IV. Le culte moderne
p. 51-59
Texte intégral
1Le culte bouddhique moderne est simple, et émouvant par cette simplicité même qui revêt souvent une beauté prenante. On sent bien que la disposition de l’esprit, la méditation, la dévotion comptent beaucoup plus ici que les manifestations extérieures.
2Pendant le court séjour que j’ai effectué à Ceylan, il ne m’a évidemment été possible d’assister qu’à un petit nombre de cérémonies religieuses et formes cultuelles du Bouddhisme. Dans les pages suivantes sont décrites celles que j’ai eu la possibilité d’observer.
1) Le culte individuel ordinaire
3Tout fidèle, moine ou laïque, peut tous les jours et à toute heure exprimer individuellement sa dévotion dans un temple, auprès d’un stūpa ou de l’arbre pippala d’un monastère.
4Suivons un laïque se rendant à un temple. Si c’est un homme d’une situation élevée, habillé ordinairement à l’européenne, il aura généralement revêtu pour la circonstance le costume national, c’est-à-dire le pagne long descendant aux chevilles et une tunique à manches longues. Avant d’entrer dans le monastère, il achète des fleurs dans une boutique située à proximité. Ces fleurs sont d’espèces fort diverses, mais on semble avoir une prédilection pour les frangipaniers aux corolles si parfumées et les lotus blancs ou rouges. Le marchand prend quelques gros boutons de lotus, prêts à s’ouvrir, et rabat sur les quatre côtés, horizontalement, les quatre sépales, puis il les pose avec les autres fleurs sur de petits plateaux ou corbeilles de forme carrée qu’on lui rendra après être sorti du temple. On peut aussi se munir de fleurs artificielles, de bâtonnets d’encens ou de petites lampes à huile.
5Le laïque pénètre dans l’enceinte du monastère et se déchausse à la porte du temple. Il entre dans la salle centrale, le sanctuaire proprement dit. S’étant approché de l’une des grandes statues du Buddha, il élève doucement et en silence ses fleurs à bout de bras au dessus de sa tête, le visage levé vers l’image, en un beau geste d’offrande, puis les abaisse et les dispose avec art sur la table préparée à cet effet. Parfois il se contente de faire l’añjali avant de déposer ses fleurs ou les autres offrandes s’il en a.
6Il se retourne ensuite, fait quelques pas, choisit un emplacement libre, se retourne à nouveau face à la statue, étale par terre un carré d’étoffe de la taille d’un grand mouchoir et s’agenouille juste derrière celui-ci. Il a maintenant le choix entre plusieurs attitudes. Il peut rester ainsi agenouillé, tête baissée, les mains jointes comme pour l’añjali, ou bien agenouillé, la tête droite, yeux baissés ou fermés, les mains jointes au dessus de la tête, les coudes écartés, ou encore prosterné le front et les avant-bras à terre, sur le carré d’étoffe, ou enfin accroupi sur les talons et toujours mains jointes. Demeurant dans l’attitude choisie, il récite des gāthā appropriés, soit mentalement, soit en les chantant à voix basse. Même s’il y a là vingt ou trente personnes, chacune demeure enfermée dans sa dévotion propre, et il ne s’élève de l’ensemble qu’un léger murmure mélodique. Avant ou après cette récitation des gāthā, ou même avant et après, le dévot peut se prosterner trois fois, lentement, dans l’attitude décrite ci-dessus. Lorsque sa récitation est terminée, il se relève, replie soigneusement son carré d’étoffe personnel et s’éloigne sans bruit.
7Il peut ensuite parcourir la galerie extérieure, s’il y en a une, faisant ainsi la circumambulation en gardant le sanctuaire à sa droite. Il salue au passage, de l’añjali ou d’une simple inclinaison de tête, les diverses images du Buddha qu’il rencontre. Si l’une d’entre elles est plus importante que les autres, il peut la saluer plus profondément en se prosternant et même lui offrir le même culte que précédemment.
8Si le culte est rendu, non au temple, mais à un stūpa ou à un pippala, le dévot ne manquera pas d’en effectuer le pradakṣiṇa ou circumambulation par la droite en déposant ses offrandes sur l’une ou plusieurs des tables disposées à cet effet, puis en s’agenouillant face à elle pour réciter les gāthā selon le rituel décrit plus haut.
9Lorsque le stūpa ou le pippala est très important, comme le Ruwanwelī-dagoba ou l’arbre de la Bodhi à Anurādhapura, le fidèle commence par entrer au temple qui y est adjoint s’y comporte comme dans un temple quelconque, puis effectue le pradakṣiṇa autour du stūpa ou de l’arbre, déposant s’il le veut d’autres offrandes sur les autels disposés face aux points cardinaux.
10Enfin, s’il le juge bon, le dévot laïque peut déposer dans l’un des troncs quelques pièces de monnaie, le don demeurant ainsi secret quant à sa provenance et à son importance.
2) Le culte vespéral
11Il m’a été donné d’assister, le soir du dimanche 18 décembre 19551, à une partie de ce culte rendu dans un petit monastère du faubourg de Colombo, près des bords de la Kelanī, monastère dépendant du Vidyālaṅkāra Pirīvena.
12Lorsque j’arrive, à 20 h., le culte est déjà commencé. Toutes les parties du monastère, temple, arbre de la bodhi, arbre asoka, salle de prédication, pavillon aux reliques, murs extérieurs, sont illuminés par des centaines de petites lampes à huile soigneusement alignées, et aussi par des ampoules électriques, beaucoup moins nombreuses mais projetant une lumière plus vive.
13Les femmes et quelques enfants sont agenouillés sur les marches de l’escalier intérieur du temple, alors que les hommes se tiennent agenouillés ou accroupis sur les degrés en forme de demi-lune de l’escalier extérieur. Tandis que toutes les femmes, mains jointes, répètent chaque stance énoncée par le moine officiant, seuls quelques hommes ont les mains jointes mais tous écoutent en silence, suivant en apparence mentalement la récitation.
14L’officiant, debout en haut de l’escalier intérieur, légèrement appuyé contre le pied-droit gauche de la porte du sanctuaire, tient à la main une sorte de cahier dans lequel il suit de temps en temps les gāthā, dans le cas présent des fragments du Dhammapada. Chaque stance qu’il chante est répétée aussitôt par le cœur des femmes. Le chant est beau, très simple, monotone et bien scandé. Il se rapproche plus de nos cantiques occidentaux que des hymnes hindous que j’ai entendus dans les temples de l’Inde du Sud.
15Vers 20 h. 40, la récitation des gāthā prend fin et les laïques, les femmes puis les hommes, viennent calmement, sans se bousculer, déposer chacun son offrande de fleurs devant la statue du Buddha assis au centre du temple suivant le rituel décrit précédemment. Pendant ce temps, l’officiant se rend à la résidence monastique, converse avec quelques autres moines et s’équipe pour la suite du culte.
16A 20 h. 50, un petit orchestre composé de quatre ou cinq musiciens laïques, placé au bas de marches de la résidence, commence à jouer. Le bruit des tambours et de la clarinette déchire l’air de la nuit d’une musique criarde qui, à mon sens, s’accorde mal avec le caractère doux et recueilli de la cérémonie. Le moine officiant sort alors de la résidence sous un dais carré et jaune dont les montants sont tenus par quatre laïques, et se rend dans cet appareil à la salle de prédication. Arrivé devant l’entrée de celle-ci, il s’arrête et ôte ses sandales. Un laïque accroupi, placé juste à droite de la porte, sur la première marche, lui lave les pieds l’un après l’autre en puisant avec un pot dans une cuvette placée à côté de lui. Un second laïque placé de même sur la seconde marche, essuie ensuite les pieds de l’officiant. Celui-ci entre alors dans la salle en suivant le long tapis étroit qui mène de la porte à la chaire, et s’assied dans celle-ci. La salle, bien éclairée, surtout vers le centre, est décorée de banderoles de papier multicolore tendues depuis le centre interne du toit jusqu’en haut des murs. Sur tout le pourtour intérieur, des nattes sont disposées sur lesquelles les femmes et les enfants se sont accroupis, alors que les hommes restent, debout ou accroupis, dans le vestibule de la salle. La chaire, le pupitre comme le siège, est ornée à profusion d’étoffes soyeuses de couleurs diverses.
17Dès que l’officiant est assis, la musique cesse. Le moine chante alors les phrases rituelles dont chacune est répétée aussitôt par le chœur des femmes accroupies ou agenouillées, les mains jointes. Ces phrases sont, dans l’ordre, la salutation au Buddha, Namo tassa bhagavato arahato sammsāmbuddhassa, qui est récitée trois fois, puis les trois déclarations de la prise de refuge dans le Buddha, dans le Dhamma et dans le Saṃgha, et enfin l’énoncé des cinq préceptes. Ensuite l’officiant annonce la prédication par la formule dhammassavanakālo ayaṃ bhadante qui est chantée trois fois et suivie à chaque fois, non de la répétition par le chœur comme précédemment, mais de l’approbation sādhu prononcée en saluant par l’assistance. Enfin, la salutation au Buddha est répétée trois fois par le moine et le chœur y répond chaque fois sādhu en s’inclinant respectueusement.
18Les rites préparatoires étant accomplis, l’officiant annonce le sujet de sa prédication et commence aussitôt celle-ci en singhalais, d’un ton naturel. Elle doit durer une heure, mais les circonstances ne me permettent d’en entendre que le commencement.
19En principe, cette cérémonie a lieu à la nouvelle et à la pleine lune, et dure de 20 h à 22 h. Ces jours-là, les laïques particulièrement pieux viennent au temple dès 5 h du matin et y restent jusqu’au lendemain 12 h sans prendre de nourriture, occupés à méditer dans la dharmasālā, à y écouter le sermon et à faire l’offrande de fleurs. Il en serait ainsi, notamment, à l’Isipatānārāma de Colombo.
3) Les Mahā-pirit
20Le soir du dimanche 18 décembre 1955 entre 21 h et 22 h, j’ai pu assister partiellement à un rite de Mahā-pirīt qui se déroulait dans une maison particulière du faubourg Nord-Est de Colombo.
21Ce rite est accompli dans une habitation laïque sur laquelle son propriétaire veut attirer certaines bénédictions et, généralement, chasser de ce fait des influences maléfiques révélées par une maladie grave, un accident, un deuil, etc. Dans le cas particulier que j’ai pu observer, le propriétaire de la maison, un homme aisé d’une cinquantaine d’années, avait perdu sa femme trois mois auparavant. Très en faveur parmi la population ceylanaise, surtout, j’imagine, parmi les classes aisées car elle doit entraîner des frais assez importants, cette cérémonie peut même avoir lieu lorsqu’aucun signe ne prouve la menace de puissances mauvaises, dans le seul but de s’assurer le succès et le bonheur.
22La maison dans laquelle j’ai pu y assister était assez grande, très propre et très bien entretenue, confortable et éclairée à l’électricité, ce qui prouve que ses hôtes possédaient un statut social assez élevé.
23Dans la vaste pièce principale, contre le mur de droite en entrant, on avait édifié un pavillon (maṇḍapa) formé d’un léger bâti de bois recouvert de papier blanc et mesurant environ 2,50 m de long, 2 m de large et 1,80 m de haut. Ce pavillon comportait une porte sur le côté opposé au mur et, sur le reste du pourtour, une balustrade recouverte de papier blanc et argenté, découpé et décoré de motifs bouddhiques représentant notamment le vase aux épis jaillissants. Des feuilles de pippal plantées dans le voile blanc servant de toiture, des palmes, des épis de riz et une guirlande d’ampoules électriques complétaient la décoration. Autour du pavillon, on avait placé, aux angles et de chaque côté de la porte, des vases de terre rouge d’où s’échappaient des épis de riz disposés en couronne autour d’une petite lampe à huile allumée bouchant, en quelque sorte, l’orifice du vase. Sur le seuil du pavillon il y avait une petite natte de palme tressée toute neuve. A l’intérieur du pavillon, contre la balustrade, étaient placés des sièges recouverts d’étoffes propres sur lesquels étaient assis les moines, au nombre de quinze en l’occurence. Au centre, il y avait une petite table sur laquelle étaient disposées des fleurs entourant un reliquaire entièrement recouvert de riches et épaisses étoffes. Les femmes et les enfants étaient assis sur des nattes dans la pièce principale, autour du pavillon, alors que les hommes étaient assis sous la véranda voisine servant de vestibule. Sous cette véranda, à côté de la porte donnant sur la pièce principale, il y avait aussi un petit orchestre de quatre ou cinq musiciens porteurs de tambours et de clarinettes, qui jouait pendant les entr’actes. Le nombre des laïques présents, hommes, femmes et enfants, membres de la famille et amis, pouvait atteindre quarante à cinquante personnes. Tout le monde était calme et recueilli, quoique parfois quelques laïques échangeassent quelques mots à voix basse. Seule note un peu discordante, certains laïques et quelques moines, même durant la récitation des Sutta, mâchaient du bétel.
24La cérémonie commence à une heure qui peut varier entre 18 h et 21 h, mais jamais plus tard que 21 h. Dans le cas qui nous occupe elle avait débuté à 20 h 30 par la salutation au Buddha répétée trois fois, les trois déclarations de la prise de refuge dans le Buddha, dans le Dhamma et dans le Saṃgha et l’énoncé des cinq préceptes. Un bref sermon en langue singhalaise, d’une durée d’un quart d’heure — en général de dix à vingt minutes — avait suivi, après quoi avait commencé la récitation proprement dite du groupe de Sutta appelés Pirit, c’est-à-dire “protections” (pâli : paritta). On avait d’abord récité les trois Māhā-pirit ou “protections majeures”, qui sont le Mahāmaṅgalasutta, le Paṭṭhana-sutta, et le Mettā-sutta. L’un des moines, faisant office de récitant, chante chaque phrase du Sutta, qui est reprise en chœur par les autres moines. Le chant du texte pâli est considéré comme agissant bénéfiquement par son efficience propre, le sens du texte, incompris de la plupart de laïques, n’ayant en lui-même aucune importance pour eux.
25Pendant la récitation des Māha-pirit, un laïque saisit un long fil blanc dont une extrémité est fixée au reliquaire et le tend le long des murs intérieurs de la salle afin de délimiter, semble-t-il, une zone de protection tirant son efficacité des reliques présentes.
26Entre la récitation de deux Mahā-pirit les moines prennent un peu de repos pendant sept ou huit minutes. Ils restent assis et silencieux, comme les laïques qui assistent à la cérémonie, mais la plupart d’entre eux sinon tous s’empressent de mâcher du bétel. Pendant cet entr’acte, le petit orchestre signalé plus haut fait entendre sa musique criarde.
27Je n’ai pu assister à la suite de la récitation qui dure très longtemps et je dois à l’obligeance du Révérend Paññākāra les informations qui suivent.
28Lorsque les trois Mahā-pirit ont été chantés, les moines vont se reposer dans une pièce de la maison où des lits ont été préparés pour eux. Deux d’entre eux restent dans le pavillon pour chanter d’autres Sutta, au nombre de quinze à vingt, qui constituent le groupe des Pirit mineures, le Dhammacakkappavattana-sutta, le Vasala-sutta, l’Ālavakasutta ; etc..,. Pour ce faire, les moines se relaient par groupes de deux toute la nuit jusque vers 6 h. du matin. Les laïques, eux, doivent demeurer toute la nuit, assis sur leurs nattes autour du pavillon, à écouter la récitation. Le lendemain à midi, les moines recevront les aumônes du maître de maison, vraisemblablement sous la forme d’un repas. La cérémonie des Mahā-pirit peut ainsi durer jusqu’à sept jours.
4) L’inauguration d’un temple
29J’ai eu la chance d’assister le lundi 5 décembre 1955 à l’inauguration du petit temple d’Anuwārāma, situé près de Paduwanna, à quelques 10 km au Sud-Ouest de PeradenIya.
30A 11 h du matin, le Dr Paranavitana et moi nous arrêtons sur la grande route de Colombo à Kandy, à l’entrée d’une petite voie secondaire qui s’enfonce dans la forêt. Il y a là un groupe d’une cinquantaine d’hommes dont les notables vêtus à l’européenne nous accueillent aimablement. Peu après la procession se forme et s’enfonce sous les arbres, suivant la petite route. Huit éléphants ouvrent la marche, les deux plus grands étant placés l’un en tête et l’autre en queue de leur file. Ils n’ont aucun ornement et sont montés chacun par deux ou trois hommes. Cinq hommes portant des emblèmes divers les suivent. Deux de ces emblèmes sont des disques plats identiques d’environ 80 cm de diamètre contenant chacun une sorte de rosace, les deux autres sont des panneaux carrés de dimensions semblables portant la figure l’un d’un soleil rayonnant à face humaine, l’autre d’un croissant de lune également humanisé. Les hampes qui les supportent ont environ 2 m. Le dernier emblème est une sorte d’énorme bouquet de fleurs en papier, blanches et roses, disposées autour d’une hampe de même longueur que les précédentes. Vient ensuite un groupe de sept musiciens, un clarinettiste et six tambours en costume traditionnel, marchant sur deux files. Le reste de la procession suit, les notables et leurs invités au premier rang. L’orchestre joue tout le long du parcours, qui peut atteindre deux bons kilomètres. Arrivé à quelque distance du temple, sans qu’aucun signe n’ait, semble-t-il été donné, la musique change de genre et les six tambours commencent à danser en marchant avec un ensemble remarquable. La dance s’accentue, les gestes deviennent plus amples, les pas et les attitudes du corps plus compliqués, pour atteindre son summum lorsque la procession arrive à la porte du monastère vers 11 h 40. Pendant que le cortège s’installe sous le vaste péristyle du temple, les éléphants, les porteurs d’emblèmes et les danseurs font plusieurs fois le tour du temple selon le pradakṣiṇa.
31La partie du péristyle située devant la porte principale du sanctuaire est très élargie de façon à constituer une salle de prédication. Du reste, au milieu du côté droit est installée la chaire. Les huit moines du temple, qui attendaient ici la procession avec un groupe nombreux de laïques, hommes, femmes et enfants, s’asseyent sur des chaises disposées en file sur le côté droit du péristyle, face vers l’axe central. Les laïques se groupent tout autour, mais restent debout. L’un des moines, demeurant assis, énonce alors la salutation au Buddha, répétée trois fois, les trois déclarations de prise de refuge dans le Buddha, dans le Dhamma et dans le Saṃgha, et les cinq préceptes. Chaque phrase est aussitôt reprise en chœur par les laïques, prosternés, agenouillés ou debout.
32Les moines entrent alors dans le temple et se placent sur deux files, debout, à droite et à gauche de la statue du Buddha assis situé devant le mur du fond, au milieu. Les laïques entrent à leur suite, par ordre de préséance, les notables et les invités d’abord, qui se tiennent ensuite le plus près de la statue. Les statues du Buddha sont encore dépourvues de peinture. Devant celle du fond qui est la principale, sont placées, sur la table à offrandes, des fleurs et des lampes à huile allumées. Lorsque le temple est plein de monde, l’un des moines chante alors des gāthā, puis les huit bhikkhu récitent en chœur le Karaniyasutta. Pendant la récitation chantée de ce texte, les laïques, par ordre de préséance, procèdent à la peinture des statues du Buddha, en commençant par celle du Buddha assis. Chacun à son tour prend à l’aide d’un pinceau un peu de peinture orange placée dans des bols reposant sur le rebord de la statue, l’applique sur celle-ci, puis sort du temple pour prendre un peu de détente. Une collation est offerte aux notables et aux invités. Lorsque tous les laïques sont ainsi passés, toutes les statues du Buddha sont peintes.
33Les moines reprennent leurs places sur leurs sièges sous le péristyle et les laïques s’assemblent de nouveau autour d’eux, les notables et leurs invités assis sur une file de chaises et faisant face aux moines. Les principaux notables se lèvent tour à tour pour prononcer des allocutions en singhalais. L’un des moines répond en récitant un Paritta, très vite et d’un ton monotone. L’assemblée se disperse ensuite, non sans que chacun ait donné son obole à la communauté. Pour ce faire, on apporte un guéridon que l’on place devant un moine demeuré assis, et l’on met dessus un plateau sur lequel les laïques s’empressent de déposer chacun quelques pièces de monnaie. A 12 h 45. tout est terminé, et nous reprenons notre route vers Kandy.
Notes de bas de page
1 La nouvelle lune avait eu lieu le 14.
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La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012