Les instruments à cordes
p. 19-23
Texte intégral
Instruments à archet
1Les instruments à archet sont généralement appelés « sô » au Laos et au Thaïlande et « tro » au Cambodge et en Birmanie. Sô est un nom d’origine chinoise, tro passe pour le nom Cambodgien.
2Le tro birman, qui ressemble à un violon européen et qui apparaît dans la sculpture de Tanjore dans l’Inde au 10e siècle, n’existe pas aujourd’hui au Laos ni au Cambodge. Il est remplacé par le tro khmer, plus allongé, et les sô.
3Le tro khmer ou tro Cambodgien est appelé rabab à Java. C'est un instrument à cordes fait d’un long manche cylindrique et d’une petite caisse de résonance ovale sur laquelle est tendue une peau de chèvre. L’instrument se termine vers le bas par une longue pointe qui repose sur le sol un peu comme un violoncelle.
4Cet instrument est utilisé dans l’orchestre Mohori et aussi dans les orchestres à cordes et les orchestres populaires. Presque identique au rabab arabe, il n’a pas d’équivalent dans l’Inde et n’est pas représenté dans la sculpture ancienne du Cambodge.
Les sô
5Le sô du Laos et du Cambodge est un instrument à deux cordes (accordées en quinte). L’archet de crin, glissé entre les cordes, les fait résonner simultanément.
6Le sô u est formé d’un long manche en bois travaillé et d’un résonateur fait d’une noix de coco fermée par une plaque de bois sur laquelle repose le chevalet. Les deux cordes sont rapprochées du manche, vers le haut, par une ligature de boyau ou de soie. L’archet est glissé entre les deux cordes. Cet instrument est appelé sen hwô ou hou khîm en Chine, où il était originellement un instrument de l'orchestre mongol. On l’appelle sô o ou sô u au Laos, sô u au Siam, tro u au Cambodge. Il est considéré à Java comme un instrument chinois, mais il existe un monocorde à archet presque identique à Bornéo.
7Dans l’Inde cet instrument s’appelle ravanâstra ou râvana-hastaka dans le Nord, trâvanâttam en pays tamoul. Il est mentionné dans le Basava-purâna et le Pânditârâdhya-carita (14ème siècle). Le Râvani mentionné dans le Samgîta makaranda, un très ancien ouvrage, est probablement le même instrument. De nos jours le râvanâstra est joué surtout par les ascètes errants au Gujerat, en Orissa et dans l’Inde du Sud.
8Le sô i, plus petit que le précédent, a pour résonateur un petit cylindre de bois recouvert d’une peau de python sur laquelle repose le chevalet. Les deux cordes sont accordées en quinte. Cet instrument est appelé thî khîn en Chine, où il était originellement un instrument de l’orchestre mongol. Il est considéré à Java comme un instrument chinois. Il s’appelle sô luang au Siam ; sô i au Laos ; tro sô ou tro chai au Cambodge ; chai nhi au Viet Nam.
9Le sô i s’appelle amrta dans l’Inde. On confond souvent le ravanâstra et l’amrta, les deux noms servant tantôt pour l’un tantôt pour l’autre instrument.
10Le sô bang du Laos est un sô rustique fait d’un tube de bambou monté sur un manche.
Instruments à cordes pincées
11Le ta khé, qui est appelé tchaké ou garaté (crocodile) au Siam, est une guitare horizontale à trois cordes de grandes dimensions montée sur des pieds d’ivoire. Les deux cordes aiguës sont en boyau, la corde grave en laiton. Les cordes sont accordées en quinte et octave.
12Le chevalet est allongé, avec une légère courbure sous les cordes, comme dans la tanpurâ indienne, ce qui donne un son riche et soutenu.
13Le ta khé sert dans l’orchestre Mohori, dans l’orchestre à cordes et comme accompagnement pour le chant.
14Le magyaun (Sanskrit makara, Hindi magar, crocodile) de Birmanie est un instrument similaire mais dont la caisse est ornée en forme de crocodile. En Chine le ta khé, appelé crocodile, est considéré comme un instrument birman.
15Le ta khé est apparenté à l’ancienne kacchapî (tortue) indienne que le Nâtya-shâstra décrit comme une variété de dâravî. C’est de la kacchapî que sont probablement dérivés les larges sitar du Bengale et la grande vînâ du Sud de l’Inde.
16Il semble fort probable que le ta khé cambodgien, comme le crocodile thai ou birman, soit un instrument d’origine indienne.
17Au Siam on appelle kacchapî de petites guitares de diverses tailles à quatre cordes (doublées). Cet instrument ressemble au tha ké mais en beaucoup plus petit.
18Le ketchapi javanais est aussi un instrument horizontal mais à six cordes.
19Le châ peï est l’instrument à cordes le plus répandu et le plus caractéristique du Cambodge. C’est une très·longue guitare à deux cordes, au manche mince et recourbé. Dans le châ peï thom (châ peï grave) les cordes sont doublées. Le châ peï a souvent plus de 1 m 50 de long ; les touches donnent deux octaves.
20Le châ peï sert dans l’orchestre Mohori, dans l’orchestre à cordes et dans les orchestres populaires. Cet instrument, n’existe pas dans l’Inde mais ressemble au guenibri Nord-Africain.
21Le châ peï toch est un plus petit instrument, identique au cai dan nguyet viètnamien. Il a quatre cordes, accordées deux par deux, formant une quinte. Il est presque partout aujourd’hui remplacé par la guitare (qui a presque exactement le même son) ou le banjo.
22Cet instrument n’a pas d’équivalent dans l’Inde mais est plus allongé que l'instrument chinois correspondant.
23Le sâ deo (sô do ou sa diou) ou monocorde est un instrument très ancien, apparenté à la vînâ indienne. On en trouve des représentations à Angkor Vat (première moitié du 12e siècle).
24Le sâ deo est fait d’un manche droit ou courbé. La corde surélevée aux deux bouts est rapprochée du manche par une ligature de soie. Une demie courge sert de résonateur et s’applique sur le ventre du musicien. Les sons sont plus ou moins étouffés selon que la courge est plus ou moins pressée contre le ventre.
25Des instruments plus complexes, semblables à la vînâ indienne, faits d’un bambou, portant des frettes, et d’une gourde, sont représentés dans la sculpture khmère comme dans celle du Barabudur. Ces instruments n’existent plus aujourd’hui.
La Harpe
26Deux types de harpe sont représentés dans la sculpture d’Angkor, la harpe angulaire et la harpe arrondie. Cette dernière existe encore en Birmanie mais dans aucun autre pays du Sud-Est Asiatique.
27Les deux types de harpe communs dans l’Inde ancienne y sont représentés dans la sculpture depuis le 2e siècle av. J. C. Ils étaient répandus aussi dans le Moyen-Orient et l’Asie Centrale et sont très probablement un apport indien dans la civilisation khmère.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012