Les instruments à vent
p. 28-31
Texte intégral
1Le sra laï ou pi naï (autrefois pi chanaï)
2Le sra laï est un hautbois, fait d’un bois massif assez lourd, auquel s’adaptent une mince embouchure de métal et une anche de roseau.
3Le nom indien du haubois est sahnaï ou nâga-svaram. C’est un instrument très ancien répandu dans toute l’Inde et le MoyenOrient et qui s’appelait déjà naï chez les Sumériens. Il en existe des représentations à Angkor Vat. Il n’y a aucun doute que le mot sra laï soit le sahnaï Indien. Naï est le nom persan, pi le mot chinois pour tuyau. Suivant sa taille cet instrument est appelé au Siam pi naï (grand), pi klang (moyen), Pi nork (petit). Un plus petit hautbois, très répandu dans la musique populaire du Cambodge, s’appelle paï ah.
4Un hautbois, plus classique de forme, et presque identique au sahnaï indien est appelé sra laï au Siam, pei au Cambodge. Selon sa taille on distingue un pei toch aigu et un pei thom grave. C’est le surna tibétain, le hné Birman.
Le Khouy
5Le khouy laotien est une flûte droite de bambou à sept trous, au son très pur.
6Cette flûte s’appelle au Cambodge khloy toch (aigu) et khloy thom (grave). Au Siam c’est le khouy pen ah (grave) et khouy lip (aigu). C’est le Pillu i birman.
7Le shaing (shringa Indien) est une corne classique qui existe aujourd’hui au Cambodge et dont il y a de nombreuses representations à Angkor Vat.
Le Khène Laotien
8L’instrument caractéristique de la musique du Laos est le khène, un petit orgue a bouche fait de deux rangs de tuyaux de bambou portant des anches libres de métal et montés sur un réservoir de bois dans lequel souffle le musicien. Un trou latéral dans chaque flûte permet d’en interrompre le son. Les Khènes sont de diverses tailles, graves ou aigus. Certains peuvent être fort grands (3m).
9Le musicien, aspirant par le nez et faisant de sa bouche un réservoir d’air, arrive à donner au khène un son ininterrompu, comme cela se pratique aussi sur la double flûte indienne.
10Le khène n’existe au Cambodge et au Siam que chez les populations laotiennes. En tous cas il est partout mentionné comme un instrument laotien. C’est un instrument essentiellement polyphonique. Il se joue souvent seul, mais sert aussi pour accompagner le chant. Il forme une catégorie à part dans la musique de l’Indochine. On utilise parfois au Laos des khènes dans l’orchestre Seb noï (ou Mohori) qui accompagne les chanteurs.
11La musique de khène est toujours une polyphonie modale reposant sur une tonique fixe comme c’est le cas pour la cornemuse écossaise ou la double-flûte indienne. La gamme est à sept tons formant le diatonique classique, le Madhyama-grâma des Hindous, mais les deux rangs de tuyaux sont souvent accordés à un demi-ton d’intervalle et permettent donc de jouer toutes les gammes.
12Les musiciens ont toujours plusieurs khènes de tailles différentes, leur permettant de prendre une tonique adaptée à la voix des chanteurs. La taille des khènes varie de 1 m. à 3 m. environ.
13Il existe trois variétés de khène à 6, 14, ou 16 tuyaux. Le joueur de khène est appelé mo-khen.
14Le khène est visiblement apparenté au cheng chinois (le sho japonais) et phonétiquement les deux noms (khène et cheng) sont identiques.
15Le cheng toutefois diffère du khène par sa forme, étant circulaire au lieu de rectangulaire. Il est aussi accordé sur une autre échelle. L’origine extrêmement ancienne de cet instrument semble se situer dans le Sud-Est asiatique, dans la région de l’actuel Laos.
16Etant donné la popularité du khène dans tout le Laos et l’absence d’autres influences musicales dans le pays il y a de fortes raisons de penser que le khène est un instrument autochtone du Laos imité par les Chinois.
17Il ne semble pas qu’il existe de khène clans la sculpture khmère où se rencontre seulement la flûte double indienne qui lui ressemble beaucoup musicalement. On trouve toutefois des instruments du type cheng dans la sculpture du Barabudur (9e siècle) à Java ; et il existe un khène primitif le labou dans l'île de Célèbes, d’autres dans le Nord de la Birmanie.
18Le khène est décrit dans le Souei Chou comme un instrument typique du Founan, qui couvrait la partie méridionale du Cambodge et du Sud Viet Nam jusqu’au milieu du sixième siècle ap. J. C.
19L’invention de l’anche libre est liée à celle du khène. Selon Curt Sachs (History of Musical instruments, p. 182) c’est après avoir étudié un cheng chinois à St. Pétersbourg qu’un physicien danois suggéra l'introduction de l’anche libre dans l’orgue et cette découverte fut suivie au 18e siècle de l’invention de l’harmonium, de l'accordéon et de l’harmonica.
20Les petits bambous qui forment les tuyaux du khène sont de même diamètre mais de longueurs diverses. Ils sont placés sur deux rangs comme deux grandes flûtes-de-Pan juxtaposées. Ces bambous sont assemblés à l’aide de deux demi-calebasses fixées avec de la cire et laissant une ouverture d’où sort une petite embouchure. Des trous sont ménagés dans chaque bambou de manière à ce que les doigts puissent aisément les obturer lorsque les deux paumes des mains serrent les calebasses. Des anches, autrefois de bambou, aujourd’hui de métal, sont placées à la partie supérieure de chaque bambou.
21Le khène est appelé phène au Siam. C’est l’ancien sanh hoang vietnamien, appelé en Chine tché, sinh ou thô.
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