Chapitre Deuxième. L’œuvre littéraire de Garcin de Tassy
p. 20-219
Texte intégral
1Dans cette partie de notre ouvrage nous nous proposons d’étudier brièvement les œuvres de Garcin de Tassy. Le travail de notre auteur est immense, des milliers de pages et des centaines de titres. Nous diviserons cette étude en plusieurs rubriques : Langue et littérature hindoustanies ; traductions ; sociologie ; islamisme ; comptes-rendus ; notices nécrologiques et œuvre inédite.
SECTION 1. LANGUE ET LITTERATURE HINDOUSTANIES
2Nous commencerons donc par les publications de notre auteur concernant la langue et la littérature, sujets qui furent sa spécialité pendant toute sa vie officielle : elles comportent des livres aussi bien que des articles publiés dans les journaux scientifiques ; elles ont trait également à des sujets variés comme la grammaire, l’histoire de la littérature, etc..
3Dans ce même chapitre nous parlerons de ce que Garcin de Tassy a aussi consacré à la langue hindie.
Généralités
4—Origine et diffusion de l'hindoustani appelé langue générale ou nationale de l'Inde, publié dans Mémoires de l'académie de Caen 1871, pages 313 à 337.
5Dans cet article Garcin de Tassy commence par expliquer l’origine de l’hindoustani en partant du sanscrit “(dont les poèmes classiques Ramâina et Mahâbharata ont récemment été traduits par un musulman en vers hindoustani)” ensuite du pracrit de l’hindoustani (le dialecte du nord), et enfin du dakhni (on le dialecte du sud). Il explique que, selon lui, cette transformation réside dans le fait que la grammaire du sanscrit est compliquée, et c’est une réaction toute naturelle qui finalement produisit ces dialectes simplifiés. Selon lui :
“Le sanscrit avait fini par être négligé par les Hindous mêmes. Mais.. il attira peu à peu l’attention des érudits anglais depuis l’établissement de la Société Asiatique de Calcutta”1.
6Il s'élève vivement contre certaines tendances littéraires et écrit :
“Il me semble évident que ces Hindous sont des réactionnaires, pareils aux Européens qui bientôt voudraient remplacer par le latin les langues nationales modernes”2
7En comparant l’hindi et l’ourdou il précise :
La littérature Urdue n’offre peut être pas autant d’originalité mais elle est bien plus abondante”3.
8Pour l’hindi il note que la plupart des productions littéraires en cette langue ont un caractère religieux.
9Il signale à titre de curiosité que :
“Les titres des ouvrages des auteurs urdus sont aussi recherchés et aussi métaphoriques et leurs noms poétiques ; mais ce qui est déplorable, c’est qu’ils n’ont presque jamais aucun rapport avec le contenu du livre. Ainsi, un des romans les plus populaires... est intitulé Le Jardin et le Printemps”4
10Il s’efforce d’expliquer aux lecteurs non-spécialistes les différents genres de livres en prose et en vers que comporte la littérature ourdoue. Il termine par quelques mots sur les journaux qui, évidemment publient non seulement des nouvelles mais également des discours de personnalités importantes. Et il conclut :
“Qu’il me soit permis, en terminant cet essai de donner de ces discours quelques passages qui ne me paraissent pas dénués d’intérêt, même pour nous”5
11Et il donne l’extrait d’un discours sur “Jésus-Christ, l’Europe et l’Asie”.
12—Les femmes poètes dans l'Inde, dix pages extraites de la Revue de l’Orient de l'Algérie et des Colonies, numéro du mois de mai 1854, Paris, pages 336 à 345.
13Dans cet article, Garcin de Tassy parle de certaines femmes, hindoues aussi bien que musulmanes qui continuent la tradition de composer des vers. A titre d’exemple il cite Mira Bai, Karma Bai, Choti Begum Dilber, Mah Lica Chanda, Jan Sahib, Zeenat, Dulhan Begum, et donne la traduction de certaines de leurs compositions. Mais il ne donne pas ses sources, encore moins les textes originaux.
14Le but de Garcin de Tassy semble être de publier quelque chose de curieux pour le grand public et non pas une étude approfondie de la pensée de ces poètesses. Signalons en passant que Mira Bai a acquis une popularité accrue en Inde depuis l’indépendance de ce pays et que l’on a commémoré dernièrement, son souvenir par l’émission de timbres-postes spéciaux dans la série des plus grands poètes de l’Inde.
15Dans les extraits qu’il traduit, Garcin de Tassy ne commente pas le contenu. Toutefois il met en relief la différence entre les Hindous et les Musulmans, ces derniers possèdant un héritage culturel différent. Il parle des prophètes bibliques dont le Coran a perpétué la mémoire dans le monde islamique. Il signale en outre que les musulmans de l’Inde diffèrent de ceux de la Turquie et des autres pays islamiques.
16—Saadi auteur des premières poésies hindoustanies, Journal Asiatique, janvier 1843, pages 1 à 27, avec une illustration hors texte représentant le portait de Sa’di d’après un dessin fait dans l’Inde.
17Dans cet article Garcin de Tassy décrit le séjour du célèbre poète iranien Sa’di dans l’Inde. On attribue à Sa’di quelques vers en hindoustani et, à ce propos, Garcin de Tassy suggère :
“puisque Saadi a passé une grande partie de sa vie hors de son pays natal, il n’est pas étonnant qu’il ait su des langues étrangères assez bien pour les écrire. On prétend qu’il savait le latin”6
18En ce qui concerne la connaissance de l’hindoustani, il précise :
“l’ouvrage où j’ai trouvé les vers hindoustani de Saadi est intitulé Majma’ul Intakhâbât c’est-à-dire collection abrégée en persan, par Schah Mohammed Kamâl en 1219 (1804-1805). C’est un énorme in-folio manuscrit que la société royale asiatique de la Grande-Bretagne et de l'Irlande à qui appartient, a eu l’obligeance de me confier.”7
19Le passage où les vers de Sa’di sont cités dans ce manuscrit persan est reproduit textuellement dans le Journal Asiatique, et Garcin de Tassy le traduit ainsi :
“Miyan Muhammad Câim Sahib dit dans son Tazkira, sur ce qui concerne Saadi de Shiraz, que, dans ses voyages, il honora le Guzarate de sa présence pour participer au pèlerinage du Somnâth8 ; ainsi qu’il en fait mention lui-même dans son Bostan. Là, après avoir appris l’idiome du pays, il prit plaisir à faire dans ce langage quelques vers que nous allons citer. Il est ainsi prouvé que Saadi de Schiraz est le premier qui ait imaginé le dialecte poétique nommé Rekhta. Après lui, sa seigneurie l’émir Khusrau9 a mis au jour, sur le même modèle, un grand nombre de compositions.”10
20Garcin de Tassy poursuit :
“après s’être exprimé ainsi, Kamâl cite deux vers qui sont très certainement extraits d’un ghazal, ainsi que nous l'avons déjà fait observer. Le premier est nécessairement le Matla ou celui qui commence le poème et le second est le dernier du ghazal, le Maqta où doit se trouver le nom du poète. A ces deux vers j’en joins un troisième qui fait évidemment partie de la même poésie, la mesure et la rime étant les mêmes. Je ne le trouve pas cité dans un autre Tazkira hindoustani écrit en persan par Path Ali Huçaini ; mais attribué par lui à un poète du Décan nommé aussi Sa’di.”11
21Se basant sur le fait que dans le manuscrit de Kamâl il y a les précisions de Sa’di de Shiraz, Garcin de Tassy est persuadé qu’il ne s’agit pas du poète du sud de l'Inde, Sa’di Dekkani, mais bien de Sa’di de l’Iran.12
22Garcin de Tassy avait confondu les deux noms— Sa’di Shirazi et Sa’di Dekkani. Les vers hindoustanis qui sont cités par Garcin de Tassy comme ayant été écrits par Sa’di Shirazi, en fait ont été écrits par Sa’di Dekkani. Des recherches modernes—encore en cours—sur ce sujet, suggèrent que le nom correct est Shairi qui par la suite est devenu par erreur Sa’di—et de Sa’di on est venu à Sa’di Shirazi. Shairi n’était pas Dekkani (“du sud de l’Inde”) mais il habitait Kakwal, un village du Panjâb. Il était un courtier de l’empereur Akbar et mourut en 994 de l’Hégire.13
23Lettre à M. Garcin de Tassy sur Maç’oud, poète persan et hindoui, Journal Asiatique de septembre—octobre 1853, de 356 à 371 pages.
24Il s’agit d’une lettre de N. Bland, en date du 28 octobre 1852, écrite à Randalls Park (probablement en Angleterre), ainsi que de deux pages d’observations de Garcin de Tassy sur cette lettre.
25Dans cette lettre qui fut suggérée à Bland par la lecture de l’article “Saadi auteur des premières poésies hindoustanies ” par Garcin de Tassy, publié dans le Journal Asiatique de 1843, Bland parle d’un autre poète qui serait le premier en langue hindoustanie. Il s’agit de Maç’oud-Sa’d Salmân, c’est-à-dire Mac’oud fils de Sa’d et petit-fils de Salmân. N. Bland donne quelques détails sur la vie de Maç’oud, et cite quelques vers persans de ce poète dans lesquels certains mots hindoustanis se trouvent employés.
26Dans ses observations, Garcin de Tassy note :
“Depuis la réduction de cet intéressant morceau de biographie indo-persane, le docteur Sprenger a publié dans le Journal Asiatique de Calcutta (No VI de 1852, page 513 et suivante), un article dans lequel il met en doute le fait dont il s’agit ici, et il revient à l’opinion que j’avais exprimée dans le 1er volume de mon Histoire de la littérature indienne page 434, avant de connaître la biographie de Kamâl qui m’a fait changer d’idée et a donné naissance à la notice spéciale que j’ai publiée en 1843 dans le Journal Asiatique. J'avais suivi, dans mon histoire Fath Ali Huçaini Gurdezi, qui attribue à un autre Saadi les vers hindoustanis qu’une tradition conservée dans l'Inde met sous le nom du célèbre poète de Shiraz”.14
27Parmi les biographes de ce poète, Ansi (dans le Lubâb al-Albâb), Auhadi (dans le Kaba-Eirfan) Ali Quli Khan Daghistani (dans le Riaz Ush-Shu’ara) Ghulam Ali Huçain (dans le Khulassatul Afkar parlent d’un “Diwan” réunissant toutes ses compositions en persan : ces compositions sont parsemées de mots hindoustanis.
28Donc N. Bland a raison quand il dit que Maç’oud Sa’d Saimâna est le premier à employer des mots hindoustanis dans sa poésie, (il naquit à Lahore, 1047 C à 1121).
(b) Histoire de la littérature hindouie et hindoustanie
29L’histoire de la littérature hindouie et hindoustanie est l’ouvrage le plus considérable et l’un des plus importants de Garcin de Tassy. Ce livre a connu deux éditions du vivant même de son auteur. La première édition fut publiée à Paris de 1839 à 1847, en deux volumes comportant respectivement xvi + 630 et xxxii + 608 pages. La deuxième édition fut éditée à Paris en 1870-1871, cette fois en trois volumes de 624, 608, et 603 pages respectivement.
30La première édition fut imprimée sous les auspices de l'Oriental Translation Committee of Great Britain and Ireland. Elle a été dédiée à la reine d’Angleterre et fut réalisée par l’imprimerie royale de France. A la première page des deux volumes, l’auteur donne cette opinion de H.H. Wilson, comme devise à son ouvrage “The Hindi dialects have a literature of their own and one of very great interest”, (citée d’après l’introduction de la “Mackenzie collection”).
31Le tome premier de la première édition commence par une dédicace en deux pages à l’adresse de sa majesté la Reine de Grande-Bretagne. Là nous lisons :
“Madame, il est tout naturel que j’aie sollicité l’honneur de dédier à votre Majesté un ouvrage qui traite d’une portion de la littérature de l’Inde, de cette vaste et belle contrée soumise à votre sceptre... parmi les anciens souverains de l’Hindoustan, ce fut une femme qui se distingua peut-être le plus par son mérite personnel. En apprenant l’heureux avènement au trône d’une princesse aussi accomplie que votre gracieuse majesté, les natifs ont dû se rappeler cette Sultane Eazia qui leur fut chère... (daté de Paris le 15 avril 1839)”15
32Garcin de Tassy lui-même nous renseigne, dans un de ses Discours, au sujet de la compilation de son “Histoire” dans les termes suivants :
“Dès 1828, l’indication d’une biographie originale, dans la grammaire du célèbre Gilchrist, qui est le fondateur de l’étude de l’hindoustani chez les Anglais, attira mon attention sur l’histoire littéraire de cette langue. A force de recherches, je pus me procurer sept différents ouvrages originaux de biographies, et, malgré l’insuffisance des matériaux, je fis paraître, en 1839, une “Histoire de la littérature hindouie et hindoustanie”, travail bien imparfait, à la vérité, mais le premier qui ait été tenté en ce genre, ce qui lui a valu l’honneur d’être traduit en hindoustani16 même, et de réveiller le zèle des savants orientalistes anglais sur le même objet. Leurs recherches, jointes à celles que j’ai faites depuis ce temps, ont eu pour résultat la connaissance d’un grand nombre d’autres biographies originales, que j’ai pu consulter en partie seulement, car il y en a plusieurs que je n’ai pas pu me procurer ou dont je n’ai pu avoir communication, et d’autres que je ne connais que parce qu’elles sont citées par des écrivains originaux. Beaucoup sans doute me sont encore tout à fait inconnues.
“On conçoit aisément combien j’ai de matériaux nouveaux pour une nouvelle édition de cette histoire ; mais je me bornerai aujourd’hui à indiquer sommairement ce que la biographie et la bibliographie ont à recueillir de ces ouvrages originaux”.
(5e discours d’ouverture des cours, le 4 décembre 1851, Voir “La langue et la littérature hindoustanies de 1850 à 1869”, 2e éd. Paris 1874, p. 42-43).
33Le plan de ce travail est le suivant : d’abord une courte préface (pages iii à xvi) consacrée à l’histoire de la langue hindoustanie ainsi qu’aux sources de l’ouvrage. Ensuite le premier volume est consacré aux biographies, plus ou moins longues, des écrivains d’hindoustani, disposées non pas selon les époques ou les sujets, mais strictement dans l’ordre alphabétique. Ceci jusqu’à la page 554. Ensuite il y a un appendice qui donne une liste des ouvrages ‘ Hindouis et hindoustanis imprimés et manuscrits dont il n’a pas été parlé dans la partie bibliographique”. Cette liste est alphabétique et va jusqu’à la page 605. Suivent ensuite deux tables pour les noms des auteurs et les titres des ouvrages, avec renvois aux pages de ce volume.
34Il y a eu un long délai entre la publication du premier volume et celle du deuxième. Probablement les matériaux du second volume n’étaient-ils pas prêts. Le plan de celui-ci est le suivant. D’abord une préface de 32 pages pour expliquer les divers genres littéraires qu’on rencontre dans l’hindoui et l’hindoustani, en prose aussi bien qu’en vers. Après cela sont donnés en 604 pages, des fragments de divers auteurs, classés selon les sujets et les matières traités. Il n’y a pas de textes originaux mais seulement la traduction française. La méthode est la suivante : d’abord la traduction, ensuite une analyse puis une explication, accompagnée parfois de notes en bas de page. A la fin il y a 4 pages de table des matières.
35Dans la préface du second volume, l’auteur nous informe qu’il avait l’intention d’abord de faire seulement deux volumes, mais que l’abondance des renseignements obtenus entre temps l’obligeait à en éditer trois : assez curieusement il n’y eut en fait que deux volumes.
36Avant de parler du contenu de cet ouvrage nous nous permettons d’en poursuivre la description générale et nous nous proposons de dire quelques mots de la deuxième édition :
37Cette édition, comme déjà signalé, comporte trois volumes. Elle est “revue, corrigée et considérablement augmentée”. Probablement il n’y eut pas de subvention de l’Angleterre ni de l’institution sous les auspices de laquelle elle était réalisée.
38Il y a d’abord dans le premier volume 4 pages de préface pour décrire les motifs de la nouvelle publication ; ensuite une introduction de 71 pages sur l’origine et le développement de la langue hindoustanie. Après quoi l’ancien ordre est suivi à savoir : un dictionnaire alphabétique des biographies des écrivains, un post-scriptum sur les matériaux obtenus pendant l’impression de l’ouvrage, un appendice des ouvrages dont il n’a pas été parlé dans le texte mais qui méritent d’être signalés (classés dans l’ordre alphabétique). A la fin il y a un index pour les noms des auteurs (62 pages) et un index pour les titres d’ouvrages (53 pages). Les deux index ont chacun sur chaque page deux colonnes, de 42 lignes, ce qui montre l’importance des données bio-bibliographiques dans cet ouvrage.
39Déjà en 1848 une traduction ourdoue de cet ouvrage fut publiée à Delhi, comportant 26 + 504 pages. D’après le titre, il semble que ce fut F. Fallon qui traduisit du français en anglais et que c’est Karim Uddin qui traduisit de l’anglais en ourdou ; car le titre est en anglais et se lit ainsi : “A history of urdu poets chiefly translated from Oarcin de Tassy’s histoire de la literature (sic) hindoui at (lire : et) hindoustanie by F. Fallon esquire and Maulvee Kareem Oodeen with additions, Delhi college, 1848, Price 6 Rupees”. Donc ce n’est pas une traduction littérale mais un texte principalement tiré de Garcin de Tassy avec des additions de la part du traducteur.
40En première page, sous le titre anglais, se trouve un texte ourdou dont le sens est :
‘‘Histoire des poètes en ourdou qu’ont traduite Μ. F. Fallon et M. Karim Uddin de l’histoire de Garcin de Tassy, en 1848, et on y a inclus les poèmes et les biographies de 964 poètes ourdous, tirés d’anthologies diverses ; imprimé dans la Math’a al’uloum de Delhi collège. Prix 6 Rupees, 1848”. Le texte ajoute que cette compilation fut terminée au milieu de l’année 184717
41De même, juste à la fin de l’ouvrage, on lit :
“Fin du dictionnaire biographique Tabaqat-usch-schu’ara, ouvrage de Karim Uddin année 1845 de l’ère chrétienne”18.
42Dans son introduction, Karim Uddin, indique les motifs qui l’ont poussé à écrire son ouvrage : voici quelques extraits en traduction :
“Le serviteur le plus humble, Karim-Uddin, soumet au jugement de tous les maîtres de la science et des connaisseurs de l’histoire et des biographies que les dictionnaires biographiques et les ouvrages rédigés selon les matières constituent des branches de la science historique. Beaucoup de savants et d’érudits, tous ceux qui ont voulu compléter l’histoire et qui ont voulu penser à ce travail, ont rédige des ouvrages sur ce sujet (dictionnaire biographique) dans chacune des langues usuelles. En particulier on a édité des ouvrages de ce genre en arabe, en persan, etc... On a voulu aussi écrire en ourdou. Mais il faut rappeler que le désir de produire des ouvrages biographiques s’empara des auteurs à un moment où le fondement de l’ourdou commençait à s’achever. Ainsi le Nikat usch-schu’aura de Mir Taqi...19. Il y a plusieurs anthologies : l’une s’appelle “Extrait des Diwans” (Intakhab-e-Dawawin)..20 A Bref les auteurs qui se sont empressés d’écrire les dictionnaires biographiques, ainsi que ceux qui ont composé les anthologies et l’histoire, n’ont pas mentionné toutes les données biographiques nécessaires. On ne sait pourquoi. Quoi qu’il en soit, ce qu’ils ont fait est une première étape. Quiconque voudra approfondir les recherches pourra sans aucun doute écrire davantage. C’est maintenant pour cette raison que le serviteur le plus humble, Karim Uddin, soumet au jugement de tous les seigneurs que lorsque le dit serviteur acheva la compilation et la publication en ourdou d’un dictionnaire biographique des poètes arabes, l’idée s’empara des pensées de l’humble serviteur qu’on avait besoin également d’un dictionnaire biographique indien, rédigé chronologiquement, où l’on pourrait trouver la date et l’époque pour chaque poète. Je désirais réunir les données authentiques sur leurs vies, où je puisse trouver cette documentation, afin de les publier. Pour cette raison j’ai compilé ce dictionnaire biographique en me servant de quelques autres dictionnaires. Je lui ai donné comme nom Taba-qat-usch schu’ara-e-Hind (dictionnaire biographique des poètes de l’Inde selon les choses”). J’ai achevé cette compilation au milieu de l’année 1845 de l’ère chrétienne...21. Bien que j’eusse l’idée de colliger beaucoup de dictionnaires biographiques pour rédiger mon ouvrage, déjà avant moi Di Taysi22 avait compilé en langue française, en France même, un dictionnaire biographique beacoup plus détaillé que les dictionnaires biographiques déjà existants, et son ouvrage est rédigé d’une manière très louable ; j’ai donc préparé le présent dictionnaire a l'aide des dictionnaires auxquels il n’avait pas accès et de son propre dictionnaire. En ce qui concerne les biographies des poètes contemporains, personne, je crois, parmi les auteurs ne les a jamais entreprises... Taysi dit qu’il a écrit son dictionnaire en français après avoir complété tous ces dictionnaires biographiques...23, mais aucun de ces dictionnaires ne me plaît, car ces dictionnaires ont été rédigés d’une façon qui n’est pas satisfaisante... En outre il (de Tassy) mentionne que le dictionnaire biographique rédigé par Mir est le plus ancien, mais ceci est erroné : J’ai pu utiliser outre les dictionnaires sus-mentionnés, le dictionnaire biographique rédigé par Hakim Oudrat ullah Khan ainsi que le Gulschan-e-Bekhâr. Qu’il soit signalé que la série des auteurs hindous se perpétue depuis le 12e siècle de l’ère chrétienne jusqu’à nos jours. Il se peut qu’il y ait eu un ouvrage d’une époque antérieure à ce siècle dans la bibliothèque d’un quelconque Raja, sans que cela fût connu en Europe. Toutefois les chants populaires remontent à une époque beaucoup plus ancienne...24 Donc, il nous faut mentionner tout d’abord les poètes de la langue hindie qui ont vécu auparavant et dont l’époque précède celle des poètes en langue ourdoue. J’essaierai dans toute la mesure de mon possible de citer les dates des poètes et des auteurs, mais si la date et l’année de quelques-uns restent inconnues je serai obligé de mentionner tous les auteurs de ce genre dans la dernière partie de mon dictionnaire Pour cette raison j’ai négligé l’ordre alphabétique, et j’ai mentionné chaque poète dans la place qui lui convient (chronologiquement) : ceci a nécessité une liste alphabétique (des noms d’auteurs) pour l’ajouter à la fin de l’ouvrage25. Si quelqu’un cherche la biographie d’un auteur, qu’il regarde cette liste où il trouvera l’indication de la page pour le poète en question. En ce qui concerne le plan de mon ouvrage, la première partie contient les biographies des anciens. La deuxième partie est divisée en 4 classes : La classe 1 contient les biographies des poètes qui ont commencé à composer des vers en ourdou et qui ont posé les assises de cette langue. La classe, 2 les biographies de poètes qui peuvent être désignés comme les fondateurs et les réformateurs de l’ourdou, en effet ce sont eux qui ont réformé cette langue et se sont occupés de la décorer, embellir et enjoliver. La classe 3 traite des biographies des poètes qui ont été des élèves des poètes de la 2e classe. Ce sont eux qui ont fait un grand effort pour raffiner cette langue et pour lui donner un éclat par l’emploi d'expressions et de locutions toujours nouvelles. Classe 4 : j’y mentionnerai les biographies de mes contemporains, de ceux que j'ai rencontrés ou qui sont vivants encore mais que je ne connais pas, ou encore qui ont trépassé”.
43On voit ainsi qu’il ne s’agit pas du tout d’une traduction de l’ouvrage de Garcin de Tassy, mais d’une compilation indépendante dans laquelle l’ouvrage de Garcin de Tassy est utilisé comme une des sources.
44Poussant plus loin notre étude, nous avons comparé les biographies de différents poètes dans les deux ouvrages de Garcin de Tassy et Karim Uddin. Nous sommes maintenant en mesure d’affirmer qu’il n’y a absolument aucun rapport entre les deux auteurs, ni de résumé, encore moins de traduction. Nous le répétons : l'ouvrage de Garcin de Tassy a servi à Karim Uddin comme une de ses sources ; ni plus ni moins.
45Revenant à notre sujet propre, à l’ouvrage de Garcin de Tassy, parlons de la méthode qu’il a adoptée. Comme nous l’avons signalé, ses biographies sont classées alphabétiquement. Parlant de chaque poète, il ne cite pas ses sources pour les faits qu’il mentionne. La plupart du temps il donne dans les notes le sens des noms propres et des titres des ouvrages. Parfois il y a des explications intéressantes sur d’autres personnages. C’est ainsi qu’il procède, que ce soit dans la première édition ou dans la deuxième. Pour cette raison il est difficile de contrôler des données biographiques. Il cite ses sources une fois pour toutes, dans l’introduction de l’ouvrage. Dans la première édition il parle de sept dictionnaires biographiques indigènes. Dans la deuxième édition il n’y en a pas moins de 56. En outre il y a d autres sources dont il s’est servi, par exemple les catalogues aussi bien édités que manuscrits, sans parler des autres sources de connaissance, ouvrages historiques et autres en diverses langues.
46Dans la première édition chaque volume avait une introduction historique et littéraire. Toutes ces données ont été développées dans la longue et savante introduction contenue dans le premier volume de la 2e édition, ce qui nous intéresse ici.
47Il commence par l’histoire du sanscrit dans l’Inde et dit :
“Lorsque le sanscrit fut importé dans l’Inde, les langues ne cessèrent pas pour autant d’être utilisées. Dans le nord comme dans le midi, le sanscrit ne fut jamais la langue usuelle. Nous voyons en effet dans les pièces du théâtre hindou qu’on le met seulement dans la bouche des grands personnages, mais que les femmes et les plébéiens parlent les langues vulgaires appelées Pracrit (mal formées) par opposition au Sanscrit (bien formé). Ces langues ne tardèrent pas à supprimer tout à fait le Sanscrit qui ne resta utilisé que comme langue savante et idiôme sacré”26
48Nous faisons remarquer que le mot prâkrit signifie “ordinaire” ou “naturel”, et le terme sanscrit “pleinement formé”
49Par la suite, selon lui, la langue qui se développa au nord fut désignée sous le simple nom de Bhâscha (langue par excellence). D’après Garcin de Tassy cette même langue prit ensuite l’appellation plus spéciale d’hindouie (langue des Hindous) ou hindie (langue indienne)27. Plus loin Garcin de Tassy indique qu’aprés l’invasion du Ghaznavide Mahmoud, cette langue subit de nouvelles influences, toujours grandissantes, à cause de l’invasion de Tamerlan, puis l’établissement de l’empire mogol par Baber en 1505. “Alors l’hindi se satura du persan, déjà chargé lui-même d’un nombre illimité de mots arabes”28.
50Garcin de Tassy ajoute :
“quoique l’Urdu et l’Hindi diffèrent l’un de l’autre dans le choix des expressions, ils ne forment à proprement parler qu’une même langue soumise à une syntaxe unique, même composée en partie d’eléments différents, langue à laquelle les européens ont donné le nom général d’hindoustani, dans lequel ils comprennent l’hindoui et l’hindi, l’urdu et le dakhni”29
51On voit que Garcin de Tassy considère les noms hindoui et hindi comme synonymes. Mais les sources indigènes s’opposent à cette affirmation. En effet le mot hindoui était considéré comme « équivalent d’ourdou et de rekhta, à savoir la langue hindoustanie écrite en caractères arabes. Voir par exemple Journal Asiatique de septembre-octobre 1853, page 362, note 1. Mais dans notre étude, nous sommes obligés de conserver la terminologie de Garcin de Tassy.
52Dans la préface de la première édition, Garcin de Tassy mentionne qu’il y a plusieurs noms donnés à cette langue : Urdu, Eekhta, etc..., ajoutant que ce sont les européens qui l’ont désigné comme “hindoustani.” Il signale à juste titre qu’il y a également une différence d’appelation selon que cette langue est écrite en caractères arabes ou dans un alphabet indien.
53Sans nous y attarder davantage, signalons que Garcin de Tassy suit la classification de Gorresio pour répartir les productions poétiques des Hindous en 4 classes :
- Ākhyâna (conte, légende) poèmes qui ont pour sujets des traditions populaires et des romans en vers.
- Ādikâvya (poésie primitive) surtout le Râmâyana.
- Itihâsa (histoire, récit) ce sont les grands recueils des traditions historico-mythologiques, comme le Mahâbhâratâ, etc...
- Kâvya (composition poétique), comme nom générique, qui inclut tous les petits poèmes, dont la liste alphabétique comprend 61 espèces30.
54Ensuite Garcin de Tassy donne la classification des sortes de poésie usitées chez les Musulmans :
55Poésie héroïque, élégie, morale et bon conseil, poésie érotique, poésie de la louange et de l’éloge, satire, et la poésie descriptive31.
56Après cette introduction, Garcin de Tassy précise,
“je dois rappeler ici que les règles de la métrique Hindoustanie sont les mêmes que celles de la métrique perso-arabe, avec quelques légères modifications”32
57De même que pour la poésie, Garcin de Tassy mentionne les différentes espèces de la prose, et des belles-lettres33
58Evidemment il s’étend davantage sur les espèces poétiques en hindoustani : il en cite 4634.
59Garcin de Tassy signale un intérêt inattendu de la littérature hindoustanie :
une grande partie de la littérature hindoustanie, je dois l'avouer, consiste en traductions du persan, du sanscrit, de l'arabe ; mais ces traductions ont souvent de l’importance, parce qu’elles peuvent donner les moyens d’expliquer les passages obscurs ou équivoques des originaux... Quelquefois même elles remplacent ces ouvrages lorsqu’ils sont malheureusement perdus”35
60Garcin de Tassy n’est jamais allé en Inde. Il dit :
j'ai eu soin de me procurer le plus de manuscrits que j'ai pu, je suis allé trois fois en Angleterre pour connaître de riches bibliothèques hindpustanies, des bibliothèques publiques et particulières. La plus belle collection de manuscrits hindoustanie à laquelle j’ai eu accès, est celle de la bibliothèque de l'East India Office36 Il poursuit ‘‘J’ai eu surtout recours aux biographes et aux anthologies originales, auxquelles on donne le nom général de Tazkiras (mémorial). On me blâmera peut-être d’avoir, pour les suivre, mentionné une grande quantité de poètes insignifiants mais j’ai cru avoir consacré un “article”, ne fût-il que de quelques mots, à tous ceux qui y sont signalés”37
61Après cela Garcin de Tassy cite les titres, avec leurs auteurs, de 66 dictionnaires biographiques en hindoustani et en persan, qui sont parvenus à sa connaissance38.
62Il ajoute :
“les catalogues proprement dits m’ont aussi été d'une grande utilité pour la partie bibliographique”39
63Dans son opinion,
malheureusement les tazkiras sont rédigés d’une manière bien peu satisfaisante. Souvent on n’a donné que les noms des poètes dont-il est question et quelques vers extraits de leurs ouvrages comme spécimen de leur talent... On ne trouve presque jamais la date de leur naissance, presque jamais rien non plus de leurs ouvrages, on n’en donne pas même les titres... la principale utilité de ces tazkiras, c’est qu’ils offrent de nombreux fragments de poètes dont les ouvrages sont inconnus en Europe”40
64Garcin de Tassy précise que dans les biographies il a suivi l’ordre alphabétique, non celui des noms de poètes, mais celui de leurs surnoms poétiques (Takhallus)41
65Il ajoute quelques mots sur différentes époques et sur le nombre des poètes dans chaque siècle. Il semble que dans son histoire littéraire, Garcin de Tassy n’ait pas jugé nécessaire de séparer les poètes selon les dialectes du nord et du sud ou autres. Comme les biographies sont rangées dans l’ordre alphabétique, Garcin de Tassy parle dans son introduction des noms les plus importants pour chaque époque.
66On comprend qu’il ne manque pas de signaler dans l’introduction le fait curieux que certains poètes hindoustanis étaient chrétiens, parsis, ou juifs42. Parmi les chrétiens il y-a même ceux d’origine européenne43. Il cite même un poète hindoustani qui était nègre et qui se nommait Sidi Hâmid Bismil44.
67Il ajoute :
on peut séparer de la masse des poètes hindoustanis les femmes poètes, dont j’ai cité plusieurs dans un article spécial” (Les femmes poètes de l’Inde, publié au mois de mai 1854 dans La Revue de l'Orient45.) Il termine : “l’esquisse abrégée qui précède donne une idée du contenu de la partie principale de mon travail, pour lequel je réclame l’indulgence du monde érudit, et spécialement des enthousiastes du sanscrit qui dédaignent les langues usuelles sans faire attention qu’elles deviendront a leur tour des langues savantes, et que, dans tous les cas, elles sont les véhicules de la civilisation et le chaînon qui doit lier le présent et l’avenir”46.
68Cet ouvrage est certainement le chef-d'œuvre de notre auteur. On ne saurait jamais trop admirer sa patience et son érudition. Nous préférons donner la parole au professeur Abdoul Haq, le plus grand spécialiste contemporain de l’Ourdou qui écrit :
“L’histoire de la littérature hindoustani est son grand travail. Pour cela, Garcin de Tassy a réuni un immense matériel. A son époque, puis restant à Paris, le rassemblement de tant d’ouvrages imprimés et manuscrits ainsi que des dictionnaires biographiques et d’autres renseignements est quelque chose de vraiment étonnant... son ouvrage est selon le plan de l’ancien dictionnaire biographique, c’est-à-dire que les auteurs et les poètes d’Ourdou et d’Hindi sont traités par ordre alphabétique, mais avec cette différence qu’ici il a fait davantage de recherche et de critique, et l’auteur a essayé de réunir, à partir des anciens dictionnaires biographiques et d'autres livres, autant de renseignements que possible sur chaque auteur. En outre il y a chez lui une chose qui manque à nos dictionnaires biographiques. Je veux dire que Garcin de Tassy tire des renseignements et des résultats à partir des écrits de chaque auteur ou poète, qui jettent de la lumière sur sa vie et son comportement. Sans doute dans son ouvrage il y a çà et là des erreurs. Une des raisons en est qu’à son époque certains des renseignements n’avaient pas encore été mis à jour. Une deuxième raison est qu’après tout, il était étranger et il n’est jamais venu en Inde. Dans son cas rien d’étonnant à ce que quelquefois il ait commis des erreurs pour comprendre notre littérature et nos affaires. Ce qui est étonnant c’est qu’un étranger resté à des milliers de kilomètres de l’Inde, à Paris, ait pu écrire sur notre littérature un ouvrage si unique et si merveilleux”47
69Le professeur Abdoul Haq parle de certains défauts, mais il ne donne pas d’exemples. Cependant nous nous permettons de signaler quelques-uns d’entre eux :
70Malgré les additions et les corrections de la deuxième édition, Garcin de Tassy n’a pas mentionné un poète hindoustani très connu Anis.
71Dans la deuxième édition, il a corrigé bien des fautes de la première, mais parfois ses traductions ne sont pas heureuses. Par exemple, 1ère edition, 1er vol., page 53 “Alam” +Sahib Mir Alam, de Delhi, fils de Khâja Mir Dard, était un dervisch très versé dans la science du spiritualisme”. Ce nom est tout à fait correct mais l'auteur a la page 193, 2 ème edition, 1er volume, a fait une faute en changeant le. nom en “Allah” + Sahib (Mian ou Mir) fils du Khâja Mir”.
72Parfois il ne comprend pas le sens d’un mot, par exemple 2e édition, 1er volume, page 502, “gopa Mui”, en majuscule, n’est pas le nom ou surnom poétique ou le titre du poète. “Gopamu” est un nom de lieu, et “Gopamui” est la personne qui en est originaire ; comme le “Parisien” est celui qui est de Paris. Garcin de Tassy a donné une interprétation qui n’est pas juste. “Celui dont les cheveux sont parés d’un ornement nommé Gop ou Gopa”48
73Quelquefois Garcin de Tassy a fait des erreurs de date, par exemple, il écrit que “Bédil mourut à Delhi, en 1137 de l’hégire”49 Mais ce n’est pas tout à fait exact, parce qu’il mourut en 1133 de l’hégire. Puis il a commis une autre erreur, en indiquant que Gâlib, “naquit à Agra en 1212 de l’hégire (1797-98)”50. Bien qu’il sache que Bédil mourut plusieurs années avant la naissance de Gâlib il écrit que Galib fut l’élève de Mirza Abd’ul Cadir Bédil”51. Gâlib n’était pas l’élève de “Bédil”, mais il avait subi son influence dans le style de ses premières poésies.
74Selon Qazy Abdul Wadood, Garcin de Tassy en poésie commet des méprises et parfois des contresens, par exemple le vers suivant :
sar-rishta-i maḥabbat ham sab toŕ· baithe
apna hī sar ab apne zānū se dgoŕ baithe. [i]
75est ainsi traduit par lui :
“Nous sommes assis à l’angle de la solitude, après avoir brisé les liens de l’amour,
“Nous sommes assis les genoux serrés : l’amour n’est plus pour nous que mirage”52
76Il a mal lu certains mots ; sur ab [ii] n’est pas le mirage, mais ce sont deux mots : “la tête” et “maintenant”. La traduction littérale serait :53
“Nous avons coupé le fil de l’amour avec tout le monde, maintenant nous sommes assis la tête serrée contre les genoux le poète est absorbé en lui-même et ne pense pas à autrui ”.
77Un autre exemple :
kyā khāk ho safā'ī bhalā ham meñ yār meñ
khaṭ bhī likhā djo ham ko to khaṭṭ-i gubār meñ. [iii]
78Garcin de Tassy traduit :
“La terre est une chose agréable dans mes rapports avec ma bien-aimée ; lorsqu’elle veut m’écrire, c’est sur le sable qu’elle dépose ses pensées”54
79Le sens est :
“Comment pourrait-il y avoir une réconciliation entre moi et la bien-aimée, car, même si elle écrit une lettre, elle la fait en une écriture microscopiquement fine (qu’on ne peut pas déchiffrer). khaṭṭ-i ǵubār [iv] = l’écriture microscopiquement fine.
80On aurait attendu de Garcin de Tassy qu’il décrivît en détail la différence fondamentale entre la poésie orientale (surtout ourdoue et hindie) et la poésie européenne au point de vue de la pensée, de l’émotion et de la forme.
81Nous admettons que Garcin de Tassy a étudié avec plaisir la langue et la littérature ourdoue, sa préparation pour l’histoire de la littérature ourdoue et hindie est admirable. Il a sincèrement essayé de trouver les informations exactes et nécessaires sur les différents écrivains, sur leur vie, sur leur développement intellectuel et leur esprit plus ou moins critique. Il décrivit les caractéristiques des écrivains, leur intérêt personnel, leurs aptitudes, si bien qu’on reconnaît l’esprit et l’individualité de chaque écrivain (toutes précisions qu’on ne trouve pas dans les tazkiras).
82Récemment il y a eu une traduction de la partie hindie de son histoire littéraire de l’hindoui et de l’hindoustani par M. L. S. Yarsheyna, à la “Sahitya Academy, Allahabad”.
83La contribution de Garcin de Tassy à la littérature hindie occupe aussi une place de grande importance. Malgré le temps écoulé, il est encore considéré comme un grand orientaliste dont l’œuvre eut la valeur de celle d’un pionnier. Il a donné presque trois cents pages pour la partie hindie dans son histoire littéraire de l’hindoustanie de 1836 pages. Il a omis des poètes importants d’hindi et leurs ouvrages. Par exemple, Jaganik, Vidyapati, Rahim, Bhushan et Din Dayal Giri etc...
84Parfois il a confondu des noms, des dates et des lieux.
85Selon L. S. Yarshneya, sa connaissance du hindi était suffisante ; il a bien compris le sens des vers hindis et il les a bien traduits ; Par exemple ces vers de Kabir :
sont rendus ainsi par Garcin de Tassy :
“Kabir n’a pas laissé pénétrer dans ses oreilles la distinction des castes, ni celle des six systèmes de philosophie.
“Il a déclaré que les pratiques opposées à la foi n’étaient pas de bonnes œuvres. Il a montré la futilité de la pénitence, des sacrifices des austérités, des aumônes (expiatoires), des pratiques extérieures du culte.
“Ses ramanîs, ses sabdîs et ses sakhîs ont été appréciés par les Hindous aussi bien que par les Musulmans. Ses discours n’offrent pas de partialité, il a parlé pour tous. Supérieur aux intérêts du monde, il n’a pas usé de flatterie.
“Kabir n’a pas laissé pénétrer dans ses oreilles la distinction des castes, ni celle des six systèmes de philosophie”55
86Ce n’est pas une traduction littérale mais elle donne le sens, correctement.
87Ces quelques observations, sans grande importance d’ailleurs, ne diminuent guère les grands mérites de cet ouvrage qui reste toujours indispensable pour les étudiants de l’histoire de la littérature, hindoustanie.
88Dans le rapport annuel de la Société Asiatique pour l’année 1871-1872, Ernest Renan (Journal Asiatique juillet 1872) signale surtout la nouvelle édition de son Histoire de la littérature Hindouie et Hindoustanie :
“Cet immense répertoire ne sera plus refait ; il restera comme un vaste tezkiré d’une littérature, secondaire sans doute si on la compare aux grandes littératures anciennes de l’Asie, mais fort intéressante encore et qui sert de nos jours d’aliment intellectuel à une portion considérable de l’espèce humaine. Par moments, d’ailleurs, cette littérature atteint un véritable charme, et l’on se surprend à y trouver du plaisir. Je la préfère pour ma part, aux genres parallèles de la littérature sanscrite ; je la trouve plus simple moins surchargée, moins subtile, presque égale à la poésie persane, elle-même sœur des nôtres. Un sentiment profond de la nature et de la destinée de l’homme s’y joint à la haute philosophie du soufisme. De tous les orientalistes sortis de la grande école de M. de Sacy, et entre lesquels ce grand maître divisa les royaumes de l’Asie, M. Garcin de Tassy est peut-être celui qui a le plus consciencieusement administré la province qui lui échut en partage. Toujours en rapport direct avec les gens du pays, dont il est chez nous le représentant littéraire, devenu un des leurs, lu par eux, apprécié par eux, il a pris en quelque sorte droit de cité hindoue. Le compte-rendu qu’il nous a donné cette année du mouvement littéraire de l’Inde anglaise est plein de renseignements sur les curieux problèmes qui s’agitent dans l’Hindoustan et qui semblent tous supposer un réveil de plus en plus prononcé de l’esprit indigène, une réaction contre les tendances à l’européanisation, un arrêt dans l’étude de l’anglais. La question du future idiome de l’Inde est chaque année l’objet de quelque réflexion judicieuse de notre savant confrère. Il pense, comme M. Garrez, que cette langue doit être l’hindoustani, qui seul, selon lui, représente dans sa constitution tous les accidents historiques qu’a traversés l’hindoustan, en même temps que par sa grand’mère se rapproche plus qu’aucun autre dialecte vivant de l’ancien type de sanscrit”56
89Dans le rapport annuel de la Société Asiatique pour l’année 1869-1870, par Ernest Eenan dans le Journal Asiatique de juillet 1870, il y a quelques remarques sur Garcin de Tassy. Après avoir cité son histoire littéraire et son discours d’ouverture annuel, Renan dit ce qui suit sur le mouvement intellectuel qui se produit dans l’Inde sous le patronage libéral de l’Angleterre :
“C’est là un des plus curieux spectacles que l’on connaisse. L’Angleterre a, selon moi, réalisé l’idéal de ce que doit faire sans préjudice de son propre intérêt, une puissante nation européenne pour régénérer un pays désorganisé et démoralisé. L’Inde anglaise est le pays de l’Asie qui vit de nos jours de la vie la plus complète et la plus originale, où l’influence de l’Europe est à la fois la plus forte et la moins tyrannique. En présence d’un tel résultat, il ne faut pas marchander au passé de larges amnisties57”
(c) Discours annuels
90La langue et la littérature hindoustanies, discours d'ouverture du cours d’hindoustani, revue annuelle.
91Sous ce titre Garcin de Tassy a publié de 1850 jusqu’à 1877 des articles sauf en 1858 (à cause de mutineries), dont un certain nombre (1850 à 1809) a été réédité à Paris en 1874 sous forme d'un livre indépendant. C’est ce que nous citerons dans les lignes qui suivent. Les autres discours constituent des brochures séparées.
92Ces discours ne sont pas de dimensions uniformes. Voici les précisions :
- Discours prononcé le 3 décembre 1850, page 1 à 4 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 4 décembre 1851, page 5 à 12 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 5 décembre 1852, page 13 à 20 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 29 novembre 1853, page 21 à 36 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 4 décembre 1854, page 37 à 95 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 2 décembre 1855, page 96 à 105 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 4 décembre 1856, page 106 à 115 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 10 décembre 1857, page 116 à 132 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 5 mai 1859, page 133 à 151 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 7 février 1861, page 152 à 171 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 2 décembre 1861, page 172 à 186 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 1er décembre 1862, page 187 à 207 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 7 décembre 1863, page 208 à 239 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 5 décembre 1864, page 240 à 267 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 4 décembre 1865, page 268 à 303 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 13 décembre 1866, page 304 à 347 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 2 décembre 1867, page 348 à 384 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 7 décembre 1868, page 385 à 452 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé le 6 décembre 1869, page 453 à 488 (Dans la 2e éd)
- Discours prononcé en 1870, 48 pages
- Discours prononcé en 1871, 83 pages
- Discours prononcé en 1872, 109 pages
- Discours prononcé en 1873, 86 pages
- Discours prononcé en 1874,116 pages
- Discours prononcé en 1875, 127 pages
- Discours prononcé en 1876, 178 pages
- Discours prononcé en 1877, 104 pages
93Comme on le voit, ces causeries annuelles ont paru sous deux différents titres, d’abord Discours, ensuite La Langue et la littérature hindoustanies revue annuelle. Dans son discours de 1873, p. 3 note 2, il l’explique lui-même ainsi : “Mes premières Revues portaient jusqu’en 1869 le titre Discours. J’ai donné la liste des dix premiers dans le Discours du 1er Décembre 1867. Les derniers Discours sont de 1868 et 1869 ; puis viennent la Revue de 1870, publiée à Caen pendant le siège de Paris, celle de 1871 et de 1872, et enfin celle-ci·”
94Comme nous allons le voir, ces discours constituent une source très précieuse pour l’histoire générale et en particulier l’histoire littéraire de l’Inde. La raison en est qu’il s’agit d’une époque extrêmement trouble dans le continent indien : entre autres choses, cette période a vu le bouleversement politique du pays. L’avènement des Anglais au pouvoir en 1857 et 1858 n’a pas eu lieu sans effusion de sang et destruction des bibliothèques et des monuments littéraires : des centaines de milliers de manuscrits dans les bibliothèques des empereurs mogols ou des notables et des savants furent détruits ou incendiés. Les renseignements obtenus par Garcin de Tassy pour une époque d’avant cette révolution sont d’autant plus importants qu’il s’agit d’un observateur impartial et détaché.
95Garcin de Tassy explique en détail dans ses discours combien de livres sont publiés chaque année, quels sont leurs auteurs, de quel point de vue ils les ont écrits, et quelle est la valeur de ces livres. Il faut avouer que parmi les auteurs “récents qu'il cite, plusieurs tels Sadr Uddin Khan, Ahçan Ullah Khan, Mumin Kban, Ghalib, Sahbayi, Zauc, Schah Naçir, Zafar, etc... étaient déjà décédés ; mais d’autres, bien vivants contribuaient encore abondamment au grand succès de la littérature ourdoue moderne : Saiyid Ahmad Khan, Nazir Ahmad, Zakaullah Khan, Mohammad Huçain Azad, Altai Huçain Hali, Schibli, etc...58.
96Très souvent Garcin de Tassy décrit les tendances littéraires les plus répandues ; par exemple il mentionne la prédominance du goût de la poésie. “La préférence pour la poésie est toujours la même chez les Indiens. On ne saurait les en blâmer. Aristote dit dans le chapitre 9e de sa poétique que la poésie est beaucoup plus philosophique et plus instructive que l’histoire59”
97Il indiquait que les Indiens ont besoin d’être encouragés pour suivre le progrès. Il expliquait que le mouvement de réforme religieuse de l’Hindouisme était général. Le mouvement du “Brahma Samaj’’, s’est répandu rapidement ; c’est ainsi que “le résultat pratique de la visite du balm Keschab Chandr à Allahabad a été l’inauguration d’un Brahma Samaj pour l’Inde du nord... Keschab Chandr Sen... avait posé la première pierre d’un temple d’été (Mandir Bihâri) à Benarès, ainsi qu’à Lakhnau, le 2 octobre dernier”60.
98Garcin de Tassy indique d’abord que tous les Indiens étaient opposés à l’éducation moderne, surtout à la langue anglaise, mais la présence des Anglais rendait cette langue indispensable pour la vie quotidienne. Trois universités ont été fondées à Calcutta, à Madras, et à Bombay. Les musulmans de l’Inde qui avaient autrefois le pouvoir, étaient les ennemis acharnés des Anglais, c’est pourquoi ils n’ont pas pris la peine d’apprendre l’anglais. Garcin de Tassy rendit compte du mouvement de réforme de l’éducation parmi les Musulmans et les Hindous. “Le 8 janvier 1877, Exc. Lord Lytton, vice-roi de l’Inde, a posé la première pierre du grand “Mohamadan Anglo-Oriental College à Aligarh”61.
99Garcin de Tassy énumérait chaque année presque tous les journaux et revues parus dans toutes les villes du nord de l’Inde et il donnait leurs caractéristiques ainsi que les noms de leurs éditeurs, par exemple : “L’Awadh Akhbar est un très grand journal de Lakhnau, contenant suffisamment de nouvelles et de bons articles de fond. L’éditeur connaît bien sa tâche et son style est soigné et clair”62. Combien d’imprimeries ont été fondées chaque année en Inde ? Garcin de Tassy répond aussi à cette question.
100Garcin de Tassy étudiait simultanénent les activités de l’esprit et de la littérature courante. Il a indiqué la tendance de la langue ourdoue à accueillir les mots du persan, de l’arabe, du sanscrit et même de l’anglais. Il rendait compte avec soin chaque année des œuvres nouvelles : prose, poésie, grammaire etc...
101Chaque année également il mentionnait les grandes personnalités orientalistes de l’Europe ou de l’Inde qui étaient disparues. Par exemple, en 1869 deux génies de la langue ourdoue. Le premier était Rajah Ali Beg Surur, qui était surtout renommé comme prosateur.
“C’est à lui qu’on doit le roman intitulé “Facana' - ajaib” récit de merveilles, dont la lecture charme les loisirs des Indiens, et plusieurs autres compositions du même genre. L’autre écrivain est Açad ullah Khan Ghalib, qui est mort deux mois avant “Surur”, à l’âge de soixante-treize ans et il est considéré comme le plus éminent des écrivains hindoustanis contemporains. Les Indiens considèrent ses ouvrages comme devant lui assurer l’immortalité”63.
102Garcin de Tassy a beaucoup écrit sur la religion aussi bien des chrétiens que des musulmans et des brahmanistes ; et non seulement sur la publication des ouvrages religieux ou polémiques, mais également sur la conversion d’une religion à l’autre. La conversion des hindous à l’Islam était très fréquente ce qui n’était pas considéré comme étonnant par Garcin de Tassy.
103Les discours de Garcin de Tassy renferment d’autres renseignements intéressants :
‘‘Après la prise de Delhi en 1858, les Anglais voulurent reconvertir la grande mosquée de cette ville en une église”64
104On sait que les Anglais avaient besoin d’argent à ce moment-là. C’est ainsi qu’ils permirent aux musulmans de racheter cette mosquée. Il signale que l’empereur Bahadur Schah II était un calligraphe et que ses œuvres ornaient la grande mosquée. Il parle de certains manuscrits de la bibliothèque à Londres, East India House Library, qui semblent avoir disparu depuis :
“la bibliothèque de l’East India House contient... 8.000 manuscrits. L’hindoustani y est largement représenté... c’est là que se trouve le fameux manuscrit du Coran écrit en caractères cufiques par le Khalife Osman, manuscrit dont de nombreux autographes et sceaux de monarques orientaux augmentent l’inappréciable valeur, et une portion du même livre sacré des musulmans écrite par Ali lui-même et enrichie du sceau de Timour et d’une note de Schahjehan, apprenant qu’il avait acheté son manuscrit (pour) 1,500 muhars, c’est-à dire 60.000 francs”65
105De même dans le discours de 1859, parlant des nouvelles publications, il écrit :
“ainsi... à Calcutta, M. S. W. Fallen d’Ajmir a publié un dictionnaire anglais hindoustani des termes de loi et de commerce” ; puis il ajoute cette note : “cet orientaliste est le même qui a traduit en collaboration de Karim Uddin, mon Histoire de la Littérature Indienne”66
106Mais c’est là une erreur de la part de Garcin de Tassy, car, comme nous l’avons déjà signalé en parlant de la traduction de cet ouvrage de Garcin de Tassy par Karim Uddin, le titre porte aussi bien en anglais qu’en Ourdou la précision qu’il s’agit de F. Fallon”. et non pas de “S. W. Fallon”.
107Garcin de Tassy aimait la vérité et n’hésitait pas à critiquer même ses propres professeurs quand ceux-ci déviaient du chemin de la rigueur scientifique. C’est ainsi qu’il juge l’un d’entre eux :
“Langlès était très érudit ; on peut lui reprocher d’avoir quelquefois travaillé légèrement pour céder aux instances de ses éditeurs. J’ai suivi avec fruit son cours en même temps que celui de mon principal maître, ami et patron littéraire, Silvestre de Sacy”67.
108Il est toutefois à regretter que Garcin de Tassy n’ait pu connaître que quelques régions de l’Inde : d’immenses parties de ce pays lui échappèrent en raison du manque de correspondants et de sources de renseignements. Il a également connu le conflit entre l’hindi et l’ourdou mais il a préféré à l’hindi l’ourdou et s’est surtout dévoué à l’illustration de cette langue.
109Parfois il a commis des fautes dans les noms propres et les noms de lieux. Il a confondu certains mots ; par exemple dans le cinquième discours, il a écrit deux fois le nom “Caim”, comme s’il s’agissait de deux personnes, mais “Caim” était le célèbre historien littéraire et poète ourdou. Quelquefois même il est tombé dans des erreurs d’attribution : en 1874 il a mentionné le “Nauratan”, (il s’agit probablement ici de l’ouvrage de Ranguin), mais ce n’est pas exact parce que “Nauratan” est de “Mahdjour”68
110Dans le discours de 1856, il a indiqué pour Makhzan-Nikat “ la date 1168 de l’Hégire, et pour le Tazkara-I-Shorisch ” celle de 1178. Mais à la page 78, il a donné une date différente de Tazkira-I-Schorisch, 1193 de l’Hégire69, ce qui n’est pas correct.
111Ces discours ont attiré l’attention des Indiens. Dans son discours de 1872, Garcin de Tassy lui-même dit :
“J’y suis encouragé en réalité par l’accueil bienveillant que mes revues reçoivent non seulement en Europe mais dans l’Inde où on en donne habituellement des traductions partielles dans les journaux indigènes. Ainsi on a reproduit plusieurs pages de ma revue de 1871 dans l'Akhbar-ul Akhyar de Muzzafarpur du 15 juillet dernier et dans l’Akhbar-I-Andjuman-I-Pundjab du 9 août, d’après la traduction anglaise de Mr. Ed. Drummond”70
112Par la suite on a traduit la totalité des discours en trois volumes. Voici les détails :
113Volume I en 1935 à Aurangabad (1850 à 1869, 813 pages)
114Volume II en 1943 à Delhi (1870 à 1873, 406 pages)
115Volume III en 1943 à Delhi (1874 à 1877, 394 pages).
116Les six premiers discours ont éte traduits par Sayid Ross Maçoud. Les discours 7, 8 et 9 furent traduits par Abdoul Basit (un collaborateur du quotidien anglais, Bombay Chronicle). Le cinquième par Madame Pickthal, et c’est cette version de la deuxième édition qui fut incluse dans l’édition ourdoue. (Je pense que Madame Pickthal, une Anglaise n’a fait que la traduction en anglais, et que de l’anglais une tierce personne l’a traduite en ourdou pour cette édition). Les discours 10 à 19 furent traduits par Yusuf Huçain Khan (alors Professeur à l’Osmania University d’Hyderabad et actuellement pro Vice-Chancellor de l'université d'Aligarh). C’est lui également qui a traduit les discours pour 1870 à 1872. Les discours 1873 et 1874 furent traduits par le professeur Aziz Ahmad de l'Osmania university et enfin les discours de 1875 à 1877 furent traduits par Akhtar Huçain Raipuri (qui fut représentant du Pakistan auprès de l'Unesco à Paris.)
117Dans cette traduction, de rares fois, il y a des notes émanant des traducteurs ou d’autres, pour corriger quelques fautes de l’original.
118C’est le grand professeur Abdoul Haq (âgé en 1960 de 90 ans) qui a édité ces trois volumes.
119Dans l’introduction du 1er volume, l’éditeur écrit :
“Enfin je vais dire quelques mots de ces discours qui se présentent pour la première fois en langue ourdoue. Il faut les considérer comme une partie de l’histoire de la littérature ourdoue... là on trouvera des renseignements qu'on ne rencontrera nulle part ailleurs dans aucun autre ouvrage ni aucune autre histoire. Dans ces discours il y a quelque fois des erreurs qui étonnent le lecteur, mais ces défauts légers ne diminuent nullement la grandeur et l’importance de cette œuvre. En lisant ces discours, il devient évident qu’il avait l’amour de la langue ourdoue. Il la considère comme la langue progressiste et la langue commune de l’Inde. Il la défend toujours contre l'hindi, et se montre ardemment désireux de sa prospérité et de son développement. En deuxième lieu, il ressort qu’il est chrétien fervent : il mentionne les activités des missionnaires chrétiens avec beaucoup d’enthousiasme et désire la diffusion de la religion chrétienne. La troisième remarque à faire, c’est qu’il considère le gouvernement anglais comme une bénédiction et un bien-être pour l’Inde... et il ne s’en cache pas... C’est l’ironie du destin que d’être obligé de recourir pour connaître le développement de notre langue à un français qui s’en était occupé il y a 85 ans. Il y a plusieurs lacunes dans notre histoire littéraire qui se comblent grâce à cette traduction. Garcin de Tassy était certainement un grand homme. Il eut aussi une longue vie. Il mourut en 1878 à l’âge de 84 ans. Et il consacra toute sa vie à des lectures scientifiques et des compilations d’ouvrages. Son penchant pour la langue indienne était un véritable amour. Son œuvre est si considérable qu’elle restera pour toujours vivante dans notre langue”71
120Abdoul Wadood, savant de l’Inde, est d’avis que les discours de Garcin de Tassy sont plus importants que ses autres ouvrages, plus même que son Histoire de la Littérature Hindoustanie ; parce que si l’intérêt de son Histoire dura longtemps, aujourd’hui presque tous les “tazkiras” qui étaient ses sources sont déjà publiés ou vont l’être. En outre, un dictionnaire alphabétique ne suffit pas pour décrire l’histoire littéraire au 19 ème siècle.
121Nous savons qu’on a beaucoup parlé de ces discours en Inde. Leur retentissement ne fut pas moins grand en Occident. Par exemple Barthélemy Saint-Hilaire publia, sur ce sujet, un grand “article”, qui parut dans trois numéros du Journal des Savants. En effet dans les numéros de 1875 (mai, pp. 285 à 298, juin, pp. 349 365, juillet, pp. 420 à 437) il résuma le contenu des discours de 1850 à 1869, ainsi que celui de 1874. Parfois il a ajouté des observations ou des renseignements supplémentaires qui méritent d’être notés. Ainsi par exemple il écrit :
“dans un certain nombre d’écoles et d’établissements préparatoires du Royaume-Uni il faut subir des examens sur cette langue pour obtenir des emplois dans la grande colonie de l’Est. A Oxford, à Cambridge, à Londres, à Dublin on l’enseigne régulièremont, et les élèves qui se forment à ces écoles portent leur savoir dans l’Orient, où ils se perfectionnent en remplissant les fonctions publiques dont ils se sont rendus dignes, ou bien se dévouant à la philologie plus encore qu’à leur carrière, ils publient sur l’hindoustani et ses différents dialectes les recherches les plus utiles et les plus neuves. C’est là une seconde moisson que M. Garcin de Tassy prend soin de recueillir en Europe, et qu’il joint à celles des ouvrages indigènes”.72
122Ou encore :
“On invoque les jugements et les solutions du professeur de Paris (dans l’Inde). C’est ainsi que le discours de 1869 où M. Garcin de Tassy donnait autrement la préférence à l’ourdou sur l’hindi a été traduit dans Aligarh·Akhbâr (le nouvelliste d’Aligarh) et dans le Tahzib de Lakhnau”73
123“De même, la revue de M. Garcin de Tassy pour 1871 a été traduite en grande partie dans l'Akhbar Ul Akhyar de Mouzaffarpoure du 15 juillet 1872. et dans l’Akhbar-I-Andjumav-I-Panjab, du 9 août de la même année”74.
124Un autre renseignement est le suivant :
“c’est en 1828, sous le trop court ministére de M. de Martignac que fut créée la chaire d’hindoustani à l’école des langues orientales tout exprès pour Garcin de Tassy. L’illustre Silvestre de Sacy avait demandé et obtenu cette fondation pour son élève qu’il avait sur le champ distingué, et dont l’avenir scientifique lui paraissait dès lors complètement assuré. Le maître ne s’était pas trompé, et voilà près de cinquante ans que M. Garcin de Tassy s’est voué à l’enseignement de l’hindoustani”75.
125Le conflit entre l’ourdou et l’hindi a intéressé tellement Saint-Hilaire qu’il lui consacre trois pages entières, 295 à 298. De même la presse indienne : il cite les noms d’un grand nombre de villes pour mentionner les journaux paraissant dans chacune d’elles. Il signale également les écoles et d’autres institutions scientifiques relevant des religions existant en Inde ; il parle évidemment du christianisme avec beaucoup de détails. Mais il nous sera permis de dire qu’il se contredit un peu lorsqu’il parle de l’écrasement plus que probable de l’Islam devant l’assaut du christianisme, et plus loin de la fermeté inébranlable de l’Islam. Voici les deux passages :
- Les faits multipliés que M. Garein de Tassy recueille si soigneusement chaque année en étudiant le mouvement littéraire, démontrent surabondamment que le brahamanisme et le mahométisme éprouvent un ébranlement profond, et que, sans avoir rien à craindre dès à présent, ils se sentent minés à la fois dans leur propre sein et par l’ascendant irrésistible de la civilisation chrétienne appuyée sur des dogmes meilleurs, sur des mœurs plus pures et sur des institutions mille fois plus bienfaisantes”76.
- “L’Islam ne cherche point à se réformer ; et il est si loin d’en sentir le besoin, qu’au contraire il s’affermit de plus en plus dans sa foi par la controverse avec les autres religions et surtout avec la religion chrétienne... M. Garcin de Tassy a donné l’analyse de l’ouvrage d’un certain musulman sur la Bible et l’Evangile qui ferait honneur aux esprits les meilleurs et les plus impartiaux parmi nous. L’auteur est Saiyid Ahmad Khan”77
126Dans le rapport annuel de la Société Asiatique pour l’année 1872-73, par Ernest Renan publié dan le Journal Asiatique de juillet 1873, est mentionnée la revue annuelle de Garcin de Tassy traitant de la concurrence d’emploi entre les écritures arabe et nâgarî pour la langue hindoustanie.
127Renan dit :
“notre vénéré doyen prend partie dans ces lettres avec la vivacité d’un habitant de l’Inde ; il est décidément pour le bon hindoustani appelé Urdu, et contre les prétentions de l’alphabet devnagri”78.
128Dans le rapport annuel de la Société Asiatique pour l’année 1874-75 par Renan, publié dans le Journal Asiatique 1875, on trouve encore une mention élogieuse des discours annuels de Garcin de Tassy et Renan ajoute :
“Il a eu l’heureuse idée de réimprimer toutes ses revues depuis 1850, date de l’ouverture de son discours, jusqu’à 1869. On ne saurait concevoir un ensemble de faits plus instructifs présentés avec plus d’intérêt et plus de sincérité. Le parfait abandon avec lequel ces morceaux sont écrits est bien préférable à une rédaction plus artificielle, plus châtiée où les exigences littéraires entraîneraient des sacrifices aux dépens de la simplicité et du naturel”79.
129Dans le rapport annuel de Kenan pour 1876-77 (Journal Asiatique de juillet 1877) il est question de la publication du premier fascicule du dictionnaire français-hindoustani et hindoustani-français rédigé par Deloncle sous la direction de Garcin de Tassy. Concernant la revue annuelle de Garcin de Tassy Renan écrit :
“Le rapport annuel de notre vénéré président, sur le mouvement actuel des études et des idées dans l’Inde, continue d’offrir le même intérêt de curiosité. Je ne connais pas de lecture mieux faite pour donner l’intuition claire de ce qui se passe dans un pays asiatique, resté dans ses vieilles ornières, quand la liberté européenne lui est octroyée. La discussion religieuse, assujettie par l’autorité supérieure aux lois d’une mutuelle tolérance, s’offre en particulier dans l’Hindoustan sous un aspect qu’elle n’a sûrement jamais présenté jusqu’ici en Asie”80.
130Dans son rapport pour 1877-78 (Journal Asiatique de juillet 1878) Renan affirme que Garcin de Tassy est aussi bien informé que le mieux informé des anglais habitant à Calcutta81.
131Les revues annuelles de Garcin de Tassy sont très précieuses et importantes, parce qu’il a tiré ses matériaux des gazettes officielles, des hebdomadaires, des revues mensuelles, des catalogues de différentes librairies et des lettres reçues personnellement. A présent il est impossible de retrouver tous ces matériaux : beaucoup sont perdus et le peu qui subsiste est tellement dispersé qu’il est bien difficile de le recueillir. Ses revues préservent des détails exacts, littéraires, politiques et sociaux, sur le dix-neuvième siècle en Inde.
132— Les auteurs hindoustanis et leurs ouvrages d’après les biographies originales, 2ème édition, 1868, 111 pages.
133Il s’agit en fait de la réédition du discours d’ouverture du cours d’hindoustani à l’Ecole des langues orientales vivantes pour la cinquième année, discours qui eut lieu le 4 décembre 1854. On sait que la collection de ces discours pour les années 1850 à 1869 fut publiée par la suite sous le titre, “la Langue et la Littérature Hindoustanies”. Là, on trouvera ce discours aux pages 37 à 59. Mais Garcin de Tassy avait révisé cet important discours et la publication de 1868, comporte de nombreuses corrections et additions.
134Il commence cette publication par une brève histoire de la langue hindoustanie, disant comment le sanscrit fut transformé d’abord en pracrit, puis en Braj Bhakha et finalement en deux dialectes, ceux du nord et du sud du pays, appelés respectivement l’hindoustani et le dakhni. Cette description historique s’étend sur 17 pages dans la 2ème édition. Ensuite il donne toute une liste des dictionnaires biographiques des auteurs, et ne mentionne pas moins de 76 ouvrages. Nous n’avons pas à les citer ici mais nous ne pouvons nous empêcher d’admirer quelles vastes ressources furent à sa disposition déjà il y a près d’un siècle.
135Ensuite en une vingtaine de pages, Garcin de Tassy parle des écrivains mentionnés dans les biographies originales qu’il vient de citer. Evidemment il y a beaucoup de noms et peu de détails sur les vies et les œuvres. Toutes les fois qu’il y a des curiosités, il les met en relief pour ses lecteurs européens : par exemple les poètes hindoustanis d’origine européenne, les femmes composant des vers et ainsi de suite. Il faut se rappeler qu’il ne s’agit ni d’une histoire de la littérature ni d’un dictionnaire biographique mais simplement d’un discours sur l’ensemble des grands poètes de la langue hindoustanie.
136Ensuite il décrit les ouvrages mentionnés dans ses sources. Ce chapitre, qui s’étend des pages 75 à 111, termine le livre. Dans cette partie de son ouvrage, il décrit d’abord, les différents genres de poèmes : selon la forme ainsi que selon le nombre des vers dans chaque poème, etc. Il les compare avec les genres poétiques connus en Europe. Les collections des poèmes d’un auteur, appelées “Diwan ou Kūllivât,” sont plutôt une spécialité orientale. Nous n’avons pas besoin de rappeler que la poèsie a des traits particuliers selon qu’on étudie l’hindi ou l’ourdou : l’hindi s’inspire du sanscrit et de la culture hindoue tandis que l’ourdou reflète les modèles persans et arabes, avec beaucoup d’éléments de la culture islamique. En dehors des œuvres originales, il y a aussi des traductions, non seulement des langues classiques comme l’arabe et le sanscrit, mais également de diverses langues de l’Inde : tamoul, bengali, marathi, etc. ; il y a aussi des œuvres européennes, surtout anglaises qui ont été traduites.
137Dans cette même partie de son ouvrage, Garcin de Tassy prend soin de ne pas négliger l’œuvre des missionnaires chrétiens. On sait qu’en 1829, la traduction du Coran par Abdoul Qadir fut imprimée à Hugly (près de Calcutta) ; et l’époque retentissait des polémiques entre les musulmans et les prêtres chrétiens. Ne nous étonnons pas si d’un côté Saiyid Ahmad Khan entreprend la traduction de la Bible à partir de l’hébreu, étant un “commentateur musulman de la Bible”, tandis que de l’autre côté les missionnaires américains presbytériens publient à Allahabad en 1844 une édition du Coran.
138Il termine cet ouvrage par quelques mots sur l’imprimerie (qui commença à Delhi en 1837) et sur la presse, c’est à dire les journaux et les périodiques, chose qui était inconnue dans l’antiquité. Il souhaite qu'on se procure les journaux indigènes en Europe, pour être au courant de ce qui se passe dans l’Inde.
139Nous tenons à signaler qu’il existe une traduction ourdoue de cet ouvrage publiée à Delhi. Garcin de Tassy lui-même non seulement l'a confirmé, mais a indiqué également la date approximative de la publication. En effet dans le 7e discours prononcé le 4 décembre 1856, il précise :
“Oserai-je ajouter à cette nomenclature... la traduction qui vient d'être publiée à Delhi, en dialecte urdu, par Muhammad Zakaullah, de ma Notice des biographies originales des auteurs qui ont écrit en langue indienne ou Hindoustanie, dont j’ai reçu il y a trois jours seulement quelques exemplaires. J'avoue que c’est une grande satisfaction pour moi que de voir mes modestes travaux sur la belle langue de l’hindoustani appréciés par les Indiens eux-mêmes. Ce n’est pas, au surplus, la première fois qu’ils obtiennent l’honneur d’être reproduits en hindoustani : il a paru aussi à Delhi, il y a quelques années sous le titre de Tabacat-i-Schu’ara-e-Hindi (Rangée des poètes indiens), une traduction de mon Histoire de la Littérature Hindoustanie”82.
140La traduction ourdoue porte le titre taḏkira mukhtaṣar aḥwāl-i hindī, imprimée dans le matha ‘mazḥar al-‘adjā’ib ; [v] et au début de l’ouvrage on lit :
“L'original est en français. Un savant, ayant lu ce texte important, l’a traduit en anglais puisque c’est un ouvrage qui mérite d’être connu des Indiens afin que ceux-ci n’en soient pas privés. Moi, l’humble Mohammad Zakaullah, je le traduis en ourdou”.
141Mais il n’indique ni le nom du traducteur ni si cette version anglaise fut imprimée.
142En étudiant cette traduction, qui n’a que 18 pages, nous avons vu qu’il s’agit uniquement de la deuxième partie, ayant trait à la liste des dictionnaires biographiques.
143En comparant le texte avec cette traduction de Zakaullah, nous avons constaté que le sens de l’original a été bien conserve ; le traducteur a simplement supprimé les quelques notes explicatives qu’on trouve en bas de page dans l’édition française.
144Garcin de Tassy ayant parlé d’un certain Moti Lal Kayath (voir page 47), le traducteur ourdou a ajouté une petite note personnelle que nous citons :
“Moti Lal, d’origine kashmirienne, est l’èlève de notre école. Il est habitant de Delhi. Probablement il n’a traduit en ourdou ni le Serv-i-Azad ni le Goulistan. Il a traduit certains ouvrages de l’anglais en ourdou”83.
145— Notice des biographies originales des auteurs qui ont écrit en en langue indienne ou hindoustanie lue à l’académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1856, 28 pages.
146Il existe plus de 60 tazkiras, ou dictionnaires biographiques des auteurs hindoustanis. Ces ouvrages sont importants, bien qu’encore négligés, pour l’histoire de la littérature de l’Inde. Ces dictionnaires sont modernes. Le plus ancien est du milieu du 18e siècle. Après ces quelques mots d’introduction, Garcin de Tassy donne une description de tous ces dictionnaires par ordre chronologique, commencant par le Nikat ut Schu'ara de Mir Mohammad Taqi, pour terminer par les anthologies de poèmes, en signalant l’importance bibliographique des catalogues de bibliothèques.
147Ce discours constitue en quelque sorte un résumé de l’introduction du grand ouvrage de Garcin de Tassy sur l’histoire de la littérature et il est à l’intention des non-spécialistes.
148Nous devons signaler que les mêmes renseignements se retrouvent dans Les auteurs hindoustanis et leurs ouvrages d’après les biographies originales, publié dans la Revue Contemporaine 1855, dont nous avons parlé ailleurs. On trouve ces renseignements également dans le cinquième discours annuel à l’ouverture de son cours à l’Ecole des langues orientales 1854.
(d) Chrestomathies
149— Chrestomathie hindoustani (urdu et dakhni) ά l'usage des élèves de l'Ecole royale et spéciale des langues orientales vivantes, Paris, 1847, 128 pp.+ 104 pp.
150Dans l'introduction, Garcin de Tassy signale que cet ouvrage a été préparé sous sa direction en partie par Théodore Pavie et en partie par l'Abbé Bertrand. Et c’est ce dernier qui a en outre corrigé les épreuves. Pour les sources il indique qu’à l’exception de dix anecdotes, qui ont été placées en tête du volume ainsi que du chapitre sur le Coran, tous les morceaux cités ici sont tirés d'ouvrages inédits. Pour le chapitre sur le Coran inclus ici, Garcin de Tassy ne mentionne pas le nom de l’auteur mais selon toute vraisemblance, il s'agit de la traduction de Abdul Qadir, publiée par Sayid Ahmad Schahid à Calcutta. Les morceaux choisis pour cette chrestomathie sont à la fois dans le dialecte du nord et dans le dialecte du sud ; une partie est en prose, et une partie en vers. L'ouvrage contient un long vocabulaire de 104 pp. pour expliquer en français presque tous les mots employés dans le texte. On y a signalé l'origine des mots, s’ils sont arabes, persans, turcs ou sanscrits etc... mais pour les mots d’origine sanscrite il n’a pas été jugé nécessaire de les donner en même temps en caractères devanagaris.
151Il y a une variété de sujets traités dans les morceaux choisis : histoire, roman, sociologie, texte religieux (le Coran) etc... Le texte est assez bien imprimé, mais il n’est pas vocalisé.
152Il y a quelques fautes d’impression dans le texte ; de rares fois également dans le vocabulaire, par exemple, à la page 118 le mot kamānā [vi] est traduit par “perdre” alors qu’il veut dire “gagner”
153—Hindi Hindui Muntakhabât : Chrestomathie hindi et hindoui à l'usage des élèves de l’Ecole spéciale des langues orientales vivantes près de la Bibliothèque Nationale, Paris, 1849 IV+ 140+ 144 pp.
154Dans cet ouvrage, qui fut le premier publié en France pour l'usage des étudiants de l'hindi, il y a non seulement des morceaux choisis en caractères devanagaris s'étendant sur 140 pp. mais aussi un vocabulaire complet qui remplit 144 pp., expliquant en français les mots employés dans le texte. Quelquefois a été ajouté l’équivalent des mots hindis en caractères arabes, surtout lorsqu’il s’agissait de mots d’origine persane ou arabe. Dans l’avertissement, Garcin de Tassy a signalé que le vocabulaire a été préparé par Ed. Lancereau, et que lui-même a corrigé les épreuves de tout le volume.
155Cette Chrestomathie se compose d’un certain nombre de morceaux aussi bien en prose qu’en poésie pour la plupart inédits à ce moment-là. Il s’agit de :
156Prose :
- La dix-septième histoire du singhâçan-battîcî
- Deux Extraits du Râjnîti.
- Cinq fables de l'Hitopades.
- Le chapitre LV du Prem Sâgar.
- La vie de Jayadêva, auteur du Guita-Govinda.
- Cinq extraits de la rédaction inédite du Bhakta-Mal.
157Poésie :
- Anecdotes en vers extraites de la vie de Pîpâ, du Bhakta Mâl de Nârâyan-Das.
- Description du Kaliyug ou de l’âge de fer.
- Deux extraits de l’Uscha-Charitr.
- Enfin, l'épisode de Sakuntala, d’après la version hindouie du Mahâbhârat.
(e) Dictionnaire
158—Dictionnaire hindoustani-français et français-hindoustani suivi d'un vocabulaire mythologique, historique et géographique de l'Inde, publié sous la direction de Garcin de Tassy par François Deloncle, 1876, pp. XII + 32.
159Rattaché à la fois au sanscrit et à l'arabe-persan, le vocabulaire de l'hindoustani est très riche et susceptible de développements considérables pour créer les nouveaux mots et les termes techniques nécessaire à une langue vivante. Malgré ces qualités intrinsèques, cette langue n’a jusqu’à présent jamais trouvé de milieu favorable à son épanouissement naturel. Lors de sa naissance c’était le persan qui dominait la cour impériale ainsi que la plume des savants. Pour détacher les habitants de leur héritage culturel, les Anglais favorisaient cette langue au début de leur domination, mais bien vite elle fut remplacée par l’anglais dans la partie du pays appelée “Inde britannique,” et qui comportait les trois cinquièmes de l'Inde. Dans le reste du pays, la soi-disant Inde-indienne il y avait plusieurs centaines d’Etats, plus ou moins grands, plus ou moins indépendants. Dans certains de ces Etats, comme le Haiderabad, le Kaschmir, le Bhopal, le Rampur, pour ne parler que des plus grands (le Kaschmir et le Haiderabad avaient chacun une superficie aussi grande que celle de l’Italie), l’hindoustani était la langue officielle depuis l’abolition de l’empire mogol. On y cultivait donc cette langue. On sait qu’à l’Université Osmania d’Haiderabad, une dizaine de Facultés donnaient l’enseignement moderne jusqu’au diplôme de doctorat en se servant de l’hindoustani. Mais cette situation n’a pas duré, et depuis le rattachement de l’Haiderabad à la République indienne, c’est l’anglais qui a remplacé l’hindoustani même à 1’Université de Haiderabad.
160Malgré les conditions historiques peu favorables à son épanouissement, cette dernière langue s’est imposée au monde savant, et il n’y a pas d’exagération à dire qu’après l’arabe et le persan, c’est l’hindoustani qui est la langue la plus riche du monde musulman.
161Au dix-huitième siècle les européens ont essayé de coloniser l’Inde. Ce furent les Français et les Anglais qui eurent le plus de succès. Ne nous étonnons donc pas que ce soient ces deux peuples qui aient produit le plus de travaux sur cette langue. Dans l’introduction à l’ouvrage que nous analysons, Garcin de Tassy nous dit :
“La France qui fut la rivale de l’Angleterre dans l’Inde alors qu’elle y était représentée par Labourdonnais et Dupleix, avait senti dès cette époque l’importance de l’hindoustani, ce qui était d’autant plus naturel que ce fut dans le Dakhan, patrie de Wali, “père de la poésie hindoustanie”, comme on le nomme, qu’ils obtinrent leurs beaux succès. Bien avant les publications anglaises, Anquetil du Perron, pendant son séjour à Surât avait composé un dictionnaire hindoustani, élémentaire, il est vrai, qui existe en manuscrit à la Bibliothèque Nationale. Quoique l’Angleterre ait naturellement devancé la France dans la culture de l’Hindoustani, qui lui était devenu si nécessaire, et que, dès 1796 le célébre Gilchrist eût publié sa Grammaire, trésor de riches données et son Dictionnaire anglais d’Hunter et Taylor, et en 1817 celui de Shakespear, fondé sur le premier, cependant en 1828 l’éminent orientaliste Silvestre de Sacy, qui avait particulièrement connu Anquetil du Perron, qui était convaincu du puissant intérêt qu’avait la France à s’occuper de cette langue, obtint du gouvernement royal la création d’une chaire d’Hindoustani à l’école de3 langues orientales vivantes, dont il était administrateur. Avant même cette époque nous avions formé, Eugène Burnouf et moi, le dessein de publier le Dictionnaire d’Anquetil du Perron ; mais d’autres travaux ne nous permirent pas de donner suite à cette idée ; et je me bornai à publier alors les “Rudiments de la langue Hindoustanie” pour inaugurer en France l’enseignement de cette langue usitée presque partout dans l’Inde, et même dans toutes les villes de l’Asie et de l’Afrique fréquentées par les Indiens”84. “Notre but a été de publier le dictionnaire Hindoustani le plus complet qui eût encore paru jusqu’à ce jour : aussi avons-nous voulu faire à la langue parlée une place égale à celle de la langue écrite. En suivant cette méthode nous avons dû exclure du vocabulaire les expressions arabes et persanes trop inusitées dans la langue usuelle, admettre par contre beaucoup de termes reçus par l’usage général quoiqu’appartenant à des patois et dialectes différents de l’hindoustani proprement dit ; et pour appuyer par des exemples les sens des nouveaux termes introduits, nous avons prodigué les citations de fragments d’auteurs classiques, de chants populaires, proverbes, dictons astronomiques, prédictions astrologiques, énigmes, formules divinatoires. Il nous a paru utile de faire suivre le dictionnaire hindoustani-français d’un court vocabulaire mythologique, historique et géographique, qui épargnera au commençant des recherches souvent difficiles et toujours très longues”85.
162D’abord le mot est donné en caractères arabes, puis en transcription latine, et il est suivi de l’équivalent français. Dans les mots d’origine sanscrite ou hindie, on donne également la transcription dévanagarie.
163Il est de notre triste devoir d’ajouter qu’on n’a pas publié plus de trente deux pages de ce dictionnaire.
164Nous ignorons si le manuscrit existe encore. Il est également triste de constater que personne n’est revenu sur ce travail après qu’on eut publié ce fascicule en 1876. Espérons que la présente génération aura le désir comme les moyens de combler cette lacune dans les instruments d’étude philologique en français, et que la remarque suivante de Garcin de Tassy sera enfin prise en considération pour remédier à l’état de choses qu’elle évoque : Des grandes langues de l’Orient, l’hindoustani est encore l’une des moins connues en France”86.
(f) Rhétorique
165—Rhétorique et prosodie des langues de l'Orient musulman, publié en série dans le Journal Asiatique, 1844 à 1848.
166Après avoir publié cet ouvrage, qui est la traduction d'un livre persan, Garcin de Tassy l’a réédité, sous forme d’un livre à part, avec des corrections et des additions en 1873. Cette deuxième édition retiendra notre attention pour les remarques que nous allons faire.
167C’est un grand travail d’environ 450 pages. Garcin de Tassy y traite un sujet qui était à peu près inconnu jusqu’alors dans le monde savant de l’Occident.
168Les Arabes ont toujours été très fiers de leurs belles lettres, à tel point qu’ils désignaient tous les non-Arabes par le mot ‘adjam qui signifie “muet”, tandis qu’eux-mêmes s’appellent arabes c’est-à dire “qui s’expriment bien”. Il se peut qu’ils aient, lorsqu’ils ont commencé la vie de civilisation en embrassant l’Islam et en renonçant à la vie de l’ignorance et du nomadisme, emprunté aux Grecs ; mais dans bien d’autres domaines de la science les Arabes ont contribué d’une façon tout à fait originale aux lettres, y compris la rhétorique et la prosodie, et les ont portées à un niveau très élevé. On peut s’en rendre compte d’un côté par le fait que bien des nations possèdant une culture et des traditions millénaires (comme les Persans et les Indiens surtout musulmans) ont adopté presque sans changement la métrique arabe et d’autre part en ce que les Occidentaux n’ont pu que s’émerveiller devant le haut niveau de la science arabe, Une seule citation peut-être nous suffira. Garcin de Tassy en traduisant l’ouvrage “Hadavic ul Balâgat” hadā’iq al balāgat, commence ainsi :
“Cet ouvrage (Mukhtasar-ul-maani) a été imprimé à Calcutta, par les soins de Th. Lumsden en 1813 in-4o. Ce qu’en dit l’éditeur peut s’appliquer, à bien plus forte raison, au texte persan d’après lequel j’ai fait mon travail : It cannot be read in the original, without exciting in the mind of the reflecting reader, a very favourable impression of the state of perfection to which a science of Rhetoric has been carried by the Arabs”87.
169L'ouvrage persan que Garcin de Tassy traduit traite des sujets suivants :
- L’exposition (bayān) [vii]
- Les figures (badī‘) [viii]
- Les métriques (‘arud) [ix]
- La rime (qāfiya) [x]
- Les énigmes et les logogryphes (mu'amma) [xi]
- Les plagiats (sarqāt) [xii]
170Pour se rendre compte de l’immensité du travail, il suffit de signaler que la première partie se répartit en quatre chapitres dont le premier a six sections et le deuxième quatre ; la deuxième partie est également divisée en deux chapitres : le premier a 32 sections et le deuxième 27 ; la troisième partie à 5 chapitres, la quatrième 3 chapitres.
171Garcin de Tassy ajoute à cette traduction un ouvrage qui s’appelle “Prosodie des langues de l’Orient Musulman”. Après quoi il ajoute encore, sous forme d’un appendice, son travail intitulé “Observations particulières à l’Hindoustāni A la fin de l’ouvrage il donne sous forme de table l’index alphabétique des termes techniques en arabe.
172Nous citerons quelques passages de l’Avis préliminaire :
“Je traduis ici en français cet ouvrage, qui n’a jamais attiré l’attention particulière d’aucun orientaliste, ce qui le rend entièrement neuf pour les Européens. Ma traduction, quelquefois un peu libre, pour être intelligible, offrira quelques coupures, et sera parfois un peu abrégée, afin que mon travail ait le moins d’étendue possible. C’est uniquement par cette considération que j’ai retranché beaucoup de citations, m’étant généralement fait une loi de ne donner qu’un seul exemple en vers à l’appui des règles, quoique dans l’original il y en ait souvent plusieurs.
J’ai déplacé la métrique ‘arud et la rime qāflya et j’en ai fait un traité à part, dont les matériaux sont pris principalement, comme pour la Rhétorique, dans le Hidâyic-ul-Bālâgat. J’y ai ajouté mes propres recherches, et j’ai aussi profité des travaux des Européens qui ont écrit sur ce sujet. Tel qu’il est conçu, mon traité est un travail neuf ; il comble un desideratum de la littérature orientale. En effet, le premier j’ai appliqué les règles de la prosodie arabe aux diverses langues de l’Orient musulman et spécialement à l’arabe, au persan, au turc et à l’urdu ; le premier, j’ai donné de nombreux exemples, tous traduits, à l’appui des règles et pour en faciliter l’intelligence”88
173Comme Garcin de Tassy l’a dit lui-même, la traduction n’est pas rigoureusement littérale. En feuilletant, nous avons remarqué que la traduction des vers cités laisse parfois à désirer, par ‘exemple page 165 :
sakht paŕhi hai ah kahūn kis se
tudjh siwā hidjr meñ gila dil kā [xiii]
174Garcin de Tassy traduit :
175“il ne connaît que tes rigueurs. Maintenant à qui pourrai-je le dire ? Sans toi, dans l’absence il n’y a pour mon cœur que la plainte”89
176Une meilleure traduction serait :
177“C’est trop dur. Maintenant à qui, sinon à toi, pourrai-je raconter la plainte du cœur dans (mon) éloignement (de la bien-aimée”). Ou encore le vers d’Amir Khusrau :
kasī namānd ki dīgar bi-tīg-i nâz kashī
magar ki zinda kunī khalq rā u bāz kashī [xiv]
178“Il n’y a plus personne que tu puisses tuer par l’épée de ta gentillesse ; à moins que tu ne vivifies les gens et que tu ne fasses périr de nouveau”90. Il traduit tig-i nāz kashī [xv] par l’épée de ta gentillesse,” Ce qui n’est pas tout à fait correct. La plus proche traduction serait l’épée de “ta coquetterie” ou “ta manière
179En ce qui concerne les observations particulières à l’hindoustani, dans l’appendice, nous en avons déjà parlé ailleurs.
180La table alphabétique des termes techniques, de la rhétorique, avec la référence des pages où ils ont été traités est très utile. Cette liste ne comporte pas moins de dix-sept pages, 25 lignes.
181En ce qui concerne l’original persan, Hadâyic-ul-Bālâgāt, c’est l’ouvrage d’un certain Mir Schams Uddin Faqir, originaire de Delhi. On l’a publié en 1814 à Calcutta au collège du Fort William par les soins des savants Jan Ali et Abdur Rahim. L’ouvrage comporte 486 pages. A une époque telle que le début du dix-neuvième siècle, il ne faut pas s’attendre à trouver des tables de matières, encore moins des index. Mais l’édition est assez correcte et bien présentée. A la fin il y a trois pages de corrigenda.
182Le rapport annuel à la Société Asiatique par Renan, (Journal Asiatique de juillet 1873, pp. 74 et 75) parle de la nouvelle édition de cet ouvrage de Garcin de Tassy. On y lit :
“Le résumé très bien fait par M. Garcin de Tassy, a l’avantage de dispenser de donner trop de temps à des études peu attrayantes et que cependant un orientaliste ne peut ignorer”91
183—Mémoire sur le système métrique des Arabes adapté à la langue hindoustanie, 44 pages, extrait du “Nouveau” Journal Asiatique, 1832, pp. 249-290.
184Dans, cet article Garcin de Tassy s’est montré grand connaisseur de la poésie hindoustanie. Personne avant lui n’avait écrit, en Europe, sur la métrique ourdoue. La seule exception était Gilchrist qui, en 1796, avait ajouté quelques lignes sur ce sujet dans sa grammaire de la langue hindoustanie.
185Garcin de Tassy a bien observé que malgré le fait que l’hindoustani et le “hindoui’’ou “braj bhâkhâ” sont des langues presque identiques, la métrique de la braj bhâkhâ suit les règles du sanscrit, tandis que l’hindoustani suit à quelques exceptions près la métrique arabe. On connaissait bien les règles de la prosodie arabe. Dans son article Garcin de Tassy se proposait surtout de montrer les différences entre la métrique de la langue arabe et la métrique employée en hindoustani. Sans avoir eu aucun prédécesseur dans ce domaine, seul a pu mener à bien un pareil travail un savant qui avait déjà lu un grand nombre des poèmes en hindoustani.
186Dans cet article Tassy parle des licences poétiques et règles relatives à la scansion en hindoustani, qui peuvent se ramener aux licences poétiques, lesquelles se réduisent aux suivantes :
- Ajouter une lettre.
- Omettre une lettre.
- Substituer une lettre à une autre.
- Faire longue une voyelle brève.
- Faire brève une voyelle longue.
- Augmenter le nombre des syllabes dans un mot.
- Le réduire.
- Compter ou non certaines lettres dans la scansion.
187Il donne un exemple, ou plus d’un exemple, pour chacune de ces particularités. Ensuite il cite les mètres les plus usités en hindoustani, et ajoute des observations sur la rime. Il termine son exposé en parlant des principaux genres de poésies en hindoustani. Citons une remarque de lui :
“Et de même que, pour la forme extérieure, la poésie hindoustani ressemble à celle des Persans, à laquelle elle a emprunté le système métrique des Arabes ; de même, aussi, elle a beaucoup d’analogie, quant au fond, avec celle de ce peuple. Les poètes hindoustanis sont cependant loin d’avoir servilement imité les Persans comme l’ont fait les poètes turcs”92
188Ce petit travail ne fut que le début d’un plus grand qu’il publia par la suite, Rhétorique et Prosodie des Langues de l’orient Musulman, ouvrage où il traite à la fois de l’arabe, du persan, du turc, et de l’hindoustani, ainsi que nous l’avons vu.
(g) Grammaire
189Garcin de Tassy a publié plusieurs livres et articles sur la grammaire de la langue hindoustanie. En voici le détail :
- Rudiments de la langue hindoustanie 1829, 100 pp.
- Appendice aux rudiments de la langue hindoustanie contenant, outre quelques additions à la grammaire, des lettres hindoustanies originales, accompagnées d’une traduction et de facsimilés, 1833, pp. 68.
- Un article dans le Journal Asiatique, janvier 1838, pp. 66 à 108, intitulé Analyse des grammaires hindoustanies originales intitulées Sarf-e-Urdou et Cawaid-e-Zaban-e-Urdou.
- Manuel de l'Auditeur du cours d’hindoustani ou thèmes gradués pour s'exercer à la conversation et au style épistolaire ; accompagné d’un vocabulaire français-hindoustani, 1836, pp. 92 + 80.
- Corrigé des thèmes du manuel du cours d'hindoustani, 1837.
- Rudiments de la langue hindoue, 1847, pp. 100.
- Rudiments de la langue hindoustanie, 2ème éd. adaptée aux dialectes urdû et dakhnî, 1863, pp. 80.
190—Rudiments de la langue hindoustanie, 1829, pp. 100.
191Garcin de Tassy fut nommé professeur d’hindoustani à l'Ecole des langues orientales en 1828 et nous voyons que dès l’année suivante il a publié un ouvrage bien complet à l’usage de ses élèves. Il y donne les alphabets arabes et devanagaris, les règles de la grammaire et les paradigmes indispensables de verbes, ainsi que des exercices pour la lecture des manuscrits. Dans l’appendice il y a non seulement des morceaux choisis avec introduction, mais également des additions et des corrections à la grammaire.
192Il a inclu dans cet ouvrage 21 lettres, les reproduisant en fac-similé accompagnées de leur traduction. Ce sont des lettres en provenance de différentes régions de l’Inde, et comme elles ont trait à des sujets variés, elles sont propres non seulement à exercer au déchiffrement des manuscrits indiens, mais aussi à faire connaître le style épistolaire. Il existe un bref compte-rendu de cet ouvrage dans le Journal Asiatique du mois d’avril 1835, pp. 398-399.
193Dans le Journal Asiatique d’octobre 1847, Garcin de Tassy a publié un article (pp. 353 à 356) où nous lisons :
“J’ai publié en 1833, dans l’appendice à mes rudiments de la langue hindoustanie, quelques lettres hindoustanies, originales, accompagnées d’une traduction et de fac-similé. Depuis ce temps, j’ai réuni un grand nombre de ces lettres tant en caractères persans qu’en caractères nagaris... mon intention est de publier prochainement cette collection... et il m’a paru convenable de publier dans le Journal Asiatique, comme échantillon de ma collection, le texte et la traduction d’une de ces lettres
194En 1847, il publia un travail spécial sur ce qu’il appelle la langue hindouie, langue qui emploie l’écriture sanscrite. Cette langue renferme l’héritage des Indiens brahmanistes. Ne nous étonnons donc pas qu’après les règles grammaticales il y ait des morceaux choisis du Mahâbhârata et d’autres ouvrages hindous.
195Bertrand publia un compte-rendu de cet ouvrage dans le Journal Asiatique, juin 1847, pp. 548 à 552. L’auteur y parle de l’importance philologique, archéologique, théologique ou philosophique de la langue plutôt que des mérites ou défauts du travail de Garcin de Tassy. Il ajoute “toutefois, ce n’est pas là une grammaire approfondie et détaillée, ce ne sont que de simples rudiments.. mais tels qu’ils sont, ils suffisent à quiconque veut étudier une langue aussi intéressante”93.
196En 1863, Garcin de Tassy publia la deuxième édition de son travail sur l’hindoustani. Il y a beaucoup de corrections, qui rendent l’ouvrage plus utile qu’auparavant. Il faut toutefois dire qu’il ne lui reste qu’un intérêt historique, car la langue a changé beaucoup depuis l’époque où Garcin de Tassy a écrit.
197En outre, il y a un certain développement de l’orthographe aussi, qui met, maintenant, le texte hindoustani plus en conformité avec la prononciation. En effet l’alphabet arabe n’a aucun équivalent pour é ; au temps de Garcin de Tassy on ne distinguait pas entre é et i, et pour les deux on employait (xvi). Aujourd’hui on emploie (xvii) pour é, par exemple djātī hain (xviii) et djāte haiñ (xix) (le premier signifie elles vont, et le deuxième ils vont), et à l’époque de Garcin de Tassy c’était seulement le contexte qui distinguait ces deux lettres de l’alphabet. Un autre développement récent est la distinction entre le “η” ordinaire et le “η” nasal. Garcin de Tassy écrit les deux avec le même signe (xx) ; aujourd’hui pour le “η” nasal on emploie (xxi) sans point. Une autre modification est qu’à l’époque de Garcin de Tassy on écrivait (xxii) ce qu’on écrit maintenant (xxiii).
198A ces ouvrages pour étudiants que Garcin de Tassy a publiés sur la langue hindoustanie, s’ajoute son Manuel de L'Auditeur “Après huit ans du travail d’enseignement, c’est pour céder au désir que mes auditeurs m’ont souvent exprimé, dit-il, que je me suis décidé à publier ce petit volume Cet ouvrage comporte quatre parties. La première partie renferme des phrases de conversation en français, la deuxième contient treize textes de lettres et de réponses également en français ; la troisième donne le vocabulaire français-hindoustani, suivi des noms des mois, et des saisons ainsi que les noms des monnaies indiennes ; et la quatrième partie reproduit les deux premières en hindoustani. Cette dernière partie est donnée comme lithographiée en 1837 par “la Chancellerie des bateaux de la France”, donc probablement à l’imprimerie du Ministère de la Marine. Il se peut qu’elle soit de l’écriture même de Garcin de Tassy ; en tout cas elle est bien lisible. Il y a un certain nombre de fautes d’impression et de rédaction. Mais Mais on ne saurait jamais trop admirer le zèle et le résultat de ce zèle à enseigner en pionnier une langue inconnue en France.
199Signalons quelques fautes de rédaction : bhiŕ ham ko dank mārā94, il fallait dire bhiŕ ne ham ko dank mārā (xxiv) ; de même kyā farq pītal aur tañbe meñ95, il faut dire kyā farq hai pītal aur tañbe meñ (xxv), de même yih kâm karne meñ tumheñ djarīmānā alors que dene hogā96 là où yih kām karne men tumheñ djurmānā denā hogā (xxvi) serait correct.
200Encore tīr aur kamān se agle logoñ ne larā’î kī (xxvii) signifie “les anciens ont combattu” et non pas “on combattait” comme le dit la phrase dans la première partie.
201En ce qui concerne le dictionnaire, qui s'étend sur une cinquantaine de pages, il est assez exact et encore utilisable, bien que certains équivalents hindoustanis soient tombés en désuétude.
202—Analyse de grammaires hindoustanies originales intitulées Sarf-i-Urdu et Cawaid-i-Zabar-i-Urdu extrait du Journal Asiatique janvier 1838, pages 66 à 108.
203Garcin de Tassy semble avoir choisi ce sujet pour mettre en relief le fait que les conceptions grammaticales des européens et celle des savants de l’Orient diffèrent beaucoup entre elles. En effet les orientalistes qui ont publié les grammaires de la langue hindoustanie, les ont rédigées d’après le système latin. L’analyse des productions orientales peut, selon lui, former un appendice aux travaux occidentaux et même les compléter en quelque sorte.
204Le premier des deux ouvrages décrits par Garcin de Tassy, à savoir Sarf-i-Urdu est dû à Amânat ullah Shcaida et a été rédigé en 1806. L’auteur était originaire de Calcutta. Il est intéressant de signaler que cet ouvrage est en vers. On sait que les maîtres orientaux ont employé cette méthode pour que les élèves apprennent par cœur et retiennent mieux les règles. On connaît la célèbre grammaire arabe Alfiya, qui a mille vers. Le travail de Schaida est une sorte d’Alfiya hindoustani, où Garcin de Tassy a compté 1204 vers. Malgré cette longueur, l'ouvrage ne traite que de la partie étymologique de la grammaire, laissant de cote la syntaxe “sans donner la raison de cette exclusion. Garcin de Tassy trouve cet ouvrage bien facile et très clair, à un degré qu'il serait difficile d’atteindre même en prose. Il le loue surtout parce qu’il y a beaucoup d’exemples pour illustrer les règles.
205Le second des ouvrages, Cawâid-i-Zabân-Urdu, par contre est un traité complet de grammaire. Il été rédigé en prose par Bahâdur Ali Huçaini et publié, également à Calcutta, en 1829. Cet ouvrage s’appelle aussi Ricalai Gilchrist c’est-à-dire “Le traité de Gilchrist”. On ne sait pas la raison exacte de cette appellation. Garcin de Tassy dit :
“peut-être, dans l’origine a-t-il été composé d’après les ordres et sous la direction de ce savant orientaliste”97.
206Garcin de Tassy souligne également qu’il s’agit là de l’hindoustani du nord à l’exclusion du dakhni ou dialecte du sud.
207Il ne nous semble pas pas nécessaire de résumer cet article, et il va de soi que depuis sa publication plus de cent ans, la langue a beaucoup changé et plusieurs règles ne s’appliquent plus à la langue qu’on parle aujourd’hui. Mais il est un témoin de celle d’alors.
208Nous pouvons signaler que l’alphabet arabe, qui est employé en hindoustani, ne suffit pas pour représenter toutes les consonnes et les voyelles de l’hindoustani : il a fallu inventer plusieurs nouvelles lettres en vue de pallier ce défaut. Dans les exemples donnés par Garcin de Tassy nous voyons qu’il manque les deux lettres déjà signalées qui n’avaient pas encore été inventées, à savoir la nasalisation distinguée du n ordinaire ; et la lettre qui peut être transcrite en français par ê, distincte de î long.
209A la fin de l’article Garcin de Tassy parle des éléments qui n’ont point de sens du moins intrinsèque, mais sont des mots qu’on emploie en hindoustani à la suite d’autres mots, pour former des allitérations et des rimes. On pourrait appeler de tels vocables “mots écho,” Garcin de Tassy en donne quelques exemples. En général dans le deuxième not, le mot écho, on garde le premier mot avec changement de sa première lettre en o ou wa ; on aurait par exemple Paris-waris, France-wrance etc, On peut en user ainsi avec n’importe quel nom. Toutefois il est à signaler que d’autres mots écho peuvent également être employés, mais seulement en conformité avec l’usage établi· On ne peut en former de nouveaux à volonté. En ce qui concerne l’emploi de la particule wa, comme préfixe du mot écho, il est à signaler que cet emploi est celui du dialecte du nord, tandis que l’hindoustani du sud la remplace par g. A notre avis il s’agit ici du même phénomène d’alternance que celui qu’on rencontre dialectalement en Europe, par exemple les noms anglais William, Prince of Wales, deviennent en français Guillaume et... de Galles.
SECTION 2. LES TRADUCTIONS
210Garcin de Tassy, sous la direction de Silvestre de Sacy, apprit parfaitement les trois grandes langues musulmanes : l’arabe, le persan, et le turc.
211Après ces études dont l'Islam formait le lien commun, il s’occupa de l’Inde et vulgarisa en France les langues et les littératures modernes de l’Inde “hindoustanie’’ : ourdou et hindi.
212Dans la langue et la littérature hindoustanies, on trouve surtout deux catégories d’ouvrages : les poèmes et les romans ; et parmi les romans figuraient des traductions de l’arabe, du persan, du turc et du sanscrit. “Garcin de Tassy a donné un modèle des deux genres qui ont été en faveur parmi eux, le roman ou la nouvelle, et la poésie mystique, élégiaque, passionnée, sentimentale”98
213Garcin de Tassy a publié un grand nombre de traductions, d’articles aussi bien que de livres, et cela à partir de six langues différentes, ourdoue, hindie, arabe, persane, turque, et anglaise. Nous allons regrouper ces publications selon les langues. Cette division nous oblige à ne pas tenir compte des sujets. Ainsi les publications portant sur dans le même domaine, par exemple la persane, seront dispersées si les originaux proviennent de langues différentes.
(a) Traductions de l’ourdou
214Garcin de Tassy a traduit un des poèmes de Mir Taqi, intitulé tañbīh al-djuhhāl conseils aux mauvais poètes en 1825.
215Mir Taqi est un des plus grand poètes et le meilleur critique littéraire de la langue ourdoue à la fin du dix-huitième siècle. Il naquit à Agra en 1693 et y passa son enfance avec son père, le philosophe Mir Adboullah Moutaqi. A l’âge de onze ans il alla à Delhi. A ce moment-là, Delhi avait subi plusieurs invasions, celle de Nadir Schâh (roi de Perse de 1688 à 1747), celle de l’afghan Ahmad Schâh Abdali (1747-1773), et celles des Marathes, des Jât etc. Mir Taqi, sur l’invitation d’Asaf ud daula, roi de Lakhnâu, et à cause de l’incertitude et de l’insécurité à Delhi, partit à l’âge de soixante ans pour Lakhnâu, en 1793. Il y resta jusqu’à la fin de sa vie (c’est-à-dire jusqu’à 1225 de l’Hégire (1810). Il a décrit ses sentiments et sa peine d’amour avec une sensibilité qui touchent profondément tout être humain.
216Le contenu des Conseils aux mauvais poètes est simple : un certain poète Hilali se présenta au gouverneur d’Isphahan. Le gouverneur aimait beaucoup la poèsie, mais lorsque Hilali, en récitant ses poémes, commit de graves erreurs de métrique, le gouverneur lui donna de sa propre main des coups de fouet tels que le poète tomba évanoui. Revenu à ses sens, le poète tira les conséquences de son aventure, se rendit chez un maître de la poésie, acheva ses études de métrique, et quelque temps après se présenta de nouveau devant le même gouverneur. Celui-ci le traita cette fois très généreusement.
217Garcin de Tassy ajoute dans son introduction que la référence à Hilali comme exemple n’est pas heureuse, car, dit-il, Hilali est un poète bien connu et l’anecdote n’est pas mentionnée dans ses biographies.
218Nous n’avons pas trouvé à Paris ce poème en ourdou. Donc nous ne saurions rien dire sur la valeur de la traduction française, qui ne comporte que 7 pages à peine. Cette traduction donne certainement le sens du poème, et elle suffit aux lecteurs français pour leur faire connaître une œuvre d’un des meilleurs poètes de langue ourdoue.
219—Diwan Wali publié à Paris en 1833 à l’imprimerie royale de Paris, contient 144 pages de grandformat.
220Il s’agit là du travail le plus considérable qu’ait fait Garcin de Tassy pour établir un texte en ourdou. Déjà à son époque, on avait publié en Inde un nombre important d’ouvrages en ourdou. Néanmoins, il est remarquable que, malgré la grande célébrité de la poésie de Wali dans l’Inde, ce soit Garcin de Tassy qui, en excellent connaisseur de la métrique, ait le premier établi le texte poétique d’une façon satisfaisante.
221C’est longtemps après que les savants de l’Inde s’occupèrent de la publication du Diwan de Wali. La plus récente édition a été publiée à Karachi en 1954. Nous la devons à Sayed Nurul Haçan Hacshmi, qui parle également des éditions antérieures dans l’Inde. Voici ce qu’il écrit dans sa préface (voir page 7) :
“Le recueil de l’œuvre de Wali (Kulliat-i-Wali) avait été publié par Garcin de Tassy à Paris en 1833 (1249 de l’Hégire), ensuite en 1290 de l’Hégire par Matba’e Haidri à Bombay (Inde), puis par Nawal Kishore de Lakhnâu en 1295 de l’Hégire, ensuite en 1341 de l’Hégire par Haider Ibrahim Seryani à Poona et enfin en 1345 de l’Hégire par Ehçan Mahrerivi dans la série de l’Anjuman Taraqi Ourdou99
Selon les recherches récentes sur Wali par Sayed Zahiruddin et par d’autres critiques, Mohammad Waliullah (surnom poétique Wali) n’était pas d’Aurangabad mais il était originaire et natif d’Ahmadabad (Gudjrat), fils de Scharif Mohammad. Wali mourut à Ahmedabad en 1119 de l’Hégire100.
Wali a passé une grande partie de sa vie au Deccan et quand il vint à Delhi en 112 de l’Hégire, les célèbres poètes du nord (Bidil, Khan Arzu, Sa’dullah Gulschan, etc.) écrivaient la poésie en persan. Wali était un très grand érudit de son temps et à présent encore on admire et on apprécie sa poésie ourdoue. Sur ce terrain c’était un pionnier (c’est pourquoi on l’appelle “le père de la langue Ourdoue”). Il a bâti et enrichi la langue ourdoue grâce à sa poésie et il a donné l’interprétation la plus favorable des traditions littéraires de son époque.
A cette époque, le mysticisme était symbole de noblesse de pensée et de culture et il a beaucoup influencé l'érudition indienne. Le panthéisme s’étendait alors dans tous les domaines, celui de la philosophie religieuse, des mœurs, des belles-lettres et de l’érudition indienne (parmi les érudits hindous et musulmans) entre 1200 et 1300 de l’Hégire en Inde. Wali a très souvent écrit des poèmes érotiques philosophiques. On considère son panthéisme comme la base du détachement des choses matérielles et on prend ses visions profondes pour des faits réels.
L’influence de Wali sur la poésie ourdoue est immense. Il était un personnage historique et littéraire qui a inauguré et rendu courant le gazal (la poésie érotique) dans un style simple avec sensibilité et spontanéité en langue ourdoue. Et autour de lui, il y avait un cercle de poètes et d’érudits (Hatim, Abru, Mazmun, Schakir, Ehçan, Yakrang, etc.), qui ont également enrichi ses traditions. Jusqu’à nos jours l’influence de Wali a subsisté dans la langue et la littérature ourdoues.
En comparant le texte établi par Garcin de Tassy avec la troisième édition du même ouvrage dans la série de l’Anjuman Tarqi ourdou, nous constatons les faits suivants : Premièrement, on a découvert, depuis l’époque de Garcin de Tassy sur la base de manuscrits plus anciens, plusieurs poèmes qui ne se trouvent pas dans l’édition de Paris. Deuxièmement, la suite des poèmes donnée dans l’édition indo-pakistanaise diffère sensiblement de celle que préférait Garcin de Tassy.—Troisièmement, le déchiffrement et l’établissement du texte a aussi fait un grand progrès depuis l’édition de Paris.
Nous pouvons signaler des divergences de ce genre à plusieurs reprises dans chaque page. Rappelons que la langue de Wali n’est pas facile à comprendre aujourd’hui. C’est ainsi que l’édition de l'Anjuman tarqi ourdou donne en appendice 20 pages de vocabulaire pour expliquer les mots qui sont tombés désuétude. Ne nous étonnons donc pas que la différence du déchiffrement du texte affecte la compréhension, et par conséquent la traduction, du texte.
Mais cela ne signifie pas que le travail de Garcin de Tassy n’ait pas de mérite : au contraire, même les érudits indigènes s’étonnent aujourd’hui qu’un Européen qui n’a jamais visité l’Inde ait pu maîtriser une langue qui à son époque n’avait pas encore été étudiée scientifiquement
***
222Les œuvres de Wali traduites de l'hindoustani, Paris 1834, 20+68 pages de grand format avec un fac-similé hors texte donnant des spécimens de six manuscrits qui ont servi à cette édition.
223Garcin de Tassy a dédié cette traduction conjointement à Silvestre de Sacy et John Shakespeare. Dans sa préface il parle de 1’importance de la poésie dans toutes les littératures du monde, des formes de poésie les plus cultivées dans l’Inde musulmane, des particularités ainsi que de la biographie de Wali et enfin il donne la description des manuscrits sur lesquels cette édition est fondée.
224Dans le court avis qui suit cette préface, Garcin de Tassy précise qu’après avoir publié l’édition du texte original ourdou, il a fait l’acquisition d’un nouveau manuscrit,
“qui, dit-il, se trouve précisément le meilleur des manuscrits que je possède. (Il) m’a fourni les moyens de proposer quelques corrections importantes et de donner des variantes qui pourront éclairer quelques passages difficiles”.
225Il ajoute que son manuscrit n'est malheureusement pas complet :
“Ainsi il y a plusieurs poèmes, et ce ne sont pas les moins obscurs, pour lesquels je n’ai pas eu de nouveaux secours depuis la mise en lumière de mon édition. Malgré tous mes soins, il s'est glissé plusieurs fautes typographiques dans le texte de Wali ; j’engage les lecteurs à prendre connaissance de l’errata qui accompagne mon nouveau travail. J’ai exposé ailleurs les raisons qui m'ont empêché de traduire complètement les poèsies de Wali”,
226Il termine cette note par la traduction d’un vers de Wali qui s’applique également à lui-même, à savoir
“bien que je prenne soigneusement on considération la lettre, mon cœur est amoureux du sens
227La traduction est accompagnée de nombreuses notes explicatives, mais à notre avis elles ne sont pas suffisantes pour que le lecteur comprenne le sens des allusious. Par exemple à la page 1, nous lisons
“mon cœur est la Lune, et ton regard le doigt puissant de Mahomet. Par un seul coup d’œil en effet il a été fendu comme elle
228Nous ne savons pas si les. lecteurs français en général connaissent le célèbre miracle attribué au prophète du l’Islam qui put fendre la Lune d’un signe avec son doigt. Garcin de Tassy semble avoir compris le texte, qui ne porte pas le nom du prophète, mais il n’ajoute pas de note à l’intention des lecteurs non-musulmans. Certaines notes laissent à désirer : par exemple, page 3, ligne 2, sur le souffle du Messie, où il dit :
“les musulmans pensent en effet que les miracles de Jésus Christ ont été opérés par la vertu de son souffle”.
229Mais ici il y a un léger malentendu : l’expression “souffle de Jésus” se réfère uniquement au miracle mentionné dans le Coran, selon lequel Jésus fabriquait des images d’oiseaux en argile, sur lesquelles il soufflait, ce qui leur donnait vie ; le souffle de Jésus ne se réfère pas aux autres miracles du même Jésus mentionnés dans le Coran.
230A titre d’illustration, nous citerons quelques passages de Tassy qui à notre avis peuvent être améliorés. Ainsi aux pages 2 et 3 de la traduction, nous lisons :
“O toi qui couvres de honte les jardins allégoriques du paradis, depuis que tu as quitté ce parterre, il me semble être l’enfer. Mais quand ta présence s’y faisait sentir, je bénissais le pouvoir du Créateur”.
231Pour nous, nous traduirions de la façon suivante :
“O toi que le jardin du Paradis envie, depuis que je t’ai quitté, le spectacle du jardin me paraît comme celui de l’enfer. Depuis que j’ai vu la façon de ta marche, je ne peux pas m’empêcher de souhaiter que tu aies du sérieux (dans la façon de marcher)”.
232Ces exemples peuvent être multipliés.
***
233Marciya ou Bhathial de Mir Abdoulah Miskin sur la mort de Muslim et de ses deux fils traduit et publié en 1845 à Paris, page 241 à 261.
234Ce petit ouvrage d’à peine 20 pages a été publié comme appendice aux “Séances de Haidari” par l’abbé Bertrand. L’abbé Bertrand a traduit le martyre do Huçain. Comme le poème de Miskin parle du même événement, il a été jugé utile de les publier ensemble. La traduction de Garcin de Tassy a également été faite à partir de la langue hindoustanie.
235Dans une note, Garcin de Tassy nous renvoie à son ouvrage “Mémoire sur la religion Musulmane dans l’Inde” page 130 et suivantes (en effet page 165 du Journal asiatique 1831 au mois d’août, page 34 de l’édition de 1839 et page 325 dans l’ouvrage l'Islamisme).
236Dans ce passage, il cite le dictionnaire de Shakespeare page 148 pour dire que lors de la célébration de la fête de Huçain on récite un poème élégiaque, appelé Bhathial, ce qui excite l’assemblée. Cela ne nous avance guère. Miskin est un poète bien connu mais nous n’avons pas pu trouver à Paris son ouvrage qui nous aurait permis de collationner la traduction avec l’original. Garcin de Tassy a ajouté une dizaine de notes pour expliquer certaines allusions du poème.
***
237Analyse d'un monologue dramatique indien, Journal Asiatique octobre 1850, pages 310 à 328.
238Dans cet article Garcin de Tassy analyse et résume un poème ourdou appelé “Dawazdah Mancah”, c’est-à-dire “Douze mois”. Le texte original se trouve dans la chrestomathie hindoustanie (Ourdou et Hindi) parue en 1847, pages 112 à 128.
239Là une femme dont le mari est en voyage attend son retour avec inquiétude. A chaque mois qui commence, les phénomènes variés de la nature lui rappellent son bien-aimé. Mais elle ignore le lieu où il se trouve. Elle décide d’envoyer différents oiseaux à la recherche de son époux pour qu’ils lui en rapportent des nouvelles. Chaque mois elle expédie un oiseau, mais c’est en vain. Après une année entière de plaintes et de pleurs, son mari lui est enfin rendu. C’est en suivant le calendrier indien que le poète s’exprime.
240A la bibliothèque de l’Ecole des langues orientales, no d’acquisition 2028, il y a une copie de cet article appartenant personnellement à Garcin de Tassy. A la première page on trouve cette note au crayon :
“Ce poème paraît imiter en quelque chose le Rithu Sanhara, poème sanscrit publié par Bohlen et traduit en français par E. Wattier, Revue orientale 11, 203.”
241Comme nous l’avons indiqué plus haut, Garcin de Tassy n’a pas cherché à traduire ce charmant poème mais seulement à le résumer. Il y a bien réussi et son résumé donne l’essentiel du contenu.
242Dans l’exemplaire personnel de Garcin de Tassy, que nous venons de signaler, il y a une autre note qui paraît être de sa main en face de la page 15 (page 320 du Journal Asiatique 1850). Nous y lisons :
“ceci rappelle la chanson anglaise :
“Why tarries my love,
“Why tarries my love,
“Why tarries my love from me
“Come hither my love,
“I’ll write to my love
“And send him a letter by thee”.
243Il s’agit de l’envoi des oiseaux dont parle ce poème indien,
***
244Quelques lignes sur les sciences des Indiens, extraites de l’Araich-i-Mahfil, de Cher Aly Afsos, et traduites de l’hindoustani, Journal Asiatique, volume 9, 1826 (juillet), pages 97 à 115, vol. 10 (juillet) 1827, pages 94 à 105.
245L'Araich-i-mahfil de Cher Aly Afsos faisait partie du programme d’études au “Fort William College” à Calcutta. D’après la troisième édition de cet ouvrage, datée de l’an 1863 et éditée par W. N. Lees, l’original avait été composé en 1805 (la deuxième édition a paru en 1841). Selon la préface anglaise de Lees, il s’agit d’une traduction dont l’original persan Khulasatut twarikh, (khulāsat al-tawārīkh), avait été rédigé par Munchi Subhan Raé do Patiala, sous le règne de l’empereur Aurangzeb. Il s’agit d’une description sociale et historique de l’Inde, en un ouvrage de 300 pages.
246Garcin de Tassy a traduit seulement deux chapitres : le premier, sur les sciences, se trouve dans l’original en la troisième édition que nous avons pu consulter, aux pages 34 à 42 ; et le deuxième sur les fruits et les fleurs aux pages 14 à 23 de la même édition.
247Dans une note (Journal Asiatique, tome 9, page 97) Garcin de Tassy signale qu’il y a un chapitre semblable dans l’Ain-i-akbari (tome 2, pages 384-471) mais que la description dans l’Araich-i-Mahfil ne constitue pas un plagiat de l’ouvrage composé pour l'empereur Akbar.
248Comme d’habitude, Garcin de Tassy a ajouté des notes savantes à sa traduction pour expliquer ou pour complèter les renseignements de l’original.
249Le chapitre sur les sciences indiennes traite surtout des ouvrages religieux en sanscrit, ouvrages juridiques ainsi que dogmatiques et rituels. En ce qui concerne les sciences linguistiques, musicales et médicales, la description n’est que très succinte. En comparant la traduction avec l’original, nous avons remarqué que Garcin de Tassy cherche à communiquer le sens, sans se soucier beaucoup d’être littéral. La traduction nous paraît assez exacte. Comme il s’agit de la description de la science religieuse de l’Inde ancienne par un hindou (Subhan Raé) et non pas par un musulman, il faut penser que cette description est bien exacte. Garcin de Tassy dans ses notes a relevé les difficultés que pose la description, et nous n’avons rien à y ajouter.
250En ce qui concerne La Description des fruits dans l'Inde, Garcin de Tassy a souvent donné des équivalents scientifiques, ce qui augmente la valeur de son travail. La description est très sommaire, et les agriculteurs ou horticulteurs n’y trouveront que peu à glaner.
251L’original ourdou est composé dans un style orné et à chaque pas il y a des vers, souvent inutiles. Dans la traduction française ils ont été souvent supprimés.
***
252Bāg o Bahar, Le jardin et le printemps, traduit et publié à Paris dans la série des Publications de l’Ecole des langues orientales vivantes. Paris, 1878, in 8°, 238 pages.
253Ce fut seulement après la mort de l’auteur que le travail fut publié. Il n’y a ni index ni notes dans cette édition. Dans la préface, Garcin de Tassy écrit : ‘‘Je donne ici une rédaction en vers hindoustanis, accompagnée de la traduction Malgré mes recherches je n’ai pu mettre, la main sur le texte en hindoustani. Peut-être ne fut-il jamais publié à cause de la mort de Garcin de Tassy.
254Il existe un ouvrage anglais ‘‘The Bag o Bahar” consisting of interesting tales in the hindoustani language, a new edition carefully collated with original manuscripts having the essential voyel points marked throughout to which is added a vocabulary of the words occuring in the works by Duncan Forbes, A. M. London, 1846, royal in-8°.
255Lors de la publication de cet ouvrage, Garcin de Tassy en publia un compte-rendu dans le Journal Asiatique en avril 1846, pages 386 à 388. Le texte a déjà été publié plusieurs fois en Inde, à Calcutta, à Madras, à Kanpur, à Delhi ; il y a même une édition en caractères latins. La présente édition est la première à être accompagnée d'un vocabulaire. Il existe une traduction anglaise de cet ouvrage par L F. Smith qui fut imprimée à Calcutta. En ce qui concerne la traduction française c’est, comme nous venons de le signaler, Garcin de Tassy lui-même qui s’en chargea.
256Garcin de Tassy précise dans ce compte-rendu que l’original est dû au célèbre poète Khusru
“qui le récita, dit-oh, pour distraire Nizam Uddin Aulya, son maître, pendant une maladie qui interdisait tout effort intellectuel. Aulia est un saint musulman très célèbre, que j’ai fait connaître dans mon Mémoire sur la religion Musulmane dans l’Inde. Je dois ajouter à ce que j’ai dit une particularité curieuse, c’est que les voleurs et les assassins indiens, nommés thags, forment une sorte de corporation religieuse sous le patronage d’Aulya, qui, selon eux, s’était livré au même genre de vie. Cette singulière idée tient probablement à ce qu’on lui attribue des prodigalités excessives beaucoup au-dessus de ses moyens, prodigalités miraculeuses qui lui ont valu le surnom de Zarrisar Bakhsch (qui prodigue l’or). Ces thags, qui, comme les Klephtes grecs, ont des chants particuliers, se composent d’Hindous et de Musulmans. Ceux qui sont hindous, sont de plus, dévots à Kâlî ou à Bhavânî que leurs confrères musulmans confondent avec Fatima, fille de Mahomet, malgré la douceur bien connue du caractère de cette dernière. Le tombeau d’Aulya est un lieu de pèlerinage près de Delhi. Beaucoup de Musulmans et d’Hindous, surtout des thags, y vont faire des oblations (Ramaseeana, p. 121)’101.
257Nous avouons que ces faits nous sont absolument inconnus et nous les reproduisons sans commentaire.
258Le roman original a plusieurs traductions ou imitations en hindoustani, une des principales est de Sayed Mir Mohammad Ata Huçain. Une autre rédaction, intitulée Bag o Bahar est de Mir Amman de Delhi. Et c’est cette dernière que Duncan Forbes a publiée à Londres.
***
259Le Bag o Bahar, le jardin et le printemps, conte hindoustani, Revue de l'Orient, tome 15, 1854, pages 292 à 299.
260Il s’agit dans cet article en effet de l’analyse d’un roman, analyse qui est extraite du discours prononcé le 29 novembre 1854, par Garcin de Tassy à l’ouverture de son cours d’hindoustani à l’Ecole des langues orientales. Garcin de Tassy compare ce roman à l'Orlando Furioso et dit
“Quant à l’ensemble de l’ouvrage, il offre un tissu d’aventures compliquées où est mis en jeu le merveilleux feérique si aimé des Orientaux malgré sa monotonie, et qui ici diminue souvent en réalité l’intérêt des récits. Heureusement il est mêlé au merveilleux musulman, plus acceptable et plus satisfaisant”102.
261Ensuite le roman tout entier est résumé en quelques pages. Et il termine ainsi :
“voilà en peu de mots le canevas de Bag-o-Bahar ; mais ce que le développement de ce thème offre de plus profitable et de plus utile c’est qu’on trouve à chaque page des détails ethnographiques fort instructifs, et qui nous font connaître foncièrement l’Inde, et surtout l’Inde musulmane. Ces détails s’infiltrent, dans toutes les scènes du roman, dont quelques-unes sont invraisemblables, il est vrai, et offrent un mélange fâcheux de zèle religieux et de cruauté, mais dont plusieurs sont habilement combinées et sont vraiment attachantes. Ainsi, en étudiant dans cet ouvrage la langue appelée spécialement indienne, on n’apprend pas seulement des mots vides de sens, mais des mots qui expriment des choses pleines d’intérêt. Et même, en décomposant, on arrive aux racines qui, donnent la clef de l’immense groupe des langues indo-européennes, dont fait partie notre propre langue, soeur en réalité de l’hindoustani”103.
***
262Abrégé du roman hindoustani intitulé la Rose de Bakawali, Journal Asiatique de septembre 1835 pages 193 à 252 et d'octobre 1835 à 368.
263De cet ouvrage, il y a une édition de luxe chez H. Piazza, Paris 1924, 142 pages, avec une miniature.
264Le roman Gul-i-Bakâwali par Nihâl Chand est très célèbre. L’original est en hindi et a d’abord été traduit en persan en 1712, par Sheikh Izzat ullah du Bengale. Son véritable titre est Mazhab-i-Ishq. Lors de la première publication par les soins de Gilchrist, il portait le titre de Gul-e-Bakawali : l’édition par T. Roebuck a restitué le véritable titre. Cette traduction a été revue par Mir Cher Ali Afsos. Nihâl Chand fut invité par Gilchrist à Calcutta, où il remania l’ouvrage en 1801-1802 et l’imprima d’abord en 1804 puis en 1815.
265Garcin de Tassy également traduisit in extenso le roman de philosophie religieuse—La doctrine de l'amour ou “Tâjulmulûk et Bakaivali” par Nihâl Chand de Delhi en 1858 dans la “Revue de l’Orient” et la même année il en a fait une publication spéciale.
266En ce qui concerne la Revue de l’Orient voici les références précises : Nouvelle série, tome 7e, 1858, pages 212 à 230, 286 à 304, 395 à 408 ; nouvelle série, tome 8,1858, pages 102 à 115, 274 à 284, 340 à 392 ; nouvelle série, tome I, 1859, pages 111 à 121, 192, à 204, 252 à 266 ; sous le titre La doctrine de l'amour ou Zainul muluk et Bakaivali, roman de philosophie religieuse par Nil Chand de Delhi.
267Dans la préface, Garcin de Tassy précise que la publication du même ouvrage dans le Journal Asiatique ne constituait qu’un résumé, tandis que la présente publication comporte une traduction intégrale à partir de l’original hindoustani.
***
268Les Aventures de Kamrup par Tahçin Uddin, traduction française du qiṣṣa Kāmrūp u Kalā. La publication à Paris, en date de 1834, fut favorisée par l’Oriental Translation Committee of Great Britain and Ireland, qui lui vint en aide par une subvention. Ce fut également la raison pour laquelle la traduction fut publiée avant le texte hindoustani.
269Il s’agit d’un roman écrit en vers. “Le contenu est d’autant plus digne d’attirer l’attention des savants qu’il est probablement imité d’un ancien livre hindi ou sanscrit, duquel l’auteur arabe de Sindebâd le Marin paraît avoir tiré son récit... cette légende remarquable, arrivée chez nous par l’entremise des Arabes, y a été accueillie avec tant de plaisir et a occupé les veilles de plusieurs savants... principalement de Richard Hole, de feu Langlès et de M. Walkenaer. Le premier a publié sur cette narration un ouvrage intitulé Remarks on the Arabian Nights Entertainements in which the origin of Sindebab Voyages... is particularly considered ; le second a publié le texte et la traduction de ces curieux voyages, et le troisième a lu à la séance publique de l’Académie des Inscriptions tenue le 22 juillet 1831, un mémoire sur cette même production singulière”104.
270L’auteur de cette Odyssée hindoustanie, Tahcin Uddin, a composé son ouvrage en 1756, comme le signale Garcin de Tassy selon deux des manuscrits en sa possession105.
271Garcin l’a publié sur la base de trois manuscrits, qu’il décrit dans la préface :
“J'ai fait ma traduction aussi littérale que possible, en tâchant cependant de la rendre intelligible aux lecteurs européens... je me suis donc permis seulement de lier des phrases qui ne l’étaient pas, en ces cas particuliers, d’une manière un peu libre, et même de laisser quelquefois des répétitions fastidieuses que les orientaux n’évitent jamais, mais je ne me suis pas permis de défigurer le sens... J’ai accompagné mon travail de notes propres à expliquer ce qui peut paraître obscur”106.
272Ces notes explicatives sont à la fin de l’ouvrage et s’étendent des pages 140 à 242, c’est-à-dire presque aussi volumineuses que le texte lui-même.
273La langue de cet ouvrage s’éloigne beaucoup de celle qu’on parle aujourd’hui, et sans l’aide d’un dictionnaire de vieil hindoustani, il n’est pas possible pour les Indiens de le comprendre entièrement. La traduction de Garcin de Tassy est, sous réserve de ce qu’il a dit lui même, assez exacte. Il a dû s’être donné beaucoup de peine pour comprendre le sens surtout des allusions et des locutions. Cela ne fait que susciter notre admiration pour sa patience et ses recherches.
274Signalons en passant que Garcin de Tassy a donné une analyse détaillée de ce roman dans son dixième discours d’ouverture, en date de 1861.
***
275Caussin de Perceval a publié une critique littéraire de cet ouvrage dans le Journal Asiatique du mois de mai 1835, pages 446 à 473. Il dit qu’il s’agit d’un célèbre poème rédigé en 1756 par Tahsin-addin où est racontée la vie des deux amants, Kamrup et Kala. Dans son compte-rendu Caussin de Perceval parle d’abord de l’histoire de la connaissance de la langue hindoustanie en Europe, Ensuite il résume le contenu de ce poème. A la fin il relève quelques erreurs qu’aurait commises Garcin de Tassy. Pour la première erreur voici ce qu’il dit (page 467)” Cette opinion est fondée sur une prétendue parole de Dieu à Mahomet, que M Garcin de Tassy rapporte de la manière suivante, page 147 : ‘ si ce n'était toi, les mondes n’auraient pas été créés, (law la-ka lama khalaqna l-aflaq). Ce texte est un peu défiguré par des fautes typographiques. Il nous paraît devoir être restitué ainsi :
276law-ka, law la-ka, lama khalaqna l-aflak. Si ce n’était toi, nous n’aurions pas créé les cieux ou l’univers”.107.
277Le texte hindoustani parut à Paris, un an après la publication de la traduction française, à savoir en 1835. Le texte se base sur trois manuscrits, et il y avait évidemment des variantes entre eux. Garcin de Tassy n’a pas signalé ces différences. Il dit cependant “on trouvera dans certains endroits des différences entre le texte et la traduction, différences qui paraîtront former des contresens. Cela tient généralement à ce que je me suis déterminé en faisant imprimer le texte à choisir pour les passages dont il s’agit, des leçons autres que celles que j’avais suivies dans ma traduction”.108
278On possède également une édition du texte hindoustani en caractères latins, préparée par l’abbé Bertrand et publiée à Paris en 1859 à l’usage de ceux qui aimeraient apprendre cette langue sans vouloir apprendre l’alphabet arabe. A la fin du texte il y a également le vocabulaire bilingue hindoustani et français.
***
279Allégories ou récits poétiques et chants populaires traduits de l'arabe, du persan, de l'hindoustani et du turc, seconde édition, Paris, 1876, 640 pages.
280Au début de cet ouvrage, dédié au Marquis de Clapiers-Collongues, Garcin de Tassy dit dans l’avertissement :
281“J’ai réuni dans ce volume quelques-unes de mes traductions d’allégories, d’apologues, de tableaux poètiques, de récits romanesques et historiques publiés anciennement et depuis longtemps épuisés. Mais comme cette édition n’est pas destinée au monde savant proprement dit, je n’ai reproduit ni les textes, ni les préfaces, ni les notes d’érudition qui accompagnaient les premières éditions de quelques-unes de ces traductions dont voici la liste :
“TRADUCTIONS DE L’ARABE’’
282Les allégories de Mocaddéci, publiées sous le titre de “Les oiseaux et les fleurs”.
283Les Animaux en discussion avec l’homme, extrait de l’Ikhwân Ussafâ,
TRADUCTIONS DU PERSAN
284Deux contes de l'Anwâr-i-suhaïlî, version persane des Fables de Pidpaï.
285Le Pend-nâmeh de Saadi.
TRADUCTIONS DE L’HINDOUSTANI
286Leu aventures de Kamrup.
287La Rose de Bakawali.
288Gul-o-Sanaubar, “Rose et Cyprès”
289Hir et Ranjhan, légende du Penjab.
290Sakuntalâ, d’après la version hindouie du Mahâbhârata.
291Les chants populaires de l’Inde.
TRADUCTIONS DU TURC
292La Prise d'Abydos.
293La batalle de Varna
294La Prise de Constantinople
295La Description de Constantinople
296Les Aventures du Prince Gem.”
297Nous avons déjà signalé dans les chapitres appropriés presque la totalité de ces différentes parties en tant que publications indépendantes, à l’exception de “Gul o sanaubar” et “ des chants populaires de l'Inde”, Nous nous proposons d’en parler ici. En ce qui concerne les autres articles inclus dans ce livre, il faut d’abord rappeler ce que Garcin de Tassy vient de dire, à savoir qu'il y a certaines suppressions de parties des textes originaux dans cette nouvelle édition. En second lieu il convient de penser que Garcin de Tassy a corrigé et amélioré le texte original lors de cette nouvelle impression.
298En ce qui concerne l’article “Gul o Sanaubar (Rose et Cyprès)’’109 il n’y a aucune indication d’une précédente publication au début de ce chapitre. Mais nos recherches nous ont conduit à constater que ce fut dans la Revue Orientale et Américaine, tome 7, 1862, pages 69 à 130 qu’il publia d’abord cet article.
En guise d’introduction il écrit notammant : “Le conte musulman dont je donne ici la traduction est instructif sous le point de vue ethnographique et il offre aussi un exemple frappant de l’application pratique de la doctrine du fatalisme dans le singulier dénouement qui le termine.”110
299Nous ignorons le nom de l’auteur de l’original, mais dans l'avertissement l’ouvrage est cité sous la rubrique des traductions de l'hindoustani. Apparemment Garc.in de Tassy lui-même n’a pas connu le nom de l’auteur.
300En l’absence de données sur l’original il nous est impossible de comparer cette traduction avec le texte hindoustani. Comme d’habitude, cette traduction doit être un peu libre.
301A la page 427 il y a ce passage : “par ses vues élevées il était comme Hâtim Tai et par sa générosite comme Man”. Et il y a cette note ‘Hâtim Tai et Man sont des Arabes célèbres par leur générosité”. Le nom de Hâtim Tai est bien connu, mais Man suscite des doutes : on ne le connaît ni en arabe ni en hindoustani. Nous pensons qu’il s’agit de la “manne” dont il est question dans la Bible et dans le Coran. Probablement l’auteur a voulu dire “aussi abondante que la manne”. Par mégarde Garcin de Tassy a vu là un nom propre.
302A la page 468, il y a ce passage “à l’instar du jardin d’Abraham”. Puis cette note “c’est-à-dire de la fournaise où selon les musulmans, Abraham fut jeté, dont le feu se changea en eau et le sol en un jardin’. Selon le Coran (chapitre 21, verset 69) Dieu donna l’ordre à ce feu de devenir fraîcheur et sécurité pour Abraham : il n’est-pas question d’eau.
***
303En ce qui concerne les Chants populaires de l'Inde, Garcin de Tassy les publia d’abord dans la Revue Contemporaine de Paris du 30 septembre 1854. Le tiré à part que nous avons sous les yeux compte 49 pages. Par la suite, Garcin de Tassy les publia de nouveau sous la forme d’un chapitre de son ouvrage “Allégories, recits poétiques, et chants populaires” (pages 537-598). En comparant les deux éditions, nous n’avons pas trouvé de différences.
304Dans les remarques préliminaires, il dit :
“Je range en trois classes distinctes les chants hindouis et hindoustanis, brahmaniques et musulmans : chants religieux et mythologiques, chants érotiques, et érotico-mystiques, chants ethnologiques, c’est-à-dire qui ont rapport à quelque usage particulier à l’Inde”111.
305Garcin de Tassy ne cite pas les sources de chacun des chants qu’il traduit, mais à défaut de cet article, il a donné assez brièvement sa bibliographie.
306En ce qui concerne les chants hindous, c’est le genre Pad qui est employé. D’après Garcin de Tassy cela équivaut au ghazal chez les Musulmans, c’est-à-dire à un court poème sur une même rime de douze vers ou plus. “Si le Pad est à la louange de Wischnu, on l’appelle Wischnupad ; s’il est en l’honneur de l’incarnation de ce Dieu sous le nom de Râma, on l’appelle Râmpad”.
307Les chants particuliers aux Musulmans sont les ghazals, dont on vient de parler, et les Marcyias ou complaintes sur les martyrs.
308Enfin des chants mixtes, c’est-à-dire utilisés à la fois chez les Hindous et chez les Musulmans, sont le Hori ou Holi, chant du carnaval indien, le Khiyâl, poème érotique dans la bouche d’une femme, et le poème qu’on nomme en hindoui Badhawâ et en persan Mubârakbâd ; c’est-à-dire des vers de félicitations qu’on chante à la cérémonie du mariage, à la naissance des enfants et dans d’autres circonstances heureuses.
309Garcin de Tassy signale que parmi les Musulmans on trouvera les noms de Jawâb (qui n’est autre que le grand mogol Schâh Alam II), d’Açaf-ud-daula (roi d’Aoud), de Dard et de Hasrat, enfin d’Inschâ (ce dernier ayant composé des poèmes non seulement en hindoustani, sa langue maternelle, mais aussi en turc, en persan et en arabe)112.
310A titre de curiosité nous citerons Garcin de Tassy textuellement :
“Présentement, pour terminer la série de chants de harem, je vais donner la traduction de trois chansons très répandues dans l’Inde... Je dois la première à la comtesse de Salles à qui je l’ai entendu chanter”113
***
311Asar-ussanadid, sur les monuments de la ville de Delhi (écrit sous l’influence de la corruption anglaise à Delhi) par Sayed Ahmad Khan, publié en 1854.
312Dans la préface l’auteur nous dit qu’il avait publié un ouvrage sur le même sujet en 1846, que le collecteur et le magistrat de Shahjehanabad l’avait présenté à la Royal Asiatic Society de Londres, et que sur la demande de la dite société, lorsqu’il commença la traduction anglaise du même ouvrage, il crut devoir réviser le texte et y ajouter de nouveaux renseignements. Ainsi l’ouvrage actuel fut rédigé en 1852 et imprimé à Delhi deux ans plus tard. Cet ouvrage renferme trois chapitres et quelques appendices :
- Une histoire sommaire de la ville de Delhi—48 pages.
- Les. forteresses et les autres monuments des empereurs dans la ville de Delhi — 53 + 10 pages.
- D’autres édifices construits par les empereurs et les nobles —104 pp.
- Des observations sur la naissance et la propagation de la langue ourdou—5 pages.
- Les textes des inscriptions sur les différents monuments, en arabe, en persan, et en plusieurs autres langues— 62 pages.
313On trouve dans cet ouvrage en ourdou six pages en anglais pour résumer la préface en ourdou.
314La ville de Delhi avait souffert de multiples invasions : en 1736 par les Marathes, en 1755 par Nadir Sahah, en 1803 par le général anglais Lake. Déjà au moment où Sayed Ahmad Khan rédigea son ouvrage, il y avait beaucoup de ruines dans la ville. Lorsque Garcin de Tassy publia sa traduction française de ce même ouvrage en 1860, il dit dans l’observation préliminaire :
“Depuis la prise d’assaut de Delhi par le général Sir Archdale Wilson, cette ancienne capitale de l’Inde n’offre guère qu’un monceau de ruines.”
315Evidenmment plus de cent ans après, à notre époque, il en subsiste moins. On ne saurait jamais trop admirer le travail d’archéologie qu’a accompli Sayed Ahmad Khan. Mais nous ne nous y attardons pas.
316Garcin de Tassy a publié des extraits des deuxième et troisième chapitres de cet ouvrage en 1860 dans le Journal Asiatique et le tiré à part de cet ouvrage est daté de 1861. Dans son observation préliminaire, Garcin de Tassy reconnaît dans la révision de cette traduction l’aide qu’il avait reçue de son ami F. Boutros (qui a été pendant douze ans à Delhi à la tête d’un collège)114. Il renvoie les lecteurs à son travail concernant la biographie de Sayed Ahmad Khan publiée dans le Journal Asiatique en 1866.
317Garcin de Tassy a essayé de déchiffrer la lithographie de l’ouvrage original et de la traduire aussi fidèlement que possible. En général il s’est bien acquitté de cette tâche, toutefois il y a encore quelques fautes. Par exemple dans la traduction française page 4, il dit : “Darébar” ; il faut le lire “Dariba Même page il traduit “Dans un temps déterminé” kisī fardī zamāne meñ [xxviii]), alors qu’il faut lire “dans un temps fictif Il dit encore “Voilà ce qu’on lit dans le pothi Indra Prast de Mahâtam ; mais d’autres historiens hindous pensent, je crois avec raison, que le mot... la traduction correcte est la suivante : “mais à mon avis, cette explication a la même valeur que les autres contes des Hindous. Il semble que la vraie explication est que le mot...” (merī samadjn meñ.yīh ma ‘ni aise hain djaise aur hindū’oñ kī kahänīañ... sahih bāt yih ma ‘ lum hotï haī ki.’ [xxix]). A la page 6 nous lisons “à la dynastie solaire et à la dynastie lunaire”. Une meilleure traduction serait : “la dynastie des descendants du soleil et des descendants de la lune” Il s’agit des Sūrya-et Soma-vamsa.
318A la page 8, il écrit kamayân, le texte original porte Kamayün. A la même page il écrit “le Baja Atakpal Tannûr”, l'original porte “Anakpal”.
319Ce genre de fautes est assez fréquent mais on ne saurait trop admirer la hardiesse de Garcin de Tassy déchiffrant le texte lithographié dont la lecture est vraiment difficile. En 194 pages, Garcin de Tassy a reproduit l’essentiel de l’ouvrage de Sayed Ahmad Khan mais les parties qu’il a omises dans la traduction méritent d’être traduites un jour. Par exemple le 1er chapitre où Sayed Khan montre sa faculté de critique historique, les inscriptions dont avec beaucoup d’érudition il a recueilli les textes qui restent toujours utilisables.
320Nous tenons à signaler que Garcin de Tassy avait déjà publié dans le Journal Asiatique de novembre-décembre 1856, page 32 à 36, un article sous le titre suivant : “Asar-ussanadi (ātār al-sanādīd) les traces des grands personnages ou histoire de Delhi et de ses monuments anciens et modernes, par Saved Ahmad Khan, Delhi 1854, petit in-folio”
321Dans cet article, il a analysé le contenu de l’ouvrage et parlé de sa grande importance et il termine par ces mots :
“On le voit, cet ouvrage mériterait d’être connu, et je persiste dans l’intention que j’ai annoncée de le traduire aussitôt que d’autres travaux commencés me permettront de le faire”.
***
322Un chapitre de l'histoire de l'Inde musulmane ou Chronique de Scher Schah sultan de Delhi par Mazhar Alî Wila, traduit de l’hindoustani en 1865 à Paris, 164 pages.
323Ce chapitre parut d’abord sous la forme d’un article dans la Revue de l’Orient, de l'Algérie et des Colonies en 1864, tome 17 pages 65 à 78, 181 à 203, 349 à 381 ; tome 18 (1864), pages 52 à 68, 129 à 157, 245 à 270, 305 à 331, sous le titre “Un chapitre de l’histoire de l’Inde Musulmane ou chronique de Scher Schah sultan de Delhi, traduction de l’hindoustani Et le titre est daté de 1865.
324Abbas Khan Kakbur Surwani Ahmadi a écrit une biographie historique du sultan Scher Schah en persan et cette histoire fut traduite par Mazhar Ali Wila en hindoustani en 1805. C’est à partir d’un manuscrit de ce dernier ouvrage que Garcin de Tassy a préparé sa version française à défaut de l’original persan et il ajoute dans la préface :
“J’ai fait ma traduction sur la version hindoustanie que Mazhar Ali Wila, écrivain indien distingué, rédigea en 1805, et d’après une copie que mon vieil ami, M. le capitaine A. Troyer, fit copier pour moi, il y a bien des années, du manuscrit que possède la Société Asiatique de Calcutta. Cette version, également écrite, porte un cachet réel d’exactitude, et l’auteur nous assure de la fidélité de son travail par un vers par lequel il termine sa préface et dont voici le sens :
“Quelque excellent que soit l’ouvrage original persan, Wila espère l’avoir correctement reproduit”.
325Ni l’original persan, ni la traduction ourdoue (sur laquelle l’ouvrage de Garcin de Tassy est basé) ne nous sont accessibles. Donc on ne dira rien sur la valeur de la traduction. Signalons toutefois qu’il y a fort peu de notes marginales de la part de Garcin de Tassy, qui s’est contenté simplement de traduire le texte.
326Il faut admettre que Garcin de Tassy savait bien quels étaient les ouvrages les plus représentatifs de la littérature musulmane de l’Inde. Scher Schah a été une des personnalités les plus remarquables que l’Inde ait produites. Malgré la courte durée de son règne ; il a laissé des traces ineffaçables dans le pays. Les grandes routes construites par lui subsistent encore ; le système de l’impôt foncier établi par Scher Schah fut retenu non seulement par le grand mogol Akbar et ses successeurs mais également par les Britanniques durant leur occupation de l’Inde.
327Scher Schah mourut le 22 mai 1545 à Kalindjar. Dans l'“Encyclopédie de l’Islam”, tome IV, p. 391, on décrit sinsi le règne de Scher Schah :
“Des aliments cuits et crus étaient assurés aux Musulmans et aux Hindous, des chevaux de poste se trouvaient toujours prêts, et des arbres fruitiers plantés au bord des routes rafraîchissaient le voyageur”.
328Dans le Rapport annuel de la Société Asiatique pour l’année 1864-1865, publié par J. Mohl dans le Journal Asiatique de juillet 1865, pages 11 à 132 il y a une référence à Garcin de Tassy aux pages 84 et 85. Il est dit que, outre le discours annuel d’ouverture du cours, Garcin de Tassy a publié la traduction de l’histoire de Scher Schah à partir de la version hindoustanie. D’après Mohl cet ouvrage d’Abbas Khan Surwani est plus intéressant et plus exact que le chapitre de la grande histoire de Farischta sur la même question.
329On trouve aussi un résumé de l’histoire de Scher Schah dans les “Voyages de Hodges”, traduits par Langlès en 1805. Dorn, le professeur de littérature orientale à l’Université de Kharkov (Russie) a traduit 1’“Histoire des Afghans” en anglais en 2 parties : la première a paru à Londres par les soins du Comité des traductions orientales en 1829 et la seconde partie a paru en 1834, 5 ans après la première à Londres. Il y est donné le récit des faits et gestes de Scher Schah.
***
330Les animaux en discussion avec l’homme, extrait de l’ouvrage intitulé Tahfat-i-Ikhwân ussafâ.
331Sous ce titre Garcin de Tassy publia un article de 118 pages, dans la Revue de l'Orient en 1864. Par la suite il l’a réédité en l’insérant en 1876 dans son livre “Allégories, récits poétiques et chants populaires ” pages 73 à 188. En ce qui concerne la Revue de l'Orient, voici la référence précise : Nouvelle série tome 14, 1861 et 1862, pages 310, 326, tome 15, 1863, pages 21 - 37, 93 - 102, 214 - 255, 307 - 321 ; tome 16, 1863, pages 5 - 26, 86 - 98, 137 - 146, sous le titre “Les animaux, extrait de l’ouvrage arabe intitulé : Cadeau des frères de la pureté, Tāhfat-i-ikhwân ussafâ, traduction de la version hindoustanie”.
332Ikhwân Ussafâ est un célèbre ouvrage philosophique du 10ème siècle, rédigé par un groupe de savants arabes. Il s’agit d’une société dont les membres voulaient établir une réconciliation entre la foi et la raison, la science et la religion. C’était une affaire délicate, ils ont donc choisi un style qui devait les cacher et les camoufler. C’est ainsi qu’ils se sont servis d’allégories, entre autres méthodes stylistiques. Ils ont rédigé cinquante et un traités qui devaient en principe englober toute la science de leur époque. Un de ces traités est rédigé sous forme de dialogue entre les animaux. On trouvera ce chapitre dans le deuxième volume de l’édition de Beyrouth 1957, pages 203 à 377. Il s’agit de la Bisala huit, intitulée “la physique du corps,” où l’auteur parle de la création des animaux et de leurs catégories. L’apparence est d’une fiction et d’un roman, mais en réalité c’est un ouvrage philosophique. Ce chapitre du Ikhwân ussafâ est très apprécié par le grand public, de sorte qu'on l’étudie dans les lycées et dans les écoles. On l’a traduit en diverses langues, dont l’ourdou. Et c’est à partir de l’ourdou que Garcin de Tassy l’a fait passer en français. Le traducteur ourdou dit en toute franchise, qu’il a remanié le texte en supprimant certains passages et en allégeant le style. Voici ses propres paroles :
“Le Captaine John Wlliam Taylor m’a demandé de traduire en ourdou le chapitre de l'Ikhwun Ussafa, comportant la polémique entre l’homme et les bêtes, mais dans un stylo extrêmement simple, n’employant aucun mot difficile et en supprimant même les termes techniques et les discours recherchés. Donc j’ai éliminé les discours ainsi que la plupart des termes techniques qui n’avaient aucun rapport avec ce dialogue, excepté ce qui avait un rapport avec le terme principal”.
333La traduction ourdoue fut faite par Ikram Ali, et publiée à Calcutta en 1810. Une deuxième édition a paru à Londres en 1861, sous l’occupation britannique de l’Inde, car un grand nombre d'Anglais devaient étudier l’ourdou pour des besoins administratifs. Les professeurs Duncan Forbes, du King’s College et Charles Rieu de l’University College de Londres ont publié, selon leurs propres expressions, “A new edition revised and corrected” mais en comparant les deux éditions ourdoues nous constatons que cette révision consiste seulement en une division en paragraphes, une table des matières et quelques sous-titres.
334Nous pensons que c’est à partir de cette deuxième édition que Garcin de Tassy a préparé sa traduction française, car ce dernier ouvrage a paru à Paris en 1864. Cet ouvrage a eu une deuxième édition lorsque Garcin de Tassy le publia dans ses “Allégories” en 1876, pages 73 à 188.
335La traduction de Garcin de Tassy comporte 118 pages. Il est peut-être intéressant de résumer le contenu de ce traité. Nous trouvons ce résumé dans l’édition anglaise, qui elle-même l'avait extrait de l’original arabe, publié à Calcutta en 1812 :
Les animaux et les hommes sont supposés porter leurs plaintes réciproques devant le roi des djins. Les animaux se plaignent de l’injustice et de la cruauté de l’homme ; et l’homme se plaint de l’insubordination des animaux et de leur négligence dans l’exécution de leurs devoirs. Le point à déterminer est de savoir si l’homme possède le droit de domination sur les animaux. Les animaux affirment que par nature ils sont libres ; et que les prétentions de l’homme à la qualité de maître sont injustes. L’homme par contre maintient qu’il possède une supériorité naturelle sur les animaux, il les accuse d’avoir abandonné leur service, et il les réclame par conséquent comme sa propriété.
Le roi convoque un conseil et le procès commence. Les réclamations de l’homme sont d’abord présentées, et les animaux y répondent. Les deux plaidoiries paraissent au roi si balancées et si égales qu’il décide de prendre l’avis des plus capables parmi les juges et les juristes. Les animaux sont alarmés et ils pensent que dans les instances judiciaires tout dépend de l’habileté et de l’éloquence de l’avocat. Ils craignent aussi qu’en ce domaine ils ne soient inférieurs à leur adversaire ; ils ont donc recours à ce que l’auteur appelle “les tribus des animaux”.
‘‘Des messagers sont envoyés dans ce but à six différentes catégories d’animaux : Les fauves, les oiseaux, les oiseaux de proie, les insectes, les reptiles et les poissons. Le récit de ces assemblées sera considéré peut-être comme la partie la plus attrayante de l’ouvrage. L’ambassade des oiseaux en particulier est pleine de vie et d’intérêt : non seulement à cause de sa belle description, mais aussi des beaux sentiments moraux qu’elle suscite. Les chanteurs à plumes élèvent l’un après l’autre leurs notes pour faire l’éloge de leur Créateur et adressent à l’homme l’admonition. Le lecteur est non seulement intéressé mais charmé de voir que le chemin épineux de la science est parsemé de si belles fleurs. Les envoyés des tribus d’animaux se rassemblent enfin, et le procès s’ouvre. Le roi jette un regard sur tous avant d’entrer effectivement dans l’examen de l’affaire, et pose quelques questions sur les points litigieux. Observant chez les hommes des costumes différents et des apparences diverses il s’informe de ce qu’ils signifient. Ici le lecteur voit défiler les représentants des différentes nations de la terre Chacun donne successivement des renseignements sur son peuple, en stricte conformité avec la vérité historique. Observant ensuite les envoyés des animaux, le roi s’enquiert aussi à leur sujet. Et à leur tour, ils lui sont décrits conformément à l'histoire naturelle telle qu’elle était connue à l’époque de l’auteur. Après ces préliminaires assez longs, et qu’il serait ennuyeux pour le lecteur de décrire en détail, bien que le charme du style et la nature intéressante du sujet absorbent le lecteur, le procès commence. Les représentants de l’homme produisent tous leurs arguments importants, et insistent sur les nobles arts et sciences qu’ils cultivent, les nombreux conforts qu’ils possèdent, la religion, le culte de Dieu et son adoration qu’ils connaissent et pratiquent. Leurs ornements et leurs riches habits, leurs lois, leurs gouvernements, leurs poètes, leurs philosophes, leurs grammairiens, leurs orateurs, leurs artisans, leurs techniciens, l’attention qu’ils portent à l’éducation, leurs connaissances en astrologie, etc.... sont cités comme autant de preuves distinctes et incontestables de la supériorité naturelle de l’homme ainsi que de son droit naturel à dominer les bêtes.
A ces arguments, les envoyés des différents animaux répondent tour à tour et l’attention du lecteur est retenue par une série de descriptions où l’habileté des animaux se manifeste et où l’on voit que sur différents points la puissance des bêtes dépasse de loin celle des hommes. Les arguments sont évidemment tels qu’ils viennent naturellement à l’esprit, mais ils sont présentés d’une manière si habile et si judicieuse qu’ils ne manquent pas d’amuser le lecteur.
La fin du procès est admirablements conçue. Il apparaît en effet que les hommes sont destinés à l’au-delà, où ils seront récompensés ou punis selon leurs actions d’ici-bas. Cela détermine le litige en leur faveur : par consentement unanime la souveraineté est décidée en faveur de l’homme115.”
336Garcin de Tassy a supprimé les quatres pages de l’introduction de la traduction ourdoue, mais il a ajouté quelques notes des sommaires, et quelques renvois. En comparant la traduction avec le texte ourdou, nous constatons qu’elle est assez fidèle ce qui prouve que Garcin de Tassy possèdait une bonne maîtrise de la langue ourdoue, dès l’époque où il a traduit cet ouvrage. Remarquons en passant que Garcin de Tassy n’a pas porté beaucoup d’attention à rechercher les défauts de la traduction ourdoue. Par exemple, dans le chapitre 13 (pages 50, de l’édition 1864), Garcin de Tassy prend comme nom propre le mot Ya’çub. Or Ya’çub n’est autre chose que la reine des abeilles.
337Parfois il a omis quelques mots, probablement par mégarde, mais ces lacunes sont sans grande importance, Par exemple à la page 108, il traduit “tous les hommes gardèrent alors le silence”, tandis que l'original ourdou dit : “Ennuyés, tous les hommes se sont tus pendant un moment”.
338Dans le rapport annuel de la Société Asiatique de Paris pour l’année 1863-64 (Journal Asiatique juillet 1864, pages 11 à 136) par Jules Mohl, nous lisons page 58, la remarque suivante :
“Je n’ai rien à mentionner sur la littérature arabe proprement dite, excepté une nouvelle traduction du traité des animaux, extrait de l’Ikhwan al safa. M. Dieterici, de Berlin, avait publié il y a quelques années une traduction allemande de ce même chapitre, faite sur le texte arabe. Aujourd’hui M. Garcin de Tassy nous le donne en français d'après une version hindoustanie, et il ne paraît pas avoir connu le travail de M. Dieterici, ce qui est à regretter, car il nous aurait peut-être donné la traduction de quelque autre partie de cette collection très curieuse de traités philosophiques
***
339Anecdote relative au Brij-Phakha traduite de l’hindoustani. Journal Asiatique, volume 11, juillet 1827, pages 298 à 303.
340Dans ce petit article Garcin de Tassy donne le texte hindoustani et la traduction française d’une anecdote amusante : Un chanteur récita devant l’empereur Akbar un vers en Brij-bhakha. L’empereur demanda à ses courtisans le sens de ce vers. Chacun expliqua à sa manière. En effet le vers contenait le mot Bar qui signifie à la fois porte, l’eau, les larmes ainsi que les cheveux. Dans le contexte chacun de ces sens était valable, d’où les différentes interprétations. La richesse de la langue Brij-Bhakha impressionna l’empereur, dit l’anecdote.
341Garcin de Tassy ne cite pas la source.
***
342Livre de voyage (Siyahat-Nama) ou Itinéraire de Delhi à Londres, par Karim Khan, de Jhajhar, traduit de l’Hindoustani par Garcin de Tassy, de l'Institut, etc.... Revue de l’Orient, de l’Algérie et des Colonies, 1865, série 4°, vol. I, p. 105 à 141 et 641 à 663.
343En 1839, l’empire mogol existait encore nominalement. Le Padischah de Delhi, considéré par les Musulmans de l’Inde comme le représentant du Khalifat, donnait encore des instructions aux nabab des provinces. Akbar Schah II venait de monter sur le trône vermoulu du grand Akbar, et il paraît que, pour obtenir de meilleures conditions honorifiques et financières, il crut devoir envoyer à Londres auprès des directeurs de l'Honorable Compagnie des Indes qui gouvernait alors ce beau pays, un agent spécial nommé Karim Khan, lequel partit de Delhi pour l’Angleterre le 23 ramazan 1255 (1er décembre 1839). Il resta en Angleterre jusqu’au 23 de ramazan 1257 (8 novembre 1841). Karim Khan a écrit en hindoustani jour par jour le récit de son voyage, mais en gardant le silence le plus absolu sur sa mission.
344Karim Khan, l’auteur de cet itinéraire, natif de Jhajhar près de Delhi et Afghan d’origine, était fils de Kacim Khan et petit-fils de Talib Khan. Le savant orientaliste Duncan Forbes, qui l’a beaucoup connu, nous apprend que c’était un homme très inteligent qui s’enquérait avec grand soin des usages européens et de tout ce qui tenait au gouvernement (page 106) : points sur lesquels M. Duncan Forbes fut un de ses principaux informateurs ; car il parle facilement l’hindoustani tant à cause de son séjour dans l’Inde qu’en qualité d’élève le plus distingué du célèbre Gilchrist, celui de tous les Européens de son temps qui, au dire des Indiens les plus instruits, savait le mieux l’hindoustani qu’il appelait “la grande langue usuelle de l’Inde : the great colloquial language of India”. M. Forbes eut cependant quelque peine à faire comprendre à Karim la nature de la constitution anglaise, du Parlement et de la-Chambre des Communes. Celui-ci avait conçu d’abord le plus profond mépris pour les rois européens qui n’ont pas le pouvoir de faire périr un coupable sans la décision d’un jury ou d’un tribunal, mais il finit par reconnaître l’avantage de ces procédés moins sommaires.
345Afzal Ali, indien qui habitait Londres pendant pendant le séjour de Karim Khan et dont ce dernier parle fréquemment, résida à Londres de 1838 à 1841 en qualité de Wakil “agent du Kaja de Satara. Il avait visité cette grande capitale vingt ans auparavant en qualité de secrétaire de l’ancien agent du même Kaja, et à cette époque il fut intimement lié avec Gilchrist et avec M.D. Forbes. Il parlait l'hindoustani comme Karim et il savait le persan et l'arabe. Il était poete et avait composé un Diwan ; il écrivait aussi un Journal de ses impressions et il le communiquait régulièrement à M.D. Forbes. Il avait l’intention de le faire lithographier à Bombay à son retour ; mais il n’est pas probable qu’il ait réalisé ce projet, car il avait promis à M D. Forbes de lui envoyer un exemplaire pour être traduit en anglais, ce qu’il n’a pas fait. En 1841 le Kaja de Satara fut déposé et envoyé comme prisonnier politique pour le reste de sa vie à Bénarès où il patronna la littérature hindoustani, et Afzal Ali dut à cette époque retourner à Bombay.
346L’itinéraire de Karim est écrit comme un vrai journal de voyage : chaque jour a son article, quelquefois d’une ou deux lignes seulement, pour dire qu’il n’a rien à signaler. Nous n’en avons traduit que ce qui nous a paru utile ou intéressant à connaître. Ce voyage se divise naturellement en quatre parties :
- De Delhi à Calcutta.
- De Calcutta à Londres.
- Séjour à Londres.
- Considération sur l’Angleterre et sur son histoire.
347Les histoires indiennes ne parlent pas de cet épisode et nous sommes reconnaissants à Garcin de Tassy d’apporter quelques renseignements précis tout en traduisant un ouvrage qui ne manque pas d’intérêt littéraire. Nous ne possédons pas l’original, mais nous croyons que le sens du contenu a fidèlement été conservé dans la traduction.
***
348“Hir et Ranjhan ” légende du Penjab traduite de l’hindoustani par Garcin de Tassy. Revue de l'Orient, nouvelle série, vol. 6, septembre 1857 pages 113-148 à Paris.
349On la retrouve rééditée dans Allégories, Récits Poétiques et Chants Populaires pages 481 - 516, en 1876. Il a traduit le livre de Macbul Ahmad (qui naquit au Panjab et habita à Delhi où il publia cette légende connue en 1265 de l’Hégire ou 1848-1849) en prose mêlée de vers. Garcin de Tassy écrit dans les “Préliminaires” :
“Le récit est de la dernière simplicité, ainsi qu’on en jugera facilement par ma traduction, abrégée par des coupures et des analyses. Il a une véritable valeur littéraire et ethnologique à cause des descriptions détaillées qu’on y trouve revêtues du costume de l’Orient, tantôt avec la rime, tantôt avec le rythme, quoiqu’en prose, et par le luxe des citations arabes, persanes, urdues et hindies”116.
350Au Panjab l’histoire amoureuse de Hir et Ranjhan est très célèbre et toute la jeunesse du Panjab la chante avec émotion, ardeur et zèle. Garcin de Tassy a également relevé ce que dit Macbûl dans sa préface :
“L’histoire de Hir et de Ranjhan est considérée dans l’Inde comme étonnante, attachante, piquante, intéressante et singulière, quoique vraie. En effet, d’après cette histoire, c’est en voyant en songe un jeune homme qu’une femme en devient amoureuse, et c'est pour avoir entendu l'exposition des belles qualités de celle-ci que le jeune homme est fou d’amour”117.
351Il y a plusieurs versions de ce roman dont une en vers. Garcin de Tassy l'a connue de nom et il la signale d’après le catalogue de Sprenger, sans préciser davantage. Apparemment, il s’agit de la version poétique par Waris Ali Schah en panjabi. Garcin de Tassy n’indique pas clairement à partir de quelle langue il a traduit cette légende panjabie. Il dit seulement que l’original a été rédigé par un certain Macbûl et venait d’être publié à Delhi. Ne trouvant pas cette édition à Paris, nous ne pouvons rien dire à ce sujet : nous nous sommes contentée de citer des renseignements empruntés à Garcin de Tassy lui-même qui la décrit dans ses remarques préliminaires.
***
352Dans le Journal Asiatique de février 183G, pages 198 - 199, et de mars 1836, pages 296 - 299, d’avril 1836, pages 411 - 412, Garcin de Tassy a publié quelques anecdotes en hindoustani avec traduction française. Apparemment il restait de la place sur le placard de l'imprimerie, et pour en profiter Garcin de Tassy a inséré ces quelques morceaux, sans introduction ni autre explication. Sur le premier morceau seulement, publié en avril 1836, il signale que la même anecdote se retrouve aussi en persan dans le Baharistan de Jami.
***
353L'inexorable courtisane et les talismans, conte hindoustani traduit sur un manuscrit de la Bibliothèque impériale de Paris, Revue orientale et américaine tome 10. 1865, page 14-157.
354Garcin de Tassy ne cite ni le nom de l’auteur ni le titre de l’original. En 10 pages il traite de quelques traits de la vie des rois, des princesses, des ministres, bref de la vie à la cour royale. Il faut penser que cette traduction, dont l’original nous reste inconnu, est fidèle au sens du texte et non pas à la lettre, comme c’est l’habitude de Garcin de Tassy dans ses traductions.
(b) Traductions de l’hindi
355Proclamation de Lord Ellenborough (gouverneur de l'Inde) au sujet des portes du temple de Somnath, traduite du texte hindi en français, dans le Journal Asiatique, 1845, pages 398 - 404.
356Au cours du dixième siècle, plusieurs gouvernements provinciaux devinrent si puissants et si indépendants que le calife Abasside de Baghdad, leur souverain légitime, ne pouvait que reconnaître comme faits accomplis les changements dus à l’anarchie dans les provinces, au fur et à mesure que ces changements y survenaient. Parmi les gouverneurs héréditaires dans les provinces, il y eut Mahmoud de Ghazna, qui succèda à son père en 997. Il est célèbre dans l’histoire pour ses incursions dans l’Inde. Chaque année if quittait Ghazna, sa capitale, et dirigeait une expédition vers l’une quelconque des régions de l’immense continent indien. Parmi ses expéditions, il y en eut une qui le conduisit en 1024 jusqu’au Gudjrat et il conquit la ville fortifiée de Somnâth, et cela malgré des forces hindoues très importantes réunies pour défendre le célèbre temple de cette ville. Le Sultan Mahmoud brisa l’idole, confisqua ses trésors et emporta triomphalement les portes mêmes du temple à Ghazna (pour les détails, voir Dr. Mohammad Nazim, Sultan Mahmud of Ghazna, Hydarabad (Inde), entre autres ouvrages).
357Ranjit Singh en 1831 avait essayé de restituer à l’Inde ces portes sacrées mais il n’avait pas réussi. L’armée anglaise, après avoir pris deux fois la ville de Ghazna, fit remettre les portes de Somnath en 1842. Garcin de Tassy écrit au début de l’ouvrage :
“La victoire seule pouvait les arracher à leurs gonds et Lord Ellenborough a voulu faire de ces portes célèbres le principal trophée de la vengeance britannique
358Le premier octobre 1842, Lord Ellenborough fit cette proclamation en hindi :
“Frères et amis, notre armée, qui a vaincu dans le combat, emporte triomphalement du pays des Afghans, les portes du temple de Somnâth, et de la tombe brisée du Sultan Mahmoud, on voit maintenant la ville Ghazni en ruine3. Enfin, l’injure faite il y a huit cents ans est réparée. Les portes du temple de Somnâth, qui, depuis si longtemps étaient un signe de votre humiliation antérieure, seront désormais la marque bien éclatante du pouvoir et de la gloire de votre pays”118.
359Par la suite on a appris que Lord Ellenborough fut trompé et que les vraies portes de Somnâth restèrent toujours à Kabul. Cela ajouta à l’impopularité d’Ellenborough, causée par sa politique peu intelligente. Mais Garcin de Tassy n’avait pas connaissance de ces détails, lors de la publication de son article en 1845 dans le Journal Asiatique. Il n’en parle pas du tout. En 1948, le temple fut restauré par ordre du gouvernement indien pour une somme s’élevant à dix millions de roupies, et inauguré par le Président de la République indienne. Ce fut Μ. K. Munshi, un des ministres du gouvernement central de l’Inde et un des spécialistes des antiquités hindoues, qui fournit, sur la base des textes classiques, les détails sur le plan et l’architecture de ce célèbre temple afin de le restaurer selon le plan originel.
***
360Légende de Sacountala d'après la version hindouie du Mahâbharata, petit travail de 20 pages dans la Revue Orientale en 1852, reproduit dans Allégories.... p. 517 - 535.
361Comme le dit le titre il s’agit d’un épisode du Mahâbhârata d’après la version hindouie de Gokulnath. Le texte original se trouve dans la Chrestomathie hindouie et hindie, à l’usage des élèves de l’Ecole des Langues Orientales vivantes”, pages 112 et suivantes.
362Il y a plusieurs traductions de Sacountala non seulement en français, anglais, allemand et en d’autres langues européennes mais aussi en langues orientales, surtout en langues indiennes. Non satisfait de la traduction française de Chézy, La Reconnaissance de Sacountala, Garcin de Tassy juge utile de traduire le même épisode d’après la version de Gokulnath. quoiqu’un peu abrégée, Garcin de Tassy trouve cette version excellente. Il avoue en outre que l’original a bien des passages obscurs qui ne sont pas éclaircis malgré les efforts des traducteurs et commentateurs.
363Il y a quelques notes ajoutées à la traduction.
***
364Tableau du Kali Yug ou - l'âge du.fer par Wischnu-Dâs, traduit de l’hindoui.
365Dans cet article publié dans le Journal Asiatique de mai-juin 1852, pages 551 à 561 Garcin de Tassy fait connaître aux lecteurs français le contenu d’un poème indien dont il avait déjà donné le texte dans la chrestomatie hindoustanie. La traduction est accompagnée de quelques notes et d’une introduction pour initier le lecteur à ce poème ainsi qu’à son sens mystique.
366Rappelons que d’après la philosophie indienne, il y a plusieurs époques dans le destin de l’humanité. Dans le Kali, l’humanité, souffrira de l’ignorance, les gens se comporteront d’une façon fâcheuse, et même les prêtres ne rempliront pas leurs devoirs. Bref dans le Kali on n'a aucune satisfaction à attendre.
367Cet article fut inséré dans les Annales de Musée Guimet, tome 1, pages 77 - 84 qui le présentait comme une publication originale —donc publication posthume de Garcin de Tassy. Le Journal Asiatique de juillet 1881, page 27, n.1 a fait la rectification.
(c) Traductions de l'arabe
368Les oiseaux et les fleurs, allégories morales (kashf al-asrār ‘an ḥukm aṭ-ṭuyūr wa'l-azhār) par un auteur arabe Izzudin al Maqadisi. C’est un ouvrage allégorique de 268 pages. D’après les renseignements donnés dans sa traduction par Garcin de Tassy, l’auteur mourut le 12 février 1280 à la suite d’un accident. On ne connaît pas grand’chose de lui sinon que son père s’appelait Abdus-salâm.
369D’après Brockelmann (Geschichte der Arabischen Litteratur, vol. I. page 587), il s’appelait Izzuddin Abdus Salâm Ibn Ahmad Ibn Ghanim al Maqdisi al Wâiz ; quant à la date de sa mort, Brockelmann donne 1279 avec un point d’interrogation. D’après le même auteur le titre complet de cet ouvrage serait Kascf al Asrâr an al-Hikam at-Tuyut wa Alazhar. Il rappelle l’existence de nombreux manuscrits et signale que l’ouvrage a été imprimé au Caire plusieurs fois. Il pense également qu’outre la traduction de Garcin de Tassy, il y a une traduction persane dont le manuscrit existe à Istanbul dans la bibliothèque de Waliuddun no 1630 ; et une autre traduction allemande par C. R. R. Peiper Stimmen aus dem Morgenlande, Hirschberg 1850. D’après le supplément de ce même ouvrage, vol. 1er, pages 808-809, Brockelmann nous apprend la découverte de plusieurs autres manuscrits ainsi que celle de nombreuses éditions. Evidemment il a connu la traduction française de Garcin de Tassay.
370Garcin de Tassy avait consulté quatre manuscrits de cet ouvrage pour établir le texte ainsi que pour en donner une traduction fidèle sans être littérale. Il y a ajouté quelques notes explicatives à la fin de la traduction. Il va de soi qu’une traduction littérale serait presque incompréhensible pour le lecteur français. L’auteur fait parler ou bien une fleur ou bien un oiseau ou une bête, et chaque discours donne à réfléchir. La traduction ne semble pas être très bien faite, Par exemple dans la 9e allégorie page 32 le jasmin parle en ces termes “aussi les amants me choisissent-ils pour m’offrir à leurs maîtresses Tandis que l’original arabe wa’l-taraddudu ilā al-ahbābi hinān ba ‘da hinin [xxx] signifie : “Je visite les amis de temps à autre De même dans la 16e allégorie, page 48 le faucon parle “Du milieu de l’enceinte la chasse”, mais l’original arabe dit huwa fī maydān al barāz [xxxi] ce qui signifie “alors qu’il était dans le champ de combat”. Cette traduction a paru en 1821, c’est-à-dire au début de l’activité littéraire de notre auteur et comme il s’agit de l’arabe, langue que Garcin de Tassy connaissait le moins, les défauts qu’on remarque ne doivent pas être trop mis en relief.
371L’auteur s’est donné bien de la peine pour expliquer les difficultés du texte. Ainsi pour une traduction de 125 pages il a ajouté des notes plus volumineuses encore. Si le texte cite un verset du Coran il se réfère au passage exact, quelquefois il indique des passages parallèles d’autres auteurs. Parfois il cite les auteurs grecs, latins, hébreux etc... Lorsqu’il veut traduire le nom arabe d’une fleur d’une plante ou d’une chose semblable, il discute longuement par exemple de la page 142 à 147 pour traduire le mot arabe bān qu’il traduit par “Le saule d’Egypte”. A la page 151 il cite même les auteurs anglais ou latins comme parallèles au passage qu’il traduit.
***
372Chézy a donné un compte-rendu détaillé de cet ouvrage dans le Journal des Savants du mois d’août 1821, pages 495 à 503 sous le titre de Kitāb kashf al-asrār ‘an ḥukm aṭ-ṭuyur wa'l-azhār ou Les Oiseaux et les Fleurs Il écrit :
“Il semble que ce soit particulièrement aux peuples de l’Orient que la nature, d’une main libérale, ait pris plaisir à prodiguer les inépuisables trésors de l’imagination”119.
373L’ouvrage de Moqadesi, écrivain arabe du 13e siècle comporte une introduction fort agréable et 37 allégories composées dans une prose poètique très élégante120. Il cite la 15e allégorie en arabe et en français “pour que le lecteur puisse prendre une idée de l’ouvrage et du style de M. Garcin de Tassy, qui à ce qu’il nous semble, ne manque pas de mouvement et d’une certaine grâce”121. “Dans les notes qui tiennent à l’allégorie du corbeau... je lis encore ce trait dont je ne peux me refuser le plaisir de le rapporter ici... Il s’agit d’une réponse plus que naïve du grand Puzurdj mirh... illustre vizir de Nouchirvan... Quelqu’un demandait à cet homme célèbre par quels moyens il était parvenu au rang élevé qu’il occupait : C’est, dit-il, en montrant dans ma diligence, la diligence du corbeau ; dans mon avidité, l’avidité du porcelet, dans mes flatteries, les flatteries du chien. Phrase dont voici le texte arabe :122 bi bukurin ka-bukur al-ġurāb wa ḥirṣin ka-ḥirṣ al-khinzīr wa tamalluqin ka-tamalluq al-kalb [xxxii]
374Il nous sera permis de dire que la traduction de cette phrase est partiellement fausse, car le mot arabe ne signifie pas diligence mais “se lever tôt”. Le vizir veut dire que je me lève tôt le petit matin comme se lève tôt le corbeau, chose dont la sagesse n’échappera à personne, et on ne peut pas dire que dans cette réponse il y ait quelque chose qui soit “plus que naïf”.
375Chézy dit encore :
“le bân [xxxiii]... ne serait pas comme on l’a cru jusqu’à ces jours, un myrobalanier, mais une espèce de saule (sals aeguptiaca) et les raisons qu’apporte M. Garcin de Tassy à l’appui de son opinion paraissent bien fondées”123. De même ḍab [xxxiv] ne doit pas être emprunté au grec mais au contraire, “Il est bien plus probable que les Grecs auront pris son nom d’une langue sémitique”124.
376Et Chézy termine en disant :
“Ajoutons que M. Garcin de Tassy a dédié ce premier fruit de ses travaux à M. le baron Silvestre de Sacy et qu’il a été admis à l’honneur de le présenter au Roi, dont la haute bienveillance aime particulièrement à se répandre sur tous ceux de ses sujets qui, en quelque genre que ce soit, parcourent la carrière des lettres avec succès”125.
***
- Séance de Maraghah traduite de l'arabe de Hariri, Journal Asiatique, 1822, tome 1er, pages 292 - 299.
- La pièce d'or, séance de Hariri traduite de l'arabe, Journal Asiatique, tome 3, 1823, pages 205 - 208.
- La caravane, séance de Hariri, traduite de l’arabe, Journal Asiatigue, tome 5, 1824, pages 98-105.
377L’ouvrage de Hariri, appelé Maqamāt, est l’un des plus célèbres ouvrages de la langue arabe, et aussi l’un des plus difficiles à traduire. Comme on le sait, cet ouvrage renferme cinquante pièces indépendantes. Il raconte l’histoire d’un très grand savant qui est dépourvu de moyens pour vivre, qui parcourt diverses villes d’Asie et d’Afrique en se déguisant pour tromper les gens et gagner ainsi un peu d’argent.
378L’ouvrage a été édité plusieurs fois, à Calcutta 1814, au Caire, à Lakhnau, à Paris etc... Il y a également des traductions en hébreu, en persan, en turc et en plusieurs langues européenes. On en trouvera des détails entre autres sources, chez Brockelmann G. A. L. volume 1er (2e édition) pages 325 - 329, supplément au Vol. Ier, page 486 - 489.
379Au moment où Garcin de Tassy publia cet article, on n’avait pas encore fait paraître de traduction française, et la célèbre édition de Silvestre de Sacy, de l’année 1822, était encore sous presse, bien que Caussin de Perceval eût publié une édition du texte arabe de Cinquante Séances de Hariri” en 1819.
380“La Séance de Maraghan ” est la sixième séance dans l’original. On l’appelle également la séance al-khayfā, ce qu'on peut traduire par “variété.” On possède à l’Ecole des Langues Orientales de Paris la copie personnelle de Silvestre de Sacy de l’édition qu’il avait faite, et l’on y voit de nombreuses corrections de sa main y compris dans la séance dont il a publié la traduction. Si la célèbre édition de Silvestre de Sacy exigeait des corrections de texte, on ne pouvait attendre de Garcin de Tassy, qui connaissait l’arabe certainement moins bien que Silvestre de Sacy, qu’il n’eût pas commis quelques fautes d’interprétation. En outre, comme nous avons eu l’occasion de le signaler a maintes reprises, Garcin de Tassy cherchait a être compréhensible plutôt que fidèle à la lettre. Par exemple il dira :
“Ceux mêmes qui tenaient les rênes de l'éloquence, n'étaient que les serviteurs des anciens”126.
381Une traduction littérale serait la suivante :
“En vérité même le plus merveilleux des écrivains de l’époque présente, qui tient avec mépris les rênes de l'éloquence serait comme indépendant des anciens, même si celui-là était maître de la rhétorique à la façon de Sahbân Wâil.
382(Sahban Wâil est proverbialement célèbre pour son éloquence et sa rhétorique).
383La deuxième pièce traduite par Garcin de Tassy publiée en 1823 est la troisième dans l’orignal arabe. Dans une note, page 205, Garcin de Tassy dit que cette séance s’appelle également la séance de “Caila”, et dans plusieurs manuscrits on dit “La Séance de la pièce d’or”. Dans l’édition de Sacy, on lit comme titre “La Séance “Cailite ” et “Dim-rite” contenant l’éloge et le mépris d’ici-bas”.
384Garcin de Tassy dit lui-même dans la note au début de cet article,
“Je n’ai pas besoin d’avertir que, dans le texte, cet homme tient un long discours, plein de jeux de mots et de métaphores intraduisibles”127.
385Ici aussi nous trouvons que plusieurs passages de l’original ont été supprimés dans la traduction pour la rendre plus lisible.
386“La Caravane” qui est la traduction de la troisième pièce de Hariri constitue la douzième séance dans l’original et s’appelle non pas la caravane mais la séance “Damascene”. Les remarques que nous avons faites à propos des deux précédents morceaux s’appliquent également à ce dernier. On peut ajouter ici pour terminer cette analyse, que Garcin de Tassy ajoute quelquefois dans les notes des parallèles choisis dans les autres littératures, persane, latine, etc... Par exemple à la page 103, nous lisons quelques vers latins d’Horace, qui disent les mêmes choses que le texte arabe.
(d) Traductions du persan
387Episode de la vie de San’an, d’après le poème persan de Fariduddin Attar, intitulé Nantic uttair, Revue de l’Orient nouvelle série, tome 2, 1855, pages 362 - 367.
388Avant de publier le texte intégral et la traduction du Mantic Uttair en 1857, Garcin de Tassy publia cet article pour éveiller l’intérêt du grand public. Il s’agit ici d’une histoire mystique et Attar cherche par là l’éducation des débutants en mysticisme. Le héros du roman, San’an était un homme très pieux. Il connaissait le Coran entièrement par cœur et faisait souvent le pèlerinage de la Mecque. Un jour il rêve à la Mecque qu’il était allé dans le pays de Roum (Byzance). Ensuite il part pour Byzance accompagné de ses 400 disciples. Arrivé là-bas, il voit une très belle chrétienne. Devenu amoureux d’elle, il est prêt à faire tout ce qu’elle demande. Ainsi il boit du vin, et dans l’ivresse il se prosterne devant les idoles, brûle la copie du Coran et abjure l’Islam. Il avait un grand ami à la Mecque qui vint le chercher et réussit à le faire revenir de son erreur. Ensuite San’an redevenu musulman rentre à la Mecque’. Maintenant c’est le tour de la jeune chrétienne d’avoir un rêve, de le suivre et d’embrasser l’Islam afin de retrouver son mari.
389Le manuscrit d’Attar dont Garcin de Tassy s'était servi, provenait de la bibliothèque de N. Bland qui résidait à Randall s Park et le manuscrit portait une image de la jeune fille de Byzance.
***
390Nantic uttair ou Language des oiseaux, poème de philosophie religieuse par Farid Uddin Attar. C’est sous ce titre que Garcin de Tassy a publié on 1857 le texte persan de ce célèbre ouvrage mystique. Cett édition comporte 184 pages, renfermant 4647 vers. Avant de publier sa traduction française en 1863, Garcin de Tassy a publié un petit ouvrage intitulé, La poèsie philosophique et religieuse chez les persans, d’abord dans la Revue Contemporaine. tome 24, livraison 93 (en l’année 1856, février-mars, pages 86-114) ; ensuite comme publication indépendante. La troisième édition de ce même ouvrage a paru en 1860 et c’est une édition corrigée et augmentée.
391Dans cet article, Garcin de Tassy donne une analyse détaillée de l’ouvrage comme un avant-goût de la traduction qu'il se proposait de publier. Nous y lisons :
“Les oiseaux vivaient en république, mais ils sentirent la nécessité d’avoir un roi. Un pays sans roi, dit un proverbe indien, est comme une nuit privée de la clarté de la lune, et une femme vertueuse sans mari. La huppe, que les traditions rabbiniques et musulmanes donnent pour guide à Salomon dans son voyage à Saba, et qui, ayant ainsi connu familièrement le grand roi d’Israël, était plus que tout autre oiseau capable d’apprécier les qualités que doit avoir un bon roi, la huppe disons-nous, propose aux oiseaux pour souverain “Simorg”, oiseau extraordinaire qui vit au Caucase et dont elle loue les admirables mérites.
Les oiseaux agréent Simorg pour roi, mais ils sont effrayés par la longueur et le danger du voyage qu'il faut entreprendre pour aller le trouver. Les principaux d'entre eux exposent tour à tour leurs objections ou leurs excuses, mais la huppe les réfute. Leurs raisons sont celles que donnent les mondains contre les préceptes de l’Evangile. Quelques oiseaux spiritualistes n’élèvent aucune objection, et se contentent d’adresser à la huppe des demandes sur ce qu’ils ont à faire.
392Tous les oiseaux se décident enfin à partir, mais la plupart périssent en route de faim, de soif et de fatigue. Enfin, après bien des peines, et après avoir franchi sept vallées mystérieuses ils arrivent au nombre de trente seulement auprès de Simorg. Or, ce, mot signifie en persan trente oiseaux. Ainsi les oiseaux, qui représentent les hommes, se retrouvent eux-mêmes en Simorg, c’est-à-dire en Dieu”128.
393Nous y lisons encore.
394‘‘L’allégorie d’Attar est belle, il me semble. Elle présente le tableau de l’effrayante vérité du petit nombre des élus. C’est une éloquente parabole destinée à appeler l’attention sur ce dogme terrible”129.
395Il va de soi que l’analyse et le résumé que renferme cet ouvrage se basent sur la traduction telle que Garcin de Tassy était en train de l’établir.
396Par conséquent si Garcin de Tassy n’avait pas bien compris certain passage du texte persan, et s'il se basait sur cette traduction pour formuler une opinion quelconque, le résultat ne pouvait pas être heureux. Pour n’en donner qu’un seul exemple, Garcin de Tassy écrit dans cette analyse (page 25) :
Ali connaît Dieu comme il doit être connu ; que dis-je, il fait partie de l’essence divine”
397En effet il s’agit là de la traduction publiée plus tard :
“D’après une sentence de Mahomet, Ali connaît l’essence divine ; que dis-je ; il en fait partie”.
398Or cette traduction est tout à fait erronée et le texte signifie :
“On connaît bien (la parole du Prophète) que le meilleur juge parmi vous est Ali, de même Ali est spécialisé au sujet de la personne de Dieu”.
399En tout cas il n’est absolument pas question chez Attar de la déification d’Ali.
400Comme nous venons de le dire, le texte persan lut publie à Paris en 1857. Nous ne possédons pas les manuscrits dont disposait Garcin de Tassy ; ni les autres manuscrits de cet ouvrage qui permettraient une collation avec le texte édité ainsi que l’établissement d'une idée exacte de la valeur du texte auquel Garcin de Tassy s'était arrête. Dans la préface de la traduction, Garcin de Tassy avoue lui-même les difficultés qu’il a rencontrées au cours de ce long travail, et il termine sa préface par ces mots pathétiques :
“Ceux qui liront ma traduction ne pourront, au surplus, se faire une juste idée de la peine qu'elle m'a donnée malgré son imperfection, de même que celui qui chemine paisiblement sur le rivage ne peut se rendre compte des anxiétés des marins, ainsi que le dit une ancienne ballade anglaise qui reproduit ce célèbre hémistiche de Hafiz”.
401Kudjā dānand ḥāl-i mā subuksārān-i sāhilhā [xxxv].
Little do the landman know.
What we poor seamen undergo.
402Nous parlerons plutôt de la traduction française de 364 pages publiée en 1863 à Paris. Garcin de Tassy n’est pas spécialisé en langue persane, en outre l’ouvrage de Attar est assez difficile. Et enfin à l’époque où Garcin de Tassy a essayé de le traduire l’orientalisme était encore en Occident à ses débuts. Pour toutes ces raisons, il ne faut pas être très sévère envers lui. Comme l’étendue de l’ouvrage dépasse quatre mille six cents vers, nous ne pouvons pas l’étudier en entier. Avec ces quelques mots d'introduction, nous attirons l’attention de nos lecteurs sur certains passages choisis au hasard.
403Vers 1.
āfrīn djān āfrqīn-i pāk rā
ān ki djān bakhshīd u īman khāk rā [xxxvi].
404Traduction page 1, Garcin de Tassy traduit “louange au saint Créateur de l’âme, qui a gratifié de l’âme et de la foi la vile terre”. Au lieu de la “terre”, il serait plus précis traduire par “poussière”, car ici Attar pense à l’homme qui, selon la croyance musulmane, aquit de la poussière.
405Vers 2.
arsh rā bar āb· bunyād ū nihād
khākiyān rā ‘umr bar bad ū nihād [xxxvii].
406Traduction page 1. Après avoir traduit le texte par les termes “qui a posé sur les eaux son trône”, Garcin de Tassy ajoute cette note “allusion au trône de Dieu qui est sur la surface des eaux (Genèse 1, 2) Or le passage de la Genèse dit : “Dieu se mouvait au-dessus des eaux Il n’y est pas question de trône. Il faut plutôt penser au Coran (11, 9) où le verset dit ‘‘Alors que son trône était sur les eaux”. Attar doit penser au Coran plutôt qu’à la Bible.
407Vers 3.
āsmān rā dar zabardastī bidāsht
khāk rā dar ġāyat-i pastī bidāsht [xxxviii].
408Traduction page 1. Garcin de Tassy traduit : “Il a donné aux cieux la domination et à la terre la dépendance”. Le texte parle non pas de la domination et de la dépendance, mais seulement de la hauteur et de la bassesse c’est-à-dire du ciel qui est en haut et de la terre qui est en bas.
409Vers 10.
baḥr rā az tishnigī lab khushk kard
sang rā yāqūt u khnū rā mushk kard [xxxix].
410Traduction page 1. Nous lisons dans la traduction : ‘‘Il a desséché complètement la mer”. Le texte persan dit : “Il a rendu les lèvres de la mer sèches par la soif”, voulant apparemment dire que malgré l’immense quantité d’eau dans la mer l’homme y reste assoiffé sans une goutte à boire. Il n’est pas question de dessécher la mer.
411Vers 248.
ṣāḥib-i mi'rādj u ṣadr-i kāyināt
sāya-i ḥaqq khwādja-i khurshīd dāt [xl].
412Traduction page 14. Nous lisons : “l’ombre de Dieu, le soleil de son essence”. Le sens du texte persan est “l’ombre de la Vérité (Dieu), le chef essentiellement un soleil”. Attar joue avec les mots et parle d’un soleil qui donne de l'ombre. Il s'agit du prophète, qui est comparé par Attar avec le soleil et, en même temps. Attar le déclare comme l’ombre de Dieu.
413Vers 446.
murtaḍā u mudjtabā djuft-i batūl
khicādja-i ma'sum dāmād-i rasūl [xli]·
414Traduction page 25. En parlant d’Ali, Garcin de Tassy tra duit le passage par ces mots : “L’époux de la Vierge, le chaste seigneur, le gendre du prophète”. La traduction doit être : “L’agréé, l’élu, l’époux de Batoul (autre nom de Fatima), le chef protégé du péché, le gendre du prophète”. Garcin de Tassy traduit le nom propre “Batoul” par ‘‘Vierge”. Batoul signifie littéralement “adonnée à Dieu”.
415Vers 448
muqtadā-i dīn bi-istaḥqāq-i ūst
muftī-i muṭlaq ‘ala'l-iṭlaq-i ūst [xliij].
416Traduction page 25. Nous lisons : “il est le directeur plein de mérite de la religion, en est le juge absolu”. Nous traduirons ce vers : “Il est le chef religieux de plein droit, il est le plus grand jurisconsulte sans exception’’.
417Vers 450.
ham zi aqdaltum ‘Ali djān āgah ast
ham 'Alī makhṣūṣ fī ḍāt allah ast [xliii]·
418Traduction page 25. Nous lisons “Ali connaît l’essence divine ; que dis-je : il en fait partie”. Nous avons déja signalé plus haut à propos du livre “La Poésie Philosophique et Religieuse chez les Persans” la grave erreur commise ici par Garcin de Tassy.
419Verse 461.
har dû gar burdand ḥaq rā ḥaq-warān
mana ‘wādjib āmadī bar dīgarān [xliv].
420Traduction page 26. Garcin de Tassy traduit : “et, bien que ces deux éminents personnages eussent fait porter témoignage de la vérité par des gens dignes de confiance, les autres y auraient mis empêchement. Nous traduirons “si les deux avaient enlevé le droit à ceux qui possèdaient ce droit, il aurait incombé aux antres de l’empêcher.
421Vers 505.
chūñ Uways īn ḥarf bishunūd az ‘Umr
guft tū bigudār u fārig dar ġudar [xlv].
422Traduction page 28. Nous lisons : “lorsque Awis eut entendu ce discours d’Orner, il lui dit : laisse-moi le Khalifat, reste libre de soucis”. Dans cette traduction ‘‘laisse-moi” est faux ; on pourrait transcrire Owais, et non pas Awis.
423Vers 3740.
guft r‘ūzi farrukh u mas ūd būd
rūz-i'anḍ-‘lashkar-i Maḥmūd būd· [xlvi].
424Traduction page 210. Nous lisons : “On raconte qu’un jour Farukh et Maç‘ud assistaient à une revue de l’armée de Mahmûd Il ne s’agit pas des noms propresde deux personnages mais d’“un jour heureux et favorable
425Il y a sans doute d’autres fautes (mais qui donc ne commet pas de faute ?), et cela ne signifie pas que la traduction n’ait pas de mérite, au contraire elle est encore utilisable. C’est surtout l’esprit de compréhension et la sympathie pour le sujet qui distinguent Garcin de Tassy parmi beaucoup de ses contemporains et collègues.
***
426Nous pouvons signaler en passant que dans le rapport annuel de la Société Asiatique de juillet 1863, pages 11 160, il y a une référence à Garcin de Tassy aussi. Pin effet dans les pages 88 - 89, on y parle de la publication de la traduction du Mantic Uttair puis on résume le contenu de cet ouvrage qui met dans la bouche de différents oiseaux des discours mystiques. Il n’y a ni critique ni autre observation sur Garcin de Tassy lui-même.
***
427Garcin de Tassy publia une lettre qu’une dame lui avait adressée à propos de ce même ouvrage Mantic Uttair. En effet dans la “Revue de l'Orient, nouvelle série, tome 4, 1856, pages 40-51, on trouve la lettre de la Marquise B1. de S., où nous lisons.
“J’ai lu monsieur, votre intéressante traduction du Langage des Oiseaux, et c’est avec empressement que je cède au désir de vous exprimer tout l’intérêt qu'elle m’a inspiré...”
428Il s'agit de la réaction d’une dame mondaine, mais éclairée, de cette époque-là à la lecture d’une œuvre orientale philosophique et mystique. Nous ne nous y attarderons pas davantage.
***
429Dans le Journal des Savants, février 1863, page 135, sous la rubrique “livres nouveaux” il y a un compte-rendu anonyme de 17 lignes sur la traduction française du Mantic Uttair. On ne fait qu’analyser le contenu de cet ouvrage, sans se soucier de savoir si la traduction était fidèle ou non.
***
430Garcin de Tassy a écrit une Note sur Orner Khaiyâm et il a traduit quelques vers de ses Rubaiyat en 1857, 11 pages publiées à l’Imprimerie impériale de Paris.
431Le philosophe Orner, surnommé Khaiyam, est un des poètes persans les plus célèbres et en même temps un astronome et un mathématicien connu. Il naquit à Nischapur vers l’an 1040 de l’ère chrétienne et mourut, âgé de quatre-vingt-cinq ans (vers 1125).
432Garcin de Tassy met en lumière les deux aspects de la pensée d’Omer.
“Les vers d’Omer sont empreints non seulement de ses idées spiritualistes qui dédaignent la religion positive et qui, sans s’occuper du culte extérieur, se rapportent uniquement à Dieu que le poète voit en tout et partout, ce qui le fait tomber dans un panthéisme involontaire ; mais, en prenant à la lettre quelques-unes de ces Rubaiyâts, on croirait même que l’auteur est athée et matérialiste, et en effet, quoique quelques-uns de ses corèligionnaires l’aient considéré comme un saint, d’autres l’ont regardé comme un auteur impie et mécréant”130.
433L'importance de ce petit article réside dans le fait que Garcin de Tassy avait découvert un manuscrit des Rubaiyât dans la “Bibliothèque de la Bodleyenne” d’Oxford, écrit en 1460 à Schiràz, où il y a un certain nombre de quatrains qui ne se trouvent pas dans d’autres manuscrits. Il les publie ici accompagnés de la traduction française.
434Il est à souligner que depuis cet article en 1857, on a publié plusieurs travaux de grande érudition sur les quatrains d’Omer et il y a eu plusieurs éditions d’après les manuscrits découverts par la suite.
***
435Le Bostan, poème moral de Saadi, analyse et extrait. 24 pages Paris, 1859.
436A notre époque Saadi est bien connu ; en 1859 il ne l’était pas autant ; donc Garcin de Tassy publia un article dans la Revue Orientale et Américaine pour attirer l’attention du monde savant ainsi que du grand public en traduisant deux larges extraits du Bostan. (Voir à ce propos cette Revue tome 1, 1859, pages 259-278).
437Saadi est l’écrivain persan le plus célèbre au 13e siècle et qui reste très populaire parmi le grand public et les savants. Ses deux principaux ouvrages sont le Bostân qui est entièrement en vers, et le Gulistân qui est en prose mêlée de vers. M. Graf a traduit en vers allemands le Bostân pour la première fois en Europe (1850) en deux volumes qu’il a publiés sous les auspices de la Deutsche morgenlandische Gesellschaft à l’imprimerie de Vienne et dédiés à S. M. le roi de Saxe.
438Saadi selon la tradition naquit à Chiraz (ancienne capitale de la Perse) en 1176 et mourut à l’âge de 116 ans en 1291-1292. Il voyagea beaucoup avec une curiosité de philosophe. Il dit au commencement du Bostan :
“J’ai beaucoup voyagé dans les différentes contrées de la terre, j'ai vécu avec toutes sortes de gens, Il n’y a pas un coin du monde d’où je n'ai tiré quelque profit, pas une moisson de laquelle je n’aie su prendre un épi”131.
439Le Bostan se compose de quatre mille Bait (vers) divisés en dix livres (chapitres). Ils sont précédés d’une invocation et d’une préface en vers, et le dernier livre forme la conclusion. Les huit chapitres sont : “une série d’anecdotes dont l’auteur tire des leçons non seulement morales et religieuses, mais relatives à la philosophie mystique des soufis, que, Saadi aussi bien qu’Attar, Roumi et Hafiz ont rendue célèbre par leurs chants”132.
***
440Sous le titre de “Pend-namèh ou, livre des conseils de Sâdi, Garcin de Tassy a traduit le célèbre ouvrage de l’écrivain iranien Sâdi de Chiraz, et publié pour la première fois en 1822 en 22 pages, 105 - 124, comme partie d’un ouvrage intitulé Exposition de la foi Musulmane, suivie du Pendnamèh. On le trouve reproduit dans son ouvrage Allégories, Récits Poétiques, et Chants Populaires en 1876. Dans ce travail, Garcin de Tassy s’est servi de la traduction anglaise comme il le mentionne dans certaines notes, par exemple la toute première où il dit :
‘‘Je ne crois pas que la traduction anglaise Who Encompasseth soit exacte”133.
441La traduction est assez libre et donne le sens général ; toutefois il n’y a pas une exactitude rigoureuse, comme on le voit en la comparant avec l’original persan, par exemple, dans la préface, l’original dit “pardonne-moi”, Garcin de Tassy traduit “avoir pitié de notre état”134. De même, tandis que l’original dit : En dehors de toi, nous n’avons personne qui écoute l’appel”, Garcin de Tassy le traduit ainsi : “Nous n’élevons nos soupirs que vers Toi”135 En général la traduction donne le sens et confirme une bonne lecture. Quelquefois Garcin de Tassy renvoie aux passages parallèles des autres auteurs, par exemple il cite “La Fontaine” à la page 112.
442Le Pend-nameh fait partie des livres de l’écolier en Iran, en Inde et partout où l’on étudie le persan.
***
443Contes extraits de l'Anvar Sohaili, Garcin de Tassy a ajouté à la fin du livre Exposition de la foi Musulmane deux extraits du livre Anvar Sohaili par Husain Wa’iz Kâchifi. Le premier de ces extraits, en 7 pages de 151 - 157, s’appelle “Le Fauconnier On retrouve cet extrait à la page 178 et suivantes de l’édition de Calcutta de cet ouvrage persan.
444Comparée avec l’original, nous voyons que la traduction a quelque liberté, car Garcin de Tassy a jugé nécessaire de supprimer non seulement certaines phrases qui constituent des répétitions si courantes dans l’ancien style persan, mais certains vers dont l’original est rempli. Avec ces raccourcissements, la traduction devient plus aisée pour le lecteur français.
445Comme d’habitude, la traduction n’est pas très littérale : L’auteur cherche par contre à mettre le sens à la portée des lecteurs français ; par exemple le mot ‘iffat [xlvii] signifie “chasteté”, mais Garcin de Tassy le rend par “pudeur” ḥayā [xlviii]. De même āb-i-ḥayāt [xlix] doit être traduit par “Eau d’immortalité”, c’est-à dire l’eau qui donne la vie et qui prolonge la vie des vivants mais Garcin de Tassy le traduit par “l’eau du fleuve de l’existence En ce qui concerne les suppressions, à la page 151, Garcin de Tassy traduit les vers de la façon suivante :
Son visage avait l’éclat, du feu, ses joues le brillant de l’onde argentée. Ses sourcils étaient des arcs, ses oeillades des flèches, et au moyen de cet arc et de ces flèches elle avait rendu mille cœurs esclaves”.
446Littéralement il aurait fallu traduire comme suit :
“Avec un visage comme le feu, avec la joue comme l’eau, plus brillante que la lune et le soleil. Tendant le sourcil comme l’arc, et l’oeillade (cil) comme la flèche, elle lance la flèche avec l’arc et fait prisonniers cent cœurs”.
447On remarquera que le passage souligné a complètement été omis dans la traduction par Garcin de Tassy.
448Un autre exemple de raccourcissement est le suivant. Garcin de Tassy écrit :
“Ce satrape avait un page du pays de Balkh qui remplissait auprès de lui les fonctions de fauconnier ; il n’avait ni mœurs ni retenue, et ne garantissait pas l’atmosphère de son cœur de la poussière du libertinage et de la corruption L’original dit : “et ce satrape avait un esclave originaire de Balkh qui était sans scrupule et émancipé à l’extrême, de sorte qu’il laissait à la pupille de son œil, toute liberté, toute licence, aux regards interdits, il ne purifiait pas non plus l’air de sa poitrine de la poussière des débauches et des corruptions. Et cet esclave fut nommé au service du satrape à la fonction de fauconnier, et choisi pour la chasse des oiseaux”.
449Entre la fin de la page 155 et le début de la page 156, Garcin de Tassy omet un vers qui se trouve dans l’original et qui dit :
“Ne t’efforce pas pour faire du mal sans discrimination (sans réfléchir) afin que tu n’aies pas de regret en fin de compte
450Il a noté que l’original persan commence cette histoire en disant que “Dimna” avait raconté ce qui est mentionné dans cette histoire. Ne donnant que des extraits, Garcin de Tassy a voulu rendre indépendants certains morceaux, en supprimant les traits se rapportant aux passages qu'il ne traduisait pas.
451L’autre extrait que Garcin de Tassy a intitulé “L’ours et le jardinier”, en 5 pages de 159 - 163, porte cette note de sa plume :
(I) La fable de l’Ours et l’Amateur des jardins de la Fontaine, est une imitation de ce conte”136
452Dans la deuxième édition de ces extraits que Garcin de Tassy a faite dans l’ouvrage intitulé Allégories, il ajoute une note sur l’influence qu’ils eurent sur La Fontaine :
“Il se trouve aussi traduit en hindoustani d’une manière abrégée dans les Muntakhabat de Shakespeare, tome 1er, page 20 du texte, 36éme anecdote
***
453Notice du traité persan sur les vertus de Huçain Waiz kâschifi, intitulée Akhlâq-i-Muhcîni, Journal Asiatique, juillet 1837, pages 61-81.
454Il existe un tiré à part dont un exemplaire, copie personnelle de Garcin de Tassy, se trouve à la bibliothèque de l'Ecole des Langues Orientales (numéro d’acquisition 2028). Sur cet exemplaire personnel il y a quelques corrections tout comme quelques notes additionnelles. Signalons parmi les corrections, que l'article imprimé porte (page 69) “15° L’inimitié”, et Garcin de Tassy note “lisez la justice ‘adālat [I] l’équité, (Nous ne pouvons concevoir comment cette faute, typographique s’est produite).
455Bien avant la première édition complète de ce célèbre ouvrage (Akhlaq-i-Mohsini), Garcin de Tassy fut le premier à le faire connaître en Occident. Quelques années plus tard, en 1850, le Rev. H. G. Keene publia la traduction anglaise de quinze premiers chapitres de ce même ouvrage, à Hertford.
456Garcin de Tassy raconte la vie de l’auteur, puis met en relief que le titre Akhlaq-i-Mohsini est celui de l’ouvrage qui lut rédigé en l’année 900 de l’Hégire (1484-85 de l’ère chrétienne), dix ans par conséquent avant la mort de l’auteur. Ensuite il signale les titres d’autres ouvrages semblables dans la littérature persane, et que, comme l'Akhlaq-i-Mohsini occupe en Orient le premier rang parmi ces sortes de traités, on n’a pas manqué de le traduire dans plusieurs langues de l’Asie ; en arabe, en turc et en hindoustani, “idiome dans lequel sont reproduits, souvent d’une manière remarquable » les principaux ouvrages persans et sanscrits”137.
457Cet ouvrage est destiné aux princes héritiers du trône, comme nous l’apprend l’auteur lui-même. Garcin de Tassy met en relief le contraste entre cet ouvrage et le “Prince” de Machiavel,
“Car cet ouvrage de Huçain Waiz Kaschifi a voulu faire arriver à l'oreille des rois les leçons d’une morale pure et sévère en leur rappelant sans cesse Dieu et la vie future, ces deux dogmes fondamentaux”138.
458Après avoir traduit l’introduction, où l’auteur parle du but et du destinataire de son ouvrage, Garcin de Tassy traduit également la partie où l’auteur expose le plan de son travail. Ensuite il donne deux chapitres, le seizième sur la clémence et le dix-septième sur la douceur. Il y a très peu d’annotations.
459En comparant la traduction avec l’original persan, nous avons trouvé quelques inexactitudes. Par exemple à la page 70, il traduit :
C’est pour se conformer à cette recommandation que le jour où le prophète rentra triomphalement dans la Mecque, il rendit satisfaits de sa bonté les chefs Coraischites qui lui avaient tait toute sorte de mal”. L’expression “rendit satisfaits” n’est pas correcte pour traduire ṣanādīd-i Quraysh rā... āzād kard [li] il faut traduire “il les relâcha” où “il les libéra”.
(e) Traductions du turc
- Relation de la prise d’Abydos, extraite du livre Couronne des chroniques de Saad-eddin et traduite du turc, Journal Asiatique, janvier 1824, pages 347 - 351.
- Description de la ville de Constantinople traduite du turc de Saad-eddin (Taj uttavarikh, manuscrit turc de la Bibliothèque du roi numéro 69), Journal Asiatique, juillet 1824, pages 139-148.
- Relation de la bataille de Verna, extraite des “Annales de l'Empire Ottoman ” de Saad Uddin Effendi et traduite du turc, Journal Asiatique, vol. 8, janvier 1826, pages 306 - 317.
- Relation de la prise de Constantinople par Mahomet 2e, extrait des “Annales de l’Empire ottoman ” de Saad-Uddin Effendi et traduite du turc, Journal Asiatique, vol. 8 janvier 1826, pages 340 - 354.
- Aventures du prince Gem, traduites du turc de Saad-Uddin effendi, Journal Asiatique, vol. 9, juillet 1826, pages 153 - 174.
460Mohammad Saad Uddin Ibn Hasan, mieux connu comme Khoja Efendi est un des historiens turcs les plus célèbres. Il fut précepteur de Sultan Murad 1er. Il mourut à Istanbul en 1597. Il y a un autre historien turc de même nom qui vivait un siècle plus tard. L’ouvrage de Saad Uddin appelé “Taj Uttawurikh” jouit d’une renommée même on dehors de la Turquie. Il y a une traduction italienne par Bratutti de Raguse, (le premier volume en Espagne). Il y a aussi des traductions françaises de cet ouvrage. Une fut faite par Antoine Galland, célèbre traducteur des Mille et une Nuits” en deux volumes. Elle n’a pas été éditée et n’est pas très fidèle non plus. Une autre traduction également manuscrite et assez allégée avait été faite par Jullien Galland ; il ne s’agit que de quelques morceaux. Il y a aussi la traduction anglaise de certains extraits à savoir G. G. W. Gibb, “The Capture of Constantinople”, Glasgow 1879. Garcin de Tassy publia cinq extraits de cette chronique, comme nous venons de le signaler plus haut. Dans la préface du morceau concernant “La Bataille de Verna datée de 1826, Garcin de Tassy dit :
“Ce morceau, ‘‘La Prise de Constantinople et Les Aventures de Gem” qui suivront, font partie des extraits des historiens turcs, que j’ai fourni à M. Michaud pour la quatrième partie de son Histoire de Croisades. En placards depuis trois ans, ils n’attendent plus pour être mis au jour, que l’instant ou la sombre politique permettra à l’ingénieux et savant académicien, d’accélérer l’impression de ce bel ouvrage que la république des lettres réclame avec impatience139.
461Enfin l'ouvrage de Michaud parut en 1829, et dans son troisième volume les extraits fournis par Garcin de Tassy sont insérés, voir pages 444 - 481.
462Dans la préface de la relation de la “Prise de Constantinople, publiée dans le Journal Asiatique 1826, Garcin de Tassy signale :
“On trouve déjà une traduction un peu abrégée de ce morceau, faite par Galland, et revue par M. Amédée Jaubert. Elle a été placée parmi les pièces justificatives qui forment le huitième volume de l'Histoire de Venise par Daru de l'Académie française, 192 pages, 2ème edition”140.
463En 1876, lorsque Garcin de Tassy publia les Allégories, il y reproduisit les extraits du Taj Uttawarikh, voir pages 599 - 639.
464L’original turc a paru à Istanbul il y a un siècle, en deux gros volumes dont le premier porte la fin de l'année 1279 de l'Hégire comme Tannée d’impression. Le deuxième volume n’est pas daté.
465Le premier extrait se trouve dans le premier volume pages 32-34. En comparant la traduction avec l’original, nous trouvons que Garcin de Tassy a parfois omis certains passages, par exemple des vers ou des synonymes répétés dans le style turc de l’auteur. Nous avons également remarqué que Garcin de Tassy a fait quelques additions au texte, par exemple au début de cet extrait pour que le contexte soit compréhensible aux lecteurs qui ne connaissent pas les chapitres précédents de l’original.
466Garcin de Tassy parle de “La Prise d'Abydos ” que l’original turc nomme ‘‘Aydos”141
467Le deuxième extrait que Garcin de Tassy intitule “La Bataille de Verna” se trouve dans l’original (volume 1 pages 375-384. Ici aussi Garcin de Tassy a omis certains passages qu’il a jugé inutile de traduire. Le titre du chapitre dans l’original est, “Vacance du Trone Impérial par le départ du Sultan Mourad”, mais c’est “La Bataille de Verna” qui intéresse Garcin de Tassy, d’où ce changement du titre.
468Le troisième extrait se trouve également dans le volume I, pages 419-429.
469Le quatrième extrait le suit, et se trouve dans le vol. I, pages 429-443. Dans cet extrait nous rencontrons bien des omissions pour alléger le style et ne pas effrayer le lecteur français.
470Le dernier et cinquième extrait concerne “Les aventures du prince Gem ”142. Nous trouvons cet extrait au début du volume 2 de l’original, pages 2-40. Le titre dans l’original dit : “L’avènement du roi heureux sultan Bayazid”, et le chapitre est long, mais Garcin de Tassy a choisi seulement certains passages pour les traduire en français.
471Il va de soi que le style de la traduction est excellent mais du fait que la traduction n’est pas complète, il nous est difficile de porter un jugement quelconque sur sa fidèlité et sur la connaissance de la langue turque chez Garcin de Tassy. Le choix des chapitres ou des extraits d’un grand ouvrage, tel que l’histore générale de la Turquie, nous paraît être heureux et intelligent.
472Comme nous venons de le signaler, Garcin de Tassy ne cherche pas à traduire un texte suivi mais seulement des extraits çà et là de quelques mots d’une phrase en amalgamant la prose et la poèsie. Quatre pages de l’original dans la description de Constantinople sont résumées en quatre lignes. Parfois la moitié de la phrase provient de la prose, et l’autre moitié d’un vers. Dans la description de la prise de Constantinople, l’original commence par 15 vers. Garcin de Tassy donne le sens de quatre d’entre eux. De même les paragraphes en prose ne sont pas traduits littéralement. Pour cette raison nous ne jugeons pas nécessaire de traduire nous-mêmes quelques passages et de les comparer avec le texte de Garcin de Tassy.
473En ce qui concerne la description de Constantinople, elle renferme non seulement le chapitre qui porte ce titre dans l’original, mais également un autre chapitre qui le suit et qui porte comme titre “Au sujet des Fondateurs de la Citadelle et de cet Ancien Temple”. Dans l’original la description d’Aya Sophia va jusqu’à la page 447, mais la traduction de Garcin de Tassy s’arrête à la page 443. Dans les pages omises par Garcin de Tassy il y a des renseignements précieux concernant l’Aya Sophia. Apparemment les informations contenues dans l’original turc se basent sur le témoignage oculaire des conquérants turcs lors de la prise de Constantinople. Car elles décrivent ce que contenait l’Aya Sophia comme décoration et embellissement. A notre connaissance, les sources grecques ne fournissent pas assez de détails à ce sujet au moment de la prise de Constantinople par les Turcs.
474A la fin de ce quatrième chapitre, Garcin de Tassy ajoute une note que lors de la naissance du prophète le côté oriental du dôme d’Aya Sophia était courbé, et aussi que, d’après les chroniqueurs musulmans, “La mer de sel, de la ville de Saba en Médie, se dessécha”143. Mais il s’agit du lac de Sâva en Iraq, comme le texte turc le précise dans la phrase qui suit celle où Garcin de Tassy s’arrête, Saba étant au Yaman en Arabie du sud.
475Il est à signaler que les morceaux reproduits daus l’ouvrage de Michaud sont plus longs que ceux publiés dans le Journal Asiatique, En effet la relation de “La Bataille de Verna” est ajoutée, au début comme introduction et arrière plan, du texte qui résume les pages 372-375 du premier volume de l’ouvrage original turc. De même le morceau sur “La Prise de Constantinople” ajoute chez Michaud, trois pages au début comme introduction, qui reproduisent les pages 416-419 du premier volume de l’original turc. A la fin du morceau également chez Michaud il y a quatre pages en plus de ce qui a été publié dans le Journal Asiatique (et même de ce que Garcin de Tassy reproduisit plus tard dans ses Allégories).
476Un autre fait à signaler est que l’édition de ces morceaux dans le Journal Asiatique, étant destinée aux orientalistes, contient des mots parfois en caractères arabes. Dans l’édition de Michaud, destinée aux non-orientalistes, on a jugé nécessaire de les supprimer. De même dans Allégories, Garcin de Tassy a supprimé les textes en caractères arabes.
477En ce qui concerne les morceaux additionnels chez Michaud, le style et les principes généraux de la traduction de Garcin de Tassy n’ont pas changé. Donc nos remarques concernant les autres passages s’appliquent également à cette édition.
(g) Traductions de l’anglais
478Grammaire persane de Sir William Jones, seconde édition française, revue, corrigée et augmentée, Paris, 1845, 129 pages.
479Sir William Jones, fondateur de la Royal Asiatic Society of Calcutta, est célèbre dans les annales de l’orientalisme. Sa petite grammaire persane, publiée à Londres en 1772, a connu de nombreuses éditions et impressions. Malgré ses défauts, on crut utile do la traduire en français. Garcin de Tassy s’en chargea à la demande l’éditeur Benjamin Duprat. Comme William Jones était faible en matière de métrique, Garcin de Tassy jugea nécessaire de supprimer le chapitre concernant ce sujet. Signalons à ce propos l’opinion de Reinaud :
“W. Jones..., qui avait composé un traité spécial de la poésie asiatique, n’était pas en état de scander un seul vers. Il a accompagné certains fragments de poésie qu’il cite, d’un tableau indiquant leur valeur métrique ; mais ce tableau, il l’a tiré des commentateurs nationaux sans en avoir l’intelligence”144.
480Dans sa préface Garcin de Tassy parle de la prononciation classique du persan et s’exprime ainsi :
“Je dois avertir le lecteur que la prononciation que j’ai adoptée est la prononciation classique qui est suivie par les grammairiens et les lexicographes originaux. L’analogie du persan avec le sanscrit et le zend, et l’étymologie des mots qu’on trouve dans ces langues, en prouvent la certitude, et elle a été fidèlement conservée dans l’Inde, au lieu qu’en Perse, la prononciation vulgaire a été généralement altérée depuis le gouvernement des dynasties turques qui ont même adopté le turc pour la langue de la cour”145.
481Il existe un compte-rendu de cette traduction française. En effet, Defrémery publia une critique dans le Journal Asiatique de novembre 1845, pages 414-422. Il y signale certaines des fautes de William Jones, et suggère des additions dans la liste des verbes irréguliers.
482Garcin de Tassy répondit à cette critique dans une lettre qui fut publiée dans le Journal Asiatique de janvier 1846, papes 93-96. Il prend ces critiques une à une et montre qu’elles ne sont pas fondées. Par exemple, Defrémery avait signalé les différentes variantes de la lettre persane yé ; Garcin de Tassy dit que dans un petit ouvrage on n’avait pas besoin de traiter de questious aussi minutieuses, lesquelles, au lieu d’aider le débutant, peuvent l’égarer. Concernant l'inutile allongement de la liste des verbes irréguliers, il a la même, réaction, tout en signalant que, même, certaines des suggestions de Defrémery étaient fausses. Il écrit encore :
“Je ne reconnais pas la justesse des rectifications de quelques prétendues fautes de prosodie”146.
SECTION 3. (a) LA SOCIOLOGIE
483Garcin de Tassy s’intéressait beaucoup à l’ethnographie. Il fut le vice-président de la Société d’Ethnographie de Paris. Un certain nombre d’articles reflètent cette préoccupation. Nous les regroupons ici et nous y ajoutons une lettre du souverain de Surât (Inde), adressée à Garcin de Tassy, lettre où il est question des impressions touristiques de ce personnage.
484Coup d’oeil sur la littérature orientale, discours prononcé au Cercle des Arts en 1822 et publié en 20 pages dans le Journal Asiatique, restera célèbre pour la France orientaliste, car ce fut en cette année que l’intérêt porté par les savants français aux questions de l’Orient les a poussés à fonder la Société Asiasique, laquelle a continué jusqu’à nos jours. L’un des fondateurs de cette Société, le jeune Garcin de Tassy, devait être d’un enthousiasme sans bornes en cette mémorable année. Il fut élu comme secrétaire adjoint et bibliothécaire de la Société Asiatique, et, le 1 er mars de la même année, il prononça un discours à la séance d’ouverture du cours de littérature orientale, devant le Cercle des Arts, Et c’est ce dont nous nous occuperons ici.
485Il a 28 ans, et comme en toute autre de ses premières publications, nous voyons ici le savant orientaliste en formation. Déjà il connaissait non seulement les langues classiques occidentales (grecque, latine) et les langues modernes comme l’anglais et l’allemand, mais aussi plusieurs langues orientales. En effet, il expose l’importance, non seulement de l’hébreu, langue sacrée pour les judéo-chrétiens mais encore de l’arabe, du persan, et du turc. Il sait que :
‘‘La Perse a produit plus de poètes que l’Europe entière. Les Persans ont pris des Arabes la mesure de leurs vers et la forme de leurs poèmes. Cependant leur poésie a un caractère qui lui est propre”147.
486Pour l’essentiel, Garcin de Tassy ne parle ici que de poésie. Probablement, c’est le milieu du Cercle des Arts qui l’avait conraint à se borner à cette branche de l’orientalisme.
487Déjà à cette époque Garcin de Tassy se montre non seulement comme un savant libre de tout préjugé contre les Musulmans, mais encore comme ayant un penchant pour eux. Nous lisons par exemple :
“La poésie hébraïque est l’enfance de celle des Arabes... On trouve dans les livres des prophètes hébreux une touche de sublime qui leur est particulière. L’auteur du Coran l’a seul imitée, et quelquefois égalée”148.
488Il semble qu’il n’avait pas encore aperçu le sujet qui devint par la suite sa spécialité et sa principale vocation : la littérature hindoustanie, car il n’en souffle pas un mot dans ce discours.
489Discours de Garcin de Tassy, séance annuelle, Société d'Ethnographie, 1867.
490Garcin de Tassy a présidé la Société d'Ethnographie de Paris et dans sa séance annuelle du 27 février 1865, il a prononcé un discours qui s’étend sur 8 pages imprimées. Comme dans tous les discours présidentiels, on n’y trouve que des généralités. Il est ici surtout question de l’Inde. Tassy en effet y analyse la première partie du célèbre poème Sahrul Bayân de Mîr Maçan de Delhi. C’est un petit conte qui renferme bien des choses intéressant l’ethnographe. A la fin de ce discours, Garcin de Tassy signale que :
‘‘Le Gouvernement de l’Inde britannique va publier dans quelques mois 400 photographies des habitants de l’Inde selon leurs races et leurs castes, avec leurs costumes divers et la représentation de leurs usages, de leur mode de vie, de leurs procédés manufacturiers.”149
491Il ajoute que le docteur Forbes Watson et M. Kaye ont été chargés de ce travail.
492A la séance annuelle de la Société Asiatique qui eut lieu le 27 juin 1867 à 13 heures le président venait de mourir et les vice-présidents n’étaient pas présents. Garcin de Tassy occupa le fauteuilt présidentiel. Il ouvrit la séance par un discours où il déplora la mort du président de la Société Reinaud, après vingt ans de présidence. Ensuite il rappela que la Société avait été fondée en 1822 sous la présidence d’honneur du duc d’Orléans et que parmi ses membres figuraient les savants les plus éminents, comme Silvestre de Sacy, Champollion, et autres. Après avoir signalé les travaux de la Société pendant les 45 années de son existence, il terminait en disant :
“Continuons, messieurs, à suivre la voie qui a valu à notre société le rang qu’elle occupe parmi les société savantes de l’Europe ; et il en sera ainsi, j’en ai l’assurance, quand je vois l’ardeur pour les recherches nouvelles sur l’Orient ancien et moderne qui nous anime tous et qui promet des résultats de plus en plus importants.”150
493Notice sur les fêtes populaires des Hindous d'après les ouvrages hindoustanis, par Garcin de Tassy, à Paris en 1834, 48 pages, extrait du Journal Asiatique.
494Comme chez les autres peuples en général, les fêtes populaires des Hindous sont en rapport avec la mythologie, ou avec les changements de saisons ou avec la gloire des héros et des événements historiques, ainsi qu’avec les phénoménes de la nature comme les éclipses de la lune et du soleil. Garcin de Tassy ne s’intéresse pas particulièrement à la culture des Hindous. Les raisons qui l’ont poussé à rédiger cependant cette étude sont mentionnées au début. Voici ce qu’il dit :
“Dans mon mémoire sur les particularités de la religion musulmane dans l’Inde, j’ai surtout parlé des fêtes musulmanes, et j’ai fait observer que les Hindous prennent part à plusieurs de ces fêtes, et que de leur côté les musulmans participent souvent aux fêtes hindoues. It me paraît donc utile aujourd’hui de faire connaître, d’après des renseignements authentiques, les fêtes populaires de l’Inde brahmanique, et ce nouveau travail peut, il me semble, être considéré comme une sorte de complément du premier, avec les articles que j’ai donnés sur les intéressants ouvrages de Madame Haçan Ali et de M. Herklots.”151
495A plusieurs reprises, il décrit comment les musulmans, et même les rois musulmans, dans l’Inde participent à certaines de ces fêtes, dasarah et diwali entre autres. Il va de soi que la participation des musulmans à ces fêtes reste partielle : la partie religieuse, pûjâ ou adoration des idoles, ne concerne que les brahmanistes, tandis que les musulmans prennent part aux festivités extérieures et vont voir les illuminations et autres spectacles.
496Ces fêtes sont bien connues des indologues, nous n’avons donc pas besoin de nous étendre là-dessus. Le seul point que nous pouvons relever, qui soit significatif pour notre travail, c’est que, parmi les sources de l’article de Garcin de Tassy, se trouvent plusieurs ouvrages rédigés par des musulmans de l’Inde.
497Lettre de S. A. Mir Jafar Ali Bahadur, nabab de Surát, Revue de l'orient, de l'Algérie et des Colonies, nouvelle série, tome I, 1855, de 58-59 et deux pages hors-texte de fac-similé de la lettre en ourdou.
498Mir Jafar Ali Khan, souverain de Sourate, dans l’Ouest de l’Inde, était venu à Paris dans les derniers mois de 1854, pour y passer quelques jours. Profitant de ses moments de loisir, il était venu rendre visite à Garcin de Tassy, avec lequel il eut un long entretien dans sa langue natale, l’ourdou. Avant de quitter Paris, le souverain de Sourate adressa à Garcin de Tassy une lettre, dont ce dernier a publié dans cet article le texte et la traduction. Datée du 13 novembre 1854, cette lettre remercie Garcin de Tassy, donne quelques impressions touristiques de Paris et promet de rédiger un récit de voyage dès le retour et de l’envoyer à Garcin de Tassy.
499Apparemment, ce récit de voyage ne fut jamais publié, sinon Garcin de Tassy en aurait parlé. La traduction de cette lettre, que comporte l'article, donne le sens sans être très exacte. Par exemple, le souverain commence sa lettre en disant “Au noble savant des sciences orientales”... mais la traduction donnée dans la Revue dit : “Salut au savant dans les nobles connaissances..,.”
500L’original était écrit en cursive, en ce qu’on appelle 1’“écriture brisée” hoaṭṭ-i shikasta [lii], et il se peut que Garcin de Tassy n’ait pas pu déchiffrer certains mots.
(b) L’Islamisme
501Dans l’oeuvre de Garcin de Tassy, les publications au sujet de la religion islamique occupent une place très importante. De même qu’à la littérature hindoustanie, Garcin de Tassy a consacré do longs articles à la religion musulmane. Dans les pages suivantes nous essaierons de faire connaître au lecteur son oeuvre dans ce domaine, et l’on verra que ce qu’il a produit possède une importance considérable dans la littérature française savante du dix-neuvième siècle.
502Doctrine et devoirs de la religion musulmane, tirés du Coran, suivis de l’cucologe musulman traduit de l'arabe, Deuxième édition revue et corrigée Paris, 1840, 276 pages,
503Dans cet ouvrage de poche, Garcin de Tassy décrit la religion islamique, telle qu’il la comprend. Dans la préface se lit une petite biographie du Prophète. Tout cela fort sympathique, mais n’excluant pas complètement les partis pris et les erreurs. Garcin dit par exemple du Prophète de l’Islam qu’il :
“Connut de bons chrétiens, qu’il lut leurs livres sacrés, et put ainsi s’abreuver à la source de l’éternelle vérité”152.
504Ou encore il remarque sur la rédaction du Coran :
“Au lieu de procéder avec critique et goût, on se borna presque à rapprocher les versets qui sont terminés par une même rime, en plaçant d’abord les plus clairs, puis ceux qui le sont moins, et dans la dernière place ceux qui présentent un sens obscur.”153 De même :
“Les musulmans suivant ce système, donnent le nom de prophète à Zoroastre, Brahma, etc.”154.
505Garcin de Tassy attire la curiosité des lecteurs sur le Coran en analysant le contenu de ce livre saint, et, de fait, l’ouvrage dont nous parlons ici en comporte bon nombre d’extraits. On aurait pu croire que Garcin de Tassy avait traduit lui-même ces passages de l’original arabe en français, mais il dit :
“Quoique j’aie eu l’occasion de reconnaître, dans les lectures que j’ai faites du Coran, que la traduction de Savary ne mérite pas toujours une aveugle confiance, je m’en suis cependant servi pour les extraits réunis ici, en y faisant simplement les corrections qui m’ont paru indispensables. Je n’ai pas refait entiérement la traduction, pour éviter de changer en travail ce que je n’ai considéré que comme un délassement d’études plus sérieuses”.155
506On ne peut pas nier, en lisant ce petit ouvrage, que Garcin de Tassy avait une très grande sympathie pour l’Islam et voulait en présenter aux lecteurs français un tableau aussi authentique que ses capacités et connaissances le lui permettaient. Il commence par la citation des passages de la Bible qui, d’après l’opinion des docteurs musulmans, prédisent la venue du prophète de l’Islam :
507Genèse, 17, 20 ; Deutéronome, 18, 18 ; ibid. 23 ; Isaïe 19, 6, 7, 9 ; ibid. 42, 1, 7, 16, 17 et tout le chapitre ; ibid. 63, 1, 6, etc ; Habacuc, 3, 3. etc, ; Evangile de Saint Mathieu 20, 9, 16 ; Evangile de Saint Jean 14, 16 ; ibid. 15, 26. ibid. 16, 7, 13, etc.
508Plusieurs de ces citations sont suivies de courtes explications justificatives de la part de Garcin de Tassy.
509Suivent les extraits du Coran, classés d’après les sujets, tels que Dieu, les anges, le démon, l’Evangile et autres livres inspirés, les prophètes, y compris Jésus-Christ, le culte, les devoirs sociaux ; les croyances inculquées par le Coran sont étudiées à la suite.
510Garcin de Tassy a amélioré un peu la traduction de Savary, qui n’est absolument pas digne de confiance. On possède maintenant en français des versions beaucoup plus fidèles à loriginal. Avant Garcin de Tassy, sont connnes les traductions suivantes :
- Bonnaventura de Seve, incomplète (d’après la Jewish Enclycopaedia s. v. Koran, une traduction du chapitre 70 du Coran avait été faite en espagnol au treizième siècle, ainsi qu’une traduction française de cette version espagnole).
- Sieur du Ryer, l'Al Coran de Mahomet, 686 pages, publié à Paris en 1647.
- Savary, Le Coran, à partir du latin de Maracci, publie à Paris en 1783. La traduction latine de Maracci avait paru en 1698 à Padoue
- Reinaud dans Monuments arabes, persans et turcs de M. le duc de Blacas tome 2, pages 291, 295, 298, 299, 301, 317, 320, 325, et 326, 331, 342-346, 349, donne de nombreux extraits du Coran.
- Kasimirski, Le Coran, publié à Paris en 1840 ; c’est une des meilleures156.
511Après avoir donné ces morceaux choisis du Coran, Garcin de Tassy insère dans son livre un eucologe musulman sunnite. Il s’agit là de la traduction d’un ouvrage intitulé Hidayat-ul Islam, publié à Calcutta en 1804, en arabe, avec la traduction ourdoue. Garcin de Tassy y a ajouté plusieurs autres prières musulmanes tirées d’autres sources. Ces prières concernent les différents aspects de la vie, privés ou publics, individuels ou collectifs, même les inculcations aux malades sur le lit de mort.
512Bref, dans ce petit ouvrage se trouve une variétè assez étonnante de renseignements portant sur presque tous les aspects de la religion islamique.
513La legenda de Mahoma, traduite du français de Garcin de Tassy Barcelona, 1840.
514A l’époque de Garcin de Tassy, il y a un siècle, il n’était pas encore facile en Europe de parler de l’Islam objectivement : on soupçonnait tout de suite de tendance à l’apostasie un auteur qui le faisait. Dans l’avertissement à ses “Allégories”, Garcin de Tassy prévient les soupçons :
“Quant aux passages de mes traductions qui, malgré les coupures que j’y ai faites, pourront choquer ou paraître malsonnants, je ne les ai maintenus que pour faire connaître les idées et le style de l’Orient musulman. Le lecteur judicieux appréciera ces motifs, sans que j’aie besoin de faire ma profession de foi”157.
515C’est ainsi, pensons-nous, que Garcin de Tassy a choisi le titre “La Légende de Mahomet” pour le petit ouvrage de biographie du Prophète dont nous parlons ici. Nous n’avons trouvé que la version espagnole de cet ouvrage publiée à Barcelone. D’après le titre, un certain B. Y. B. en est l’auteur. Sur l’exemplaire de cet ouvrage qui se trouve à l’Ecole des Langues Orientales de Paris, on a transcrit le nom complet du traducteur : Bofarulla y Broca.
516Dans cet ouvrage de très petit format, et ne comportant que 40 pages, l’auteur procure une courte biographie du Prophète de l’Islam décrit surtout le Mi’raj ou l’ascension au ciel et la visite du Paradis. A la fin, se lit une petite note sur le Coran qui semble avoir été ajoutée par le traducteur, espagnol, et ne pas provenir de Garcin de Tassy. En effet, nous lisons dans le prologue, passage 6, qu’on a :
“Fait accompagner cet ouvrage par des notes ou additions du savant “Savary” qui sont utiles pour la meilleure compréhension de son contenu, et pour tenir un meilleur compte de la personne de Mahomet.”
517Dans cette note sur le Coran, extraite, donc, de la préface à la traduction de Savary, se trouve d’abord une description du Livre Saint, disant par exemple qu’il y a 114 chapitres, commençant par la formule du nom de Dieu clément et miséricordieux, que le Coran fut “publié” en l’espace de 23 ans, partie à la Mecque et partie à Médine. Ensuite le traducteur ajoute que le Coran ne suffit pas pour connaître les dogmes des Musulmans et qu’il faut lire d’autres ouvrages théologiques, tels que celui de “Mohammad ben Pir Ali Elverkexi”, que Garcin de Tassy a récemment traduit en français.
518La biographie du Prophète, qui se base apparemment sur les ouvrages islamiques, est donc ici assez objective. Seuls, dans la partie qui décrit l’ascension au ciel, quelques détails ressortissent plutôt à la foi populaire qu’à l’orthodoxie.
519L'islamisme d'après le Coran, l’enseignement doctrinal et la pratique, troisième édition, Paris, 1874 ; 612 pages.
520Il nous semble qu’il s’agit ici d’une nouvelle édition du petit ouvrage “Doctrine et Devoirs de la Religion Musulmane” publié en 1840. Ne nous étonnons donc pas que son auteur désigne le présent Islamisme comme une troisième édition. Après 34 années d’études et de réflexion, non seulement les connaissances islamiques de Garcin de Tassy, mais aussi sa sympathie pour son sujet n’ont fait que croître. En effet il prend la défense de l’Islam et du Prophète de l’Islam avec beaucoup de vigueur. Il critique violemment les ouvrages de Voltaire, tels que “Le Fanatisme ” ou ‘‘ Mahomet, et il relève le fait suivant : Voltaire, dans sa lettre au roi de Prusse du 20 janvier 1742, avoue que le fait historique sur lequel repose sa tragédie est faux.
“Je sais, dit-il, que Mahomet n’a pas tramé précisément l’espèce de trahison qui fait le sujet de cette tragédie”.158
521On croirait même que Garcin de Tassy avait fini par embrasser la doctrine islamique s’il ne se trouvait dans son livre quelques remarques amères ou distantes concernant l’histoire musulmane, à moins que ces deruières n’eussent pour objet de dissimuler sa conversion à son entourage. Nous nous référons à trois passages, dans la préface de l’ouvrage, que voici :
522“On pouvait peut-être même lui (à Reland) reprocher un peu de partialité pour les Musulmans”159.
523Puis encore :
“Je prétends encore moins faire la plus légère comparaison entre l’Evangile et le Coran. Comment, en effet, tout autre argument mis à part, pouvoir comparer le Christianisme propagé, dans les premiers siècles, par la seule voie de la conversion, à l’Islamisme prêché les armes à la main ?”160.
524Et enfin :
“La religion musulmane est, après le bouddhisme et la religion chrétienne, qui est la seule vraie, une des religions les plus répandues.”161.
525Garcin de Tassy commence la préface de son livre par l’explication suivante :
“Il est tellement question en ce moment des musuimans de l’Inde162 que je crois opportun de mettre à jour de nouveau mes anciennes publications sur la religion musulmane, afin qu’on connaisse les principes et que, tout en déplorant l’aveuglement des sectateurs de Mahomet, on sache que leur religion n’offre pas les monstruosités que quelques personnes croient y voir.
526Les pièces que j’ai réunies ici sont :
- Doctrine et devoirs de la religion musulmane, tirés textuellement du Coran ;
- Exposition de la foi musulmane, catéchisme sunnite, traduit du turc ;
- Eucologue musulman, traduit de l’arabe et du persan ;
- Religion musulmane dans l’Inde”163.
527La présente édition s’ouvre donc par les passages de la Bible concernant la venue de l’Islam, dont nous avons parlé ailleurs. Suit l’ouvrage intitulé Doctrine et devoirs de la religion musulmane que nous avons également analysé à sa plaee. Il convient de dire qu’il y a des corrections et améliorations au texte du même ouvrage publié 34 ans auparavant. Vient ensuite l’ouvrage intitulé Exposition de la foi musulmane par El Berkewi. Nous l’avons également analysé dans une section précédente, tout comme le Mémoire sur les particularités de la religion musulmane duns l’Inde, qui comporte plus d’une centaine de pages. Voici quelques précisions sur lui :
528Il s’agit en fait d’un article qui a paru premièrement dans le Journal Asiatique, en 1831 ; il fait partie ensuite d’un livre indépendant, publié à Paris en 1869. Donc l’inclusion de ce même article dans l’ouvrage l'Islamisme fait qu’il paraît pour la troisième fois. Il va de soi que dans chaque nouvelle édition l’auteur a revu et corrigé son texte.
529Dans ce mémoire, Garcin de Tassy déclare d’abord qu’indologues et même touristes rentrés de l’Inde parlent uniquement des Hindous, c’est-à-dire des Brahmanistes, ainsi que de tout ce qui appartient à leur culture et à leur histoire ; mais, dit Garcin de Tassy, les Brahmanistes ne sont pas seuls dans l’Inde. Il y a, à son époque, 25 millions164 de musulmans qui y habitent, qui ont régné pendant plusieurs siècles sur ce vaste continent. Ils ont une culture et des traditions qui leur sont propres. Il convient donc de leur consacrer une étude particulière.
530Garcin de Tassy s’intéresse surtout aux particularités régionales de ces musulmans, comment et en quelle measure ils diffèrent des musulmans des autres pays et sont influencés par leurs voisins brahmanistes, quelles coutumes non-islamiques se sont établies chez eux, et jusqu’à quel point les Indiens non-musulmans participent aux fêtes des musulmans. Dans ce but Garcin de Tassy divise son travail en deux parties principales : premièrement, les fêtes populaires, et deuxièmement les saints de l’Inde musulmane. Il constate que l’Islam fait journellement des progrès dans l’Inde terme par lequel il entend non seulement ce qu’on appelait à son époque l’Inde britannique mais aussi les Etats indigènes, bref ce qui constitute aujourd’hui la République indienne et la République pakistanaise ensemble. Il cite ses sources, qui sont malheureusement insuffisantes pour la tâche. Car il s’agit pour la plupart de romans ou d’anthologies de poèmes. A son époque sans doute n’y avait-il pas de travaux sociologiques scientifiques. On ne peut alors qu’admirer le travail de pionnier qu’il a mené malgré les difficultés et les lacunes.
531Garcin de Tassy a même connu certains des mouvements de réforme sociale au sein des communautés musulmanes de l’Inde. Par exemple, l’oeuvre de Saiyid Ahmad Khan, l’activité de ceux qu’on appelle les Wahabis, et ainsi de suite. Il a également pris en considération le fait que dans l’Inde vivent non seulement des Sunnites mais aussi des Chiites, qu’il y a une différence dans la célébration des fêtes, dont certaines sont particulières à chaque secte, que parmi les Etats indigènes aussi, il y en a certains dont les souverains aont des Chiites tandis que d’autres sont gouvernés par des Sunnites, ce qui influence le déroulement des festivités publiques.
532Il faut bien remarquer que certaines opinions et certaines descriptions de l’ouvrage de Garcin de Tassy, même si elles sont authentiques, ne correspondent plus à notre époque. En outre, il ne faut pas confondre les pratiques de certains groupes, ou de certaines couches de la société, avec des pratiques générales des musulmans de l’Inde. C’est ainsi que nous sommes pas d’accord avec l’opinion de Garcin de Tassy, que :
“Ce qui frappe surtout dans le culte extérieur des musulmans de l’Inde, c’est l’altération qu’il a subie pour prendre la physionomie indigène ; ce sont ces cérémonies accessoires et ces usages peu conformes ou contraires à l’esprit du Coran, mais qui se sont établis insensiblement par le contact des musulmans avec les Hindous ; ce sont enfin ces nombreux pèlerinages aux tombeaux de saints personnages dont quelques-uns ne sont pas même musulmans, et les fêtes demi-païennes instituées en leur honneur”165.
533Nous ne croyons pas que même en 1831 ce fut là la pratique générale des musulmans de l’Inde.
534Quelquefois Garcin de Tassy semble exagérer la portée de certaines fêtes. Il écrit ainsi :
“En lisant la description que je vais donner bientôt de chacune de ce fêtes, on croira souvent qu’il s’agit de fêtes hindoues. Telle est par exemple le solennité du Ta’ziya ou deuil, établie en commémoration du martyre de Huçaine, laquelle est, semblable en bien des points à celle du Durga Puja que les hindous célèbrent dans le mois de Katik (octobre, novembre) en l’honneur de Durgâ, déesse de la mort, épouse de Siva ou Mahadeo. Le Ta'ziya dure dix jours comme le Durga puja. Le dixième jour, les Hindous précipitent dans la rivière la statue de la déesse au milieu d’une foule immense, avec un grand apparat et au son de mille instruments de musique ; la même chose a lieu pour les représentations du tombeau de Huçain que l’on jette ordinairement à la rivière avec la même pompe. On verra, dans la description qui sera donnée de cette fête et de plusieurs autres, que les musulmans ont adopté, dans leurs cérémonies religieuses, des usages tout à fait indiens. Telles sont ces processions bruyantes qui rappellent celle Jagan Nath et des autres pagodes, cortège peu édifiant, mais indispensable dans toutes les solennités indiennes, accompagnant les dévots. Les oblations offertes par les musulmans en l'honneur de leurs saints sont les mêmes que chez les Hindous ; elles consistent surtout en riz, en beurre clarifié, en fleurs.”166
535Parmi les fêtes décrites par Garcin de Tassy, certaines sont particulières à l’Inde, mais d’autres sont communes au monde musulman tout entier. Il se peut bien qu’il y ait des particularités indiennes dans le déroulement de certaines des fêtes musulmanes.
536Avant d’aborder la partie qui parle des fêtes de l’Inde musulmane, il nous sera permis de citer encore un passage de l’introduction, que Garcin de Tassy intitule “Observations préliminaires”. Nous avons déjà relevé, à propos du livre : Doctrine et Devoirs que, en lisant les ouvrages de notre auteur, nous avons quelquefois l’impression qu’il s’était converti. Le présent ouvrage en offre encore l’occasion. Sans qu’aucun besoin en apparaisse dans le contexte, est cité un passage à propos duquel on dirait que l’auteur veut se cacher derrière les paroles attribuées aux autres :
‘‘Qu’il me soit seulement permis de citer sur la religion musulmane ce qu’en disent en somme les musulmans eux-mêmes : lorsque les sectateurs de Jésus se furent éloignés de la bonne voie pour se plonger dans l’hérésie et l’incrédulité en soutenant que Jésus était le fils de Dieu, le Très-Haut rejeta leur culte et suscita un grand prophète parmi les Arabes, lui mit le sceptre dans la main droite et le Coran dans la gauche, afin de convertir à la seule véritable religion les plus dispersés sur la surface de la terre. Transporté d’un saint zèle, ce prophète nommé Mohammad, c’est-à-dire “le glorifié” travailla fortement à extirper le polythéisme et l’infidélité. Egalement puissant en parole et en oeuvres, il employa les exhortations et les miracles. Sa sainte religion prend tous les jours plus d’extension, et nous espérons que dans la suite des temps, elle sera la seule véritable qui puisse procurer le salut.”167
537Parlant des fêtes, Garcin de Tassy les divise en deux catégories : celles qu’il appelle fêtes lunaires (puisqu’on les célèbre selon le calendrier lunaire) et les solaires (fêtes selon le calendrier solaire).
538Pour le premier mois lunaire, il y a évidemment la fête du martyre de Huçaine. Tassy rappelle d’abord l’arrière-plan historique de l’événement de 1’année 680. Ensuite il décrit comment on le fête dans les différentes régions indiennes et sa description est fondée surtout sur celles des voyageurs européens.
539Pour le deuxième mois, il cite, premièrement, les fêtes en commémoration de la guérison du Prophète, mais cela en quelques lignes seulement. Deuxièmement, le dernier mercredi » à propos duquel il fait cette étonnante remarque :
“Le dernier mercredi de Safar est, d’une part, considéré par les Shiites comme de mauvais augure ; tandis que de l’autre, les Sunnites se réjouissent en ce jour.’168
540Nous ne pouvons pas confirmer la véracité de cette observation.
541Dans le troisième mois prend place l’anniversaire du Prophète. Pour les Saints en général, c’est le jour de leur mort, mais pour la fête du Prophète, c’est le jour de sa naissance qu'il est célébré. Il est exact que cette fête s’appelle le douzième de la mort, mais ce terme n’est pas général pour toutes les parties de l’Inde et il ne s’agit pas de “fêter” la mort du Prophète. L’origine de cette expression “le douzième de la mort nous est inconnue, il se peut que la locution soit appelée par une autre : “le onzième de la mort”, qui correspond à l’anniversaire de la mort d’Abdul Qadir Gilani que les Sunnites observent au quatrième mois.
542Pour le quatrième mois, il y a la fête d Abdul Qadir Gilani, personnage qu’on apelle de plusieurs noms, dont certains sont cités par Garcin de Tassy ; un de ces noms, Miran-ji, nous est inconnu. Pour le cinquième mois, la fete de Madâr, typiquement indienne. D’après l’explication de Garcin de Tassy, ce saint serait né à Alep en 1050, et son tombeau se trouverait à Makanpoure, village du district de Quannauj. Pour le sixième mois, Garcin de Tassy parle de la fête du jeûne surérogatoire et mentionne le nom d’un certain Jalâl Bukhari. Nous avouons que tout cela nous est inconnu.
543Dans le huitième mois, se trouve la fête “Barât”, c’est-à-dire la fête des trépassés, qu’on peut rapprocher du 2 novembre chez les Catholiques. Cette fête a lieu le quatorze du mois de Schabân, et l’on visite les tombeaux et on distribue les aumônes. Le neuvième mois est le mois du Ramadhan, le mois du jeûne. Le 21, on commémore le martyre du Calife Ali. Dans le dixième mois, a lieu la grande fête de la rupture du jeûne. Dans le onzième mois, il n’y a pas de fête, à cause de quoi on l’appelle “Vide”. Le dernier et douzième mois renferme la célèbre fête des sacrifices et du pélerinage. Outre celle-ci, on célèbre une fête apellée I’d Gadîr, le dix-huit du mois. Observons en passant que cette fête qui commémore la nomination d’Ali par le Prophète pour être son successeur, n’est pas célébrée par les Sunnites mais seulement par les Chiites.
544Les fêtes solaires se célèbrent d’après le calendrier hindou. Garcin de Tassy n’en cite que trois : la fête de Salâr Maçud Gâzi, enterré à Bahrâich, qui se célèbre au mois de Jeth (mai-juin), la fête de Khizr (Khadir, en arabe), au mois de Bhâdon ; et enfin la fête de Goga qu’on nomme aussi zahir Pir, également au mois de Bhâdôn. D’après Garcin de Tassy, cette fête est célébrée dans le Bajpoutana ; il note que Goga était non-musulman, et qu’il fut tué en se défendant contre l’invasion de Mahmud de Ghazna. Cette fête est aussi inconnue de nous.
545Dans la deuxième partie, Garcin de Tassy donne de courtes biographies de treize saints musulmans, dont certains ne sont pas indiens, comme Abdul Qadir Gilani de Baghdad.
546Depuis l’époque de Garcin de Tassy beaucoup de choses ont changé, et les descriptions que renferme l’ouvrage ont un intérêt plus historique que sociologique.
547Garcin de Tassy a donné, sous le titre “Chapitre inconnu du Coran, publié et connu pour la première fois, un petit article au Journal Asiatique, mai 1842, pages 431 à 439. S’y trouvent le texte arabe et la traduction française, mais sans commentaire, Au début une brève introduction expose la tradition chez les Chiites concernant l’existence de certains chapitres “perdus”. La source de Tassy est le Dabistan-I-Mazâhib ou “l’Ecole des sectes (pages 337 et suivantes), ouvrage persan célèbre écrit dans l’Inde vers le milieu du dix-septième siècle par un musulman du Cachemire nommé Mohsin Fâni. Qu’on veuille bien se reporter à ce qui suit.
548Le chapitre inconnu du Coran traduit et publié avec quelques observations de Mirza Alexandre Kazam Bcg, professeur des langues orientales à l’université de Casan. Journal Asiatique Paris, 1843 (décembre), pages 373 à 429.
549Les notes de Kazam Beg169 s’étendent sur 55 pages, suivies d'une note de Garcin de Tassy, de deux pages. Kazim Beg y fait l'historique de la rédaction du Coran au temps du Prophète et de ses premiers Califes. Entre autres détails il cite l’opinion du grand maître Chiite Abou J’afar de Cum, que le Coran en usage chez les Sunnites ne diffère point de celui qui est reconnu chez les Chiites. Dans certaines sectes de Chiites extrémistes, une tradition admet que certains chapitres du Coran parlant de Ali avaient été supprimés par le Calife Abou Baker ou Osman, lors de la rédaction du Coran. Mais elle n’explique pas pourquoi pendant le califat de Ali on n’a pas restitué ces chapitres supprimés. Dernièrement, lit-on, on a trouvé un manuscrit contenant un chapitre du Coran intitulé “les deux lumières”, et composé de 42 versets. L’article reproduit ce chapitre, avec une traduction. De l’avis des arabisants, cette nouvelle découverte a peu de chance d’être considérée comme une partie authentique du Coran. En effet, on a repris les versets de différents chapitres coraniques et on les a réunis dans le prétendu chapitre découvert par Garcin de Tassy. Dans certains versets du document découvert, se trouvent bien des éloges de Ali, mais on ne trouve pas trace du chapitre lui-même dans les premiers temps de l'Islam. En outre, il y a déja plus d’un siècle que cet article fut publié et il n’a pas suscité d’intérêt, même chez les Chiites. On trouvera quelques détails à son sujet dans l’histoire du Coran de Nöldeke-Schwally : Geschickte des Qorans.
550Geschichte des Qorans, par Théodore Nöldeke et Friedrich Schwally, Leipzig, 1919 ; volume 2, pages 100 - 112.
551Les auteurs allemands se réfèrent à l’article de Garcin de Tassy et de Kazam Beg et mentionnent qu’on a trouvé le texte dans un ouvrage persan, Dabistan Madahib, par Muhsin Fani qui vivait au dix-septième siècle. Ils signalent la contradiction entre le témoignage de Garcin de Tassy et celui de Kazam Beg : Kazam Beg dit qu’il a connu le texte d’après la publication française (de Garcin de Tassy), par contre Garcin de Tassy affirme que c’est Kazam Beg qui a retrouvé, après dix-huit années de recherches, le texte complet de ce chapitre du Coran ; Nöldeke ajoute : il est difficile de dire si dans cette contradition, il n’y a pas malentendu, ou s’il s’agit d’une lettre privée qu’on a publiée comme introduction à un article ; dans ce dernier cas, on aura peu de confiance au sujet de la provenance do l’original, puisque Kazam Beg ne dit pas où il a obtenu son texte.
552Ensuite l’auteur reproduit le texte arabe de Kazam Beg avec la traduction allemande, puis écrit ce qui suit : il est vrai que la première impression que donne le texte est d’être rédigé dans un style bien coranique, car la plupart des phrases, ou parties de phrases, sont des expressions employées dans d’autres chapitres coraniques. Kazam lui-même pense que ce fait est une preuve de l’inauthenticité ; mais Nôldeke ne voit là rien de concluant, il faut plutôt comparer la nouvelle découverte avec l’ensemble du Coran, des points de vue lexical, stylistique, et autres. Après une longue discussion, Nôldeke conclut qu’on a l’impression que le prétendu chapitre des deux lumières est plutôt une fabrication Chiite. En ce qui concerne l’époque de cette falsification, il est difficile de la fixer ; les plus anciens commentateurs Chiites du Coran, comme al Qummi (quatrième siècle de l’hégire), Ibn-i-Murtada, (mort en 911 de l’Hégire) semblent ignorer ce texte, autrement ils l’auraient cité. D’après Kazam Beg, aucun ouvrage Chiite, avant le seizième siècle, ne parle de ce texte. Le titre du chapitre “les deux lumières”, concerne le Prophète et le calife Ali ; Nöldeke admet que là aussi nous sommes dans l’obscurité.
553Exposition de la foi musulmane, traduite du turc de Mohammed Ben Tir-Ali Elberkevi, avec des notes ; Paris, 1828.
554L’ouvrage contient également une traduction du Pend-Nameh de Saadi par Garcin de Tassy lui-même, ainsi que la traduction du poème du Borda faite par Silvestre de Sacy.
555Nous ne parlons ici que du premier traité. Garcin de Tassy dédie l’ouvrage au comte Portalis et dans la préface, il explique les raisons de l’entreprise. Il écrit :
“La religion musulmane est, peut-être, de toutes les religions la plus répandue... cependant, on s’est formé de cette religion les idées les plus fausses. Durant plusieurs siècles on a donné aux musulmans le nom de païens, et le Tasse lui-même les a désignés sous ce nom dans son admirable poème. Toutefois, jamais peuple, ainsi que l’observe fort bien un écrivain celèbre, no fut plus éloigné de ce que nous appelons improprement le paganisme, et ne fut plus attaché sans aucun mélange à l’unité de Dieu... Le Risalei Berkevi ou petit traité par Berkevi, que j’ai intitulé Exposition de la foi Musulmane, et dont j’offre aujourd’hui la traduction, n’est autre chose qu’un catéchisme à l’usage des Turcs. Il est chez eux très estimé et très répandu... En effet, Berkevi parle du dogme d’une manière étendue ; il y consacre les six premiers chapitres de son ouvrage ; mais Il indique à peine les devoirs du culte (j’ai eu soin de les développer dans une note). Il est vrai que l’auteur entre dans des détails minutieux au sujet des ablutions et des règles touchant la prière, détails qu’il a joints à son traité sous le titre d’appendice. Je n’en ai conservé que le dernier paragraphe du septième chapitre ; je n’ai point traduit le reste : on n’aurait pu en soutenir l’insipide et fatigante lecture.
“En terminant sa Risale, Mohammad Elberkevi entre aussi dans les détails les plus minutieux sur ce qu’il désire que l’on observe à sa mort. J’ai pareillement omis ces détails aussi peu intéressants pour le moins que les autres...
“L’impression de cet ouvrage était terminée lorsque j’ai eu connaissance d’un livre, intitulé Religion ou théologie, des turcs, etc..., etc..., Bruxelles, 1704, à la fin duquel se trouve la traduction du traité de Ben Pir Ali. Mais cette traduction s’éloigne beaucoup de mon travail ; l’auteur s’y est appesanti sur des minutes que j’ai écartées à dessein, et qui n’auraient offert aucune espèce d’intérêt au lecteur : d’ailleurs, il n’a pas toujours rendu exactement le texte, il lui est même échappé des contre-sens graves. Paris, le 5 mai 1822.”170
556D’abord quelques mots sur une antre traduction du même ouvrage. En effet un orientaliste belge, qui préfèra garder l’anonymat, a publié la traduction française de deux ouvrages sous le titre “Religion ou théologie des turcs, par Echialle Mufti, avec la profession de foi de Mahomet, fils de Pir Ali. Le premier ouvrage est en deux volumes de 228 + 109 pages. Le deuxième, qui nous concerne directement, a 166 pages de petit format. Chaque ouvrage comporte une illustration fantaisiste : la première porte la légende “Echkialle, grand mufti natif de la Mecque” et la deuxième, qui dessine un groupe de sept personnes porte la légende “Mahomet fils de Pir Ali, docteur de la loy, natif de Philadelphe”. A l’époque, dire la vérité sur l’Islam n’était pas chose facile en Occident, d’où vient que non seulement on remarque l'absence du nom du traducteur, mais encore des excuses pour la profession de foi, jointes à des accusations ridicules contre l’Islam. (L’ouvrage de Garcin de Tassy est heureusement exempt de telles choses). Probablement le nom d’Echialle est la corruption de El-Khayâli. En ce qui concerne la critique de Garcin de Tassy au sujet des mérites de cette traduction belge, nous ne jugeons pas nécessaire de nous y attarder longtemps. Une citation du début de l’ouvrage chez les deux traducteurs suffira peut-être à donner aux lecteurs une idée du style des deux traductions :
G. de Tassy | Traduction belge |
Chapitre premier. De Dieu. Il faut d’abord confesser I. que Dieu très-haut seul doit-être adoré, qu’il n’a ni associé, ni égal, qu’il n’est assujetti à aucune des imperfections de l’humanité ; qu’il n’est point né, qu’il n’engendre point ; qu’il n’a ni femme, ni fils, ni fille ; que ces accidents ne sont point en lui et ne peuvent y être ; qu’il n’est ni dans le ciel ni sur la terre qu’il n’a pas de demeure ; qu’il n’est ni à droite ni à gauche... etc. | Chapitre Ier. Explication des Attributs de Dieu qui sont négatifs et auxquels il n’est pas permis de répliquer. Voicy mon principal et unique Testament, que je manifeste à tous mes bien-aimés frères les véritables Musulmans, qu’il n’y a qu’un seul Dieu, digne de nos adorations et qui mérite nos prières, il ne souffre pas compagnon et n’a point de semblable, il n’est su ;et ni au manger ni au boire, et ne peut être inquiété du sommeil, jammais il n’a été engendré, et jamais il n’engendrera, il n’a ni femme, ni garçon, ni fille, et n’en peut avoir, il n’est ni au ciel, ni en terre, ni devant ni derrière ni en haut ni en bas, ni à côté... etc. |
557Garcin de Tassy a ajouté des notes presque aussi volumineuses que le texte. Ces notes ont pour but l’explication des termes techniques, des allusions et autres obscurités dans le texte, qui peuvent être clairs pour les lecteurs musulmans mais non pas poulies lecteurs non musulmans. Plusieurs fois il cite le Tableau de l'Empire Ottoman, par Mouradgea d’Ohsson, d’autres fois les commentaires turcs de notre ouvrage, ou tout autre ouvrage de référence. Ces notes sont en général très objectives et évitent la polémique, et Tassy met même en relief les croyances musulmanes conformes à celles des Chrétiens, et ignorées en Occident. Par exemple, l’immaculée conception de Jésus-Christ dans le sein de la Vierge Marie.
558Nous citerons encore un exemple. A la page 71, il dit :
“Ce n’est donc point le tombeau de Mahomet que l’on va visiter à la Mecque, ainsi que bien des gens le croient encore, mais ce sanctuaire (la Kaba) vénéré de tout temps par les Arabes. Le tombeau de Mahomet est à Médine. Il est vrai que bien des pélerins vont le visiter en revenant de la Mecque ; mais c’est une pratique surérogatoire. Il n’est point suspendu en l’air par ia vertu d’une pierre d’aimant ; c’est un conte que Reland et Toderini prennent la peine de relever sérieusement.” Dans un autre passage (page. 74), il écrit :
“Selon Mahomet, dit-on tous les jours, les femmes n'entreront pas dans le Paradis. J’ai déjà combattu cette erreur dans les notes de la traduction d’Azz-eddin, page 224, loc. cit., et je l’ai réfutée sérieusement.”
559Il y a quelquefois des termes techniques que Garcin de Tassy comprend mal à cause d’habitudes d’interprétation prises à son époque, ou par acceptation imprudente d’analogies apparentes. Par exemple, à la page 83, il traduit la Zakat par “la dîme”. Or, la Zakat n’est pas toujours un dixième ; selon les catégories des biens imposables, le taux de la Zakat diffère. En outre, la Zakat n’est pas une charité, mais bien une taxe gouvernementale, déterminée en quantité et quant aux époques de payement, avec des sanctions contre le manquement à s’en acquitter.
560La traduction est en général bonne, et cherche à être aussi claire aux lecteurs français que possible : évidemment une traduction trop littérale n’aurait pas rempli ce but.
561En ce qui concerne l’original, il va de soi qu’il y en a de nombreuses éditions, et qu’il y en a aussi une traduction arabe. En dehors même de la Turquie, on en rencontre des éditions, par exemple celle de Kazan en Russie. A ce propos nous pouvons ajouter un extrait de ce que Garcin de Tasssy a écrit au sujet du même livre lorsqu’il l’a publié de nouveau eu 1874 sous forme d’un chapitre de son grand traité l’Islamisme d’après le Coran :
“On en a fait plusieurs éditions à Scutari, une à Casan en 1806, et une en vers turcs. Cazi-Zadé Islambouli Ahmad ben-Mohammad Amin en a donné un commentaire (in-4° de 352 pages) quir ainsi que le catéchisme, est en turc, et qui est également imprimé à Scutari. Il est intitule : La Perle Précieuse d’Ahmad (nom du commentaire du petit traité de Berkevi. Je m’en suis utilement servi, car l’on rencontre souvent de l’obscurité dans le texte. L’auteur, natif de Birghi, en Anatolie auprès de la montagne de ce nom, l’ancienne Hypaepa (Hammer, Jahrbucher der Litteratur, 4ème trim. de 1827, page 3) mourut de la peste à l’âge de cinquante-cinq ans, en 981 de l’Hégire (1573-74). Il est auteur d’un grand nombre d’ouvrages de philologie et de théologie dont on peut voir la liste dans la “Continuation de la biographie des savants ottomans de Tachkeuprizadé”, par Attai, avec l’histoire détaillée de sa vie”171.
562D’après une note à la même préface (page XV), la traduction de Garcin de Tassy a été reproduite en norvégien par Holmboe en 1829, à Christiana (Oslo), sous le titre Tyrkisk Katekismus.
563Signalons en passant que dans le tome 1er du Journal Asiatique, juillet 1812, pages 109-115, J. Saint Martin a publié un compte-rendu de l’ouvrage de Garcin de Tassy. A part l'analyse du contenu, il n’y a pas de critique ou correction a mettre en relief.
564De Hammer avait publié dans les Jahrbücher der Litteratur de l’année 1828, un compte-rendu de l’ouvrage de Garcin de Tassy. La principale critique semble avoir été la suivante : le nom de l’auteur turc, El-Berkevi n’est pas correct, et il faut l’écrire Birguilu ou Berguili. Garcin de Tassy a répondu à cette critique dans une lettre publiée dans le Journal Asiatique 2ème série volume II, 1828, (Juillet), pages 159 et 160, où il explique que les deux noms proviennent de la ville de Birgi, et que le nom relatif selon les règles de la langue arabe sera Bergivi et selon les règles de la langue turque Birguilu ou Birguili. Donc il n’y a ni faute ni contradiction.
565Mémoire sur les noms propres et les titres musulmans, Paris, 1854, 93 pages, du Journal Asiatique, deuxième édition en 1878, 128 pages :
566On sait que dans la littérature musulmane il y a depuis toujours ce fait remarquable que la même personne est citée de diverses façons. Si l’on ne connaît pas toutes ses différentes appellations, naît une possibilité de confusion.
567Cette difficulté n’appartient pas uniquement à la littérature musulmane : en Angleterre par exemple on donne chaque année des titres aux hommes qui ont rendu un service important à la nation. Il en résulte souvent, là aussi, une ambiguïté analogue ; par exemple Lord Birkemhead a rédigé un ouvrage sur le droit international ; les premières éditions de cet ouvrage portent comme nom d’auteur Frederic Smith. Si l’on ne savait pas ce fait, qui d’ailleurs n’est jamais mentionné sur la page du titre de son Ouvrage, on croirait que Lord Birkemhead a plagié l’ouvrage de Frederic Smith.
568Depuis l’époque pré-islamique, les Arabes ont eu l’habitude de désigner quelqu’un ou par son nom propre, ou comme fils d’un tel, ou comme père d’un tel (respectivement fille ou mère d’un tel) ou encore par un surnom. A l’époque islamique, lors du califat, surtout à l’époque abbasside, le gouvernement a conféré des titres honorifiques aux personnages importants. En outre, des sobriquets sont souvent donnés par les voisins. Ces habitudes ne sont pas uniquement arabes. Un travail sur les noms propres et les titres peut se faire de deux façons : ou bien collectionner la totalité ou la majorité de telles appellations et en dresser un dictionnaire alphabétique avec des renvois, ou composer une dissertation abstraite sur les différentes variations qui se présentent dans ce domaine. Garcin de Tassy s est donné comme tâche cette dernière catégorie de recherche, et son travail peut servir d'introduction à un dictionnaire de ce genre.172
569Garcin de Tassy a cherché aussi l’origine de certains noms courants chez les musulmans à notre époque et leurs traces au début de l'Islam. Il signale encore que certains noms chez les musulmans sont les mêmes que chez les chrétiens et les juifs. La raison en est simple. L’Islam reconnaît les prophètes bibliques et le Coran a cité leurs noms par dizaines. Garcin de Tassy a également poussé son étude jusqu’à l’étymologie des noms. Pour la langue, arabe on possède, entre autres, le célèbre ouvrage d’Ibn Duraid, intitulé Kitabul Ischtqiaq (“Le livre des étymologies”).
570Evidemment le travail ne donne qu’un aperçu général du problème, sans devenir un ouvrage de références pour résoudre les difficultés que l’on rencontre, dans l’immense littérature des musulmans, aussi bien en arabe qu’en de nombreuses autres langues. Garcin de Tassy signale que quelquefois les musulmans indiens se donnent des noms hindous. C’est exact, mais il y a également des Hindous qui se donnent des noms arabes et persans. Par exemple le nom de l’actuel premier ministre de l’Inde, Jawahar Lal Nehru, est un nom arabe : Jawahar signifie “la pierre précieuse”, Lal signifie “le rubis” et Nehru signifie “celui qui habite sur un Neher, c’est-à-dire un canal.
571Une partie également du travail est consacrée aux noms des fonctions administratives, une autre aux appellations que parfois les écrivains se donnent par modestie, et qui sont un genre particulier de noms de plume.
572Bref, l’article est une excellente introduction à ce problème complexe des appellations.
573Notice sur des vêtements avec inscriptions arabes, persanes et hindoustanies, Paris, 1838, 22 pages, extrait du Journal Asiatique. Dans cet article Garcin de Tassy déchiffre les inscriptions qui se trouvent sur certains vêtements en provenance de l’Inde. Nous ne savons pas comment ces vêtements sont venus à Paris ni où ils se trouvent maintenant. Tout ce que dit Garcin de Tassy, c’est que :
“Notre honorable Frère M. Richy m’a donné, avant de de partir de nouveau pour l’Inde, quelques vêtements fort curieux qu’il avait eu l’occasion de se procurer pendant son séjour à Calcutta”173.
574L’intérêt de ces vêtements est :
“qu’ils ont appartenu au célèbre réformateur Saiyid Ahmad, et que les broderies sont de sa main ou du moins ont été dessinées par lui ; que dans tous les cas les sentences arabes sont de son choix, et qu’il est probablement l’auteur d’une partie des vers persans et surtout des vers hindoustanis qu’on y lit”174.
575Garcin de Tassy donne d’abord une courte biographie de ce célèbre personnage de l’Inde musulmane au dix-neuvième siècle. Il avait lutté à la fois contre les moeurs anti-islamiques pénétrées dans la société musulmane de l’Inde et contre les ennemis politiques des musulmans. Il est considéré comme non seulement un réformateur mais aussi un grand mystique. Il a mené une lutte armée contre les Anglais (d’où les descriptions tendancieuses et des accusations fausses chez plusieurs historiens anglais) et les Sikhs.
576Garcin de Tassy a relevé un fait qui mérite d’être signalé : c’est Saiyid Ahmad (mieux connu dans l’Inde comme Saiyid Ahmad Schahid, c’est-à-dire “le martyr”), qui est le premier dans le monde, avant même l’Egypte, avant même la Turquie, à avoir pensé à la diffusion du Coran au sein de la communauté musulmane, par l’imprimerie et la traduction. En effet, dit Tassy, Saiyid Ahmad établit une presse à Hougli (Calcutta) sous le nom de Matba-i-Ahmadi et il y édita différents traités en hindoustani et en persan, tous destinés à propager sa réforme ; c’est là aussi qu’a été imprimé le Coran hindoustani dont nous avons parlé ailleurs, et ce fut lui-même qui y engagea un de ses disciples ; les Européens ne sont pour rien dans cette publication :
“L’auteur de la traduction est musulman, les ouvriers de l’imprimerie musulmane ; l’éditeur musulman ; les prospectus enfin ne furent addressés qu’à des musulmans.”175
577On sait que Saiyid Ahmad fut tué par les Sikhs dans une bataille, en 1831.
578Dans le déchiffrement des inscriptions, on voit qu’il s’agit de vêtements militaires. Y sont brodées des invocations pour demander le secours de Dieu dans la guerre, etc. D’après le déchiffrement de Garcin de Tassy, quelques fautes d’orthographe altèrent certains mots arabes. S’il en est bien ainsi, il faut croire que Saiyid Ahmad n’en était pas l’auteur, car il était un grand savant.
579Les objets sur lesquels s’inscrivirent ces textes sont au nombre de huit, à savoir un châle, deux ceintures, une veste ou gilet à manches, un gilet sans manches, et trois bonnets. Garcin de Tassy a même procuré des planches les représentant format réduit.
SECTION 4. (a) LES COMPTES-RENDUS
580Parmi les publications de Garcin de Tassy figurent un grand nombre d’articles qui donnent le compte-rendu de publications en différentes langues. Nous regroupons toutes ces critiques littéraires dans le présent chapitre. Nous avons jugé utile cependant de les reclasser dans plusieurs sections selon la langue du livre dont il est question.
581Hindee and Hindoustani selections : to which are prefixed the rudiments of hindoustani and Brij Bhâkha grammar, Calcutta, 1827, vols., dans : Journal des Savants, 1832, pages 428 - 437, et 470-487.
582Garcin de Tassy écrit :
‘‘Ce traité est divisé en deux parties ou tomes. Le premier contient d’abord la grammaire, puis des extraits d’ouvrages écrits en hindi ou Brij Bâkha ; le second ne contient que des morceaux proprement dits. Ces différents extraits ne sont accompagnés ni de traductions ni de notes. La grammaire n’est pas un traité nouveau. Les éditeurs ont simplement reproduit celle de M. Shakespear en y ajoutant les formes du Brij Bâkha”176.
583Plus loin il dit :
“Un reproche plus grave qu’on doit leur faire c’est de n’avoir pas ajouté aux formes anciennes et modernes de l’hindoustani du nord, celles de l’hindoustani du midi, ou dakhni”177.
584Les morceaux choisis sont tirés du Baital Patchisi, des biographies de Kabir, de Tulsi Das, de Pipa, de Giadev, de Radas, etc. Il y a aussi des chants populaires. Garcin de Tassy achève ainsi :
“Ce premier volume se termine par la liste des fêtes religieuses populaires des hindous, liste qui occupe 9 pages... Dans un autre article je ferai connaître le contenu du second volume,”178
585Ce deuxième article se trouve en effet aux pages 478 à 487 du même journal de la même année. Nous apprenons que ce volume contenait des extraits du Bâg o Bahâr, du Gul-e Bakâwali et d Arâich-e-Mahfll. A propos de ce dernier, Garcin de Tassy donne la biographie de son auteur Mir Cher Ali Afsos179, et considère l'ouvrage lui-même comme tellement intéressant qu’il en reproduit une longue citation (voir pages 482 à 484) ; il s’agit de la description de la ville de Calcutta, chef-lieu de la Compagnie Anglaise des Indes.
586Cinqnante histoires amusantes viennent après les extraits susmentionnés, de même que des chants populaires musulmans ; des dialogues hindoustani-anglais terminent ce second volume, dialogues qui “sont la réimpression de ceux que M. Shakespear a publiés”180.
587Garcin de Tassy regrette qu’on se soit fait une loi de n’insérer que des extraits de manuscrits ; qu’il n'y ait pas non plus la traduction des morceaux choisis, pas même quelques notes pour en éclaircir les obscurités. Et il s’exprime ainsi :
“Je fais des voeux pour que M. Price, qui paraît s’être... appliqué à cet idiome et en apprécier toute l’importance, se décide à publier un travail de ce genre.”4 A savoir en appendice un glossaire des mots surtout de ceux qui sont tombés en désuétude.
588Muntakhabat-i-Hindi, or selections in Hindoustani with verbal translations or particular vocabularies and a grammatical analysis of some parts for the use of students of that language, by John Shakespear, oriental professor at the honorable East India Company’s military Seminary ; second edition, Londres 1824 et 1825, 2 volumes, in-8°, Journal Asiatique, vol. 8, 1826 (Janvier), pages 230 à 235.
589Parmi les langues de l’Inde :
“Plus riche qu’aucune de ses soeurs, l’hindoustani est un fleuve majestueux dont de grandes rivières alimentent encore la source antique”181
590Malgré le grand nombre de ceux qui la parlent et la richesse de sa littérature et malgré sa haute importance commerciale et politique :
‘‘On ne l’avait considéré jusqu’à la fin du siècle dernier (dix-huitième) que comme un jargon méprisable, et le spirituel Jones lui-même en a parlé en ce sens dans la préface de sa grammaire persane (page XII de la 8ème édition donnée par le Rd Samuel Lee).’’182
591Garcin de Tassy trace d’abord l’histoire des études de cette langue en Europe, surtout en Angleterre, et parle longuement du docteur Ecossais Gilchrist qui dès sa jeunesse, s’occupa d’elle et publia plusieurs ouvrages à son sujet. Peu à peu, les conquérants anglais reconnurent l’importance de cette langue et leur Compagnie des Indes exigea :
“De tous ses employés civils, et des militaires qui désiraient occuper des postes honorables la connaissance de l’hindoustani (ordre du gouverneur général du Conseil au Bengale, Fort-William, 2 décembre 1798, etc.), et non seulement elle encouragea son étude sur les lieux, mais elle attacha à ses écoles d’Europe des professeurs pour l’enseigner.183
592C’est un de ces professeurs, John Shakespear, nommé en 1805 professeur d’hindoustani à l’école militaire de la Compagnie des Indes près de Croydon, qui a publié l’ouvrage cité.
593L’ouvrage de Shakespear a eu plusieurs éditions ; c’est la deuxième que Garcin de Tassy examine ici et il y fait ce reproche à Shakespear que certains traits utiles de la première édition de son ouvrage n’existent plus dans la deuxième. Il s’agit de la suppression d’un certain nombre de petits contes et de morceaux choisis accompagnés d’une traduction anglaise qui étaient bien utiles aux débutants en la langue.
594L’ouvrage de Shakespear renferme une bonne grammaire, avec des appendices pour les morceaux choisis, le vocabulaire et les données nécessaires sur l’alphabet devanâgarî employé concuremment pour la même langue. Il s’y trouve non seulement des morceaux écrits par les auteurs indigènes, mais aussi la traduction de certains morceaux anglais. Il s’agit de la :
“Traduction en hindoustani du troisième chapitre du célèbre roman de Goldsmith, The vicar of wakefield, comme spécimen de la manière selon laquelle on peut rendre l’anglais, dans la langue moderne de l’Hindoustan, qui en est si différente. Cette traduction a été faite par Mir Haçan Ali184 à qui son séjour en Angleterre a donné l’opportunité d’acquérir une connaissance solide de l’idiôme de l’original. Autant que nous ayons pu en juger, cette traduction nous a paru aussi exacte que bien écrite.”185
595On sait que l’écriture arabe n’emploie pas ordinairement les signes de vocalisation, à cause dé quoi il reste des doutes sur la prononciation exacte. Pour un ouvrage de débutants il était indispensable que les morceaux en hindoustani soient imprimés avec la vocalisation et aussi correctement que possible.
596Nous pouvons reconnaître aujourd’hui que l’ouvrage de Shakespear était digne du succès. Les extraits inclus sont dans une langue très proche de l’usage moderne. L’opinion de Garcin de Tassy est correcte quant à la traduction du “Vicar of wakefield”. En outre, les morceaux choisis sont très variés et donnent un aperçu assez général de la culture des musulmans de l’Inde.
597Dans l’ouvrage de Shakespear se trouve un appendice dont Garcin de Tassy n’a pas tenu compte dans son article. Il s’agit des lettres particulières à l’hindoustani, qu’il faut ajouter à l’alphabet arabo-persan. En effet, pour la nasalisation, l’auteur suggère, n avec deux points superposés au lieu du point unique du n ordinaire. Mais il ne l’a pas employé dans les morceaux choisis publiés dans son ouvrage. On sait que maintenant-la nasalisation est écrite par n sans point, avec cet inconvénient qu’au milieu du mot, on ne peut pas la figurer. La proposition de Shakespear n’est pas non plus très heureuse, car au milieu du mot la nasalisation pourrait faire confondre ses deux points avec ceux de y.
598Conseils de Nabi Effendi à son fils Abul Khair, Journal des débats, 31 mars 1857, page 2, colonnes 2 et 3.
599Garcin de Tassy donne un compte-rendu de cet ouvrage, qui venait de paraître chez l’éditeur B. Duprat, rédigé par le petit-fils de Silvestre de Sacy, Pavet de Courteille.
600Il y évoque une grande similitude entre la langue ourdoue et le turc. Ensuite il signale que le poète Nabi vivait sous le règne du Sultan Mourad IV, vers 1632. Il avait accompagné le général Moustafa Pacha en Morée, puis il alla en pèlerinage à la Mecque, habita ensuite Alep, et devint enfin fonctionnaire à Constantinople où il travailla jusqu’à sa mort, en 1712.
601L’original turc, Khairyeh, est un poème didactique, comme celui de Chesterfield, mais ne manque pas de grâce. Garcin de Tassy emprunte une citation sur la ville de Constantinople, pour que le lecteur ait une idée du style de l’original. Voici un autre passage, sur la science : “les perles ne se trouvent pas au bord de la mer ; si tu veux les posséder, il faut plonger dans l’abîme.”.
***
602Voyage dans l’Inde du Munchi Amin Chand, natif du Penjab, tome Ier, Delhi, 1854, 358 pages avec carte et planches. Revue de l'Orient, nouvelle série, tome 3, 1856, pages 426 et 427.
603Dans ce compte-rendu, Garcin de Tassy fait connaître un ouvrage en hindoustani qui était basé sur trois ans de voyage continuels, de 1850 à 1852, dans toute l’Inde. Le premier volume décrit le Penjab, le Sindh, la région de Bombay, la province centrale, et la province nord-ouest. Garcin de Tassy pense que le deuxième volume peut comporter la description du Bengale, etc. Garcin de Tassy donne quelques extraits, en traduction, relatifs au but et au contenu de l’ouvrage.
***
604A. Suggestions on the assistance of officers in learning the languages of the seat of war in the East, by Max Müller, with an ethnological map, drawn by Augustus Petermann, London 1854, in-8°, XVIII + 134 pages.
605B. Proposals for a missionary alphabet, submitted to the alpha-betical conference held at the residence of Chevalier Bunsen in January 1854, by the same, ibid., in-8° de 52 pages et un tableau alphabétique. Revue de l'Orient, N. S., tome I, 1855, pages 77-80.
606Dans cet article, Garcin de Tassy fait un compte-rendu de deux ouvrages de Max Müller, professeur à Oxford. Le premier parle des langues parlées sur la frontière turco-russe. Il y avait à l’époque une guerre dans la région. Garcin de Tassy parle avec éloge de cet ouvrage qui ‘‘réunit à la sagacité allemande la précision anglaise.” Quant à la classification savante de ces langues, certaines d’entre elles étaient peu connues mais la linguistique comparative montrait qu’elles étaient rattachées à d’autres mieux connues. Garcin de Tassy est d’accord avec Max Muller, pour juger que le latin, le persan, etc. ne sont pas dérivés du sanscrit, mais que ces langues sont des “soeurs” du sanscrit. Il est donc possible, pense Garcin de Tassy, de reconstituer une langue perdue, source de ces langues diverses et dans lesquelles on la retrouve, comme Cuvier avait su trouver d’après quelques ossements fossiles des espèces d’animaux antédiluviennes. L’ouvrage se termine par une liste des livres élementaires à consulter sur les langues dont il est question ici.
607Dans le deuxième opuscule, Max Müller procure les systèmes graphiques notant les différentes langues orientales : devanâgarî, zend, cunéiforme, tatare, hindoustani, persan, hébreu et arabe, accompagnés de systèmes de transcription en caractères latins. Pas plus aujourd’hui qu'au temps de Garcin de Tassy, il n’y a uniformité de transcription. Non seulement pour les différentes langues de l’Orient, mais encore pour la même langue, les transcriptions employees en France, en Angleterre en Espagne, en Allemagne, etc. divergent tellement, que ceux qui ne connaissent pas déjà la langue orientale en question sont désorientés.
608A concise grammar of the Hindustani language to which are added selections for reading by E. B. Eastwick M.R.A.S., second edition by the Rev. George Small M.C.P. London, 1858 grand in-12 de 226 pages.
609Compte-rendu publié dans le Journal Asiatique de décembre 1858, pages 604 et 605. Après les ouvrages sur le même sujet par Shakespear Forbes, Eastwick crut utile de publier un ouvrage plus concis, quoique suffisant pour les étudiants. L ouvrage contient l’alphabet Kaithî nâgarî, c’est-à-dire l’écriture des Kaiths (kâyastha) qui est la cursive du devanagri, écriture dont la connaissance est indispensable pour déchiffrer bien des manuscrits, les lettres par exemple.
***
610A Grammar of the Hindustani language followed by a series of grammatical exercises for the, use of the Scotish naval and military academy, by James R. Ballantyne, Edinburgh, 1838 ; grand in-8° de 78 pages.
611Dans le Journal Asiatique d’avril 1839, pages 383 et 334, Garcin de Tassy a donné un petit compte-rendu de cet ouvrage et signale qu’il existe un grand nombre de grammaires hindoustanies, en portugais, en français, en anglais, dont quelques-unes sont assez bonnes et assez complètes. Ensuite il expose les traits caractéristiques de ce nouvel ouvrage sur le même sujet et décerne des éloges à son auteur.
612A Dictionnary Hindoustani and English, and English and Hindoustani, the letters being entirely new, by John Shakespear, 4th edition, greately enlarged, London, printed for the author and published by Pelhem Richardson, 23 Corn Hill, 1849 grand in-4°.
613Dans un compte-rendu que Garcin de Tassy publia dans le Journal Asiatique d’octobre 1849, pages 347 et 348, nous lisons que ce dictionnaire est meilleur que ceux de Gilchrist, de Taylor and Hunter, de Smith, de Thomson, d’Adam, de Forbes, d'Yates. Garcin de Tassy dit :
Pendant 32 ans, espace qui a séparé sa première de sa dernière édition, M. Shakespear a travaillé sans relâche à l’amélioration de cet ouvrage ; je suis heureux d’avoir pu y contribuer en quelque chose”186.
614Il relève187 en outre que les mots et les phrases de la troisième édition s élevaient à 45.900... dans cette édition le nombre en est de 53.000. Un autre trait caractéristique du travail de Shakespear est qu'il signale l’étymologie des mots sanscrits, persans, arabes, etc. :
Lorsque les mots hindoustani sont altérés du sanscrit ou de l'arabe, les mots originaux sont mis entre parenthèses, et ils sont donnes aussi dans les cas douteux”.188
615Qanoon-i-Ιslam or the customs of musulmans of India comprising a full and exact account of their various Rights and Ceremonies from the moments of Birth till the hour of Death. London, 1832.
616Le compte-rendu de Garcin de Tassy parut dans deux numéros du Journal des Savants, 1833, pages 449-458 et 539-548. Il s agit de l'ouvrage d’un certain Jafar Scharif, rédigé pour Herklotes, et c’est ce dernier qui le traduisit en anglais et le publia à Londres.
“L’ouvrage dont je vais rendre compte est très certainement une des publications les plus importantes qui aient paru jusqu ici sur la religion de Mahomet : les immenses matériaux qui y sont accumulés dans 592 papes, grand in-8°, auraient pu facilement remplir plusieurs volumes... la partie la plus importante... a rapport à la religion musulmane dans l’Inde, sujet dont je me suis occupé moi-même (voir Mémoire sur les Particularités, etc”)189.
617Concernant l'auteur, Jafar Scharif, il nous dit qu’il s’appelait également Lala Mian, qu’il était Sunnite de la ville d’Ellore, dépendant du royaume de Golconde.
618Du deuxième chapitre jusqu’au douzième, l’auteur décrit les cérémonies depuis la naissance jusqu’au premier anniversaire de l'enfant. L anniversaire s’appelle salguirah ou Caras ganth c’est-à-dire le “noeud de l’année.” Le chapitre treize décrit les principes de l’Islam ; le chapitre quatorze le mariage, et le quinzième les cérémonies de Moharam, ete.
619Dans la deuxième partie de ce compte-rendu, Garcin de Tassy signale que les chapitres dix-huit à vingt concernent les anniversaires de la mort de trois des plus célèbres saints : Pir Dastagir (c’est-à-dire Abdoul Qadir Gilani de Bagdag), Schah Madar et Qadir Wali.
620Le chapitre vingt-neuf, décrit par Garcin de Tassy dans les pages 543 - 546, concerne les confréries spirituelles qui existent dans l’Inde musulmane. A la page 548 enfin, Garcin de Tassy signale quelques fautes d’orthographe faites par l’auteur anglais.
***
621Muzih-i-Qurân, c’est-à-dire l'exposition du Coran (texte et traduction interlinéaire en hindoustani). In-folio, 850 pages, Calcutta 1829 ; Journal des Savants, 1834, pages 435 - 442.
622Saiyid Ahmad Schahid avait établi une imprimerie (MutbaAhamdi) à Calcutta pour propager les réformes désirées par lui dans la société musulmane de l’Inde. C’est ainsi qu’il y publia son Taqwiyat ul Iman, et un autre ouvrage Targhib-i-Djehâd. Le même personnage avait achevé une traduction du Coran en hindoustani appelée Muzih-i-Ouran, nom qui est un chronogramme donnant l’année 1205 de l’Hégire, correspondant à 1803 de l’ère chrétienne. Il est compréhensible que cet ouvrage, rédigé pour le grand public, soit dans un style très simple, évitant toute fioriture qui empêche une compréhension facile, donc en langue parlée, et non pas en Rekhta élégant. L’ouvrage fut également publié par la même imprimerie, dont le directeur fut un certain Abdoullah, fils de Bahadur Ali.
623A titre d’exemple, Garcin de Tassy a donné d’assez longs extraits de cette traduction, qui remplissent les pages 440-442. Et il termine ainsi :
“En voilà plus qu’il n’en faut pour donner une idée assez exacte d’une publication importante, non seulement pour l'Inde, musulmane, mais encore pour l’Europe savante”190.
624Bytal Puschisis or the twenty five tales of Bytal from the Brij Bakha into English by Baja Kali Kischan Bahadur M. AS. C. M. R. S. etc, etc. Calcutta, 1834, in-8° de 150 pages avec le portrait du traducteur. A collection of pleasantries or fables and stories translated from English and Persian into Urdu and in English by the same, avec le portrait du traducteur, in-12 de 190 pages, Calcutta 1835. Journal des Savants, juillet 1836, pages 411 - 421.
625Dans ce compte-rendu, Garcin de Tassy signale que l’auteur, Kali Kischan, à peine âgé de 28 ans, a déjà publié plusieurs traductions de l’anglais en ourdou et vice-versa ; il est un occidentaliste de l’Orient, comme il y a des orientalistes en Occident. Garcin de Tassy ajoute que le père de Kischan était aussi un auteur réputé, et que son grand-père était employé au secrétariat de Lord Clive, à la Compagnie anglaise des Indes Orientales, à Calcutta.
626Le Bytal Patchisi a une origine sanscrite ; il comporte, comme l’indique son nom (Pachisi), vingt-cinq contes. Garcin de Tassy relève encore qu’on possède encore le même ouvrage en tamoul également. Il signale en outre que deux contes de cet ouvrage avaient déjà été publiés dans le même Journal en 1832, page 434, et en 1834, page 240. Le compte-rendu donne enfin une analyse du contenu, qui s’étend de la page 415 à 419.
***
627Dans le même compte-rendu, Garcin de Tassy parle d’un autre ouvrage : Mujmaul Latâif, un recueil de 60 historiettes en hindoustani et en anglais. Il ajoute que 50 proviennent de l’anglais et le reste d’un ouvrage persan appelé Mujmua Senali d’un certain Zainul Abadin, rédigé sous le règne de l’empereur Aurangzeb. Garcin de Tassy reproduit pour ses lecteurs le conte d’Alexandre et le vieillard, en le traduisant en français (voir pages 420 et 421).
***
628Guldasta Inglistan (“Le bouquet d’Angleterre”), par Syed Abdoullah, Calcutta, 1854, in-8° de 46 pages. Revue de l'Orient, de l'Algérie et des colonies, nouvelle série, tome III, 1856, pages 83 et 84.
629Garcin de Tassy rend compte ici d’un récit de voyage, en persan, par un musulman de Lakhnau qui était venu jusqu’à Paris et lui avait rendu visite. Il conversait avec lui en hindoustani. Le récit concerne essentiellement l’Angleterre ; il décrit l’administration de la justice, les bateaux, la puissance militaire, les funérailles de Lord Wellington, etc. Il contient un Ghazal sur une jeune Anglaise, devenue depuis l’épouse de l'auteur. Garcin de Tassy donne la traduction de quelques extraits.
***
- The Prem sagâr, or the ocean of love, being a History oj Krichn, a new edition with a vocabulary, by Edw. Eastwick M.R.A.S. etc. ; Hertford, 1851, in-4° de 240 pages..
- Prem sagâr, or the ocean of love, literally translated from the Hindi of Shri Lallu Lab Kub, into English, par le même ; Hertford, 1850, in-4° de 112 pages.
630Garcin de Tassy a donné un compte-rendu d’ensemble des deux ouvrages en hindi dans le Journal Asiatique, avril-mai 1851, pages 490 et 491. Le premier est une nouvelle édition du Prem Sagar, le plus populaire des ouvrages en hindi, celui qu’on adopté dans l’Inde et en Angleterre comme le texte le plus classique sur lequel puissent s’exercer les étudiants. Le second ouvrage en est une nouvelle traduction. En 1847, dans son Histoire de la littérature hindouie et hindoustanie, tome II, pages 76 à 215, Garcin de Tassy avait déjà donné la traduction française d’une grande partie de l’ouvrage. Un an plus tard, W. Hollings en avait publié une traduction complète en anglais. Garcin de Tassy juge que : Le savant professeur d’Haileybury, tout en serrant de près le texte hindoui, a tâché de donner à son travail plus de clarté et d’élégance.”191
***
631Vikramorvasi, an Indian drama, translated into English prose from the Sanscrit of Kalidasa, by E. B. Cowell, Herford, printed and published by S. Austin, 1851, in-8°, 118 pages.
632Compte-rendu dans le Journal Asiatique de juin 1851, page 597.
633Parlant de cette publication de la traduction anglaise, Garcin de Tassv relève que non seulement elle est correcte mais qu'aussi elle est enrichie de plusieurs notes d’érudition et d une table raisonnée des mètres employés dans le drame. Quant à la traduction, Garcin de Tassy affirme qu’elle est très propre à l’intelligence du texte.
***
634A handbook of Sanscrit literature etc. by George Small, London, 1866, Williams and Norgate, in-12 de XX et 208 pages,
635Compte-rendu dans le Journal Asiatique d’octobre-novembre 1866, pages 436 et 437.
636D’après Garcin de Tassy cet ouvrage est un Multum-in-Parvo. Il se réfère aux travaux antérieurs du même auteur et dit que la compilation est telle qu’on peut facilement y trouver tout ce dont on a besoin.
***
637Observations on the Muslims of India, etc. by Mrs. Meer Hassan Ali, 2 vol. in-8°, Londres, 1832.
638Il s’agit d’une critique littéraire de Garcin de Tassy publiée dans le Journal Asiatique, 2ème série, tome IX, 1832 (Janvier) pages 539-560. Madame Haçan Ali était une Anglaise, son mari, un musulman fort instruit, a résidé pendant plusieurs années en Angleterre. Il était attaché à l’école militaire de la Compagnie des Indes Orientales établie à Croydon, et ce fut là qu’il traduisit en hindoustani la portion du Vicar of Wakefield publiée dans le Muntakhabat-i-Hindi, du savant M. Shakespear. Il épousa en Angleterre la dame qui écrit ces “Observations” et la conduisit ensuite dans l’Inde... le beau-père de l’auteur, nommé Mir Hadji Chah est représenté par Madame H. A. comme un homme très savant et surtout extrêmement religieux... C’est dans une série de lettres que Madame H. A. passe en revue les moeurs, les usages, les opinions religieuses des musulmans de l’Inde”192.
639Garcin de Tassy a été enthousiasmé par le livre à tel point qu’il engage193 les lecteurs du Journal Asiatique à considérer ce compterendu comme une sorte d’appendice à son propre ouvrage “Mémoire sur les Particularités de la Religion Musulmane dans l'Inde.
640D’après Garcin de Tassy, l’ouvrage recensé considère très longuement la tragédie du Moharrum dans l’Inde, jour de deuil en commémoration du martyre de Hasan et Hussain, les petits-fils du Prophète sur le champ de bataille de Karbala).
641Madame Haçan Ali décrit aussi la toilette des musulmans indiens.
642Une grande partie de l’ouvrage est consacrée à l’exposé de la religion musulmane et Garcin de Tassy cite plusieurs passages.
643D'autres chapitres décrivent les moeurs et usages des femmes, la célébration du mariage, la naissance et l’éducation des enfants. Dans une lettre, un chapitre est consacré à ce que Madame Haçan Ali a visité en Inde pendant son voyage à Delhi, à Kannauj, etc. Garcin de Tassy note que l’orthographe pour la transcription des mots hindoustanis est “tellement défectueuse qu’on a souvent de la peine à les reconnaître”194.
***
644Autobiography of Lutf-Ullah a Mohamedan Gentleman, edited by Ed. B. Eastwick, F.R.S., F.A.S., London 1857, sous le titre “Variétés” dans le Journal des Débats, Paris 10 octobre 1857, p. 3, col. 4-6 col. 1-3.
645Le grand orientaliste Eastwick fut à l’origine le Vice-Résident dans l’Etat de Sourate (avant son amalgame dans l’Inde britannique), et ce Lutf-Ullah fut alors son munschi (secrétaire) à l’ambassade anglaise. Lors de l’abolition injuste de l’Etat, son souverain Mir Ja’far Ali Khan entreprit plusieurs voyages en Angleterre, en vue de contacter directement les instances les plus hautes. Lutf-Ullah l’accompagna dans ces voyages. Nous avons parlé ailleurs du passage de Mir Ja’far Ali Khan à Paris et sa rencontre avec Garcin de Tassy.
646Dans ce long compte-rendu, qu’il recommanda à ses élèves dans son discours annuel aussi, Garcin de Tassy donne une longue analyse du contenu, et il le mérite. Il y a beaucoup de renseignements historico-sociaux de l’Inde et de pays qu’il a visités en compagnie de son souverain déposé.
647Maîtrisant bien l’anglais, Lutf-Ullah l’a rédige directement en anglais. L’éditeur Eastwick précise qu’il n’a fait que raccourcir certains passages.
648Dans son Discours de l’an 1857, Garcin de Tassy se réfère à cette autobiographie pour dire que les rapports personnels dissipent les malentendus et les préjugés, et que les Indiens vont ainsi accepter bon gré le joug anglais. Il est exact que notre voyageur a critiqué maintes fois la société et l’administration de sa patrie, et il a également des éloges de certains aspects des Anglais d’alors. Mais il peut pas découler de cela qu’il préférait la domination anglaise sur l’indépendance de son peuple.
649Signalons en passant que cette autobiographie a été traduite en français, sous le titre Mémoires, Lutfullah gentilhommme mahométan, Paris 1858, 336 pages avec une carte.
650The Bhagavad Gita or a discours between Khrisna and Arjuna on Divine Matters, and Sanscrit philosophical poems translated by J. Cockburn Thomson, member of the Asiatic Society of France, etc. Hertford, 1855, petit in-4° de CXIX et 155 pages. Bhagavad Gita or the sacred law, a new edition of the Sanscrit text, by the same, ibid. id. de XII et 62 pages.
651Compte-rendu dans le Journal Asiatique de mai-juin 1855, pages 584 et 585.
652L’auteur était parmi les élèves de Garcin de Tassy. Celui-ci note que la nouvelle édition du texte sanscrit ne comporte pas beaucoup de corrections par rapport à la dernière édition parue à Bonn : mais la traduction est réellement nouvelle, faite avec un grand soin. Une introduction de plus de 100 pages résume d’une façon brillante la philosophie des Hindous, il y a aussi de nombreuses notes explicatives au bas des pages de la traduction, sur lesquelles Garcin de Tassy ne tarit pas d’éloges.
***
653Sukuntala or Sakuntala recognized by the King, a Sanscrit drama in seven acts by Kalidasa ; the devanagri recension of the text, now for the first time edited in England, with the literal English translation of all the metrical passages, schemes of the metres and notes critical and explanatory by M. Williams, Hertford, printed and published by Stephen Austin, grand in-8° de 332 pages.
654Compte-rendu publié dans le Journal Asiatique de Janvier 1854, pages 89 et 90. Pour Garcin de Tassy, cette édition est un chef-d’oeuvre d’imprimerie. Le texte sanscrit de ce célèbre drame, avec une traduction et des notes, avait déjà été publié en 1830 par L. de Chézy, sur un manuscrit en caractères bengalis. La recension est en outre plus ancienne et meilleure, basée sur plusieurs manuscrits et avec l'aide de trois commentateurs différents. Garcin de Tassy signale que M. Williams se propose de publier bientôt une traduction anglaise en prose et en vers de ce beau drame, qui avait émerveillé Goethe lui-même.
***
655The Prakrita-Prakasa ; or the prakrit grammar of Vararuchi, with the commentary (Manorama) of Bhamaha. The first complete edition etc. by E. B. Cowell, of Magdalen-Hall ; Oxford, Hertford, printed and published by S. Austin, 1854, gr. in-8° de 236 pages.
656Dans ce compte-rendu publié par le Journal Asiatique de février 1854 ; Garcin de Tassy dit que l’auteur de cet ouvrage, Vararuchi, était probablement un grammairien vivant sous le roi Vikermajit d’Ujjain, vers le milieu du premier siècle avant l’ère chrétienne. Comme les, dialectes appelés prâkrits constituent la forme intermediaire entre le sanscrit classique et le hindi moderne, leur étude est très utile du point de vue philologique. On sait que certaines inscriptions de l’empereur Asoka, tout comme les monnaies bilingues des rois de la Bactriane ainsi qu’un grand nombre d’anciens drames indiens, sont en Prâkrit.
***
657A descriptive catalogue of Bengali works, containing a classified list of 1400 books and pamphlets which have issued from the press during the last 60 years with occasional notices of the subjects, the price and where printed, by J. Long, Calcutta, in-12 de 114 pages.
658Compte-rendu dans le Journal Asiatique d’octobre-novembre 1855, pages 464-467. D’après le contenu du catalogue, on peut étudier le progrès de la langue bengalie. On y trouve non seulement des ouvrages rédigés sous l’influence anglaise, mais aussi des ouvrages faits par les conservateurs hindous. D’après Garcin de Tassy, c’est pour des raisons sociales que le nombre des ouvrages de l’école Vaischnava est plus grand. Il ajoute :
“On trouve aussi dans la partie purement hindoue une liste d importants ouvrages vedantas, dont les principaux sont dus au célèbre Ram Mohan Baé, que l’auteur de cet article a eu l'avantage de connaître personnellement, Il y a aussi des ouvrages de controverse hindoue sur le brûlement des veuves, sur le serment par l’eau du Gange.”...195
659Déjà à cette époque, plusieurs ouvrages anglais ou classiques en Europe avaient été traduits en bengali, par exemple Robinson Crusoe, Pilgrim's Progress, Milton et même Shakespeare ; enfin Homère et Virgile. La liste des journaux et des périodiques occupe une place considérable. Dès 1829, Earn Mohan Baé publiait la kaumudi où, tout en défendant les Védas contre les attaques des missionnaires chrétiens, il faisait bon marché des grossières superstitions hindoues, si bien que le parti orthodoxe lui opposa la Chandrika, autre journal bengali, qui, pendant plusieurs années défendit l'idolâtrie et les Satis.
***
660De la Classification des Langues. Observations sur l’article de Μ. H. de Charencey, intitulé “de la classification des langues et des écoles de linguistique en Allemagne”. Revue Orientale et Américaine, tome II, 1859, pages 294 - 296.
661Dans ce petit article qui revient sur le sujet de la classification des langues, considérée comme un développement des idées linguistiques, et dont Steinthal avait parlé dans son livre, Garcin de Tassy n est pas d’accord avec les opinions émises par l’auteur allemand, surtout à propos de la division des langues en isolantes, agglomérantes et agglutinantes. Il cite à l'appui le cas des dialectes modernes de l'Inde : leur comparaison avec le sanscrit mettrait, selon la thèse de l'auteur allemand, la langue mère dans une catégorie et ses dérivées dans une autre. Et il conclut :
“On peut voir dans les paradigmes de mes Rudiments Hindouis de nombreux exemples de cette orthographe Separatiste qui assimile ainsi tout à fait les langues agglomérantes et agglutinantes”196.
***
- A grammar of the Pushto or language of the Afghans etc. by Captain H. G. Raverty, 2ème édition, Londres (St. Austin’s printing office, Hertford) 1860, in-4°, XVI et 204 pages.
- A Dictionary of the Pushto or language of Afghans by Captain Raverty, Londres 1860, in-4°, 1115 pages.
- The Gulshan-i-roh, being selections prose and poetical in the Pushto or Afghan language, by Captain Raverty, Londres 1861, in-4°, VI et 386 pages.
- Selections from the poetry of Afghans etc. by Captain Raverty Londres 1862, petit in-4°, XXXII et 348 pages.
662Journal Asiatique de février-mars 1862 pages 251-253. Garcin de Tassy écrit :
“Les ouyrages de M. Raverty sur la langue Pushto offrent un ensemble qui permet d’apprendre la langue sans avoir recours à d autres livres que le sien. M. Raverty donne, dans l'avant-propos de 35 pages de sa grammaire, un aperçu de l'histoire des Afghans qui se considèrent, ainsi qu’on le sait, comme les tribus perdues d’Israël, et qui'sont néanmoins de bons Musulmans Sunnites”197.
663Par la suite, Garcin de Tassy ajoute que le Pushto appartient à la branche iranienne, mais ressemble à l’hindoustani sous plusieurs rapports (entre autres par la construction des verbes), en ce qu’il n’a comme cette langue que deux genres, le masculin et le féminin, et enfin en ce qu il est surchargé comme elle d’une grande quantité de mots persans et arabes. Evidemment, l’écriture aussi est arabe, comme pour plusieurs autres langues, mais il y a cinq lettres particulières qui ne se touvent pas en hindoustani.
Du dictionnaire Garcin de Tassy dit qu’il est satisfaisant.
664Dans le dernier ouvrage de morceaux choisis, le mot Roh n’est pas arabe Rouh “l'ame”, mais il est tiré du nom des Rohilla, c’est-à-dire les Afghans. Les fragments offrent un choix considérable des meilleurs écrivains afghans en prose et en vers.
***
665An easy introduction to the study of Hindustani in which the English alphabet is adopted to the expression of Hindustani works with a full syntax by Monier Williams, of the University of Oxford, late prof. at the East India College Haileybury. Also on the same plane selections in Hindustani, with a vocabulary and dialogues by Cotton Mather, assistant prof. of Hindustani at Addiscombe College, London, 1858, in-12 de 238 pages.
666Compte-rendu dans le Journal Asiatique de déc. 1858, page 605. Garcin de Tassy pense que cette méthode de romaniser la langue hindoustanie est peu scientifique. Le compte-rendu parle de la biographie de l’auteur plutôt que des mérites de l’ouvrage.
***
667A short historical account of the Crimea, from the earliest ages and during the Russian occupation, compiled from the best authorities by W. Burckhardt Barker Esquire, M. R. A. S. etc. : London 1855, grand in-18 de XVI et 236 pages avec cartes et planches.
668Compte-rendu dans le Journal Asiatique mai-juin 1855, page 586.
669Au moment de la publication de ce compte-rendu, il y avait la guerre en Crimée entre la Turquie et la Russie ; c’était donc un ouvrage d’actualité ; il s’y trouve non seulement l’histoire, mais aussi des détails géographiques, ethnographiques et même littéraires. Le volume contient quelques illustrations. Comme d’habitude Garcin de Tassy fait des éloges de la publication.
***
670An enquiry into the system of Education, most likely to be generally popular and beneficial in Behar and the Upper Provinces by F. Boutros, principal of the Delhi College Serampore press, 1842, in-8° de 32 pages.
671Garcin de Tassy donne un compte-rendu de cet ouvrage qui traite de trois questions : premièrement la question de savoir si l’enseignement de l’arabe et du sanscrit est nécessaire dans les écoles indiennes ; l’auteur est contre. Deuxièmement le changement de politique des Anglais qui, dans leurs possessions indiennes, avaient d’abord encouragé exclusivement l’éducation des Indiens au moyen des langues orientales, mais qui veulent maintenant le faire uniquement par l’anglais ; l’auteur se plaint de cette décision aussi. Troisièmement, l’auteur avance ses propositions et dit qu’il faut traduire en ourdou les principaux ouvrages arabes, persans, sanscritet anglais utiles pour l’éducation des étudiants indiens.
***
672Remarque sur l'état de l’instruction publique à Lakhnau, capitale du royaume d’Aoude. Revue de l’Orient, de l’Algérie et des Colonies, nouvelle série, tome I, 1855, pages 345-348.
673Il s’agit d’extraits du Qirâ’n ussa us sadain, journal hindoustani de Delhi, mais Garcin de Tassy ne donne pas la date de cette publication. A Lukhnau, ville de contrastes, se trouve le “Collège royal” madrasa-i sulṭāni près du tombeau du souverain Sa’adat Ali Khan. Le système pratiqué dans cet institut est basé sur l'ancienne méthode orientale ; de même les livres prescrits pour le programme sont en général les mêmes qu’on emploie à Calcutta, à Agra, à Delhi, sauf en ce qui concerne le droit chiite. On enseigne la grammaire arabe, la logique, la rhétorique, le droit, le commentaire du Coran, les Hadis ou rècits sur le Prophète. On enseigne aussi la philosophie et la médecine avec distinction, mais non point l’histoire, ni l'algèbre. Un certain médecin Mirza Huçain Ali possède une grande bibliothèque particulière de manuscrits. Mir Miran est le Mudjtahid ou le conseiller juridique suprême. Sunnites et Chiites, tous reconnaissent la grande érudition de ce savant. L’Islam est vigoureux dans le pays et on a publié plusieurs ouvrages polémiques contre le Christianisme. Partout les bibliothèques possèdent la traduction arabe de l’Evangile, probablement diffusée par les missionaires. On la lit, et d’aucuns lui donnent le baiser respectueux réservé aux livres saints. La bibliothèque à Lakhnau contient de 5 à 6 mille volumes de manuscrits, dont deux mille sont des Diwans ou collections de poèmes. Il y a beaucoup de livres sur l'histoire de l’Inde. Y figure aussi un manuscrit arabe ancien sur la géographie, intitulé Aschkâl al bilâd, inconnu autrement.
***
674Le Gulistan de Sâdi est un poéme célèbre bien connu en Europe, Garcin de Tassy lui a consacré trois recensions :
- The Gulistan (Rose Garden) of Schekh Sadi of Shiraz, a new edition carefully collated with the professor of oriental languages in the East India college Haileybury, Hertford, 1849 in-8° de 378 pages.
- The Gulistan of Sady, edited in persian with punctuation and with necessary vowel marks for the use of the college of Fort William, by A. Sprenger, M. D. examiner of the College of Fort William, Calcutta, 1851, in-8° de 252 papes.
- The Gulistan or Bose garden of Schekh Muslihuddin Sadi of Shiraz, translated for the first time into prose and verse with an introductory preface and a life of the author from the Atish-Kadah, by Edward B. Eastwick, F.R,S., M.R.A.S. etc ; etc. Hertford, printed and published by Stephen Osten, bookseller to the East India college, 1852, in-8°, XXXII et 312 pages.
675Le premier article parut dans le Journal Asiatique, mai-juin 1850, pages 590 à 599,
676Le deuxième dans celui d’octobre-novembre 1852, pages 430-435, Le troisième dans le même journal encore, juin 1853, pages 574 à 576.
677Dans le premier compte-rendu, qui vise l’édition du texte persan, Garcin de Tassy la recommande aux étudiants de la langue persane :
“Parce qu’elle est la seule dans laquelle on ait employé des signes orthographiques propres à éclaircir le sens, la seule qui soit accompagnée d’un vocabulaire où tous les mots du texte soient fidèlement expliqués”198.
678Garcin de Tassy suggère quatre ou cinq corrections à apporter aux textes édités par Eastwick, tout en faisant de grands éloges à cette publication.
679Dans le deuxième compte-rendu, il parle de l’édition publiée par Sprenger sur la base d’un manuscrit écrit en 1690 pour l’empereur Aurangzeb, d’après un autre manuscrit copié sur l’autographe de l’auteur. Ce manuscrit existe encore dans la collection de la Société Asiatique de Calcutta et porte encore des notes marginales qui ont été utiles pour l’édition ici recensée, laquelle s’est encore fondée sur plusieurs autres manuscrits et imprimés. Garcin de Tassy donne des exemples de la méthode suivie pour cette édition. En tant que professeur d’hindoustani, il ne pouvait s’empêcher de parler de la traduction hindoustanie du même ouvrage par Afsos. En effet, il écrit que le sens de certains passages de l’original persan est plus facile à comprendre à partir de la traduction hindoustanie.
680Garcin de Tassy revient aux suggestions qu’il avait faites à propos de l’édition de Sprenger. Il écrit encore :
“Je dois dire au surplus, en terminant, que le volume persan dont il s’agit dans cet article est assurément un des plus corrects qui aient été publiés jusqu’ici”199.
681Il revient sur ce sujet dans le Journal Asiatique d’octobre-novembre 1852, pages 430 à 435, et donne quelques précisions sur la méthode employée par Sprenger dans son édition de Gulistan. Cette edition se distingue par le fait qu’elle est bien vocalisée et donne des variantes. Il ajoute :
Que l'habile éditeur a vérifiè la prononciation de chaque mot dans le Burhan-i-Cati on dans le qamus ; et de plus les épreuves ont été déjà revues par Aga Mohammad Schusteri et par Maulvi Mohammad Wajih, savant distingué. Ce sont de précieuses garanties pour cette édition, qu’on peut, sans crainte d’être contredit, qualifier d’excellente.”200
682Dans le troisième compte-rendu, assez bref, il parle de la traduction anglaise du même ouvrage, et signale que la prose est traduite en prose et les vers en vers dans des mètres correspondant, autant que le permet la différence de la métrique des deux langues. Puis il cite, à titre d’exemple, trois vers en persan avec leur traduction anglaise.
683Akhlâk-i-Muhsini, the morals of the beneficients, Husain Vaiz Kashifi, to which are prefied new easy stories for beginners. Edited by Lieut-Colonel J. W. J. Ousselev, in-8° de 110 pages ; Hertford, 1850.
684Compte-rendu dans le Journal Asiatique de juin 1851, page 598.
685Il s’agit ici d’une édition partielle de cet ouvrage à l’usage des étudiants, environ l’ouvrage dans le Journal Asiatique de 1837 et observé qu’il ne faut pas traduire le titre par “morals of the beneficient” (moeurs du bienfaisant), mais par “les vertus de Mohçin” c’est-à-dire de Mirza Abul Mohçin, prince du Khurassan, à qui ce traité est dédié.”
***
686Gawhar-hā-yi nā sufta u ġuncha-hā-yi naw-shikufta, A century of Persian Ghazals from unpublished Diwan, London, printed by W. M. Walts, Crown court, temple bar, 1851, in-4° de 62 pages.
687Compte-rendu dans le Journal Asiatique d’octobre-novembre 1852, pages 435 et 436.
688Garcin de Tassy signale seulement qu’il s’agit d’une collection de cent gbazals inédits, mans sans traduction ni notes ; qu’il y a toutefois d’intéressantes'biographies des poètes qui ont fourni la matière du recueil. Il donne, à titre d’échantillon, la traduction française avec le texte persan, d’un court poème tiré de cet ouvrage.
***
689Kitāb al-‘ahd al-djadīd, le Nouveau Testament de N.S.J.C. en langue arabe, Londres 1851, in-8° de 396 pages.
690Compte-rendu dans le Journal Asiatique de Janvier 1852, pages 94 et 95.
691Il s’agit d’une nouvelle traduction du Nouveau Testament en arabe faite d’après le texte grec, par le Rev. Dr. S. Lee, avec l’aide de Farès Schidiak. L’ancienne traduction arabe était en langue vulgaire. On a voulu mettre en circulation une version « plus grammaticale. L’ancienne traduction avait des lacunes aussi. D’après Garcin de Tassy la nouvelle est plus complète.
***
- Tuḥfat al-mustaqīẓ al ‘ānis fī nuzhat al-mustanīm wa’l-nā ‘is, Contes du Cheikh El Mohdy, traduits de l’arabe, d’après le manuscrit original, par J. Marcel (Journal Asiatique tome X), juillet 1832, pages 303-304.
- Conte arabe du Cheikh El Mohdy, Journal Asiatique, 2ème série, tome 13, 1834 (Janvier) pages 187 à 191.
692Il s’agit d’un ouvrage paru par livraisons. Dans le premier article, Garcin de Tassy avait devant lui seulement la première livraison de 96 pages publiée le 15 juillet 1832. En 1829, Marcel avait déjà publié en trois volumes, la première partie des contes du Cheikh El Mohdy. L’accueil qu’ils reçurent du public l’engagea à les donner par la suite en totalité. La nouvelle publication reprend la partie déjà publiée, mais avec corrections et additions.
693Le Cheikh El Mohdy était un chrétien converti à la religion islamique et avait fait par la suite avec distinction ses études théologico-littéraires à l’université d’Al Azhar. Il était employé comme secrétaire par le gouvernement égyptien. Lors de l'invasion, et de l’occupation de l’Egypte par les Français il fut maintenu dans ses fonctions. Et c’est par amitié pour J. J. Marcel, qu’il confia à ce dernier le manuscrit de son ouvrage.
694Le deuxième article parut en février 1834, Garcin de Tassy parle des traits caractéristiques de ce second volume ; les souvenirs de l’invasion de Napoléon, avec les Généraux Kléber et Abd-ullah Jacques Menou ; les contes mis dans la bouche des internés de l’hôpital des fous du Caire. A ces derniers sont mêlés les prisonniers politiques.
***
695Guftār dar qaḍāya-yi atābikān u chigunigī-i aḥwāl-i īshān, the history of the Atabecks of Syria and Persia by Mohammad ben Khawend Schah ben Mahmud commonly called Mir Khond. Now first edited from the collation of 16 mss. by W.H. Morley, to which is added a series of fac-similes of the coins struck by the Atabecks, arranged and described by W.S.S.W. Vaux esquire, London, grand in-8° 104 pages et planches.
696Compte-rendu publié dans le Journal Asiatique de Juillet 1830, pages 93 et 94.
697Garcin de Tassy dit que “le texte de M. Morley est extrêmement correct”.
698Le reste du compte-rendu ne fait que des éloges à l’auteur et signale les autres travaux dont il s’occupe à ce moment-là.
***
699Derband-namèh, or the history of Berland, translated from a select Turkish version and published with the texts and with notes illustrative of the history, geography, antiquities etc. occuring throughout the works by Mirza A. Kasem Beg, professor of the Imperial University of Saint Petersbourg, etc., etc., 1851, grand in-4°, XXIV et 248 pages.
700Compte-rendu publié par le Journal Asiatique de sept-octobre 1851, de 410 à 412.
701Kasim Beg était originaire de Derband, capitale du Daghestan. Garcin de Tassy signale ‘‘il y a 120 ans qu’un manuscrit du Derbandnamèh ou l’histoire du Berland fut présenté à Pierre le Grand à l’époque de la conquête du Daristan par ce monarque... En 1829 Klaproth donna dans le Journal Asiatique la traduction d’un fragment du Derband-namèh d’après un autre manuscrit. Aujourd’hui, Mirza A. Kazim Beg vient de publier, d’après un manuscrit qui lui appartient, le texte et la traduction en anglais de tout l’ouvrage, en l’accompagnant de notes et d’appendices enrichis de textes orientaux”201.
702Garcin de Tassy traduit le premier paragraphe, où Kazim Beg parle des circonstances qui l’ont amené à s’occuper de ce travail. A part cela il n’y a ni critique ni commentaire, ce qu’il promet pour une autre occasion. (Sur Kazim Beg nous revenons à propos de l’article Un chapitre inconnu du Coran.)
***
703Spécimen de la traduction littérale persane et du commentaire des séances de Hariri, par Mohammad Schamsuddin, publié à Lukhnau en 1847, 416 pages lithographiées.
704Compte-rendu publié dans le Journal Asiatique de février 1864 pages 202 à 206.
705Un de ses amis, Léon Bureau, avait passé commande pour la traduction hindoustanie de Hariri, mais, à la place la librairie avait envoyé la traduction persane, ce qui donne à Garcin de Tassy l’occasion d’en parler : il cite un morceau du texte persan, accompagné d’une traduction française, pour en montrer le style. Mais il ne dit pas si, à son avis, la traduction persane était bonne ou non. Il a seulement ajouté quelques mots pour expliquer certaines locutions de l’original arabe.
***
706Persian chess, illustrated from oriental sources by N. Bland esquire, London 1850, in-8° de 70 pages, et quatre planches lithographiées.
707Compte-rendu publié dans le Journal Asiatique, avril-mars 1851 pages 485 à 489.
708Garcin de Tassy analyse le contenu de l’ouvrage, qui a pour base les renseignements tirés de cinq manuscrits persans ou arabes au sujet du jeu d’échecs.
709On sait que ce jeu a plusieurs formes, dont certaines sont anciennes et les autres plus récentes. L’origine indienne du jeu d'échecs est généralement admise. On croit qu’il fut introduit en Perse au sizième siècle par Barzuyieh, médecin d’Anurschirwân, qui le rapporta de l’Inde. Mais il y a des façons de jouer qui sont attribuées a Tamerlan ; le Schah Nâma de Firdausi a mentionné une certaine méthode de ce jeu, avec quarante pièces et cent carres. Certains des renseignements étaient inconnus jusqu’à la publication de l’ouvrage. Garcin de Tassy relève certaines fautes clans les citations arabes contenues dans l’ouvrage de Bland, et propose des corrections.
710Signalons en passant que dans le Journal Asiatique du mois d août 1851, page 163, une note de J. Mohl fait allusion à l’ouvrage de Bland et à quelques renseignements sur le jeu d’échecs. En outre, dans le Journal Asiatique de novembre-décembre 1851, page 585, se’trouve une lettre de Kasim Beg, addressée à Garcin de Tassy, où le professeur de Sainl-Pétersbourg affirme que l’expression shah māt (liii) du jeu d’échecs n’est pas persane, mais plutôt turque, provenant du verbe : mât kālmak (liv), “s’étonner”.
711Il s'agit là d un travail suranné ; pour des recherches plus récentes et plus complètes, on peut se référer à l'Encyclopédie de l'Islam, s.v. shatrandj.
***
712Joannis-Augusti Vullers Intitutiones Linguae persicae, cum Sanscrit et Zendica lingua comparatae.
713Garcin de Tassy a donné un compte-rendu de ce célèbre ouvrage sur la grammaire persane, dont le premier volume parut en 1840 et le deuxième en 1850. Le compte-rendu du premier volume a paru dans le Journal Asiatique d’avril 1844, pages 317 à 321 ; et celui du deuxième volume dans le Journal Asiatique de novembre-décembre 1850, pages 520 à 538.
714Dans cet ouvrage, Vullers cherche à établir des liens entre le persan d’une part, et le sanscrit et le “zend” de l’autre. Il va de soi qu’on peut trouver beaucoup de ressemblance entre les membres d’une même famille de langues. Mais on ne peut pas tout expliquer par là car le persan moderne a été très influencé par l’arabe, qui est une langue sémitique. Garcin de Tassy suggère que la connaissance de l’hindoustani serait assez utile pour comprendre le persan. Il écrit en effet :
“La construction hindoustanie est généralement plus simple et plus uniforme ; elle n’a presque pas été atteinte par l’influence musulmane de l’arabe ; les membres de phrase sont symétriques et se balancent entre eux. Il y a au contraire beaucoup plus de vague, et par suite d’obscurité, dans le persan ; mais quand on sait l’hindoustani, on reconnaît facilement, à travers ce vague, les constructions originales indiennes, et le sens vous apparaît plus nettement.”202
715Garcin de Tassy se contente ensuite d’analyser l'ouvrage de Vullers et n’a rien à lui reprocher. L’ouvrage traite des différents aspects de la grammaire : étymologie, syntaxe, métrique, etc.
***
716Salâman O Absál, an allegorical romance being of the seven poems entitled the Haft Aurang, of Mulla Jami, now first edited from the collection of eight manuscrits with various readings by Forbes Falconer. Printed for the Society for the publication of Oriental texts. London, 1850, grand in-4° de 92 pages.
717Compte-rendu publié dans le Journal Asiatique, novembre-décembre 1850, aux pages 538 à 541.
718Dans la copie personnelle de Garcin de Tassy d’un tiré à part de ce compte-rendu (conservée à la bibliothèque de l’Ecole des Langues Orientales, no. d’acquisition 2028), en face de la première page, sur le mot Hafta, on lit cette note : “ou haft awrang (lv) c’est-à-dire sept étoiles de la grande ourse, Μ. M. Chézy, de Hammer & Atkinson en ont traduit des poèmes.”
719Dans ce même compte-rendu ; Garein de Tassy donne d’abord un résumé analytique du poème allégorique de Salâman o Absâl. Ensuite il explique le sens de certains termes. Il rend hommage enfin à Falconner, en disant :
“Le texte est de la plus grande correction. On peut se fier à l’exactitude éclairée de M. Falconner qui a fait ses preuves, et qui doit être considéré sans contredit comme un des savants d’Europe les plus habiles en persan”203.
720Dans le Journal Asiatigue de février-mars 1857, pages 290 et 291, Garcin de Tassy publia un petit compte-rendu sons le titre Salâman and Absal an allegory translated from the Persian of Jami ; London 1856, in-8°, XVI et 84 pages. Là il signale avec approbation un trait caractéristique dans la présentation de cette traduction, à savoir distinguer le texte en prose et celui en vers, ce dernier étant en italique. Il semble que quelquefois Tassy ne soit pas d’accord avec cette traduction anglaise ; il note par exemple que Jami :
“était déjà vieux quand il écrivit Salâman o Absâl et il se plaint dans l’introduction de ce poème de ce que ses deux yeux ne lui suffisaient plus et que les lunettes européennes ne lui avaient pas donné quatre yeux”204.
721Le traducteur a mal lu le texte, car il le rend ainsi :
“My two eyes see no more
Till thy Feringhi glasses turned to four”.
***
722Histoire des mongols de la Perse, écrite en persan par Baschid el Bin, publiée avec traduction française et accompagnée de notes, et d’un mémoire sur la vie et les ouvrages de l’auteur par Quatremère, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, professeur au Collège Royal de France et à l’Ecole Spéciale des Langues Orientales, tome I, Paris, Imprimerie Royale, 1836, in-folio de CLXXV et 450 pages.
723Dans ce compte-rendu (Journal des Savants, août 1838. pages 501 à 514), Garcin de Tassy s’exprime ainsi sur la valeur de la publication :
“Le magnifique volume dont il s’agit commence par la vie de Raschid Uddin. C’est le morceau de biographie orientale le plus étendu et le plus soigné qun je connaise”205.
724Raschid Udddin était d’origine juive. Converti à l’Islam, il est considéré comme le plus grand historien de son époque. Il rédigea un ouvrage sur l’histoire de la totalité des peuples de la terre de toutes les époques, évidemment dans la mesure des connaissances existant chez les Musulmans de son époque. L’ouvrage s’appelle Jâmi ut Tawarikh, et l’auteur le dédie à son souverain ; il est illustré des portraits des souverains de différents pays dont il parle. L’original n’a pas encore été jusqu’à ce jour publié intégralement. En effet, depuis l’époque de Quatremère et de Garcin de Tassy, on en a publié plusieurs autres extraits, mais le gros reste encore en manuscrit.
725Il semble que l’ouvrage fut rédigé à la fois en arabe, en persan et en turc, mais la comparaison a montré que ces différentes versions ne sont pas identiques.
726Des chapitres particuliers traitent des caliphes musulmans, des papes, des empereurs byzantins, des empereurs de Rome, du juif, du chrétien, de l’Inde, de la Chine, et ainsi de suite. De l’avis des experts, les renseignments dans tous ces chapitres sont tout à fait dignes de confiance. Evidemment, on attache la plus grande importance aux chapitres qui concernent les Mongols.
727Garcin de Tassy n’a que des éloges pour ce travail et se contente de l’analyser.
***
728A Dictionary persian arabic and english, by Francis Johnson, published under the patronage of the Honorable East India Company, London, W.H. Allen and Co. 7 Leaden Hall Street, 1852 ; un volume très grand in-8°, IV et 1420 pages. Extrait du Journal Asiatique, avril-mai 1853, pages 476 à 484.
729On nous permettra de prendre la liberté de signaler tout d’abord une petite faute souvent commise dans les ouvrages français traitant des livres anglais. En français lorsqu’on cite le titre d’un ouvrage composé de plusieurs mots, on emploie la majuscule seulement pour le premier mot, le reste des mots du titre commençant par une minuscule. Or, on ne procède pas ainsi en anglais, où chaque mot composant le titre commence par une majuscule, sauf les mots-outils. De même un adjectif formé d’un nom propre ne s’écrit jamais avec une minuscule. Donc les mots
“Persian, arabic and english”, doivent être corrigés en “Persian, Arabic and English
730Dans ce compte-rendu, Garcin de Tassy rappelle tout d’abord l'histoire des dictionnaires du persan en langues européennes, puis la genèse de l'ouvrage de Francis Johnson. Cela ne doit pas ici nous retenir davantage. Garcin de Tassy a bien remarqué que les dictionnaires du persan soulèvent un problème assez difficile à résoudre. c est celui qui concerne les mots arabes empruntés. A la rigueur on peut employer n’importe quel mot de la langue arabe en persan. On pouvait donc penser à supprimer d’un dictionnaire persan tous les mots d’origine arabe.
“Mais, souligne Garcin de Tassy avec raison, beaucoup de mots arabes ont pris une signification nouvelle en persan, et il est donc essentiel de les indiquer avec leur ancienne et leur nouvelle signification.”206
731Il paraît que l’auteur, Johnson, était faible en matière d’étymologie. Car Garcin de Tassy signale un nombre considérable de mots qui sont par exemple arabes, quand, pour Johnson, ils sont persans. De même des mots d’origine turque, ourdoue, etc. Mais nous ne pensons pas que Garcin de Tassy ait raison lorsqu’il dit :
“Dans abu bahr le second mot doit se prononcer bikr et non bakr, car ce nom, qui est celui du beau-père de Mahomet, signifie “le père de la pucelle”. Il en est de même d’un diyâr-bikr, qui est le nom arabe de la Mésopotamie et sa capitale.”207
732Le terme ne signifie pas : ‘‘le père de la pucelle”, mais l’homme à la jeune chamelle. On l’appelait également Abul Façil, ce qui confirme notre explication. La raison et l’originalité de cette appellation ne nous sont pas connues, mais il n’y a pas de doute là-dessus. De même diyâr-bikr est faux, car le mot provient de bakr, tribu bien connue en Arabie ancienne.
***
733Contes inédits des Mille et une Nuits, extraits de l’original arabe, par M. de Hammer, et traduits en français par M. G. S. Trébutien, membre de la Société Asiatique de Paris, ouvrage faisant suite aux différentes éditions des Mille et une Nuits, 3 volumes, in-8°.
734Les contes des Mille et une Nuits sont trop célèbres pour exiger une introduction. Pour l’histoire de leur rédaction, ainsi que pour l’exposé d’autres problèmes à leur sujet, on peut se référer au savant article de l'Encyclopédie de l'Islam. En 1829, lorsque fut publié le présent compte-rendu dans le Journal Asiatique, série 2, vol. 3 (Janvier) 1828, pages 162 à 168, on était en train d’accumuler les renseignements sur les différents manuscrits des Mille et une Nuits. D’après Garcin de Tassy208, le manuscrit appartenant à M. Varsy, de Marseille, était plus étendu que celui de l’orientaliste autrichien de Hammer., manuscrit dont la traduction française, faite sur la tradnction allemande, fut publiée à Paris en l'année 1828, en trois volumes.
735Garcin de Tassy met en relief que :
“La conclusion du manuscrit des Mille et une Nuits de M. de Hammer est différente de celle des autres manuscrits. Selon cette version, ce n’est point à cause de ses qualités aimables ni de son talent à raconter des histoires, talent dont elle avait donné des preuves pendant mille et une fois, que Schéhérazadah obtient la vie sauve, mais parce que, durant le le cours de ses contes, elle avait été mère trois fois, et qu’en faveur de ses enfants, le sultan consentit à la laisser vivre”209
736Garcin de Tassy fait beaucoup d’éloges du style élégant de la traduction française de Trébutien, et annonce que ce dernier est en train de préparer plusieurs autres traductions d’ouvrages persans ou arabes, En passant, Garcin de Tassy parle d’un incident curieux :
“Avant d’aller plus loin, il est nécessaire de relever une erreur qui est échappée à M. de Hammer et que M. Trébutien a trop légèrement repétée. Pendant son séjour à Parie en 1810, dit le traducteur français dans sa préface, M. de Hammer remit entre les mains de M. Caussin de Perceval, sa traduction française manuscrite des Mille et une Nuits ; il espérait que M. Caussin la publierait sous le nom de son véritable auteur ; Mais cependant, dit M. de Hammer, j’appris bientôt après qu’il donnait mon travail comme le sien propre, en se permettant toute sorte de changements arbitraires, et sans nommer le traducteur”210.
“Mais les deux volumes qu’a publiés M. Caussin de Perceval, sous le titre de continuation des mille et une Nuits, ont été imprimés chez Lenormand en 1806 ; c’est en 1810 que M. de Hammer remit à Caussin sa traduction manuscrite de nouveaux contes inédits : la comparaison de ces dates suffit pour rendre l'accusation de M. de Hammer, répétée par M. Trébutien, d’une injustice si évidente qu’il est impossible de comprendre ce qui a pu y donner lieu.”211
***
737Hikayaut coljaleelah, translation of Alfa ly Lattin O lielah, called Arabian Nights ; for the use of the college of Fort Saint George, translated by Moonshy Shams-Ooddeen Uhmud in the year 1252 hijree, or 1836 Α.D. C’est-à-dire les histoires célèbres, ou les Mille et une Nuits, traduites en hindoustani à Madras, in-8°.
738Garcin de Tassy a donné un compte-rendu de cet ouvrage dans le Journal Asiatique de décembre 1839, pages 524 à 526. Il note que les mille et une nuits renferme un nombre considérable d’allusions qui ne se trouvent pas dans le dictionnaire, d’où la difficulté de les traduire en une langue européenne, que la traduction des mille et une nuits dans une langue orientale serait beaucoup plus facile, et ajoute :
“Il ne pouvait, en effet, être mieux traduit que par un musulman de l’Inde et en hindoustani qui est la langue de l’Inde musulmane, le persan et l’arabe étant pour elle à peu près comme pour l’Europe le grec et le latin. Or voici une excellente traduction hindoustanie dont le premier volume, qui renferme cent nuits, est arrivé en Europe. Cette traduction écrite à la fois avec simplicité et élégance, se distingue par un style clair et aisé qui ne présente jamais aucune ambiguïté.”212
***
739Dans un petit compte-rendu, sans titre, publié dans le Journal Asiatique de juin 1851, page 599, Garcin de Tassy signale la publication, à Londres, d’un ouvrage en langue vei, langue qui est parlée sur la côte ouest de l’Afrique, entre la Gambie et le Sénégal. L’ouvrage consiste en la narration des circonstances ordinaires de la vie d’un nègre. Probablement, Garcin de Tassy ne connaissait pas cette langue, puisqu’il ne donne pas le titre de cet ouvrage.
***
740A descriptive catalogue of the historical manuscrits in the Arabic and Persian languages preserved in the library of the Royal Asiatic Society of Great Britain and Ireland, by William H. Morley, M.R.A.S., printed by the order of the the Council. London, 1854, royal in-8°, VI et 160 pages.
741Compte-rendu dans le Journal Asiatique de mars-avril 1854, pages 364 à 369. Dans cet ouvrage, on a choisi seulement les manuscrits à sujet historique, 163 en tout. A l’époque, la publication de ce catalogue a dû faire sensation parmi les savants hors de Londres ; elle leur apprenait l’existence de certains manuscrits, tels les mémoires de l’empereur Jehangir. Garcin de Tassy s’empresse de signaler à ses lecteurs les titres les plus remarquables du catalogue.
***
742Notice de la dissertation intitulée : On pronomen relativum og nogle relative conjonctionner i voit Oldsprog, c’est-à-dire “du pronom relatif et de quelques conjonctions relatives en notre ancienne langue” (langue de la Norvège) par M.C.A. Holmboe, Christiania, 1850, 12 pages in-8°.
743Compte-rendu publié par le Journal Asiatique, janvier 1851, pages 94 à 99.
744Garcin de Tassy analyse le contenu de cette étude qui démontre la parenté entre les différentes langues de la famille indo-européenne, y compris naturellement l’hindoustani. Il prend comme exemple le mot norvégien “ ef”, qui est une conjonction conditionnelle signifiant “si”, et qui a, dans les langues congénères, comme hindoustani, bengali, anglo-saxon, gotique, anglais, écossais, vieil allemand, allemand moderne, grec, vieux prussien, slavon, lettonien, lithuanien, des formes homologues. L’auteur traite de la même manière plusieurs autres conjonctions ainsi que divers mots. Garcin de Tassy se contente ici de faire connaître cet ouvrage à ses lecteurs.
***
745Norsk or keltisk, om det Norske og De Keltiske Sprogs Indeyades Laan Af C. A. Holmmboe. C’est-à-dire le norvégien et le celtique, ou des rapports entre l’ancien norvégien et la langue celtique, par C. A. Holmboe, professeur de langues orientales à l’université de Norvège, Christiania, 1854. in-4° de 26 pages.
746Dans ce compte-rendu publié dans le Journal Asiatique de décembre 1854, pages 553 et 554, Garcin de Tassy signale que l’ouvrage veut prouver la ressemblance de la langue norroise, ou vieil islandais, avec le celtique, et aussi le rapport de ces deux idiomes avec les langues aryennes et spécialement avec le sanscrit. Tout cela sur la base des mots et des règles grammaticales.
***
- Extrait d’un mémoire de M. Holmboe de Christiania sur les nombres 108 et 13. Compte-rendu dans le Journal Asiatique de septembre-octobre 1867, pages 367 et 368.
- Extrait du mémoire de M. Holmboe de Christiania intitulé : On Civaisme i Europa (sur le Civaisme en Europe).
747Compte-rendu dans le Journal Asiatique, septembre-octobre 1867, pages 368 à 370
748Garcin de Tassy y analyse le contenu des deux études. On sait que le chiffre 108 a été considéré chez les Brahamanistes et les Boudhistes de l’Inde, depuis un temps immémorial comme possédant un pouvoir magique. Il est très employé dans les cérémonies religieuses. Les chapelets sont toujours formés de 108 grains. Il en est d’autres emplois. Au chiffre 13 aussi sont associées des significations religieuses dans différeuts pays, même en en dehors de l’Inde. L’auteur a réuni ces données dans une monographie.
749En ce qui concerne le travail sur le Civaisme, il est à signaler qu’en Norvège et en Suéde, on a trouvé un certain nombre de Lingas. L’auteur avance que le mot Rot en Norvège peut être dérivé de Rudra qui est, comme dans l’Inde, la personnification de l’orage. L’ancienne littérature Scandinave rapporte que le boeuf a été quelque chose de sacré et Garcin de Tassy de conclure :
“D’après tant de preuves, on trouvera probablement très vraisemblable que le culte de Civa ou Rudra ait été très répandu en Europe au temps du Paganisme.”213
***
750al-lubb al-manāwa min kutub al-fatāwā—An analytic digest of all the reported cases decided in the supreme courts of Judicature in India etc. by William H. Morley, 2 volumes, grand in-8° de CCCXXII et 738 pages, XVIII et 688 pages, Londres 1850. Compte-rendu dans le Journal Asiatique de février-mars 1851, pages 297 à 299. Le même titre, new series, vol. I, grand in-8° de XIII et 466 pages, Londres 1852, article dans le Journal Asiatique de février-mars 1853, pages 284 à 285.
751L’Inde ne fut rattachée à la couronne britanique qu’après la sanglante lutte de 1857. Déjà, depuis 1757, les Anglais avaient commencé à gouverner certaines régions de l’Inde, et dont l’étendue ne cessait de croître, en vertu d’une Charte de l’empereur mogol, et aussi du fait des conquêtes militaires effectuées de leur propre initiative. Ils respectaient généralement les lois en vigueur, c’est-à-dire la loi islamique, dans les régions où ils gouvernaient au nom de l’empereur mogol ; Toutefois dans les trois villes de Calcutta, Bombay, et Madras, ils avaient établi des High Courts en vertu des chartes du roi d Angleterre, et là c’était le droit anglais qui était appliqué.
752Les deux volumes de la première série sont riches en renseignements sur l'histoire de la justice dans l’Inde britannique. Voici une analyse du contenu du premier volume de la première série :
“Dans une introduction qui n’a pas moins de 317 pages ; M. Morley passe tour à tour en revue toutes les questions qui ont rapport à la jurisprudence de l’Inde anglaise. Il parle d’abord des différentes cours de justice qui existaient ou qui existent dans l’Inde, des sudder et mofassils “courts”, des justices de paix, des appels à Sa Majesté en conseil ; enfin, il traite des lois particulières à l’Inde, des lois hindoues, des lois musulmanes, et même des lois des Portugais, des Arméniens et des Parsis établis dans l’Inde”.214
753Dans le même volume se trouve non seulement l’exposé de la jurisprudence créée par les cas tranchés dans les tribunaux, exposé classe dans l'ordre alphabétique des matières auxquelles il a rapport, mais aussi un glossaire explicatif des mots originaux employés dans le texte.
754Le second volume se compose d’un appendice, comprenant une autre liste de mots relatifs à différents cas mentionnés dans le premier volume, des mémoires sur la police de Bombay, enfin les chartes qui établissent les cours suprêmes de magistrature dans l’Inde.
755Dans le premier volume de la nouvelle série, en plus de l'analyse des cas jugés par les tribunaux, l’auteur parle des nouveaux ouvrages sur la jurisprudence musulmane et indienne qui ont paru depuis son premier travail, soit dans l’Inde, soit en Europe.
756En tout, plus de 8.000 cas se trouvent ici analysés et exposés de manière à faire ressortir l’application des divers codes de lois et de règlements qui régissent l’Inde anglaise.
757Garcin de Tassy a ajouté à ce compte-rendu une note qui n’a rien à faire avec l'ouvrage sus-mentionné de Morley, mais qui s explique en ce que c’est le même Morley qui a parlé du fait dans un autre travail. Sans donner de détails concernant la publication de ce dernier ; Garcin de Tassy nous apprend qu’on avait découvert à Londres, dans le jardin du “Middle Temple”, qui faisait partie de l’ancienne commanderie des Chevaliers du Temple, dont l’ordre célèbre fut supprimé dans toute la chrétienté, en 1312, par une bulle papale, une inscription musulmane. Il s'agit d’une pierre tombale en langue turque, datée de 1794. On y lit la phrase bugun banasa yarin sanâdir (lvi). Garcin de Tassy en donne l’équivalent en latin, la sentence connue, “hodie mihi, cras tibi”. Nous pouvons y ajouter l’équivalent ourdou, également très connu adj ham kal tumhārī bārī hai (lvii).
***
758Makamat, or rhetorical anecdotes of al Hariri of Basra, translated from the original Arabic with annotation by Theodore Preston, Μ.A. Fellow of Trinity College, Cambridge, 1850 ; grand in-8° de 504 pages.
759Dans le petit compte-rendu du Journal Asiatique, juillet 1851, pages 94 à 98, Garcin de Tassy fait connaître aux lecteurs français cet ouvrage. Il en cite plusieurs passages dans l’original anglais, dont il donne sa propre traduction française.
760La traduction anglaise n’est que partielle et il est très difficile de traduire l’ouvrage de Hariri dans une langue étrangère. La citation et la traduction française par Garcin de Tassy sont, pensons-nous, un moyen poli de dire que l’original anglais laisse beaucoup à désirer.
***
761al-taḍkira al-shahrīya fī al-'ulūm al-basharīya wa'l-ṣanāi ‘almadanīya Memorial scientifique et industriel, recueil mensuel rédigé en arabe.
762Sous ce titre, Garcin de Tassy a publié le prospectus d’un journal mensuel à paraître à Paris : voir Journal Asiatique, tome X, janvier 1827, pages 63 et 64. Le projet comportait la publication d’un journal en langue arabe destiné aux lecteurs musulmans d’Orient, afin de leur faire connaître le progrès scientifique et industriel de l’Europe, notamment en mathématique, astronomie, géographie, minéralogie, géologie, physique, chimie, sciences naturelles, médecine, chirurgie, anatomie, agriculture et en “tous les arts utiles de la paix.” On voulait également donner toutes nouvelles qui pourraient intéresser les savants de l’Orient. La publication mensuelle devait commencer en juillet 1827. Le prix de l'abonnement était fixe à 50 frs. par an. Le prospectus nous indique l’adresse des domiciles de Garcin de Tassy, à Paris comme à Marseille.
***
763Extraits des historiens arabes, relatifs aux Croisades, d'après les écrivains musulmans, un récit suivi des guerres Saintes, etc. par Leinaud ; in-8°, xlviii et 532 pages, Paris, imprimerie royale.
764Dans le Journal Asiatique, 2 ème série, tome VII, 1831 (Janvier), pages 81 à 90, Garcin de Tassy publia une critique littéraire de cet ouvrage de Reinaud sur les Croisades. La plus grande partie du compte-rendu consiste en extraits de l’ouvrage, concernant surtout les Français et la façon dont les historiens musulmans ont parlé d’eux. Vers la fin de l’article, Garcin de Tassy donne une petite explication sur le mot Divan (“Chancellerie”), ainsi que sur l’ouvrage de Azz-eddin, fils d’Abd-assalam (Les oiseaux et les fleurs) qu’il avait publié. S’il relève le fait, c’est que Reinaud avait parlé de cet auteur sans signaler que son ouvrage avait été traduit par lui, Garcin de Tassy.
***
765Della Tipographia Poliglotta di Propaganda, discorso per Melchiorre Galeotti. Torino, 1866, in-12°, XII, 106 pages.
766Compte-rendu dans le Journal Asiatique d’octobre-novembre 1866, page 437.
767Il s agit de l'histoire d une imprimerie qui a rendu beaucoup de service à la religion chrétienne et qui a également publié des ouvrages orientaux. D’après Garcin de Tassy, au moment de ce compte-rendu, cette imprimerie préparait l’édition de trois ouvrages latins sur la religion chrétienne.
***
768Description des monuments du Cabinet de M. le duc de Blacas, par M. Reinaud, membre du conseil de la Société Asiatique etc., Imprimerie royale, 2 volumes, in-8°, prix, 18 frs., papier ordinaire ; 30 frs. papier velin, Paris, chez Dondey-Dupré, rue Bichelieu no 47.
769L’ouvrage de Beinaud (2 volumes XV + 400, 488 pages et planches, 1828) a été examiné par Garcin de Tassy dans un compterendu paru dans le Journal Asiatique, 2ème série, volume II, juillet 1828, pages 389 à 398 et 463 à 474. Dans ce long article, Garcin de Tassy en analyse le contenu et met en relief certaines de ses particularités.
770Il s’agit en effet de la description des monuments orientaux qui se trouvaient dans le cabinet du duc de Blacas, alors ambassadeur à Borne. La plus grande partie des monuments décrits par Beinaud consiste en médailles, pierres gravées, armes, vases, coupes, miroirs, etc.
771La manière de Beinaud est, lorsqu’il décrit les pierres gravées, de parler d’abord d’une manière générale de l’histoire même de l’usage de la gravure sur les pierres. Il parle également des lieux où les mines de ces pierres précieuses se trouvaient. Il a fallu également parler de la calligraphie et des différents modes artistiques de l’écriture arabe. De même, si une inscription appartenait aux Sunnites ou aux Chiites, Reinaud écrit toute l’histoire de cette différence de sectes chez les Musulmans.
772Mentionnons à ce dernier propos que Reinaud a écrit que le nom “Imamiens” est donné par les Sunnites aux Chiites par injure. Garcin de Tassy dit :
“Mais je crois que cette assertion n’est pas juste, car ils se nomment ainsi eux-mêmes, C’est le nom de Chiites, c est-a-dire Schismatiques, que leur donnent les Sunnites, qu ils considèrent comme injurieux, ainsi que l’observe du reste M. Reinaud.”215
773Nous pouvons dire que ni le mot “Imamiens”, ni même le mot “Chiites” ne sont considérés comme injurieux : les adhérents de la secte se donnent eux-mêmes ces deux noms. Enfin, le mot “Imamiens” s’applique seulement à une sous-secte et non à l’ensemble des Chiites.
774Parmi les curiosités, Reinaud décrit une pierre ; fidèle à son système, il fait dans sa relation allusion à la Kâba de la Mecque, s’étendant sur le pélerinage musulman. Reinaud ajoute que les chrétiens orientaux qui vont à Jérusalem prennent quelquefois le mot arabe, al hâdj comme titre religieux honorifique et Garcin de Tassy à son tour signale ‘‘un d’entre eux, nommé Louis el Haj, qui habite Marseille en ce moment.216
775En ce qui concerne les sceaux, il semble que le duc de Blacas les avait fait graver à partir des marques de sceaux sur les lettres venues de la part du sultan de la Turquie à l’adresse des rois de France. Car nous lisons :
“M. le duc n’était point rebuté par les dépenses considérables que cette entreprise nécessitait ; qu’il consentait à faire graver les médailles, les pierres gravées, etc., étant convaincu qu’en mettant ainsi les monuments eux-mêmes sous les yeux et pour ainsi dire, à la disposition des savants, l’importance de sa collection en serait plus généralement sentie.”217
776Les objets de magie, les talismans, fournissent naturellement à Beinaud l’occasion de s’étendre sur les notions des Orientaux concernant l’astrologie, etc.
777Bien que Garcin de Tassy ne le dise pas, l’ouvrage de Reinaud décrit aussi certains objets qui n’appartiennent pas au Cabinet du duc de Blacas. Enfin, Garcin de Tassy lui-même signale qu’après avoir examiné certains objets astrologiques, Eeinaud décrit un tapis remarquable appartenant à M. le Marquis de Lagoy où certain vers de Jâmi ont été tissés, (page 471).
778A la fin de ce compte-rendu, Garcin de Tassy signale quelques petites erreurs commises par Eeinaud, par exemple la confusion entre bas [lviii] (assez) et pas [lix] (puis) etc. Nous ne pensons pas que Garcin de Tassy ait raison lorsqu’il affirme :
“Mais ces remarques pourront paraître minutieuses. En voici une qui est un peu plus grave. M. Reinaud, dans la traduction qu’il a donnée du premier chapitre du Coran (tome II, page 291), a rendu les mots rabb al-‘alamīn [lx] par “maître des mondes” ; mais tous les commentateurs du livre sacré des Musulmans entendent ici le mot ālamīn dans le sens de ‘ créatures”, et en effet, on ne peut donner à ce mot un autre sens. Le singulier ālam se trouve même employé dans l’acception de “créature”.218
779Nous pouvons au moins indiquer que dans la tradition musulmane indienne, c’est la première interprétation, celle de Eeinaud, qui est admise.
780L'Islam et son fondateur, étude morale par Jules-Charles Scholl. Neuchâtel, 1874, in-8° de XIV et 464 pages, avec un tableau généalogique de la famille de Mahomet.
781Compte-rendu dans le Journal Asiatique d’octobre-novembre 1874, pages 491 à 493.
782D’après Garcin de Tassy, il s’agit d’une étude philosophique sur le prophète de l’Islam et sa religion ; Tassy félicite le jeune auteur de s’être “méfié avec raison des appréciations fantaisistes de Palgrave et de Vambery”219 et dit encore qu’il doit avoir lu beaucoup pour écrire son livre. Il analyse ensuite le contenu de ce dernier.
***
783Oriental mysticism, a treatise on the suffistic and unitarian theosophy of the Persians, compiled from native sources, by E. H. Palmer, scholar of Saint-John College, Cambridge, member of the Royal Asiatic Society and of the Société Asiatique of Paris ; Cambridge 1867, grand in-12° de XIV et 84 pages.
784Compte-rendu dans le Journal Asiatique d’avril-mai 1867, pages 419 à 421. Garcin de Tassy commence par rappeler qu’il a plusieurs fois loué dans ses discours d’ouverture la science exceptionnelle en hindoustani, en persan et en arabe de ce jeune auteur. Ensuite il dit que le travail de Palmer est :
“Aussi méthodique et aussi satisfaisant que le comporte une matière si abstruse que celle qui y est exposée et dont les détails sont nécessairement empreints d’une vague obscurité. Il est principalement fondé sur un ouvrage écrit originairement en turc, mais traduit en persan par Khawarzim Schâh et intitulé al-maqṣad al-aqṣā, (“Le but extrême)”220.
785Ensuite Garcin de Tassy analyse le contenu des différents chapitres de l'ouvrage et relève qu'à la fin se trouve un vocabulaire de 132 termes techniques de mysticisme ainsi qu’un index alphabétique.
***
- Sharāi ‘al-islām fī bayān masā’il al-ḥalāl wa l-ḥarām Loi de l'Islamisme, explication des questions relatives à ce qui est permis et à ce qui est défendu, par le Schaikh Abul Kaçim connu sous le surnom Muhacquic, texte arabe publié par Alexandre Kasem Peg, grand in-4°, premier fascicule contenant les chapitres du commerce et du prêt sur gage. Saint-Pétersbourg, 1278, (1862), 64 pages.
- Idem. Traduction en langue russe, accompagnéede notes et d'une table des matières par le même, grand in-4°, Saint-Pétersbourg, 1852, 234 pages.
786Compte-rendu publie dans le Journal Asiatique de mars-avril 1853, pages 295 et 296.
787L'ouvrage sharāi ‘al-islām est classique pour le droit musulman selon l'école Chiite. Il semble qu’on avait l’intention de publier ouvrage tout entier par livraisons, avec la traduction russe, en un volume séparé. Ce qui est significatil, c’est que l’auteur russe ne commence pas par le commencement mais par le chapitre du commerce et du prêt sur gage. On sait que les manuels de droit musulman commencent en fait par les rites cultuels, eomme la prière, le jeûne, etc.
788Garcin de Tassy signale que la deuxième livraison contiendra le chapitre sur le mariage ; il regrette qu’un ouvrage de telle importance ne soit pas accessible en français. Il ne fait aucune autre critique à cette publication.
***
789Roman de Mahomet, en vers du XII ème siècle, par Alexandre Dupont, et livre de la loi au Sarrazin, en prose du XIV ème siècle, par Raymond Lulle, publiés pour la première fois et accompagnés de notes, par M. Reinaud, premier employé aux manuscrits de la Bibliothèque Royale, membre des sociétés Asiatiques de Paris et de Londres, etc., et Francisque Michel, Paris, chez Silvestre, grand in-8°, XXIII, 140 pages.
790Compte-rendu publié dans le Journal Asiatique 2ème série, tome IX, 1832 (Janvier), pages 268 à 273.
791Aujourd hui, nous possédons des ouvrages objectifs et dignes de confiance en français aussi bien sur la biographie du Prophète que sur la loi islamique. A l’époque de Garcin de Tassy, il n’y en avait qu’assez peu. Par son penchant vers la véracité Garcin de Tassy se révolte contre les falsifications, volontaires ou involontaires commises surtout par ses compatriotes. Il commence son compte-rendu par ces mots :
“La plupart des gens du monde ne connaissent guère Mahomet que par la tragédie de Voltaire, où le prophète arabe est représenté sous le jour le plus faux. Son caractère y est entièrement méconnu ; le fait même sur lequel repose l’intrigue de la pièce est absolument controuvé... Néammoins, on est si persuadé que cette tragédie représente dignement Mahomet, qu’on ne manque pas de la jouer devant les ambassadeurs de distinction qui viennent de temps en temps à Paris, dans la persuasion qu’on ne saurait leur faire plus de plaisir. Heureusement, ils ne savent pas le français... On sait du reste que c’est par haine contre les religions positives que Voltaire a représenté Mahomet sous les traits d’un ambitieux imposteur”221.
792Garcin de Tassy signale que les éditeurs ont ajouté de savantes notes pour expliquer le contenu des ouvrages en question : il va de soi, comme lui-même le relève, que ces ouvrages n’apprennent rien de nouveau, ni sur le Prophète, ni sur la religion musulmane. Leur intérêt est plutôt linguistique, et concerne le vieux français. Garcin de Tassy ajoute qu’on a tiré 200 exemplaires de cette édition.
***
793Controversial tracts of Christianity and Mohammedanism, by the late Rev. Henri Martyn, and some of the eminent writers of Persia, translated and explained, to which is appended an additional tract on the same question and in a preface some account given of a former controversy on this subject with extracts from it by the S. Lee, A/M. honorary member of the Asiatic Society of Paris, and professeur of Arabic in the University, Cambridge, etc., with a portrait of M. Martyn, Cambridge 1824. Journal Asiatique, volume VI, Janvier 1825, pages 180 à 185.
794Dans ce compte-rendu d’un livre sur la polémique entre l’Islam et le christianisme, Garcin de Tassy signale que, du côté musulman, il s’agit de certains savants de l’Iran, lesquels démontrent une connaissance assez solide des livres saints du christianisme, et tirent “contre les raisonnements du P. Xavier, des arguments dont quelques-uns méritent d’être connus”222.
795L’ouvrage de Mohammed Ruze d’Hamadan, qui remplit 290 pages :
“Est l’exposition des passages de la Bible qui paraissent se rapporter à Mahomet : plusieurs sont déjà connus : mais notre auteur en rapporte d'autres qui le sont moins, et il leur donne une interpretation favorable à ses vues. Il entre aussi dans de longs détails sur une prophétie attribuée à un jeune enfant hébreu, nommé Nahman, dont parle Wolf dans sa bibliotheca hebratica, tome I, page 67. Dans le dernier chapitre de son traité, il répond à différentes objections du Rev. Martyn, et il s efforce d appliquer à Mahomet plusieurs passages de l’Ancien Testament, que le missionaire anglais a, avec tous les chrétiens, considérés comme se rapportant autrement à Jésus-Christ. Comme ce dernier trait est resté sans réponse, M. le Rev. Lee a voulu remplir cette lacune.”223
796Sans prendre parti, Garcin de Tassy se contente de signaler l'importance de cet ouvrage.
797Eléments de la grammaire turque, à l'usage des Elèves de l'Ecole Royale et Spéciale des Langues Orientales Vivantes, par Amédée Jaubert ; Journal Asiatique, volume II (1823, Janvier) pages 370 à 375.
798Il s’agit d’un comte-rendu du livre de Jaubert qui avait paru la même année 1823 (2ème édition 1833). Comme d’habitude, Garcin de Tassy non seulement met en relief les traits caractéristiques de l'ouvrage, mais aussi son rapport avec l’hindoustani, sa langue préférée. Il dit par exemple que :
Ce qu'il y a de plus remarquable dans cet idiome (turc), c est sa phraséologie, dont la construction est l’inverse de celle qui nous semble naturelle. Ces phrases suspendues au moyen d'une des nombreuses formes des participes turcs, dont la signification est déterminée par le verbe qui termine la phrase ; ces prépositions qui se placent après le terme conséquent…” avec cette note : “La même construction a lieu en Hindoustani, en Basque, en Groenlandais, etc.”.224
799Dans ce compte-rendu, Garcin de Tassy fait l’éloge de la langue turque et rappelle son importance diplomatique et commerciale. Il reproduit quelques extraits du livre, qui renferme des proverbes turcs. Il signale que d’autres volumes, sur la syntaxe et sur les morceaux choisis pour exercice, vont compléter l’ouvrage en revue. Mais, comme d’habitude, il ne signale pas si le livre a des défauts ou des fautes.
***
800Supplément à la notice de M. de Hammer, sur l’introduction ά la connaissance de l'histoire, célèbre ouvrage, arabe d’Ibn Khaldoun, Journal Asiatique, tome IV, 1824, pages 158 à 161.
801De Hammer avait publié un article sur l’ouvrage d’Ibn Khaldoun dans le Journal Asiatique tome I, 1822, pages 267 à 278. Garcin de Tassy procure quelques renseignements nouveaux sur le manuscrit de la Bibliothèque Nationale, renseignements qui avaient échappé à de Hammer ; comme l’original arabe a par la suite été édité, ces informations n’ont plus guère d’intérêt aujourd hui.
***
802Kitāb al-'ilm al-nāfi'fī taḥṣīl ṣarf-u-naḥw turkī, Grammaire turque etc,, par Arthur Lumley Davids ; traduite de l’anglais par Madame Sarah Davids, mère de l’auteur, Londres 1836, in-4°, LXXIX et 214 pages ; chez Dondey-Dupré, 2 rue Vivienne, Paris.
803Compte-rendu dans le Journal Asiatique de Juillet 1838, pages 103 à 112.
804Garcin de Tassy parle en premier lieu des grammaires turques en langues européennes et de l’importance du français à cet égard. Il parle également de la vie du grand savant auteur de cet ouvrage.
805Comme d’habitude, Garcin de Tassy étudie presque tout par rapport à son propre sujet, à savoir la langue hindoustanie. Dans la grammaire turque, le trait qui ne pouvait échapper à Garcin de Tassy, était qu’elle ressemble beaucoup à l’hindoustani. En effet, la construction des phrases dans les deux langues est tellement identique que, si l’on traduit d’une langue dans l’autre, mot à mot, la traduction reste élégante et normale ; on n’a pas besoin de modifier l’ordre usuel des mots. Garcin de Tassy en donne quelques exemples225, puis il ajoute :
“La grammaire de Davids offre cet avantage sur les autres grammaires turques, qu’elle contient les formes et les paradigmes non seulement du turc proprement dit, mais de l’ouigour, et même des autres dialectes tatares... L’ouvrage se termine par des dialogues... et par des extraits dans les différents dialectes tatares ; Ouigour, Jagatai, Kaptchak, et enfin Osmanli, c’est-à-dire turc de Constantinople.”2
806Garcin de Tassy termine sa recension par la traduction d’un fragment concernant la justice du Sultan Mohammad II.
- A practical grammar of the Turkish language, with dialogues aud vocabulary, by W. Burckhardt M.R.A.S. Londres 1854, petit in-12° de 166 pages, chez Quaritch, libraire pour les langues orientales et la philologie, 16 Castle Street, Leicester square.
- A Beading booh of the Turkish language with a grammar and vocabulary, etc, by W. B. Barker, Londres 1854, petit in-4°, de 288 pages, chez J. Madden, 8 Leaden hall Street.
807Un compte-rendu de Garcin de Tassy a paru dans le Journal Asiatique d’août-septembre 1854, pages 346 et 247.
808D’après lui, le premier ouvrage sur la grammaire, bien que petit, est fait avec le plus grand soin. Comme l’auteur, fils d’un consul britannique, était né à Alep et resté longtemps en Turquie, il connaissait bien la langue sur laquelle il avait composé son ouvrage. Au moment du compte-rendu, il était même professeur au collège d’Eton, pour les langues arabe, persane, turque, et hindoustanie.
809En ce qui concerne le deuxième ouvrage, Garcin de Tassy est plein d’éloges, y trouvant précision et clarté, attrait et intérêt.
***
810Fransisdja wa turhcha takalum risāla sī, guide de la conversation français-turc, par Alexandre Timoni, Paris 1854.
811Compte-rendu dans le Journal Asiatique de décembre 1854, page 554.
812L’ouvrage donne non seulement le texte et la traduction, mais également la transcription latine des textes turcs. D’après Garcin de Tassy, il était fait avec soin et pouvait suffire aux voyageurs en Turquie.
***
813Une note sur l'édition égyptienne du “kitāb Kalīla u Dimna.”
814Dans le Journal Asiatique de mai 1836, sous la rubrique “Bibliographie”, Garcin de Tassy annonce que l’imprimerie de Boulac au Caire venait de publier le livre en question, et il se félicite que ce soit une reproduction de l’édition du même ouvrage publiée par Silvestre de Sacy en 1816 à Paris. Il reconnaît que l’éditeur égyptien avait apporté quelques corrections sur le texte publié à Paris, de même que l’addition de quelques pages, apparemment sur la base d’un autre manuscrit. Garcin de Tassy attribue la traduction arabe à Abd-Ullah ben-Almocanna.226 Il convient de signaler qu’il faut lire “al-mocaffa’”.
***
815Dans une lettre publiée dans le Journal Asiatique, mars 1842, page 292, Garcin de Tassy corrige l’information publiée par M. À. Belin concernant l’endroit où se trouverait le manuscrit Jagatai des mémoires de Baber.
***
816Parallèle des langues de l’Europe et de l'Inde, par M.F.G. docteur ès-lettres, membre de la Société Asiatique, bibliothécaire de la Beine, Paris, Imprimerie Boyale, Dondey-Dupré, rue Vivienne, no. 2.
817Compte-rendu dans le Journal Asiatique du mois d’août 1836 : pages 184 à 191.
818Comme d’habitude, Garcin de Tassy analyse d’abord l’ouvrage, qui traite de la “philosophie” d’une famille de langues, qui s’étendrait de l’Océan Indien à l’Atlantique, et de Ceylan à l’Islande » l’indo-européen. Puis il affirme que :
“Souvent dans l’Inde même, les mots sanscrits, en se modifiant dans les langues modernes, ont subi des altérations analogues à celles qu’on remarque dans les mêmes mots des idiomes de l’Europe qui ont une origine commune ; et, d’un autre côté, (que) souvent aussi les altérations que les mots sanscrits ont subies sont plus fortes dans les langues dérivées du sanscrit qui sont parlées dans les contrées mêmes où cet idiome était usité, que dans celles qui sont parlées à quelques mille lieues de leur berceau commun.”227
819Comme preuve de cette double affirmation, Garcin de Tassy donne quelques exemples, parmi bien d’autres qu’on peut réunir.
***
820The one primeval language, traced experimentally through ancient inscriptions in alphabetic caracters of lost powers from the four continents, by the Rev. Ch. Foster, London, 1851 ; Part I. The voice of Israel from the rocks of sinai, in-8° de 126 pages avec planches et cartes. Journal Asiatique, Juillet 1851, pages 88 à 94.
821Dans ce compte-rendu, Garcin de Tassy analyse le contenu de l’ouvrage et en fait l’éloge. Je citerai un paragraphe qui intéressera non seulement les Juifs et les chrétiens, mais aussi les musulmans étudiant le Coran :
“Incidemment, le Bev. Ch. Foster explique, au moyen de ces inscriptions, des passages obscurs et controversés de la Bible. Celui, par exemple, où il est question du cheval du Pharaon (Exode, xv, 17), celui des Cailles miraculeuses (Exode, xvi, 13 et ailleurs), et celui des serpents brûlants (Nombres xxi, 6). Il pense que l’oiseau nommé schelau228 ègalement en transcription hébraïque est l'anas casarca (‘‘ruddy goose”), le surkhâb (lx) des Persans et le chakwa des indiens modernes, en sanscrit chakrawak.229
822Part II. The monuments of Egypt and their vestiges of patriarchal tradition, London, 1852, vi et 300 pages.
823Dans le compte-rendu de ce deuxième volume, Journal Asiatique février-mars 1853, pages 285 à 286, Garcin de Tassy analyse la théorie de Foster qui “se flatte d’avoir découvert la langue primitive”.230 Sans faire d’observation ou critique quelconque, il se borne à dire :
‘‘C’est aux savants qui s’occupent spécialement de l’Egypte à juger de cette méthode et des résultats qu’elle donne ; quant à moi, il ne m’est permis que d’attirer l’attention sur ce nouvel et intéressant ouvrage”231.
824Part III. The Monuments of Assyria, Babilonia and Persia, with a new hey for the recovery of the lost ten tribes, London, 1854, VIII et 354 pages.
825Compte-rendu dans le Journal Asiatique d’août-septembre 1854, pages 243 à 246. Dans ce troisième article sur les travaux de Poster quant à l’unité de la langue primitive, Larcin de Tassy analyse à son habitude le contenu de l’ouvrage mais se montre plus ouvertement sceptique.
826On sait que certaines des douze tribus d’Israëlites ont disparu sans laisser de traces. Poster croit les retrouver chez les Afghans. En effet, il voit l’étymologie du mot Kabul dans le mot sémitique Kubyles (qabāil) ; il va de soi que Garcin de Tassy ne peut que rejeter cette hypothèse insoutenable. Par contre, le lien entre “Astrabad” et Esther et entre Zaboulistan et Zabulan lui semble plus heureux. Poster a procuré plusieurs figures représentant les types afghans et destinées à montrer la ressemblance de ces derniers avec les Juifs.
827Dans une petite note, sans titre, publiée dans le Journal Asiatique de février-mars 1853, pages 286-287, Garcin de Tassy nous apprend l’établissement d’une société anglaise, depuis 1649, à Jérusalem, vouée aux études bibliques. La société est ouverte seulement aux protestants résidant en Palestine, mais sa bibliothèque et son musée sont ouverts à tout le monde.
828Les feuilles volantes de l'Inde. Nouveau Journal hindoustani de Bénarès, dans le Journal des Débats, le 16 janvier 1851, p. 1, partie inférieure, col. 1-5
829Dans cette étude, Garcin de Tassy commence par dire que les difficultés de l'écriture masta'liq (persane), employée pour l’ourdou, ont fait qu’on emploie la lithographie au lieu de la typographie, et affirme que les premières imprimeries lithographiques furent installées à Calcutta, Sérampour, Lucknow, Madras, Bombay, et Pouna. Par la suite, elles apparurent partout dans l’Inde, il y en avait 28 déjà au 1er janvier 1850, qui dans l’année précédente avaient imprimé 141 différents ouvrages.
830Parmi les nouvelles imprimeries lithographiques, il en signale une, appelée Mafâd-é-Hind. à Bénarès, qui produit un journal Sâirîn-è-hind, mot que Garcin de Tassy dit signifier “les feuilles volantes de l’Inde”, Mais ce mot arabe n’est pas employé en ourdou. Il faut lire Zâirin et traduire “Les visiteurs de l’Inde ce qui s’applique bien aux pèlerins de Bénarès.
831Garcin de Tassy parle de cet article dans son discours vi, en 1855.
(b) LES NOTICES NECROLOGIQUES
832Garcin de Tassy avait beaucoup d’amis et entretenait des rapports plus ou moins intimes avec un grand nombre de personnages. Sa longévité lui a donné l’occasion souvent de leur rendre hommage a titre posthume. Il s’acquittait scrupuleusement de ce devoir. Sur certains de ses amis, les notices nécrologiques se trouvent à l’intérieur d’un article ou d’un ouvrage, par exemple les discours annuels pour l’ouverture du cours à l’Ecole des Langues Orientales ; nous en avons déjà cité plusieurs cas. Mais il y a des articles, longs ou courts, consacrés expressément à la mémoire des disparus. C’est des publications de ce genre que nous parlerons dans le présent chapitre.
833Notice nécrologique sur M. Ferrao de Castelbranco, extrait du Journal Asiatique 1849.
834Dans cette notice de trois pages, Garcin de Tassy parle de la mort d’un fonctionnaire portugais qui est mort à Paris en exil le 9 janvier 1849, à l’âge de 44 ans. Membre de la Société Asiatique, Castelbranco était un orientaliste et connaissait l’arabe et plusieurs aures langues sémitiques, tout comme le persan et le turc. Il avait traduit de l’arabe un ouvrage de cosmographie.
***
835Funérailles d’Amédée Jaubert, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, le 30 Janvier 1847, pages 5 et 6.
836La publication reproduit le discours du président Reinaud ; ensuite celui de Garcin de Tassy.
837Garcin de Tassy nous apprend qu’à l’âge de 18 ans, Jaubert devint l’interprète principal de Napoléon Bonaparte dans l’armée d’Egypte. Il parlait avec facilité le persan, le turc et l’arabe ; il s’occupait de ouigour et de berbère. Jaubert est célèbre pour son édition des extraits de la géograhie d’Idrisi. Garcin de Tassy n’hésite pas à dire à propos de ce dernier ouvrage qu’il “fait honneur à ses connaissances géographiques Jaubert fut par la suite professeur à l’Ecole des Langues Orientales.
***
838Nécrologie, Revue de l’Orient, tome 15, page 320.
839Sous ce titre, Garcin de Tassy parle de la mort de J. J. Marcel, officier de légion d’honneur, membre de l’Institut d’Egypte, ancien directeur de l’Imprimerie impériale, membre de la Société Orientale. Né à Paris en 1776, à peine âgé de 22 ans, il était directeur de l’Imprimerie du Caire. Plus tard il fut directeur de l’Imprimerie impériale de Paris et ce fut par ses soins que furent publiées entre autres, la grammaire arabe et la chrestomathie de Silvestre de Sacy. Après sa retraite il continua de s’intéresser aux langues orientalistes. Entre autres choses, il était l’auteur d’un dictionnaire arabe-français.
***
840George Varsy, orientaliste français, notice nécrologique. Revue Orientale et Américaine, tome trois, 1860, pages 428 et 429.
841Varsy était un arabisant dont le décès survint le 15 juillet 1860, à Marseille, où il était né en 1774. Sa mère était soeur de la célèbre Lady Montagu. Varsy avait passé dix-huit ans en Egypte. Il publia peu et laissa le manuscrit d’une gramaire arabe et un commentaire rédigé en arabe de la préface du dictionnaire Kamous. Il possédait également une précieuse collection de manuscrits. Son article sur le ministre abbasside Jafar le Bermécide fut publié après sa mort dans la Revue Orientale et Américaine, et considéré comme précieux.
***
842M. Servan de Sugny, Revue de l'Orient, nouvelle série, tome xi, 1860, pages 241 à 245.
843Dans cette notice nécrologique, Garcin de Tassy parle d’un membre correspondant de la Société Orientale de France qui venait de mourir le 4 février 1860 à l’âge à peine de 60 ans. Il signale que le principal ouvrage de Servan de Sugny était La Muse Ottomane, qui avait déjà connu deux éditions du vivant de l’auteur, et lui avait valu des distinctions aussi bien de la part du Sultan Abdoul Majid 1er que de Frédéric Guillaume IV, roi de Prusse. En outre, Sugny avait commencé un ouvrage intitulé Génie poétique de l’Orient resté inachevé et inédit. Dans un autre ouvrage, l’auteur a réuni les fragments des compositions de 42 poètes, dont 11 sultans. Un autre encore est la traduction d’un morceau —tirade sur l’étude — extrait d’un poème didactique du poète Nabi, intitulé Khairyeh dont on possède l’édition et la traduction par Pavet de Courteille, et sur lequel Garcin de Tassy avait déjà publié un compte-rendu dans le Journal des Débats, le 31 mars 1857.
***
844H. H. Wilson, notice nécrologioue, Revue Orientale et Américaine, tome 6, 1861, pages 154 et 157.
845Wilson est célèbre pour ses études sur la langue sanscrite. Garcin de Tassy signale les travaux publiés par cet auteur et parle également de ses rapports personnels avec lui. Wilson était conservateur de la bibliothèque de l’East India House, la plus riche au monde en manuscrits hindoustanis, et directeur de la Société Royale Asiatique d’Angleterre. En cette qualité, il fut très utile à Garcin do Tassy. Wilson connaissait également l’hindoustani, et :
“Bien loin de dédaigner cet idiome usuel qui est en réalité la vraie langue indienne, il en faisait grand cas et engageait les auditeurs de son cours à s’en occuper”.232
846Wilson mourut le 8 mai 1861.
SECTION 5. OEUVRE INEDITE DE GARCIN DE TASSY
847Comme tous les savants, Garcin de Tassy a dû laisser, lors de sa mort, plusieurs travaux en manuscrits, inédits ou inachevés. Nous n’avons pu recueillir aucun renseignement sur ce sujet. Nous avons déjà parlé des imprimés de notre auteur. Ici, nous nous permettons de signaler que les seuls écrits inédits de Garcin de Tassy dont nous avons eu connaissance, sont certaines de ses lettres adressées à des amis. Elles se trouvent en partie à la Bibliothèque Nationale de Paris (Recueil de lettres des philologues et orientalistes des xviiième et xixème siècles, Er. n. acq, 6778, et le recueil de lettres à Van Praet, tome 22, Fr. n. acq. 846) ; et en partie aux Archives Nationales de Paris (voir le dossier F 17 4054 à 4096, Ecole des Langues Orientales Vivantes à Paris, An iv-1898, Aux Archives Nationales). A Marseille, aucun élément n’a pu être retrouvé.
848Rappelons en passant que la bibliothèque de Garcin de Tassy a subi un incendie qui a malheureusement détruit beaucoup de monuments laissés pour la postérité par lui ; il n’est pas possible de déterminer l’étendue de ce ravage.
849En appendice, nous reproduisons ici ces lettres de Garcin de Tassy avec la bienveillante autorisation des autorités compétentes.
850Recueil de lettres des philologues hellénistes et orientalistes des xviii—xix siècles, Fr. n. acq. 6778. (Bibliothèque Nationale de Paris).
851Page 63 :
852Paris 43 P. St André des arts le 6 Août 1877
853Monsieur le Comte,
854Je vous remercie de votre aimable lettre du 12 juillet passé ; et si j’ai attendu jusqu’à ce jour à vous en accuser réception c’est que je voulais vous envoyer en même temps le numéro que mon éditeur m’a fait longtemps attendre. Il répond en partie au désir que vous voulez bien m’exprimer. Le travail que vous souhaiteriez est assez difficile. Il faudrait qu’il pût embrasser l’Inde des indigènes, l’Inde musulmane et l’Inde anglaise. Je vous suis obligé d’y avoir rappelé mon attention et je tâcherai de m’en occuper.
855Agréez je vous prie, de nouveau mon remerciement au sujet des Parsis dont vous m’avez fait faire connaissance et qui avant hier en traversant Paris, à leur retour d’Angleterre, ont eu la gentillesse de me faire une visite.
856Croyez-moi bien, Monsieur le Comte, votre tout dévoué,
857Garcin de Tassy.
***
858Recueil de Lettres à Van Praët, Tome 22, Fr. acq. 846, (Bibliothèque Nationale),
859Page 344 :
860Monsieur,
861Le porteur de la présente aura l’honneur de vous remettre la grammaire syriaque d’Amira et Edrissi en arabe et en latin, Il m’est impossible d’aller aujourd’hui à la Bibliothèque ainsi que j’en avais le dessein, pour vous prier de vouloir bien me confier la grammaire arabe de Martellotto et l’Historia Saracenorum d’Elmacin en arabe et en latin, publiée par Erpenius. Si c’était en effet de votre complaisance de vouloir bien faire remettre au porteur, ces deux ouvrages, je vous'en aurais d’autant plus d’obligation que j’en ai besoin dans le moment même.
862J’ai l’honneur d’être, monsieur Votre très humble et très obéissant serviteur.
863Garcin de Tassy
864Rue de Savoie 6.
865Lettres à Van Praët, tome 22, Fr. acq. 846 (Bibliothèque Nationale),
866Page 392 :
867Monsieur,
868Je m’empresse de vous renvoyer deux volumes des trois que vous avez eu l’extrême complaisance de me confier l'autre jour : j’ose vous prier en même temps de remettre à ma bonne le volume dont le titre suit : Histoire de la sultane de Perse et des vizirs, contes turcs par Cherzadeh, traduction française, Paris 1707, in-12.
869Je pense que vous n’avez pas oublie de faire effacer de mon article les deux volumes hindoustanis que je vous ai rapportés la deuxième fois que j’ai eu l’honneur de vous voir, volumes que j’avais depuis plusieurs années et qui étaient les seuls qui me restaient des quelques uns, en la meme langue, que mon excellent ami par M. de Manu m avait confie dans le temps.
870J’ai l’honneur d’être, avec respect, Monsieur, votre humble et très obéissant serviteur.
871Garcin de Tassy
872Professeur à l’Ecole des Langues Orientales Vivantes 53, rue St. André des Arts.
873Paris, le lundi,
874Page 393 :
875Monsieur le Chevalier Van Praët
876Membre de l’Institut Acad. royale des
877Inscriptions et Belles-Lettres,
878Conservateur, administrateur de la Bibli. du Roi
879Vol. Correspondance de Philarète Chasles professeur de littérature française, au Collège de France, né en 1798, mort en 1873. vol. de 574 feuilles, Fr. n. acq. 4824, Biblio. nat.
880Page 164 :
881Monsieur,
882Je ne manque jamais de lire les excellents articles que vous donnez très fréquemment dans le Journal des Débats. J’ai lu entre autres avec un vif intérêt vos trois articles sur un voyage à Katmandou. Le mot Sati (Sattee est l’orthographe anglaise) signifie vertueuse et par suite la femme qui est vertueuse jusqu’à la fin en se brûlant sur le corps de son mari. Votre article (165) appelle Sati je ne sais pour quoi le dialecte usité dans le Népal. Ce dialecte est tout simplement l’hindoustani un peu altéré chez le peuple mais que Jung Bahadur et ses gens parlaient fort purement, ainsi que je m’en suis convaincu moi-même.
883Tenant aux étymologies des mots saxo-franco & slaves m. n. du m. et o. elles sont spirituelles. Si non è vero è ben trovato”.
884Veuillez agréer l’assurance de ma considération très distinguée.
885Garcin de Tassy
88628-x-1852
887Archives nationales, dossier F 17 4054 à 4096, Ecole des Langues Orientales Vivantes, Paris An iv 1898.
888Monsieur le Président et savant confrère, (Joseph Reinaud) Voici ee que j’ai à répondre à la demande que vous me faites de la part de S. E. Monsieur le Ministre de l’Instruction publique au sujet du temps nécessaire pour apprendre la lecture, l’écriture, les éléments de la langue que je suis chargé d’enseigner, l’histoire et la géographie politiques et commerciales.
889Comme mes auditeurs se composent généralement de personnes fort lettrées, je leur explique des auteurs hindoustanis, je les entretiens de la littérature actuelle de l’Inde, de ses progrès des journaux qui se multiplient et qui facilitent, sous le point de vue des voyages, du commerce et des intérêts internationaux les connaissances de ce pays, si digne d’intérêt.
890Vous voyez, monsieur le président, que j’aurai peu à changer à mon enseignement pour entrer dans les intentions de S. E. Monsieur le ministre.
891L’espace de trois ans me semble suffisant pour des élèves appliqués et intelligents non seulement pour apprendre la lecture, l’écriture et les éléments de l’hindoustani, mais pour comprendre les écrits imprimés et manuscrits, en style facile, dans les deux dialectes hindou et musulman, écrire et parler la langue. Incidemment les éléves pourront obtenir tous les renseignements nécessaires pour la géographie et l’histoire de l’Inde, pour la politique et pour le commerce.
892Il serait seulement à désirer qu’ils fussent pourvus des livres indispensables à leurs études. J’ai publié une grammaire, des deux dialectes, un manuel spécial pour mon cours, plusieurs textes accompagnés de voeabulaires ; mais il n’existe pas de dictionnaire français-hindoustani et hindoustani-français. C’est un desideratum qu’il serait utile de combler.
893Après ces trois années, il sera facile à l’étudiant d’achever, d’apprendre sur les lieux ce qui pourra lui manquer encore, car pour les langues parlées la pratique est une chose indispensable.
894Agréez, monsieur le président et savant confrère, l’assurance de ma considération très distinguée.
895Garcin de Tassy
896Paris, le 28 Novembre 1865.
897Paris, le 11 avril 1864
898Très cher monsieur & ami, (Hase)
899Vous savez sans doute que depuis le commencement de cette année scolaire on fait des réparations (auprès de notre salle de cours à la Bibliothèque) telles que mes collègues et moi avons été plusieurs fois obligés de quitter notre cours à cause du bruit et de la poussière. Ne pourriez-vous pas suggérer au ministère l’idée de placer l’Ecole des langues orientales dans le petit Hôtel qu’occupait M. Hase. De cette façon, nous serions chez nous, et il y aurait moyen de loger Julin et sa famille, Il serait facile de disposer convenablement et sans beaucoup de frais ce petit Hôtel pour l’Ecole. Elle serait toujours comme auparavant près de la Bibliothèque impériale ; mais non dans. J entends dire qu’on doit démolir ce petit Hôtel : il serait done bon d’en parler le plus tôt possible.
900Dans tous les cas, agréez je vous prie très-cher Monsieur et ami, l'assurance de mes meilleurs sentiments.
901Garcin de Tassy
902Paris, le 29 décembre 1869
903Monsieur le ministre,
904J’ai reçu la lettre que votre Excellence m’a fait l’honneur de m'écrire le 24 de ce mois, au sujet de la demande de M. Ch. de Labarthe qui désire être autorisé à faire gratuitement à l'Ecole des Langues orientales un cours de géographie politique et commerciale des contrées de l’extrême orient.
905Un tel cours rentre tout à fait dans l’esprit du décret du 8 novembre 1869, et M. Ch. de Labarthe est très capable de le faire avec succès ; je n’ai donc aucune objection à soulever contre un tel enseignement.
906Recevez, je vous prie, Monsieur le ministre, l’assurance de mon profond respect.
907L’administrateur adjoint de l’Ecole,
908Garcin de Tassy
909Paris le 30 décembre 1869
910Monsieur le Ministre,
911En réponse a la lettre que votre Excellence m’a fait l'honneur de m'écrire le 28 décembre 1869, je m’empresse de vous informer que le jeune Bessne est au nombre de ceux dont l’inscription est valable.
912Je dois faire observer à votre Excellence que depuis le jour de l’ouverture des cours jusqu’au 13 octobre, date de la lettre qui confirme les premières inscriptions, le nombre s’en est accru par les soins de Μ. M. les professeurs, mais comme nous allons ouvrir le registre pour les secondes inscriptions (il ne peut y avoir d’inscriptions nouvelles au mois de janvier. Il faut une autorisation spéciale du ministre), du 1er au 15 janvier prochain, nous serons en mesure le 16 janvier de fixer un état de situation définitif.
913J’appellerai egalement votre attention, monsieur le ministre, sur la limite d’âge réglementaire à fixer dans le Règlement pour les élèves de l’Ecole ; il serait, peut-être, convenable de ne laisser prendre la première inscription qu'à partir de 18 ans (voir un contre projet, règlement, article 22) afin qu'après trois années d’études, les jeunes gens jugés dignes d'être charges de mission aient atteint leur majorité. Il faudrait établir en même temps que passé 25 ans (ce pourrait faire l'objet d’un nouvel article du règlement qui aurait sa place après l’art. 26) les auditeurs inscrits n’auront droit qu’à un diplôme et nullement aux indemnités pécuniaires prévues dans les conditions du décret du 8 novembre 1869.
914Je soumets ces diverses questions à la haute appréciation de votre Excellence.
915Recevez, je vous prie, Monsieur le ministre, l’assurance de mon profond respect.
916L’administrateur adjoint de l’Ecole,
917Garcin de Tassy
918Archives de Montpellier, Autog. No. 119 (Eusèbe de Salle Marseille).
919Paris, 22, avril 43
920Monsieur et honorable ami,
921Je vous demande pardon d’être resté plus d’une semaine sans répondre à votre dernière lettre du 9 de ce mois et de ne vous avoir pas encore renvoyé les deux pièces que vous m’avez communiquées, accompagnées de la traduction. J’ai remis ce soin d’un jour à l’autre et je sais que le temps s’est ainsi passé.
922De ces deux pièces, il y en a une en bengali que je ne comprends pas et dont je ne dois pas m’occuper. Reste l’autre qui est en persan : c’est simplement un certificat d’acquittement des droits de douanes à Murchîdâbâd, une sorte d’avis (parvana ou firman) donné aux collecteurs de taxes, que les taxes sur les pièces d’étoffes ont été acquittées ; on n’y voit pas le nom du propriétaire de ces marchandises qui pouvait être en effet Althen ; le sceau d’en haut est celui du gouverneur du Bengale, ceux de la marge sont les sceaux du daroga et du muschrif. Cette pièce est en très mauvais schikastè, très difficile ; il m’a fallu y revenir à plusieurs fois et à plusieurs jours de distance pour en venir à bout. Encore il y a deux ou trois mots que je n’ai encore pu déchiffrer. Dans l’espoir d’en venir à bout, pour ma satisfaction personnelle, je prends la liberté de garder ces pièces jusqu’à mardi prochain. Ce jour-là, je les remettrai à M. Alexandre, inspecteur général des études, qui part pour Marseille et qui vous le fera parvenir. Ce qu’il y a de fâcheux, c’est que je ne connais personne à Paris qui lise cette écriture arabe de l’Inde, de manière que je suis réduit à mes propres efforts sans pouvoir m’éclairer de l’avis de qui que ce soit. La lecture seule est difficile, car le sens est très clair une fois qu’on a pu connaître le contenu de ces sortes d’écrits.
923Je viens de retrouver dans mes papiers votre reçu de l’an passé de la Société Asiatique. Je le joins à ma lettre. On ne m’a pas encore réclamé votre souscription de cette année. Pour les membres qui ne résident pas à Paris, on se contente qu’ils payent tous les deux ans, quand cela leur convient.
924Je tâcherai de vous envoyer aussi par Mr. Alexandre votre diplôme de la Société Ethnologique.
925J’ai l’honneur de vous saluer bien affectueusement et de présenter à Mme. de Sales (sic) l’hommage de mon respect.
926Votre dévoué serv.
927Garcin de Tassy
928(Autog. No. 119)
929(au même)
930Paris, 53, R St, André
93126 avril 43
932Monsieur et honorable ami,
933Ainsi que je vous l’avais annoncé, je vous envoie aujourd’hui, par l’entremise de Mr. Alexandre, homme d’esprit et de savoir et un de mes meilleurs amis, avec qui vous serez sans doute bien aise de faire connaissance, les pièces orientales sur lesquelles vous m’aviez consulté, et le diplôme de la Société Ethnologique, ainsi que le premier volume des transactions de cette Société. Il a fallu payer, pour retirer le volume et le diplôme, 29 frs, (en déduisant cc que je vous prie de ne pas remettre à mon frère, mais que vous me rendrez en mains propres lorsque j’aurai le plaisir de vous voir à Mlle (Marseille) en juillet prochain.
934Quant à la pièce persane, c’est, ainsi que je vous l’avais dit, un acquit à caution de la douane de Murchîdâbâd. Je vous envoie la traduction mot à mot, en négligeant seulement les mots qu on lit après la cinquième ligne et dont je ne suis pas bien sûr. Ces mots du reste paraissent être des chiffres nommés racam ; il semble qu’il y ait “7 53 pièces” puis encore un nombre que je ne connais pas, et enfin “bîst schumor ·.” Plus bas, il y a encore un racum qui semble être 150, ce qui signifierait alors 150 pièces d’étoffe de l’espèce Mirsapowr. Enfin la dernière ligne signifie : “Cela a été écrit à la douane de... (on ne peut lire le nom de lieu), le 25 xbre 1783 concordaut avec le 11 pous 1190 de l'ère de Bengale.” La même date se trouve au verso.
935Pour n’avoir pas de regret, j’ai montré cette pièce à M. Quatremère qui n’a pu la lire mais qui en a cependant deviné un mot qui m’embarrassait. Puis j’ai imaginé d’avoir recours à M. Kazimirsky qui a acquis une grande habitude de la langue et surtout de l’écriture cursive persane ; et en effet il m’a été très utile pour me décider à adopter certaines leçons et pour déchiffrer des mots qui m’avaient arrêté ; cependant il n’a pu me satisfaire complètement, et je pense que s’en occuper davantage n’aurait probablement pas plus de résultat....
936Garcin de Tassy
937P. S. Ne m’oubliez pas auprès de Madame de Salle. Bîbî de Salle ko bahut bahut salâm.
SECTION 6. LISTE COMPLETE DES PUBLICATIONS DE GARCIN DE TASSY
938Dans les pages suivantes, nous avons essayé de dresser une liste complète des livres et des articles de Garcin de Tassy qui ont paru dans divers journaux et revues. Nous avons analysé ces textes dans la mesure qui nous a paru utile. Cette liste est déjà beaucoup plus complète que celle qu’on trouve dans les biographies de notre auteur et dans les catalogues des bibliothèques, catalogues imprimés ou sous forme de fiches, de la Bibliothèque Nationale, de la bibliothèque de l’Ecole des Langues Orientales Vivantes à Paris, et des Archives Nationales à Paris.
939Mais nous n’osons pas prétendre que ce soit là une liste exhaustive : pour les grandes revues comme le Journal Asiatique ou la Revue de l'Orient, de l’Algérie et des Colonies, il est facile de consulter des index ou les tables des matières, mais il ne l’est pas de s’informer au sujet des articles confiés aux journaux quotidiens, par exemple le Journal des Débats. Nous avons fait tout notre possible.
9401. Abrégé du roman hindoustani intitulé la Bose de Bakawali. pages 80-81.
9412. Analyse de deux grammaires hindoustanies originales, pages 67-68.
9423. Analyse d’un monologue dramatique indien, pages 75-76.
9434. Anecdotes hindoustanies, page 98.
9445. Anecdote relative au Brij-bakha, traduite de l’hindoustani, page 95.
9456. Allégories, récits poétiques et chants populaires, traduits de l’arabe, du persan, de l’hindoustani et du turc, pages 83-86.
9467. Les animaux en discussion avec l’homme, pages 90-95.
9478. Appendice aux Budiments de la langue hindoustanie, page 65.
9489. Les auteurs hindoustanis et leurs ouvrages, pages 52-55.
94910. Les aventures de Kamrûp, pages 81-83.
95011. Les aventures du prince Gem, du turc de Saad-eddin, pages 121-123.
95112. Bag O Bahar, le Jardin et le Printemps, trad. en français, pages 79-80.
95213. Le Bostan de Saadi, pages 114-115.
95314. Chants populaires de l’Inde, pages 85-86.
95415. Un chapitre inconnu du Coran, pages 139-141.
95516. Un chapitre de l’histoire de l’Inde musulmane ou chronique de Cher Schâh, sultan de Delhi, pages 89-90.
95617. Chrestomatie hindoustanie, pages 56-57.
95718. Conseils aux mauvais poètes, pages 70-71.
95819. Compte-rendu-analyse d’un ouvrage anglais “Observations sur les Musulmans de l’Inde, pages 160-161.
95920. Compte-rendu. Analyse d’un ouvrage de F. Boutros sur l’éducation dans l'Inde, pages 166-167.
96021. Compte-rendu. Analyse du parallèle des langues de l’Europe et de l’Inde, de M. Eichhoff, pages 194-195.
96122. Compte-rendu. Analyse du Roman de Mahomet de MM. Reinaud et F. Michel, pages 189-190·
96223. Compte-rendu. Analyse d’un ouvrage intitulé Bag o Bahar, pages 79-80.
96324. Compte-rendu. Analyse des extraits des historiens Arabes relatifs aux Croisades, pages 184-185.
96425. Compte-rendu. A Century of Persian ghazals, page 170.
96526. Compte-rendu. Analytical digest de W. Morley, pages 182-183.
96627. Compte-rendu. An easy introduction to the study of Hindoustani with a full syntax, by Monier Williams, pages 165-166.
96728. Compte-rendu. A handbook of Sanscrit literature by Small, page 160.
96829. Compte-rendu. A concise grammar of hindoustani language, pages 154-155.
96930. Compte-rendu. Akhlaq-i-Muhsini by Ouseley, page 169.
97031. Compte-rendu. Bytal Puchisi trad. en anglais par Kali Kischan, pages 157-158.
97132. Compte-rendu. Bhagavad-Gita, trad. par Thomson, page 162.
97233. Compte-rendu. Conseils de Nabi Effendi à son fils, page 153.
97334. Compte-rendu. A catalogue of Bengali works, pages 163-164.
97435. Compte-rendu. Controversial tracks on Christianity and Mohammedanism by the late Henry Martyn, pages 190-191.
97536. Compte-rendu. Della tipografia poliglotta di Propaganda, page 185.
97637. Compte-rendu. Derband-Namèh de Mirza Kazim Beg, page 171.
97738. Compte-rendu. The descriptive catalogue of manuscripts by W. Morley, page 180.
97839. Compte-rendu. A dictionary Persian, Arabic, and English : F. Johnson, pages 176-177.
97940. Compte-rendu. Description des monuments musulmans du cabinet de M. le duc de Blacas, par Reinaud, pages 185-187.
98041. Compte-rendu. Eléments de la langue turque par Amédée Jaubert, page 191.
98142. Compte-rendu. Edition du Prem Sâgar, page 159.
98243. Compte-rendu. Guldasta-i-inglistan de S. Abdoullah, page 158.
98344. Compte-rendu. Gulistan de Saadi, par E B. Eastwick, pages 167-168.
98445. Compte-rendu. Gulistan de Saadi publié par Sprenger, pages 167-169.
98546. Compte-rendu. Guide de la conversation français-turc, par A. Timoni, page 193.
98647. Compte-rendu. Grammar of the Turkish language, by Barker, page 193.
98748. Compte-rendu. Histoire des Mongols de la Perse, par Quatremère, pages 175-176.
98849. Compte-rendu. Hindi and Hindoustani Sclections, pages 149-150.
98950. Compte-rendu. Histoire des Atabecks de la Syrie et de la Perse. Morley, page 171.
99051. Compte-rendu. Historical account of Crimea de W. B. Barker, page 166.
99152. Compte-rendu. Histoire de Delhi de Saiyed Ahmad Khan, pages 87-89.
99253. Compte-rendu. Lois de l’Islam, par Mirza Kazim Beg, pages 188-189.
99354. Compte-rendu. Majum’ul latâif, page 158,
99455. Compte-rendu. Extrait d’un mémoire de M. Holmboe sur les nombres, 108 et 13, page 181.
99556. Compte-rendu. Extrait d’un mémoire sur le Civaisme, page 181.
99657. Compte-rendu. Mémorial scientifique et industriel rédigé en arabe par MM. Garcin de Tassy et Babine, page 184.
99758. Compte-rendu. Mille et une Nuits, par M. Trébutien, pages 177-179.
99859. Compte-rendu. Muntakhabat-i-Hindi or selections in hindoustani, by John Shakespear, pages 150-152.
99960. Compte-rendu. Muzih-i-Coran, page 157.
100061. Compte-rendu. Contes du Cheikh el-Mohdy publiés par Marcel, pages 170-171.
100162. Compte-rendu. Dictionnaire hindoustani de Shakespear, page 155.
100263. Compte-rendu. Le livre de Kalila et Dimna, publié au Caire, page 194.
100364. Compte-rendu. L’édition de Sakountala, pages 162-163.
100465. Compte-rendu. Un exemplaire des mémoires de Baber, page 194.
100566. Compte-rendu. Divers ouvrages concernant l’étude de la langue afghane, page 165.
100667. Compte-rendu. Dissertation intitulée On pronomen relativum de Holmboe, pages 180-181.
100768. Compte-rendu. Grammaire hindoustanie de M. Ballantyne, page 155.
100869. Compte-rendu. Grammaire turque de M. Davids, page 192.
100970. Compte-rendu. Les Institutiones linguae persicae de Vullers pages 173-174.
101071. Compte-rendu. La langue Vei, page 180.
101172. Compte-rendu. Le Nouveau Testament en arabe de N.S.J.C. page 170.
101273. Compte-rendu. Observations sur l’article de M. H, de Charencey : De la classification des langues et des écoles de linguistique en Allemagne, page 164.
101374. Compte-rendu. Oriental mysticism, a treatise on the suffistic and Unitarian theosophy of the Persians) compiled from native sources, by Palmer, page 188.
101475. Compte-rendu. Proposal for a missionary alphabetic conference held at the residence of Chevalier Bunsen in January 1854, by Max Müller, page 154.
101576. Compte-rendu. Persian Chess de N. Bland, pages 172-173.
101677. Compte-rendu. Prakrita Prakasa publié par E. B. Cowell page 163.
101778. Compte-rendu. Qanoon-i-Islam, or the customs of the musulmans of India, pages 156-157.
101879. Compte-rendu. Remarques sur l’état de l’instruction publique à Lucknau, page 167.
101980. Compte-rendu. L’Islam et son fondateur, par J. C. Scholl page 187.
102081. Compte-rendu. Suggestion on the assistance of officers in learning the languages of the seat of war in the East, by Max Müller, page 154.
102182. Compte-rendu. Salman O Absal, publié par P. Falconer, page 174.
102283. Compte-rendu. Une société anglaise, page 196.
102384. Compte-rendu. Séances de Hariri, trad. par T. Preston, page 184.
102485. Compte-rendu. Specimen de la traduction littérale persane et d’un commentaire des séances de Hariri par Mohd. Schams ad-din, page 172.
102586. Compte-rendu. Supplément à la notice sur Ibn-Khaldoun par Hammer, page 192.
102687. Compte-rendu. Un ouvrage de M. Holmboe, page 181.
102788. Compte-rendu. Traduction des Mille et une Nuits, page 179.
102889. Compte-rendu. Trois ouvrages du Rev. Charles Foster, page 195.
102990. Compte-rendu. Voyage dans l’Inde, du Munchi Amin Chand, page 153.
103091. Compte-rendu. Vikramorvasi, an Indian drama, translated in English, page 159.
103192. Coup d’oeil sur la littérature orientale, pages 125-126.
103293. Contes extraits de l’Anwar Sohaili, pages 116-117.
103394. Description des monuments de Delhi, pages 87-89.
103495. Dictionnaire hindoustani-français et français-hindoustani par Garcin de Tassy et Deloncle, pages 57-60.
103596. Discours de Garcin de Tassy a la Société d’Ethnographie, page 126.
103697. Discours à la Société Asiatique, pages 126-127.
103798. Diwan-i-Wali, recueil de Wali, pages 71-72.
103899. La doctrine et les devoirs de la religion musulmane, pages 129-132.
1039100. Episode de la vie de San’an, pages 106-107.
1040101. Exposition de la foi musulmane, trad. du turc, pages 141-145.
1041102. Les femmes poètes dans l’Inde, page 22.
1042103. Grammaire persane de Sir William Jones, pages 123-125.
1043104. Gul O Sanaubar, Rose et Cyprès, pages 84-85.
1044105. Histoire de la littérature hindouie et hindoustanie, pages 25-32.
1045106. Hindi Hindoui Muntakhabat, chrestomathie à l’usage des élèves l’Ecole des Langues orientales pages 56-57.
1046107. Hir et Ranjha, pages 97-98.
1047108. L’inexorable courtisane et les talismans, pages 98-99.
1048109. L’Islamisme d’après le Coran, pages 132-139.
1049110. La langue et la littérature hindoustanies de 1850 à 1877, pages 42-56.
1050111. La légende de Sakountala, pages 100-101.
1051112. Lettre à J. Molli au sujet d’un article sur la nouvelle édition de la grammaire de W. Jones, pages 123-125.
1052113. Lettre de Mir Jafar Ali, nabab de Surâte, page 128.
1053114. Livre de voyage ou itinéraire de Delhi à Londres, par Kazim Beg ; pages 95-97.
1054115. Mantic-uttair, ou le langage des oiseaux, pages 107-112.
1055116. Manuel de l’auditeur du cours hindoustani, pages 66-67.
1056117. Marciya ou Elégie de Miskin, page 75.
1057118. Mémoire sur les noms propres et les titres musulmans, pages 145-147.
1058119. Mémoire sur quelques particularités de la religion musulmane dans l’Inde, page 134.
1059120. Mémoire sur le système métrique des arabes, adapté à la langue hindoustanie, pages 63-64,
1060121. Notice des biographies originales des auteurs hindoustanis, page 55.
1061122. Notice sur les fêtes populaires des Hindous, pages 127-128.
1062123. Notice nécrologique d’Amédée Jaubert, page 198,
1063124. Notice nécrologique de Georges Varsy, page 198.
1064125 Notice nécrologique de J. J. Marcel, page 198.
1065126. Notice nécrologique de Servan de Sugny, page 198-199.
1066127. Notice nécrologique de H. H. Wilson, page 199.
1067128. Notice nécrologique de Ferrao de Castelbranco, page 197.
1068129. Notice sur Saadi auteur des premières poésies hindoustanies, pages 22-25.
1069130. Notice du traité persan de Hosain Waiz sur les vertus, pages 118-119.
1070131. Notice sur les vêtements avec des inscriptions arabes, pages 147-149.
1071132. Observations à la suite d’une lettre de M. N. Bland sur Mas’oud, pages 24-25.
1072133. Les oeuvres de Wali traduites de l’hindoustani, pages 73-74.
1073134. Origine et diffusion de l’hindoustani appelé langue générale ou nationale de l’Inde, pages 20-22.
1074135. Les oiseaux et les fleurs, allégories morales, pages 101-102.
1075136. Le Pend-Namèh de Saadi, pages 115-116.
1076137. La poésie philosophique et religieuse chez les Persans. (voir Mantic-uttair).
1077138. Proclamation au sujet des portes du temple de Somnâth, texte hindi et sa traduction par Garcin de Tassy, pages 99-100.
1078139. Prosodie des langues de l’Orient musulman, pages 61-63.
1079140. Quelques lignes sur les fruits et les fleurs de l’Hindoustan, page 77.
1080141. Quelques lignes sur les sciences des Indiens, extraits de l’Araich-i-Mahfil de Mir Caer Ali Afsos, pages 76-77.
1081142. Relation de la bataille de Verna de Saad-eddin, page 123.
1082143. Description de la ville de Constantinople de Saad-eddin, pages 119-123.
1083144. Relation de la prise de Constantinople par Mahomet II, page 122.
1084145. Relation de la prise d’Abydos par Sadd-eddin, page 121.
1085146. Eéponse aux observations de M. Hammer sur le nom de Berkevi, page 145.
1086147. Rhétorique et prosodie des langues le l’Orient musulman à l’usage des élèves de l’Ecole spéciale des Langues Orientales Vivantes, Paris, pages 60-63.
1087148. Rubayat d’Omer Khaiyâm, pages 113-114.
1088149. Rudiments de la langue hindoustanie, pages 65-66.
1089150. Rudiments de la langue hindouie, pages 65-67.
1090151. Séance de Maraghah, traduit de l’arabe, de Hariri, pages 104-105.
1091152. Séance de Hariri-La pièce d’or, pages 105-106.
1092153. Séance de Hariri-La caravane, page 106.
1093154. Spécimen d’une collection de lettres hindoustanies originales, page 65.
1094155. Tableau du Kali-Yug ou de l’âge de fer, trad. de l’hindoui, page 101.
CONCLUSION
1095Nous arrivons à la fin de notre étude. Mais avant de porter un jugement sur la personne et l’oeuvre de Garcin de Tassy, on peut ajouter quelques mots sur les suites données au grand travail commencé par lui.
1096Après la mort de Garcin de Tassy, on supprima la chaire de langue hindoustanie à l’Ecole des langues orientales de Paris. Longtemps après on créa une chaire pour les langues indiennes dans la même institution mais la langue hindoustanie n’a que récemment retrouvé la place qu’elle méritait dans cet établissement.
1097Cependant Garcin de Tassy avait formé plusieurs élèves de talent, qui ont continué le travail de leur maître, malgré le manque d’intérêt officiel, en France, pour cette langue. Il nous suffit de nommer l’abbé Bertrand, Théodore Pavie et François Deloncle pour nous en convaincre. Nous déborderions le cadre de notre étude si nous entreprenions de décrire en détail l’oeuvre de ces savants. Toutefois on peut rappeler le fait que l’abbé Bertrand avait participé du vivant de Garcin de Tassy, à la publication des manuels pour l’étude de l’hindoustani. Plus tard :
“Il mit au jour la version d’un ouvrage hindoustani qui témoigne de l’influence de l’Islam sur la littérature moderne de l’Inde. Ce sont les Séances de Haidari, récits historiques et élégiaques sur la vie et la mort des principaux personnages musulmans...”
1098En outre, Bertrand a rédigé les notices sur les religions de l’Inde dans le grand Dictionnaire des Religions de l’Encyclopédie Migne. En ce qui concerne Théodore Pavie ce qu’il a :
“tiré des manuscrits ; (c’est) d’abord la chronique d’Assam : d’après le texte hindoustani qui n’est qu’une version de l’original persan, aujourd’hui perdu ; histoire d’une guerre musulmane fort opiniâtre, dirigée contre les Assamais par Mir Djumlah, général d’Aurangzeb. C’est ensuite une histoire de Krichna qui est un abrégé du dixième livre du Bhâgvata-Pourâna, écrit en hindoui au seizième siècle par Lalatch Kab... Puis la légende de Padmani, d’après les textes lundis et hindouis”233.
1099Enfin Deloncle. Noua avons dejà parlé de son projet d’un grand dictionnaire hindoustani-français et français-hindoustani, suivi d’un vocabulaire mythologique, historique et géographique de l’Inde, 1876, (seulement parues xii + 32 pages).
1100Garcin de Tassy avait également des élèves venus d’Angleterre et d’autres pays européens, mais à notre connaissance, il n’y eut pas parmi eux de personnalités qui se soient distinguées dans le domaine de la langue hindoustanie. La raison semble être celle-ci. Sur l’avis de ses conseillers, le gouvernement britannique décida d’imposer la langue anglaise non seulement comme langue de l’administration dans toutes ses branches, mais même comme langue de l’enseignement aussi bien dans les universités que dans les écoles.
1101Nous pouvons maintenant tirer les conclusions de notre recherche :
La personnalité de Garcin de Tassy
1102Comme son maître Silvestre de Sacy, notre auteur a étudié seul la matière qu’il avait choisie comme spécialité. C’était donc un travail de pionnier, sans tradition, ni antécédent. A juger dans de telles circonstances, nous ne pouvons que nous émerveiller du grand succès qu’eut Garcin de Tassy : sans jamais avoir visité l'Inde, non seulement il comprenait d’une façon parfaite l’ourdou et déchiffrait ses manuscrits, mais aussi il le parlait couramment, comme en témoignent maints incidents relatés par Garcin de Tassy lui-même dans ses publications.
1103Un autre point sur lequel il faut insister est le fait que Garcin de Tassy étudiait tout du point de vue de la langue hindoustanie. Nous pouvons nous en convaincre en nous reférant aux comptes-rendus des ouvrages variés : il y signale toujours l’intérêt qu’il a pour l’hindoustani, qu’il s’agisse d’études bibliques ou de tout autre sujet. Cette concentration exclusive sur la langue de son choix est non seulement touchante mais également féconde.
1104Garcin de Tassy semble avoir été intéressé par deux sujets principaux : la langue ourdoue et la religion musulmane. Mais ces deux domaines ne sont pas différents pour lui, car à travers la langue hindoustanie il se spécialisait dans la culture islamique de l'Inde, les deux sujets avaient donc a peu près la même extension. Il a certes publié quelques travaux sur la langue hindie et égale ment sur l’ethnographie des Indiens brahmanistes, mais de telles publications de Garcin de Tassy sont extrêmement peu nombreuses. En outre, il s’agit dans la plupart des cas de renseignements tires d’ouvrages des musulmans.
1105En ce qui concerne la religion musulmane, on ne peut pas être plus objectif que Garcin de Tassy ; lui-même chrétien, catholique, il étudie l’Islam pour le comprendre et non point pour le combattre. C’est ainsi que lorsqu’il écrit quelque chose sur les dogmes et les pratiques des musulmans, il les décrit comme il les a connus, sans critique, ni dénigrement. A son époque, c’était quelque chose d’inattendu non seulement en France, mais même partout en Occident.
1106Pris dans leur ensemble, les travaux de Garcin de Tassy font ressortir un autre élément remarquable, à savoir son choix des livres représentatifs dans chaque domaine. Il traduit l’anthologie d’un poète, et c'est un des plus grands poètes de l’Inde qu’il choisit. Il traduit un manuel sur les éléments de l’Islam et c’était le meilleur qui existât à son époque ; il fait le choix de quelques chapitres d’un ouvrage pour les traduire au point de vue philosophique et littéraire, et ce sont les passages les meilleurs et les plus représentatifs du persan. Bref, Garcin de Tassy se montre connaisseur parfait pour tirer le meilleur parti de ce qui lui était accessible.
1107Restent à étudier deux aspects de sa culture : sa maîtrise de la langue et son sens critique. Nous pouvons dire à ce sujet ce qui suit : la connaissance des langues arabe, persane et turque est en dehors de nos études particulières, de même pour Garcin de Tassy : il ne s’était pas spécialisé dans ces langues et ne s’en occupait qu’en marge de ses études de langue hindoustanie. Nous avons eu l’occasion de voir que sa connaissance de ces langues laissait parfois à désirer, à en juger par les traductions qu’il en a publiées.
1108Ce n’est pas le même cas en ce qui concerne l’ourdou : il le maîtrisait à fond et le comprenait avec ses nuances et ses locutions. On peut expliquer cela par le fait que l’enseignement de celte langue était son devoir officiel et professionnel : pendant un demi siècle, il n’a fait que se concentrer sur cette langue. Bien d’étonnant que le résultat fût ce que nous venons de dire. Une des raisons était sans doute le tempérament de notre auteur, qui ne s’intéressait qu’à son sujet particulier, et n’avait aucune autre passion que l’étude de cette langue.
1109Garcin de Tassy a traduit un ouvrage (de William Jones) de l’anglais ; dans ses publications il cite des sources allemandes, latines et grecques etc. Sans doute, il possédait l’anglais. Mais il n’a publié ses travaux qu’en français, et il nous est difficile de dire l’étendue de sa connaissance de plusieurs langues européennes. En ce qui concerne l’hindi, nous pensons que la différence entre cette langue et l’ourdou était moins grande à l’époque de Garcin de Tassy qu’aujourd’hui, et il suffisait de connaître l’alphabet devanagri et les éléments de la langue sanscrite pour se tirer d affaire. Les publications de Garcin de Tassy concernant l’hindi sont très peu nombreuses et elles ne sont pas suffisantes pour nous donner une idée exacte de son érudition dans cette langue.
1110Dans le domaine de la critique, nous avons les comptes-rendus de livres publiés par notre auteur. La plupart du temps Garcin de Tassy ou bien parle de ses rapports personnels avec l’auteur du livre en question, ou bien analyse le contenu de ce livre : il est extrêmement rare qu’il parle des fautes et des défauts des ouvrages dont il donne un compte-rendu. Nous pensons qu’il s’agit là plutôt de son tempérament affable qui ne veut offenser personne, mais qui veut profiter de tout le beau et le bien qu’il trouve dans le livre. Quoiqu’il en soit, ses comptes-rendus montrent l’énorme quantité de lectures que faisait Garcin de Tassy, non seulement en langues orientales mais encore en anglais.
1111Parmi ses écrits, il y a également les notices nécrologiques. Là, il parle la plupart du temps de ses rapports personnels avec les disparus et des publications de ces derniers ; l’occasion n’était certainement pas propice pour critiquer quelqu’un qui venait de trépasser.
1112Nous pouvons également mettre en relief le fait que Garcin de Tassy a publié une grande quantité de travaux scientifiques qui s’étendent sur des milliers de pages. Un autre fait à signaler, est que les ouvrages de Garcin de Tassy furent bien accueillis de son vivant, de sorte qu’il a édité certains ouvrages deux et même trois fois, évidemment avec des corrections et des additions. Cet autre fait enfin qu’il a continué à travailler, malgré son âge avancé, jusqu’aux derniers jours de sa vie.
1113Il possédait une vaste culture non seulement philologique, mais également en histoire, en sociologie, en religion et tous les aspects de la culture des musulmans de l’Inde lui étaient familiers.
1114En conclusion, nous pouvons dire que Garcin de Tassy fut un grand érudit dans ce domaine, un travailleur infatigable, homme courtois, très poli et toujours souriant devant ses visiteurs. Rien d étonnant si ce savant absorbé dans ses études ne fréquentait point les salons de la société, ni ne s’intéressait à la politique. Garcin de Tassy avait été l’initiateur et le plus grand maître de son époque. De son vivant il avait des contacts en Inde et ses amis trouvaient les moyens de traduire du français ce que Garcin de Tassy écrivait, mais après sa mort, la politique anglaise de l’enseignement dans l'Inde fit vite oublier les trésors contenus dans les écrits de Garcin de Tassy. Ce n’est que depuis la fin de la première guerre mondiale que les savants indiens ont commencé à s’intéresser à la langue française et par là aux travaux de Garcin de Tassy. C’est ainsi que Mohiuddin Qadri Zaur, professeur d’ourdou, a publié la biographie de Garcin de Tassy. Il y a eu un travail d’équipe pour traduire et publier en trois gros volumes les discours annuels que Garcin de Tassy faisait pour l’ouverture de ses cours à l’Ecole des langues orientales a Paris. Qazi Abdul Wadood de Patna a publié plusieurs articles de grande érudition et de pénétrante critique pour faire connaître les travaux de Garcin de Tassy. Parmi la nouvelle generation des Indiens, nous pouvons dire que dorénavant il y aura un intérêt grandissant pour l’oeuvre de celui qui s’était spécialisé dans la connaissance de leur pays, et de leur peuple et qui a laissé un grand nombre de publications sur les sujets qui leur tiennent à coeur. Le présent travail est un humble témoignage de la gratitude et de la reconnaissance que les Indiens éprouvent à l’égard du grand savant français, objet de cette thèse.
Notes de bas de page
1 Mémoires de l'Academie de Caen, 1871, “Origine et diffusion de l’hindoustani” pp. 316 et 317
2 ibid., p. 319.
3 ibid., p. 321 .
4 ibid., p. 322.
5 ibid., p. 328.
6 Journal Asiatique, 1843, p. 18.
7 ibid., 1843. p. 23.
8 Le texte persan porte l’expression , ce qui signifie “à cause de la proximité de Somnath”. Il est impensable que Sa’di ait fait un pèlerinage an temple hindou de Somnath. D’ailleurs à l’époque de Sa’di le temple de Somnath n’existait plus.
9 L’expression , est une formule de respect, quelque chose comme “Sa Sainteté”,
10 Journal Asiatique, 1843, p. 24 et 25.
11 Journal Asiatique, 1843, p. 25.
12 ibid., 1843, p. 25 et 26.
13 Hamari Zabân, 8 sept. 1957, p. 1 et 2, et 8 nov. 1857, p. 6, Hurul Haçan Hâchmi, Anjuman Taraqi ourdou, Aligarh. (Iude)
14 Journal Asiatique, 1853 septembre-octobre p. 369.
15 Histoire de la Littérature Hindouie et Hindoustanie, préface 1 ère éd. page i-ii.
16 Comme nous l’avons signalé plus loin dans cette these, cette prétendue traduction (par F. Fallon et Kareem-Uddin) ne semble pas avoir été attentivement consultée par Garcin de Tassy. En effet, il ne s’agit là ni d’une traduction ni même d’un résumé ; les auteurs se servent de l’ouvrage de Garcin de Tassy parmi bien d’autres sources et produisent un ouvrage assez médiocre. La mention du nom de Garcin de Tassy semble être juste pour la réclame.
17 A History, Garcin de Tassy, 1848, p. 3.
18 ibid., 1848, p. 504.
19 ibid., 1848, p. 2
20 ibid., 1848, p. 3
21 A History, Garcin de Tassy, 1848, page 9.
22 C’est la transcription de notre auteur pour le nom “de Tassy Il se peut que Karim Uddin veuille reproduire la prononciation de la lettre ‛A’ à la façon anglaise. (On sait que la prononciation de la lettre ‘A’ dans les mots anglais,comme cat, n’est pas la même qu’en français).
23 A History Garcin de Tassy ; 1848, page 10.
24 A History, Garcin de Tassy, 1848, page 11.
25 On trouve cet index alphabétique non pas à la fin mais au début de l’ouvrage édité.
26 Histoire de la Littérature Hindouie et Hindoustanie, Garcin de Tassy, 2e éd. vol. 1 page 1.
27 ibid., page 1,
28 ibid., page 2.
29 Histoire de la Littérature Garcin de Tassy ; pages 2 à 3.
30 ibid., p. 9 à 17.
31 ibid., p. 17 à 18.
32 ibid., p. 26.
33 ibid., p. 28.
34 ibid., p. 29 à 33.
35 ibid., p. 38.
36 ibid., p. 39.
37 ibid., p. 40.
38 ibid., voir p. 40 à 50.
39 ibid., p. 50.
40 ibid., p. 51.
41 ibid., p. 51 à 52.
42 ibid., p. 65.
43 ibid., p. 65 à 67.
44 ibid., p. 66.
45 ibid., p. 69.
46 ibid., p. 71.
47 Khoutbat-i-Garcin de Tassy (traduction des discours de Garcin de Tassy), à Aurangabad, par Anjouman-Atragi-Ourdou en 1935, préface v et vi.
+ Alam = peine ou chagrin
+ Allah = Dieu.
48 Histoire de la Littérature 2 ème éd., 1er vol., 1870-71, page 502, bas de note
49 ibid., p. 315.
50 ibid., p. 475.
51 ibid., p. 476.
52 ibid., p. 248.
53 ibid., 2 ème éd. 3 vol. 1870-71, page 211.
54 ibid., p. 211.
55 Histoire de la Littérature 2 ème éd., tome 2, Paris, 1870, page 121.
56 J.A, juillet 1870, rapport annuel par E. Benan, p. 25.
57 J.A., juillet 1872, rapport annuel par E. Benan, pp. 19 et 20.
58 La Langue et la Littérature 1876, p. 22.
59 ibid., 1876 disc. 7, p. 110.
60 ibid., 1873, p. 69.
61 ibid., 1877, p. 60.
62 ibid., 1875, p. 43.
63 La Langue et la Littérature en 1869, p. 487.
64 ibid., en 1857, p. 118.
65 ibid., en 1861, p. 185.
66 ibid., 1859, p. 142.
67 ibid., 1875, p. 24.
68 ibid., 1874, p. 62.
69 ibid., 1854, p. 78.
70 La Langue et la Littérature, en 1872, p. 1.
71 Khoutbât-i-Garcin de Tassy, vol. 1. en 1935, éd. Aurangabad, p. vi à ix.
72 Journal des Savants, 1875, mai, p. 286.
73 ibid., 1875, mai, page 286.
74 Journal des Savants, 1875, mai, p. 287.
75 ibid., 1875, mai, p, 287.
76 ibid., juillet 1875, pp. 424 et 425.
77 Journal des Savants juillet 1875, pp. 429-431.
78 J.A.juillet 1873, p. 25.
79 J.A. juillet 1875, p. 21.
80 J.A., juillet 1877, p. 24.
81 ibid., juillet 1878, p. 20.
82 La Langue et la Littérature Hindoustanies de 1850 à 1869 p. 114.
83 Tazkera Mukhtacir Ehwal Mucanef in-i-Hindi, par Zakaullah, Delhi, page 15.
84 Dictionnaire Hindoustani-Français et Français-Hindoustani par P. Deloncle, 1876 pp. 1 à 2.
85 ibid., pp. 8 à 9.
86 ibid., 1876, p. 7.
87 Rhétorique et prosodie des langues de l'orient musulman en 1873, p. 5.
88 Rhétorique et prosodie des Langues de l’Orient Musulman, par Garcin de Tassy, 1873, avis préliminaire, p. 7.
89 ibid., p. 165.
90 ibid., p. 200.
91 Rapport Annuel J. A. 1873, par Ernest Renan p. 75.
92 Mémoire sur le système Métrique des Arabes adapté à la langue Hindoustanie par Garcin de Tassy, 1832, p. 4.
93 Journal Asiatique 1847 ; p. 551.
94 Manuel p. 2.
95 ibid., 1837, p. 2.
96 ibid., 1837, p. 3.
97 Analyse, pp. 68-69.
98 Les époques littéraires de L'Inde ; Etude sur la poésie sanscrite par Felix Neve, 1883, partie ii, p. 463.
99 Cité dans le Kulyat Wali édité par Anjuman Taraqi Ourdou 1954, p. 24.
100 ibid., 1954, p. 24.
101 Journal Asiatique, avril 1846, p. 387.
102 Revue de l'Orient, T. 15, 1854. p. 292.
103 ibid., 1837, p. 297 - 299.
104 Les Aventures de Kamrup, traduction française, Paris 1834 préface p-1-2.
105 ibid., p. 4.
106 ibid., préface p. 5 à 7.
107 Journal Asiatique, mai 1835, Paris, p. 467.
108 Les aventures de Kamrûp, 1856.
109 Allégorieset récits poétiques et chants populaires, 1876 voir p. 423 a 480,
110 ibid., p. 423.
111 Allégories, p. 541.
112 Allégories, p. 542.
113 ibid., p. 581.
114 Monuments de la ville de Delhi en 1860, traduction française, p. 3.
115 Ikhwan Ussafa, Calcutta, 1812, p. 4, 6.
116 Hir et Ranjhan, Revue de l’Orient, septembre 1857 Préliminaires, p. 133. Allégories, p. 481.
117 ibid., préliminaires, p. 117. Allégories, p. 485.
118 Proclamation de Lord Ellenborough au sujet des portes du temple de Somnath, Journal Asiatique, vol, 5, 1845, p. 8. du tiré-à-part.
119 Journal des Savants d'Août 1821, p. 495,
120 Journal des Savants d'Août 1821, p. 497.
121 Journal des Savants d'Août 1821, p. 498.
122 Journal des Savants d'Août 1821, p. 502.
123 Journal des Savants, Aout, 1821, p. 502.
124 Journal des Savants, Aout, 1821, p. 502 - 503.
125 Journal des Savants, Aout, 1821, p. 503.
126 Journal Asiatique, 1822, p. 293 - 294.
127 Journal Asiutique ; 1823, p. 205.
128 La Poésie Philosophique et Religieuse chez les Persans édition 1860, p. 12.
129 ibid. p. 68.
130 Note sur Orner Khaiyâm, 1859, p. 6.
131 Saadi. Auteur des Premieres Po sies Hindoustanies, 1853 p. 6.
132 Le Bostan. poème moral de Saadi. Analyse et extrait, 1859 p. 7.
133 Exposition de la foi Musulmane, Paris 1822, préface, note en bas de la p. 105.
134 Exposition de la foi Musulmane, Paris 1822, préface, note en bas de la p. 105.
135 ibid. p. 105.
136 Allégories, p. 159.
137 Journal Asiatique 1834, p. 64.
138 ibid., p : 64.
139 “La Bataille de Verna”, Journal Asiatique, 1826, p. 306
140 “La Prise de Constantinople”. Journal Asiatique, 1826, p. 340.
141 Aprêr avois noté cela, nous voyons que de Hammer a signalé lui aussi cette petite erreur dans une lettre adressée à Garcin de Tassy et publiée dans le Journal Asiatique, vol. 5, 1824, p. 238-240. De Hammer dit non seulement avoir visité les ruines d’Aydos à 4hrs de distance d’Istanbul en Asie, mais renvoie également aux ouvrages géographiques comme le “Jehan Numa” page 663 entre autres. Il est étonnant que dans la reproduction de ce morceau dans ses Allegories... Garcin de Tassy maintienne, peut-être par oubli, le nom “Abydos
142 Dans le Journal Asiatique, tome 6, 1825, pages 255 - 256 Garcin de Tassy a publié une lettre où il signale que de Hammer a également traité du prince Gem, surtout concernant le séjour de ce prince en Provence. Puis il corrige certaines erreurs commises par de Hammer dans son article. Signalons en passant que le mot soewdla duka sī a été traduit par de Hammer “le gouverneur de Chambéry” et Garcin de Tassy in dique que cela signifie “le duc de Savoie, qui, a cette époque était Charles I, né en 1468, et mort en 1489, lequel était effectivement neveu maternel du roi de France Louis XI qui régnait alors (page 256).
143 Allegories, p. 615.
144 Notice Historique et Littéraire sur M. le Baron S. de Sacy, deuxiéme édition pages 46 et 47, cité dans le Journal Asiatique, novembre 1845, p. 421.
145 Traduction Française de la Grammaire Persane de W. Jones par Garcin de Tassy, publiée en 1845, préface p. iii.
146 “Lettre de Garcin de Tassy A. M. J. Mold”, au sujet d’un article sur la nouvelle édition de la grammaire persane de W, Jones, Journal Asiatique, 1846, p. 95.
147 Coup d'oeil sur la littérature orientale, par G. de Tassy, 1822, p. 18.
148 Ibid., 1822, p. 14 et 15.
149 Discours de Garcin de Tassy, Sociéte d'Ethnographie, public en 1867, p. 8.
150 Journal Asiatique de juillet 1867, p. 9.
151 Notice sur les fêtes populaires des Hindous, Paris, 1834, p. 1.
152 Doctrine et devoirs de la religion musulmane, Paris, 1840, Préface, p. 5
153 Doctrine et devoirs de la religion musulmane, Paris 1840, Préface, pp. 7-8.
154 ibid., p. 6, note I.
155 ibid., p. 10
156 Elle a été reproduite dans G. Pautliier, Les Livres sacrés de l'Orient, Paris, 1840 pp. 539 à 746 puis dans Pauthier et G. Brunet, Les Livres sacres de toutes les religions sauf la Bible, Paris, 1865, tome 1, pages 539 à 746, ce tome 1 reproduit identiquement la publication précédente.
157 Allégories, Avertissement.
158 L'Islamisme d'après le Coran, Paris, 1874, Préface, p. 9, note I.
159 L'Islam d'après le Coran, Paris, 1874 : Préface, p 8.
160 ibid Préface, pp. 11-12.
161 ibid p. 7.
162 Nous ignorons à quel fait Garcin de Tassy se réfère ici.
163 L'Islam d'après le Coran, Paris, 1874 ; Préface, p. 5.
164 Sans parler du Pakistan, dans l’Inde même, il y a une quarantaine de millions de Musulmans en cette année 1960 de notre rédaction.
165 L'Islamisme d’après le Coran, Paris, 1874, p. 296.
166 L'Islamisme d'après le Coran, Paris ; 1874, pages 299 et 300.
167 L'Islamisme d'après le Coran, Paris, 1874, pages 290 et 291,
168 L'Islamisme d'après le Coran. Paris 1874, p. 345.
169 Rappelons en passant que cet auteur avait abandonné l’Islam et embrassé la religion chrétienne. Voir Za longue note nécrologique de Garcin de Tassy dans son discours de 1871, pages 76 - 78, basée sur les renseignements biographiques fournis par le fils de Kazam Beg.
170 Exposition, 1828, p. X.
171 l'Islamisme. 1874, Préface, pages XV-XVI.
172 Réalisé par la suite. Voir Journal Asiatique, 1907, A.-C. Barbier de Meynard, “Surnoms et Sobriquets dans la littérature arabe” qui est un dictionnaire alphabétique.
173 Notice sur des vêtements, p. 3.
174 Notice sur des vêtements, pp. 3 et 4.
175 Notice sur des vêtements, pp. 5 et 6.
176 Journal des Savants 1832, pp. 430 à 431.
177 ibid., p. 433.
178 Journal des Savants 1832, p. 434.
179 ibid., p. 481.
180 Ibid., p. 486.
181 Muntakhabat-i-Hindi, (compte-rendu par G. de Tassy) 1826, p. 231.
182 ibid., p. 232.
183 Muntakhabat-i-Hindi (compte-rendu par G. de Tassy), 1826, p. 234.
184 Voir à son sujet le Journal Asiatique, 1832 (Janvier) p. 544 ainsi que notre note sur le livre de sa femme, Madame Haçan Ali, Observations on the musulmans of India.
185 Muntakhabat-i-Hindi, compte-rendu par Garcin de Tassy, 1826, pp. 141 et 142.
186 Journal Asiatique, 1849, page 347.
187 ibid., p. 348.
188 ibid., p. 348.
189 Compte-rendu par Garcin de Tassy, Journal des Savants, 1834, p. 442.
190 Compte-rendu par Garcin de Tassy, Journal des Savants, 1834. p. 442.
191 Journal Asiatique, avril-mai 1851, p. 491.
192 Journal Asiatique 1832 (Janvier,), pages 540 et 541.
193 ibid., p. 542.
194 ibid., p. 559.
195 Journal Asiatique octobre-novembre 1855, pages 465 à 466.
196 Revue Britannique et Américaine, tome II, 1859, 295
197 Journal Asiatique fev-mars 1862, p. 252.
198 Journal Asiatique, mai-juin 1850, p. 597.
199 Journal Asiatique, octobre-novembre 1952, pages 434 et 435.
200 Journal Asiatique, octobre-novembre 1852, p. 435.
201 Journal Asiatique sept-octobre 1851, pages 410-411.
202 Journal Asiatique, novembre-décembre 1850, pages 521 et 522.
203 Journal Asiatique, novembre-décembre 1850, p. 541.
204 ibid., février-mars 1857, p. 251.
205 Journal des Savants août 1838, p. 502.
206 Journal Asiatique, avril-mai 1853, p. 480.
207 Journal Asiatique, avril-mai 1853, pages 483 et 484.
208 Journal Asiatique, janvier 1828, pages 163 et 164.
209 ibid., p. 164.
210 ibid., pages 164 et 165.
211 Journal Asiatique, janvier 1828, page 165.
212 Journal Asiatique, décembre 1839, p. 525.
213 Journal Asiatique, septembre-octobre 1867, p. 370.
214 Journal Asiatique, février-mars 1851, p. 297.
215 Journal Asiatique, volume II, 1828, p. 466.
216 ibid., 1828, p. 467.
217 Journal Asiatique, 1828, p. 390.
218 ibid., p. 474.
219 Journal Asiatique octobre-novembre 1874, p. 491.
220 Journal Asiatique 1867 (avril-mai), p. 419.
221 Journal Asiatique ; 1832, pages 268 et 269,
222 Journal Asiatique 1825, (Janvier), p. 182.
223 Journal Asiatique, 1825, (Janvier), p. 184.
224 Journal Asiatique. 1823 (Janvier), p. 371.
225 Ourdou : ham ko ḥaḍral bādshah ne iltifāt dikhlā ke wāfir ihsān bakhshā (lxi)
Turc : biza pādshah ḥaḍratleri iltifat gosturup wahur iḥsan attiler (lxii).
L’empereur nous ayant montré dos égards, nous conféra des bienfaits abondants.
et ;
Ourdou : ēk ‘aurat ki ēk murġī thī (lxiii).
Turc : bir ‘auratak bir ṭāwgī war īdī (lxiv),
Une femme avait une poule,
226 Journal Asiatique, mai 1830, p. 509.
227 Journal Asiatique d'août 1836, p. 189.
228 En arabe, Salwa
229 Journal Asiatique, juillet 1851, p. 93.
230 ibid., février-mars 1853 p. 286.
231 ibid., février-mars 1853, p. 286.
232 Notice nécrologique, Revue Orientale et Américaixe, tome 6. 1861, p. 156.
233 Les époques littéraires de l'Inde, Etude sur la poésie sanscrite, par Felix Nève (l’Inde moderne et sa littérature) partie v, 1880. p. 476.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012