Les instruments à percussion mélodiques
p. 23-28
Texte intégral
Le Khong
1Le khong, ou jeu de gongs, est formé d’une série de petits gongs de bronze (généralement seize) suspendus horizontalement sur un cadre circulaire en rotin. Le diamètre des gongs varie de 12 à 16 cm.
2On en joue avec des maillets de bois dont la tête est entourée de cuir d’éléphant.
3Le khong vong est presque toujours du même modèle mais de deux tailles, l’un grave appelé khong thom et l’autre aigu, le khong toch.
4L’étendue du khong thom est généralement :
5celle du khong toch :
6Le khong joue un rôle très important. C’est un des instruments de base de l’orchestre cambodgien et laotien. Il en existe plusieurs représentations dans les bas-reliefs d’Angkor Vat (12e siècle). Il n’existe pas d’instrument de ce type en métal dans l’Inde1 mais des instruments conçus sur le même principe ont été connus très tôt. Le commentaire du Kâma-sûtra par Yashodhara (13e siècle) mentionne les jeux de bols de diverses tailles remplis d’eau, frappés avec des baguettes, et qui sont appelés udaka-vâdya. Cet instrument est aussi mentionné dans le Shukra-nîtisâra.
7Un autre intrument indien du même type est fait de petits tambours de tailles diverses.
8Il semble donc que, bien que l’Inde ait connu divers instruments de ce genre, l’idée d’en construire un avec de petits gongs soit bien khmère — les jeux de gongs ayant toujours joué un rôle important chez les populations de l’Indochine.
9Un ancien instrument siamois, le pat khong, était fait de petites coupes de métal renversées sur des supports.
10Le khong est appelé gong vong ou khong vong au Siam et au Laos, pon gang à Java.
11Le khong aigu s’appelle gong vong let au Siam, kong noï au Laos. Le Khong grave gong vong yaï au Siam, khong nhaï au Laos.
12Le gong houï, jeu de trois gongs qui sert dans la musique du Râmâyana à Bangkok, est un ancien instrument khmer dont il existe des représentations à Angkor Vat. Je n’en ai point rencontré au Cambodge ni au Laos où il a dû pourtant exister aussi.
13Une autre forme du gong houï, qui n’est plus aujourd’hui en usage qu’au Siam, comporte une série de grands gongs suspendus en cercle.
14Les grands jeux de gongs jouent un rôle très important dans la vie des tribus du Nord du Laos et constituent une des possessions les plus estimées des villages. On en joue dans toutes les cérémonies rituelles et pour les fêtes.
15D’après la tradition chinoise ce sont ces populations qui inventèrent le gong vers le 5e ou le 6e siècle.
16Les gongs ont toujours joué un rôle important dans la musique du Cambodge depuis leur invention (vers le 6e siècle). Il existe un grand nombre de représentations de grands gongs portés par deux hommes et frappés par un troisième dans les bas reliefs d’Angkor.
17Aujourd’hui il y a des gongs dans beaucoup d’orchestres. Ils sont de deux types. La plaque de cuivre au son clair que l’on frappe avec un marteau est identique au gong rituel indien. L’autre gong, au centre renflé et aux bords incurvés, est pareil au gong chinois. Il donne un son grave et vibrant.
18Au Siam le gong Chinois s’appelle gong mong.
Les cymbales
19Les tching sont de petites cymbales au son très clair identiques aux tâla indiennes et servant, comme dans l’Inde, à guider les danseurs et les musiciens. On les apelle sing au Laos, sing en Chine, tching et parfois tchung au Cambodge et au Siam. Il en existe de nombreuses représentations dans la sculpture d’Angkor.
20De plus grosses cymbales servent aussi dans l’orchestre Pi phat de Bangkok. On les appelle charb lek et charh yaï.
21Le nom de tching est parfois aussi donné à des baguettes de bois frappées l'une contre l’autre.
Le Rang nat
22Les xylophones du type rang nat sont formés de lamelles de bambou ou de bois de longueurs et d’épaisseurs variables suspendues sur deux cordelettes au-dessus d’une caisse de résonance en bois incurvé.
23Les lamelles sont frappées à l’aide de baguettes de bois dont la tête est entourée de cuir. On accorde l’instrument en alourdissant les lamelles avec de la poix mélangée de bitume.
24Cet instrument est appelé kinnarî dans le Bengale où il se rencontrait fréquemment au 19e siècle. Une autre forme de la kinnarî indienne, rare aujourd’hui, était un instrument à cordes (une vinâ à trois courges).
25Il semble bien que, sous sa forme actuelle, le xylophone soit venu en Inde de Birmanie. Plusieurs ouvrages sanscrits mentionnent toutefois une raghunâtha-vînâ dont le nom rappelle celui de l’instrument cambodgien.
26Dans l’orchestre on trouve presque toujours deux rang nat l’un grave, l’autre aigu.
27Le rang nat aigu s’appelle ronéat ek à Phnom Penh, ranad ek au Siam, ro nad au Nord du Cambodge ; rang nat ou nang nat au Laos. C’est le tchalung de Java, le potala birman. En Chine, où il fut introduit par l’orchestre birman, on l’appelle pâ-tâ-lâ. Les touches sont en bambou.
28Le rang nat grave s’appelle ronéat thom au Cambodge, ranad thom au Siam. Ses touches sont en bois dur.
29A Phnom Penh on distingue deux variétés de ronéat thom, le ronéat thom toch, et le ronéat thom thom.
30L’amplitude du ronéat ek est :
31celle du ronéat thom :
Le Rang nat thong
32Le rang nat thong est un xylophone rectangulaire, souvent monté sur des pieds à roulettes. Les touches du clavier sont en bois dur. Son amplitude est la même que celle du ronéat thom.
Le Roneat dek
33Dans le ronéat dek cambodgien, ou ranad lek siamois, les touches sont en métal, la forme de l’instrument se rapproche beaucoup de celle du rang nat thong.
34Suivant la hauteur du son, cet instrument s’appelle ranad ek lek (ronéat ek dek) ou ranad thom lek (ronéat thom dek).
Notes de bas de page
1 Le Gong d’après les sources chinoises est l’invention de populations situées entre la Birmanie et le Laos. Il est mentionné pour la première fois en Chine au Ce siècle. Le premier jeu de gongs javanais connu date du 9e.
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