La viande de vache en tant qu’interdit alimentaire en Égypte
Essai d’historicité d’une pratique révélée par les auteurs anciens
p. 525-555
Résumé
According to ancient authors, not eating cow meat is a rule for Egyptians. However, the authors mentioning this rule raised different origins and observances. This paper aims at confronting Herodotus, Origen and Porphyry’s commentaries with Egyptian archaeological and textual sources, in particular, the religious concept of bw.t related to the cow. Actually, this rule was not absolute. Egyptians consumed cow meat yet the animal was generally avoided by virtue of its utility. However, in some regions of Egypt, cow meat seems to have been totally proscribed from food due to local beliefs.
Note de l’auteur
Ce travail a bénéficié du soutien du LabEx ARCHIMEDE au titre du programme « Investissement d’avenir » ANR-11-LABX-0032-01.
Texte intégral
1Qu’elles soient le sujet de moquerie1, de perplexité ou de réflexions, les croyances et pratiques des habitants de l’Égypte, notamment celles relatives aux animaux et aux prescriptions alimentaires2, ont attiré l’attention des auteurs anciens. Leurs commentaires peuvent donc devenir des témoignages lorsque, débarrassés de l’interpretatio graeca, ils permettent de percevoir le substrat d’un fait religieux réel, voire d’une véritable coutume sociale3. Ainsi, une abstention de consommer de la viande de vache est rapportée et commentée par l’historien grec Hérodote, qui visita l’Égypte au ve s. av. J.-C.4, par Origène, théologien chrétien d’origine égyptienne en lutte contre les religions païennes aux iie-iiie s. apr. J.-C., et par Porphyre, philosophe du iiie s. apr. J.-C.5.
2Cette pratique est très peu évoquée dans la littérature égyptologique6, et la teneur de ces commentaires dans leur ensemble n’a jamais été discutée. Il est donc d’abord nécessaire de les confronter aux sources égyptiennes textuelles, iconographiques et archéologiques. Les discordances relevées entre les propos de ces auteurs invitent ensuite à aborder l’influence des croyances locales sur le régime alimentaire des anciens Égyptiens, en s’interrogeant notamment sur les interdits religieux. L’analyse est permise grâce aux « encyclopédies sacerdotales », corpus de textes relatif aux traditions religieuses provinciales égyptiennes et connu par des sources tardives : le Grand texte géographique d’Edfou (E, iiie s. av. J.-C.), le papyrus géographique de Tanis (Ta, iie s. av.-ier s. apr. J.-C.) et les papyrus de Tebtynis (T1, T2 et F, iie-iiie s. apr. J.-C.)7.
I. Commentaires et divergences des auteurs anciens sur l’abstention
3Les commentateurs s’accordent tous sur un point : ne pas manger de viande de vache est une règle en Égypte. Hérodote signale des « prescriptions religieuses » (ἱρὰ θρησκηίῃ)8 ; Origène relate qu’Ammon « interdit de manger de la vache » et évoque « les lois (νόμους) égyptiennes sur les vaches » ; Porphyre rapporte que les Égyptiens « décrétèrent qu’il était criminel d’y toucher » et qu’ils se refusaient à « transgresser la loi » (νόμους)9. Cependant, évoquée de manière sporadique et pour des raisons différentes, la pratique a suscité des commentaires discordants. Ainsi, des divergences sur l’origine de cette règle et son application sont notables entre les propos d’Hérodote et ceux de Porphyre ; les commentaires d’Origène et les sources indigènes apportent toutefois des éclaircissements.
I.1. L’origine de la règle
4Hérodote évoque un motif religieux comme raison de cette règle. L’historien rapporte que les Égyptiens s’abstiennent de manger de la viande de vache parce que l’animal est associé à Isis, qu’il compare à la Io des Grecs10. Porphyre, qui cite plusieurs fois en exemple les Égyptiens pour leur consommation restreinte de nourriture carnée, perçoit avant tout cette pratique comme une nécessité économique. Selon lui, la vache est épargnée, car elle satisfait à plusieurs besoins des habitants de l’Égypte ; en revanche, les mâles peuvent être consommés s’ils ne présentent pas de particularités.
5Les propos de Porphyre ne sont pas isolés et évoquent ceux de Diodore de Sicile pour qui les soins et la protection que les Égyptiens accordent aux animaux se justifient, en partie, en raison de leur utilité : « La vache par exemple enfante des travailleurs et laboure elle-même les terres légères11. »
6L’importance du bovin femelle dans l’économie du pays est perceptible aussi bien dans l’iconographie que dans le vocabulaire égyptien. Ainsi, le commentaire de Diodore n’est pas sans évoquer trois vocables de consonances similaires : bȝk.t (ou bȝk.ty au duel), skȝ et bkȝ.t. Le premier désigne la ou les deux vaches de labour dans les scènes agricoles des mastabas de l’Ancien Empire, et partage la même racine que le terme bȝk, « travailler12 ». Le deuxième se traduit par « labourer » et est employé pour les bêtes de labour en général13. Le troisième enfin peut désigner la vache gravide et est dérivé de bkȝ, « être enceinte14 ». La vache est donc effectivement une travailleuse (bȝk.t) qui laboure (skȝ) et enfante (bkȝ.t) des travailleurs. Or, ce sont précisément ces qualités de travail et de reproductivité qui sont mises en valeur dans les actes de vente de bovins femelles15. En outre, les vaches reproductrices, en plus de renouveler le cheptel, étaient de fait d’importantes pourvoyeuses de lait. Le vocabulaire égyptien est également richement pourvu en mots désignant les vaches laitières, dont les nuances restent à définir16.
7Pourtant, des ossements de vaches identifiés dans des restes alimentaires, sur plusieurs sites égyptiens datant de l’Ancien Empire, contredisent la règle évoquée par les auteurs anciens. Les données archéozoologiques et textuelles indiquent tout de même que les femelles étaient largement moins consommées que les mâles17, probablement pour diverses raisons économiques18. Ne pas manger de viande de vache apparaît donc comme une coutume sociale.
8Cependant, une interdiction religieuse est aussi évoquée par Origène. En effet, dans sa lutte contre Celse, défenseur des traditions païennes, il se moque du fait que les vaches ne sont pas épargnées à cause de leur utilité, mais parce que d’une part, l’Ammon des Égyptiens interdit d’en manger et que d’autre part, comme les crocodiles, elles sont consacrées à une « divinité mythologique ». Il confirme ainsi le motif religieux évoqué par Hérodote, même s’il n’a rien de valable selon lui.
9La règle de ne pas consommer de viande de vache n’était donc pas absolue, notamment aux époques anciennes. Plus tardivement, elle fut toutefois associée à une interdiction religieuse.
I.2. L’observance de la règle
10Les commentaires démontrent d’abord que cette règle a perduré durant plusieurs siècles. Elle était manifestement suivie avec ferveur : Hérodote insiste sur la répulsion des Égyptiens à être au contact des Grecs qui consommaient de la viande de vache ; Porphyre déclare qu’ils auraient préféré manger de la chair humaine plutôt que de cette viande, et mourir plutôt que de transgresser la loi19.
11Les propos divergent au sujet de la part de la population égyptienne qui la respectait. Pour Hérodote, tous les habitants de l’Égypte, voire des zones frontalières, s’abstiennent de viande de vache par déférence envers Isis, vénérée par tous. Porphyre affirme quant à lui que ce refus alimentaire ne concerne que « la plupart » des Égyptiens. Certains commentaires d’Origène pourraient expliquer la modération de Porphyre.
12Le théologien témoigne à maintes reprises de l’existence de lois au sein des religions païennes, notamment en Égypte, respectées avec ferveur à l’échelle régionale, mais pas nécessairement d’une région à l’autre. Parmi celles-ci, plusieurs sont relatives à des proscriptions alimentaires20. Religion et géographie sont particulièrement liées en Égypte. Les termes νόμος (« loi, coutume religieuse ») et νομός (« district, province »)21 décrivent parfaitement les conceptions égyptiennes du territoire, ce qui peut expliquer qu’Origène prend précisément en exemple ce pays pour illustrer ses propos sur les lois païennes associées à des régions. Les traditions religieuses locales ont en effet largement contribué à définir les divisions territoriales du pays, rendues par le vocable égyptien sepat, « province », et dont découle, en partie, le découpage administratif du pays en nomes à partir de l’époque ptolémaïque. Chaque province, et notamment sa métropole, possédait ses propres dieux, sanctuaires, fêtes et dates, interdits, etc., d’après les encyclopédies sacerdotales. Ces dernières peuvent donc être considérées comme une compilation des croyances et des pratiques religieuses locales, une sorte d’inventaire plausiblement consigné à des époques anciennes22. Peut-être étaient-elles perçues comme de véritables corpus de lois religieuses par les auteurs anciens23. La modération de Porphyre pourrait donc avoir trait à des particularités régionales, pas nécessairement religieuses ; elle s’oppose en tout cas à l’extrapolation d’Hérodote qui semble avoir perçu le culte d’Isis comme immuable, uniforme et national24. Pourtant, c’est progressivement, grâce au développement de différents lieux de culte, que la figure d’Isis s’est imposée en Égypte, et le phénomène n’a pas pour autant fait disparaître les particularités religieuses locales associées aux déesses préexistantes. Imprégnés de ces pratiques anciennes, les cultes d’Isis devaient être différents d’une région à l’autre ; ainsi, contrairement à ce que prétend Hérodote, la vache n’était probablement pas partout considérée de la même manière.
13Puisque l’abstention de viande de vache pouvait être respectée avec piété et probité, mais ne concernait pas toute l’Égypte, il faut alors l’envisager en tant que pratique religieuse locale.
II. Des interdits alimentaires locaux relatifs à la vache ?
14L’interdit bw.t, synonyme d’aversion, concerne tout ce que peut détester une divinité. Les interdits spécifiques à chaque province d’Égypte sont toutefois peu documentés25. La période durant laquelle ils apparaissent est d’abord difficile à déterminer. Dès l’époque ramesside, quelques récits relatifs à des croyances locales mentionnent ces interdits tels qu’ils apparaissent ensuite dans les encyclopédies sacerdotales26. Le Calendrier des jours fastes et néfastes fait également état de certains jours marqués par des prescriptions similaires27. En outre, si ces interdits provinciaux se retrouvent compilés au sein des encyclopédies, la manière dont ils étaient appliqués n’est pas explicite. Ainsi, la déficience des sources ne permet pas de savoir s’ils concernaient les provinces dans leur ensemble ou bien une localité particulière, leur métropole notamment28.
15L’abstention de viande de vache était-elle liée à ces interdits provinciaux ? Les encyclopédies indiquent qu’au moins sept provinces étaient concernées par une bw.t relative à l’espèce bovine29, mais le vocable wnm, « manger », n’est jamais mentionné30. Dans la mesure où, pour ces sept provinces, des traditions religieuses relatives aux bovins peuvent être mises en exergue, il semble pertinent de confronter les sources locales aux interdits provinciaux ainsi qu’aux propos des auteurs anciens sur les pratiques alimentaires.
16Les interdits sont donc regroupés et analysés selon leur nature : mentionnant le bovin femelle (3e et 4e provinces de Basse Égypte et 7e de Haute Égypte) ; liés à l’espèce bovine et donc à la vache (14e et 9e provinces de Haute Égypte) ; susceptibles d’être en rapport avec une partie du corps de la vache (5e et 22e provinces de Haute Égypte)31.
II.1. Les interdits relatifs à la vache
173e province de Basse Égypte :
18(E) : ḏȝỉ ‘ r ỉḥ (.t), « porter la main contre/vers la vache » ;
19(Ta) : ỉḥ.t, « vache » ;
20(T1) : ỉḥ.t, « vache ».
214e province de Basse Égypte :
22(E) : ḏȝỉ ‘ r ỉḥ (.t), « porter la main contre/vers la vache »
23(F) : [… ỉḥ.t], « [… vache] ».
247e province de Haute Égypte :
25(Ta) : ỉḥ.t, « vache ».
26L’unique source relative à la 7e province de Haute Égypte ne permet pas de cerner la nature précise de son interdit. Toutefois, étant donné que celui-ci peut se résumer simplement à ỉḥ.t pour les deux autres provinces, il laisse supposer que la vache était un animal à part. Les données locales relatives à cette 7e province étant très discrètes – la région a bénéficié de peu de travaux archéologiques32 –, seuls quelques indices montrent que le bovin femelle y était un animal considéré33. Rien n’indique cependant que cette mise à l’écart allait de pair avec une interdiction de manger de la viande de vache.
27Les 3e et 4e provinces de Basse Égypte, voisines géographiquement, partageaient le même interdit, développé pour chacune dans les textes du temple d’Edfou (E). Employé seul, le terme ḏȝỉ est relatif à l’action de tendre et de saisir ; associé à la main (‘), il signifie « diriger », « porter la main vers ou contre », « saisir quelque chose34 ». Dans ces deux provinces, porter atteinte à une vache, peut-être même simplement tendre la main vers elle, était une abomination.
28La toponymie de la 3e province de Basse Égypte prouve l’importance accordée au bovin femelle. La capitale Ỉmȝw (Imaou), située à proximité de l’actuelle Kôm el-Hisn et dont la déesse tutélaire était une Hathor, abritait un sanctuaire nommé « Demeure de la vache » (ḥw.t ỉḥ.t) attesté depuis les hautes époques. Le nom du lac sacré était vraisemblablement « le lac de la vache » (š ỉḥ.t)35. Surtout, l’animal sacré des lieux, réceptacle vivant de la déesse locale Hathor, était la vache Sekhathor36.
29Les études archéozoologiques menées à Kôm el-Hisn, dans les dépôts résidentiels de l’Ancien Empire, démontrent que les ossements de bovins sont très peu représentés parmi les restes fauniques, notamment par rapport à d’autres sites égyptiens contemporains. En outre, les quelques ossements découverts seraient ceux d’individus âgés de moins de deux ans, plausiblement morts accidentellement37. Le fait que le site semble avoir été un important centre d’élevage de bovins38 rend cette quasi-absence d’ossements d’autant plus intrigante : alors que, paradoxalement, la région fournissait en bovins le reste de l’Égypte, sur place, ces derniers n’étaient ni mis à mort ni consommés. Cela va dans le sens de l’interdit religieux local : comme on ne peut porter atteinte à la vache – et, vraisemblablement, à ses congénères non plus –, on ne peut pas la mettre à mort ou en consommer.
30La première mention d’Hérodote relative à l’abstention de viande de vache (Histoires II, 18 ; cf. Histoires IV, 186) trouve particulièrement sa place dans ce contexte géographique et religieux. L’historien rapporte en effet que les Libyens, et plus précisément les habitants de Maréa et d’Apis, ne voulaient pas suivre les prescriptions religieuses des Égyptiens et souhaitaient pouvoir manger de cette viande. D’après Hérodote, l’oracle d’Ammon « leur refusa son consentement ». Ces deux localités semblaient relativement proches d’Imaou39, située en marge du désert libyque, c’est donc peut-être surtout en raison de cette proximité géographique que la proscription alimentaire devait être respectée.
31La 4e province de Basse Égypte, localisée dans la zone méridionale de l’actuel gouvernorat de la Minoufiya, serait à l’origine du nome prosôpite, lui-même toutefois plus étendu, avec Kôm Abou Billou comme limite ouest et Banha comme limite est40. Dans ce nome se trouvait, d’après Strabon, une Aphroditopolis41. L’emplacement comme le statut de cette ville sont inconnus, cependant plusieurs éléments indiquent que la vache y était révérée. Chr. Favard-Meeks a attiré l’attention sur les allusions à une vache sacrée, notamment à travers les prêtrises locales42, et signale également un papyrus grec datant de 98 apr. J.-C., qui atteste bien de la présence d’une vache nommée Héchis dans l’Aphroditopolis du Prosôpite (Ἦχις [… ἐ]ν ᾿Αφροδίτης πό[λει τοῦ Προ]σωπείτου)43. Le témoignage d’Hérodote confirmerait d’une part l’existence d’une vache sacrée dans cette Aphroditopolis dès le ve s. av. J.-C., et d’autre part une proscription alimentaire.
32Après avoir de nouveau mentionné le refus des Égyptiens de consommer de la viande de vache « dans toute l’Égypte44 », Hérodote évoque le traitement funéraire des bovins morts naturellement. Il précise que ceux-ci ne sont pas traités de la même manière selon qu’il s’agit de femelles ou de mâles. Toutefois, ses explications peuvent surprendre : les femelles seraient jetées dans le Nil, tandis que les mâles seraient inhumés « en laissant l’une des cornes, ou même les deux, pointer au-dessus du sol » afin qu’après la décomposition, les ossements puissent être ramassés et réensevelis tous ensemble ailleurs. Hérodote affirme que c’est à Atarbèchis, située sur l’île Prosôpitis dans le Delta, que se déroulaient ces pratiques. Le site n’a pas été localisé, mais il est probable que cette île soit le territoire à l’origine du nome prosôpite45, et qu’Atarbèchis, qui « renferme un temple d’Aphrodite fort vénéré », corresponde à l’Aphroditopolis du Prosôpite46.
33Les femelles mentionnées par l’historien, « jetées dans le fleuve » sans autre explication, pourraient être celles qui se seraient succédé en tant que Héchis à Atarbèchis/Aphroditopolis. L’étranger Hérodote aurait été maintenu dans l’ignorance des pratiques funéraires relatives aux réceptacles de la divinité locale. Comme les hypostases du taureau Apis, il est possible qu’elles aient bénéficié d’un véritable traitement funéraire puis qu’elles aient été inhumées dans une nécropole spécifique, à l’image de celle dédiée aux vaches Hésat à Atfih47.
34Quant aux bovins mâles, il pourrait s’agir du troupeau qui accompagnait la vache sacrée. La description que fait Hérodote de leur inhumation évoque les bovins qui semblent avoir vécu dans l’entourage du taureau Apis. D’après les hypothèses de S. Davies, ce sont leurs restes qui auraient été découverts à Saqqarah, simplement ensevelis dans le sable, ce qui rappelle la décomposition des corps des bovins mâles d’Atarbèchis enterrés dans « les faubourgs », c’est-à-dire en marge de la ville, donc dans des zones sableuses. L’auteur rappelle aussi que des catacombes de bovins ont été signalées à Saqqarah aux xviiie et xixe siècles48. Des catacombes similaires ont peut-être aussi existé à Atarbèchis ; elles seraient ce « même lieu » mentionné par Hérodote où étaient réensevelis les squelettes de bovins après leur décomposition.
35Ces pratiques locales observées par l’historien grec vont, une fois encore, dans le sens de l’interdit provincial : puisqu’on ne leur porte pas atteinte, les vaches et leurs compagnons meurent naturellement et sont ensuite inhumés dignement.
36Les vaches Sekhathor et Héchis révérées dans les 3e et 4e provinces, la quasi-absence d’ossements de bovins à Kôm el-Hisn et le traitement funéraire particulier de ceux d’Atarbèchis/Aphroditopolis corroborent l’interdiction locale de porter atteinte à la vache et, plausiblement, à toute l’espèce bovine. Le témoignage d’Hérodote permet de placer dans un même contexte géographique ces pratiques religieuses relatives au bovin et l’abstention de viande de vache. Son affirmation selon laquelle « c’est une loi chez eux, car on ne tue pas non plus ces animaux », qui évoque aussi le commentaire de Porphyre (« il est criminel d’y toucher »), montre que l’interdit commun à ces deux provinces était perçu comme une loi religieuse. En toute logique, la vache étant le réceptacle dans lequel la divinité pouvait s’incarner, comme l’indique Origène, on se gardait « jusqu’à la mort de goûter à sa chair49 ».
II.2. Les interdits relatifs à l’espèce bovine en général
3714e province de Haute Égypte :
38(E) : nkn dr ỉḥ, « causer un dommage », « repousser le bovin », ou bien « causer un dommage au bovin et repousser le bovin ».
399e province de Haute Égypte :
40(Ta) : ỉḥ, « bovin ».
41L’interdit de la 14e province de Haute Égypte peut être interprété de deux manières : soit deux actions différentes – « causer un dommage (quel qu’il soit) » d’une part et « repousser le bovin » d’autre part –, soit deux actions concernant seulement l’animal – « causer un dommage et repousser le bovin ». Quant à l’interdit de la 9e province, son unique source présente seulement une graphie développée du bovin.
42Les traditions religieuses des deux provinces confirment bien la considération portée à l’espèce bovine. Ainsi, quelques éléments montrent une tradition ancienne et persistante de bovins sacrés femelles dans la 14e province : des titres locaux datant de l’Ancien Empire, associés au troupeau de vaches ṯnt.t, consacré à Hathor50, et le témoignage isolé d’Élien sur la vache sacrée de Cusae, l’ancienne métropole devenue un village du nome hermopolite51. Cependant, étant donné la longue période qui sépare ces sources, il n’est pas certain que le troupeau ṯnt.t soit lié à cette vache – les deux n’ont peut-être même pas coexisté. L’existence d’une vache sacrée locale rend toutefois vraisemblable une interdiction alimentaire bovine, concernant peut-être uniquement les femelles, bien qu’aucun élément ne puisse à l’heure actuelle le confirmer52.
43Mîn, démiurge d’Akhmîm, la métropole de la 9e province de Haute Égypte, pouvait prendre l’apparence d’un taureau53, et divers troupeaux lui étaient associés54. L’un d’entre eux, à la lecture incertaine (peut-être ḫm.t Mnw, « les vaches khemet de Mîn »)55 – est mentionné durant la fête du dieu, visiblement associé à un espace clos (ḫnr.t) du taureau de Mîn56. Il pourrait s’agir des compagnes du taureau hypostase du dieu, porteuses de sa progéniture57 et réunies en un même lieu, à l’écart des troupeaux plus ordinaires. Le toponyme Ḥw.t-ỉd.wt, « Demeure des (vaches ?) gravides », fait peut-être référence à ce même troupeau de compagnes58. Toutefois, si la relation particulière qu’entretient le dieu local avec les bovins59 peut expliquer que ces derniers sont concernés par un interdit, la nature de celui-ci reste insaisissable.
44En outre, la présence de scènes d’abattage et de découpe dans plusieurs tombes de l’Ancien et du Moyen Empire dans les 9e et 14e provinces de Haute Égypte60 rend encore plus complexe l’interprétation de ces interdits61.
II.3. Les interdits éventuellement relatifs à une partie du corps de la vache
455e province de Haute Égypte :
46(E) : tp mnpḥ, « la tête, le sein » ou « la tête, le pis », ou encore « le mamelon », « la mamelle » ;
47(T2) : mnpḥ, « sein » ou « pis ».
4822e province de Haute Égypte :
49(E) : tp m tȝ r ȝw=f, « la tête dans le pays entier » ;
50(T1) : tp nb.t, « toute tête » ou « toute la tête » ;
51(F) : [tp] nb[.t], « toute [tête] » ou « toute [la tête] ».
52À première vue, les interdits de ces deux provinces ne se rapportent pas à la vache. Chr. Leitz a mis en évidence le problème de traduction posé par celui de la 5e province de Haute Égypte dans son ensemble62. Cependant, il n’évoque pas le fait que mnpḥ peut aussi bien désigner le sein d’une femme que le pis de la vache63, et donc tp mnpḥ la mamelle de l’animal. Un interdit local relatif au pis ou à la mamelle est pourtant recevable, étant donné la présence de vaches laitières associées à Mîn. Un bloc provenant du Netjery Chemâ de Coptos64, chef-lieu de la province, mentionnerait en effet un « troupeau noir de Mîn » :
[… sš]p=tn ỉrṯ.t m km (.t) pr m mnpḥ.wy […]
[…] Recevez le lait provenant du troupeau noir, issu des pis [de… ]65.
53Les vaches de ce troupeau km.t, qui prospérait peut-être dans km-wr, le pehou de la province66, fournissaient probablement un lait considéré comme sacré67, ce qui expliquerait que le pis (ou la mamelle) ait été protégé par un interdit. Toutefois, plus qu’une abstention alimentaire relative au pis, il pourrait s’agir de la manière de le manipuler durant la traite. Le fait qu’il existe un titre local spécifique, « le préposé à la traite de la vache68», favoriserait cette hypothèse.
54Cependant, l’archéozoologie indiquerait également une abstention de viande bovine à Coptos, du moins aux époques tardives. Une étude menée par R.W. Redding sur le site montre en effet la très faible présence d’ossements de bovins parmi le matériel faunique : vingt fragments ont été retrouvés dans les couches d’époque hellénistique, dix seulement pour les niveaux d’époque romaine. Surtout, R.W. Redding signale la découverte d’un squelette de jeune bovin presque complet, ne semblant pas avoir fait l’objet de consommation69 et rappelant ainsi les inhumations évoquées par Hérodote à Atarbèchis.
55Le nom même de la métropole de la 22e province, localisée près d’Atfih, indiquerait que son interdit concernait la tête de bovin. Bien que, au vu des graphies changeantes et au gré des croyances et des élaborations théologiques, la signification de ce toponyme ait dû évoluer, « Tête de vache » est en effet une traduction plausible70. Ce nom serait lié à une croyance locale selon laquelle une déesse, après avoir été décapitée, obtient une tête de bovin en guise de remplacement. Cette tradition religieuse serait à l’origine de la présence d’une vache sacrée, Hésat, à Atfih71. C’est peut-être l’interdit de cette province que l’on ne souhaite pas respecter dans un sort connu par des textes du Nouvel Empire, où un bovin lié « au parvis d’Hathor » est menacé d’être décapité72. Parce qu’il évoque la principale croyance locale, ce serait donc l’acte de trancher la tête d’un bovin qui était interdit dans la 22e province. Dans la mesure où l’animal réceptacle de la déesse locale était une vache, il est aussi vraisemblable que la viande bovine ait été proscrite de l’alimentation ; les preuves archéozoologiques manquent cependant.
56Ce sort relatif à la décapitation d’un bovin sacré pourrait aussi être à l’origine d’une coutume rapportée par Plutarque, selon laquelle, à chaque sécheresse désastreuse, « certains animaux vénérés » étaient menacés par les prêtres, voire sacrifiés en cas de sécheresse persistante73. Pourtant, si les menaces, dont celle de trancher la tête, pouvaient éventuellement impliquer les animaux « vénérés », tels que les « uniques », on peut en revanche douter de leur réelle mise à mort74, exception faite des querelles interprovinciales. Les prêtres/magiciens auraient plutôt eu recours à des victimes de substitution par le biais de bovins bien spécifiques. Dans son enquête, Hérodote mentionne en effet une pratique relative à la tête des bovins de sacrifice75. Les bêtes, préalablement marquées par le « vérificateur76 », sont décapitées, puis les têtes sont chargées de malédictions avant d’être vendues aux Grecs ou jetées au fleuve77, car « pas un Égyptien ne consentirait à manger de la tête de quelque créature que ce soit ».
57Encore une fois, on peut se demander si ce dernier commentaire d’Hérodote découle d’une observation locale ou nationale, car il évoque de nouveau l’interdit de la 22e province de Haute Égypte. En effet, tp nb.t peut se comprendre « toute tête », c’est-à-dire qu’il serait interdit de consommer la tête d’un animal, quel qu’il soit, notamment par respect pour la principale croyance locale. Toutefois, l’interdit de cette province est en lui-même équivoque puisque tȝ r ȝw=f peut aussi bien désigner tout le territoire de la 22e province que l’Égypte dans son ensemble. En outre, le commentaire d’Origène sur les traditions égyptiennes proscrivant de l’alimentation certaines parties du corps des animaux « telles que la tête ou l’épaule » révèle la même ambiguïté : fait-il référence à des interdits provinciaux78 ou à des prescriptions rituelles concernant l’ensemble de l’Égypte ? Finalement, les Égyptiens consommaient-ils réellement ces pièces de boucherie79 ?
Conclusion
58L’archéozoologie prouve que l’abstention de viande de vache n’était pas une règle absolue. Même en très petites quantités, des ossements de bovins femelles ont été identifiés dans des restes alimentaires sur plusieurs sites datant de l’Ancien Empire. Cette rareté peut s’expliquer, comme le rapportent Diodore, Origène, ou encore Porphyre, par l’utilité économique de la vache.
59En revanche, pour la 3e province de Basse Égypte, l’archéozoologie montre que durant l’Ancien Empire, les bovins n’étaient pas consommés sur place. Cette pratique semblait donc localisée. Plus tardivement, Hérodote l’aurait lui-même observée dans les zones qu’il a visitées, correspondant aux 3e et 4e provinces de Basse Égypte, territoires frappés par la même bw.t : « porter la main contre la vache ». Cet interdit fut considéré comme une loi par les auteurs anciens, et Hérodote semble en avoir fait une généralité.
60Les pratiques alimentaires bovines locales en Haute Égypte sont peu documentées et peu commentées par les auteurs anciens. À l’exception peut-être de la 22e, où une proscription de consommation de tête de bovin, voire de tout animal, est probable, la nature et l’application des interdits des 5e, 9e, 7e et 14e provinces restent difficiles à discerner. Toutefois, le cas de Coptos, où peu d’ossements ont été retrouvés pour les périodes grecque et romaine, pourrait indiquer que, dans cette métropole de la 5e province, les bovins mouraient de cause naturelle, puis étaient enterrés dans des nécropoles spécifiques, à l’image de ce dont témoigne Hérodote pour Atarbèchis.
61Plusieurs croyances locales, parfois très anciennes, accordaient de l’importance aux bovins, surtout aux femelles. Toute vache y était susceptible d’être un médiateur entre les dieux et les hommes, en tant qu’incarnation d’une divinité ou compagne d’un dieu : en manger aurait été une abomination. En outre, n’importe quelle vache était susceptible de mettre au monde un taureau sacré. Ainsi, dans le reste de l’Égypte, par précaution, les vaches n’étaient peut-être consommées qu’à partir d’un certain âge, lorsqu’elles ne pouvaient plus se reproduire.
62Cependant, l’iconographie laisse penser que ces pratiques « bovines » sont apparues tardivement puisque, pour les Ancien et Moyen Empires, il existe des représentations de bovins abattus dans des territoires plus tard frappés d’un interdit concernant les bovins.
63Des données archéozoologiques pour les périodes les plus récentes permettront de mener à bien des études comparatives, tant sur le plan chronologique que géographique, et ainsi de mieux évaluer l’influence des croyances religieuses provinciales sur les pratiques alimentaires des anciens Égyptiens.
Bibliographie
Sources anciennes
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Annexe
Annexe : Citations des auteurs anciens relatives à la viande de vache
Hérodote, Histoires II, 18, p. 167
Les habitants d’Apis et de Maréa, aux confins de l’Égypte et de la Libye, qui se croyaient Libyens et non Égyptiens, jugeaient importunes leurs prescriptions religieuses et ne voulaient pas avoir à s’abstenir de la viande de vache. Ils envoyèrent consulter l’oracle d’Ammon, en affirmant qu’ils n’avaient rien de commun avec les Égyptiens : ils habitaient en dehors du Delta, ne suivaient pas leurs coutumes, et réclamaient le droit de manger de tout.
Hérodote, Histoires II, 41, p. 180
Dans toute l’Égypte, les bovidés mâles et les veaux reconnus purs sont offerts en sacrifice ; mais on ne doit pas sacrifier les vaches qui sont consacrées à Isis. En effet, les statues d’Isis la représentent sous la forme d’une femme avec des cornes de vache, comme Io chez les Grecs, et toute l’Égypte vénère les vaches plus que tout autre animal. Aussi, ni homme ni femme en Égypte ne consentirait à embrasser un Grec sur la bouche, pas plus qu’à user du couteau, des broches ou du chaudron d’un Grec, ou à goûter à la chair d’une victime pure qui aurait été découpée à l’aide d’un couteau d’un Grec. Voici ce que l’on fait des bêtes mortes de mort naturelle : les vaches sont jetées dans le fleuve, mais on enterre les mâles dans les faubourgs de la ville, en laissant l’une des cornes, ou même les deux, pointer au-dessus du sol, pour marquer l’emplacement. La décomposition du corps achevée, au temps prescrit, une barque part de l’île qu’on appelle Prosopitis et passe par toutes les cités. – Cette île est dans le Delta, elle a neuf schènes de pourtour ; elle contient un grand nombre de cités, outre celle d’où partent les barques chargées de recueillir les ossements des bovidés, qui s’appelle Atarbèchis et renferme un temple d’Aphrodite fort vénéré. De cette ville partent sans cesse des gens dans toutes les directions : ils déterrent les squelettes et les emportent pour les ensevelir tous en un même lieu. Ils traitent de la même manière tous les bestiaux qui viennent à mourir. C’est une loi chez eux, car on ne tue pas non plus ces animaux.
Hérodote, Histoires IV, 186, p. 443
Donc, de l’Égypte jusqu’au lac Tritonis, les Libyens sont des nomades mangeurs de viande et buveurs de lait ; ils s’abstiennent de la viande de vache, pour le même motif que les Égyptiens, et n’élèvent pas de porcs. Les femmes de Cyrène se refusent aussi à manger de la vache, à cause de l’Isis des Égyptiens, qu’elles honorent de plus par des jeûnes et des fêtes.
Origène, Contre Celse III, V, 36, 1-13, p. 109
Quel est donc cet Ammon d’Hérodote à qui Celse a emprunté sa citation afin de prouver que c’est un devoir pour chacun de garder les traditions ? Car leur Ammon ne permet pas aux gens de Maréa et d’Apis, habitant les régions limitrophes de la Libye, d’être indifférents à manger de la viande de vache, pratique non seulement indifférente en elle-même, mais encore qui n’empêche personne d’être honnête homme. Si leur Ammon avait interdit de manger de la vache, parce que l’animal est utile pour l’agriculture, et en outre parce que c’est avant tout aux vaches que la race bovine doit son accroissement, peut-être le précepte serait-il plausible. Mais en fait il veut simplement dire : parce qu’ils boivent l’eau du Nil, ils doivent garder les lois égyptiennes sur les vaches.
Origène, Contre Celse III, V, 39, 1-8, p. 117, 119
Aussi bien faut-il chercher la nourriture qui convient ou ne convient pas à l’animal raisonnable et civilisé qui fait tout avec réflexion, au lieu d’adorer au hasard les brebis, les chèvres et les vaches. S’abstenir d’en manger est normal, vu la grande utilité de ces animaux pour les hommes. Mais épargner les crocodiles et les considérer comme consacrés à je ne sais quelle divinité mythologique, n’est-ce point le comble de la sottise ?
Porphyre, De l’abstinence II, II, N141 [11, 2], p. 80
Par exemple, chez les Égyptiens et les Phéniciens, on mangerait plus volontiers de la chair humaine que de la viande de vache. La cause en est que cet animal utile se faisait rare chez eux. C’est pourquoi tout en mangeant et en sacrifiant les taureaux, ils épargnèrent les femelles pour assurer la reproduction, et décrétèrent qu’il était criminel d’y toucher. C’est pourtant bien en fonction de leurs besoins qu’ils définirent, pour une seule et même espèce – celle des bovins – ce qui était conforme à la piété et ce qui ne l’était pas.
Porphyre, De l’abstinence II, II, N186 [61, 7], p. 124
Comment ! Les Syriens ne sauraient consentir à manger du poisson ; les Hébreux ont la même position en ce qui concerne le porc, et la plupart des Phéniciens et des Égyptiens en ce qui concerne la vache ; bien plus, alors qu’un grand nombre de rois se sont efforcés de les faire changer d’attitude, ils ont supporté la mort plutôt que de transgresser la loi.
Porphyre, De l’abstinence III, IV, N239 [7, 3], p. 11
Ainsi pour les bovidés, ils (les prêtres égyptiens) refusent les femelles et tous les mâles jumeaux ou tachés ou bigarrés ou difformes ou mis sous le joug, car ils sont dès lors consacrés par leurs travaux, ou ceux qui ont une ressemblance avec les bovidés qu’on honore […].
Notes de bas de page
1 Élien, La personnalité des animaux XII, 5, p. 61.
2 Elles font notamment l’objet d’une satire par Juvénal (Satires XV, 9-12, p. 189).
3 À ce sujet, voir le recueil d’articles consacré au livre II d’Hérodote : Coulon, Giovannelli-Jouanna, Kimmel-Clauzet (éd.) 2013.
4 Hérodote aurait principalement voyagé dans la région de Memphis et dans le Delta : voir notamment Yoyotte 2013a, p. 556-559.
5 Hérodote, Histoires II, 18, p. 167 ; II, 41, p. 180 ; IV, 186, p. 443 (voir Legrand [trad.] 1936, p. 78, 94-95 ; Legrand [trad.] 1945, p. 191). Origène, Contre Celse III, V, 36, 1-13, p. 109 ; V, 39, 1-8, p. 117, 119. Porphyre, De l’abstinence II, II, N141 [11, 2], p. 80, N186 [61, 7], p. 124 ; De l’abstinence III, IV, N239 [7, 3], p. 11. Ces commentaires sont réunis en annexe à la fin du présent article.
6 Voir notamment Sourdille 1910a, p. 221, 227, 251 ; Lloyd (trad.) 1976, p. 183-184 ; Darby, Ghalioungui, Grivetti 1977, p. 120-146 ; Ikram 1995, p. 8-15, 44, pour la viande bovine en général.
7 Les sources constituant le corpus des encyclopédies sacerdotales ont été récemment réunies dans Leitz 2014. Les abréviations sont celles de cet auteur (p. 3) : « E » (Edfou I, 337,3 – 344,3 pour la Haute Égypte ; Edfou I, 329,11 – 336,2 pour la Basse Égypte) ; « Ta » (Griffith, Petrie 1889, pl. 10) ; « T1 » (Osing 1998, p. 232-247, pl. 23-25) ; « T2 » (Osing 1998, p. 267-272, pl. 27-28) ; « F » (Osing, Rosati [éd.] 1998, p. 30-43, pl. 2-5, fragments 21-38). Les temples gréco-romains offrent aussi des informations sur les traditions locales, pouvant être intégrées à ce corpus (par exemple, le temple de Kôm Ombo : voir notamment Gutbub 1973, p. 1-18, no 709, p. 18-31, no 613, p. 31-57, nos 423-424). Pour les 17e et 18e provinces de Haute Égypte, ces données sont enrichies par le document unique qu’est le papyrus Jumilhac (Vandier 1961).
8 LSJ, 822, s.v. « ἱερός », notamment « of divine things » ; LSJ, 806, s.v. « θρησκεία », « ritual ».
9 LSJ, 1180, s.v. « νόμος », « that which is in habitual practice, use or possession », notamment « law of God », « statute, ordinance made by authority ».
10 Au ier s. av. J.-C., Diodore de Sicile (Bibliothèque historique XI, 4) signale également qu’une vache est consacrée à Isis.
11 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique LXXXVI, 1 à LXXXVII, 1-2, p. 161. Les mêmes notions d’utilité et de « services rendus » sont mises en exergue par Diodore en ce qui concerne les taureaux sacrés (Bibliothèque historique XXI, 10-11, et LXXXVIII, 4), c’est-à-dire ceux qui ont trait aux particularités évoquées par Porphyre.
12 Ces vaches sont littéralement des « servantes » : AnLex I, 77.1190 ; II, 78.1259 ; III, 79.0852. Voir Montet 1925, p. 189-190. Pour bȝk, « travailler », avec une connotation de servitude, voir notamment Wb I, 426,3 – 427,11.
13 Wb IV, 315-316, 9 ; cf. Wb IV, 316, 11.
14 Comparer notamment Wb I, 481, 14, 12-13 et 1-11.
15 Cruz-Uribe 1985, p. 3-7 : P. Berlin 13571 et P. Rylands 8, pour une vache « de labour (skȝ) » et « gravide (bk[ȝ]) ».
16 Par exemple ỉry.t (Wb I, 114, 18), ‘mry.t (Wb I, 187, 4), wp (Wb I, 298, 6), mn‘.t (Wb II, 78, 10), mhỉ.t (Wb II, 113, 16).
17 Redding 2010, p. 68 (Giza) ; Pantalacci, Lesur 2012, p. 293 (Balat). Un document provenant de Balat mentionne notamment « la distribution des pièces de viande provenant de la “génisse de l’offrande divine” » (Pantalacci, Lesur 2012, p. 307-308). Voir également Lloyd (trad.) 1976, p. 183-184.
18 En raison de l’utilité de la vache et du coût de la viande bovine, voir Pantalacci, Lesur 2012, p. 305-306 ; Moreno García 1999, notamment p. 251-254.
19 Voir aussi Origène, Contre Celse I, I, 52, 16-20, p. 219 : « Il sera long par exemple d’inspirer à un Égyptien le mépris d’une de ses traditions ancestrales, de cesser de croire à la divinité de tel animal sans raison ou de se garder jusqu’à la mort de goûter à sa chair. »
20 Origène, Contre Celse III, V, 27, 22-29, p. 83 ; V, 29, 1-10, p. 85 ; V, 35, 1-23, p. 107, 109. Cette même Égypte divisée en régions pratiquant chacune ses propres prescriptions, notamment alimentaires et parfois sujettes à discorde, est déjà évoquée par Diodore (Bibliothèque historique LXXXIX, 5-6, p. 166). D’autres récits rapportent ces querelles religieuses : voir les exemples réunis par Y. Volokhine (2014, p. 218-223) pour les commentaires des auteurs anciens. Des querelles interprovinciales sont déjà perceptibles dans la littérature égyptienne plus ancienne : Servajean 2011, notamment p. 23-37.
21 Pour νόμος, voir supra ; LSJ, 1180, s.v. « νομός », notamment « district, sphere of command, province », « esp. of the districts of Egypt ». Voir Borret 2008, p. 74-77, n. 3.
22 Sur les données anciennes présentes dans les papyrus de Tebtynis, voir notamment Quirke 2003, en particulier p. 286-287. Selon D. Klotz (2014, p. 717, 721), l’agencement de ces données religieuses en listes provinciales daterait toutefois, au plus tôt, de l’époque saïte, et, trop systématique pour être réel, ne serait pas nécessairement fondé sur des réalités géographique et religieuse.
23 Voir la réplique de « l’Athénien » dans Platon, Les Lois VII, 799a-b, p. 26-27, où les références aux fêtes, dates, dieux, enfants de dieux, prêtres, prêtresses, etc., dans une énumération de prescriptions religieuses égyptiennes, rappellent les différentes rubriques composant les encyclopédies sacerdotales.
24 Hérodote, Histoires II, 42, p. 181 : « Les Égyptiens n’adorent pas tous les mêmes dieux, sauf Isis et Osiris (c’est notre Dionysos, disent-ils) qui, eux, sont vénérés partout en Égypte. »
25 Pour une bibliographie et une synthèse sur la notion de bw.t, voir Volokhine 2014, p. 115-118 ; Volokhine, dans ce volume. L’étude pionnière concernant les interdits provinciaux est celle de P. Montet (1950). Voir également Frandsen 2002-2003, p. 71.
26 Fr. Servajean (2011) a mis en exergue la place majeure que tiennent les interdits des 17e et 18e provinces de Haute Égypte dans le Conte des deux frères, datant de l’époque ramesside.
27 Pour les bovins notamment, voir Leitz 1994, p. 22, 37 : le premier mois de la saison akhet, le 11e jour, il ne faut pas « contempler un bovin » ni se « joindre à lui » ; le premier mois de la saison akhet, le 21e jour, il ne faut pas « massacrer de bovins ».
28 Le papyrus Jumilhac, par exemple, révèle l’existence d’interdits qui ne figuraient pas dans ces encyclopédies : ils étaient peut-être relatifs à des localités secondaires. Voir Vandier 1961, p. 123-124, XII, p. 16-21, et p. 178-179.
29 Leitz 2014, p. 55-56, 74, 84-85, 113, 175, 212-213, 219, pl. 93. La 11e province de Haute Égypte pourrait être concernée par un interdit relatif à la vache (Leitz 2014, p. 94-95), mais ses traditions religieuses sont mal connues. À Athribis, l’interdit semblait concerner le cœur du taureau noir associé à la relique osirienne : Vernus 1978, p. 432-439. D’autres vaches sont documentées en Égypte (voir par exemple Favard-Meeks 1991, p. 359-362 ; Meeks 2006, p. 31, XIV, 7-8, et p. 287-288 ; Wilson 2006, p. 20-22, 38-39, pour les 5e et 12e provinces de Basse Égypte). Elles sont peut-être associées à des interdits secondaires.
30 Dans l’état actuel de la documentation, wnm, « manger », n’apparaît que pour l’interdit de la 3e province de Haute Égypte, « manger du poisson » ; voir Leitz 2014, p. 36.
31 D’autres provinces pourraient être concernées par des « parties » de la vache, mais leurs traditions religieuses sont peu documentées. En outre, un interdit ayant le même objet, comme la tête – P. Montet (1950, p. 99-101) en mentionne six –, n’impliquait pas forcément la même croyance.
32 Voir Collombert 2008-2010.
33 La métropole, Ḥw.t-sḫm, localisée près de l’actuelle Hou, abritait un culte à Hathor, qui a supplanté celui de la déesse bovine Bat : Collombert 1998, p. 289-290 ; Collombert 2012, p. 352-356. En outre, le territoire pehou, nommé ỉd.t, c’est-à-dire « vache gravide », est particulièrement consacré aux vaches et à leurs petits : Collombert 1995, p. 205-208 ; Leitz 2014, p. 75 ; Tattko 2014, p. 164.
34 Voir Wb V, 514, 5 ; AnLex III, 79.3612 ; Meeks 1973, notamment p. 211.
35 Leitz 2014, p. 207-208.
36 Imaou/Kôm el-Hisn serait la Momemphis de Strabon où, d’après le géographe, une Aphrodite était honorée et une vache nourrie (Géographie XVII, 1, [22], p. 118, n. 249, et p. 119). Voir aussi Perdu 1982 : une concentration d’ossements de bovins sur le site de Kôm el-Hisn indiquerait qu’une nécropole spécifique leur était dédiée.
37 Wenke et al. 1988, p. 19 ; Redding 1992, p. 101-102 : seulement 28 fragments d’ossements après trois saisons de fouilles contre, par exemple, 543 de moutons/chèvres et 728 de porcs. À titre de comparaison, voir les résultats obtenus sur le site de Giza pour l’Ancien Empire (Redding 2010, p. 68) et sur le site de Balat pour l’Ancien Empire et le début de la Première Période intermédiaire : « Le bœuf (Bos taurus) et les caprinés (mouton et chèvre) dominent largement le spectre : ils représentent 84 % des restes déterminés. » (Pantalacci, Lesur 2012, p. 292, et fig. 1 p. 293).
38 Wenke et al. 1988 ; Redding 1992 ; Cagle 2003, notamment p. 2-4, 132-133.
39 Maréa se situerait à proximité du lac Maréotis (Perdu 2006, p. 174, n. c). La localité nommée « Apis » ne semble pas avoir été identifiée, mais la capitale même de la 3e province de Basse Égypte était parfois nommée « Ville d’Apis » : Perdu 1982, p. 258, 263, 265 ; Lloyd (trad.) 1976, p. 87-88.
40 Dhennin 2012, notamment p. 117-125.
41 Strabon, Géographie XVII, 1, [20], p. 115.
42 Favard-Meeks 1991, p. 359-360. Pour les mentions d’une vache Ihet et/ou Mehet-ouret dans certaines processions géographiques relatives à la 4e province de Basse Égypte, voir également Guermeur 2005, p. 95-96 ; Leitz 2014, p. 216-217.
43 P. Lund III, 10 = SB V 8750, II, 11-26 : Hanell 1938, p. 140-142.
44 Hérodote, Histoires II, 41, p. 180.
45 Yoyotte 2001, p. 82-83 ; Lloyd (trad.) 1976, p. 186-187 ; Dhennin 2012, p. 120.
46 W. Spiegelberg (1900) a reconnu dans Atarbèchis une vocalisation grecque de Ḥw.t Ḥr bỉk, « Demeure d’Horus faucon ». Selon A.B. Lloyd ([trad.], 1976, p. 187-189), Atarbèchis correspondrait au site de Kôm Abou Billou. C. Sourdille (1910b, p. 47) et J. Yoyotte (Charvet, Yoyotte 1997, p. 114, n. 233 ; Yoyotte 2001, p. 82-83) associent ce toponyme à l’Aphroditopolis de Strabon. Pour C. Sourdille (1910b, p. 47, n. 4), d’après le témoignage d’Étienne de Byzance, cette Aphroditopolis se situerait à l’est, près d’Athribis. J. Yoyotte propose quant à lui de l’identifier à l’ancienne Ỉnbw, lieu de culte dédié à Hathor qu’il situe à l’ouest, entre Kôm Abou Billou et Kôm el-Hisn (Charvet, Yoyotte 1997, p. 114, n. 233 ; Yoyotte 2013b, p. 257-258 ; Yoyotte 2001, p. 82-83 ; Perdu 2006, p. 173-174, n. a). Sur cette dernière proposition, voir cependant Dhennin 2016.
47 Pour les travaux archéologiques en cours dans cette nécropole, voir MEFA 2010.
48 Davies 1998 ; l’auteur fait le lien entre ces restes découverts dans le sable et les catacombes de bovins dont la localisation est aujourd’hui perdue.
49 Origène, Contre Celse I, I, 52, 16-20, p. 219 ; voir supra.
50 Blackman 1914, p. 1-2 ; Blackman 1915, p. 25-27. Ces titres furent portés par des notables inhumés à Meir, à l’ouest de Cusae : Leitz 2014, p. 113. Ce même troupeau ṯnt.t est également attesté à Dendara ; selon H.G. Fischer (1968, p. 26-27, 137), il était placé sous la responsabilité du directeur des prêtres d’Hathor. Voir Allam 1963, p. 36-37.
51 Élien, La personnalité des animaux X, 27, p. 22.
52 La région a livré très peu d’informations pour les périodes ultérieures à l’Ancien Empire, et il n’existe aucune donnée archéozoologique : Gillam 2010. Le site de Meir bénéficie toutefois de nouveaux travaux archéologiques entrepris par la Macquarie University (http://www.mq.edu.au/).
53 Gauthier 1931, p. 53-60 ; Vernus, Yoyotte 2005, s.v. « taureau », p. 571.
54 Des « directeurs des bovins (ỉḥ.w) » de Mîn sont attestés depuis au moins le Moyen Empire : Gauthier 1931, p. 53-54. Un « troupeau noir » () – et non « vache noire » – (Gauthier 1931, p. 55-56 ; en partie LGG VII, 285c-286a ; Vernus 1978, p. 356, en particulier n. 5 ; Grandet 1994, p. 134, n. 526) est attesté par des sources tardives. Il était peut-être composé de bovins, mâles et femelles, compagnons d’un éventuel taureau sacré chargé d’incarner le dieu tutélaire.
55 Comparer avec le troupeau ḫm.t ḫnrw () mentionné sur une stèle provenant d’Akhmîm (Lange, Schäfer 1902, p. 26-29, no 20 024, b, l. 7, et d, col. 1-4).
56 Voir Epigraphic Survey 1940, pl. 203, col. 35-36 (= KRI V, 207, 9 = KRITA V, p. 175) ; le même passage est partiellement conservé au temple d’Athribis de Haute Égypte (El-Sayed, El-Masry (éd.) 2012, p. 159). Le terme ḫnr.t, difficile à traduire, renvoie aux notions de « cloisonnement », « réclusion », « corporation », « communauté ». Pour un essai de synthèse, voir notamment Naguib 1990, p. 188-207.
57 Voir les épithètes sỉwr ỉd.wt (LGG VI, 168c-169a) et ṯs ỉd.wt (LGG VII, 490c-491a), qui mettent en exergue les capacités génésiques du dieu tutélaire de la 9e province de Haute Égypte.
58 Pour les références relatives à ce toponyme, bien qu’aucune attestation ne présente une vache comme déterminatif, voir Leitz 2014, p. 84-85 ; LGG II, 826c. Cependant, les ỉd.wt sont aussi associées au pehou de la province, territoire dédié aux troupeaux (Leitz 2014, p. 85, n. 15, pour les références ; voir le « Projet Karnak » sur le site du CFEETK, KIU 3811, pour les passages provenant du temple d’Opet).
59 Les troupeaux km.t et ḫm.t apparaissent en relation avec Mîn ; toutefois, le premier se rencontre aussi auprès d’autres taureaux en Égypte (Chassinat 1966-1968, p. 175-181 ; Vernus 1978, p. 356) ; le second serait plus particulier à Mîn, à la fois à Akhmîm et à Coptos (voir infra, la vache ḫm.t). Voir aussi LGG V, 745a, pour un troupeau ḫmḫm (.t) mentionné dans Esna II, 191, 24.
60 Pour le site de Meir, nécropole de Cusae, voir par exemple Blackman 1914, pl. IX-XI. Pour le site d’el-Hawawish, nécropole d’Akhmîm, voir notamment Kanawati 1980, pl. 8, fig. 14 ; Kanawati 1981, pl. 9, fig. 26 ; Kanawati 1987, pl. 9, où des têtes de veaux sont présentes sur les tables d’offrandes des défunts.
61 Était-il autorisé d’abattre des bovins aux époques anciennes ? S’agissait-il simplement de représentations qui n’avaient de valeur que dans l’au-delà et sans rapport avec la réalité du monde des vivants ?
62 Leitz 2014, p. 55-56 ; tp mnpḥ peut en effet se comprendre en deux mots, « la tête » et « le sein », ou bien en un seul, tp (y)-mnpḥ « le mamelon », littéralement « ce qui est sur le sein ». L’auteur rappelle les traditions de la province qui conforteraient la deuxième traduction : Isis allaitant son fils et le deuil de la déesse (une des gestuelles caractéristiques du deuil pour les femmes est de se frapper la poitrine). En outre, aucune tradition locale ne semble faire référence à la tête.
63 Voir Wb II, 79, 14-15.
64 Gabolde (éd.) 2000, p. 95, cat. 63.
65 Le lait serait « issu des pis » de la « mère de Mîn », comme le suggère M. Gabolde ([éd.], 2000, p. 95, cat. 63) ; la « mère du dieu Mîn-Kamoutef » apparaît aussi dans un passage relatif au pehou de la 5e province de Haute Égypte : Dendara XII, 64, 6-8.
66 Pour ce lieu, voir Tattko 2014, p. 160.
67 Sur le lait, voir Pätznick, dans ce volume.
68 Ỉ(y) m(y)-r (ȝ) sẖr.t n ḫm.t. Ce titre est mentionné dans une inscription du Ouadi Hammamât datant du règne de Montouhotep Nebtaouyrê : Goyon 1957, p. 77, no 53. Le mot sẖr.t n’est pas recensé dans les dictionnaires, mais il semble découler du verbe sšr, « traire » (Wb IV, 295, 1-5). La variante ẖ pour š est attestée dès le Moyen Empire, par exemple dans le mot sšr > sẖr, « lisser » : Hannig 2006, p. 2358-2359 {30683-30694}. Cette vache évoque par ailleurs le troupeau ḫm.t d’Akhmîm (voir supra).
69 Redding 2003, p. 209-212, 215-217.
70 à l’Ancien Empire (Lutz 1927, p. 2, pl. 9, no 17) ; au pluriel au Moyen Empire :(Wild 1971, 97-106, pl. 19) ; des graphies plus singulières au Nouvel Empire :(Habachi 1972, p. 41-42, pl. VII) ; puis, durant la Troisième Période intermédiaire, un bovin couché(El-Enany 2012) et/ou femelle (MEFA 2010, p. 143, et fig. 21 p. 162, bloc AM/08/11/27/4 ; p. 144, et fig. 22 p. 162, bloc AM/08/11/29/2 ; p. 148, et fig. 25 p. 164, bloc AM/09/11/8/1). Dans l’ensemble des graphies répertoriées, jamais la tête n’est déterminée par un lambeau de chair. Une autre traduction considère que l’élément tp vaut pour tpy.t et qu’il fait référence à la déesse locale principale, Hathor, en tant que « celle qui est en tête » c’est-à-dire la première de l’espèce bovine : Vandier 1961, p. 71-72.
71 La vache sacrée des lieux est mentionnée par Strabon (Géographie XVII, 1, [35], p. 141), et la nécropole dédiée aux hypostases de Hésat se situe à l’est d’Atfih (MEFA 2010). L’association entre Hathor, maîtresse d’Atfih bucéphale, et Hésat, pourvue d’une tête humaine au temple funéraire de Hatchepsout de Deir el-Bahari, serait la plus ancienne allusion à cette croyance (Beaux 2012, p. 68-74, pl. 18-19). En effet, si une déesse décapitée est mentionnée en CT II, 37c, 38f-g et 41h, ce n’est que plus tardivement qu’elle est associée à la 22e province (Calendrier des jours fastes et néfastes, Leitz 1994, p. 56-57 ; papyrus du Delta, Meeks 2006, p. 24, XI, 6-8). La « combinaison » de tous les éléments n’est connue que par des sources tardives (Osing 1998, p. 166-169, pl. 13-13A ; Vandier 1961, p. 132).
72 Vernus, Yoyotte 2005, s.v. « vache », p. 607. Aucune référence toponymique n’apparaît cependant.
73 Plutarque, De Iside et Osiride, 380C-D [73], p. 242.
74 Sur la condition des « uniques », voir Charron 2002, p. 176-178. Un manuel de droit en démotique, d’époque ptolémaïque, révèle que la maltraitance de certains animaux sacrés était passible d’emprisonnement. Une liste de dix espèces animales est évoquée, et celles-ci sont énumérées, mais le papyrus est lacunaire. Le mot « vache » est cependant encore lisible : Lippert 2004, p. 23-24 (l. 25-28), 45-47 ; Legras 2016.
75 Hérodote, Histoires II, 39, p. 179 ; voir aussi la traduction de Ph.-É. Legrand ([trad.], 1936, p. 93).
76 Il s’agit de s’assurer que la bête ne porte pas la caractéristique d’un animal sacré ; voir Porphyre (De l’abstinence III, IV, N239 [7, 3], p. 11) qui évoque les bovins ayant « une ressemblance avec les bovidés qu’on honore ».
77 Plutarque (De Iside et Osiride, 363B [31], p. 204) relate la même coutume, mais précise qu’elle ne concerne que les bovins roux, affiliés à Seth (= Typhon), ce que semble corroborer les sources indigènes (Yoyotte 2013c, p. 16-17). Sur le sacrifice des bœufs roux, voir également Diodore de Sicile, Bibliothèque historique LXXXVIII, 4, p. 164.
78 Origène, Contre Celse III, V, 35, 16-23, p. 107, 109. À l’inverse de la tête, l’épaule n’est associée à aucune bw.t, mais il pourrait s’agir d’une référence à la patte antérieure complète du bovin, du sabot à l’épaule, ḫpš en égyptien, objet de l’interdit des 8e et 9e provinces de Basse Égypte (Leitz 2014, p. 258, 265-266).
79 La question peut faire l’objet d’une étude à part entière : voir notamment Lloyd (trad.) 1976, p. 176-178 ; Darby, Ghalioungui, Grivetti 1977, p. 138-139. Pour L. Pantalacci et J. Lesur (2012, p. 304, 307), la tête, moins noble, était consommée par les plus modestes ; en outre, tête et patte sont très souvent représentées sur les tables d’offrandes. Cependant, d’après le chapitre 144 du Livre des Morts, le défunt doit offrir aux gardiens des sept portes « jambe antérieure droite, tête, cœur et côtes d’un taureau rouge ». Or des faits archéologiques prouvent que la tête, la patte antérieure complète et des omoplates de bovins étaient déposées dans les tombes (Ikram 1995, p. 118-125 ; De Meyer et al. 2005-2006, p. 60-66 ; Pantalacci, Lesur 2012, p. 299 ; Ikram, dans ce volume). Ainsi, plutôt que réservées au défunt, il est possible que ces offrandes aient été impropres à la consommation et uniquement destinées aux gardiens des portes aux noms infâmes. Cette abstention alimentaire ne concernait-elle que les bovins roux ? Des têtes et des pattes de bovins ont également été découvertes dans les fondations de différentes structures : Burleigh, Clutton-Brock 1980 ; Leclant 1951, p. 470 ; Leclant 1978, p. 287 ; Grimal, Emad 2004, p. 77.
Auteur
Laboratoire « Archéologie des sociétés méditerranéennes » (UMR5140), université Paul-Valéry – Montpellier 3, LabEx ARCHIMEDE
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