II. Les monastères anciens
p. 28-42
Texte intégral
1Il ne saurait être question ici de dépasser le cadre d’une étude sommaire des anciens monastères singhalais destinée seulement à fournir quelques points de comparaison avec l’agencement des monastères modernes. Les lecteurs désireux d’acquérir des renseignements plus complets devront consulter les résultats des admirables travaux de l’Archeological Survey of India, résultats qui ont du reste été utilisés dans les pages qui suivent. Ajoutons qu’à Ceylan comme dans l’Inde, d’immenses travaux restent à accomplir dans le domaine de l’archéologie bouddhique ancienne et que bien des vestiges attendent d’être dégagés et étudiés. Il faut dire aussi que, dans plusieurs cas, il est difficile d’interpréter ces restes.
2Le monastère bouddhique ancien est constitué par trois ou quatre files de cellules ouvrant sur une cour carrée dont le centre est occupé par un pavillon carré servant de salle de prédication (dhammasālā) et généralement aussi de salle capitulaire (uposathāgāra). A quelques mètres de là, dans l’axe de cet ensemble on trouve un stūpa. La file de cellules située du côté du stūpa peut être remplacée par deux petits sanctuaires (caitya) oblongs à abside se faisant face et renfermant des images du Buddha, des Bodhisattva, etc… Tel est, par exemple, la disposition que l’on trouve dans les monastères de Nāgārjunakoṇḍa. Précisons qu’en ce lieu les files de cellules sont séparées par d’étroits passages. Les files de cellules et le pavillon central reposent sur des soubassements hauts de 30 à 50 cm, en briques ou en dalles de pierre dure, et les petits escaliers qui y conduisent sont précédés à leur partie inférieure par des dalles en demi-lune richement décorées de files d’animaux. La partie inférieure des murs des cellules et des sanctuaires, en briques, a été conservée de même que les piliers du pavillon central, de section carrée, en pierre dure et parfois ornés de bas-reliefs.
3A Ceylan la disposition reste la même dans l’ensemble. Les files de cellules, toujours au nombre de quatre disposées en carré, ne sont pas séparées comme à Nāgārjunakoṇḍa mais reposent sur le même soubassement. De plus, le souci d’orientation est en général beaucoup plus net. Les monastères retrouvés sont du reste plus récents de plusieurs siècles. Ils sont plus vastes et leur plan est plus complexe. Les files de cellules s’ouvrent souvent sur une véranda intérieure commune. Généralement on trouve dans chacun des quatre angles de la vaste cour intérieure un petit pavillon carré semblable au pavillon central mais de dimensions plus réduites. On accède à chacun d’eux par un petit escalier situé du côté du grand axe du monastère. Autour de cet ensemble architectural essentiel, on peut rencontrer d’autres constructions de plan carré ou rectangulaire orientées selon les mêmes axes que lui et de nature généralement indéterminée. On trouve aussi des bassins rectangulaires entourés de gradins, parfois un petit stūpa secondaire, des salles de bains et des latrines reconnaissables à leurs dalles de forme particulière. L’ensemble est alors entouré d’une ou plusieurs vastes enceintes rectangulaires situées généralement au bord de terrasses hautes d’un mètre au plus. Comme à Nāgārjunakoṇda, la brique et la pierre étaient employées conjointement pour la construction, et l’on peut supposer que le bois et les couvertures de palmes tressées devaient être aussi des matériaux fort utilisés, d’autant plus qu’on ne trouve guère de vestiges de tuiles.
4Le plus imposant de ces monastères anciens est sans doute celui du Baddhasīmapāsāda de Polonnaruwa, construit sous Parākramabāhu 1er (1153-1187) et qui semble marquer l’apogée de ces constructions. Tout le monastère est ici nettement ordonné, autour de l’uposathāgāra. le Baddhasīmapāsāda proprement dit, lequel repose sur la plus haute d’une série de vastes terrasses carrées concentriques. L’ensemble prend donc la forme d’une vaste pyramide aplatie, large de quelque 500 m à la base, au sommet de laquelle, à environ 20 m de haut, est située la salle capitulaire, mise ainsi en évidence de façon spectaculaire et entourée de trois rangées de bornes ou simā plus ou moins hautes et ornées. Sur les terrasses inférieures s’étagent divers bâtiments et d’abord, à quelques mètres de l’uposathāgārā la traditionnelle quadruple file de cellules. Plus bas, on trouve plusieurs rangées de petits pavillons carrés ou rectangulaires, larges de 3 à 8 m, dont il ne reste que le soubassement de briques et les piliers de pierre mal équarris, et qui servaient, semble-t-il, de résidences à de petits groupes de moines chacun sous la direction d’un maître. De loin en loin, on rencontre les restes d’un petit stūpa de briques. Sur la pente septentrionale de la pyramide et par conséquent en contre-bas de l’uposathāgāra on trouve un temple, le fameux Laṅkātilaka et deux stūpa dont le Kiri Vehera. Sur la pente orientale, il y a un minuscule sanctuaire, simple abri sous roche renfermant quatre petites statues du Buddha assis face à l’Est. Une telle disposition des lieux semblerait indiquer une suprématie du Saṃgha sur le Buddha, sinon sur le Dharma, si nous n’apercevions pas, à quelque distance au Sud et dans le même axe, la masse énorme du célèbre stūpa appelé Rankot Vehera qui date de la même époque. Par conséquent nous retrouvons ici le plan antique, maintes fois rencontré à Anurādhapura et ailleurs, du monastère groupé autour de la salle capitulaire, mais à l’ombre d’un stūpa situé dans ses environs immédiats.
1) Le temple
5Le temple n’a commencé qu’assez tard à figurer dans les monastères singhalais et il faut attendre le XIIe siècle pour le voir prendre des dimensions respectables. Il semble que le culte de l’image du Buddha, et par conséquent la construction de temples pour les abriter, soient dus aux influences du Mahayana1 qui pénètrèrent dans Pile au début de notre ère et qui se révèlent aujourd’hui avoir été plus fortes qu’on ne l’avait cru autrefois. Si les chroniques et les commentaires singhalais sont à peu près muets en ce qui les concerne, nous savons par le témoignage de Fa-Hien qui les a décrits qu’il existait, aux début du Ve siècle, à Ceylan et notamment à Anurādhapura, des temples richement ornés. De plus, les travaux des archéologues singhalais amènent souvent au jour des restes de bâtiments dont certains furent certainement des temples, et dont d’autres avaient une destination énigmatique. Malheureusement nombre d’entre eux sont difficiles à dater.
6On construisait ces abris en matériaux résistants, pierre et briques. Si l’on ne trouve guère à Ceylan de restes bien définis d’édicules de ce genre, on en rencontre dans l’Inde du Sud, notamment à Nāgāruaoṇda. Sur ce site, il y a les soubassements en briques de petits sanctuaires ronds, ayant légèrement la forme d’un fer à cheval, et dont le diamètre extérieur ne dépasse guère 1,50 m. Dans le monastère oriental, près de l’université, on trouve trois abris de ce type alignés les uns à côté des autres. Toujours à Nāgārjunakoṇda, on trouve des sanctuaires plus importants, de forme oblongue à abside, généralement par groupe de deux se faisant face et situés entre le monastère lui-même et le stūpa. Longs de 8 m à 15 m selon les cas, larges de 2,50 m à 4 m, ils semblent dérivés des premiers par allongement du fer à cheval. Le socle des statues disparues était situé au centre de l’abside. De tous ces temples, il ne subiste plus que les soubassements de briques hauts tout au plus d’un mètre, les belles pierres de seuil semi-circulaires en marbre et le socle des statues. Ces sanctuaires ne montrent pas d’orientation définie.
7Les plus anciens temples dont on trouve des traces à Ceylan sont plus récents et plus importants que ceux de Nāgārjunakoṇḍa. Leur plan est du reste différent et plus complexe et ils étaient construits comme les stūpa, en dehors de l’enceinte du monastère, souvent comme à Nāgārjunakoṇḍa, entre celui-ci et le stūpa. De plus, ils étaient généralement orientés comme les autres édifices religieux. Ils se composent d’une salle carrée ou rectangulaire qui constitue le sanctuaire proprement dit et contient les statues du Buddha et d’un pronaos un peu moins large mais parfois un peu plus long. Quelquefois, le sanctuaire ou le pronaos, ou les deux à la fois, contiennent quelques piliers plus ou moins décorés et disposés avec symétrie. L’ensemble ne dépasse guère 20 m de long et 10 m de large et est même souvent moins grand. L’orientation est variable et le temple s’ouvre aussi bien face au Nord (Nālandā, certains temples de Madigiriya), qu’à l’Ouest (Ramakale de Sīgiriya), au Sud (Ata-da-ge et Hata-da-ge de Polonnaruwa) ou à l’Est (l’un des temples de Madigiriya, temple de la Dent à Anurādhapura) mais cette orientation, quelle qu'elle soit, est précise. Les statues du Buddha, qui ne dépassent guère 2 m et sont généralement taillées dans une pierre dure et sombre ayant bien résisté aux injures du temps, s’alignent face à l’entrée, adossées à un mur de briques qui laisse un passage d’environ 1,50 m à 2 m sur chaque côté et par derrière. La statue centrale représente toujours un Buddha debout. Elle est un peu plus haute ou placée sur un piédestal un peu plus haut que celles qui la flanquent, statues de Buddha debout généralement. De chaque côté de ce groupe et un peu en avant, on peut trouver aussi une statue de Buddha assis, face à l’axe central du temple (Madigiriya, Ata-da-ge de Polonnaruwa). Plus complexe parce que tardif (fin du XIIe siècle) est l’Hata-da-ge de Polonnaruwa, qui s’entoure d’un mur extérieur doublant ses dimensions et comporte un escalier montant dans l’angle nord-ouest du pronaos, vers un étage disparu (le mur du temple proprement dit atteint encore par endroits 3 m de haut) et aussi, au milieu du mur oriental du pronaos une petite porte menant dans la cour, ces détails étant visiblement empruntés aux grands temples que nous examinerons plus loin. Le beau petit temple dit de la Dent, à Anurādhapura, présente lui aussi une complexité analogue. S’il n’a ni escalier, ni porte secondaire sur le côté droit du pronaos, ce que justifie du reste sa taille exigüe, il comporte un second pronaos situé devant le premier, c’est-à-dire à l’Est étant donné l’orientation générale.
8Un temple de type très différent est celui du Buddha couché de Madigiriya, qui date du XI siècle. Il s’ouvre face au Nord et comporte un sanctuaire en forme de rectangle allongé dans le sens Ouest-Est, mesurant environ 10 m de long sur 5 m de large, et un pronaos situé au Nord, aussi long que le sanctuaire mais large à peine de moitié. A l’intérieur, le long du mur sud, on reconnaît encore les restes d’un Buddha couché en briques qui tenait à peu près toute la longueur du sanctuaire, et le long du mur Est les socles en briques de deux petites statues qui ont disparu. Juste à l’Est de ce temple, et alignés sur le même axe Ouest-Est que lui, il y a les restes de deux minuscules sanctuaires de forme presque carrée, s’ouvrant au Nord et dont le plus grand et le plus proche ne mesure guère plus de 4 m de côté. Celui-ci contient, au milieu du mur Ouest, le socle en briques d’une statue du Buddha debout qui gît brisée en contre-bas.
9Au XII siècle, à Polonnaruwa, furent édifiés des temples beaucoup plus vastes que les précédents, d’un type mieux défini et tous soigneusement orientés face à l’Est. Ce sont le Thūpārāma, le Laṅkātilaka et le Tivaṅka. Leur état de conservation, beaucoup meilleur, permet aussi de mieux les étudier. Leurs murs de briques sont si énormes que l’on a pu y ménager des galeries et des escaliers, et cela réduit d’autant l’espace intérieur. Le plus grand d’entre eux, le Laṅkātilaka, mesure 51 m de long sur 20 m de large et, bien que la partie supérieure se soit effondrée, les murs atteignent encore 16 m à certains endroits. Les dimensions des deux autres temples représentent à peu près la moitié de celles-ci. Un autre trait important de ces monuments, c’est leur hauteur, due au fait qu’ils contenaient des statues gigantesques du Buddha debout, mesurant jusqu’à 13,50 m de haut.
10Leur plan ne diffère pas essentiellement des temples antérieurs. On y trouve, comme dans ceux-ci, un naos à plan carré et un pronaos plus étroit mais généralement aussi long. Le passage entre les deux se présente sous l’aspect d’un bref couloir long de 2 à 5 m, large de 4 à 6 m. Au milieu du mur nord du pronaos est percée une petite porte qui donne sur l’extérieur par un escalier de quelques marches, et dans l’épaisseur du mur sud est creusé un escalier étroit et raide qui devait mener à la terrasse sommitale. Le portail principal qui, au Laṅkātilaka mesurait au moins 12 m de haut, est précédé d’un escalier de quelques marches à échiffres en forme de monstres et d’une pierre de seuil semi-circulaire très décorée flanquée de deux stèles hautes d’un bon mètre portant chacune en bas-relief l’image d’un dvārapāla, figuré sous les traits d’un jeune dieu imberbe richement vêtu et tenant le rameau fleuri et le vase de lotus.
11Le plan du naos présente quelques différences. Au Thūpārāma, il est simple et le socle de la statue principale est directement adossé au mur du fond. Au Laṅkātilaka, ce socle est adossé à un mur de briques assez épais qui laisse un passage très étroit entre lui et le mur du fond ainsi que les murs de côté. Ce dispositif est plus compliqué encore au Tivaṅka, où il s’agit d’une galerie très étroite pratiquée dans l’épaisseur de tout le mur du naos et faisant ainsi le tour de celui-ci en partant de l’un des côtés du couloir. Notons que nous avons déjà rencontré une disposition semblable à celle du Laṅkātilaka dans plusieurs petits temples antérieurs, notamment à Madigiriya et à l’Ata-da-ge de Polonnaruwa. Elle permettait aux fidèles de faire le pradakṣiṇa avec des fleurs autour de la statue principale.
12Ces grands temples contenaient chacun une grande statue du Buddha en briques recouvertes de stuc, haute de plus de 10 m (13,50 m Laṅkātilaka) et adossée au mur du fond. Au Thūpārāma, symétriquement disposées le long des trois autres murs, on trouve en plus diverses statues du Buddha, debout ou assis, dont la hauteur varie de 1 m à 3 m environ. Les murs intérieurs du Tivaṅka étaient entièrement décorés de fresques, en grande partie effacées aujourd’hui.
13La décoration extérieure des murs est bien équilibrée, les panneaux vides alternant assez régulièrement avec ceux qui sont décorés de hauts et bas-reliefs. Ceux-ci représentent de petits palais formant des niches dans certaines desquelles sont placées (ou étaient placées) des statues de divinités protectrices du dharma. D’élégants piliers à demi encastrés séparent les panneaux les uns des autres. Un certain nombre de corniches ainsi que le soubassement donnent abri aux frises traditionnelles de gnomes, d’oies sacrées, etc…
14Le temple du Jetavana à Anurādhapura dérive des précédents, mais il est plus complexe et doit donc leur être quelque peu postérieur. Il est un peu plus petit que le Laṅkātilaka mais se rapproche de celui-ci par le fait que son portail devait mesurer plus de 10 m de haut sur 3,50 m de large, alors que ceux du Thūpārāma et de Tivaṅka ne dépassent guère 3 m de haut et 2 m de large. On y retrouve la porte secondaire percée dans le mur nord du pronaos, mais il n’y a pas trace d’escalier. Le trait le plus remarquable est ici que l’étroite galerie pratiquée au Tivaṅka dans les murs du naos a abouti ici à un large déambulatoire, ce qui réduit le naos proprement dit à une superficie d’une trentaine de mètres carrés tout au plus. Du reste, les murs sont moins épais que dans les temples précédents. Contre le mur du fond du naos, on trouve évidemment les restes du socle d’une grande statue du Buddha. A part le portail, l’ensemble est trop ruiné pour qu’on puisse l’étudier comme les trois autres temples.
15Une variante curieuse, et du reste unique, de ces temples classiques, est le Potgul Vehera de Polonnaruwa, dont le naos est circulaire et formé de murs de briques mesurant 4,50 m d’épaisseur. Sa voûte ronde, qui subsiste en partie lui donne de l’extérieur l’aspect d’un stupa à demi-ruiné. L’intérieur est entièrement vide et le stuc du mur porte quelques traces de peintures. Le pronaos est simple, assez allongé, sans escalier ni porte secondaire. L’ensemble est, du reste, de dimensions assez réduites. Ajoutons que le Potgul Vehera s’ouvre face à l’Est comme les grands temples précédents.
16Enfin on rencontre parfois des petits temples bouddhiques qui ont été construits par des architectes tamouls sur le modèle des temples hindous. C’est le cas de celui de Gaḍalādeṇīya qui date du XVIe siècle. Il comporte un naos carré surmonté d’un dôme et un pronaos un peu allongé, flanqué à l’intérieur de deux niches carrées symétriques. Il est orienté au Nord. Contre le mur du fond du naos, on trouve une statue assez grande du Buddha assis flanqué de celles des deux disciples principaux. Sous le dôme, il y a quelques peintures anciennes, assez bien conservées, mais de facture maladroite. Ce temple, de dimensions très modestes, est encore en service actuellement et est entouré des divers bâtiments tous modernes d’un monastère assez important.
2) Les stupa
17Les restes de nombreux stūpa anciens, plus ou moins bien conservés, sont visibles sur tout le territoire de Ceylan. Ces énormes masses de briques ont en effet bien résisté aux injures du temps, et cela explique peut-être que le type de ces monuments ait si peu évolué en près de vingt siècles, contrairement à ce qui s’est passé dans les autres pays du Sud-Est asiatique.
18Certains stūpa anciens sont immenses. Ceux de l’Abhayagiri et du Jetavana d’Anurādhapura dépassent 70 m de haut et 100 m de diamètre. Le Ruwanwelī atteint 54 m de haut sur 75 m de diamètre et le Rankot de Polonnaruwa monte à 54 m et dépasse 54 m de diamètre. Il n’en manque pas qui, sans atteindre aux dimensions de ces géants, dépassaient 30 m de diamètre et sans doute autant en hauteur, mais la plupart de stūpa moyens et petits ont été découronnés et ne s’élèvent plus guère qu’à la moitié ou au tiers de leur hauteur primitive ce qui ne laisse pas, bien souvent, de leur donner encore une taille imposante. Ces dimensions énormes sont causes de ce que la proportion de la masse ovoïde centrale y est généralement plus grande que dans les stūpa modernes.
19Nous l’avons dit, leur type ne diffère pas essentiellement de celui de ceux-ci. Comme eux, ce sont des monuments soigneusement orientés, reposant sur une terrasse carrée mesurant environ le double du diamètre du stūpa proprement dit, et l’on y reconnaît sans aucune difficulté les quatre parties essentielles : la triple bande à la base, la masse ovoïde, le prisme carré et le pinacle, qui sont généralement identiques en proportions et en décoration dans les stūpa modernes et dans les stūpa les plus antiques. Ceux-ci présentent toutefois, du moins ceux qui dépassent 30 m de diamètre, un particularité notable, à savoir quatre autels à demi encastrés (vāhalkaḍa), faisant face chacun à l’un des points cardinaux. La partie inférieure de ces autels, en pierre, est large de plus de 6 m et haute de 5 m, la moitié centrale forme un ressaut de plus de 1,50 m de large sur 3 m de long. Elle est décorée de bandeaux plats et de deux frises, hautes tout au plus de 40 cm et placées à 1,60 m et 3,30 m environ, représentant des disques de la Loi alternant avec des protomes d’éléphants agenouillés (frise inférieure) ou des motifs floraux en saillie (frise supérieure). Deux petites frises supplémentaires en saillie légère, formées l’une de gnomes (en haut) l’autre d’oies sacrées (en bas), ornent la partie comprise entre la grande frise supérieure et le sommet de cette partie. De chaque côté de celle-ci, encastré dans la bande inférieure du soubassement du stūpa, se dresse un pilier monolithique carré de 5 m de haut et 50 cm de large, décoré de bas-reliefs très plats représentant divers motifs floraux et animaux (éléphants, oiseaux, etc.) et, dans la partie supérieure, le vase de lotus. Chacun de ces piliers est surmonté d’une petite statue d’animal, la même de chaque côté de chaque autel, mais qui varie avec les directions cardinales : éléphant, taureau, cheval ou lion. Il ne semble du reste pas que chacun de ces animaux soit lié à l’une de ces directions, mais que cette répartition varie avec les stūpa. La partie supérieure de l’autel, en briques et toujours fort endommagée, représentait un petit pavillon, large de 3 m et haut de plus de 4 m, flanqué de deux autres plus petits au moins de moitié, tous trois présentant quelques niches abritant des statues. Chacun de ces quatre autels marquait un endroit où les fidèles devaient faire station lors de leur pradakṣiṇa autour du stūpa, réciter quelque gātthā et déposer une offrande de fleurs. A cet effet, à quelques pas devant chacun de ces autels, on trouve une table d’offrande monolithique (malāsana), haute et large d’un bon mètre et longue de 2 à 4 m. Devant celle-ci, on rencontre aussi souvent une petite dalle sur laquelle sont gravées les traces de deux pieds tournés vers le stūpa et ornés en leur milieu de la roue de la Loi (pādapīṭhikā). Certains de ces vahalkaḍa contenaient des reliques, tout comme le stupa dont ils faisaient partie.2
20Le nombre des stations que comportait la circumambulation des fidèles pouvait être porté à huit ou même seize.3 Les endroits où elles devaient avoir lieu étaient marqués généralement par ces pādapīṭhikā. Au stūpa dit Rankot Vehera de Polonnaruwa, ils sont désignés de façon plus évidente par de petites chapelles carrées, larges de 3 m tout au plus et hautes d’autant, contenant chacune une statue du Buddha destinée à rappeler au fidèle la présence du Maître, par ses reliques, à l’intérieur du stūpa. 2
21Le stūpa n’est, en effet, qu’un reliquaire monumental. Au centre de sa masse, comme l’ont souvent montré les fouilles, il y a une chambre à reliques de plan carré, orienté, plus ou moins complexe, mais de dimensions assez réduites. Le sol en est divisé en 9 (3X3) ou 25 (5X5) cases à peu près cubiques contenant des objets divers : pièces de monnaie et d’orfèvrerie, joyaux, coquillages, etc., la case centrale contenant les reliques, qui se présentent généralement sous la forme de minuscules billes d’os poli.
22Certains stūpa très vénérés étaient pourtant de dimensions très modestes, comme le Thūpārāma d’Anurādhapura et l’Ambatthala de Mihintale, qui ne dépassent guère 10 m en hauteur. Sans doute pour abriter les fidèles des intempéries pendant leur circumambulation, on eut l’idée de recouvrir la plateforme circulaire entourant ces monuments d’un toit en matériaux légers reposant sur deux ou trois rangées circulaires de piliers de pierre, hauts de 3 à 5 m, qui sont demeurés en place.
23On a retrouvé en plusieurs endroits, notamment à Polonnaruwa (le Vata-da-ge) et à Madigiriya, des monuments anciens, qui semblent dériver des petits stupa précédents. Tout d’abord, la terrasse circulaire est à la fois plus réduite mais surtout plus élevée que dans les grands stūpa, et c’est ce que l’on remarque déjà au Thūpārāma. Au Vata-da-ge, elle est entourée d’une autre terrasse circulaire, plus basse et légèrement surélevée par rapport au sol. A Madigiriya, celle-ci est absente. Les trois bandes concentriques que l’on rencontre dans tous les stūpa sont inférieures à la terrasse supérieure ou plutôt il semble que celle-ci soit formée par le sommet de la bande supérieure très élargie. En retrait de 1 à 3 m du bord de la terrasse supérieure, il y a un parapet interrompu aux quatre points cardinaux et dans lequel est encastrée une rangée de piliers hauts de 2,50 m à 3 m. A 1 m environ de l’intérieur, à Madigiriya, ce parapet est doublé d’un autre, similaire et concentrique, portant une seconde rangée de piliers hauts de plus de 4m. Au Vata-da-ge, ce parapet est remplacé par un mur plein en brique, haut lui aussi de plus de 4m et doublé, à l’intérieur, d’une rangée de piliers. Il ne fait pas de doute que ces piliers et ces murs devaient supporter un toit en matériaux légers, qui a disparu. Au centre de la terrasse, on trouve un petit stūpa haut de 2 ou 3 m (mais qui devait être plus haut à l’origine) entouré de deux banquettes circulaires larges de moins d’un mètre. Sur la banquette inférieure à Madigiriya, sur des socles placés tout près au Vata-da-ge, face aux quatre points cardinaux, sont dressées quatre statues identiques en pierre, représentant le Buddha assis et de même, face aux directions intermédiaires, quatre statues semblables, plus petites de moitié. Au Vata-da-ge, quatre excaliers, faisant face aux points cardinaux, permettent d’accéder de la terrasse inférieure à la terrasse supérieure et un portail monumental, placé au Nord, livre accès à la terrasse inférieure. A Madigiriya, il n’y a qu’un grand escalier avec portail, orienté lui aussi au Nord. Ajoutons que, dans l’un et l’autre cas, dans le même axe et à quelques mètres au Nord, on rencontre, à Madigiriya, un stūpa de bonne taille et au Vatada-ge un sanctuaire orienté au Sud, en l’espèce le Hata-da-ge.
24Le petit stūpa de Gaḍalādenīya est entouré d’une petite enceinte de pierre haute de 2,50 m, en forme de tau. La tête de celui-ci faisant face à l’Ouest porte un bas-relief représentant le Buddha assis, et les trois branches du tau sont constituées par de minuscules chapelles renfermant chacune une statue du Buddha. Le stūpa lui-même est abrité par un petit toit pyramidal, en tuiles, reposant sur quatre colonnes, mais ce dernier trait doit être tardif.
25Il faut signaler enfin un type de stūpa très particulier et aussi très rare, construit sur plan carré, comme le fameux Satmahal Pāsāda de Polonnaruwa et le Nakhā Vehera d’Anurādhapura. Leurs dimensions sont modestes : 10 m de côté et 20 m de hauteur, du moins pour le premier, beaucoup mieux conservé que le second dont il ne reste plus guère que l’étage inférieur.
26Le Satmahal Pasada a la forme d’une tour carrée à sept étages en léger retrait les uns sur les autres et construite en briques recouvertes de stuc, de même que le Nakhā Vehera. Le centre de chaque côté comporte une niche peu profonde qui abrite encore parfois les restes d’un personnage en bas-relief. Une volée d’escalier est accolée au côté ouest de l’étage inférieur dont les niches, plus profondes, semblent avoir formé des chapelles. Notons, détail étonnant, que le Nakhā Vehera est entouré de huit pierres dressées du type des bornes de sīmā. Il ne peut pourtant s’agir ici d’un uposathāgārā puisque la masse de briques est pleine et ne comporte aucune trace d’escalier.
3) Les salles de réunion
27Comme nous l’avons vu plus haut, le plan type du monastère ancien comporte quatre files de cellules réunies en carré autour d’une cour dont le centre est occupé par une salle à piliers complétée parfois aux quatre angles par quatre autres salles plus petites. Ce sont ces salles que nous allons examiner maintenant.
28Lorsqu’il n’y a qu’une salle, celle-ci est vaste et ne laisse entre elle et les files de cellules qu’un couloir large de 2 à 3 m qui devait sans doute servir de déambulatoire (caṅkamana). Quand il y a cinq salles, la cour est généralement plus grande et la salle centrale est plus vaste que les quatre autres. En tous cas, ces diverses salles, comme les files de cellules qui les entourent, sont construites sur un soubassement de briques dont la hauteur va de 40 cm le plus souvent à 1 m dans certains cas (Baddhasīmā Pāsāda de Polonnaruwa). Il en est du reste ainsi pour tous les bâtiments, temples, salles de réunion, cellules, etc. aussi bien aujourd’hui qu’aux temps anciens, mais ici cela a pour conséquence de laisser la cour ou le déambulatoire, formés de terre battue, à un niveau inférieur et de nécessiter l’emploi de petits escaliers pour accéder aux diverses salles. Chacun de ces escaliers débute par une pierre de seuil semi-circulaire ornée de belles frises à motifs végétaux et animaux (oies sacrées, éléphants, chevaux, etc.), et est parfois flanqué d’échiffres en forme de monstres et de stèles portant, en bas-relief, l’image d’un dvārapāla. La salle centrale peut comporter quatre escaliers, un au milieu de chacun des côtés, mais le plus souvent elle n’en a qu’un, dirigé vers l’entrée du monastère. Quant aux petites salles placées dans les quatre angles de la cour, elles n’en ont jamais qu’un seul, face au grand axe du monastère. Parfois, l’escalier se raccorde à la terrasse du soubassement par un ressaut plus ou moins important de celle-ci et, dans quelques cas, lorsqu’il y a quatre escaliers, le plan de la salle est presque cruciforme.
29Ces salles ont très généralement une forme carrée, mais parfois elles ont un plan légèrement rectangulaire (monastère B d’Anurādhapura), qui correspond à celui de la cour elle-même. Mis à part le Baddhasīmā Pāsāda dont le plan complexe sera examiné en détail plus loin, on ne trouve dans ces salles que les restes d’une, parfois deux ou trois rangées de piliers monolithiques à base carrée. Ces rangées sont généralement concentriques, mais dans quelques cas il y a une rangée sur tout le pourtour et une ou deux rangées perpendiculaires à l’axe de l’escalier. Comme on ne trouve aucune trace de murs sur le soubassement, on peut en conclure qu’il s’agit de pavillons ouverts à tous vents, recouverts sans doute d’un toit en matériaux légers et analogues à ceux que l’on rencontre fréquemment, bien conservés, dans les grands temples hindous de l’Inde du Sud. Les moines pouvaient s’y réunir, à l’abri des intempéries mais aussi des distractions du dehors, pour régler les affaires de la communauté, célébrer l’uposatha, prêcher, enseigner et méditer. Extrêmement rares sont ceux qui contiennent des traces de bases de statues, comme au soi-disant Palais de la Reine, d’Anurādhapura. Dans ce dernier cas en effet, le pavillon central et le pavillon secondaire du Nord-Est ont abrité des statues et donc servi de lieu de culte.
30Le Baddhasïma Pāsāda qui date du XIIe°siècle, semble représenter l’apogée du développement du pavillon central, par sa mise en évidence au sommet de la vaste pyramide sur les flancs de laquelle se répartissent les autres bâtiments du monastère, par ses dimensions et par sa complexité. Il mesure environ 30 m de côté et est séparé des files de cellules qui l’entourent par un couloir large d’une dizaine de mètres. Dans celui-ci sont régulièrement disposées trois rangées concentriques de bornes de sīmā, d’autant plus hautes et ornées qu’elles sont proches du centre. Ceci montre bien que ce pavillon servait d’uposathāgārā. Un petit escalier de quatre marches précédées d’une pierre de seuil semi-circulaire donne accès au milieu de chaque côté. Sur tout le pourtour de la terrasse sont construites des pièces de dimensions modestes (de 2,50 m à 5 m) aux murs bien conservés, pourvues de plusieurs fenêtres donnant les unes sur l’extérieur, les autres sur l’intérieur. Les pièces d’angle, les plus vastes, affleurent au bord de la terrasse, mais les autres en sont séparées par une véranda large d’un bon mètre tandis que le bord est occupé par une file de quatorze piliers sur chaque côté. Dans la pièce d’angle sud-ouest subsiste une volée d’escalier, ce qui prouve que l’édifice comportait des étages ou au moins une terrasse. Le centre forme un hall carré d’environ 20 m de côté occupé par cinq rangées concentriques de piliers dont les deux du milieu sont érigés sur les deux plateformes centrales. Celles-ci, de forme carrée, mesurent l’une 7 m et l’autre 4 m approximativement. La plateforme inférieure, la plus large, est haute de 40 cm et l’autre de 80 cm au dessus de la terrasse du pavillon. Elles semblent taillées dans le roc qui affleurait à cet endroit.
31Le célèbre Lohapāsāda d’Anurādhapura était l’uposathāgāra du Mahāvihāra et il comportait neuf étages. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une dense forêt de piliers dont l’examen nous apprend bien peu de choses.
4) Les bâtiments résidentiels
32A Ceylan comme dans l’Inde, les moines antiques ont commencé par résider dans des huttes de feuillage, dont le nom, paṇṇasālā, sert encore aujourd’hui à désigner les habitations monastiques modernes bien que celles-ci soient construites en matériaux durs et soient assez confortables. De ces antiques résidences, il ne reste évidemment que le souvenir. Comme dans l’Inde également, les premiers bhikkhu de Ceylan ont souvent habité dans des cavernes dont la structure du terrain offrait de nombreux spécimens. Généralement, elles étaient plus ou moins aménagées, et creusées par endroits, complétées par des murs de briques, etc. Les plus célèbres sont celles de Mihintale, qui ont servi de résidence aux premiers missionnaires bouddhiques, mais il en est bien d’autres qui sont devenus des lieux de pélerinage.
33Les anciennes résidences en briques ont laissé d’innombrables ruines sur tout le territoire, et seule une petite partie en a jusqu’ici été dégagée et étudiée à fond par les archéologues. Rien qu’à Anuradhapura, elles couvrent des kilomètres carrés et se signalent par les centaines de piliers de pierre qui hérissent le sol sur leur emplacement.
34Ainsi que nous l’avons vu plus haut, les cellules étaient disposées en quatre files formant un carré autour de la cour centrale au milieu de laquelle s’élevait la salle de réunion. Chacune mesurait de deux à trois mètres de côté et n’avait qu’une porte, ouvrant face à la cour intérieure. Dans certaines d’entre elles, on reconnaît la banquette de terre ou de brique, haute de 20 cm, large de 50 cm et occupant tout un côté, qui servait à la fois de siège et de couche. Comme tous les bâtiments, ces files de cellules sont construites sur un soubassement de briques de 30 à 50 cm de haut, un peu plus large et long que celles-ci. De leurs murs, larges de 30 cm en moyenne, il ne reste que la base, en briques, qui ne dépasse guère 30 à 40 cm en hauteur.
35Dans certains cas, notamment au monastère B d’Anurādh apura et au monastère mahāyāniste de Mihintale, on ne trouve aucune trace de cellules autour de la cour centrale, mais le reste du plan de ces monastères diffère également du plan type défini plus haut.
36Certains édifices devaient servir de réfectoire car on y a trouvé d’immenses auges monolithiques, longues de 15 m et plus, que l’on remplissait du riz bouilli destiné au repas des moines. Ces réfectoires étaient de vastes bâtiments rectangulaires dont le plan, encore mal défini, est assez complexe.
37Dans l’enceinte de certains monastères étaient creusés des bassins rectangulaires entourés de degrés en pierre, et qui servaient peut-être aux ablutions des moines (monastère mahāyāniste de Mihintale). Quelquefois, il n’en reste que des mares assez profondes, comme au monastère B d’Anurādhapura. Dans ce dernier, on a retrouvé aussi des salles de bains. Ce sont des pièces de dimensions assez réduites dans le sol desquelles sont insérées deux dalles creusées en forme de coupes, larges de 70 cm environ, profondes de 20 cm, avec un léger rebord, et qui devaient servir de tubs. D’autres pièces exigües, étaient manifestement des latrines, au sol formé d’une dalle ouvragée et percée.
38A ces divers bâtiments résidentiels, il faudrait sans doute ajouter un certain nombre de ces édifices indéterminés que l’on rencontre dans l’enceinte des ruines des anciens monastères, et qui ont pu servir de cellules, de magasins, de salles de cours ou de méditation, etc.
5) Les ermitages
39Construits sans doute, pour la plupart, en matériaux légers, les ermitages anciens ont rarement laissé des vestiges. Pourtant, divers groupes de bâtiments trouvés dans la partie ouest d’Anurādhapura et désignés sous le nom de Tapovana, “bois de l’ascèse” étaient des ermitages. Enfermés dans des enceintes rectangulaires orientées, ils sont constitués par des groupes de plateformes de dimensions et de hauteurs variées, les unes nues, les autres certainement surmontées d’un pavillon car les piliers en ont subsisté, et séparées par des fossés assez profonds. On n’y trouve aucune décoration, sauf dans les latrines dont les dalles sont luxueusement ornées, sans doute pour manifester le peu de cas que les ermites faisaient des beautés, richesses et agréments de la vie mondaine.
6) Les hôpitaux
40Les hôpitaux monastiques, dont on a retrouvé des restes à Mihintale, à Anurādhapura et à Madigiriya, ne différaient en rien des monastères. Ils étaient constitués par quatre files de cellules disposées en carré autour d’une cour dont la plus grande partie était occupée par un pavillon à piliers. A côté de cet ensemble classique, on trouve encore d’autres édifices indéterminés, cours, salles diverses, porches, qui devaient former les communs. Dans chacun des trois hôpitaux ainsi découverts, on a trouvé une cuve en pierre, ayant la forme d’un sarcophage, et qui servait à donner des bains médicinaux à certains malades.
Notes de bas de page
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La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012