Cérémonial ou cérémoniel ?
Production de viande et pratiques religieuses à l’Ancien Empire
p. 141-171
Résumé
This article is a synthesis of the issues relating to the place of religion in meat production during the Old Kingdom. It first examines the places and staging of butchery, then introduces its protagonists (animals and butchers) and their status, and finally analyzes the symbolic and magical value of the act of slaughtering itself. It thus appears that scenes, texts, and archaeological remains allow for the identification of a religious, or even ritual, context for meat production during the Old Kingdom. However, it cannot be ascertained whether a religious framework is systematically involved in the slaughter since most of the sources at our disposal are from funerary or sacred origins, and therefore have a performative value that makes them particularly difficult to interpret.
Texte intégral
1L’offrande de viande a, dès l’Ancien Empire, une importance de premier ordre dans les pratiques religieuses des Égyptiens. Elle est représentée et citée de manière récurrente dans les amoncellements de victuailles, les repas et les listes d’offrandes figurés dans les tombeaux, tandis que des offrandes carnées de natures diverses sont découvertes en quantité dans les nécropoles1. Par ailleurs, les archives du temple de Néferirkarê-Kakaï, découvertes à Abousir, indiquent clairement que ces denrées étaient régulièrement déposées sur l’autel2. Son usage dans un cadre cultuel, en tant qu’offrande de premier choix destinée aux défunts comme aux dieux, n’est donc plus à démontrer.
2Une fois ce constat établi, reste la question de la production des denrées carnées et de son encadrement religieux. Les scènes de boucherie sont omniprésentes dans les monuments funéraires de l’Ancien Empire, à la fois parce que le boucher abattant la bête incarne d’une certaine manière la victoire de l’ordre sur le chaos3, et parce qu’elles assurent l’approvisionnement du mort en viande, une offrande convoitée4. Ces scènes possèdent donc un caractère hautement symbolique et magique, mais quelles informations peuvent-elles apporter quant à l’intervention du rite dans les conditions réelles de la production ?
3Les scènes de boucherie de l’Ancien Empire ont été étudiées, en particulier dans leurs aspects textuel et iconographique, par P. Montet5 et A. Eggebrecht6 qui soulevaient déjà des problématiques mettant en jeu le fait religieux ; le rôle de certains agents du culte intervenant dans ces scènes de boucherie a été discuté de longue date7. Il est cependant apparu utile, dans le cadre de cet ouvrage, de proposer une étude synthétique renouvelée des indices non seulement iconographiques, mais aussi textuels et archéologiques, permettant d’aborder l’intervention du fait religieux dans la pratique de la boucherie à l’Ancien Empire. Pour ce faire, il conviendra en premier lieu de recourir à l’observation et à l’analyse des représentations, qui permettent d’amorcer la réflexion sur l’existence d’un cadre normalisé mis en scène lors de certains abattages. Dans cette optique, la question du contexte de la mise à mort est aussi celle des lieux où l’acte est pratiqué, ce que certaines découvertes archéologiques peuvent nous aider à appréhender. Les critères présidant au choix de l’animal et le statut du boucher seront également examinés, notamment par l’étude des légendes de ces scènes de mise à mort. L’aboutissement de cette étude, qui ne se veut pas exhaustive, sera une réflexion concernant la part rituelle intrinsèque que ces représentations peuvent receler.
I. Le décorum : mise en scène, mise en espace
4Déceler l’intervention du rite dans la production bouchère implique dans un premier temps de tenter, dans la mesure du possible, de faire la différence entre la représentation d’un abattage en contexte ritualisé et celle d’une mise à mort ne présentant pas d’implication religieuse. En l’occurrence, les scènes de boucherie de l’Ancien Empire permettent des comparaisons remarquablement instructives, et il est possible de relever l’existence de deux types de scènes d’abattage aux caractéristiques bien différentes.
5Dans un premier cas, elles occupent des registres entiers et représentent la mise à mort, l’écorchement et le débitage de bovidés de grande taille (bovins, mais aussi oryx ou ibex), de gros mammifères particulièrement prisés, dont la taille, le poids et la force impliquent une mise à bas dans des lieux que ces figurations ne permettent généralement pas de déterminer (fig. 1). Les séquences de gestes et d’attitudes ont un caractère assez répétitif, de même que les légendes qui les accompagnent, qui décrivent souvent les actes accomplis par les bouchers ou citent leurs dialogues. Ces légendes peuvent aussi préciser que la viande produite est vouée au culte du défunt. De manière générale, la localisation de ces scènes, souvent à proximité des fausses-portes ou des scènes de repas funéraire, désigne assez directement la destination des denrées. Ces images paraissent ainsi relever d’une mise en scène bien établie, utilisée avec insistance, ce qui pourrait déjà suggérer l’existence d’un cadre cérémoniel normalisé.
6Le second type de représentations est plus rare et ne témoigne pas du même systématisme dans la composition. Dans un contexte caractérisé généralement par un paysage naturel, il est possible d’observer çà et là, près de scènes d’élevage, de bergerie, de chèvres paissant, un petit caprin suspendu à un arbre afin d’y être tué, écorché et dépecé (fig. 2). Ces images, désignées couramment comme des scènes de « repas des bergers », représentent bel et bien la mise à mort d’un animal, dans un contexte qui se veut beaucoup plus spontané et profane, puisque régulièrement la bête abattue est consommée par des pâtres à proximité.
7Ces deux catégories de représentations mettent un fait en exergue : la mise à mort de tous les animaux ne paraît pas nécessiter l’intervention du fait religieux ou d’un cérémonial particulier. L’abattage des bovidés de grande taille, en revanche, est mis en scène de façon standardisée, dans un cadre spécifique et récurrent, bien qu’assez peu détaillé du point de vue spatial. La figuration d’éléments naturels ou de structures anthropiques abritant l’acte de boucherie est très rare. L’acte et son efficience magique priment sur le contexte spatio-temporel, ainsi que le nécessitent les conventions figuratives égyptiennes8. Est-il possible, en conséquence, de considérer cette norme de représentation comme un révélateur figuratif de la mise en place, dans les faits, d’un cadre systématisé, voire ritualisé, dans la mise à mort de certains animaux ?
8L’étude des lieux d’abattage, rendue possible par les découvertes archéologiques, n’est que partiellement instructive dans cette optique. Elle révèle, dans les faits, l’existence de zones de production de viande dans des domaines religieux dès l’Ancien Empire, tels que la salle 11 du temple haut de Néferirkarê-Kakaï à Abousir, située au nord du sanctuaire9. Il s’agit d’une pièce assez longue, à colonnes, qui possède un accès direct vers l’extérieur. Elle aurait pu servir, selon S. Ikram10, au moins au stockage des offrandes carnées, voire de zone d’abattage pendant les périodes de fêtes qui nécessitaient un approvisionnement plus important. La fonction de cette salle reste cependant discutée11.
9Une autre structure, de taille plus importante, a directement été associée aux activités de boucherie (fig. 3) : découverte dans le complexe funéraire du roi Rânéferef, elle recelait en effet de nombreux restes animaux, mais aussi des couteaux en silex, des pierres à longe (permettant d’attacher les bêtes) et même ce que M. Verner, en fouillant le site, a identifié comme un billot12. Ce complexe de boucherie rattaché à un lieu de culte de l’Ancien Empire fonctionnait en lien avec le sanctuaire, mais se dressait du côté sud de la partie externe du temple haut, comme venant s’ajouter aux autres composantes de son architecture13. Le bâtiment, d’assez grande taille et en briques crues, comportait une zone à ciel ouvert pour l’abattage, et des pièces probablement consacrées au débitage et au stockage de la viande. Son nom est par ailleurs mentionné dans les archives du complexe funéraire de Rânéferef : ḥw.t nm.t, l’« Abattoir » ou la « Demeure de l’abattoir14 ». Les textes mentionnent aussi l’existence de zones de production de nourriture dans le temple solaire d’Ouserkaf (nḫn-r‘ 15), ainsi que dans celui de Néferirkarê-Kakaï (s.t-ỉb-r‘ 16). Néanmoins, le bâtiment du complexe funéraire de Rânéferef reste la seule structure de production de viande clairement identifiée de l’Ancien Empire : il s’agit donc d’un témoignage de premier ordre.
10En ce qui concerne l’abattage en contexte funéraire, les indices ne manquent pas non plus, mais doivent être considérés avec circonspection. Par exemple, la présence de pierres à longe, réelles et fonctionnelles, a été relevée dans certaines tombes de l’Ancien Empire, comme celle de Mérérouka à Saqqarah17 (fig. 4). Néanmoins, il ne semble pas raisonnable de considérer que les mises à mort aient été pratiquées à l’intérieur de ces monuments, notamment en raison de l’étroitesse des lieux et de la saleté causée par cette activité18. Il faut probablement considérer, malgré l’absence concrète de vestiges, que l’abattage devait avoir lieu à l’extérieur de la tombe. La distribution des scènes de boucherie sur les parois des monuments pourrait d’ailleurs aller dans le sens de cette hypothèse. Afin d’évoquer le thème du repas d’offrandes, elles étaient non seulement fréquemment représentées dans la chapelle, près de la fausse-porte, mais elles apparaissent aussi très régulièrement à proximité des accès donnant sur l’extérieur, ce qui est plus surprenant. Cela tendrait à prouver, selon Y. Harpur19, que cette activité devait avoir lieu à l’air libre. Dans cet espace de culte qu’est la chapelle, aucun élément ne peut donc être pris au pied de la lettre. D. Farout20 propose ainsi d’attribuer aux énigmatiques pierres à longe placées à l’intérieur des mastabas de l’Ancien Empire une qualité de « marqueur idéographique », un pouvoir évocateur des animaux destinés à l’offrande funéraire, et non une valeur réellement utilitaire.
11Les indices textuels et archéologiques traduisent en tout cas l’existence d’un contexte religieux pouvant être déployé pour les activités de boucherie, au moins par le choix de lieux spécifiques. Toutefois, le caractère systématique de ce contexte reste encore à démontrer. De nombreuses scènes de boucherie des mastabas de l’Ancien Empire concernent manifestement la production de l’offrande funéraire, mais toute viande consommée dans l’Égypte de l’Ancien Empire se devait-elle d’être produite dans un cadre rituel ? Lors des fouilles de la ville associée à la pyramide de Mykérinos sur le site de Giza, dans le secteur de parcage des animaux nommé « OK Corral » par les fouilleurs (fig. 5), ont été mises au jour des zones très probablement vouées à la production de viande à destination des travailleurs de la pyramide21. Or ces vestiges, en l’état actuel des fouilles, n’apparaissent pas associés à un complexe cultuel ; les animaux n’étaient donc probablement pas abattus en contexte religieux. Si la mise à mort des animaux pouvait se faire dans des structures appartenant à des domaines sacrés, en particulier lorsque la viande était destinée à l’offrande, la boucherie devait donc aussi être pratiquée hors de ce cadre pour un usage profane.
II. Les différents protagonistes et leur statut
12Un certain nombre d’auteurs grecs, dont Hérodote22 et Plutarque23, soulignent l’importance, dans le choix des animaux destinés à la boucherie, de certains critères morphologiques liés à une notion religieuse de « pureté » contrôlée par des prêtres avant la mise à mort. Ces caractéristiques sont mieux connues pour des périodes plus tardives24 ; à l’Ancien Empire, les textes et les représentations insistent avant tout sur le fait que l’animal voué à l’abattage est, selon le terme égyptien, rn. Le choix de la victime est notamment illustré, à l’Ancien Empire, par certaines représentations connexes aux scènes de boucherie, comme les défilés d’animaux destinés à l’offrande, ou nḏ.t-ḥr25. Les bêtes apportées en offrande, comme les animaux mis à mort, y sont qualifiées de rn avec une remarquable régularité.
13G. Roquet a démontré, dans un article éclairant26, que ce mot, anciennement traduit par « jeune », puis par « engraissé27 », s’applique probablement à un animal élevé, arrivé à un point de maturité optimal, celui auquel peut s’effectuer son abattage. Il désigne en effet des animaux présentés dans un contexte précis, celui de l’élevage et, bien souvent, de la stabulation. Ainsi, les représentations de la tombe de Khenty, à Thèbes, figurent deux personnages nourrissant des bovins à la main. Situées au-dessus de registres de scènes de boucherie, elles sont légendées rn n(y) ỉwȝ (fig. 6). Cet exemple souligne bien le lien entre les pratiques d’élevage, d’engraissement et l’utilisation du qualificatif rn d’une part, mais aussi entre ces animaux élevés avec soin et la production de boucherie. D’autres représentations légendées, comme celles observées dans la tombe de Râhotep à Meïdoum, suggèrent plus clairement que certains animaux qualifiés de rn ont été élevés en stabulation, dans le domaine funéraire fournissant des offrandes au propriétaire de la tombe (fig. 7). Par ailleurs, lorsque les bovidés offerts ne sont pas désignés comme rn, on précise parfois qu’ils proviennent d’étables (fig. 8). Dans la tombe d’Ourkhouou, un bovin apporté en offrande est ainsi qualifié de ỉwȝ n(y) mḏ.t. À la lumière des textes et de l’iconographie, la provenance des bovidés abattus et leur élevage en contexte surveillé, soigneusement contrôlé, semble donc constituer un critère primordial quant au choix de la bête destinée à l’offrande.
14Certaines espèces de bovidés du désert peuvent aussi être représentées dans des scènes de boucherie et considérées comme rn, telles que l’oryx, l’ibex, l’addax ou le bubale (fig. 9) ; elles étaient probablement capturées et faisaient ensuite l’objet de soins comparables à ceux dont bénéficiaient les bovins.
15Précisons néanmoins que le terme rn ne s’applique pas à tous les animaux d’élevage consommés en Égypte ancienne. Les petits animaux, comme les oiseaux, les caprins, les ovins ou les porcins ne possèdent pas ce statut. Il faut par ailleurs souligner que ces bêtes ne sont jamais évoquées dans les grandes scènes de boucherie mises en scènes de manière standardisée, destinées à produire des offrandes. Peut-être ne correspondaient-elles pas à ce critère pour des raisons religieuses qui nous échapperaient encore. La découverte d’ossements de porcs dans les tombeaux de l’Ancien Empire, sur le site de Minshat Abou Omar28, suggère pourtant que ces bêtes pouvaient constituer des offrandes funéraires acceptables, bien que plutôt réservées aux classes sociales les moins aisées, tandis que les tombes les plus riches bénéficiaient de viande de bovidé.
16Il serait cependant réducteur d’estimer que le terme rn ne s’appliquait qu’aux bovidés bien gras des scènes de défilés d’animaux. Le problème épineux posé par ce vocable apparaît encore plus nettement dans le cas litigieux de la hyène, qui est aussi représentée dans des scènes de gavage, qualifiée de rn et mentionnée dans les listes d’offrandes de certaines tombes de l’Ancien Empire, ce qui pourrait dévoiler tout ce que ce mot recouvre de symbolique. En effet, les hyènes ne sont pas représentées dans les scènes de boucherie, et aucun témoin de leur consommation effective n’a, à ce jour, été découvert29. Il s’agit peut-être de distinguer les hyènes sauvages de celles élevées et gavées par les hommes, ou plus encore, de signifier que ces animaux étaient, au moins symboliquement, destinés à la boucherie en tant que mets rare et recherché ou en tant qu’animal puissant dont on souhaiterait s’approprier la force30, afin d’évoquer la plus grande variété possible d’offrandes carnées mises à disposition du défunt31. Certains animaux semblent en tout cas considérés comme rn à partir du moment où ils ont été soumis à la norme par l’humain, en particulier par le biais de l’élevage par engraissement.
17Le principal critère présidant au choix de l’animal de boucherie à l’Ancien Empire soulève donc de nombreuses questions, mais participe d’un contexte global, d’un cadre contrôlé d’élevage et d’abattage des animaux, voire d’un statut marqué d’une empreinte symbolique. Il ne paraît pas pour autant possible, en l’état actuel de nos connaissances, de préciser dans quelle mesure cette valeur symbolique est investie d’un caractère religieux à proprement parler, ou encore si le fait de déclarer un animal rn nécessitait une expertise de nature rituelle.
18Le statut des bouchers reste aussi à interroger. L’intervention d’officiants religieux dans les scènes de boucherie a déjà été observée ; leurs rôles respectifs nous sont connus, dans les grandes lignes, grâce à ces représentations, mais il est toujours complexe d’y déceler la part de métaphore.
19En premier lieu, on relève la présence, dans les scènes de boucherie, de prêtres ḥm.w-kȝ, ce qui n’a a priori rien de surprenant en contexte funéraire. Ces prêtres, « chargés de l’entretien de la tombe et du transport des dons funéraires32 », peuvent, dans les représentations, prendre une part active à l’abattage des animaux. Ils ne se contentent pas de transporter les offrandes carnées, mais peuvent avoir une double casquette et assumer le rôle de bouchers, comme on peut l’observer dans le mastaba de Ptahchépsès, à Abousir, où l’on peut lire, au-dessus d’une scène de boucherie : sfṯ rn ỉwȝ ỉn sft (y) n(y) pr-ḏt ḥm-kȝ Ỉỉ-ḥr-nfr.t, « Dépecer un bœuf engraissé par le boucher de la fondation funéraire, le prêtre ḥm-kȝ Iyhernéferet » (fig. 10). Les représentations suggèrent donc que le rôle de ces prêtres serait d’assurer le culte funéraire et de fournir le défunt en offrandes diverses, parfois au point de participer à la production matérielle des denrées carnées. Les ḥm.w-kȝ assumaient fréquemment des fonctions profanes diverses en plus de leur activité liée au culte du défunt, et c’est probablement à cause de ce statut particulier qu’ils pouvaient intervenir aussi directement dans les activités de boucherie33.
20Ce n’est en revanche pas le cas de toutes les catégories de prêtres. Le prêtre-ritualiste, ou ẖry-ḥb.t, est assez régulièrement mentionné dans les légendes des scènes de boucherie, quoique assez peu représenté. Il n’effectue ni la mise à mort ni le dépeçage, comme peut le faire le ḥm-kȝ, et on lui préfère généralement ce dernier pour le transport des offrandes. En général, les bouchers se pressent afin de répondre à sa demande, de lui fournir les produits carnés pour qu’il puisse accomplir les rites, comme dans la même scène du mastaba de Ptahchépsès, à Abousir : ỉṯ rk wr.t sfty pw ỉw ẖr (y)-ḥb.t ḥr ỉr (.t) ḫ.t, « Tire donc fort boucher ! Le prêtre-ritualiste est en train de célébrer les rites » (fig. 11). Il est ainsi possible d’observer, dans le mastaba de Qar34, un prêtre ẖry-ḥb.t en train de rendre le culte, agenouillé, présentant une patte antérieure de bœuf au défunt attablé. Dans certains reliefs de temples royaux, comme celui de Sahourê à Abousir, le ẖry-ḥb.t peut cependant être figuré à proximité immédiate des scènes de boucherie, et peut faire lui-même office de porteur d’offrande, transportant le produit de l’abattage (fig. 12). Le culte royal paraît donc bénéficier particulièrement de l’office de ces agents du culte. Selon P. Montet35, les dialogues échangés par les bouchers, la crainte et le respect exprimés envers le ẖry-ḥb.t montrent que son rôle dans les scènes de boucherie est en réalité fondamental. En dépit du fait qu’il n’est pas toujours représenté, le ẖry-ḥb.t serait selon l’auteur chargé de veiller au bon déroulement des opérations, ce qui pourrait expliquer sa présence plus prégnante en contexte de culte royal.
21Pour finir, il est nécessaire d’évoquer le rôle du prêtre w‘b qui, à l’Ancien Empire, se contente d’une fonction de contrôle, vérifiant après la mise à mort le sang de l’animal abattu, probablement pour des raisons sanitaires. Parfois, il est précisé qu’il s’agit d’un prêtre w‘b de Sekhmet, donc spécialisé dans la lutte contre les maladies36. Sa présence n’est pas systématique, et il est représenté un peu à l’écart des scènes de boucherie, comme dans le mastaba de Setka, à Giza (fig. 13), où il assiste aux préparatifs de la mise à mort.
22La participation d’officiants religieux à la production et au transport d’offrandes carnées est donc notable, en particulier parce que ces intervenants se font rares dans les autres types de scènes figurées dans les tombes de l’Ancien Empire. Leur présence et leur rôle important signalent la boucherie comme un sujet à part ; pourtant, leur office n’a rien de systématique.
23En effet, de nombreuses représentations ayant trait à la boucherie mettent en scène de simples bouchers, et parfois même des personnages n’appartenant pas au monde du sacré. Par exemple, chez Kaïennesout, à Giza, la paroi est de la chapelle présente plusieurs scènes figurant des domaines funéraires et des porteurs d’offrandes, ainsi qu’un registre montrant un défilé d’animaux et le découpage de deux carcasses de bovins (fig. 14). Les noms et titres des six officiants ont été soigneusement précisés : Ḥry-ỉb, [Ỉnỉ]ỉštf (les deux ne portant pas de titre particulier), Ỉỉ-nfr.t, Ỉmỉ-sḫr, Ỉsỉ (les trois étant qualifiés de sfty.w37) et Sšmw (qui est échanson – wdpw). Outre le fait que les noms des bouchers soient inscrits – ce qui montre qu’ils étaient considérés comme dignes d’être mentionnés –, il faut noter la présence d’officiants, comme Séchémou qui ne porte pas le titre de boucher mais n’est pas non plus défini comme un intervenant appartenant à la sphère religieuse. Pareillement, dans le tombeau de Nésoutnéfer, toujours à Giza, le mur sud porte une représentation du défunt devant son repas d’offrandes (fig. 15). En partie basse, deux scènes de boucherie ainsi que deux porteurs d’offrandes transportant chacun une patte antérieure de bovidé ont été figurés. Les textes associés sont assez laconiques, mais indiquent le nom des personnages qui apparaissent ailleurs dans les représentations du monument funéraire et ont ainsi pu être identifiés par H. Junker38. Il s’agit de Spr-r-‘nḫ, qui porte le titre de ḫrp zḥ, « conducteur du pavillon du repas » ; à ses côtés, on trouve un autre ḫrp zḥ, Ỉỉ-mw, ainsi que le šmsw (« escorteur ») Wḏ‘-nṯr. Certains acteurs présentés comme profanes, assumant des fonctions en lien avec le repas, participent donc aussi à ces scènes de boucherie. De plus, la présence d’un escorteur montre que des hommes de confiance du défunt pouvaient aussi être associés à ce type d’activités.
24Dans cette perspective, on note la présence, dans la tombe de Djaty (G 2337 X), à Giza39, au sein d’une scène sise à proximité de la fausse-porte et clairement légendée, de deux bouchers bien particuliers abattant un bovin. L’un, qui maintient la patte de l’animal, est sȝ=f smsw mr (y) =f Ḏȝty, « son fils aîné, son bien-aimé, Djaty », tandis que l’autre, en train de la découper, est sȝ=f ‘nḫ (w), « son fils, Ânkhou ». Le fils aîné du défunt peut bien sûr agir dans le cadre de son culte funéraire en tant que prêtre sm, mais ces quelques exemples viennent souligner le fait que les officiants religieux ne sont pas seuls, avec les simples sfty.w, les bouchers, à figurer dans les scènes de boucherie. La présence d’échansons, de conducteurs du pavillon du repas ou d’escorteurs de certains défunts montre que cette position pouvait être attribuée, au moins symboliquement, à des personnages dévoués envers le propriétaire de la tombe, qu’ils appartiennent à son personnel funéraire, à ses serviteurs et obligés, ou même à sa famille. Par ailleurs, la comparaison proposée par H. Junker entre la représentation précédemment évoquée, provenant de la tombe de Nésoutnéfer à Giza, et une paroi très similaire, observée dans le mastaba de Séchathétep (fig. 16), induit l’existence d’une part d’individualisation dans le choix des personnages intervenant dans les scènes de boucherie.
25Bien que les représentations et les textes de l’Ancien Empire apportent de nombreuses informations, discuter l’intervention du fait religieux dans le choix de l’animal de boucherie et de l’agent du culte dans la mise à mort et le dépeçage de la bête reste complexe. Les animaux sont qualifiés de rn avec beaucoup d’insistance, et ce mot pourrait bien avoir une réelle portée symbolique ; cependant, il est difficile de lui imputer une signification religieuse à proprement parler. De même, l’intervention d’officiants religieux dans les scènes de boucherie n’est pas systématique. Si d’autres agents, n’appartenant pas à la sphère rituelle, peuvent être impliqués dans ces mises à mort destinées à la production de l’offrande, il est permis de se demander si la boucherie destinée à une consommation profane était soumise à la présence de personnel religieux.
III. Acte principal : tailler la part du rite40
26Certaines scènes de boucherie adoptent donc un véritable cérémonial dans les tombes de l’Ancien Empire. Ce cérémonial est caractérisé par une mise en scène récurrente, figurant plusieurs bouchers, parfois agents du culte, ou proches et serviteurs du défunt, affairés autour d’un bovidé à terre, l’abattant, l’écorchant, le découpant ; leurs dialogues et leurs gestes sont inlassablement répétés d’un monument à l’autre, avec de subtiles variations. Cette série d’actes met très souvent l’accent sur un membre bien particulier de l’animal, sa patte antérieure, ou ḫpš (fig. 17). L’insistance des représentations, plaçant ce cuisseau au cœur du processus d’abattage, et son omniprésence dans les offrandes destinées au mort conduisent à s’interroger sur sa signification symbolique ou rituelle.
27Dès le moment de la mise à mort, la patte antérieure du bovidé apparaît comme un élément clé auquel les bouchers portent beaucoup d’attention, au point de soulever la question de la technique d’abattage utilisée41. L’égorgement reste probablement la plus répandue, mais cette patte avant, selon certaines hypothèses42, aurait pu servir de « pompe », actionnée afin d’accélérer la phase de saignement de l’animal ; plus simplement, il apparaît que sectionner les grosses artères irriguant la patte de l’animal, en plus de l’artère carotide, contribue à un saignement plus important de la bête, et donc à une mort plus rapide. Qu’il participe ou non au processus de la mise à mort, le ḫpš est l’un des premiers morceaux de viande découpés dans les scènes de boucherie de l’Ancien Empire et l’un des plus fréquemment offerts. Ce symbole et ce terme désignent, dès cette époque, à la fois la patte antérieure du bovidé43, un bras puissant, vigoureux44, voire la notion de force45. La portée hiéroglyphique et performative de cette image pourrait impliquer, par le principe de métonymie, que l’animal privé de cette patte antérieure, renvoyant directement à sa force, soit privé de sa puissance tout entière et se trouve donc efficacement neutralisé.
28Le ḫpš est aussi un élément clé pour une interprétation rituelle des scènes de boucherie, puisqu’il est amené à jouer un rôle essentiel dans le rituel de l’ouverture de la bouche, dont E. Otto46 a étudié les différentes évolutions. Deux scènes d’abattage d’un bovin et de prélèvement des offrandes carnées constituent des moments clés de cette cérémonie destinée à animer une statue, un sarcophage momiforme, ou à rendre ses facultés au défunt, ainsi qu’elles furent rendues à Osiris. Le ḫpš est le premier morceau découpé, comme en témoignent certaines représentations, telles celles de la tombe de Rêkhmirê au Nouvel Empire (fig. 18) ; elles sont certes postérieures à l’Ancien Empire, mais très complètes, et le rite y est évoqué selon des caractéristiques observées par E. Otto dès l’Ancien Empire. Le ḫpš constitue un support majeur du rite, porté à la bouche du défunt, de la tête du sarcophage ou de la statue47, probablement, d’après A.H. Gordon et C.W. Schwabe48, parce que les tressautements nerveux de la patte de l’animal peuvent perdurer un certain temps après son retrait, ce qui aurait été observé par les anciens Égyptiens. Le ḫpš, encore chargé d’énergie, devait ainsi ranimer la momie. En explorant plus avant les éléments caractéristiques de ce rituel, dont l’existence semble attestée dès les Textes des Pyramides, il apparaît que le ḫpš n’est pas le seul indice démontrant que certaines scènes de boucherie de l’Ancien Empire font référence à cette cérémonie.
29La mise à mort dans le cadre de ce rituel serait, selon E. Otto49, caractérisée par la présence d’un boucher sectionnant la patte avant d’un bovin mis à terre et entravé, devant un personnage féminin, la ḏr.t ou « milan50 », un dignitaire donnant le signal de l’abattage et un prêtre ẖry-ḥb.t récitant les textes ad hoc. L’auteur identifie ainsi certaines scènes pouvant être attribuées à ce rituel, en particulier dans le temple solaire de Niouserrê51 (fig. 19) ; un boucher y découpe le membre antérieur d’un bovin52, obéissant manifestement aux ordres d’un ỉmy-ỉs, en présence d’un ẖry-ḥb.t. Cependant, une observation attentive des programmes décoratifs développés dans les monuments de l’Ancien Empire livre d’autres évocations particulièrement significatives d’animaux destinés à une mise à mort rituelle. Dans le mastaba de Qar, par exemple (fig. 20), en lien avec plusieurs scènes décrivant le convoi funéraire, deux bovins sont prêts pour la mise à mort. La représentation insiste sur le fait que ces bêtes ont été soigneusement ligotées – le mot qȝs est d’ailleurs précisé. Ce sont manifestement les deux animaux impliqués dans le rituel, les bœufs de la Haute et de la Basse Égypte. À proximité se trouve un prêtre ẖry-ḥb.t en train de réaliser les glorifications (sȝḫ.t), mais aussi une figure féminine, légendée ḏr t53. Il ne s’agit pas d’une scène de mise à mort à proprement parler, mais ces animaux sont clairement destinés à être abattus au cours du rituel de l’ouverture de la bouche d’après les critères définis par E. Otto. Une portée magique imprègne donc la mise à mort de certains animaux dès l’Ancien Empire, et E. Otto en vient même à suggérer54, en étudiant les origines de ce rituel et son évolution, que toutes les scènes de boucherie représentées dans les tombes et les temples érigés à cette époque pourraient faire référence à cette cérémonie. Y. Harpur55 relève de même, fort justement, un lien étroit entre certaines scènes de boucherie et des représentations où la statue du défunt est apportée. Ces deux iconographies sont fréquemment localisées à proximité des accès aux tombeaux, peut-être pour indiquer qu’un animal était sacrifié devant la statue du propriétaire de la tombe avant que celle-ci ne soit placée dans le monument. Cependant, l’auteure n’attribue pas la même signification aux scènes de boucherie situées à proximité de la fausse-porte, plutôt en lien avec le repas d’offrandes56.
30L’implication rituelle des scènes d’abattage d’animaux mises en lien avec des représentations d’animation de la statue ou du défunt apparaît, à la lumière de ces considérations, assez claire, mais il n’est pas pour autant possible de placer toutes les scènes de boucherie sur le même plan. Nous l’avons évoqué, un grand nombre de ces scènes ne mentionne ni les noms ni les titres des bouchers, ne présente pas d’officiants religieux ni d’éléments caractéristiques rappelant le rituel de l’ouverture de la bouche. Ces scènes ont donc surtout pour vocation magique le pourvoi en offrandes du défunt ainsi qu’une évocation de la victoire de la Maât, l’ordre (le boucher) sur l’Isefet, le chaos (sa victime). En cela, ces scènes s’intègrent parfaitement à l’ensemble des thèmes iconographiques développés dans les mastabas de l’Ancien Empire. Leur valeur symbolique est évidente, mais elles n’évoquent probablement pas le rituel de l’ouverture de la bouche de manière systématique.
31Si certaines des représentations d’abattage d’animaux peuvent être identifiées à des mises à mort dans le cadre d’un rituel précis et bien connu, celui de l’ouverture de la bouche, pour les autres, la frontière entre sacré et profane semble plus ténue. Certains points reviennent de manière récurrente, tels que la mise en scène répétitive, le statut et la position des animaux, la présence d’officiants religieux, l’importance du ḫpš : autant d’indices nous laissant soupçonner la portée symbolique, normalisée ou même rituelle de ces actes de boucherie, en particulier dans le cadre de la production de l’offrande. Il faut néanmoins se garder de conclusions trop hâtives, notamment en ce qui concerne la viande destinée à la consommation courante. En effet, il faudrait pour cela concéder une portée descriptive à ces représentations, en considérant qu’elles ne relèvent pas uniquement de la métaphore visuelle, mais évoqueraient bien une certaine réalité des pratiques. La valeur performative et l’efficience magique des scènes des monuments de l’Ancien Empire compliquent considérablement leur lecture, qui s’apparente à un véritable décodage. Si l’on veut bien leur accorder une part descriptive, reste à savoir si le processus de la boucherie en tant que tel, que son produit soit ou non destiné à une consommation courante, impliquait l’existence d’un cérémonial ritualisé, ou si le rite s’est, au contraire, saisi d’un ensemble de coutumes, de pratiques, d’un cadre cérémoniel profane qu’il se serait appliqué à transposer dans l’univers religieux.
Abréviations
32AnLex I = D. Meeks, Année lexicographique, vol. I, Paris, 1977, 1980 (2e éd.).
33ÄWI = R. Hannig, Ägyptisches Wörterbuch, vol. I : Altes Reich und Erste Zwischenzeit, KAW 98, Mayence, 2003.
34ÄW II = R. Hannig, Ägyptisches Wörterbuch, vol. II : Mittleres Reich und Zweite Zwischenzeit, KAW 112, Mayence, 2006.
Bibliographie
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Annexe
Notes de bas de page
1 On consultera à ce sujet et avec profit un catalogue de restes de morceaux de viande découverts en contexte funéraire dressé par S. Ikram (1995, p. 237-296) ; voir aussi Ikram, dans ce volume. On s’intéressera particulièrement à la découverte d’ossements porcins dans des tombes peu aisées de l’Ancien Empire, à Minshat Abou Omar (Moreno García 1999 ; Volokhine 2014, p. 91).
2 Posener-Kriéger 1976, p. 257-272. On pourra par exemple se référer aux tableaux de comptabilité mensuelle livrés par ces documents, en particulier le tableau 33-35 A.
3 Le statut de l’animal tend en effet à évoluer au cours de la séquence des scènes liées à la boucherie. La bête paisible menée en offrande devient dangereuse au moment de sa mise à terre, décrite dans les nombreuses scènes de maîtrise des bovins des mastabas de l’Ancien Empire. L’animal n’est plus désormais qu’un ḫryt, un « animal de boucherie » (ÄWI, p. 967 {24017}), voire, aux époques plus tardives, un ḫfty, un « ennemi ». Y. Koenig (1994, p. 28) a ainsi relevé la représentation de bêtes destinées à la boucherie dont la croupe est marquée ḫfty, et estime que dans ces scènes, « le taureau est assimilé à l’ennemi mythique ».
4 Montet 1925, p. 177-178.
5 Montet 1910 ; Montet 1925, p. 154-179.
6 Eggebrecht 1973.
7 Chassinat 1905 ; Montet 1910, p. 49-50 ; Fischer 1960 ; Koenig 1994, p. 28-29 ; Ikram 1995, p. 110-111.
8 Au sujet de ces conventions, on pourra consulter Brunner-Traut 1973.
9 Posener-Kriéger 1976, p. 507-508.
10 Ikram 1995, p. 91.
11 Posener-Kriéger, Verner, Vymazalová 2006, p. 348.
12 Verner 1986.
13 Posener-Kriéger, Verner, Vymazalová 2006, p. 346-349.
14 Verner 1986, p. 185.
15 Posener-Kriéger 1976, p. 523.
16 Posener-Kriéger 1976, p. 519.
17 Des pierres à longe ont aussi été découvertes dans les tombes de Séchemnéfer IV à Giza (Junker 1953, p. 108) et de Pépiânkh à Meir (Blackman 1924, p. 27, pl. I, pl. XXV, 1).
18 La tombe est un espace dont il faut préserver la pureté, comme en témoignent les avertissements lancés à l’encontre des visiteurs, découverts dans certains mastabas de l’Ancien Empire (Gee 1998, p. 33-39).
19 Harpur 1987, p. 57.
20 Farout 2013.
21 AERAAR 2011.
22 Hérodote, Histoires II, 38, p. 92.
23 Plutarque, De Iside et Osiride, 363B, 31, p. 204.
24 À ce sujet, on consultera avec profit Bouanich 2005.
25 Montet 1925, p. 128 ; ÄW I, p. 686-687 {1771}, {1772}, {1773}.
26 Roquet 1998.
27 AnLex I, 77.2382.
28 Moreno García 1999, p. 251 ; Volokhine 2014, p. 91.
29 Ikram 1995, p. 23.
30 Ikram 2001, p. 130.
31 Vernus, Yoyotte 2005, p. 150.
32 Montet 1925, p. 154.
33 Allam 1985.
34 Cour C, mur ouest : Simpson 1976, fig. 25.
35 Montet 1910, p. 50.
36 Koenig 1994, p. 28-29.
37 Lecture d’après D. Farout, communication personnelle : sfṯw/sfty/sftyw, plur. sfty.w = “boucher” ; ce titre doit être lu sfṯ (y), et non pas sšm ni sšmty (ÄW I, p. 1238-1239 {30639}, p. 1239 {30640} ; Ward 1982, 1286, 1459a ; Fischer 1985, 1286, p. 80, 1459a, p. 86 ; ÄW II, p. 2191 {27684}, p. 2357 {30640}).
38 Junker 1938, p. 178.
39 Simpson 1980, p. 30, fig. 41.
40 Nous tenons à remercier C. Bouanich pour ses conseils et son importante contribution à cette partie de notre développement. Pour plus de détails concernant ce sujet, on consultera avec profit Bouanich 2008.
41 H. Junker (1938, p. 229-231) discutait ainsi de la possibilité selon laquelle la patte antérieure ait pu être découpée directement sur l’animal vivant.
42 Ikram 1995, p. 46.
43 ÄW I, p. 940 {23396}.
44 ÄW I, p. 943 {23304}.
45 ÄW I, p. 943 {23314}.
46 Otto 1950 ; Otto 1960.
47 Goyon 2000, p. 103. Les objets utilisés par la suite au cours du rituel ne seraient en fait que des substituts de certaines parties de l’animal, ayant été auparavant prélevées et utilisées au cours de la cérémonie (en particulier le cuisseau et le cœur).
48 Gordon, Schwabe 1998.
49 Otto 1950, p. 166.
50 Cette ḏr.t est une déesse associée au milan ou figurée sous cette forme, tout comme Isis peut adopter l’aspect de cet oiseau pour veiller les défunts (Vernus, Yoyotte 2005, p. 396-397). Bien que ses origines soient obscures, elle apparaît dès l’Ancien Empire (dans le mastaba de Qar, par exemple). À partir du Moyen Empire, les pleureuses du mort sont aussi désignées sous ce terme.
51 Bissing 1928, p. 3, pl. 23, nos 372-373.
52 L’animal en question est qualifié de šsr, ce qui, d’après E. Otto (1950, p. 172), est aussi un élément observé de manière récurrente dans les textes et les représentations liés au rituel de l’ouverture de la bouche.
53 On notera aussi la présence à ses côtés d’un embaumeur (wt) tenant une canne. Nous l’avons évoqué, selon E. Otto, en dehors du ẖry-ḥb.t et de la ḏr.t, on observe fréquemment la présence d’un dignitaire, tenant un sceptre ou faisant un geste de la main pour signifier le début de la mise à mort. C’est peut-être le rôle qui est ici dévolu à l’embaumeur.
54 Otto 1950, p. 164, n. 1.
55 Harpur 1987, p. 57.
56 Voir supra.
Auteur
Conservateur du patrimoine, musée d’Archéologie nationale (Saint-Germain-en-Laye)
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