Chapitre II. La structure sociale traditionnelle en tant qu'obstacle à l’amélioration du niveau de vie
p. 20-41
Texte intégral
I
1L'Inde offre l’image d’une société en voie d’industrialisation, ancrée dans un certain ensemble de valeurs et de coutumes. En ce sens, la situation est assez paradoxale : d’un côté, nous avons affaire à une société totalement industrielle et technologique, et de l’autre, à une structure socio-religieuse fortement encastrée dans le passé. Ce contraste fait que le peuple indien est à la fois le plus discuté et le moins compris de l’Occident.
2Nous nous proposons dans ce chapitre d’indiquer certaines forces sociales qui jouent comme obstacles à l’amélioration du niveau de vie dans la société de l’Inde du Nord. Naturellement, la présente étude n’inclut pas les problèmes démographiques, cependant nous avons jugé nécessaire de poser brièvement le problème de l’accroissement démographique en Inde et c’est pourquoi nous y avons consacré quelque attention.
3Le professeur Sarkar a analysé toute la situation indienne comme suit1 :
- La pauvreté indienne est en réalité le chômage à l’échelle de tout un continent.
- L’industrialisation est le remède à la pauvreté dans la mesure où elle peut fournir de l’emploi dans divers secteurs.
- Le capital étranger doit être considéré comme providentiel quant aux vastes projets d’industrialisation.
- Pour le moment, le capital indien ne doit être considéré que pour des entreprises plus modestes”.
4Nous ne nous attarderons pas sur l’analyse du professeur Sarkar. Cependant, il nous paraît indispensable d’y ajouter au moins le facteur d’accroissement de population, facteur que nous nous efforcerons d’examiner sommairement quant à son rôle sur le processus d’industrialisation et par conséquent sur l’amélioration du niveau de vie.
Poussée de la population et urbanisation
5Beaucoup de pays en voie de développement, dont l’Inde, sont en train de perdre du terrain dans leur lutte pour l’acquisition d’un meilleur niveau de vie, en dépit d’une aide financière de l’étranger. La raison en est que l’accroissement démographique ayant un taux beaucoup plus élevé que le développement industriel, celui-ci ne peut fournir à la population emplois, logements, écoles et services sanitaires.
6En 1800, toute l’Asie du Sud-Est comptait environ 10 millions d’habitants ; dans les années 1916-1920, elle atteignait déjà 80 millions ! Vers 1880, la population de l’Inde était, croit-on, de 280 millions. Selon le recensement de 1951, elle était de 360 millions ; et en 1961, elle se montait à 438 millions. “La culture du sol en Orient, écrit Badha Kamal Mukerjee, fait vivre aujourd’hui encore une population beaucoup plus dense par unité de surface qu’en Occident : 45 à 50 personnes vivent sur 100 acres en Angleterre ; au Canada, 10 personnes seulement ; 100 à 110 personnes en Inde”.2 La superficie totale n’est en aucune façon suffisante pour assurer leur subsistance à tous les habitants.
7Gini nous a fourni une comparaison fort intéressante entre les pays surpeuplés, dépeuplés et où la densité démographique est moyenne3. Il a choisi pour exemples l’Inde, l’Argentine de la Pampa et les pays occidentaux. En supposant que 10 dollars soient le minimum vital individuel,
8“1° Si 1.000 personnes sur 100 hectares donnent un rendement moyen de 10 dollars, le rendement total sera de 10.000 unités. Le revenu sera nul, 10.000 unités ne faisant que couvrir la subsistance des travailleurs. Tel est le cas dans les pays surpeuplés à culture intensive comme l’Inde.
92° Si 3 personnes seulement vivent sur 100 hectares, avec un rendement moyen de 1.000 dollars, le rendement total sera de 3.000 dollars. Le revenu net est de 2.970 unités· C’est le cas par exemple de la Pampa argentine.
103° Si 100 personnes sur 100 hectares donnent un rendement moyen de 80 dollars, le rendement total est de 8.000 dollars, et le revenu net de 7.000 unités, c’est-à-dire, beaucoup plus que dans la rubrique No 2. Tel est le cas en général dans les pays occidentaux.”4
11Il ne fait aucun doute, d’après cette description théorique, que les pays occidentaux, en raison de la répartition équilibrée de leur population, jouissent d’une position financière bien supérieure à celle des pays d’Orient. Leur niveau de vie est donc beaucoup plus élevé que celui des régions surpeuplées du globe, dont l’Inde.
12Le problème de la surpopulation est donc d’une importance considérable, et toutes les mesures prises pour contrôler les naissances semblent insuffisantes et inadéquates. L'on ne saurait parler d’élévation rapide du niveau de vie à moins d’arrêter net l’accroissement de population. Tout le problème du contrôle des naissances doit être abordé avec le plus grand soin par des experts et une politique positive doit être élaborée. Il semble qu'il y ait, en Inde particulièrement, certaines causes sociales à la base d'un tel accroissement démographique, dont nous reparlerons plus loin dans ce chapitre.
Accroissement de la population urbaine mondiale
13Nous possédons assez ce statistiques à l'appui pour penser que la population urbaine a augmenté plus rapidement que la population mondiale, du moins depuis 1800. En outre, le taux d’urbanisation mondiale a monté en flèche et continue indubitablement de le faire.5
14L’urbanisation au XIXo siècle fut la conséquence d'une grande concentration de la population dans les villes d’Europe et d’Amérique du Nord. Au XXo siècle, cependant, le développement rapide de la population urbaine dans les régions du globe économiquement sous-développées, particulièrement en Asie, en Amérique latine et en Afrique, a soutenu le taux d’urbanisation mondiale.
Tableau No 2. Pourcentage de population urbaine dans les principales régions du globe en 1950.7
Pourcentage de la population totale dans les villes de 20 000 hts et + | Pourcentage de la population dans les villes de 100.000 hts et + | |
Monde entier | 21 | 13 |
Océanie | 47 | 42 |
Amérique du Nord | 42 | 29 |
Europe | 35 | 21 |
U. R. S. S. | 31 | 18 |
Amérique du Sud | 26 | 18 |
Amérique Centrale | 21 | 12 |
Asie | 13 | 8 |
Afrique | 9 | 5 |
15Dans ce tableau, l’Amérique du Nord inclut U. S. A. et Canada, l’U.R.S.S. n’est pas comprise dans l’Europe et l’Amérique du Sud englobe le Mexique, l’Amérique Centrale et les Antilles. On peut noter qu’en 1950 la moyenne mondiale était de 21 % pour les villes de 20.000 habitants ou plus ; mais ce chiffre ne correspond qu’à 9 % en Afrique et 13 % en Asie.
Stabilisation de la population
16On a de plus en plus tendance à penser qu’il n’est de plus grand défi pour la société indienne que la stabilisation de la population. Le taux d’accroissement de population en Inde est tel qu’il risque à la longue de compromettre le progrès social et industriel.
17Il est évident que l’augmentation constante de la population aggrave considérablement le problème alimentaire et paralyse le développement des services sociaux essentiels. Par le passé, la surpopulation était sans cesse mise en échec par la guerre, les épidémies, la famine et les inondations. La société moderne, cependant, avec ses valeurs éthiques et humanitaires, doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour préserver le monde de tels désastres. Il est donc indispensable pour l’Inde entière d’essayer de trouver un équilibre raisonnable entre l'accroissement démographique et les progrès techniques, de façon que progressivement on puisse espérer une plus large distribution des produits disponibles et des services essentiels au bien être public.
18Il faut souligner ici que la décision de stabiliser la population doit venir de la société elle-même. Elle ne peut être imposée par force de loi, mais doit émaner de la compréhension, de la conviction individuelle, et de l’action publique. Alors seulement, le problème pourra être résolu et il sera possible de fournir à chacun l’information et le nécessaire pour permettre un planning familial rationnel dans le cadre de son environnement culturel et social.
19Avant de pouvoir obtenir des résultats concluants, il faut parvenir à un accord entre les divers groupes d’opinion, et que tous comprennent qu’aucune société orientée vers une éthique ne peut survivre à l’explosion d’une population surabondante et désavantagée dès le départ. L’accroissement non-contrôlé de la population sans la considération des ressources naturelles et élaborées par l’homme ne ferait que donner à la vie de moins en moins de sens. C’est seulement lorsque l’on aura atteint la stabilisation de la population que le peuple indien pourra jouir des avantages d’un gouvernement constitutionnel et des fruits de la technologie moderne.
20Il va sans dire que la marche vers la stabilisation de la population n’est pas un processus simple. Les facteurs impliqués sont nombreux et complexes et demandent à être envisagés de différents points de vue. En premier lieu, la population indienne a de plus en plus besoin d’aide, d’assistance, de conseil et d’éducation dans le domaine du planning familial et du contrôle des naissances. Mais le personnel qualifié et formé, infirmières, sages-femmes, hygiénistes, fait défaut, ou du moins est en nombre très insuffisant et n’est pas aisément disponible. En second lieu, on ne peut continuer à attacher à la valeur traditionnelle d’avoir au moins un fils pour accomplir les rites funéraires, la même importance que par le passé. Troisièmement, même des méthodes indirectes peuvent sensiblement influer sur les taux de fécondité : l’éducation plus poussée des filles, par exemple. Quatrièmement, dans une société où la majeure partie de la population vit de l’agriculture, il est naturel de favoriser le développement d’une main-d’œuvre de plus en plus abondante. C’est ainsi que dans notre société où prévaut le système de famille étendue, on a favorisé l’institution des familles nombreuses, particulièrement dans les communautés agricoles et commerçantes. Il faut transformer cette attitude. Toutes ces questions et d’autres relatives à l’accroissement démographique en Inde sont traitées en détail dans le paragraphe suivant.
Causes éventuelles de l'accroissement démographique en Inde
21Il est évident que certains vestiges d’une domination étrangère, tels que la pauvreté générale, l’analphabétisme, la carence de services médicaux, etc., créent des difficultés qui entravent l’institution du contrôle des naissances. En outre, d’autres facteurs sont, partiellement du moins, responsables d’un tel accroissement de population.
Manque de personnel qualifié et de propagande en faveur du contrôle des naissances
22En dépit de tous ses efforts, le gouvernement indien n’a pas encore marqué de succès décisif dans son programme de limitation des naissances. Il est bien évident que la difficulté provient surtout du manque de personnel qualifié en la matière. Si l’objectif national est d’aider le public à pratiquer une restriction de la natalité afin de mettre obstacle à l’accroissement démographique, alors il faut former un personnel qualifié adéquat. Il n’est guère réaliste de prétendre que l’on ne peut atteindre à une compétence en ce domaine que par une aide et un personnel étrangers. Ce qu’il faut, c’est un programme de formation plus complet et plus poussé, et l’établissement d’institutions locales d’éducation et de recherche qui assument la responsabilité de la mise en pratique de nouvelles méthodes et de nouveaux produits.
23Il est vrai que la création d’un personnel de limitation des naissances tout à fait qualifié prend du temps et de l’argent. De plus, cliniques, laboratoires, produits pharmaceutiques et matériel coûtent cher mais sont indispensables si l’on veut diffuser les services médicaux à l’échelle d’une société moderne. Peu de régions en Inde peuvent se permettre d’avoir un personnel qualifié professionnel. Avec des ressources limitées en personnel et en fonds, il semble assez difficile d’aider, de conseiller et d’éduquer une telle population répartie dans un si vaste pays.
24Mais la solution de ce problème ne réside pas uniquement dans la formation d’un personnel spécialisé. Supposons que la France envoie demain en Inde un million de médecins parfaitement formés et équipés, tous spécialistes de cette question et désireux d’aider les Indiens à pratiquer le contrôle des naissances. La masse de la population va-t-elle réviser ses conceptions morales et religieuses et, comprenant l’avantage de la famille planifiée, se mettre à pratiquer la limitation des naissances sans aucune résistance ? Il serait intéressant de savoir si le programme de contrôle des naissances sera encouragé par les autorités religieuses ou, au contraire s’il se heurtera à une opposition telle que celle de l’Eglise catholique en Europe. Le problème de la légalisation de l’avortement est également intéressant. Il n’est guère facile de répondre à des questions de cet ordre sans les avoir étudiées de façon approfondie. Cependant, il semble qu’il faille combler le manque de personnel spécialisé avant d’entreprendre des efforts décisifs.
25Il va sans dire que ce programme nécessite une forte propagande et l’éducation des masses. Dans bien des cas, la propagande est inefficace parce que la population en général et les femmes en particulier, du moins dans l’Inde du Nord, pensent qu’un enfant est un don des dieux. L’institution de la Harikathā augmente encore la difficulté, en répandant des légendes sanscrites parmi les illettrés8. Selon les Harikathā, la famille nombreuse est protégée par Laksmī (déesse de l’argent), et dans l’Inde du Nord une femme féconde est considérée comme étant Laksmī elle-même. Il faut employer des moyens verbaux et audio-visuels de communication pour rendre la propagande efficace.
26Enfin, en admettant qu’il y ait un personnel spécialisé et que la masse de la population soit prête à pratiquer le contrôle des naissances, reste le problème d’avoir une méthode sûre et bon marché. Pour le moment, les frais sont si élevés que les familles de citadins ne peuvent que difficilement se le permettre. Bien entendu, le gouvernement indien fournit gratuitement à tous contraceptifs et démonstrations, et accorde aux fonctionnaires désirant subir une intervention chirurgicale congé payé et hospitalisation gratuite. Mais le pourcentage que cela concerne à l’heure actuelle est infime et lorsqu’il s’agira d’un grand nombre de personnes, la question du financement d’un tel programme ne manquera pas de se poser.
27Du problème de la population, Srinivas dit : “C’est un problème qu’une société de village est évidemment loin de pouvoir résoudre ; les coutumes ordonnent le mariage précoce ; l’avortement est à la fois risqué et immoral, contraire à la religion ; l’infanticide est un crime, l’émigration est difficile pour ne pas dire impossible, et le contrôle scientifique des naissances est ignoré"9.
28Il semble que ce soit un cercle vicieux ; on ne peut arrêter l’augmentation de population qu’avec un niveau de vie plus élevé et on ne peut obtenir une amélioration du niveau de vie qu’en enrayant l’accroissement démographique. Mais il faut à tout prix sortir de ce cercle vicieux. Il semble que la meilleure façon soit d’employer toutes les méthodes possibles, directes et indirectes, pour arrêter l’augmentation de population dans toute l’Inde.
Valeur traditionnelle attachée au fait d’avoir au moins un fils
29On a eu tendance à voir en l’Inde un pays homogène. Cependant, l’Inde couvre en fait des régions profondément différentes quant à la race, la langue, la religion et certains autres aspects de la vie culturelle de leurs habitants. Ces régions n’ont pas non plus suivi la même évolution historique, religieuse et économique. L’Inde du Nord, par exemple, a été envahie à plusieurs reprises et a longtemps été occupée par les Musulmans, alors qu’il n’en est rien dans le Sud. C’est pourquoi les valeurs indiennes traditionnelles sont demeurées plus intactes dans le Sud que dans le Nord. Toutefois, tous les Hindous, de quelque région qu’ils soient originaires, partagent certaines convictions spirituelles fondamentales.
30L’une des plus importantes est qu’il faut avoir un fils qui offrira la nourriture aux morts de la famille, privilège qui n’est pas accordé aux filles10. Quelle que soit la signification religieuse d’une telle conviction, il est bien certain qu’elle encourage l’accroissement démographique an maximum. Nombreux sont les parents de quatre ou cinq filles qui continuent de procréer dans l’espoir d’avoir un fils. Ceci représente une difficulté de plus dans le programme de contrôle efficace des naissances.
31On peut noter ici que cette conviction agit indirectement, car il est difficile de persuader les parents d’un fils ou deux de cesser d’avoir des enfants. Par ailleurs, elle favorise, du moins en partie, l’accroissement de population dans les familles où il n’y a pas de fils.
Manque d'éducation pour les filles
32On peut affirmer que l’augmentation rapide du taux d’accroissement démographique est susceptible de retarder plutôt que d’accélérer l’augmentation du revenu par tête et, par conséquent, l’amélioration du niveau de vie. Dans une telle situation, même les méthodes indirectes peuvent avoir un effet sensible sur les taux de fécondité. Si, par exemple, les filles allaient à l’école jusqu’à l’âge de 18 ans au lieu de se marier à 14 ou 15, leurs années de procréation se trouveraient réduites. De plus, leurs études terminées, elles pourraient désirer travailler quelque temps avant de se marier, comme c’est le cas dans les pays occidentaux avancés. Un tel choix retarderait les mariages et plusieurs années, pendant lesquelles la fécondité est très grande en général, seraient gagnées.
33On pourrait persuader les femmes mariées de se rallier à ce programme d’éducation. Leur hésitation en général vient de leur ferme conviction qu’il est impossible aux adultes d’apprendre. Mais beaucoup de recherches s’accordent pour reconnaître le contraire. Selon Thorndike : “Les adultes apprennent moins et avec plus de difficultés, en partie en raison d’intérêts étroits, d’attitudes figées et de valeurs de base qui sont les leurs. Donc la motivation devient un problème important dans l’instruction des adultes11”. Ce qui est encore plus important, c’est que ce n’est qu’une méthode indirecte de contrôler les naissances.
Système de famille étendue
34La famille dans l’Inde du Nord est extrêmement ramifiée. Un grand nombre de personnes vivent sous le même toit où règne un chef de famille tout puissant à qui sa femme, ses enfants et les autres habitants de la maison doivent une obéissance aveugle. Il est le chef religieux de la famille et le premier à rendre aux ancêtres le culte qui leur est dû. Dans l’Inde du Nord, le culte des ancêtres est tellement enraciné dans le système de famille étendue qu’il est difficilement possible de concevoir un couple sans fils.
35Il y a un autre aspect du problème : on attache plus d’importance dans le Nord de l’Inde au fait d’avoir un fils qu’à celui d’avoir une fille. La question de succession mise à part, la raison en est évidente : une fille est considérée en général par sa famille comme une responsabilité et une charge, car son père doit lui donner une dot pour son mariage. Lorsqu’il y a quatre ou cinq filles dans une famille, c’est pour le père un travail acharné pendant toute sa vie, uniquement pour arriver à les doter. Un fils, au contraire, apporte à la famille la dot de sa femme, et souvent cet argent sert à doter sa sœur ! Par conséquent, les familles où il y a plus de filles que de garçons ont tendance à vouloir avoir d’autres fils et ainsi les familles ne cessent d’augmenter.
36Le système de famille étendue présente cependant certains avantages. Comme le professeur Madan l’a fait observer : “Les salaires de chacun des membres de la famille sont mis en commun et le chef de famille en dispose pour ensuite distribuer à chacun ce dont il a besoin. Chacun gagne selon sa capacité et reçoit selon ses besoins. Ce système remplace les assurances sociales nationales en garantissant le minimum vital à tous, qu’ils soient orphelins, incapables, infirmes, personnes âgées, veuves, aussi bien que chômeurs temporaires. Cela permet aux ressources limitées de la famille d’être utilisées le plus économiquement possible, puisque le lieu de résidence et l’équipement ménager sont partagés en commun. Cependant, ce système décourage l’individualité, l’initiative et l’entreprise et entrave le progrès économique”.12
37Depuis des siècles, les systèmes familiaux de l’Occident ont été très différents de ceux que l’on trouve en Inde, en Chine, au Japon et en Afrique. “Il n’y a pas eu de systèmes de lignage ou de clan en Occident. Le culte des ancêtres n’y a pas existé ; et les individus, non les familles, ont été responsables de crimes”13. Il serait utile de se demander si les systèmes familiaux ont subi certains changements dans les premières phases de l’industrialisation occidentale. Mais sans observations empiriques nous ne pouvons savoir quels éléments résisteront à l’éclatement du système familial traditionnel dans l’Inde du Nord.
II
38Nous pouvons à présent nous efforcer de discuter dans son ensemble la société de l’Inde du Nord, et le rôle qu’elle joue dans l’amélioration du niveau de vie.
39Le professeur Jean Filliozat nous a donné la description suivante : “Sous les deux revêtements partiels et de surface qui lui ont donné son aspect actuel, le britannique au premier plan, l’islamique par places, l’Inde est toujours organiquement la fille vivante de son terroir propre. Elle ne se comprend dans sa nature plénière que par lui. Il est parfois bien indistinct. L’étranger qui visite seulement les grandes villes du Nord, le soupçonnera mal. Les monuments anciens ne se voient pas à Delhi ou à Calcutta comme ceux des passés romain ou hellénique à Rome ou à Athènes Pourtant, quelles que soient les impressious du visiteur, le bien essentiel de l’Inde reste l’héritage de sa culture ancienne, qu’elle garde tantôt avec une conscience claire, et quelquefois chauvine, tantôt inconsciemment, comme une disposition naturelle des esprits et des usages. Cet héritage est la substance psychologique de ses sociétés dominantes et non le simple souvenir d’un passé historique prestigieux”14.
La religion : force essentielle
40La religion est une force essentielle dans le Nord de l’Inde. Les politiciens eux-mêmes se servent de la religion à des fins profanes, car au nom de la religion on peut faire faire n’importe quoi à la population.15 En dépit de l’intérêt croissant porté aux activités matérielles, la religion continue d’exercer un grand pouvoir. La ferveur religieuse se manifeste dans les nombreux lieux de pélerinage ou sur les rives des fleuves sacrés tout au long de l'année. C'est un trait fondamental de la majorité des Indiens et même parmi les groupes les plus progressistes, l’athéisme ou ne serait-ce que le matérialisme sont très rares.
41Le gouvernement central et les gouvernements des Etats sont ouvertement laïques mais le sont agressivement sitôt qu’il s’agit d’hindouisme. Ils tiennent à protéger les intérêts des minorités religieuses non ceux de la majorité contre laquelle est dirigée toute une législation discriminatrice quant au mariage, au divorce, à la succession, au culte dans les temples, etc... Même le planning familial semble exclusivement destiné aux Hindous. Les législateurs indiens n’ont pas le courage do transformer la structure socio-religieuse des musulmans ou des Chrétiens, mais ils sont toujours prêts à démolir la base même de l’hindouisme.
42Tous les pays d’Asie ont une religion d’état : Ceylan, la Birmanie, le Pakistan, la Malaisie. Seule l’Inde n’en a pas. La laïcité de nos politiciens est clairement dirigée contre les Hindous qui, divisés, ne sont pas puissants, comme le sont les Musulmans, les Chrétiens, les Parsis et autres minorités bien organisées. Chaque fois que les Hindous essaient de s’organiser, ils sont considérés comme communistes et leurs organisations sont interdites. Ainsi la majorité religieuse reste irrémédiablement démoralisée. En résumé, les leaders indiens ont, semble-t-il, une politique d’apaisement envers les minorités religieuses et une politique d’oppression à l’égard des Hindous16.
43Ce traitement de marâtre envers l’hindouisme rend les Hindous de plus en plus attachés inconsciemment aux croyances et pratiques que le gouvernement voudrait leur voir abandonner. Il en résulte une certaine hostilité envers les minorités religieuses, dont les troubles récents entre Hindous et Musulmans sont un exemple.
Attachement pathologique à la tradition
44La grande majorité des Indiens vit dans des villages et a acquis très tôt une plénitude de vie qui a aidé sa survie à travers les âges. Charles Malcafe observait en 1880 : “Les communautés villageoises sont de petites républiques, possédant à peu près tout ce qu’il leur faut pour vivre, et presque indépendantes des relations étrangères. Elles semblent durer là où rien d’autre ne dure. Les dynasties s’effondrent les unes après les autres, les révolutions se succèdent...mais les communautés villageoises ne changent pas”17
45Le village de l’Inde du Nord s’est toujours suffi à lui-même, avec le travail et la science nécessaires à ses activités agricoles et autres. Ses habitants sont profondément religieux et ont par ailleurs des obligations sociales et politiques. Depuis des siècles les communautés villageoises ont vécu dans les limites étroites de leur village, ce qui leur a donné une mentalité particulière, caractérisée, selon Vu Quôc Thuc, par l’aide mutuelle et la solidarité entre les paysans, un attachement “pathologique” à leur village, et une tendance à vivre coupés du reste du monde.
46Dans l’Inde du Nord, l’aide et le secours mutuels entre les paysans proviennent en général de ce qu’ils sont nés au même endroit et qu’ils rendent un culte à la même divinité tutélaire du village. Certains intérêts matériels sont également en cause : on s’entraide au moment de la moisson, on prête à intérêt, on aide le plus possible en période de mariages, de funérailles et autres obligations sociales et religieuses dans le village ou les villages voisins.
47Ainsi, le trait caractéristique de cette mentalité est la tendance de chaque villageois à vivre dans une atmosphère de séclusion complète et de défendre cotte séclusion contre toute intrusion du dehors. En même temps, il semble se développer en lui une sorte d’hostilité contre tout ce qui lui apparaît contraire à sa tradition, à l’intérieur de cette communauté refermée sur elle-même et indépendante. En résumé, la majorité des villageois de l’Inde du Nord semble profondément attachée à la tradition.18
48Qu’entend-on exactement par “tradition” ?
49La notion de valeur est peut-être celle qui définit le mieux la tradition. Nous nous appuyons ici sur Max Radin, lorsqu’il écrit : “A proprement parler... une tradition n’est pas un simple fait observé comme une coutume existante... ; c’est une idée qui exprime un jugement de valeur. On considère comme bonne une certaine façon d’agir ; un certain ordre est tenu pour souhaitable. Le maintien de la tradition est l’assertion de ce jugement’’,19
Valeurs traditionnelles vis-à-vis du milieu technologique
50Nous avons fait observer au début de ce chapitre, que la situation indienne est, dans un sens, assez paradoxale. L’Inde offre l’image d’un milieu fortement industrialisé en contraste avec un aspect purement traditionnel. Il paraît approprié de citer ici Alain Birou afin de mieux comprendre la situation20.
Milieu traditionnel | Milieu technologique |
I. Conception de l’homme sur son rapport avec le milieu. | I. Conception de l’homme sur son rapport avec le milieu. |
Passif : adaptation aux impératifs des conditions naturelles, acceptation de sa propre condition. | Actif : détermination de transformer et d’améliorer les circonstances. |
II. Tradition. | Innovation. |
III. Le traditionaliste se penche vers le passé et les modèles fixés par des mythes, modèles qu’il doit s’efforcer de reproduire. | L’homme de l’âge de la technique regarde vers l’avenir. Il poursuit le mythe moderne du progrès qui lui enseigne qu’il ne doit plus copier le passé mais inventer et remplacer l’ancien par le nouveau. |
IV. Prépondérance d’une économie. | Rôle dominant de l’économie de marchés. |
V. Le groupe ne cherche pas à produire en grande quantité, ni une grande variété de produits. | La société produit en grande quantité et une grande variété de produits, à la fois pour l’argent qu’ils rapportent, les agréments qu’ils procurent et le prestige qu’ils confèrent. |
VI. Le loisir est le but de l’existence. Le travail n’est qu’un mal nécessaire pour rendre possible ensuite le repos. | Le travail est le but de l’existence. Le repos est une simple préparation à l’effort suivant. |
VII. Solidarité spontanée à l’échelle du village. | Solidarité organisée avec prise de responsabilité à l’échelle de l’Etat. |
VIII. Prépondérance de l’échange direct de marchandises et réciprocité des services. | Prépondérance de l’argent et des services. |
IX. Assistance mutuelle dans la vie économique, ressentie traditionnellement comme obligatoire. | Compétition économique, avec la survivance des mieux adaptés. |
X. Maintien de la “solidarité biologique”, s’étendant à des parents éloignés, les liens de sang et par alliance constituant un système d’interdépendance économique et imposant des rapports sociaux basés sur le partage, la participation et la dépendance. | Différenciation et compétition de toutes sortes, rendues inévitables par les méthodes de production et de distribution des marchandises. Introduction de la rationalité économique, de la recherche du profit, et du calcul de ce qui rapporte, touchant à la fois les individus et les groupes. |
XI. “Les individus sont en contact direct les uns avec les autres, et les produits du travail humain n’ont pas d’influence décisive sur la conception de leurs rapports ; ils sont adaptés à des· systèmes de rapports sociaux qui sont organisés sur une petite échelle et gouvernés par le principe de la répétition”. | “Les techniques et les produits de l’activité collective aboutissent à des systèmes de rapports qui suivent de nouveaux modèles ; les tensions naissent entre les méthodes de production et de distribution des marchandises. La différenciation prévaut sur la répétition. Les rapports sociaux sont à une échelle plus vaste et de caractère différent”21. |
XII. Importance de la communauté et de l’autorité qui la gouverne dans l’organisation de la production et de la distribution des marchandises. | Tendance à l’individualisation des gages et des salaires. Consommation individuelle des produits et de la richesse. |
XIII. La possession du pouvoir implique une responsabilité envers la communauté ; la richesse qu’il confère, qui est uniquement relative et ne reflète pas une différence trop grande avec le niveau de vie général, impose une obligation de générosité. | Le pouvoir est divisé entre le pouvoir économique et le pouvoir politique. La responsabilité sociale diminue. Le pouvoir n’impose plus de devoirs. |
51Ceci s’applique très précisément à la situation que l'on trouve dans le Nord de l’Inde. D’un côté, les grandes villes industrielles présentent un milieu technologique, et, de l’autre, les villages parfois totalement isolés, sans aucun moyen de communication ou isolés par la mousson, présentent un milieu traditionnel. L’influence du milieu technologique semble se développer très lentement et de façon inflexible.
52Le professeur Filliozat a noté que : “L’activité des peuples de l’Inde, matérielle et intellectuelle, est conditionnée, par l’équipement, l’instruction et les traditions. Le jeune travailleur s’oriente selon les débouchés offerts par l’état de l’équipement, selon la préparation qu’il reçoit et selon les idées en honneur dans son milieu”22
Tradition et technologie moderne
53Aussi attachée à la tradition et conservatrice que soit une société, elle est en perpétuel changement, bien que le taux de changement varie d’une culture à l’autre et suivant les aspects de la culture qui subissent le changement23.
54Au sens le plus simple, le changement social est la substitution d’un mode de conduite à un autre.24 En d’autres termes, le changement social se produit lorsqu’un grand nombre de personnes se livre à des activités qui diffèrent de ses activités précédentes. Ainsi, quand les rapports sociaux et individuels sont affectés, cela indique un changement social.
55On dit qu’une société est statique lorsqueles modè les sociaux fondamentaux qui déterminent la conduite humaine ont tendance à ne pas changer de génération en génération, et qu’une société est dynamique lorsque ces modèles ont tendance à changer rapidement d’une génération à l’autre, et même à l’intérieur d’une seule génération.25 Cette distinction est relative, car aucune société ne peut être complètement statique ou dynamique. Même dans la société américaine, qui est probablement la plus dynamique que le monde ait jamais connue, certains aspects de comportement changent plus vite que d’autres.
56A ce sujet, un fait important à signaler est la croyance des Hindous de l’Inde du Nord dans la doctrine du Niskāma Karman, doctrine selon laquelle l’homme ne peut hériter que des modèles traditionnellement reçus, ne peut qu’agir selon les principes reçus pour faire face à n’importe quelle situation dans laquelle il est placé. Il doit être indifférent aux fruits de sa propre action26. Cette doctrine, selon le professeur Saran paralyse toute action économique, car elle cherche à rejeter l’action en la transformant en contemplation. Mais transformer toute action humaine en rituel, et toute pensée en contemplation, empêche toute action humaine utilitaire27.
57Pour citer à nouveau le professeur Saran, “La force la plus puissante à la fois contre l’émergence de la technologie et celle de l’entreprise capitaliste, réside dans ce que l’on peut appeler l'inflexible autotranscendance de l’hindouisme. D’une façon générale, cela signifie qu’il faut rejeter chaque niveau, chaque réalisation spirituelle et intellectuelle parce qu’illusoires, et soutenir son effort pour atteindre à un niveau plus élevé encore. La pensée hindoue, c’est bien connu, introduit des gradations jusque dans des concepts-limites comme ceux de Mukti et de Nirvāna de sorte que le véritable “ultime” pour l’hindouisme est à jamais au-delà de l’au-delà”28
58On pense communément que le problème fondamental du développement économique et de l’industrialisation de l’Inde se pose, généralement parlant, en raison des fortes résistances et des effets de retardement qui proviennent de la survivance des institutions traditionnelles, de certaines valeurs et attitudes. Et, par conséquent, une grande partie de l’opinion se porte en faveur d’une synthèse entre les valeurs traditionnelles et celles de la société industrielle29.
59En même temps, l’opinion dans les pays avancés tels les U. S. A. sur les pays sous-développés souligne la carence de deux facteurs dans la société indienne : premièrement la volonté de réalisation et un niveau d’aspiration progressivement plus élevé ; deuxièmement, une classe de réalisateurs et d’entrepreneurs qui joueraient le rôle d’innovateurs. Selon cette façon de penser, ce sont là les deux facteurs préalablement indispensables à tout développement industriel.
60Ces analyses sont acceptées en Inde, bien qu’elles représentent une pensée anachronique. Un tel raisonnement considère tout développement sous l’angle de l’histoire américaine ou occidentale. On attache apparemment peu d’importance au fait que le développement de l’Occident survint dans une société sans planification ni compétition, alors que le développement économique et industriel de l’Inde est censé se produire dans une société socialiste, planifiée et dans un Etat.
61Le problème social et psychologique du développement industriel et économique de l’Inde ne consiste pas à implanter dans un ordre planifié l’idéologie capitaliste de la société productive, ni à surmonter et à neutraliser la résistance au développement provenant d’une tradition en ruines et de ses institutions survivantes. Le véritable problème est de trouver une philosophie pour un développement planifié économique et industriel30. Cela seul peut déraciner les institutions périclitantes qui se dressent contre le développement industriel et technologique.
62Hagen, à juste titre, a fait observer que : “La transition vers le développement économique se produit de façon graduelle et couvre une très longue période de temps. Bien que le contact avec les sociétés technologiquement avancées soit une condition nécessaire pour un progrès technologique rapide, un tel progrès ne se produit jamais uniquement en raison de ce contact. Dans certains pays, il ne s’est pas manifesté même après une période prolongée de contact très étroit ; dans d’autres où le contact avait été moins grand, le progrès s’est manifesté”31.
Notes de bas de page
1 B. K. Sarkar : The Positive Background of Hindu Sociology, Panini Office, Allahabad, India, 1937, Vol. I, p. 25.
2 B. K. Mukerjee, Migrant Asia, Borne, 1936, pp. 12-13, cité dans : Social change and economic Development, Unesco, 1963, p. 76.
3 C. Gini : Occidental and Oriental Conceptions of Economic Progress, dans : Social Change and Economic Development, op. ct, p. 78.
4 C. Gini, ibid ; p. 78.
5 p. 35 : Philip M. Hauser (ed), Urbanisation in Asia and Far East Calcutta, 1957, Chapitres III, IV.
6 p. 35 : Source : Kingsley Davis and Hilda Herts : Patterns of World Urbanisation, cité dans : Industrialisation and Society, Bert F. Hoselitz and Wilbert E. Moore, Unesco, 1963, p. 199.
7 Source : K. Davis aud H. Hertz : The World Distribution of Urbanisation, Bulletin of International Statistical Institute, XXXIII 4° partie, pp. 227-42, cité dans Industrialisation and Society, op. ct., p. 200.
8 “Dans une Harikathā, le prêtre lit et explique un récit religieux. Chaque récit demande plusieurs semaines, l’auditoire se réunissant pour quelques heures chaque soir dans un temple. On peut faire des Harikathà à n’importe quelle époque mais les fêtes comme Dasara, Rāmanavamī, Śiva-rātrī et Ganesa chaturthī sont considérées comme particulièrement propices à l’audition de Harikathā. Pour les croyants, c’est un moyen d’acquérir un mérite spirituel. C’est l’une des façons de passer son temps traditionnellement approuvée”. Μ. N. Srinivas : Caste in Modern India, Op. ct. p. 48.
9 Μ. N. Srinivas : Caste in Modern India, Op. Ct. p. 83.
10 “On offre chaque année, au cours du rituel bien connu des srāddha, eau et nourriture aux parents morts du chef de famille. Le grand-père et l’arrière-grand-père paternels ainsi que leurs femmes ont également droit aux offrandes. Les mânes des ancêtres jusqu’à la quatorzième génération en arrière, y ont aussi leur part”. Ibid., p. 152.
11 Edmund de S. Brunner, Davis S. Wilder, Confine Kirchner and John S. Newberry Jr. : An overview of Adult Education Research, Chicago, Adult Education Association of the U.S.A., 1959, p. 9.
12 B. K. Madan : The Economics of the Indian Village and its Implications in Social Structure, dans : Social Change and Economic Development, op. Ct,, p. 113.
13 William J. Goode : Industrialisation and Family Change, op. Ct. p. 247.
14 Jean Filliozat : Inde, nation et traditions, Horizons de France 1961, p. 232.
15 Singer a défini la religion comme : “Un ensemble de croyances et de pratiques par lesquelles un certain nombre de personnes se débat avec les problèmes ultimes de la vie humaine”. Milton J Singer Religion, Society and Individual, Macmillan & Co, New-York 1957, Introduction, p. 9.
16 “Les leaders préconisent le développement économique parce qu’ils veulent le pouvoir et le respect international”. Everett Ε. Hagen : On the Theory of Social Change, Dorsey Press Inc. Illinois, 1962, p. 77.
17 Sir Charles Malcafe, cité dans : Social Change and Economic Development, op. ct., p 110.
18 Le professeur Jean Stoetzel dans : Jeunessse sans chrysanthème ni sabre, Plon, Unesco, Paris, 1952, p. 144 nous fournit un excellent exemple d’une attitude très différente de celle des Indiens vis-à-vis de la tradition :, “Quel que puisse être leur attachement à la tradition, les Japonais ne s’attardent pas à des regrets stériles du passé… Les Japonais ont confiance dans leur ténacité au travail, et aussi particulièrement dans la technique, ce que beaucoup appellent “la science”...ce qu’ils admirent le plus chez les peuples étrangers et ce qu’ils désirent le plus leur emprunter.”
19 Max Radin : “Tradition”, Encyclopédie des Sciences Sociales, vol. 15, Macmillan, New-York, 1935, p. 63.
20 Alain Birou : Problems for Sociological Research in the Countries of South-East Asia, dans : Social Research and Problems of Rural Development in South-East Asia, op. ct. pp. 54-55.
21 Encyclopédie Française, Vol. XXI
22 J. Filliozat : Inde, nation et traditio Horizons de France, 1961, p. 100.
23 En résumé, on entend par changement : “une variation à partir d’un état antérieur ou d’un mode d’existence”. Joseph H. Fisher : Sociology, University of Chicago Press, 1959, p. 340.
24 Le changement social implique : “la substitution d’un mode de comportement ou, — et les deux sont intimement liés, — d’un mode de pensée à un autre”. Nels Anderson, Social Change and conformity under Urbanism. The Urban Community. H. Holt and Co., New-York, 1959, p. 430.
25 W. F. Osburn : tionary and Changing Societies, American Journal of Sociology, Juil. 1936, Vol 42, pp. 16-31.
26 Max Weber, The Religion of India, The Free Press, Glencoe, Illinois, 1958, pp. 180-91.
27 A. K. Saran, Hinduism and Economie Development in India Conférence tenue en Sorbonne au début de 1963, p. 8.
28 A. K. Saran, Hinduism and Economic Development in India, op. ct. p. 9.
29 Kali Prasad : Industrialisation and Social Change, Sixième conférence indienne de sociologie, Saugar, 1906, pp. 9-12.
30 A. K. Saran, Hinduism, and Economic Development in India, op. ct. 1963.
31 Everett E. Hagen : On the Theory of Social Change, op. ct. pp. 34-35.
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