nouvelle construction) (Rau 27.5). C’est un bâtiment carré large de trois, quatre ou cinq coudées, sa hauteur étant égale à sa largeur ou à celle-ci diminuée d’un quart ou d’une moitié (Rau 27.6) ; son élévation extrêmement simple ne comprend que deux niveaux d’égale hauteur : le mur construit en briques cuites ou en terre et le toit à double pente constitué par une charpente à chevrons (lupā) couverte de paillottes (tṛṇa) (Rau 27.7-8). La cella où se trouve un Liṅga provisoire (bālaliṅga, Rau 27.8b sqq) est fermée par une porte à vantail (kavāṭa) et verrou (argala) (Rau 27.8 et ci-dessus § 3.38) ; cette porte peut éventuellement être précédée d’un pavillon, l’agramaṇḍapa, qui joue probablement le même rôle que le mukhamaṇḍapa placé devant certains prāsāda (Rau 27.6 et ci-dessus § 4.9).
Les sabhā
54§ 4.38. Il n’est question des sabhā que dans une brève description de l’Ajita (12.93-94) ainsi que dans l’énumération des formes de toit des pavillons d’entrée (sabhākāra, Rau 42.4 et ci-dessus § 3.29). Selon la définition de l’Ajita une sabhā est un édifice à cinq niveaux d’élévation bâti sur un plan rectangulaire (la longueur étant le double de la largeur ou la dépassant d’un quart, d’une moitié ou des trois-quarts) ; elle convient pour abriter les représentations manifestes (sakala) ou non manifestes (avyakta), c’est-à-dire les images des dieux ou leurs symboles. L’indication de la présence de cinq niveaux serait intéressante si ceux-ci étaient énumérés car les sabhā très fréquemment mentionnées dans les textes parallèles, ne sont pour ainsi dire jamais décrites ; le seul développement un peu détaillé que nous connaissions à leur sujet se trouve dans le Mayamata (XXV 198 et suiv.) et il est d’une confusion extrême. Dans la pratique courante de l’Inde du Sud le terme sabhā est utilisé pour désigner des édifices hypostyles carrés ou rectangulaires et coiffés d’un toit à quatre pentes (plan carré) ou à deux pentes et deux croupes (plan rectangulaire) ; ces édifices n’ont qu’un seul palier et n’ont pas d’attique (grīva), ce qui correspond bien à la définition de l’Ajita puisque leur élévation n’a ainsi que cinq niveaux ; les piliers intérieurs sont généralement disposés de façon à laisser un vaste espace dégagé au centre (comme dans les maṇḍapa “à lanterneau”, § 4.18), cela étant rendu possible par l’utilisation d’une charpente à chevrons. Ce type d’édifice est souvent utilisé comme sanctuaire de Śiva Nāṭarāja comme dans l’exemple bien connu de Cidambaram.
Les dhiṣṇya
55§ 4.39. Comme on a eu l’occasion de le signaler précédemment, le dhiṣṇya est un temple (devatāgṛha) pourvu de trois ou quatre niveaux et “semblable aux prāsāda destinés aux dieux” (Aj 14.92 ; § 4.2) ; il est destiné à abriter une image non manifeste (avyakta) (Aj 14-94). Cette description extrêmement sommaire semble correspondre à un petit édifice qui peut être construit à la place d’un prāsāda complet ; on peut identifier de différentes manières ses trois ou quatre niveaux ; lorsqu’il y en a trois, il peut s’agir d’une construction analogue à un maṇḍapa (soubassement, niveau des piliers et entablement ment/toit plat) ou bien encore d’une construction analogue au temple provisoire (§ 4.37) dont l’élévation comporterait un mur et un toit auquel viendrait s’adjoindre le motif de couronnement ; on pourrait également envisager une construction analogue au kūṭa (§ 4.14) avec un soubassement, un niveau des piliers et un toit pyramidal surmonté d’un motif de couronnement dans la disposition à quatre niveaux.
Sālā et catuśśāla
56§ 4.40. Nos textes ne donnent aucune description ni aucune définition des śālā mais le terme est employé à plusieurs reprises pour désigner soit des édifices, soit une forme de toit, soit enfin un type d’édicule allongé. Dans le premier cas il est toujours employé dans des composés qui désignent des dépendances du temple : yāgaśālā (Rau 11.12), puṣpaśālā (Aj 38.45), śastraśālā (Aj 38.47) et vastraśālā (ibidem) ; nous avons vu que les deux premiers de ces composés correspondent à des édifices qui sont également désignés comme des maṇḍapa (§§ 4.23-24) et il faut peut-être considérer que dans ces deux exemples au moins śālā est à prendre dans un sens très général (“bâtiment”, “édifice”...). Cela n’est cependant certainement pas le cas lorsque le terme est employé pour désigner un “toit en carène” construit sur un plan allongé (§ 3.29) ; ce type de toit (qui caractérise aussi les édicules allongés d’où l’emploi de śālā pour les désigner parallèlement à koṣṭha, § 3.43) est théoriquement la couverture de la śālā proprement dite qui constitue le corps principal d’une maison (Mayamata, t. II, p. VII), c’est-à-dire un édifice allongé cloisonné parfois en plusieurs pièces et bordé sur l’un de ses longs côtés par une véranda (ibidem) ; une maison peut comporter un ou plusieurs de ces bâtiments et elle est appelée selon le cas ekaśālā, dviśāla...etc ; lorsqu’il y a quatre śālā elles sont disposées de façon à former un quadrilatère au centre duquel se trouve une cour et c’est comme ceci que doit se présenter le catuśśālā qui sert de cuisine (Aj 38.43, voir §§ 3.32 et 5.10).
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La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012