Chapitre VI. Résumé et conclusions
p. 109-117
Texte intégral
1Dans la présente étude, nous nous sommes proposé d’indiquer certaines forces qui, consciemment ou inconsciemment, sont des facteurs de résistance à l’industrialisation dans la société de l’Inde du Nord. Notre postulat de base était qu’il y a eu et qu’il y a encore des résistances à l’industrialisation dans la société indienne de l’Inde du Nord. Notre postulat était que cette société dans son ensemble ne coopère pas à la transformation accélérée du pays par sa participation au développement des industries lourdes et des industries de base, et de plus, que certaines forces sociopsychologiques sont peut-être responsables d’une telle absence de coopération aboutissant à des résistances actives à l’industrialisation.
2Deux questions fondamentales concernant le problème actuel étaient :
- Quels faits nous permettent d’affirmer qu’il y a résistance à l’industrialisation dans l’Inde du Nord ?
- Est-ce que résistance à l'industrialisation et absence d’industrialisation sont la même chose ?
3Les premier et second plans quinquennaux indiens ont insisté sur le développement de l’industrie lourde, de l’énergie électrique, de l’amélioration des transports et des facilités de communication, des travaux d’irrigation et des autres attributs d’une société moderne industrialisée. En même temps, les appels répétés et la propagande lancés par le gouvernement indien pour la participation du public et pour la réussite de ces plans, amènent à se demander s’il y a ou s’il y a eu un refus de participation de la part du public en général, et, de plus, dans quelle mesure un tel refus de participation a été une entrave à la transformation rapide du développement industriel du pays. Le but de la présente étude était d’étudier quels sont les facteurs socio-psychologiques qui agissent derrière ce refus de coopération.
4Il est vrai que 80 % des Indiens vivent dans le secteur rural, et que 70 % de la population totale dépend directement du sol pour sa subsistance. De plus, industrialiser un pays immense qui compte-500.000 villages nécessite des efforts considérables, un “planning,” une richesse nationale, un savoir-faire technologique, des organisations politiques non moins considérables. Par conséquent, tout manque ou absence d’industrialisation ne doit pas être considéré comme équivalent à une résistance à l’industrialisation. On peut aisément comprendre la résistance initiale contre le machinisme mû par l’énergie. Très souvent, la cause en est l’ignorance des mécanismes en jeu. La vitesse avec laquelle les machines travaillent est généralement inconnue de la population des pays sous-développés, et donc, mise en échec.
5Il faut souligner ici un fait significatif, à savoir que la résistance aveugle à la nouveauté n’a peut-être jamais existé. Les cas où l’on voit les raisons de la résistance montrent qu’elle est souvent justifiée par la maladresse des changements dont les conséquences désastreuses inspirent la méfiance à une population pauvre qui ne peut subir sans dommages les mauvais effets éventuels d’un changement proposé.
6On peut se poser une première question d’une importance fondamentale : pourquoi une nation ou un gouvernement ont-ils besoin de l’industrialisation comme programme organisé indépendant ?
7Les contrées industrialisées ont besoin de débouchés pour les produits de leur industrie, d’où le besoin pour elles d’encourager un mouvement universel d’industrialisation, susceptible de créer des clientèles nouvelles pour certaines de leurs industries nécessaires à la création ou au fonctionnement de nouvelles industries, et aussi de rendre plus répandus dans le monde entier les besoins en produits industriels, de rendre universelle la demande en tous pays de produits industriels.
8Deuxièmement, nous avons tout lieu de penser que l’industrialisation est le seul remède à la pauvreté dans les pays sous-développés. De nombreuses études ont souligné une corrélation positive entre l’industrialisation et les niveaux de vie élevés.
9Dans la population rurale de l’Inde du Nord, il semble y avoir une résistance considérable, manifeste et cachée, consciente et inconsciente, organisée et spontanée, à l’innovation. On a essayé de discuter quelques-unes des raisons d’une telle résistance.
10La première de ces raisons est sans doute que le paysan indien est virtuellement effrayé de prendre quelque risque que ce soit. Il ne peut compter que sur lui-même ; il n’a rien d’autre que ses purs moyens de subsistance à mettre en jeu. Il ne peut se risquer à expérimenter des changements dans ses pratiques agraires qui constituent un ensemble de connaissances et de coutumes transmises d’une génération à l’autre. C’est ce savoir qui lui a permis de survivre pendant plusieurs siècles dans des conditions difficiles, ce qui a développé en lui une certaine foi dans les techniques traditionnelles et, de même, un certain scepticisme envers l’innovation.
11Deuxièmement, il y a tout lieu de penser que dans la mise en œuvre des programmes de développement communautaire en Inde, la résolution japonaise de ne “jamais imposer quoi que ce soit à la population contre son gré” n’a pas été prise en considération. Dube a fait observer que les gens ont tendance à ne voir dans les buts et les objectifs que des obligations à remplir “parce que le gouvernement l’exige.” On ne peut bien entendu, les blâmer de résister à des changements qu’ils ne souhaitent pas et qui leur sont imposés par le gouvernment.
12En outre, la résistance se manifeste dans les communautés traditionnelles quand elles sont confrontées avec des changements susceptibles de troubler les mœurs coutumières, et l’équilibre réalisé. Dans cet ordre d’idées, nous avons traité des effets de retardement provenant de la survivance du système des castes en Inde. Cette résistance existe bel et bien et se manifeste parfois vigoureusement. Dans bien des cas, elle ne fait que prendre la forme d’un manque de coopération et d’enthousiasme. Les nouvelles pratiques ne sont pas rejetées mais les personnes concernées négligent ou ignorent la procédure nécessaire pour les rendre effectives.
13Enfin, les valeurs traditionnelles jouent le rôle d’obstacles à une amélioration du niveau de vie et résistent au changement. Nous ne nous attarderons pas sur ce point ; nous avons donné, dans les pages suivantes, un bref résumé de chaque chapitre de cette thèse.
14La thése comprend six chapitres. Le premier chapitre est consacré à l’introduction et à la définition du problème. Dans ce chapitre, l’introduction attire l’attention sur la nécessité de l’industrialisation, ce après quoi certains concepts fondamentaux ont été discutés. Cette discussion est suivie de questions de base comme : Pourquoi l’industrialisation ? L’idéologie gandhienne était-elle hostile à l’industrialisation ? Pourquoi la résistance ? etc... A la fin de ce chapitre, nous avons discuté l’examen de quelques questions d’ordre général concernant le problème actuel, le postulat de base et le problème tel qu’il se présente.
15Le développement de l’industrialisation semble subir l’influence du système politique du pays dans lequel il se produit. Donc, le processus d’industrialisation ne suit pas un seul chemin ou schéma prescrit. Les pays sous-développés ne doivent pas nécessairement suivre la même évolution dans tous les domaines que tel ou tel pays avancé. Le processus d’industrialisation d’un pays particulier dépend de ses objectifs, du degré d’arriération de sa société, des obstacles qu’il rencontre, et qui sont différents de ceux d’un autre pays, tout comme le taux d’évolution dans les divers secteurs varie selon les pays.
16Le second chapitre s’efforce de discuter en détail la poussée de la population et l’urbanisation, l’accroissement de la population urbaine mondiale, la stabilisation de la population, etc... Cette discussion est suivie de quelques raisons éventuelles de l’accroissement démographique ; carence de personnel de contrôle des naissances et de propagande, valeur traditionnelle attachée au fait d’avoir au moins un fils, manque d’éducation pour les filles et système de la famille étendue. A la fin de ce chapitre, nous avons discuté le problème de la religion : force essentielle, attachement pathologique à la tradition, la tradition vis-à-vis du milieu technologique et tradition et technologie moderne.
17On a de plus en plus tendance à penser qu’il n’est pas de plus grand défi pour la société indienne que la stabilisation de la population. Le taux d’accroissement de la population en Inde est tel qu’il risque à la longue de compromettre le progrès social et industriel. L’accroissement non-contrôlé de la population sans la considération des ressources naturelles et élaborées par l’homme ne ferait que donner à la vie de moins en moins de sens. C’est seulement lorsque l’on aura atteint la stabilisation de la population que le peuple indien pourra jouir des avantages d’un gouvernement constitutionnel et des fruits de la technologie moderne.
18Du problème de la population Srinivas dit que : “C’est un problème qu’une société de village est évidemment loin de pouvoir résoudre ; les coutumes ordonnent le mariage précoce ; l’avortement est à la fois risqué et immoral, contraire à la religion ; l’infanticide est un crime, l’émigration est difficile pour ne pas dire impossible, et le contrôle scientifique des naissances est ignoré.”
19Il semble que ce soit un cercle vicieux : on ne peut arrêter l’augmentation de population qu’avec un niveau de vie plus élevé et on ne peut obtenir une amélioration du niveau de vie qu’en enrayant l’accroissement démographique. Mais il faut à tout prix sortir de ce cercle vicieux. Il semble que la meilleure façon soit d’employer toutes les méthodes possibles, directes et indirectes, pour arrêter l’augmentation de population dans toute l’Inde.
20Le troisième chapitre donne un examen détaillé des résistances et des effets de retardement provenant de la survivance du système des castes. La première partie de ce chapitre discute de questions telles que : le système des castes peut se répandre dans le monde entier, les facteurs sociaux en tant qu’obstacles à l’industrialisation, l’enracinement de l’inefficacité et la caste subit-elle un changement dans l’Inde indépendante ? La seconde partie du chapitre présente une discussion sur la signification de la caste, le nombre de castes, les caractéristiques de la caste. A la fin du chapitre des questions telles que la caste produit une aversion pour le travail manuel, des usines de caste peuvent se former, considération de caste dans le recrutement aux emplois, la caste en tant qu’obstacle au changement de profession et pratique de la caste et dharma ont été discutées.
21Nous avons traité dans ce chapitre du système des castes qui fige les individus des métiers ancestraux, qui provoque l’immobilité des professions, et qui attache une importance excessive à la naissance plutôt qu’à la compétence ou à la réalisation. Nous nous sommes attaché à décrire également comment la caste a pénétré chaque aspect de la vie des Indiens de l’Inde du Nord, y compris les institutions académiques et politiques elles-mêmes. Enfin, nous nous sommes efforcé d’analyser son rôle dans les efforts d’industrialisation faits par le gouvernement aussi bien que par la population.
22De point de vue légal, la caste ne peut plus servir de base pour réglementer les rapports sociaux. Cependant, les lois ne sont pas toujours ajustées aux faits et aux réalités. Même les partisans les plus acharnés d’une société sans caste ne peuvent prétendre que les effets du système des castes aient disparu. Au contraire, comme Robert Tilman l’a observé : “En fait, en abolissant la discrimination, la Constitution elle-même a contribué à la formation d’une nouvelle conscience de caste ; bien qu’elle se soit placée peut-être sur une plus vaste échelle géographique que par le passé”.
23Chaque mesure bien intentionnée prise par le gouvernement pour abolir l’intouchabilité a, dans la pratique, été un échec, étant donné qu’elle allait à l’encontre des intérêts des Brahmanes et des autres hautes castes qui détiennent le pouvoir économique et social sur les basses castes et les Intouchables. Srinivas écrit : “Tant que les Harijans ne seront pas indépendants économiquement des castes supérieures, les droits garantis par la Constitution resteront lettre morte”.
24Vinoba Bhave affirme : “Dans une société Sarvodaya, chaque individu devra apprendre à combiner en lui-même les qualités d’un Brahmane, d’un Kshatriya, d’un Vaishya et d’un Shudra”. Cette assertion doit maintenant être acceptée de tous.
25Dans le quatrième chapitre, notre but principal était une discussion d’un examen psychologique de la survivance de la caste. Le chapitre commence par une distinction entre les besoins biologiques et sociaux et leur importance relative pour les êtres humains, par opposition aux animaux, a été montrée. Des besoins sociaux comme le statut, la sécurité et la sociabilité ont été définis et la position soutenue par les différents autours à ce sujet a été discutée. Puis nous nous sommes efforcé de montrer que l’attachement aux pouvoirs surnaturels crée une dépendance des hautes castes ou des personnes de haut statut et nous avons traité de d’effet psychologique de l’action non-motivée et de la question de savoir s’il existe une solution. A la fin de ce chapitre, nous avons donné l’étude du Professeur Hsu d’un test d’aperception thématique sur des étudiants indiens.
26Le système de caste est un système dans lequel on trouve un cercle d’interaction, au-delà de la famille biologique, où mener les activités de la vie et dans lequel on trouve la satisfaction de ses besoins sociaux principaux, à savoir la sociabilité, la sécurité et le statut. En se basant sur les changements extérieurs que la caste a subis depuis l’Indépendance, beaucoup trouvent là une source d’optimisme et escomptent sa complète abolition, ou, du moins, une transformation radicale de la caste. Mais la satisfaction des besoins sociaux fondamentaux et les satisfactions psychologiques qui en sont dérivées soulèvent des doutes quant à la disparition éventuelle de la caste, du moins dans la société de l’Inde du Nord, et l’on peut se demander si la caste disparaîtra jamais. De plus, aussi longtemps que le système survivra, les considérations de caste, souvent au prix de l’efficacité de ceux qui sont les avocats les plus acharnés à le condamner et à désirer son abolition en pratique, ne s’avéreront guère favorables au progrès industriel, objectif depuis longtemps déclaré du Gouvernement du Congrès.
27Pour un Hindou de l’Inde du Nord, la dépendance de l’homme de ses semblables et de sa postérité est illusoire et l’homme vit qresque entièrement pour le culte et la dévotion rendus aux dieux. De là vient que la plupart des classiques hindous doivent avoir trait à l’adoration des dieux et à leurs faits surhumains. En outre, cela vaut non seulement pour les masses illettrées mais, aujourd’hui encore, il est extrêmement courant de voir des intellectuels hindous, ayant une éducation occidentale, rester fidèles, théoriquement et en pratique, à la tradition sacrée indienne.
28L’effet de cette structure psychologique est soit l’inaction totale, soit la tendance de l’individu à s’en remettre en tout aux mains des dieux. L’inaction est étayée de plus par la doctrine de l’action non-motivée. Ceci appliqué au problème de l'industrialisation, le résultat en est, soit une sorte de résistance, soit pour le moins, un manque de coopération active avec les efforts d'industrialisation.
29L’étude du T. A. T. de Hsu confirme que la structuration de la réalité par les sujets, les situations de la vie quotidienne sont imprégnées de l’intensité du sentiment religieux, de l’approche contemplative de la solution de problèmes et de la prépondérance de la pensée sur l’action. De plus, les sujets réagissent au milieu ambiant avec une sensibilité émotionnelle et des images poétiques, avec une acceptation passive de ce qui ne peut être changé. Cette structure de la personnalité de la jeunesse indienne ne semble pas très favorable à la construction du progrès industriel et économique. Cette tendance indique qu’une telle structure de personnalité est plus susceptible de résister que de céder aux efforts d’industrialisation.
30Dans le cinquième chapitre, nous avons centré notre attention sur la structure traditionnelle des attitudes et des valeurs vis-à-vis de l’industrialisation. Puis vient une question fondamentale : le changement des valeurs est-il nécessaire ? La seconde moitié du chapitre est consacrée anx valeurs indiennes traditionnelles sous la contrainte, à savoir si le travail dans un système industriel est une source de contrainte, aux effets sociaux de l’industrialisation et à quelques tendances sociales.
31Il y a une certaine réceptivité au changement et une certaine adaptation aux orientations nouvelles. Dans les grandes villes aussi se fait jour la conviction que le problème de la pauvreté et du sous-développement économique peut être résolu par la technologie industrielle. Les valeurs et les modes de vie qui barrent le chemin au développement industriel sont progressivement remplacés par de nouvelles valeurs ouvertes au changement. Mais en même temps, demeure un désir de garder de la tradition tout ce qui peut être compatible avec le présent, afin que le caractère distinctif et l’individualité de sa propre culture soient préservés.
32Le nord du pays représente une culture en transition, du système traditionnel et pré-industriel au système industriel. Il y a souvent un regain d’admiration pour la culture traditionnelle et l’intention d’en explorer les fondements et l’adaptabilité de base ou la rigidité Cela suggère qu’il ne faut adopter aucun type culturel industriel déterminé. Mais les personnes averties sont convaincues que le modèle industriel qui se cristallise à présent possèdera un caractère culturel en propre, tout en incorporant incontestablement l’essentiel de la technologie moderne. Cependant, la question reste de savoir comment de hauts degrés d’efficacité pourront être obtenus et certains modes occidentaux assimilés sans renoncer aux valeurs culturelles de base.
33Notre hypothèse est que si la structure des valeurs de la culture intéressée par le changement est rigide et indifférenciée ou complètement contrôlée par des modes autoritaires, la résistance à l’industrialisation est plus grande qu’elle ne le serait autrement. La situation n’est pas affectée, ou ne l’est que très peu, par la présence de matériel abondant ou même de ressources humaines.
34Le processus d’assimilation des valeurs implique que la culture éprouve le besoin d’adopter les nouveaux concepts de la culture qui lui apporte le changement. Si le besoin est ressenti comme pénétrant et vital pour le changement de situation et si l’adoption des valeurs nouvelles devient partie intégrante de la structure caractérielle des individus et des groupes composant une culture, alors les valeurs nouvelles ne seront pas seulement assimilées mais participeront à la création d’une nouvelle structure sociale et faciliteront l’industrialisation. En d’autres termes, si les valeurs de la technologie industrielle sont appropriées à la culture indienne, cela facilitera l’industrialisation qui est l’objectif déclaré du pays aujourd’hui Si, au contraire, les techniques nouvelles sont adoptées comme instruments, utiles dans le simple but d’accroître la production, dans ce cas leur adoption se cantonnera à un niveau superficiel et ne conduira pas à une assimilation créatrice ni au développement de mode technologique dans la nouvelle culture.
35Avec le développement de la technique industrielle en Inde, de nouvelles sortes de maladies et de désordres mentaux doivent naître inévitablement et sont un défi au travailleur et à la direction, tout autant que toute l’organisation sociale qui doit faire face au défi avec de nouveaux modes d’adaptation et le développemnet de nouvelles orientations et de nouveaux systèmes de valeurs.
36Afin que l’industrialisation et la technologie moderne soient effectives, il faut une nouvelle révolution de la pensée, une rupture des vieilles traditions de communauté et de caste remplacées par de nouveaux groupements basés d’abord sur la fonction économique et avec des programmes politiques et économiques intelligibles et cohérents.
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La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012