1Les contributions de cet ouvrage partagent toutes la caractéristique d’avoir été signées par de jeunes chercheurs francophones qui, durant les quinze dernières années, se sont formés à l’étude de la religion égyptienne au sein de pôles de recherche très actifs, à Genève, Lille, Lyon, Montpellier, Paris... et bien sûr au Caire, à l’Institut français d’archéologie orientale, avec lequel ils ont pour la plupart pu collaborer en tant que membres scientifiques, boursiers ou auteurs. Il revient aux deux éditeurs, Marion Claude et Abraham I. Fernández Pichel, d’avoir su organiser la diversité des approches mises en œuvre dans un recueil qui s’intègre parfaitement à la collection Recherches d’Archéologie, de Philologie et d’Histoire de l’Ifao : autant, voire davantage que de théologie, il y est en effet question de pratiques, rituelles ou cultuelles, d’échanges cultu(r)els, de migrations, de circulations textuelles et d’intertextualité. Au cœur de plusieurs articles se trouve l’interaction du religieux et du politique, dans un monde où les clergés indigènes et le pouvoir macédonien se confrontent et doivent trouver un terrain d’entente. Les outils et sources mobilisés reflètent la large gamme des compétences que se doit d’embrasser l’historien des religions : de la toponymie à l’onomastique, de l’analyse phraséologique à la grammaire du temple, de l’étude d’objets à la reconstruction des contextes archéologiques.

2La recherche actuelle peut s’appuyer sur des corpus de textes considérables fournis par les éditions au long cours des grands temples ptolémaïques, que l’Ifao s’attache à publier depuis plus d’un siècle. Le dernier ensemble paru, celui d’Athribis en Haute Égypte, sous la direction de Christian Leitz, permet d’augmenter encore la variété des sources disponibles en apportant l’éclairage des sources de la région d’Akhmîm. C’est par l’étude de tels sites, à ce jour moins connus que la région thébaine ou les sanctuaires de Dendara, d’Edfou, d’Esna ou de Philae, que peut venir une bonne part du renouvellement des recherches sur la religion des anciens Égyptiens. Comme certaines des contributions le montrent, il y a encore une infinité de sources, éléments de mobilier cultuel ou funéraire, papyri, statues, etc., à collecter et à étudier d’abord pour eux-mêmes et en les mettant en série. L’érudition et l’étude de première main des sources restent les conditions fondamentales d’une recherche productive, qui élabore sur un terrain solide des interprétations étayées par les faits. Le lecteur s’en convaincra aisément en parcourant ces études stimulantes autant par la documentation qu’elles mettent en lumière que par la grille de lecture qu’elles lui appliquent.