Le lait dans l’Égypte ancienne : entre divin et quotidien
Aux sources d’un élixir de jouvence
p. 173-198
Résumé
This contribution aims to understand in a lexicographic approach the cultural process how a daily product like milk and its food derivatives became a divine product in Ancient Egypt. It covers more than a thousand years, from the very first attestations of its consumption in the predynastic Hierakonpolis in Upper Egypt up to the representation of milking cows in the mastaba tombs of the Old Kingdom. Furthermore, this study deals also with the preservation methods of milk and its consumption in the daily life as well as with its place in the economy of Ancient Egypt whereas the oldest known epigraphic evidence show that this lexem seems to have undergone an evolution from mr—the bounded one— (2nd dynasty) to irṯ.t (4th-6th dynasty).
Associated, among others, with the goddess Hathor in her form as a sacred cow since the 4th dynasty, milk was beyond no doubt her divine product and we can guess that milk become as such a regenerative product for the king and the dead, the truly revitalizing fountain of youth of this ancient civilization on the Nile river.
Texte intégral
1Si les premiers témoignages concernant bovins et caprinés en terre d’Égypte remontent au VIe millénaire av. J.-C.1 – les uns étant probablement originaires du continent africain, les autres du Proche-Orient –, les premières attestations de leur domestication sont plus récentes et datent du IVe millénaire avant notre ère2. Leur élevage est tout aussi bien attesté en Haute qu’en Basse Égypte, mais avec des disparités de développement dues à l’adaptation au milieu géographique ambiant et aux conditions climatiques régnantes. C’est ainsi que l’on observe une concentration de l’élevage des bovins plus forte en Basse Égypte, avec des aires de pâturage plus humides, plus vertes, plus riches, donc plus favorables à leur alimentation et leur croissance que dans le sud du pays, plus sec, plus chaud, dans lequel en revanche les caprinés ont su trouver les conditions propices à leur développement3.
2Générant un surplus de protéines à l’ensemble des populations, moutons (Ovis aries) et chèvres (Capra hircus) étaient plus utilisés pour leur viande que pour leur lait, tandis que les bovidés, notamment les vaches, l’étaient tout aussi bien pour l’un que pour l’autre, d’autant que leur production laitière de l’ordre d’un à deux litres par jour reste, en comparaison, à un niveau modeste.
3Les jeunes tétant au pis gonflé de leur mère ont dû très vite inspirer aux gardiens de ces troupeaux que ce liquide, dont s’abreuvaient si goulûment veaux, chevreaux et agneaux, pouvait aussi être consommé par tous les membres de leur famille4 (fig. 1). Ils ont également dû observer très tôt la relation existant entre la vache, son veau et la production de lait, en déduire que la présence du veau et son beuglement faisaient monter plus rapidement le lait dans le pis de la vache, ce qui activait naturellement l’instinct nourricier de la mère pour son petit, la soulageant au moment de la tétée (fig. 2).
4À Hiérakonpolis, dès la période de Nagada I-C/II-A (3800-3700 av. J.-C.), la vache et son veau formaient culturellement une entité inséparable, à tel point qu’on prépara même pour eux deux une fosse dans laquelle ils furent placés, enveloppés de couches de lin, dans la nécropole royale HK65. Leur inhumation au sein de la tombe 16, véritable complexe résidentiel funéraire6, est probablement à comprendre en premier lieu comme étant destinée à donner pour l’éternité du lait bien frais à son propriétaire. Mais en dehors de la possibilité d’y voir la preuve d’une boisson fort goûtée du défunt de son vivant, on y trouve également exprimée la rareté du produit et donc la mise en évidence de la consommation du lait de vache comme d’un produit de qualité et de luxe par excellence, au même titre que le vin importé du Proche-Orient7.
5C’est encore ce même couple, vache et veau, qui est représenté sur la massue piriforme cérémonielle au nom d’Abou Hor – l’Horus Abou (ex-Horus Nâr-mer) –, retrouvée dans le main deposit du temple d’Horus à Hiérakonpolis8. Placés juste au-dessus d’une litière dans laquelle est assis un personnage, la vache et son veau, figurés dans un enclos , pourraient bien avoir servi à écrire le nom de ce personnage ou à en indiquer le lieu d’origine9.
6La préparation de produits à base de lait de vache à Hiérakonpolis, à l’époque prédynastique, a par ailleurs été confirmée par l’analyse biochimique effectuée sur quelques échantillons de vases recueillis ; en effet, des acides décanoïque, tétradécanoïque et pentadécanoïque, présents naturellement dans les gras et la graisse de beurre, ont été identifiés. Il s’agit là des plus anciennes attestations de produits laitiers de vache connues à ce jour en Égypte10.
7Trouvés aussi bien dans le prestigieux contexte urbain de Hiérakonpolis, véritable centre résidentiel du Prédynastique en Haute Égypte, que dans les tombeaux de la famille royale de la Ire dynastie à la nécropole de Saqqâra, les produits laitiers, et le lait de vache en particulier, sont donc bien présents dans l’alimentation quotidienne, mais réservés à une certaine partie de la population.
8Les quantités minimes recueillies sont le signe indubitable de la rareté du produit, due sans doute à sa difficile conservation et à la faible productivité en lait des vaches égyptiennes11. Le lait de vache était donc un produit précieux, un véritable signe de luxe et de qualité de vie pour un cercle restreint de privilégiés.
9Dans la mesure où la conservation du lait est particulièrement difficile sous ces latitudes, rendant le plus souvent inutilisables les poteries l’ayant contenu (fig. 3)12, il est donc préférable de le consommer frais, ce que font les jeunes animaux et les enfants13, rarement les adultes14.
10L’ensemble de ces observations et constatations conduit à mettre sérieusement en doute un détail iconographique qui caractérise en général un pot contenant du lait, voire le lait lui-même, depuis la IVe dynastie15. Il s’agit de la flammèche verte s’en échappant Aet qui est interprétée comme la représentation stylisée d’une touffe d’herbes ou d’un bouchon constitué d’herbes ayant obstrué l’ouverture du contenant16 (fig. 4). Or, les grands vases ayant contenu du vin ont été bouchés par des bouchons de végétaux, aussi peut-on se demander pourquoi ils ne sont jamais représentés avec cette flammèche verte qui semble en fait ne caractériser que le lait. Le même type de flammèche s’échappe du pot d’encens, aussi peut-on supposer qu’elle représente un détail olfactif ayant un rapport avec la chaleur et la senteur qui émane du lait fraîchement trait17.
11Le délai de conservation du lait étant limité tout au plus à trois heures après la traite, ce sont donc les produits laitiers pouvant être conservés plus longtemps dont on retrouve les traces, sous forme de lait caillé, de crème de lait barattée ayant probablement déjà produit du beurre traditionnel (zebda baladia), ou de petit lait (laban), de fromage mou18 (gebna), voire de beurre clarifié19 (smen/samn), dans des jarres ou sur des fragments de céramique recueillis sur les sites archéologiques20.
12Aussi fut-ce une surprise certaine lorsque la présence de produits laitiers fut mise en évidence aux confins méridionaux de la Haute Égypte, à Éléphantine, au sein du matériel sigillographique recueilli dans ses structures urbaines. L’étude des sceaux et impressions de sceaux révéla en effet deux types particuliers de bouchons, l’un en forme de gros bouchon de liège (Gv. III) s’enfonçant profondément (4-6 cm) dans le col largement évasé d’un récipient de type bouteille, et l’autre en forme de couvercle21 (Gv. IV). Chacun d’eux montrait qu’ils avaient été utilisés avec des éléments végétaux – fibres de palmiers ou autres – dont les empreintes, et parfois même les restes, étaient encore visibles sur les scellements servant à boucher ou simplement couvrir l’ouverture de ces vases. Cela conduisit à se poser la question de la relation pouvant exister entre la fermeture du contenant et la nature de son contenu.
13Il a été déterminé que si l’empreinte d’un tesson de poterie ou le tesson lui-même au dos d’un scellement de vase était l’indicateur certain d’un contenu solide céréalier, celle d’une étoffe était plutôt l’indice d’un produit salé ou macéré. En revanche, les traces de végétaux ou leur présence suggéraient le lait, ou plutôt un produit laitier, comme le montre une technique encore usitée de nos jours en Égypte. Fromage et fromage frais gebna sont en effet placés dans des jarres appelées gjarra, dans l’ouverture desquelles on enfonce un bouchon fait de fibres de palmier dattier, appelé līf, pour ensuite sceller le tout par un gros bouchon de terre argileuse dénommé sodda22.
14L’attestation de produits laitiers dans le matériel sigillographique de la ville d’Éléphantine au IIIe millénaire av. J.-C., du milieu de la IIe à la fin de la IIIe dynastie, provenant notamment des deux grands centres administratifs de l’île – la forteresse (die Festung) et la ville de l’est (die Oststadt) –, met en évidence un produit de qualité recensé par l’administration centrale. La présence de deux sceaux, celui du « fiscalisé » et celui du contrôleur, sur un même scellement est un sérieux indice de la nature du produit. En effet, celui-ci était suffisamment considéré pour avoir nécessité la marque de contrôle d’un rnw.tỉ, fonctionnaire royal de l’administration locale – « supérieur des magasins » –, lors du recensement et de l’emmagasinement dans la forteresse (fig. 5).
15Par ailleurs, ces scellements portent, dans plus de 50 % des cas, les sceaux d’une partie de la population locale dénommée « mỉtr », dont on connaît l’implication dans la valorisation territoriale des sites urbains entre la IIe et la IIIe dynastie, notamment par la pratique de l’agriculture et de l’élevage (fig. 8). Ce constat ne fait que renforcer l’hypothèse de la nature et de la probable origine de ce produit dans le milieu agricole, comme l’indique aussi le scellé d’un rnw mr.t – fonctionnaire royal local des mr.t (fig. 6)23.
16On notera aussi avec le plus grand intérêt l’extrême rareté de ce type de produits dans la classe des sceaux composés uniquement d’un nom privé, ce qui le rattache à la sphère économique privée locale dès la IIIe dynastie, ainsi qu’au recensement fiscal de la population de cette île et de sa périphérie au IIIe millénaire av. J.-C.
17Un sceau-cylindre en bois retrouvé dans la partie économique du temple de la déesse d’Éléphantine pourrait indiquer qu’un troupeau de quelques vaches était destiné dès la deuxième moitié de la IIe dynastie, lors de la restructuration de ce secteur par l’administration royale égyptienne, à la production de lait pour les offrandes rituelles consacrées à la déesse. À ce troupeau aurait été spécialement attitré un ỉry sšr.t, un « gardien des vaches laitières » ou « préposé aux vaches laitières », titre porté par un rnw.tỉ 24 (fig. 7).
18Si la consommation de lait de vache est avérée en Égypte au Prédynastique et à l’époque thinite, aussi bien en contexte profane que funéraire25, les plus anciennes attestations écrites en rapport avec ce lait datent quant à elles de la IIe dynastie, que ce soit sur la stèle-pancarte d’une défunte de la nécropole d’Hélouan en Haute Égypte26 ou sur l’épaule ou le col de poteries recueillies dans des tombes du site d’Elkab en Haute Égypte27. On y trouve le signe de la houe placé juste au-dessus d’un récipient dont la forme rappelle celui contenu dans le signe hiéroglyphique . Il s’agit d’un petit pot à fond rond dans un cordage terminé par une longue boucle. Lu mỉ, anciennement mr28 , ce signe suggère soit le vase destiné à contenir le lait29, soit la dénomination de son contenu30. Ce qui paraît à première vue difficile à résoudre le devient moins en prenant en considération les différentes graphies utilisées dans les Textes des Pyramides pour transcrire le terme mrỉ, « lier, attacher31 ». La richesse des graphies, qui montre l’alternance et la composition des signes, est telle qu’elle indique on ne peut plus clairement qu’à l’origine, le lait devait se lire mr/mr (ỉ), « le lié, l’attaché ». Il faut très probablement y voir une allusion au pot enveloppé d’un filet, dans lequel le lait était contenu lors de son transport et qui fait effectivement partie intégrante du signequi pourrait avoir signifié, quant à lui, mr (w), « le liant32 ».
19En dehors d’une attestation d’un ỉrṯ. (tỉ), « laitier, porteur de lait », dans le matériel épigraphique d’Éléphantine à la IIIe dynastie (fig. 9), ce n’est qu’à partir de la IVe dynastie qu’apparaît le terme ỉrṯ.t pour désigner le lait33, comme on peut le constater sur la stèle de Netjer-âper-ef34 ainsi qu’avec la première représentation de la traite des vaches dans le mastaba de la reine Mer-es-ânkh III à Giza35, qui deviendra très vite la marque d’un privilège exceptionnel et d’un très haut statut dans l’entourage royal, au cours des Ve et VIe dynasties36. Vers la fin de la Ve dynastie, le lait fait son entrée dans les pancartes d’offrandes funéraires et dans les Textes des Pyramides sous la dénomination ỉrṯ.t, où il est accompagné de contenants spécifiques37.
20Le lait semble très important dans la pensée religieuse de l’Ancien Empire, dès la IVe dynastie, notamment avec un programme iconographique bien défini dans les mastabas des membres féminins de la famille royale et des hauts dignitaires de la Résidence. Des scènes de conduite du troupeau dans les marais, de sa protection dans les pâturages par les pâtres, du vêlage de ses vaches, de leur traite, et des petits veaux attachés, beuglant et activant le réflexe de sécrétion lactée de leur mère, y sont représentées avec force détails et beaucoup de réalisme. Pourtant, on n’en trouve nulle entrée dans les archives royales des temples solaires et funéraires royaux de la Ve dynastie38.
21Le constat s’impose de lui-même. Le lait n’avait pas d’importance vitale et administrative dans l’économie résidentielle et palatiale39. Victime de sa nature et des conditions climatiques qui empêchaient sa conservation, le lait cru était l’objet d’une autoconsommation de la part de la population et de ses dirigeants40. Puisque ce produit devait être rapidement consommé, il n’y avait nul besoin de centraliser sa production pour procéder à sa redistribution. De fait, il n’était ni conservé ni archivé comme l’étaient les céréales, le vin, les fèves, les légumes ou la viande. Seules sa conservation sous des formes plus solides – lait caillé, fromage mou, beurre – et son utilisation comme petit lait ou crème pouvaient faire l’objet d’une attention particulière, quoique très limitée en quantité, comme on peut le constater aussi bien dans le milieu funéraire qu’en contexte urbain dès le Prédynastique, dès la première moitié du IVe millénaire av. J.-C.
22Dans l’offrande du lait à la divinité ou aux statues de la famille royale divinisée41, la nécessité de présenter un produit frais, et non du lait caillé ou autres, impliquait que des troupeaux de vaches laitières, auxquels était attitré un personnel administratif particulier, étaient vraisemblablement attachés aux temples régionaux et résidentiels, comme on peut le constater avec les vaches laitières du complexe pyramidal de Khéops à Giza42, celles de Meir43, de Dendara44, voire d’Éléphantine – dont les premières attestations remontent à la deuxième moitié de la IIe dynastie pour le culte de la déesse de cette île (fig. 7).
23Ce ne sont donc pas le lait et ses produits dérivés qui étaient administrés, mais bien leurs productrices, en l’occurrence les vaches laitières, d’où l’attention qui leur était portée dans les étables où elles étaient nourries presque industriellement par ensilage. C’est ce que montre l’étude qui a été consacrée aux restes de plantes trouvés à Kôm el-Hisn, dans la partie occidentale du Delta, qui met particulièrement en lumière une production bovine destinée à fournir en protéines les équipes de travailleurs des chantiers pharaoniques de l’Ancien Empire45. Ces restes de plantes ont par ailleurs également démontré leur forte teneur en protéines végétales induisant une forte production de lait et de qualité supérieure, dont une partie a dû être consommée sur place, l’excédent, transformé en produits laitiers plus solides, donc de plus longue conservation, étant acheminé avec le bétail destiné aux abattoirs vers les chantiers de la Résidence46.
24Que cette partie du Delta occidental ait été choisie pour y installer et développer, à Kôm el-Hisn, cette production bovine industrielle au cours de la IVe et de la Ve dynastie ne peut en soi étonner. On pourrait même dire que ce choix se trouve dans la parfaite logique d’une continuité économique locale remontant au milieu de la Ire dynastie, avec l’implantation du grand centre ḥw.t ỉḥ.w, « complexe de la vache », que l’on situe justement près de Kôm el-Hisn. En effet, ce centre de production bovine de la Ire dynastie approvisionnait déjà en viandes les nécropoles royales et celles des hauts dignitaires du pays, comme l’indiquent sans équivoque les sceaux de son administration retrouvés non seulement dans le complexe funéraire de la reine et régente Meret-Neith à Abydos, en Haute-Égypte, mais aussi à Abou Roach, en Basse Égypte47. Que le site de Kôm el-Hisn, dans cette région du 3e nome de Basse Égypte, ait justement été placé sous le signe de la déesse vache Sékhat-Hor48, alternant en cela avec une autre déesse vache, Hathor, est à mon avis une indication supplémentaire de l’industrialisation de l’élevage bovin, comme de la forte production laitière de ces vaches.
25Déesse vache de l’abondance en lait, Sékhat-Hor était la protectrice désignée des femelles du petit bétail et surtout des vaches, ce qui bien sûr la prédestinait aussi à nourrir le roi et le défunt, comme on peut le constater dans les Textes des Pyramides49. Originaire du Delta, cette divinité vache nourricière trouve son lointain parallèle avec la représentation d’une vache couchée, une plume d’autruche entre les cornes, sur une étiquette en ivoire datée du règne de l’Horus Djer dans la toute première moitié de la Ire dynastie (fig. 10a-c). L’inscription est gravée en deux registres verticaux se faisant face. Dans l’un, un long objet vertical, sceptre ou bâton, est représenté devant une vache couchée, les pattes repliées sous elle, une haute plume d’autruche entre ses larges cornes, et le bilitèrefiguré sous elle50. Ce dernier pouvant être lu ȝḫ.t à l’Ancien Empire51, on peut proposer la lecture ȝḫ.t, « celle du marécage/champ inondé » pour la dénomination de cette vache. Ce bilitère est non seulement lié phonétiquement à la vache, mais aussi d’un point de vue logographique, puisqu’il représente en soi un fourré de papyrus. Cela n’est pas sans rappeler les attestations tardives de la vache Akhet dans le Delta et la tradition d’une vache sacrée dans les fourrés de papyrus de cette région de l’Égypte, surtout près de la ville de Bouto52.
26Quant à la lecture du long bâton/sceptre faisant face au serekh royal de cette étiquette, elle doit probablement qualifier l’état dans lequel se trouve cette vache, ou une action à son encontre53. Il ne peut correspondre à un titre de fonctionnaire, car il se trouve entre deux divinités54. Ce signe est particulièrement long : il prend pratiquement toute la hauteur de l’étiquette, du serekh à la hauteur du signe du bras. La proximité entre le long bâton/sceptre et la main de ce bras n’est pas anodine quand on compare le même objet dans la main du roi Oudou-in-Hor (ex-Horus Den)55 saisissant un ennemi sinaïtique par sa longue natte caractéristique, tandis que de l’autre, armé de sa massue, il s’apprête à le frapper mortellement56. Cette corrélation entre massue et bâton rappelle bien sûr fortement celle de la massue ḥḏ, « la Blanche » – mais aussi « celle qui détruit, qui anéantit » –, avec le bâton-sceptre ȝms.
27Sachant que le mot ȝms qualifie probablement la joie qu’éprouve la vache à voir et à sentir son veau la téter, et signifie plus généralement « se réjouir » dans l’expression ȝms ỉb – justement déterminée par une vache couchée, aux larges cornes et les pattes repliées, son petit veau la tétant –, on peut dès lors proposer une lecture du verbe qualifiant l’état dans lequel se trouve cette vache sur notre étiquette : ȝms, « être en joie, se trouver en joie57 ». Ainsi, cette partie de l’étiquette, avec cette vache couchée, pourrait être lue ȝms ȝḫ.t, « se trouver en joie, la vache Akhet », à comprendre comme « Celle du marécage / du champ inondé », à moins que ȝḫ.t ne soit en fait « Celle de la saison de la crue akhet », attestant de la sorte, pour la toute première fois, la relation particulière existant entre une déesse vache et la crue du Nil. Dans ce cas, la joie de cette vache sacrée se trouverait donc exprimée par la montée des eaux du Nil, porteuses de vie comme de mort selon la hauteur atteinte.
28Dans l’autre registre de cette étiquette, le nom de l’Horus Djer figure dans le serekh au-dessus d’un groupe de hiéroglyphes composés d’un bras et du signe suivi du sémogramme désignant un centre urbain. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’ensemble ne désigne probablement pas la ville de Mendès58, mais indiquerait plutôt, à mon avis, le passage de l’Horus Djer dans la nouvelle ville royale de Pé (Bouto) dans le Delta. C’est ce que préciserait la courte mention p(ỉ) P(ỉ), « passer/passage à Pé », avec une antéposition du nom d’Horus ; notons que les verbes de mouvement ne sont pas encore accompagnés d’un déterminatif comme ils le seront sous Oudou-in-Hor (ex-Horus Den)59. Le signe serait alors à comprendre, sur cette étiquette, dans une double fonction : comme complément phonétique final du verbe, ‘p (ỉ), et comme transcription de la ville de Pédéterminée par le signe de l’agglomération.
29Cette inscription est très importante puisqu’elle suggère le culte local d’une vache sacrée qui aurait été associé à la ville de Bouto dans la première moitié de la Ire dynastie, à l’époque de l’Horus Djer. Cette étiquette commémorerait alors le voyage de l’Horus Djer dans le Delta, à Bouto, et la visite qu’il rendit à la vache sacrée locale Akhet, « Celle de la saison de la crue, akhet », tout en joie à sa venue, probablement pour célébrer la crue du Nil60.
30L’attestation de cet animal sacré associé à la crue du Nil serait unique61. Elle montrerait pour la première fois son étroite relation avec la royauté, l’exercice du pouvoir et de la religion, sachant qu’au plus tard sous le règne d’Oudou-in-Hor (ex-Horus Den), une prêtrise semble bien avoir été établie pour cette vache sacrée à Bouto (Pé)62. Elle sous-tendrait aussi une subtile comparaison entre la montée des eaux du Nil pour nourrir la terre et les hommes et la montée du lait de la vache pour nourrir le veau, le roi et les hommes.
31Ce lait, qui rappelait à la fois l’enfance, la tétée, la mère ou la nourrice, était le lien intime, indéfectible, unissant le roi vivant et défunt à sa mère divine, la vache céleste le nourrissant éternellement63. Le petit veau tétant au pis de sa mère serait alors le roi tétant au pis de Sékhat-Hor, le petit veau d’or d’Hésat64, préfigurant, au moins dans l’esprit, le roi tétant au pis de la vache Hathor à Deir el-Bahari, au Nouvel Empire, et mettant déjà en lumière ce que le lait de vache deviendrait et serait tout au long de l’histoire de l’Égypte ancienne : un véritable élixir de jouvence65.
Abréviations
32AnLex I = D. Meeks, Année lexicographique, vol. I, Paris, 1977, 1980 (2e éd.).
33LGG I = Chr. Leitz (dir.), Lexikon der ägyptischen Götter und Götterbezeichnungen, vol. I, OLA 110, Louvain, 2002.
34LGG VI = Chr. Leitz (dir.), Lexikon der ägyptischen Götter und Götterbezeichnungen, vol. VI, OLA 115, Louvain, 2002.
35PM III/1 = B. Porter, R.L. Moss, Topographical Bibliography of Ancient Egyptian Hieroglyphic Texts, Reliefs and Paintings, vol. III/1 : Memphis. Abû Rawâsh to Abûsîr, Oxford, 1974 (2e éd.).
36PM III/2 = B. Porter, R.L. Moss, Topographical Bibliography of Ancient Egyptian Hieroglyphic Texts, Reliefs and Paintings, vol. III/2 : Memphis. Saqqâra to Dahshûr, Oxford, 1981 (2e éd.).
Bibliographie
Abadir 1999
B. Abadir, « The Plant and the Drink », DiscEg 45, 1999, p. 7-22.
Altenmüller 1982
H. Altenmüller, « Vorbericht der Arbeiten am Grab des Neferherenptah in Saqqara (1970-1975) », MDAIK 38, 1982, p. 1-16.
Altenmüller 1998
H. Altenmüller, Wanddarstellungen im Grab des Mehu, ArchVer 42, Mayence, 1998.
Altenmüller, Moussa 1977
H. Altenmüller, A.M. Moussa, Das Grab des Nianchchnum und Chnumhotep, ArchVer 21, Mayence, 1977.
Allen 2005
J.P. Allen, The Ancient Egyptian Pyramid Texts, Writings from the Ancient World 23, Atlanta, 2005.
Anselin 2010
A. Anselin, « L’intention phonétique II :Meret et le pot au lait», CCE (S) 13-14, 2010, p. 99-113.
Balcz 1934
B.H. Balcz, « Die Gefässdarstellungen des Alten Reiches », MDAIK 5, 1934, p. 45-94.
Bissing, Kees 1923
F.W. von Bissing, H. Kees, Das Re-Heiligtum des Königs Ne-Woser-Re (Rathures), vol. II : Die kleine Festdarstellung, Leipzig, 1923.
Blackman 1914
A.M. Blackman, The Rock Tombs of Meir, vol. I : The Tomb-Chapel of Ukh-Ḥotp’s Son Senbi, ASEg 22, Londres, 1914.
Boessneck 1988
J. Boessneck, Die Tierwelt des Alten Ägypten. Untersucht anhand kulturgeschichtlicher und zoologischer Quellen, Munich, 1988.
Bollig, Schnegg 2013
M. Bollig, M. Schnegg, « Specialisation and Diversification Among African Pastoral Societies » in M. Bollig, M. Schnegg, H.P. Wotzka (éd.), Pastoralism in Africa : Past, Present and Future, New York, Oxford, 2013, p. 1-28.
Collombert 2010
P. Collombert, Le Tombeau de Mérérouka : paléographie, PalHiéro 4, Le Caire, 2010.
Cwiek 2003
A. Cwiek, Relief Decoration in the Royal Funerary Complexes of the Old Kingdom. Studies in the Development, Scene Content and Iconography, thèse de doctorat, université de Varsovie, 2003.
Davies 1900
N. De Garis Davies, The Mastaba of Ptahhetep and Akhethetep at Saqqareh, vol. I, ASEg 8, Londres, 1900.
Davies 1901
N. De Garis Davies, The Mastaba of Ptahhetep and Akhethetep at Saqqareh, vol. II, ASEg 9, Londres, 1901.
De Meulenaere 1982
H. De Meulenaere, « La statue d’un vizir thébain », JEA 68, 1982, p. 139-144.
Der Manuelian 2003
P. Der Manuelian, Slab Stelae of the Giza Necropolis, PPYE 7, New Haven, Philadelphie, 2003.
Dunham, Simpson 1974
D. Dunham, W.K. Simpson, The Mastaba of Queen Mersyankh III, Giza Mastabas 1, Boston, 1974.
Eggebrecht 1984
R. Eggebrecht, Das Alte Ägypten. 3000 Jahre Geschichte und Kunst des Pharaonenreiches, Munich, 1984.
El-Sabbahy 1993
A.F. El-Sabbahy, « Blocks from the Tomb of Shed-Abed at Saqqara », JEA 79, 1993, p. 243-248.
Emery 1954
W.B. Emery, Great Tombs of the First Dynasty, vol. II, FouillesSaqq, Londres, 1954.
Emery 1962
W.B. Emery, A Funerary Repast in an Egyptian Tomb of the Archaic Period, Scholae Adriani de Buck Memoriae Dicatae 1, Leyde, 1962.
Fakhry 1961
A. Fakhry, The Monuments of Snefru at Dahshur, vol. II/2 : The Valley Temple. The Finds, Le Caire, 1961.
Faltings 1998
D. Faltings, Die Keramik der Lebensmittelproduktion im Alten Reich. Ikonographie und Archäologie eines Gebrauchsartikels, SAGA 14, Heidelberg, 1998.
Favard-Meeks 1991
Chr. Favard-Meeks, Le Temple de Behbeit el-Hagara. Essai de reconstitution et d’interprétation, BSAK 6, Hambourg, 1991.
Fischer 1986
H.G. Fischer, LÄ VI, Wiesbaden, 1986, col. 50-57, s.v. « Stöcke und Stäbe ».
Fischer 1996
H.G. Fischer, Varia Nova, MMAES 3, New York, 1996.
Friedman, Van Neer, Linseele 2011
R. Friedman, W. Van Neer, V. Linseele, « The Elite Predynastic Cemetery at Hierakonpolis : 2009 – 2010 Update » in R. Friedman, P. Fiske (éd.), Egypt at Its Origins 3. Proceedings of the Third International Conference “Origin of the State. Predynastic and Early Dynastic Egypt,” London, 27th July – 1st August 2008, OLA 205, Louvain, 2011, p. 159-181.
Gardiner 1982
A.H. Gardiner, Egyptian Grammar. Being an Introduction to the Study of Hieroglyphs, Oxford, 1927, 1982 (3e éd.).
Ghoneim 1977
W. Ghoneim, Die ökonomische Bedeutung des Rindes im Alten Ägypten, Habelts Dissertationsdrucke, Reihe Ägyptologie 3, Bonn, 1977.
Godron 1958
G. Godron, « Études sur l’époque archaïque », BIFAO 57, 1958, p. 143-155.
Griffith 1898
F.L. Griffith, A Collection of Hieroglyphs. A Contribution to the History of Egyptian Writing, ASEg 6, Londres, 1898.
Griffith 1901
F.L. Griffith, « Chapter vii. The inscriptions » in Petrie 1901, p. 48-54.
Grunert 2000
S. Grunert, « Ein Beispiel im “Berufe Raten” seit dem Alten Reich », GöttMisz 176, 2000, p. 59-62.
Guglielmi 1980
W. Guglielmi, LÄ III, Wiesbaden, 1980, col. 289, s.v. « Käse ».
Hassan 1948
S. Hassan, Excavations at Gîza, vol. VI/2 : 1934 – 1935. The Offering-List in the Old Kingdom, Le Caire, 1948.
Hayes 1951
W. Hayes, « Inscriptions from the Palace of Amenhotep III », JNES 10, 1951, p. 35-56, 82-112, 156-183.
Helck 1971
W. Helck, Das Bier im Alten Ägypten, Berlin, 1971.
Helck 1977a
W. Helck, « Die Weihinschrift aus dem Taltempel des Sonnenheiligtums des Königs Neuserre bei Abu Gurob », SAK 5, 1977, p. 47-77.
Helck 1977b
W. Helck, LÄ II, Wiesbaden, 1977, col. 398, s.v. « Gaue ».
Hendrickx 2002
S. Hendrickx, « Bovines in Egypt in Predynastic and Early Dynastic Iconography » in F.A. Hassan (éd.), Droughts, Food and Culture. Ecological Change and Food Security in Africa’s Later Prehistory, New York, Londres, 2002, p. 275-318.
Hendrickx, Huyge, Warmenbol 2002
S. Hendrickx, D. Huyge, E. Warmenbol, « Un cimetière particulier de la deuxième dynastie à Elkab », Archéo-Nil 12, 2002, p. 47-54.
Hendrickx et al. 2002
S. Hendrickx, D. Faltings, L. Op de Beeck, D. Raue, C. Michiels, « Milk, Beer and Bread Technology During the Early Dynastic Period », MDAIK 58, 2002, p. 277-304.
Henein 1997
N.H. Henein, Poterie et potiers d’al-Qasr, oasis de Dakhla, BiEtud 116, Le Caire, 1997.
Hofmann, Tomandl, Zach 1984
I. Hofmann, H. Tomandl, M. Zach, « Milchkörbe im Sudan », GöttMisz 81, 1984, p. 87-91.
Janssen 1989
R.J. Janssen, Egyptian Household Animals, ShireEgypt 12, Aylesbury, 1989.
Jean 2012
R.-A. Jean, L’Art vétérinaire et la naissance des bovins dans l’Égypte ancienne, Biltine, 1998, 2012 (3e éd.).
Jean, Loyrette 2010
R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, La Mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne : traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne : textes médicaux des papyrus Ramesseum nos III et IV, Collection Kubaba, série Antiquité, Paris, 2010.
Junker 1939
H. Junker, « Phr nfr », ZÄS 75, 1939, p. 63-84.
Junker 1940
H. Junker, Gîza, vol. IV : Die Maṣṭaba des Kȝjm‘nḫ (Kai-em-anch), DAWW 71/1, Vienne, Leipzig, 1940.
Junker 1941
H. Junker, Gîza, vol. V : Die Maṣṭabas des Śnb (Seneb) und die umliegenden Gräber, DAWW 71/2, Vienne, Leipzig, 1941.
Kanawati, Abder-Raziq 1999
N. Kanawati, M. Abder-Raziq, The Teti Cemetery at Saqqara, vol. V : The Tomb of Hesi, ACE-Reports 13, Warminster, 1999.
Khalifa 2013
E. Khalifa, « Crossing Boundaries in Ceramic Studies : Applying Chemical Residue Analysis to Predynastic Sherds from Hierakonpolis », Current Research in Egyptology 14, 2013, p. 94-104.
Köhler 1984
U. Köhler, LÄ V, Wiesbaden, 1984, col. 769-772, s.v. « Sechat-Hor ».
Köhler, Jones 2009
E.C. Köhler, J. Jones, Helwan, vol. II : The Early Dynastic and Old Kingdom Funerary Relief Slabs, SAGA 25, Rahden, 2009.
Konte 1999
M. Konte, Le Lait et les produits laitiers. Développement de systèmes de production intensive en Afrique de l’Ouest, Dakar, 1999 (inédit).
Kuper, Riemer 2013
R. Kuper, H. Riemer, « Herders Before Pastoralism : Prehistoric Prelude in the Eastern Sahara » in M. Bollig, M. Schnegg, H.P. Wotzka (éd.), Pastoralism in Africa : Past, Present and Future, New York, Oxford, 2013, p. 31-65.
Lacau, Chevrier 1977
P. Lacau, H. Chevrier, Une chapelle d’Hatshepsout à Karnak, vol. I, Le Caire, 1977.
Leclant 1951
J. Leclant, « Le rôle du lait et de l’allaitement d’après les Textes des pyramides », JNES 10, 1951, p. 123-127.
Lefebvre 1958
G. Lefebvre, « Lait de vache et autres laits », RdE 12, 1958, p. 59-65.
Lepsius 1849-1859
K.R. Lepsius, Denkmäler aus Aegypten und Aethiopien. Tafelwerke, vol. II, Berlin, 1849-1859.
Lesur 2013
J. Lesur, « Des animaux et des hommes en Égypte au Néolithique et Prédynastique : les apports de l’archéozoologie », Archéo-Nil 23, 2013, p. 33-54.
Loret 1919
V. Loret, « À propos d’un prétendu verbe irrégulier », BIFAO 16, 1919, p. 245-253.
Lucas 1953
A. Lucas, Ancient Egyptian Materials and Industries, Londres, 1933, 1962 (4e éd.).
Mariette 1889
A. Mariette, Les Mastabas de l’Ancien Empire, Paris, 1889.
Marth 1953
H.E. Marth, « The Early History of Cheese-Making », The Butter, Cheese and Milk Products Journal 44, 1953, p. 10, 30-31, 46-49.
Mathieu, Guilhou, Spahr 2015
B. Mathieu, avec la participation de N. Guilhou et A. Spahr, L’Univers des Textes des pyramides. Lexique commenté, Montpellier, 2015 (éd. interne, université Montpellier 3-Paul Valéry).
Meeks 2004
D. Meeks, Les Architraves du temple d’Esna : paléographie, PalHiéro 1, Le Caire, 2004.
Midant-Reynes 1992
B. Midant-Reynes, Préhistoire de l’Égypte. Des premiers hommes aux premiers pharaons, Paris, 1992.
Moens, Wetterstrom 1988
M.F. Moens, W. Wetterstrom, « The Agricultural Economy of an Old Kingdom Town in Egypt’s West Delta : Insights from the Plants Remains », JNES 43/3, 1988, p. 159-173.
Müller 1970
H.W. Müller, Ägyptische Kunst, Francfort, 1970.
Navajas 2009
A.I. Navajas, « Bos primigenius/Loxodonta Africana. Iconographie et symbolisme au travers de la céramique White Cross-Lined », ChronEg LXXXIV/167, 2009, p. 50-87.
Navajas 2011
A.I. Navajas, « The Predynastic Bos Primigenius as a Royal Image of Territory, Boundaries and Power in an African Context » in K. Exell (éd.), Egypt in Its African Context. Proceedings of the Conference Held at The Manchester Museum, University of Manchester, 2 – 4 October 2009, BAR-IS 2204, Oxford, 2011, p. 30-42.
Nolan 2010
J.S. Nolan, Mud Sealings and Fourth Dynasty Administration at Giza, thèse de doctorat, université de Chicago, 2010.
Pätznick 2005
J.-P. Pätznick, Die Siegelabrollungen und Rollsiegel der Stadt Elephantine im 3. Jahrtausend vor Chr. : Spurensicherung eines archäologischen Artefaktes, BAR-IS 1339, Oxford, 2005.
Pätznick 2009
J.-P. Pätznick, « Encore et toujours l’Horus “Nâr-mer” ? Vers une nouvelle approche de la lecture et de l’interprétation de ce nom d’Horus » in I. Régen, F. Servajean (éd.), Verba manent. Recueil d’études dédiées à Dimitri Meeks, CENiM 2, Montpellier, 2009, p. 307-324.
Pätznick 2013
J.-P. Pätznick, « Vous avez dit Den ? Pour une nouvelle proposition de lecture et de compréhension de ce nom d’Horus du milieu de la Ire dynastie », CCE (S) 17, 2013, p. 55-63.
Perdu 1982
O. Perdu, « La déesse Sekhathor à la lumière des données locales et nationales » in L’Égyptologie en 1979. Axes prioritaires de recherches, vol. I, Colloques internationaux du CNRS 595, Paris, 1982, p. 255-266.
Petrie 1892
W.M.F. Petrie, Medum, Londres, 1892.
Petrie 1898
W.M.F. Petrie, Deshasheh 1897, ExcMem 15, Londres, 1898.
Petrie 1900a
W.M.F. Petrie, Dendereh 1898, ExcMem 17, Londres, 1900.
Petrie 1900b
W.M.F. Petrie, The Royal Tombs of the First Dynasty, vol. I, ExcMem 18, Londres, 1900.
Petrie 1901
W.M.F. Petrie, The Royal Tombs of the First Dynasty, vol. II, ExcMem 21, Londres, 1901.
Quibell 1900
J.E. Quibell, Hierakonpolis, vol. I, ERA 4, Londres, 1900.
Saad 1957
Z.Y. Saad, Ceiling Stelae in Second Dynasty Tombs from the Excavations at Helwan, CASAE 21, Le Caire, 1957.
Serpico, White 2000
M. Serpico, R. White, « Oil, Fat and Wax » in P.T. Nicholson, I. Shaw (éd.), Ancient Egyptian Materials and Technology, Cambridge, 2000, p. 390-429.
Simpson 1976
W.K. Simpson, The Offering Chapel of Sekhem-Ankh-Ptah in the Museum of Fine Arts Boston, Boston, 1976.
Simpson 1980
W.K. Simpson, Mastabas of the Western Cemetery, vol. I : Sekhemka (G 1029) ; Tjetu I (G 2001) ; Iasen (G 2196) ; Penmeru (G 2197) ; Hagy, Nefertjentet, and Herunefer (G 2352/53) ; Djaty, Tjetu II, and Nimesti (G 2337X, 2343, 2366), Giza Mastabas 4, Boston, 1980.
Spencer 1993
A.J. Spencer, Early Egypt. The Rise of Civilisation in the Nile Valley, Londres, 1993.
Spieser 2000
C. Spieser, « Nouvelles approches de l’image emblématique de Serket : le serpent, la corne et l’utérus », GöttMisz 209, 2000, p. 91-100.
Spieser 2012
C. Spieser, « Les nourrices égyptiennes » in V. Dasen, M.-C. Gérard-Zai (éd.), Art de manger, art de vivre. Nourriture et société de l’Antiquité à nos jours, actes des journées d’étude, université de Fribourg, 4 avril 2008 et 26 mars 2010, Testimonia, Gollion, Paris, 2012, p. 19-39.
Spieser 2014
C. Spieser, « La nature ambivalente du sang, du lait, des figues et du miel dans les croyances funéraires égyptiennes » in G. Tallet, C. Zivie-Coche (éd.), Le Myrte & la Rose. Mélanges offerts à Françoise Dunand par ses élèves, collègues et amis, vol. II, CENiM 9/2, Montpellier, 2014, p. 281-287.
Sweydan 1992
N. Sweydan, « Buffles et taureaux au Prédynastique » in Sesto congresso internazionale di egittologia : atti, vol. I, Turin, 1992, p. 585-594.
Tallet, à paraître
P. Tallet, « Un projet de construction dans le Delta sous le règne de Khéops » in Table ronde sur les archives administratives de l’Ancien Empire : un état de la question, Paris, 12-13 février 2015, à paraître.
Wendorf, Schild 1998
F. Wendorf, R. Schild, « Nabta Playa and Its Role in Northeastern African Prehistory », JAA 17, 1998, p. 97-123.
Wilson H. 1988
H. Wilson, Egyptian Food and Drink, ShireEgypt 9, Aylesbury, 1988.
Wilson P. 1997
P. Wilson, A Ptolemaic Lexikon. A Lexicographical Study of the Texts in the Temple of Edfu, OLA 78, Louvain, 1997.
Winkler 1934
H. Winkler, Bauern zwischen Wasser und Wüste. Volkskundliches aus dem Dorfe Kiman in Oberägypten, Stuttgart, 1934.
Zaky, Iskander 1942
A. Zaky, Z. Iskander, « Ancient Egyptian Cheese », ASAE 41, 1942, p. 295-313.
Ressources électroniques
Friedman, « Setting the Scene »
R. Friedman, « Setting the Scene », article en ligne sur Archaeology’s Interactive Dig, interactive.archaeology.org//hierakonpolis/nubians.html, consulté le 23/05/2016.
Annexe
Notes de bas de page
1 Kuper, Riemer 2013, p. 50-52, fig. 1.8, 1.9, avec les enfants d’un couple tétant au pis d’une vache dans des représentations rupestres du Djebel Ouenat, au Soudan. Voir aussi Wendorf, Schild 1998, notamment p. 108-110, fig. 4-5, avec la découverte de tombes de vaches.
2 Voir notamment Sweydan 1992 ; Hendrickx 2002 ; Navajas 2009 ; Navajas 2011.
3 Lesur 2013 ; Jean 2012.
4 Voir Midant-Reynes 1992, p. 145. Évoquant les représentations sur les parois du Gilf Kebir, l’auteure remarque : « Le soin apporté à la représentation du pis des vaches en dit long sur le rôle du lait dans l’alimentation. » Voir aussi supra, n. 1.
5 Friedman, Van Neer, Linseele 2011, p. 179-180, fig. 13, tombe 36. C’est encore ce même couple (vache et veau) que l’on retrouve gravé sur un vase de type milk jar à Hiérakonpolis, dans le cimetière plus tardif de la culture nubienne Pan Graves HK 27c, indiquant une fois de plus cette relation particulière entre la vache, le veau et la production de lait ; voir Friedman, « Setting the Scene » (interactive.archaeology.org//hierakonpolis/nubians.html).
6 Friedman, Van Neer, Linseele 2011, notamment fig. 3 p. 161.
7 En s’appuyant sur une tradition plus tardive (à partir de l’Ancien Empire) et qui perdura à travers toute l’histoire de l’Égypte ancienne, on pourrait bien sûr déjà y reconnaître la production du lait comme élément vivifiant dans la vie de l’au-delà pour le défunt, la vache et son veau devenant alors la source intarissable de sa régénérescence éternelle. Voir notamment à ce sujet Leclant 1951 ; Ghoneim 1977, p. 233 sqq. ; plus récemment Spieser 2012, surtout p. 37-39 ; Spieser 2014, p. 282-284.
8 Quibell 1900, pl. XXVI, B. Pour la lecture « Abou Hor », voir Pätznick 2009.
9 Wb IV, 503, 6 (šnỉ.t) ; TP 7, § 5a ; TP 601, § 1664a, où il s’agit du sanctuaire de la déesse Nout à Héliopolis. On notera également le nom du 12e nome de Basse Égypte, dans le Delta, transcrit avec une vache aux longues cornes avec son veau, qui apparaît dès le début de la IVe dynastie dans les titulatures du haut fonctionnaire Peh-r-nefer. Voir Junker 1939, p. 64 sqq. ; Helck 1977b ; Tallet, à paraître.
10 Khalifa 2013, p. 98. On notera aussi deux attestations provenant de Basse Égypte (Saqqâra) : Zaky, Iskander 1942, p. 295 sqq. ; Emery 1954, p. 20-21, avec la présence de « remains of cheese wrapped in coarse linen » dans le mastaba S 3504 ; Emery 1962, p. 7. Voir aussi Marth 1953, p. 10, 30-31, 46-49 ; Lucas 1953, p. 330 ; Serpico, White 2000, p. 409, 418.
11 Boessneck 1988, p. 67, fig. 107, 109.
12 En Afrique subsaharienne, le lait n’est jamais conservé dans des poteries en terre cuite ; il existe même un tabou en Afrique de l’Est qui interdit ce contact : Hofmann, Tomandl, Zach 1984. En effet, on observe qu’au contact de l’argile, les agents bactériens contenus dans le lait de vache imprègnent et contaminent les pores du contenant, rendant sa réutilisation non hygiénique. C’est la raison pour laquelle on utilise des calebasses, également plus économiques, dont les formes ne sont pas sans évoquer les petits pots globuleux à fond rond ou d’autres plus ventrus servant à la traite dans les scènes représentées dans les mastabas de l’Ancien Empire : Lepsius 1849-1859, pl. 66, 77. En raison de l’action des bactéries lactiques, l’utilisation de jarres ou autres grands « saladiers » à bec verseur, représentés dans certaines de ces tombes, paraît alors peu crédible (par exemple, Junker 1940, p. 81, pl. XII, mur ouest), à moins que ces contenants n’aient été auparavant lavés et préparés, ce que confirme un procédé traditionnel de stérilisation et de vitrification de leur intérieur par plusieurs cuissons sur les braises du four dans les milieux ruraux égyptiens actuels. Signalons à ce propos en Abyssinie, proche de l’Égypte, une technique d’enfumage de l’intérieur de la calebasse, après quoi y est frottée une plante aromatique, ce qui empêche le développement des bactéries du lait et confère en outre une odeur agréable au lait. Je tiens à remercier M. Ziegler, biologiste (université de Heidelberg), pour cette très intéressante information.
13 Janssen 1989, p. 8, fig. 27, 34 ; Altenmüller, Moussa 1977, p. 154, pl. 76.
14 Simpson 1976, p. 9, fig. 4, pl. VI-VIIa.
15 Mariette 1889, p. 474, H ; Petrie 1892, pl. XXI. On trouve ce signe dans le nom d’un centre urbain représenté par une porteuse d’offrandes du mastaba de Néfermaât, fils du pharaon Snéfrou et vizir du début de la IVe dynastie.
16 Cette flammèche verte a donné lieu à une intéressante évolution de sa compréhension : d’une sorte de paille à boire pour jeunes enfants et animaux (Griffith 1898, p. 40 sqq.), on aboutit à des touffes d’herbe ayant obstrué l’ouverture d’un pot de lait (Davies 1901, p. 16, pl. XVII), hypothèse qui a fait autorité jusqu’à aujourd’hui (Faltings 1998, p. 19 sqq.). Il a été récemment proposé d’identifier cette flammèche verte aux feuilles de l’anis : Abadir 1999.
17 Voir Gardiner 1982, R7, « Bowl for incense with smoke rising from it ». Voir aussi Altenmüller, Moussa 1977, p. 64, pl. 17, 19. On notera à ce titre que N. Davies (1900, p. 38) remarquait au sujet de cette flammèche verte : « Milking jar… as it appears in a milking scene, with either a leaf in the mouth, or the steam rising from it. »
18 De nos jours encore, en Égypte, on conserve jusqu’à 6 mois ce fromage frais, fait maison, dans des poteries de type Qena, en fermant l’embouchure au moyen d’un gros bouchon de végétaux et en le recouvrant, dans le cas d’une longue conservation, d’un bouchon d’argile. Je tiens à remercier G. Haeny et H. Jaritz pour leurs précieux témoignages.
19 Wilson H. 1988, surtout p. 47 ; Guglielmi 1980, avec une référence au barattage et au beurre. On notera aussi le terme « zmn » qu’Allen propose de traduire « condensed milk » : Allen 2005, p. 62, n. 16, ainsi que p. 110 (P 50 = TP 455, § 849c).
20 À titre comparatif et informatif, voir Konte 1999, p. 1-25, surtout p. 7-10, 11, 14, 17. L’auteur indique que les vaches laitières ont besoin d’être abreuvées deux fois par jour, avant et après le pâturage, et qu’elles consomment entre 40 et 50 litres d’eau par jour en plus des trois litres dont elles ont besoin pour produire un litre de lait. Il souligne aussi que la vente du lait se fait rarement en zone rurale, mais en ville, dans les trois heures suivant la traite, que le produit commercialisé est le lait caillé avec le beurre et que, traditionnellement, ce sont les femmes qui s’occupent de la conservation, de la production et de la vente du lait et de ses dérivés. Sur le rôle des femmes dans l’économie laitière du monde pastoral africain, voir aussi Bollig, Schnegg 2013, notamment p. 7.
21 Pätznick 2005, p. 25-28, avec tableau 8 p. 28 et pl. VI, ainsi que p. 28-32, avec tableaux 9-12 p. 29-31 et pl. II.
22 Voir Winkler 1934, p. 81 sqq. ; Henein 1997, p. 150, fig. 80.
23 Pour le titre, voir Pätznick 2005, p. 131, n. 1336.
24 Concernant le terme sšr.t désignant les vaches laitières, on consultera Simpson 1980, p. 34-35, fig. 45, pl. 57b ; El-Sabbahy 1993, fig. 1 p. 245, fig. 2 p. 247, pl. XXIII, 2-3 ; Fischer 1996, p. 192, n. 146 ; Grunert 2000 ; Pätznick 2005, p. 10, n. 78. Concernant le terme mn‘.t qui qualifie ces mêmes vaches laitières, voir Altenmüller 1998, p. 110, pl. 17a ; Kanawati, Abder-Raziq 1999, pl. 55. Voir aussi à ce sujet Allen 2005, p. 68 (TP 325, § 531c), 70 (TP 337, § 550a), avec les termes mhỉ.t, « vache laitière », et mn‘.ty, « les deux vaches nourricières ». On notera aussi la traite de la vache ỉd.t : Petrie 1898, pl. XVIII.
25 Il existait, bien sûr, d’autres qualités de lait : celui de chèvre, plus riche d’ailleurs que celui de vache, celui de brebis, ou encore celui d’ânesse ; voir à ce sujet Lefebvre 1958.
26 Saad 1957, p. 17-19, pl. 10 (stèle de femme répondant au nom de Heken). Voir aussi Köhler, Jones 2009, p. 41.
27 Hendrickx et al. 2002, p. 300, fig. 2a-b (Elkab M. 659/14-15), 2c (Elkab M. 540/3). Voir aussi la tombe 12 du cimetière de particuliers de la IIe dynastie à Elkab (Hendrickx, Huygue, Warmenbol 2002), qui accueille surtout des inhumations de nourrissons, jeunes enfants et jeunes adultes, et qui est comparable au cimetière est d’Adaïma. La relation jeune adulte (fille ?)/enfant/lait y est exprimée par une petite jarre placée à hauteur du visage du défunt : Hendrickx, Huygue, Warmenbol 2002, fig. 3 p. 49, fig. 4c p. 50.
28 Gardiner 1982, p. 529, W19 ; Meeks 2004, p. 215, § 587, avec littérature correspondante.
29 Balcz 1934, p. 64. Nombre de produits se voient accompagnés de leur contenant correspondant dans les listes et tableaux d’offrandes funéraires : Hassan 1948, pl. CXXXII, l. 138, avec notamment le terme ỉrṯ.t, « lait », accompagné de deux jarres de type mn, et où vin et bière le sont respectivement d’une vaisselle appropriée. Voir aussi Anselin 2010.
30 St. Hendrickx (et al. 2002, p. 209, 300) n’y voit ni un nom de poterie ni un nom de contenu, mais plutôt une indication de fonction, celui de pot au lait. Le type Early Meidum Bowl, gravé avant cuisson du signe , pourrait correspondre en partie à une vaisselle en rapport avec le processus de fermentation du lait, auquel cas le terme mr pourrait avoir désigné la fermentation ou son résultat. A. Anselin (2010, p. 113) y voit un pot à lait fermenté. Précisons toutefois qu’en l’absence d’études corrélant clairement la gravure du signe de la houe avec une poterie ayant contenu du lait ou un produit laitier, la présence du signesur de nombreux vases de la Ire dynastie provenant de la nécropole royale d’Abydos invite à une certaine réserve dans l’interprétation, tous n’ayant probablement pas contenu que du lait ou ses dérivés. Voir Petrie 1900b, pl. XLVIII, fig. 260, 262-270, pl. L, fig. 535-567 ; Petrie 1901, pl. LV, fig. 41-43.
31 TP 364, § 613c ; TP 370, § 646a, 647b ; Allen 2005, p. 80, 83. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est aussi le mode de pensée ayant conduit à la transcription d’un verbe « lier, attacher » à travers la perception d’un produit qu’on transportait de cette manière, ce qui laisse aussi suggérer une phonologie assez proche entre ces deux lexèmes.
32 Griffith 1898, p. 40-41. Voir aussi Petrie 1892, pl. XXI, avec la dénomination de la petite jarre contenant du lait frais mr.t, « celle du lié », pour transcrire le nom de l’agglomération « La Liée » qui apporte ses produits au défunt. Voir aussi Urk. I, 279, 9-18, avec la mention du lait ỉrṯ.t, accompagnée de la dénomination mr du pot de lait dans les traces d’un édit royal d’un successeur de Pépi II, établissant la nature et le rythme des offrandes à allouer aux statues de la famille royale et de son vizir dans le temple de Khentimentiou à Abydos. Voir infra, n. 37. On peut aussi se demander dans quelle mesure la dénomination tardive de la vache noire mr.t (Wb II, 106, 10) ne pourrait faire allusion à l’usage ancien d’attacher les deux pattes postérieures de la vache lors de sa traite, ce qui l’aurait ainsi fait nommer « la liée », avec un double jeu d’écriture pour transcrire de même « l’aimée », « celle à qui on est attaché, lié ».
33 Loret 1919, p. 249 sqq., avec différentes graphies. Il semble qu’avant le lait cru ỉrṯ.t, le terme ỉȝt.t ait pu désigner le lait ou un produit laitier d’exception, comme la crème ou la crème barattée. Voir les propositions de Allen 2005, p. 26, 108 : TP 146, § 89a-b (« Two owls of whipped cream ») ; Helck 1971, p. 19 (« Sahne »), et p. 105, n. 13. Voir aussi Lacau, Chevrier 1977, p. 290 : ỉȝt.t bnr.t, « crème sucrée ». Toutefois, la lecture ỉȝt.t, dans l’attente d’une étude graphique et lexicographique, est loin d’être assurée. On consultera Mathieu, Guilhou, Spahr 2015 (je tiens à remercier B. Mathieu pour ses commentaires). Pour un remplacement de ỉȝt.t par ỉrṯ.t sur la table d’offrandes en granite du nain Seneb, voir Junker 1941, p. 103, fig. 28. On notera également que si elles sont attestées depuis au moins la IVe dynastie, jamais pourtant les deux désignations de produits d’offrandes laitières ỉȝt.t et ỉrṯ.t ne figurent ensemble sur les pancartes d’offrandes funéraires, ce qui en fait deux produits laitiers bien distincts.
34 Fakhry 1961, p. 5, fig. 283, pl. XXXVIII-XL, avec une représentation d’un bouchon de type Gv. III. Voir Pätznick 2005, p. 25-28, pl. V. Netjer-âper-ef a été missionné dans trois nomes de Haute-Égypte, les 5e, 7e et 6e. Or, trois villages sont aussi cités en bas de la stèle, et le nom du troisième village correspond avec celui du nome placé en troisième position (le 6e), puisque tous deux sont formés sur l’image du crocodile. Cela suggère une correspondance nome-village. Dans cet ordre de pensée, le village producteur de lait serait alors à placer dans le 5e nome de Haute-Égypte, celui des villes de Coptos et d’Ombos.
35 Dunham, Simpson 1974, pl. XIIIe.
36 Voir fig. 1-5. On consultera aussi notamment : PM III/2, p. 454 (IV), Sekhemânkhptah, directeur du double grenier ; 476 (46, V), Ty, intendant des complexes funéraires royaux de la Ve dynastie ; 522 (12), Kagemni, vizir ; 535 (93, II), Mérérouka, vizir ; 620 (8b), Méhou, Vizir ; 637 (1, IV), Néferherenptah, directeur des coiffeurs et perruquiers du palais ; 646 (Louvre), Métchétchi ; 624 (9, II), Nébet, épouse royale d’Ounas. On y ajoutera aussi les mastabas de deux vizirs : Davies 1900, pl. XXII ; Davies 1901, pl. XVII, avec une jarre emplie de lait frais. Pour Giza, on notera entre autres le mastaba G 2370 du vizir Senedjem-ib (Inty) et la plus ancienne attestation de cette scène dans celui de la reine Mer-es-ânkh III à la IVe dynastie : PM III/1, p. 82 (7, III) ; 86 (4-5, III-V), Senedjem-ib/Inty, vizir ; 132 (17, I) et Junker 1940, pl. XII, bas ; 172 (7, III-V) ; 263 (4) ; 351 (4) et Lepsius 1849-1859, pl. 96.
37 Dans les listes et tableaux des offrandes funéraires, le lait est accompagné soit de vases vides de type mn sȝ šw, soit de deux jarres mn : Hassan 1948, pl. CXXXII, l. 135/27, 138/28. Voir TP 42, § 32b ; TP 41, § 32a, avec l’unique mention d’un vase mr pour le lait. Voir aussi Urk. I, 279, 9-18, pour mr comme offrande régénératrice aux statues de la famille royale ; et supra, n. 32.
38 On notera une seule attestation de lait dans Helck 1977a, pl. II-III. Après vérification, le lait semble même être absent des papyrus de Gebelein.
39 Ce constat s’étend jusqu’au Nouvel Empire : parmi les quelque 1 400 inscriptions du complexe palatial d’Amenhotep III à Malqatta, seules deux mentionnent le lait ỉrṯ.t : Hayes 1951, p. 94, fig. 14, nos 203-204.
40 Voir Altenmüller 1982, p. 10, Sz. 1.4, interprétées par l’auteur comme l’évocation d’une production de lait privée pour le défunt. On remarquera aussi un transvasement du lait frais d’un petit pot de traite dans une plus grande jarre. C’est aussi ce même type de jarres, dans lequel se trouve du lait frais (flammèche blanche), qui fait partie de la préparation de la nourriture du pâtre : Junker 1940, p. 85, pl. XIII.
41 Urk. I, 279, 2 et 9-18, ainsi que Urk. I, 305, 16, un décret royal pour le vizir Idy.
42 Der Manuelian 2003, p. 70-71, fig. 86, pl. 15, et fig. 97 p. 74, avec un « directeur des pâturages et des bovins » ainsi qu’un « directeur des bouviers ».
43 Blackman 1914, p. 2, n. 4-5, et p. 7-8.
44 Petrie 1900a, p. 47-49, 57, pl. VIIIa, XXXVII.
45 Moens, Wetterstrom 1988.
46 Pour l’instant, les traces de livraisons et de consommation de ces produits laitiers dans le matériel sigillographique de Giza ne semblent pas avoir été identifiées : Nolan 2010. Pourtant, les indices d’abattage et d’importante consommation de bovidés du type Bos taurus ont été identifiés par R. Redding dans cette même étude (p. 408-427, 411-414, 416, tableau 5.2 p. 412, p. 422-424, tableau 6.2 p. 422). Les résultats de l’analyse des résidus de la céramique devraient en ce sens pouvoir apporter de précieuses informations.
47 Petrie 1900b, pl. XX, fig. 15.
48 Perdu 1982, p. 255 sqq. ; Köhler 1984 ; LGGVI, p. 500-501. Voir de même Spieser 2000, p. 96, n. 27.
49 TP 555, § 1375b (M), avec une grande plume d’autruche entre les cornes.
50 Bien que non nommée en tant que telle, la physionomie générale de cette vache sur cette étiquette rappelle si fortement celle de la déesse vache Sékhat-Hor de l’Ancien Empire qu’il est difficile de ne pas y reconnaître l’origine de sa représentation et de son essence : Godron 1958. Pour une attestation de Sékhat-Hor à la Ve dynastie, voir Bissing, Kees 1923, pl. 6, fig. 13.
51 Urk. I, 25 ; Collombert 2010, p. 88, § 151.
52 LGG I, p. 48-49. P. Wilson (1997, p. 16) n’exclut pas l’idée d’une vache dans les fourrés de papyrus du Delta comme forme d’Hathor, qui aurait été appelée « Celle du Delta », en référence au terme ȝḫ.t. Forme de la déesse Neith, la vache Akhet était mère et nourricière du dieu Rê. L’origine très ancienne de cette vache est aussi suggérée par l’appellation de la vache Hésat « Akhet la vénérable, celle qui fut la première à nourrir, nourrice des ancêtres. Celle qui fait vivre les humains et transforme le vieillard en nouveau-né » : Favard-Meeks 1991, p. 360-364, et n. 439 p. 364.
53 Voir Petrie 1901, pl. V, fig. 1, pl. VIa, fig. 2.
54 Pour le titre « mdw + bovin », voir De Meulenaere 1982, surtout p. 140d ; Fischer 1986, col. 50, 56, n. 17. La différence de forme avec le bâton mdw, notamment sa partie renflée au sol, invite à ne pas retenir une lecture « mdw » pour ce bâton.
55 Pour la lecture « Oudou-in-Hor », voir Pätznick 2013.
56 Voir l’étiquette British Museum E 55586, où la comparaison avec la forme générale du bâton/sceptre tenu par Oudou-in-Hor lors du massacre d’un ennemi sinaïtique est marquante : Spencer 1993, p. 87, fig. 67.
57 Wb I, 11, 7, et le déterminatif d’une vache couchée au Moyen Empire et avec le sceptre ȝms. Voir aussi Wilson P. 1997, p. 11.
58 Proposée avec prudence par Fr. Griffith (1901, p. 49), cette lecture ne fut pas reprise par G. Godron (1958, p. 144-145) qui voyait plutôt la graphie d’une ville ‘pw.t, réfutant également la proposition de lecture dp (un quartier de la ville de Bouto) de W. Petrie. Cette lecture ‘ (n) p (.t) de la ville de Mendès se heurterait à un système de transcription d’un trilitère avec terminaison du féminin, pour lequel aucune référence n’est attestée pour la première moitié de la Ire dynastie. De plus, on remarquera que la désignation ‘np.t de la ville de Mendès n’apparaît pas avant la Ve dynastie et que la divinité principale de la ville de Mendès est un bélier, et non une vache, ce qui rend cette lecture d’autant plus improbable dans le cas présent.
59 Pour ‘p(w), « voyage, déplacement, parcours », et ‘p (ỉ), « parcourir, s’approcher, passer près de », voir AnLex I, 77.0618 et 77.0619 ; TP 579, § 1541a.
60 De fait, on peut se demander dans quelle mesure la joie de cette vache sacrée ne serait pas à l’origine du nom de la déesse vache Sékhat-Hor, « Celle qui se souvient d’Horus », ce qui ferait peut être écho au souvenir que laissa cette toute première visite royale et cette première rencontre avec un Horus, l’Horus Djer, à Pé, au tout début de la Ire dynastie.
61 Elle est en effet la plus ancienne et perdurera à travers toute la période pharaonique. Elle pourrait aussi être à l’origine de la dénomination du mois Athyr en l’honneur de la déesse vache Hathor, le 2e mois de la saison de la crue (saison akhet).
62 Voir Petrie 1901, pl. XXVII, fig. 131, pl. XXX, fig. 131, avec la mention du prêtre-ḥm de cette vache à Pé (Bouto), portant le nom Mrỉ-ḥtp (w).
63 On notera que d’autres déesses sont tout à fait en mesure de remplir ce rôle de mère ou de nourrice divine pour le jeune souverain : Cwiek 2003, p. 176-183, fig. 43-45.
64 TP 485, § 1029b-c. Voir aussi la mention d’un complexe royal (ḥw.t) en rapport avec un bovin d’or sur une empreinte de sceau administratif de l’Horus Seme(he)rkhet, de la deuxième moitié de la Ire dynastie : Petrie 1900b, pl. XXVIII, fig. 73-74.
65 Voir aussi Jean, Loyrette 2010.
Auteur
Chercheur associé, laboratoire « Archéologie des sociétés méditerranéennes » (UMR 5140), université Paul-Valéry – Montpellier 3
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Écrire, initier et transmettre
Identité locale et tradition confrérique dans la Ḥāfiẓiyya Ḫalwatiyya, une confrérie soufie de Moyenne-Égypte (xixe et xxe siècles)
Renaud Soler
2021
Soufisme et Hadith dans l’Égypte ottomane
ʿAbd al-Raʾūf al-Munāwī (952/1545 - 1031/1622)
Tayeb Chouiref
2020
Cultes et textes sacrés dans l’Égypte tardive
Diffusion, circulation et adaptation
Marion Claude et Abraham Ignacio Fernández Pichel (éd.)
2023
Recenser l’Égypte
Dette publique et politiques de quantification à l’ère impériale (1875-1922)
Malak Labib
2024