Chapitre VI. Données relatives à l’esclavage
p. 70-87
Texte intégral
A. Caractères du “dâsa” et de la “dâsî”
“Dâsa”
1D’après le Dîgha nikâya1, un dâsa “n’est pas maître de lui-même, dépend d’autrui, et ne peut aller où il veut” (c’est-à-dire, n’est pas libre d’agir selon son gré). Le sens est rendu plus clair par la définition du mot “bhujissa”, antonyme du mot dâsa. Un bhujissa “est indépendant, n’a personne pour maître et agit comme il lui plaît” ; à cette définition, Buddhaghosa ajoute : “attano santako”, “maître de soi-même”.2 Commentant la phrase, yathâ dâsâ bhujissaṃ patthenti, “comme les esclaves préfèrent (souhaitent) être bhujissa”, il remarque : “Puisque les bhujissa, les hommes libres, font ce qu’ils désirent, et que personne ne peut les en empêcher par la force, les esclaves souhaitent l’état de l’homme libre”. Ce n’est qu’en achetant sa liberté, qu’un esclave “fait ce qui lui plaît”.3
2L’absence de toute liberté est le critère principal de l’esclavage. Elle est soulignée dans le texte où l’on décrit l’obligation de l’esclave d’obéir à son maître, de se mettre au travail même un jour de fête si le maître l’exige.4 Du point de vue juridique, l’esclave n’est pas un être humain, mais un objet. Tout objet lui appartenant, qu’il soit petit ou grand, est la propriété de celui qui le possède car “il ne possède pas même sa propre personne, ni des biens ; ceux-ci appartiennent à son maître”.5 En fait un commentateur comprend les dâsa parmi les effets mobiliers comme le bétail.6
“Dâsî”
3Le mot “dâsî” signifie de même “une femme esclave”. Ceci est confirmé par l'emploi du mot bhujissâ comme antonyme du mot dâsî, lorsqu’on remarque : bhujissâ (mot du texte commenté), c’est-à-dire, ayant été libérée des peines de l’esclavage, elle est devenue bhujissâ”7
Etymologie
4Le Tipitaka ne donne que l’explication que nous venons de citer. Aucune tentative n’y est faite en vue d’expliquer l’étymologie du mot “dâsa”. Par contre, dans le Nirukta,8 Yâska dérive ce mot de la racine DAS qui signifie “achever”, “terminer” et l’explique comme soit : “On l’appelle dâsa, puisqu’il achève les travaux”. D’après Durga, un homme s’appelle dâsa puisqu’il achève, termine les travaux comme les travaux agricoles.9
B. Classification d'après le mode d'acquisition
5Le Vinaya énumère trois types d’esclaves, à savoir, i. antojâtako, ii. dhanakkîto et iii. kara-mara-ânîto10. D’après le commentaire, “celui qui est né d’une esclave est appelé anto-jâtako, celui qui est acheté avec de l’argent est dhanakkîto et celui qui est amené de l’étranger et fait esclave est kara-mara-ânîto”11. Dans le Dîgha nikâya, on ajoute un quatrième type, qui est appelé “sâmam dâsavyam upâgato”, c’est-à-dire, “celui qui a, lui-même, accepté d’être esclave”12. Ce sont ces quatre types qui seront toujours rappelés dans le Tipiṭaka. Par exemple, dans le Niddesa, énumérant des biens, on mentionne les quatre types d’esclaves. Plus loin, on indique dans le commentaire du Jâtaka : âmâya dâsâ ti bhavanti eke...“certains sont les esclaves nés au foyer”.13 Il est possible que la liste du Dîgha nikâya (4 types) soit postérieure à celle du Vinaya (3types). On peut même envisager, avec une certaine vraisemblance, que dans un état de droit encore plus ancien, il n’existait que deux types d’esclaves, à savoir, l’esclave de guerre pris à l’extérieur du groupe et l’esclave par indigence à l’intérieur du groupe.14
Exemples
i. L'esclave né au foyer
6Le moine Channa était né chez Suddhodana, le chef des Sakiya,15 ainsi que le moine Dâsaka, qui avait eu pour maître le setthi Anāthapiṇḍika.16 L’esclave Nanda est dit être né d’une esclave17 ainsi que les esclaves Katâhaka et Kalaṇḍuka.18 L’esclave Kâka était né d’une esclave du roi Pajjota.19
7On peut noter que dans le Dîgha nikâya on explique “dâsiputto”, “fils d’esclave”, comme “ghara-dâsiyâ putto”, “fils d’une esclave du foyer”.20 Le terme “dâsa-dâraka”, “fils d’un esclave”, se réfère aussi à l’“esclave né au foyer”. (Cependant lorsque ce mot désigne “un enfant esclave”, cela peut illustrer d’autres types). De21 même, chez Patanjali, on relève le mot dâsera, qui signifie fils d’une esclave”. L’homme qui entretient des relations sexuelles avec des femmes esclaves est appelé “dâsyâḥ kâmukaḥ”, “amant d’esclave”.22
8Quant aux dâsî, l’exemple d’une anto-jâtâ se trouve dans le conte de Vâsabha khattiyâ, esclave née d’une autre esclave, qui l’était des Sakiya.23 Le terme “geha-dâsî”, “esclave du foyer”, ainsi que son synonyme “ghara-dâsî”, signifient également “esclave née au foyer”. On emploie dans le même sens le terme “âmâya dâsî”.24
ii. L'esclave acheté
9Le pauvre brahme du Vessantara jâtaka ne savait pas comment obtenir des esclaves faute d’argent ou de savoir. Pourtant sa jeune épouse exigeait qu'il en eût un.25 L’expression ‘sata-kkîtâ dâsî”, femme esclave achetée pour cent pièces, ainsi que l'expression “satena kîto dâso”, “esclave acheté contre cent pièces”26 confirment l’existence de ce type d’esclaves. Un autre conte confirme lui aussi la possibilité d’achat car le grand’père a pu racheter les enfants donnés en esclavage par leur père Vessantara.27
iii. L’esclave de guerre
10Le Baka-brahma jâtaka, raconte l’histoire d’un raid dans lequel furent pris des esclaves. Nous rencontrons ailleurs un conseiller qui, en recevant une partie des bénéfices, laisse les bandits libres de faire des razzias.28 Les femmes ainsi capturées sont les héroïnes de deux jâtaka. L’une d’elles est décrite comme jeune et jolie”, l’autre, une vierge, avait pu s’enfuir et trouver asile chez un ascète.29
iv. L’esclave volontaire
11Cette espèce d’esclavage ne devait pas être absolument volontaire. Il devait s’agir en fait d’une décision prise sous la pression de quelque circonstance obligeant la victime à renoncer à sa liberté. L’esclave par fait de guerre subit une contrainte directe de son vainqueur ; dans le cas de l’esclave dit volontaire, la contrainte ne s’exerce pas directement de personne à personne ; il y a renonciation juridiquement, à la liberté, en fonction de causes extérieures au couple antagoniste, dette par exemple.
12La population souffrant d’une épidémie, s’offre à Jîvaka, en esclavage.30 Quant au cas des commerçants et du prince qui s’offrent comme esclaves pour qu’on leur épargne la vie, on devra l’inclure dans cette catégorie.31 Quant aux femmes, citons la mère qui s’offrit pour être guérie de la maladie qui touchait ses yeux,32 et la prostituée qui essaya de sauver sa vie.33
Autres catégories
13Il est intéressant de remarquer que le Tipiṭaka, bien que connaissant d’autres types, ne les distingue pas comme tels. On n’y énumère que les quatre catégories déjà citées. Il y a cependant, par exemple, des condamnés judiciaires, qu’on ne peut intégrer à aucune de ces catégories. Il se peut donc que la liste du Vinaya, à trois types d’esclaves, relève d’un code et celle qui en énumère quatre, d’un autre, contemporain du premier ou non. Les rédacteurs ont simplement incorporés ces deux listes déjà anciennes dans leur recueil et n’ont pas pris soin de dresser une nouvelle liste, en tenant compte de toutes les catégories dont en fait ils faisaient état. Nous nous proposons donc de relever les cas non-compris dans les anciennes catégories et de les intégrer dans de nouveux types.34
i. Condamnation judiciaire
14Voici tout d’abord des cas d’esclavage résultant d’une condamnation judiciaire. Un prince condamne le surintendant d’un village à servir d’esclave aux gens qu’il avait faussement inculpés.35 Un précepteur a pu sauver la vie de son ancien élève, menacé de mort, en l’acceptant comme esclave. Trois conseillers sont condamnés à être les esclaves de leur quatrième collègue. Quant aux femmes condamnées à l’esclavage, 500 d’entre elles devinrent les esclaves de leur co-épouse.36
ii. Don d'esclave
15On parle d’un transfert d’esclaves d’un roi à un brahme, celui-ci les recevant en don, tandis que le prince Vessantara dit avoir fait le don de sept cents esclaves, hommes et femmes.37 Il fit, plus tard, le don comme esclaves de ses deux jeunes enfants. Un brahme demande et reçoit d’un prince “sept cents” femmes esclaves, tandis que dans un autre conte un brahme renvoie chez les donateurs quatre cents femmes esclaves.38 Le cas des deux esclaves reçus par un médecin peut être considéré comme un cas d’achat, car il les avait reçus à titre d’honoraires.39
iii. Jeux de hasard
16Un prince perd en pari un de ses conseillers, qui était son esclave. Celui-ci se trouve obligé d’obéir à son nouveau maître.40
C. Classification d'après leurs fonctions
17A part ces termes qui répartissent les esclaves selon la méthode de leur acquisition, selon leur origine, il y a des termes qui les désignent par leur activité. Parfois ils indiquent leur possesseur. Nous allons en discuter selon qu’ils parlent de l’esclave (homme), de l’esclave (femme) ou des deux sexes ensemble.
I. Les esclaves (hommes)
i. Dâsaka-putta
18Ce terme se trouve dans une liste de métiers et est expliqué comme “balavasinehâ ghara-dâsa-yodhâ”, “esclaves soldats, nés au foyer, éprouvant beaucoup d'affection” (envers leur maître).41 La pratique d’élever des enfants esclaves en vue d’une fonction militaire est ainsi attestée.
ii. Dâsî-putta
19Nous avons déjà parlé de ce mot, qui signifie “fils d’une esclave”. On s’en sert parfois pour injurier quelqu’un, comme en témoigne le Setaketu jâtaka.42 On peut alors y ajouter d’autres mots, pour mieux accentuer l’injure, comme dans “caṇḍâla-dâsî-putta”. Chez Patañjali, on relève la même expression péjorative dans le terme “dâsî-putraḥ” ou “dâsyâḥ putraḥ”43 Le mot même de dâsa a un sens insultant44, attendu d’ailleurs, ainsi que son composé, “duṭṭha dâsa”, “scélérat d’esclave”.45 Le mot “samaṇa-dâsa”, “esclave de moine” doit son sens péjoratif au mot dâsa.46
iii. Kammanta-dâsa
20Ce terme signifie un esclave chargé de travailler ou de surveiller le travail des autres à l’atelier, dans le commerce ou aux champs. Le mot “kammanta” peut avoir n’importe lequel de ces sens.47
iv. Sudda-dâsa48
21Ce terme qui signifie selon nous “esclave d’un sudda” (śūdra), pourrait désigner également “un esclave-sudda”. Cependant Buddhaghosa accepte la première interprétation et remarque : “La noblesse de lignée n’appartient qu’aux brahmes et aux khattiya, la richesse de couleur (teint blanc ?) appartient aux brahmes, aux khattiya et aux vessa, mais la richesse matérielle peut être possédée même par un sudda...”49 D’où: même un sudda peut posséder des esclaves.
II. Les esclaves (femmes)
i. kula-dâsî
22Ce terme peut être traduit comme “femme esclave d’une famille” avec cette restriction que le mot kula, “famille” s’emploie seulement pour des foyers haut placés. Ce sens devient clair lorsqu’on rapproche une série d’expressions comme kula-itthi, kula-dhîtâ, kula-dâsî.50 Dans le Tipiṭaka on a l’habitude d’employer le mot kula pour de telles familles. Parmi les moins riches, on peut mentionner celle qui donnait le repas quotidien à une nonne.51
ii. Ñâti-dâsî
23Bien que pouvant être interprétée comme “ñâtînam dâsî”, l’expression, faute de contenir explicitement la forme ñâtînam, reste obscure. On l’entend, d’après le contexte, comme “la femme esclave s’occupant du travail domestique chez un homme riche”.52
iii. Deva-dâsî
24Ce terme ne se trouve que chez Buddhaghosa, qui s’en sert pour gloser le mot deva-pañha, “interrogation du dieu”. D’après lui, “le Buddha n’interroge pas la deva-dâsî en tant que possédée par un dieu”. La pratique de faire posséder ainsi des “esclaves de dieu” existait donc.53 Celle de faire don de vierges aux temples a été bien connue en Inde, quoique le Tipiṭaka n’en parle pas. Il est probable que Buddhaghosa a introduit ici une conception étrangère au milieu bouddhique. (Au lieu de temples, les textes palis décrivent les cetiya et mentionnent une fois le cas d’une famille qui s’était constituée l’esclave d’un tel monument funéraire.54 Remarquons d’autre part que les dieux ne “visitent” pas exclusivement une catégorie particulière de femmes ; on peut en tout cas expliquer le terme, “deva-pañha” comme suit : “interroger un dieu par l’intermédiaire de possédées”.
iv. Vaṇṇa-dâsî
25Dans le Jâtaka, on compte 700 vaṇṇa-dâsî dans la maison d’un conseiller.55 Ailleurs, huit vaṇṇa-dâsî vont au puits porter les cruches d’eau pour leur maîtresse.56 Dans ces deux cas, il s’agit évidemment du travail des kumbha-dâsî (voir infra, no. v.). La dévote Visâkhâ avait reçu tout un groupe de ces mêmes vaṇṇa-dâsî dans sa dot. Son père leur avait demandé de servir à la toilette de sa fille.57 En dehors des textes précités, nous rencontrons ce mot pour désigner certaines prostituées.
v. Kumbha-dâsî
26L’“esclave de cruche” s’occupait de la besogne d’apporter de l’eau pour les maîtres.58 L’esclave Puṇṇa59 le faisait. La dureté de ce travail est comparée à celle du devoir monastique.60 L’esclave Puṇṇikâ était une “esclave à la cruche” ainsi que sa mère.61
27Le mot a un sens péjoratif lorsqu’il désigne une femme de plaisir. D’après Buddhaghosa, “une esclave à la cruche est jolie, elle danse et chante bien”.62 Selon M. Malalasekhara, la mère de l’esclave Bîjaka était une “kumbha-dâsî”, “une prostituée”.63 Dans la liste de métiers décrite dans l’Apadâna, la “gaṇikâ” et la kumbha-dâsî se trouvent en juxtaposition.64 Ne s’agit-il pas là de ce sens péjoratif65 ?
vi. Vîhi-koṭṭikâ dâsî
28Nous rencontrons dans le Jâtaka,66 une femme esclave qu’on désigne comme “décortiqueuse de riz”. Dans un autre conte on parle d’une femme esclave qui travaillait à gages et décortiquait le riz.67 Dans ces cas, se sont des femmes esclaves travaillant pour le compte de leur maître. La pratique de louer ses esclaves à temps est attestée ailleurs encore, lorsque le maître bat son esclave pour ne lui avoir pas remis les gages reçus.68 En contraste avec les maisons possédant une ou deux esclaves, il y a des maisons riches où l’on emploie une “femme esclave” exclusivement pour décortiquer le riz. Compte tenu de la grande quantité requise, elle devait pilonner toute la journée, parfois même après le coucher du soleil.69
vii. Dâsî ca bhariyâ ca
29Parmi les sept ou dix types d’épouses que cite le Tipiṭaka,70 le dernier est 1’“esclave épouse”. Il s’agit d’une esclave élevée au rang d’épouse.71 De même chez Patañjali, qui parle de l’“esclave épouse de Devadatta”, Devadattasya dâsabhâryâ.72 Le Dharma-sûtra, considère comme dâsî, la femme qui a été achetée et faite épouse.73 Nous pouvons aussi parler de l’“esclave de guerre-épouse”, qu’on appelle dhaja-hatâ, “amenée avec le drapeau” ou kara-mara-ânîtâ.74
III. Termes communs
30i. Dâsa-kammakara.
31ii. Dâsa-pessa-kammakara.
32iii. Dâsa-kammakara-porisa.
i. Dâsa-kammakara
33Laissant de côté les termes dâsî-dâsa75 ou dâsa-dâsî76, qui signifient l’ensemble des esclaves, discutons des expressions qui contiennent les deux termes d’esclaves et de serviteurs ensemble. Dâsa-kammakara est la plus courte de celles-ci.77 Les expressions, “dâse ca kammakare ca”,78 ou dâso vâ kammakaro vâ79 signifient, elles aussi, “esclaves ou serviteurs”. On peut distinguer le même composé dans l’expression, ñâti-parijana-dâsa-kammakara....80 Patañjali veut désigner le même ensemble avec le composé dâsa-karmakara.81 Dans toutes ces expressions, le serviteur se distingue de l’esclave en tant qu’il touche un salaire pour son travail.82
ii. Dâsa-pessa-kammakara
34“Esclaves, pessa et serviteurs”83 : d’ordinaire on traduit le mot pessa comme serviteur, mais dans ce cas comment distinguer les pessa des kammakara ? Le commentaire résout cette difficulté comme suit : les pessa reçoivent leur salaire avant le commencement de leur travail tandis que les kammakara reçoivent leurs repas et leurs gages (probablement après leur travail).84 Observons que cette distinction n’est pas confirmée dans le Tipiṭaka, qui tend à confondre le pessa avec le serviteur. Il faut noter également les expressions dâsa-pessa-jana et dâsa-kammakara-pessa.85 Remarquons d’autre part que pessa désigne également un messager, “celui qui peut être envoyé en mission” et dans ce contexte même un esclave peut être un pessa.
iii. Dâsa-kammakara-porisa
35De ce composé le sens des deux premiers ayant été expliqué, il nous reste à établir le sens du troisième, porisa ou purisa.86 Ce mot, signifie proprement l’“homme”. Dans ce composé, on a l’habitude de l’assimiler aux deux premiers et de traduire l’ensemble par “esclaves et serviteurs”. Pourtant, d’après Buddhaghosa, ce mot a un sens particulier et veut dire “des personnes vivant sous la protection de la famille”.87 Ceci doit s’entendre des gens qui, devenus pauvres et faute de moyens indépendants, ont dû trouver asile chez des gens riches. Ils ne sont ni esclaves ni serviteurs bien que, par sentiment de reconnaissance, ils se chargent de quelque travail à la maison. Ce sens se trouve dans la phrase, nissâya jîvamâna purisânaṃ ca, “les hommes vivant dans la dépendance de quelqu’un.”88
D. Leur prix
36Bien qu’on reconnaisse dans le Tipiṭaka une catégorie d’esclaves achetés, on a déjà vu que les exemples n’en sont pas très nombreux, (supra, p. 107). Il n’y a pas d’autres cas que ceux que nous venons de citer. La raison de ce manque de données concernant les esclaves achetés peut être trouvée probablement, dans l’interdiction du commerce des esclaves que fit le Buddha à ses dévots. Le Buddha n’aimait pas que ses dévots s’intéressent au commerce des êtres humains.89 Il n’est donc pas surprenant que les rédacteurs aient évité toute référence à ce commerce. En fait cette censure a été appliquée d’une manière systématique et on ne trouve qu’une unique référence à l’une des cinq catégories du commerce interdit. De plus, cette interdiction du commerce des hommes est totale également pour les brahmes, si l’on suit le Dharma-sûtra. Ce dernier ne le leur permet en aucune circonstance, même “en cas de détresse”. Inutile de dire que cela laisse entendre que d’autre gens sont habilités à le pratiquer.90 Nous essaierons d’utiliser les rares données qui sont disponibles.
37Selon la littérature palie, les esclaves, hommes ainsi que femmes, pouvaient être achetés pour cent pièces.91 De plus, cela ne devait être qu’un prix parmi d’autres, car le marché n’était pas réglementé. En dehors des événements accidentels, les conséquences d’une guerre, par exemple, d’autres éléments tels que l’âge, l’état de santé, le sexe, etc. devaient influer sur lui. Il n’est donc pas prudent d’accepter le prix de cent pièces (dont on ne précise pas le métal), comme le prix unique à cette époque.92 Ailleurs, on cite un prix de sept cents pièces, le contexte ne précisant pas le nombre d’esclaves. Si l’on accepte le prix de cent pièces comme prix moyen, une te.de somme devait suffire pour l’achat de sept esclaves. Mais en l’absence de toute précision supplémentaire, il n’y a aucune raison de lier cette somme avec un nombre déterminé d’esclaves93.
38Chez Buddhaghosa, nous relevons un prix de cinquante ou soixante pièces, pour l’achat d’un esclave.94 Il peut s’agir d’un prix tardif (contemporain de l’auteur) ; sinon, il constitue un troisième exemple. (Signalons que le prix d’un âne, “apte au travail”, se chiffrait à huit kahâpaṇa,95) Il faut noter que le prix fixé pour l’affranchissement des deux princes, mille nikkha pour le garçon et un prix se comptant en divers objets pour la fille, n’est qu’un prix fabuleux.96
E. Apparence et costume
Apparence
39Nous ne relevons aucune différence physique en ce qui concerne les hommes libres et les esclaves. Si une ligne de démarcation entre eux a dû exister auparavant, dont on peut relever les traces dans le Ṛg-veda (supra, ch.4), il est certain qu’au temps du Buddha elle avait disparu. Les marques au fer rouge étaient réservées à certains esclaves, fuyards par exemple, comme le prouve la crainte de l’esclave Kaṭâhaka et l’expérience de l’esclave Kalaṇḍuka. Celui-ci fut appréhendé et ainsi marqué.97 On pouvait marquer même une femme lorsqu’elle venait de perdre sa liberté.98
40La référence selon laquelle les esclaves devaient avoir la tête rasée, à l’exception d’un chignon, n’est pas pourtant, tout à fait exacte,99 car il s’agit là de ceṭaka et non pas d’esclaves.100 De plus, on juxtapose, dans ce texte précis, les ceṭaka aux dâsa, bien qu’ailleurs on puisse appeler les dâsa, ceṭaka.
Costume
41Vraisemblablement leurs habits ne différaient guère de ceux des gens libres mais pauvres ; les deux groupes étaient également mal vêtus. Un aperçu de leur apparence est donné par cette description d’un paysan pauvre : “les cheveux du devant rejetés en arrière, ceux d’arrière rejetés sur le front, ceux du côté gauche à droite et ceux de droite rejetés à gauche.”101 Ailleurs nous rencontrons un pauvre homme qui “vivait en travaillant pour les autres” et s’habillait seulement d’une pièce d’étoffe couvrant ses parties génitales. Un autre se déguisa en pauvre en s’habillant avec une pilotikā (chiffon ?).102 On nous décrit le souci d’un maître superstitieux qui n’osait pas confier la destruction d’un sari rongé par les rats à ses esclaves-serviteurs. Il craignait que ceux-ci ne le gardassent pour eux-mêmes. Probablement les esclaves-serviteurs des palais étaient mieux-habillés, si nous en croyons ce qu’on dit d’une servante qui dut échanger son sari avec une étoffe sale pour pouvoir passer comme très pauvre.103 Notons le cependant, en apprenant qu’un meilleur sort lui était réservé et qu’elle ne devrait plus s’occuper des “travaux sales”, l’esclave d’une reine pria sa maîtresse de bien vouloir lui faire préparer un bain et lui donner un sari nouveau.104
42Les esclaves-serviteurs qui travaillaient dans la cuisine étaient très mal vêtus. Dans un conte, on nous parle, d’un prince qui travaillait ainsi dissimulé dans la cuisine de son beau-père.105 Autre part, nous apprenons qu’une maîtresse de maison voulant préparer elle-même le repas pour les moines, descendit dans la cuisine et devint vite méconnaissable. On la voyait “pleine de transpiration et elle était tachée par la souilure des cendres”.106 Nous pouvons enfin parler de la fille d’un homme très riche. Elle changea ses vêtements pour une pièce de coton sale, défit ses cheveux et mit de la poudre de riz sur son corps, afin de pouvoir passer pour une esclave qui décortique le riz. Prenant une cruche et se mêlant aux esclaves porteuses d’eau, elle traversa facilement le seuil paternel et s’enfuit avec son amant, un esclave de la famille.107
F. Leur nom
43Les rédacteurs ont l’habitude de désigner les esclaves sans donner leurs noms propres. Les noms que nous avons pu relever ne sont donc pas très nombreux. Nous donnons ci-dessous séparément ceux d’esclaves masculins et d’esclaves femmes.
i. Esclaves masculins
Bîjaka, j, vi-235.
Channa, Thg, 68.
Dâsaka, Thg, 17.
Kâka, vin., i-276.
Kalaṇḍuka, j,-458
Kaṇha, D, iii-16.
Kaṭâhaka, j, i-451.
Nanda, j, i-225.
Parantapa, j, iii-417.
Puṇṇa (ka), vin., i-240, Bur, iii-130.
Vidura, j, vi-258.
Viḍûḍabha, j, iv-145.
(devint roi).
44Il faut observer que quelques-uns de ces noms désignent également des hommes libres. Nanda, par exemple, était le nom d’un cousin du Buddha.
45Dans un passage du Vinaya, on interdit au moines d’appeler quelqu’un par certains noms, ceux-ci étant, d’après le commentaire, des noms d’esclaves. Cinq exemples en sont donnés :
Avakaṇṇaka,
Dhaniṭṭhaka,
Javakaṇṇaka,
Saviṭṭhaka et
Kulavaḍḍhaka.
46Cependant nulle part dans le Tipiṭaka on ne relève d’esclave portant un de ces noms. (Par contre deux hommes libres ont dû porter des noms très proches, sinon identiques. Il y a eu un commerçant Kula-vaḍḍhana et un prince Dhaniṭṭha.108
ii. Les esclaves femmes
47Nous donnons ci-dessous une liste des noms appartenant aux femmes esclaves.
Bîraṇî, j, vi-117.
Disâ, D, iii-16.
Dhanapâlî, j, i-402.
Kâlî, Dh-a, i-170.
Khujuttarâ, Bur., i-281.
Mûsikâ, j, iii-216.
Nâgamuṇḍâ, j, iii-145.
Pingalâ, j, iii-101.
Puṇṇâ, j, i-68, ii-428.
Puṇṇikâ, Thig-a, 65.
Rajjumâlâ, Vv-a, 50.
Rohiṇî, j, i-248.
Vâsabhakhattiyâ, j, iii-145.
Uttamâ timodakî, Thig-a, 30.
48Comme c’est le cas pour les noms des esclaves masculins, beaucoup de ces noms sont portés par les femmes libres, telles Rohiṇî, qui était le nom, par exemple, de l’une des cousines du Buddha lui-même.
G. Termes d'interpellation
i. L'Esclave à son maître
49Les esclaves et les serviteurs s’adressaient à leurs maîtres en les appellant ariya, ayya ou ajja (au pluriel, ayyâ ou ajjâ).109 Ils se servaient également du mot ayyaputta. Ce mot, qui signifie “fils de maître” ;110 désigne aussi “le maître”,111 et est employé comme tel par un serviteur.112 D’autres mots désignant les maîtres sont sâmi et deva.113
ii. Les maîtres aux esclaves-serviteurs
50Les maîtres se servent des mêmes vocables pour s’adresser à leurs esclaves et à leurs serviteurs, le mot communément employé étant bhaṇe.114 Ce mot, qu’on dérive du verbe BHAṆ est le vocatif employé pour appeler les gens d’un rang inférieur. Cela est confirmé également par un texte du Vinaya, où un commerçant appelle ses égaux ayye, et ses serviteurs bhaṇe.115 Notons que l’emploi du mot bho en ce sens n’est pas très répandu.116
51Parfois on ajoute l’indéclinable are au nom de la personne à laquelle on s’adresse.117 Un maître notoire pour sa rudesse pouvait se servir simplement du mot tvam (tu), tandis qu’un maître poli, un bodhisatta, appelait son employé, tâta.118 Au besoin un maître devait flatter son esclave, en inventant une parenté, comme le fait le maître de l’esclave Nanda, qui est appelé, mâtula, “oncle maternel”.119
52Quant aux femmes esclaves, on les appellait je. L’emploi de ce mot leur est réservé.120 Ce mot était pourtant particulier à une région. Ailleurs, on se servait de hambho ou de amma.121 Les cas où le maître ne se sert d’aucun vocatif, comme le roi qui donna des instructions à son esclave Mûsikâ,122 et comme la maîtresse de maison qui interrogea sa jeune servante en lui demandant simplement, “kuhiṁ gacchasi ?”, “où vas-tu ?”123 ne nous sont évidemment d’aucun secours.
H. Affranchissement
53Quand un maître affranchit un esclave, on dit : “Il a fait son esclave bhujissa”. Dans l’histoire des deux frères, où le cadet laissa deux garçons esclaves auprès de son frère aîné devenu ascète, il est question de leur affranchissement et on dit : (Le cadet) “les ayant faits bhujissa”.124 Dans un autre conte, on nous parle de 500 femmes d’un sérail princier qui, devenues esclaves d’une de leurs co-épouses, sont affranchies par celle-ci. L’expression employée est la même : “Elles sont faites bhujissâ”125. La norme Puṇṇâ ou Puṇṇikâ était, elle aussi, une ancienne esclave. Son maître l’avait rendue bhujissâ pour qu’elle pût renoncer au monde.126
54Quant au mode de cet affranchissement, on nous explique qu’un maître désirant affranchir un esclave lui lavait la tête et le déclarait bhujissa, libre.127 (Voir infra).
Raisons
55Le Tipiṭaka ne mentionne que très peu de ces cas ; il est donc difficile d’entreprendre un examen détaillé des mobiles amenant à l’affranchissement des esclaves et nous nous contentons de décrire ceux que nous avons relevés. A la veille de devenir moine, Pipphalî Mâṇava autorise ses esclaves à “se laver la tête et se considérer comme libres”.128 Il y a le maître croyant qui, content d’avoir un exclave vertueux, l’affranchit pour autoriser sa renonciation.129 Dans le cas de l'affranchissement des deux garçons-esclaves, l’acte n’était qu’un subterfuge, car leur maître désirait les attacher à son aîné aveugle, un moine. Dans toutes ces occasions, l'affranchissement a été dû au bon gré du maître, agissant sans aucune contrainte. Cependant on nous parle également d’un roi qui se trouva contraint non seulement d’affranchir son esclave mais aussi de lui marier sa fille.130 Ailleurs Buddhaghosa nous révèle la possibilité pour un esclave d'acheter sa liberté en empruntant de l’argent aux siens.131
Note sur les mots désignant les esclaves et les serviteurs
56Il y a toute une série de mots qui signifient, selon le contexte, ou bien un esclave ou bien un serviteur et parfois les deux ensemble. Nous désirons noter ici ceux de ces mots qui signifient l’esclave, ou l’esclave et le serviteur ensemble, en laissant de côté ceux dont le sens unique est “serviteur.”
I. Les esclaves (hommes)
i. Antevâsî vin., i-216.
57L'antevâsî de Suppiyâ, la bourgeoise de Bénarès, devait être un esclave ou serviteur, comme c’était la coutume à cette époque. En tout cas, il ne s’agit pas d’un élève, sens le plus commun de ce mot, comme l’interprète M.R.K. Mookerji (Anc. Ind. Edu...,op.cit., p. 423). En fait il faut noter que d’un côté le Tipiṭaka distingue, parmi les élèves, l'antevâsî du saddhivihârika132 et de l’autre emploie le premier pour désigner un serviteur ou esclave. On observera également que dans le Tipiṭaka, ce mot désigne, troisième sens attesté, un fils de statut particulier.133 Revenant à son sens de l’esclave ou serviteur, on peut noter qu’en contraste, celui du seṭṭhi Anāthapiṇḍika pouvait difficilement être un esclave, compte tenu de sa responsabilité : il surveillait les travaux agricoles de son maître et était assez riche pour pouvoir porter une bague d’or.134
ii. Âhataka :— vin., iv-224.
58Ce mot se trouve dans le composé bhataka-âhataka et signifie esclave. On peut le dériver du verbe HR et l’expliquer comme “celui qui a été emmené”. (Voir cependant, PED, ii-117).
iii. Ceṭaka :— j, i-350.
59D’ordinaire il désigne un serviteur et on le distingue de l’esclave.135 Cependant dans le Jâtaka,136 c’est un esclave né au foyer, dâso âma-jâto, qu’on appelle ceṭaka.
iv. Dûta :— j, i-92.
60Ce mot a, lui aussi, plusieurs sens. Il désigne un messager volontaire, un messager payé, un messager esclave, un ambassadeur et même un caillou constitué symboliquement messager. Ce sens d’esclave envoyé comme messager se trouve dans le Jâtaka.
v. Manussa :— vin., i-343.
61Comme purisa (supra C, III, iii), ce mot signifie “homme”. Il y a cependant des cas où il désigne des serviteurs, des esclaves. Dans un texte du Vinaya (ii-158-9) cette distinction devient claire. S’addressant aux manussâ qui ne sont pas ses serviteurs, un seṭṭhi les nomme ayyo, mais à ses propres manusse, il s’adresse par le mot bhaṇe, toujours employé pour les esclaves-serviteurs. Dans un autre texte du Vinaya (iv-212), les manussa qui servent le repas aux moines étaient, selon toute probabilité, des esclavesserviteurs, ainsi que ceux du roi de Kâsi.137
vi. Purisa
62Ce mot qui signifie “homme” (vin., i-237) a été largement employé pour désigner un serviteur ou un esclave. La distinction entre ces deux sens se fait dans le Dîgha Nikâya,138 où il est question d’un purisa, d’un homme quelconque sauvé par les purise, les “serviteurs” d’un roi. Les pesana-kârika purise affectés au service des soixante nourrices pouvaient bien être des esclaves,139 ainsi que le purisa qui apporta de l’eau chaude au monastère.140 De même pour le purisa qui sortit chercher de la viande.141 Les purisa qui renconcèrent au monde avec leur maître, le cadet d'Asoka, ainsi que les purisa qui accompagnèrent le prince de Ceylan, ont dû être des esclaves, obligés de suivre leur maître partout.142
vii. Sevaka
63Dans le contexte de j, iv-304 il s’agit des gens condamnés à servir comme soldats. C’est cette contrainte, découlant de la condamnation royale, qui dorme le sens d’esclaves à un mot qui signifie pourtant “serviteur”.
viii. Upaṭṭhâka143
64Ce mot a plusieurs sens, fort voisins l’un de l’autre, et tous se rapprochant du sens “servir autrui”. Observons que dans le composé “upaṭṭhâka-manussâ”, “hommes de suite”, il désigne des dâsa-kammakara. Il est vraisemblable que sa forme féminine, “upaṭṭhâyikâ”, signifie la suite des esclaves féminines d’une bourgeoise de Sâvatthî.144
II. Les femmes esclaves
i. Ante-purikâ
65Les “femmes du sérail” dont il est question (Sp-s, i-92) et qui accompagnèrent la princesse de Ceylan devaient comprendre ses esclaves. Cependant c’est une référence tardive et nous n’en avons pas relevé d’autre exemple.
ii. Attha-cârikâ
66Ce mot (j, vi-385) se réfère à une femme qui était aux ordres de sa maîtresse, et était selon toute probabilité, son esclave.
iii. Itthi
67Les cinq cents itthiyo, “femmes” (D, ii-9), qui, armes en main, entourent un roi, devaient être ses gardes-du-corps et ses esclaves.
iv. Pesana-dârikâ
68La jeune fille qu’on désigne ainsi (Dh-a, i-180) ne devait être qu’une esclave, comme dans un autre conte.145 Ailleurs une esclave décrit son devoir comme celui d’une pesana-dârikâ146
III. Termes communs
69Parivâra et parijana (j, i-147 ; D-a, iii-i-16. vin. 1,-15).
70Ces mots désignent la suite d’un prince ou celle d’un membre de sa famille. Ils désignent aussi la suite d’une famille riche. Nous savons que ces suites se composaient, pour la plupart, d’esclaves.
Notes de bas de page
1 ii-72 ; voir aussi M, i-39.
2 M-a, i-39.
3 Nidd.-a,i-60, 39-32.
4 M-a, 39-27.
5 M-a, ii-37.
6 Khudd.,-a, t. i, p. 216.
7 Thig-a, 70. Observons que le composé dâsi-makañcako, j, vi-536, ne désigne pas autre chose que deux arbres dans ce passage.
8 ii-17.
9 Cette explication n’est reprise que par un texte khotanais du Xe s. Voir Dresden, Jâtakastava, Philadelphie, 1955, p. 456, 476.
Dans les textes tardifs du sanskrit, on relève des explications, faisant dériver le mot d’une étymologie fictive. Le Vâcaspatya l’explique : “dâsyate bhrtir asmai,” “on lui donne un salaire” ou “dāsati, dadāti aṅgam svâmine”, “il donne son corps au maître”. D’après l'Abhidhânacintâmaṇi, un dâsa “donne du confort au maître”. Selon Kṣîrasvâmin, un dâsa “dîyate dasyate vâ”. (Commentaire sur le kośa d’Amarasinha).
10 IV-224.
11 Sp,p. 361.
12 D-a, ii-35 ; aussi M-a, ii-51.
13 Nidd.-a, p. 10. Pour mieux expliquer le sens de kara-mara-ânîto, on ajoute “attano aruciyâ vâ”, “contre son gré”.
14 Rhys Davids énumère les types d’esclaves. Il y comprend des prisonniers de guerre, des esclaves volontaires, les enfants nés au foyer et les hommes condamnés à l'esclavage par jugement. Il a ainsi remplacé “esclave acheté” par “esclave judiciaire”. Dialogues..., i-101.
15 Thg-a, 68.
16 ibid., 17.
17 j, i-225.
18 ibid., i-451.
19 vin., i-280.
20 D-a, iii-i-16
21 Dh-a, I-19.
22 iv-139, ii-530.
23 j,i-133 ; voir aussi, Vv, 50-8
24 j, vi-117, gâthâ 496 ; pour geha dâsi, Dh-a, iii-468 ; pour ghara-dâsî, Thig-a, 72 et 30 ; Pv, ii-3.
25 j, vi-523, gatha 1968.
26 j, i-299.
27 j, vi.
28 j, iii-361 et Kharassara jâtaka,
29 iii-147, iv-219.
30 vin., i-71.
31 j, vi-135, 138.
32 Dh-a, i-20.
33 j, iii-436 ; voir aussi Dh-a, ii-217.
34 En contraste, les textes jaïna font état de six types d’esclaves. Leur liste comprend “garbha dâsa” “esclave né au foyer”, “kîya dâsa” “esclave acheté”, “aṇaya dâsa”, “esclave pour dette”, “dubbhikkha dâsa”, “esclave de famine”, “sâvriha dâsa”, “esclave par amende” (qui, ne pouvant payer l’amende infligée, accepte d’être esclave), et “ruddha dâsa”, “esclave de guerre”. (Nisîtha cûrṇi, citée par Jain, op. cit., p. 107). L’Abhidhāna Râjendra kośa, iv-1505, n’en énumère que quatre (en excluant l’esclave acheté et l’esclave par amende)...à partir du même texte. Faut-il conclure de ce fait que la liste jaïna est postérieure à celles du Tipiṭaka ?
35 j, i-199. Il ne s’agit pas simplement des “villagers,” comme observe M.R.L.Mehta, op. cit., p. 209, mais de “trente chefs de familles” de ce village.
36 j, vi-389 ; Thig-a, 64.
37 j, vi-494
38 j, vi-466.
39 vin., i-272.
40 j, vi-283.
41 D-a, ii-14.
42 j, iii-233 ; voir aussi, j, iv-40.
43 Pânini, vi-3-22 ; L. Renou, Grammaire de Pâṇini, Paris, 1948-54, iii-31.
44 j, vi-162, 168.
45 j, iv-320
46 j, vi-227.
47 Khudd., t. i, p. 139.
48 Nous avons cité le mot ici, pour ne pas créer une section particulière pour un seul terme.
49 M-a, 94.
50 vin., ii-15, iii-180.
51 Voir j, iii-413 ; Thig-a, 31 ; Vv-a, 396.
52 vin., iii-15 ; Sp-s, i-238. Voir pourtant jūâti-dâsî, infra, p. 159.
53 D-a, i-i-26.
54 Dh-a, iii-30.
55 j, vi-300
56 j, v-282.
57 Dh-a, i-395.
58 Dh-a,iii-i57.
59 Dh-a, iii-321.
60 D-a, viii-16.
61 Thig-a, 65.
62 D-a, i-i-17.
63 Pali dictionary of proper names, Londres, ii-293 j, III-356,
64 t. i, no, 389.
65 Voir aussi Thig-a, 30 & 31
66 j, iii-356.
67 j, i-484.
68 j,I-402.
69 j, i-248 ; Dh-a, iii-321.
70 A-a, iv-91 ; vin., iii-139.
71 j, ii-347.
72 ii-319.
73 Baudhâyaṇa, i-11-21, 2 ;
74 j, ii-347 ; M-a, ix.
75 D, i-i-10.
76 j, ii-99.
77 D, xxxi-27, 32 ; Thg, 70 ; j, i-295.
78 vin., i-243, ii-154.
79 vin., ii-271.
80 D, xi-12-14.
81 iii-68.
82 Le statut d’un kammakara ou kammakâra est bien expliqué par ta définition qu’on donne du mot. On précise que l’homme nommé kammakara, vit en travaillant pour un salaire (vin, iv-75). Le commentaire parle d’un homme riche qui employait des gens en les pavant au “mois, à la saison, ou à l’année” (Sp-s, ii-392). Le reproche fait à Nanda, cousin du Buddha, d’être devenu un kammakara, qui travaille pour des gages, confirme l’exactitude de ce sens (j ii-93) Pour les servantes, on emploie le mot kammakarî (Vv-a, 299). Ici on peut signaler que Kumârila (Tantra-varṭṭika, p. 1420 et 3185) entend le mot karmakaraḥ dans le même sens. Pourtant il ne faut pas confondre kammakara avec kammika. Ce dernier désigne ou bien un fonctionnaire (Sp-s, ii-462) ou l'homme s’occupant du parivâsika kamma d’un moine. (ibid., p 1163). De même pour le mot kammakâra dans le composé, kammakâra-saṅgha. (vin iv-230.)
83 D, v-18 ; M, 51.
84 D-a, v-18.
85 j, i-323, iv-320
86 vin., iv-329.
87 A-a, iii-38-1.
88 A-a, iii-38-1 ; voir aussi Mahâniddesa, sutta iv.
89 Il ne s’agit pas de tous ceux qui “care for morals”, comme prétend M.R.K. Mookerji, (AIU, Bombay, 1951, p. 600), mais bien des gens qui sont précisément des upâsaka du Buddha.
90 Âpastamba, i-7-20, 11-2.
91 j, i-299.
92 Citons M. Bose, op. cit., “...in the jâtakas... 100 kahâpaṇas is the conventional price of a slave”.
93 Voir Banerji, Cal Rev. op. cit., “...the price of a slave as 700 kahâpaṇas”, Mehta, Prebuddh. Ind., op. cit., “The brâhmaṇa begs 700 kahâpaṇas, which he considers sufficient for buying a male or a female slave”. Aussi Ghosal, op. cit. p. 89.
94 Sp-p 361.
95 j, vi-343.
96 j, vi-546.
97 j, i-451, 458.
98 Dh-a, iii-303.
99 Comme le pense M. Basu, op, cit.
100 j, vi-135.
101 S-a, iv-2-9.
102 Dh-a, i-234.
103 Dh-a, i-234.
104 ibid., i-210
105 j, v-296.
106 Dh-a, iii-303.
107 ibid., i-239.
108 Malalasekera, op. cit., t. i, 646, t. i, 1132. Voir aussi Hor., ii-174, concernant ces noms.
109 vin, i-268, iii-161 ; j, i-68.
110 vin, iii-15.
111 D-a, i-16.
112 vin., iv-75.
113 j, ii-331, ii-206.
114 vin., i-243 ; j, i-323.
115 vin., ii-158, 159.
116 D, iv-3.
117 j, ii-185.
118 j, i-108, 350.
119 j, i-225.
120 Le commentaire remarque, par contraste, que le vocatif réservé pour les femmes libres et égales en rang est bhagini, “sœur”. Ces deux manières d’interpeller sont désignés respectivement comme dâsa-vohâra et ariya-vohâra. (vin., iii-15, iii-161 ; Sp-s ii-238)
121 j, i-68.
122 j, iii-216.
123 Dh-a, i-180.
124 Dh-a, i-19.
125 Thig-a, 64.
126 ibid., 65.
127 “sîsam dhopitvā adāsam bhujissam karitvâ”, D-a, iii-i-23.
128 Ap.-a, p.263 ; voir aussi j, v-312.
129 Thg-a, 17.
130 D-a, iiï-23.
131 M-a, 39-32.
132 Filliozat et Kuno, J.A., I/1938, p.51.
133 Itivuttaka-a, iii-iii-v.
134 vin., iv-162.
135 j, vi-135.
136 j, i-225.
137 vin., i-343.
138 23-9.
139 D-a, xiv-1-34.
140 Bur, iv-232.
141 vin., i-237.
142 Sp-s, i-55 & 91.
143 j, i-350.
144 j, ii-337.
145 Dh-a, ii-86.
146 j, iii-413. Il ne faut pas traduire le mot pâda-paricârikâ (j, i-204) d'une manière littérale, comme “servante des pieds”, et donc servante. Il désigne seulement une “épouse”.
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La création d'une iconographie sivaïte narrative
Incarnations du dieu dans les temples pallava construits
Valérie Gillet
2010
Bibliotheca Malabarica
Bartholomäus Ziegenbalg's Tamil Library
Bartholomaus Will Sweetman et R. Ilakkuvan (éd.) Will Sweetman et R. Ilakkuvan (trad.)
2012