Chapitre premier. La vie de Garcin de Tassy
p. 1-19
Texte intégral
1Les pages précédentes auront donné une idée générale sur les études orientales en Occident et sur leur état au moment où notre auteur prit le relais de ses devanciers.
2A part quelques courtes notices dans de rares dictionnaires biographiques, il n’y a, à notre connaissance, aucun ouvrage consacre à la biographie de Garcin de Tassy. Nous avons fait un voyage personnel à Marseille, lieu de sa naissance, pour recueillir les renseignements qu’on pouvait encore trouver dans les archives. Nous profitons de cette occasion pour exprimer à la Municipalité et aux Archives de la ville, nos vifs remerciements pour le concours qu’elles nous ont aimablement prêté.
Naissance et famille
3Nous n’avons que peu de documents à citer au sujet des ancêtres de notre auteur. Son père, Joseph Jacques Garcin, était courtier de commerce à Marseille. Sa mère, Claire Virginie, née Tassy, est originaire de Marseille, puis l’acte de naissance parle du frère de cette dernière comme habitant Marseille, et le cite comme un des témoins de la naissance de notre auteur. Le couple s’était marie le 21 Janvier 1793, comme le précise l’acte de mariage :
“L’an second de la République Française vingt un Janvier à six heures après midi nous officier public de cette ville de Marseille, après la lecture de la publication de mariage faite le treize de ce mois conformément à la loi sans qu’il nous soit parvenu aucune opposition, ainsi que des actes de naissance des parties et ensuite de la déclaration faite par chacune d’elle, en présence des témoins ci-après se prendre en mariage, avons prononcé au nom de la loi, que le citoien Joseph Jacques Garcin, Courtier de commerce, âgé de trente quatre ans, fils de feu Jean Joseph Garcin marchand, et de la citoiene Marie-Madeleine Girard, survivante mariée originaire de Marseille demeurant rue du Baignoir is le numéro treize maison quatre, section un d’une part ; et la citoiene Claire-Virginie Tassy, âgée de vingt six ans fille de feu André Tassy, négociant et de la citoiene Catherine Reybaud, survivante aussi mariée, ici présente, aussi originaire de Marseille y demeurant Place de Fenéans, isle numéro trente un maison quinze, section deux d’autre part sont unis en mariage. Et pour constater nous avons dressé le présent acte, acte mil sept cent quatre vingt treize fait au public dans une des salles de la mairie commune en présence de citoien Biaise Tassy, négociant âgé de quarante trois ans demeurant rue des Lislois, frère de l’épouse ; Jean Baptiste Tassy, bourgeois, âgé de quarante huit ans, demeurant aux allées de Meillan cousin germain de l’épouse ; Claude Blanchard négociant âge de quarante six ans demeurant rue Pisaucon, allié de l'épouse, et Jean Gaspar Dellayé, commis aux contributions publiques de cette commune âgé de trente cinq ans demeurant rue Bonterie, aussi allié de l’épouse, témoin requis par les parties signé avec elle et nous et la citoiene Reybaud, mère de l’épouse.”
4Lorsque notre auteur naquit le 20 Janvier 1794, c’est en combinant les noms des familles des côtés paternel et maternel, qu’on lui donna le pittoresque nom de Joseph Eliodore Sagesse Vertu Garcin de Tassy. Nous faisons suivre ici le texte de l’acte de naissance, qui nous montre les habitudes officielles en France au début de la première république, dans les provinces :
“L’an second de la République Française le second pluviose après midi, par devant nous officier public de Commune sans nom, est comparu le Citoyen Joseph Jacques Garcin, Courtier de commerce, demeurant rue du Baignoir is le treize maison quatre ; lequel, assisté de deux témoins cy après nommés nous a présenté un enfant qu’il a déclaré être un garçon, né hier à dix heures du soir dans sa maison d’habitation, de la citoienne Claire-Virginie Tassy, son épouse ; auquel garçon il a été donné les prénoms de Joseph-Eliodore-Sagesse-Vertu, dont acte fait et publié dans cette maison commune, en présence du citoyen Biaise Tassy propriétaire, âgé de quarante quatre ans oncle maternel du nouveau-né, demeurant rue des Lislois, et la citoyenne Marguerite Touchet, garde d’accouchée, âgée de trente sept ans, demeurant rue de la Sacristie ; témoins requis par le déclarant signés avec lui et nous.”
5Notre auteur fut l’aîné des enfants du couple. En effet, les textes suivants, tirés également des archives de la mairie de Marseille montrent qu’il y eut deux autres frères : (Registre 86) Acte de naissance de Charles Vincent François, fils de Jean-Jacques Garcin et Claire-Virginie Tassy, le 2 brumaire an v. (23 Octobrel796).
6(Registre 192) Acte de naissance de Joseph Théophile, fils des mêmes, né le 21 thermidor an xi (9 Août 1803).
7Comme nous allons le voir, notre auteur quitta Marseille pour s’installer à Paris, mais, les autres membres de sa famille y restèrent, et parmi ces derniers on rencontre non seulement des commerçants, mais aussi des conseillers de la municipalité, des gens, donc, jouissant d’une certaine importance et influence dans la vie sociale. Ses frères eurent des enfants, parmi lesquels on parle de son neveu et héritier, Garcin de Tassy (Héliodore, fils de Joseph Théophile), né à Marseille le 8 Août 1836, domicilié rue Nationale No 49. Il y habitait avec deux servantes. Il était courtier (registre 218) et mourut à Marseille le 26 Janvier 1911 sans avoir eu d'enfants.
Jeunesse et début des études
8D’après l’acte de naissance cité plus haut, les Garcin habitaient rue du Baignoir isle treize. C'est là que notre auteur a dû passer sa jeunesse. Il ne quitta Marseille qu’à l'âge de 23 ans en 1817.
“Il fit ses études dans sa ville natale, et y apprit l’arabe vulgaire”.1
“On ne sait presque rien sur la jeunesse du laborieux orientaliste”.2
9Quant à l’arabe vulgaire, c’est à l’âge de 20 ans, dès 1814, qu’il en commença l'étude auprès d’un maître égyptien, copte probablement, Gabriel Taouil, ainsi que d’un autre égyptien, Raphael de Monachis. Son père étant commerçant, dans un grand port ouvert sur l’Orient, il n’v a rien d’étonnant à ce qu’il se sentît attiré vers ce dernier.
10Mais le commerce ne convient guère aux intellectuels : c’est pourquoi il décida, à l’âge de 23 ans, de poursuivre ses études supérieures : à ce moment on parlait beaucoup de l'Orient et de ses fabuleuses richesses, surtout de l’empire des Grands Mogols, des Turcs Ottomans, et des Musulmans en général. Il faut penser qu’à cette époque, les études orientales étaient à la mode en France, et probablement est-ce ainsi que le jeune Garcin de Tassy préféra l'orientalisme à tout autre objet d’étude.
11Silvestre de Sacy (1758-1833) était alors le grand maître, et eu quelque sorte le fondateur et le véritable initiateur des études islamo-orientales en France. Il dirigeait l’Ecole des Langues Orientales Vivantes de Paris : Garcin de Tassy alla donc demander conseil à Silvestre de Sacy, qui l’accueillit à cœur ouvert et avec affection, ce dont Garcin de Tassy garda un souvenir reconnaissant pendant toute sa vie. Les cours et les conseils, et surtout l’exemple vivant de Silvestre de Sacy furent d’une grande utilité pour le jeune élève, qui étudiait les trois principales langues de l’Orient musulman : arabe, persan, turc. Après quatre ans d’études il eut assez de connaissance de l'arabe, pour entreprendre l’édition et la traduction en français d’un ms., Les oiseaux et les fleurs d’Azz-Eddin al mocadeçi (lire : Izz ad-Dîn al-Maqdisi). Il termina ses études officielles en obtenant son diplôme universitaire.
12Il fallait maintenant gagner sa vie et ne plus être à la charge de ses parents. Dès 1822, il était secrétaire au Collège de France. Le 5 Décembre 1822 il épousa Marie-Félicité-Sophie Saisset à Paris3
Carrière
13Garcin de Tassy commença une vie indépendante avec cet emploi au Collège de France, où Silvestre de Sacy faisait partie du corps enseignant. Il se peut que ce fût Silvestre de Sacy lui-même qui lui trouva cet emploi, en attendant mieux. Evidemment une carrière purement administrative, même dans un institut d’enseignement, ne convenait pas à un homme de goûts savants. Garcin de Tassy prit part à la vie intellectuelle du pays ; il fut un des fondateurs de la Société Asiatique, en 1822, et dès le début il en fut élu (le 1 er Avril 1822) secrétaire-adjoint et bibliothécaire. Peu avant, il avait fait le cours d’ouverture sur la littérature orientale, au Cercle des Arts. Ce discours fut imprimé au mois de Mars 1822, dans le Moniteur Universel, sous le titre “Un coup d’œil sur la littérature orientale Il y expliqua pourquoi il considérait cette littérature comme un genre distinct du classique et du romantique. Il déploya dès lors une activité considérable, et sans cesse publia des livres et des articles dans les périodiques. Nous en parlerons en détail dans les chapitres suivants.
14Silvestre de Sacy releva que les orientalistes islamologues s’occupaient en général de l’arabe, du persan et du turc, et guère de la langue des nombreux Musulmans de l’Inde. Il eut donc l’idée de profiter de son influence auprès du gouvernement pour créer une chaire d’hindoustani. Probablement il mit Garcin de Tassy dans la confidence et lui suggéra d’apprendre à fond cette langue en attendant l’approbation de sa démarche auprès du gouvernement.
15Garcin de Tassy connaissait suffisamment l’anglais, et en anglais il y avait assez de matériaux pour apprendre l’hindoustani : grammaires, dictionnaires, etc.. Lorsque le ministère approuva la suggestion de créer une chaire, Silvestre de Sacy employa son influence pour qu’on la confiât à son élève Garcin de Tassy. A la veille de l’ouverture de ses cours, le journal Le Moniteur, en date du 16 Juin 1828, publia un article, inspiré apparemment par Silvestre de Sacy lui-même et qui éclaire l’opinion publique à ce sujet. Nous en avons déjà donné des extraits, dans l’introduction, nous n’y reviendrons pas.
16Dans la Notice historique sur l’Ecole spéciale des langues orientales vivantes, nous lisons ce qui suit :
“La publication de cet article souleva une polémique des plus violentes, que Silvestre de Sacy ne put apaiser en se déclarant l’auteur des appréciations incriminées ; les critiques les plus acerbes n’étant pas toujours celles qui portaient sur la matière du nouvel enseignement. Les adversaires de M. Garcin de Tassy n’eurent pourtant pas raison contre l’administrateur de l'Ecole, et deux ans après, l’essai ayant été jugé suffisant, une ordonnance du roi, en date du 17 Décembre 1830, créa définitivement la chaire d’hindoustani. Ce cours traversa bientôt une période brillante, et pendant plusieurs années attira à l’Ecole un nombre assez considérable d’élèves anglais qui se destinaient au service de la Compagnie des Indes”4
17Dans son discours d’ouverture, en 1875, Garcin de Tassy lui-même précise :
“Ce fut dans la riche bibliothèque de Langlès que je vis, dès 1817, les premiers ouvrages hindoustanis dont j’ai eu connaissance, celui, entre autres, d’Afsos sur la statistique et l’histoire de l'Inde, intitulé : Araish-I-Mahfil, (“L'Ornement de l'assemblée "), un des meilleurs livres en prose Urdu”5
18Mais il ne faut pas penser qu'il commença l’ourdou dès cette date (son arrivée à Paris). Sa première œuvre publiée est le travail d’un arabisant. Quoi qu’il en soit, pour consulter les livres en hindoustani, il fit trois voyages en Angleterre, où il rencontra beaucoup d’érudits ; entre autres :
“M. W. F. Allen, l’éditeur de l'excellent journal, Allen's Indian Mail, est décédé le 22 Avril à Londres. J’avais eu l’honneur d’entrer en relation avec lui dans mes voyages en Angleterre.”6
“.. Edwin Norris, longtemps secrétaire de la Société Royale Asiatique de Londres, avec qui j’étais lié depuis plus de quarante ans. Son savoir en linguistique était immense, l’hindoustani en faisait nécessairement partie.”7
19Garcin de Tassy avait des amis orientalistes ; il appréciait justement leurs travaux. Voici quelques exemples de ce qu’il disait d’eux :
“Le Colonel W. H. Sykes fut l’un des directeurs de la Compagnie des Indes, puis son président de 1857 à 1858. Il faisait partie de la Société royale et de plusieurs autres corps savants et avait présidé la Société Royale Asiatique de Londres. Son instruction était à la fois variée et solide, et comme ses nombreux ouvrages en témoignent, il s’intéressait surtout aux études indiennes, spécialement à l’hindoustani, et il avait toujours été à mon égard d’une extrême bienveillance.”8
Alexandre Kazem Beg, bien connu dans le monde savant s’est occupé des langues tatares, représentées en France par M. Pavet de Courteille, petit-fils de Silvestre de Sacy... j’étais depuis plus de vingt ans en correspondance avec Kazem Beg, lorsqu’en 1869, il vint à Paris, où je fis sa connaissance personnelle.”9
“Duncan Forbes, laborieux orientaliste bien connu par ses utiles et nombreux ouvrages, spécialement par son dictionnaire hindoustani, qui a supplanté celui de Shakespeare... c’était en 1826, et ce fut alors que je fis sa connaissance. Elève comme son ami Sandford Arnot, mort à la fleur de l’âge en 1834, du célèbre Gilchrist, il le suppléa d’abord dans son cours, puis avec S. Arnot, il fonda l’Oriental Institution de Londres, dont j’essayai d’établir à Paris l’analogue, encouragé par mes maîtres Silvestre de Sacy et J. Shakespeare.”10
“Theodore Goldstücker, un des plus savants sanscritistes du temps, est mort à Londres le 6 Mars 1871. Né en 1821 à Königsberg, où il commença ses études orientales, il vint à Paris en 1845, et j’eus l’honneur de l’y compter parmi les auditeurs de mon cours d’hindoustani. J'étais resté depuis ce temps en bons rapports avec Goldstücker, et il m’avait donné des preuves fréquentes de son amitié.”11
20Garcin de Tassy était toujours content de voir les Indiens ou les indianistes de passage à Paris. En 1872, il y avait rencontré Saiyid Muhmoud, fils de Saiyid Ahmad d’Aligarh ; il l’avait invité chez lui où il lui avait offert son histoire de la littérature hindi et hindoustani.
“Le Maulvi Maçih uddin Khan Sahib Bahadur, rais de Kakouri, ancien chargé d’affaires du roi d’Aoude, auprès de la cour d’Angleterre et que j’ai eu l'occasion de connaître et d’apprécier à Paris”12
“Mr. W. Fox, secrétaire particulier du nabab du Bengale, est décédé à Londres. J'avais eu l’occasion de voir le défunt à Paris dans les visites que je fis au nabab, et je pus me convaincre de la grande facilité avec laquelle il parlait l’hindoustani.”13
21Garcin de Tassy rapporte que Sir William Muir en traversant Paris l’avait honoré d’une rencontre. Sir William avait consacré la somme de cinq mille roupies comme encouragement aux auteurs indigènes ‘des meilleurs ouvrages parus dans l’année 1873-1874. Seize des auteurs couronnés avaient écrit en ourdou et deux en hindi.
22Dans son discours de 1877, Garcin de Tassy a mentionné la mort de Mary Carpenter à Bristol :
“Sa dernière visite en Inde indique-t-il, eut lieu en 1875-76 ; ce fut à son passage à Paris que je fis sa connaissance personnelle.”14
23Garcin de Tassy était en correspondance avec les éditeurs de journaux et de revues, les propriétaires d’imprimerie et également avec les écrivains :
“Akhbar ulakhyâr, que son secrétaire le Maulavi Saïyid Imdad Ali Khan Bahadur veut bien m’envoyer.”15
“Parmi les étrangers de distinction qui ont occasionnellement assisté à mes leçons cette année, je dois citer le savant et spirituel brahman Mahiputram Rûprân, inspecteur des écoles des natifs de la présidence de Bombay, qui, bravant les préjugés indiens, est venu visiter l’Angleterre pour y étudier le système d’éducation qu’on y suit et a passé quelques jours à Paris en route pour l’Inde par Marseille et Suez.”16
24Il était en correspondance régulière avec les orientalistes qui s'intéressaient à l’hindoustani :
“Henri Kurtz, orientaliste distingué, mort le 25 Février 1872, avait suivi mon cours en 1854-55. Il n’avait cessé depuis lors de s'intéresser à l’étude de l’hindoustani, et j’étais resté pendant plusieurs années en correspondance avec lui depuis qu'il avait quitté Paris.”17
25Félix Boutros, orientaliste français qui avait enseigné au Collège de Delhi (collège indigène), puis en avait été le chef, était le correspondant fréquent de Garcin de Tassy. Celui-ci avait entretenu des relations épistolaires avec beaucoup d’Anglais qui lui avaient envoyé des matériaux sur l’hindoustani ; par exemple, il dit dans son discours de 1867 que “le directeur de l’instruction publique de la présidence de Bombay, Sir Alexandre Grant, a bien voulu m’envoyer aussi le catalogue des publications indigènes de cette présidence, catalogue qui m’apprend que Mirza Lutfullah, de Surate, a acquis en Europe une grande célébrité par son autobiographie.”18
26Parmi les amis anglais qui l’ont aidé se trouvaient encore Sir Charles Trevelyan19, le Rev. N. Shackal20, le Major H. R. James21, le Major A. B. Fuller22.
27Garcin de Tassy écrit de M. Francis Taylor, principal du collège de la capitale de l’Inde, et qui mourut dans la mutinerie de l’Inde en 1857 :
“C’est sur M. Taylor que je comptais principalement pour me tenir au courant du mouvement littéraire des provinces nord-ouest. En effet, il était mon correspondant le plus assidu et le plus obligeant, et comme il avait une connaissance parfaite de l’hindoustani, il fréquentait les indigènes lettrés, avec lesquels il pouvait s’entretenir facilement. On sent combien il devait m’être utile pour les renseignements littéraires dont j’avais besoin.”23
28Il avait eu comme maîtres, on l’a vu, Silvestre de Sacy et John Shakespeare :
“La mort a dernièrement enlevé aux lettres orientalistes qu’il cultivait avec succès depuis le commencement du siècle, un savant très distingué, qui était fort opposé à l’adoption de l’alphabet latin pour écrire la langue de l’hindoustani. Je veux parler de John Shakespeare, mon maître pour l’hindoustani, comme le fut pour l’arabe et le persan l’illustre Silvestre de Sacy (né le 14 Août 1774, mort le 10 Juin 1858)”.24
29Cette précision ne nous suffit pas pour dire si Garcin de Tassy avait effectivement étudié pendant quelque temps en Angleterre, ou s’il s’agit seulement d’un maître spirituel, dont les ouvrages lui furent utiles.
Honneurs académiques
30Garcin de Tassy ne semble pas s’être intéressé à la politique : ses publications le montrent assez. Ne nous étonnons donc pas si partout dans le monde, les institutions académiques l’accueillirent en leur sein. Il fut notamment Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, élu le 3 Août 1838, en remplacement du prince de Talleyrand ; il fut nommé, le 28 Juin 1876, président de la Société Asiatique de Paris ; il fut décoré de la Légion d’Honneur le 29 Avril 1837 ; il était chevalier de l’ordre impérial de la Star of India, membre correspondant des Instituts et Académies de Caen, Saint Pétersbourg, Berlin, Munich, Vienne, Florence, Upsal, etc., membre de la Société Orientale américaine, de l’Andjouman de Lahore, de l’Institut d’Aligarh ; commandeur de l’ordre de Saint-Jacques du Portugal, Chevalier de l’Etoile Polaire de Suède, Vice Président de la Société Orientale de France, Vice Président de la Société Ethnographique.
31Silvestre de Sacy semble avoir été moins retiré du monde non-savant que notre auteur. C’est ainsi que nous nous expliquons la présentation de Garcin de Tassy, au roi de France, par son ancien maître et grand ami Silvestre de Sacy, lors de la publication de son livre Les Oiseaux et les Fleurs (traduction de 1’arabe)25
32Garcin de Tassy occupa la chaire d’hindoustani à l’Ecole des Langues Orientales Vivantes jusqu’à l’âge de 84 ans. Il passa donc la plus grande partie de sa vie et la plus importante à Paris. Il y résida rue Saint-André-des-Arts, No 5526
Sa religion
33Lorsque Garcin de Tassy mourut, le président Edouard Laboulaye rappela dans son allocution funèbre qu’il avait été “tout dévoué à la religion de ses frères, chrétien sincère et pratiquant”.27 Garcin de Tassy ne cessa de se déclarer chrétien et catholique. Il s’intéressa également à l’évangélisation des peuples d’Orient. Dans son discours d’ouverture des cours annuels, à plusieurs reprises, il se dit chrétien. Il n’y a pas là contradiction avec l’intérêt qu’il portait à l’islamisme. Je pense que Garcin de Tassy était de ceux qui broient que les religions monothéistes, malgré leur multiplicité et diversité, constituent un tout. Malgré ses contacts indiens, il n’eut aucun penchant vers le panthéisme mystique. Abdoul Wadood fut le premier à attirer l’attention sur ce point.
34A ce propos nous pouvons nous référer à certains passages de Garcin de Tassy dans ses discours annuels. Ainsi dans le discours de 1862, nous lisons :
“Ce célèbre roman... me conduit à énoncer de nouveau, une remarque que j’ai faite il y a longtemps. C’est que des vues de prosélytisme se manifestent dans presque tous les romans des musulmans. Tandis que dans leurs poésies lyriques il règne un mysticisme panthéiste et sensuel, ici la foi est positive et le prosélytisme y revêt quelques fois une forme touchante”.28 Ou encore, dans le discours de 1866, nous lisons : ‘‘Le babu reproche à la littérature Urdu de n’être guère formée que de compositions érotiques ; mais ceci n’est pas la faute de la langue et d’ailleurs les traités interminables de philosophie panthéiste qui semblent être la spécialité des ouvrages hindis sont-ils en réalité préférables ? C’est toujours une philosophie plus ou moins panthéiste, ici plus gracieuse, là plus sèche29.
Sa femme
35Garcin de Tassy n’eut pas d’enfant, mais il aimait tendrement sa femme, qui mourut avant lui. Lui-même s’exprime ainsi :
“Avant de signaler les décès qui ont eu lieu depuis ma dernière “Revue” parmi les auteurs hindoustani et les savants indianistes, si j’osais parler d’une perte personnelle, je mentionnerais celle que j’ai eu le malheur de faire d’une aimable et vertueuse compagne, vraie pativratâ, dont l’inaltérable douceur et dévouement à toute épreuve ont fait mon bonheur pendant plus de cinquante deux ans. Ma seule consolation est de répéter ces vers connus, qui expriment la doctrine révélée, objet de ma confiance :
We shall sleep, but not for ever;
There will be a glorious dawn.
We shall meet to part no never
On the resurrection morn.”30
Sa mort et son testament
36Garcin de Tassy rendit son dernier soupir à treize heures, le 2 Septembre 1878, rue Saint-André-des-Arts, No 43, Paris, il avait 84 ans.31 On transporta le corps à Marseille pour l'inhumation. Au début de Janvier 1960, lorsque nous visitâmes cette ville en voyage d’étude, il nous fut donné au cimetière Saint Pierre les indications suivantes :
“Ville de Marseille
“Cimetière St Pierre
“Sépulture de M. de Tassy Garcin
“Inhumé le 6 Septembre 1878
“Situation :
“Concession
“CP 410. 698
“Carré 3 Pinede carré 7
“No 47”
37Le tombeau, qui existe encore, renferme les corps de plusieurs membres de la famille de Garcin de Tassy, dont voici la liste copiée sur la pierre tombale :
Hre. Garcin de Tassy
Membre de l’Institut
Chevalier de la Légion d’Honneur
1794—1878.
The. Garcin de Tassy
Ex. Conseiller Municipal
1804—1880.
Snie. Garcin de Tassy
1815—1886.
Famille
Garcin de Tassy
Jean Albert-Germondy
Etudiant
Décédé à l’âge de 21 ans 1875 — 1897.
38Les discours et les notices nécrologiques, surtout dans la presse quotidienne, traduisent souvent l’émotion causée par cette perte. Sans y attacher trop d’importance, nous en reproduisons, à titre de documentation, quelques extraits : Hommage rendu à la mémoire de M. Garcin de Tassy par Ad. Begnier (Vice Président de la Société Asiatique), dans la séance du 11 Octobre 1878.
“Messieurs,
“Depuis notre dernière séance, la séance annuelle de Juin, nous avons perdu le digne et savant confrère, l'homme bon et vénérable qui la présidait. Une interdiction que lui a inspirée sa modestie d’austère chrétien m’a, le jour des obsèques, fermé la bouche, ainsi qu’à M. le président de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Je ne pense pas que la défense s’étende à cette réunion du conseil de la Société Asiatique, et qu’elle doive m’empêcher de vous communiquer l’hommage que je m’apprêtais à rendre à M. Garcin de Tassy, à la suite de celui que M. Laboulaye voulait, de son côté, lui rendre au nom de l’Institut. Voici ce que j’aurais dit, s’il m’eût été permis de prendre la parole : Aux regrets exprimes par son éloquent confrère, je viens joindre ceux de la Société Asiatique, où deux des pertes qui, coup sur coup, ont frappé notre Académie, laissent aussi des vides très difficiles à combler. A la mort du si regretté et toujours si regrettable M. Mohl, nous avions élu président, à l’unanimité, le savant, l’homme de bien à qui nous rendons les derniers devoirs. C’était, à ses yeux, un grand honneur : il y fut fort sensible ; c’en était un aussi pour la Société. M. Garcin de Tassy était un des derniers survivants, l’avant-dernier, je crois, de ses fondateurs. (Il nous en reste un à Nancy, non moins que lui digne d’estime et de vénération, M. le baron G. de Dumast, à qui l’unissait une fidèle amitié). Il était l’un des témoins des premières années de la Société, années de zéle, d’ardeur, de belles espérances, qui ont laissé dans nos annales de précieux souvenirs. Il nous rattachait à cette illustre génération d’orientalistes parmi lesquels brille le nom de Silvestre de Sacy, dont il s’honorait d’être l’élève, dont, à divers égards, il était, dois-je ajouter, le digne élève : je puis dire, sachant la reconnaissante admiration qu’il avait gardée à son maître, qu’entre tous les éloges qu’il a mérités il n’en est point qu’il eût préféré à celui-là. Après avoir appris, à si bonne école, l’arabe et le persan, il se consacra spécialement à l’étude de l’hindoustani, et s’y distingua de façon à mériter qu’à la demande de son maître une chaire de cet idiome fut fondée pour lui à l'Ecole des langues orientales vivantes. Cette chaire, on peut dire qu’il s’y dévoua avec un zèle infatigable : il l’honora, pendant de longues années, par son enseignement et ses publications, et s’y acquit grande estime et renommée, non pas seulement parmi nous, mais dans tout le monde savant, et particulièrement dans l’Inde, où il entretenait des relations fort utiles à la science. Il suivit de près et observait, sous leurs différents aspects, l’histoire présente, l’état présent de ce pays ; chaque année, dans les discours d’ouverture de son cours, il nous donnait à lire, à ce sujet, des comptes-rendus pleins d’informations diverses, bien choisies, intéressantes.
“Mais ce n’est pas le moment d’insister avec détail sur son activité scientifique. Notre éminent secrétaire rendra justice, dans son rapport annuel, aux travaux de Garcin de Tassy. Ici pensons surtout et rendons hommage à l’homme de bien, aux bons exemples que nous laisse sa vie simple, modeste, studieuse et pieuse. Il était chrétien convaincu, et conformant sa conduite, à sa foi, ne bornait pas ses espérances à ces années passées ici-bas qui, si longues qu’elles soient, au terme nous paraissent si courtes. N’est-il pas consolant, bienfaisant, d’entrer dans sa pensée, et de se dire qu’une vie de travail, de vertu comme la sienne doit avoir maintenant, dans un monde meilleur, sa récompense ?”32
39Dans le rapport annuel de la Société Asiatique, à la séance annuelle du 28 Juin 1879, présenté par le secrétaire, Ernest Eenan, et publié dans le Journal Asiatique de Juillet 1879, figure une notice nécrologique de 5 pages sur Garcin de Tassy.
“Votre compagnie a fait dans l’année qui vient de s’écouler, deux pertes bien sensibles. Avec M. Garcin de Tassy est descendu dans la tombe le dernier fondateur de la Société, le dernier de ces orientalistes laborieux qui, groupés autour de Silvestre de Sacy, portèrent dans les études relatives à l’Asie un degré d’étendue et de rigueur inconnu jusque là”33.
Renan dit ensuite :
“Né à Marseille... M. Garcin de Tassy prit le goût des études orientalistes dans sa ville natale. Il vint jeune à Paris et s’attacha à M. de Sacy, dont le rapprochaient ses opinions politiques et religieuses. M. de Sacy lui témoigna dès lors des bontés paternelles, et toujours il trouva chez M. Garcin de Tassy les sentiments de l’élève le plus respectueux. L'illustre maître fit plus d’une fois l’expérience de ce qu’a parfois de fragile la reconnaissance scientifique. Quand il parlait avec amertume de certains cas d’ingratitude qu’il croyait avoir rencontrés, M. de Tassy était l’exemple qui consolait son cœur. Il prit tout d’abord la direction de ses études et lui assigna en quelque sorte sa province de travail. Entre les branches des littératures asiatiques que le grand maître désespérait de pouvoir étudier par lui-même, était cette littérature musulmane, hindoue de patrie, arabe d’écriture, persane et souvent brahmanique de génie, qu’on appelle l’hindoustani. Il chargea M. Garcin de Tassy de cet important royaume, et jamais mission ne fut plus consciencieusement remplie. Profondément versé dans la littérature persane, et surtout dans cette poésie mystique des soufis qui est comme le vin capiteux dont se sont tour à tour enivrées les générations de poètes hindoustanis, M. Garcin de Tassy était parfaitement préparé à la tâche que le maître lui assignait. Toute sa vie fut consacrée à défricher un sol ingrat en apparence, fécond en réalité. Personne n’a plus contribué que M. Garcin de Tassy à nous faire connaître cette poésie philosophique de l’Orient qui certes a sa beauté. Ce curieux volume de Wali est un trésor ; celui qui saurait amener le public lettré à le lire obtiendrait un succès de nouveauté. Simple et modeste M. de Tassy se contentait de faire des découvertes ; il ne les déflorait pas.
“L’ampleur de ses informations était extraordinaire. Toutes les manifestations importantes de la vie indo-musulmane ont été par lui étudiées, approfondies. Les vastes archives de cette littérature, plus remarquable par son abondance que par son originalité, sont, grâce à lui, mises en ordre ; il fit ce que les indigènes n’avaient pas fait, un vaste tezkéré d’histoire littéraire, toujours ouvert, où tout individu qui avait tenu le Kalâm hindoustani eut sa place, sa date, sa bibliothèque exacte, sa biographie succincte. Pas un écrit nouveau n’échappait à notre confrère ; pas un journal hindou qu’il ne lût ; pas une académie, une société littéraire dont il n’analysât les comptes-rendus. Ses rapports annuels étaient des modèles de ce que nous devrions tous faire pour les différentes parties de l’Orient qui nous concernent ; c’étaient des efforts de la population indigène, soit pour étudier l’ancienne littérature soit pour la continuer. Aussi M. Garcin de Tassy jouissait-il dans l’Inde d’une grande popularité ; les journaux hindous donnaient son portrait, s’appuyaient de son autorité. En Angleterre, il était aussi hautement estimé. Il faisait ce que les savants anglais auraient dû faire et ce qu’ils ne faisaient pas. Ses relations personnelles avec l’Inde et avec l’administration anglo-indienne étaient des plus étendues, et souvent il fut à même de rendre au gouvernement anglais des services signalés.
“Par beaucoup d’autres côtés d’ailleurs, l’éminent confrère que nous avons perdu se rapprochait de nos voisins d’Outre-Manche, par ses idées trés arrêtées en religion et en même temps très tolérantes (il était gallican chez nous, comme on est anglican en Angleterre), par une sorte de bon sens que ne troublait pas l’excès de la philosophie, par une rare honnêteté d’esprit, n’excluant pas le goût des récompenses méritées. Tous nous l’aimions ; car si nous pouvions sourire par moments de ses naïves préoccupations, de son inoffensif désir d’être apprécié comme il le méritait, nous voyions en lui le survivant d’un autre âge, qui ne mettait pas en question le sérieux de la vie et ne voyait rien au-dessus de ses travaux. Une sorte de sincérité, d’abandon, d’absence de toute composition littéraire donnait un véritable charme à ce qu’il écrivait. Il ne s’interdisait aucune digression, aucune remarque personnelle et chez lui le moi n’était point haïssable ; car loin d’être armé contre tous, il était bienveillant pour tous. Nous aimions à voir en lu un passé qui n’est plus, les derniers restes de mille préjugés qui étaient à leur manière des qualités, l’alliance de fortes attaches traditionnelles à une grande liberté de jugement personnel ; où trouverons-nous maintenant quelqu’un qui nous parle de Port-Royal comme étant de la maison, des vieilles liturgies comme y tenant par le fond de ses habitudes, du gallicanisme comme un adhérent sincère ? M. Garcin de Tassy, par tous ces côtés, rappelait beaucoup M. Quatre-mère ; mais il différait de lui en ce qu’il était sympathique aux personnes qui lui ressemblaient le moins. Son aimable sourire, ses longues et intéressantes notices sur un monde lointain dont il était le parfait interprète, nous laisseront de longs et profonds regrets.”34
Son héritage
40Son neveu Hélidore, fils de son frère Joseph, fut son héritier désigné. Nous ignorons la quantité et la qualité des biens qu'il a laissés mais sa bibliothèque personnelle avait une importance considérable. Selon le testament du défunt, elle fut vendue, car nous possédons un catalogue imprimé, publié par une société d'enchères, où nous trouvons : Catalogue des livres orientaux et autres composant la bibliothèque de feu M. Garcin de Tassy, suivie du catalogue des manuscrits hindoustanis, persans, arabes, turcs, rédigé par M. F. Deloncle, élève de M. Garcin de Tassy, dont la vente aura lieu le lundi 17 Mars 1879 et jours suivants, rue des Bons-Enfants, 28 (maison Silvestre) salle no 1, par le ministère de M. Maurice Dellestre, commissaire-priseur, successeur de M. Delbugue-Cormont, rue Drouot, 27, Paris, 1879, 272 pages.
41Cet ouvrage contient une photographie de Garcin de Tassy dans sa vieillesse, avec une barbe blanche. En son début le frère de notre auteur, à savoir T. Garcin de Tassy, nous parle des raisons de cette dispersion de la bibliothèque qui comportait 2975 ouvrages) en ces termes :
“Dans ses dernières volontés, mon bien-aimé regretté frère a exprimé le désir que sa bibliothèque fût vendue aux enchères publiques afin de permettre à ses élèves et amis de tous les pays de profiter de son œuvre et de posséder quelques souvenirs de lui. Respectueux de ce vœu nous n’avons épargné, mon fils Héliodore et moi, ni peines, ni soins pour préparer et presser la publication de ce catalogue et le répandre dans le monde entier, partout où le nom du savant professeur était connu et estimé. La volonté vénérée de celui que nous pleurons sera ainsi satisfaite”.
Ensuite viennent les conditions de la vente :
“La vente se fait expressément au comptant. Les acquéreurs paieront 5 % en sus des enchères, applicables aux frais. Il y aura exposition chaque jour de vente, de 2 à 4 hrs. Le libraire, chargé de la vente, remplira les commissions de3 personnes qui ne pourraient y assister.”
42Le catalogue commence par le discours de M. Laboulaye, président de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, prononcé à la séance de l’Académie du 6 Septembre 1878. A la suite se trouve l’extrait du Journal des Savants de mai 1875.
43Le catalogue est ordonné selon les sujets suivants : Théologie chrétienne, religions de l’antiquité, religion musulmane, religions de la Perse, religions de l’Inde, jurisprudence européenne et orientale, science générale, philosophie, anthropologie, sciences naturelles et médicales, sciences mathématiques, arts industriels, beaux-arts, linguistique, histoire, archéologie, numismatique, épigraphie, histoire littéraire, journaux, catalogues des bibliothèques, encyclopédies et, enfin, les manuscrits en hindoustani, sanscrit, persan, arabe et turc.
44Les manuscrits hindoustanis, et sanscrits étaient au nombre de 136, les manuscrits persans de 32, les manuscrits arabes de 16, les manuscrits turcs de 5. En outre il y avait quelques lots de divers fragments de manuscrits orientaux, dont un géorgien, un autre lot d’estampes, gravures et dessins se rapportant à l’Inde, à l'Egypte, à la Rome antique.
45Pour la vente on avait établi un ordre des vacations, le premier jour : ouvrages sanscrits, géographie, voyages ; le deuxième jour : langue persane, histoire, et ainsi de suite pendant 15 jours.
46Un certain nombre de livres du disparu se trouvent à la bibliothèque de l’Ecole des Langues Orientales à Paris.
47La bibliothèque municipale de Marseille possède également une cinquantaine d’ouvrages, manuscrits aussi bien qu’imprimes. Sont à relever quelques ouvrages en langue indonésienne, d'autres en arabe, persan, ourdou et hindi. Voici les plus importants de ces ouvrages le nombre des pages des manuscrits n’est pas toujours indiqué :
Kitab Kaschef ul Acrar, par Al-Muqdisi, manuscrit en arabe écrit en 1036 de l’Hégire.
Bag o Bahar de Mir Amman (prose), manuscrit en ourdou, 1217 de l’Hégire, 92 pages, grand format.
Bag o Baliar de S. Amir ullah Nâzir, (poésie) de l’imprimerie de Naval Kishore à Laukhnau, 1273 de l’Hégire, 83 pages, grand format.
Cunj-i-Khoubi, version ourdoue par Mir Amman, 1217 de l’Hégire, grand format.
Nal o Daman, de Surdas, manuscrit en ourdou, Delhi, 1752-1753.
Diwan-i-Wali : on trouve dans le fonds de Garcin de Tassy trois copies du recueil de Wali écrites par différentes personnes.
Punchi-bâchâ de Wagih uddin Wajdi, manuscrit en ourdou (poésie) 1124 de l’Hégire, 336 pages.
Kitab-i-Rekhta Diwan-i-Rafi, Sauda, Qacaid, Masnavi et Rubaiyait-i-Sauda, manuscrit en ourdou, 1260 de l'Hégire.
Quissa-i-Bénazir.
Quissa Kanwar Kâmrûp, manuscrit en ourdou. On trouve dans le fonds de Garcin de Tassy trois copies différentes de cette histoire, écrites par différentes personnes ; un exemplaire l’est par Fazl-i-Ali, 264 pages.
Qata’ai Burhân, de Acad ullah Ghalib, présenté par Ghalib au Major Fuller en 1866, de l’imprimerie d’Akmal à Delhi, 154 pages.
Tazkira Mir Qudrat ullah Qasim, manuscrit en ourdou 1212 de l'Hégire, 919 pages.
Makhzan-ul-Imsal, par Mohammad Ali, manuscrit en ourdou, 1803, 294 pages.
Légende de Padmani et Alla’dudin, manuscrit hindi, 86 pages, grand format.
Sacountala Nâtak de Calidas, manuscrit hindi écrit en 1128 de l'Hégire, grand format.
Notes de bas de page
1 Nouvelle Biographie Générale, tome dix-neuvième, page 468.
2 Les Bouches du Rhône. Encyclopédie Départementale. tome onzième, Biographie, page 223.
3 Acte de Mariage de Garcin de Tassy aux Archives de la Seine, Paris.
4 Notice Historique sur l'Ecole spéciale des Langues Orientales vivantes, Ed. Ernest Leroux, Paris, 1883. p. 28.
5 La Langue et la Littérature Hindoustanies en 1875, page 24.
6 La Langue et la Littérature Hindoustanies en 1877, page 95.
7 La Langue et la Littérature Hindoustanies en 1872, p. 108.
8 La Langue et la Littérature Hindoustanies en 1872, p. 107.
9 La Langue et la Littérature Hindoustanies en 1871, p. 78.
10 La Langue et la Littérature Hindoustanies en 1868, p. 450.
11 La Langue et la Littérature Hindoustanies en 1872, p. 105.
12 La Langue et la Littérature Hindoustanies en 1871, p. 85.
13 La Langue et la Littérature Hindoustanies en 1973, p. 86.
14 La Langue et, la Littérature Hindoustanies en 1877, p. 96.
15 La Langue et la Littérature Hindoustanies 1871, p. 82.
16 La Langue et la Littérature Hindoustanies 1861, p. 186.
17 La Langue et la Littérature Hindoustanies, discours 1873. p. 85.
18 La Langue et la Littérature Hindoustanies, discours 2 Déc. 1867, p. 378.
19 La Langue et la Littérature Hindoustanies, discours 2 Déc. 1873, p. 56.
20 La Langue et la Littérature Hindoustanies, discours 2 Déc. 1864, p. 1.
21 La Langue et la Littérature Hindoustanies, discours 2 Déc. 1864, p. 26.
22 La Langue et la Littérature Hindoustanies, discours 2 Déc. 1867, p. 348.
23 La Langue et la Littérature Hindoustanies, discours 2 Déc. 1857, p. 126.
24 La Langue et la Littérature Hindoustanies, discours 5 Mai 1859, p. 184.
25 Compte-rendu, Journal des Savants, 1821.
26 Journal Asiatique, 1827, volume X, p 63.
27 Institut de France : Funérailles, discours de Ed. Laboulaye, Président de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, du G Septembre 1878.
28 Discours Annuel de Garcin de Tassy, 1862, p. 198.
29 Discours Annuel de Garcin de Tassy, 1866, p. 324.
30 Journal Asiatique, 1875, p. 98.
31 Acte de décès de Garcin de Tassy à la mairie de VI arrondissement, 78, rue Bonaparte·
32 Journal Asiatique, d’Octobre-Nov. Décembre 1878, pp. 454 à 456.
33 Journal Asiatique, rapport annuel, 1879, par Ernest Renan, p. 12.
34 Journal Asiatique, rapport annuel 1879 par Ernest Renan, pp. 13 à 16.
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La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012