Problèmes de la musique cambodgienne
p. 17-19
Texte intégral
1La musique khmère ne s’est jamais perdue au Cambodge. Cela est rendu évident par le fait que dans chaque village on en retrouve aujourd’hui les orchestres et les instruments caractéristiques.
2La musique du Palais par contre aurait été perdue et reconstituée assez récemment sur le modèle de la (musique siamoise. Ceci n’a d’ailleurs qu’une importance relative, la musique de la cour du Siam n’est en rien thai par son origine et ne présente aucune différence notable avec la musique savante du Cambodge. Les Siamois, plus prospères, ont seulement été à l’occasion de meilleurs gardiens de la tradition musicale khmère.
3La musique savante du Cambodge a tendance à se modifier sous deux influences, l’une est la tendance pentatonique chinoise qui laisse entièrement de côté dans les mélodies le quatrième et le septième degrés de la gamme mais n’en change pas autrement la structure. Une superstition populaire veut que seul le pentaphone ait eu l’approbation de Confucius et du Bouddha. Il existe d’ailleurs une croyance similaire dans l’Inde sur le rapport des gammes pentatoniques et de Shiva.
4Le plus grand danger pour la musique Cambodgienne vient de l’influence européenne. Des chefs d’harmonie de la marine ou de l’armée et d’autres amateurs de musique qui n’avaient jamais entendu parler de l’heptaphone tempéré ont été chargés d'enseigner le solfège aux musiciens du Palais et de leur apprendre à noter les mélodies et les formes orchestrales, comme s’il était possible de noter l’heptaphone tempéré en termes du dodécaphone.
5Le résultat est que l’on a changé l’accord des instruments qui au Palais de Phnom Penh, est aujourd’hui à peu près diatonique, ce qui donne à la musique traditionnelle une vulgarité et une dureté souvent choquantes.
6De plus dans cette nouvelle gamme de petits motifs entendus au cinéma ou à la radio s’introduisent facilement et on arrive rapidement à un hybride qui rappelle la musique des films indiens. Des « améliorations » ont été apportées aussi dans la composition des œuvres musicales. On y a introduit du réalisme imitatif et des formes de composition imitées de la symphonie (solos de flûte, changements de rythme, etc.).
7L’orchestre royal de Luang Prabang est beaucoup mieux préservé que celui de Phnom Penh, bien que les musiciens soient moins nombreux. A Vientiane, par contre, la musique laotienne semble déjà très affectée par des influences étrangères.
8La principale difficulté vient du manque de musicologues, aussi bien nationaux qu’étrangers, capables de discerner les caractères essentiels des systèmes de musique locaux. Les musiciens sont de petits employés qui, en dehors de l’enseignement oral traditionnel, ne possèdent ni une éducation ni une position sociale suffisantes pour leur permettre de réagir.
9Les efforts très louables faits par les gouvernements pour protéger et encourager la musique nationale échouent, comme presque partout en Orient, parce que les personnalités choisies pour diriger les écoles nouvelles de musique et les orchestres n’ont pas de formation suffisante. Ils s’inspirent donc le mieux qu’ils peuvent des méthodes d'enseignement, de notation, de composition européennes qu’ils croient pouvoir adapter aux besoins de leurs enseignement musical. Les résultats sont désolants.
10Les conseils les mieux intentionnés donnés dans le passé par des amateurs de musique étrangers, les remarques et les questions de musiciens de passage ont aussi des résultats désastreux.
11La musique du Cambodge et du Laos, bien qu’aujourd’hui paralysée dans son développement et en voie de désintégration, représente une forme très ancienne et très importante de la musique Euro-Asiatique. Il serait extrêmement regrettable de la voir disparaître par suite d’une série de malentendus sur la manière de la préserver. Le fonds populaire reste encore solide et pourrait servir de base à la restauration des écoles de musique et des orchestres de palais.
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