Chapitre 2. Démarche méthodologique : construire les savoirs avec les acteurs et les actrices
p. 37-48
Texte intégral
1La recherche, de type compréhensive, a été conduite en Suisse latine (Suisse romande et Tessin) et en Suisse alémanique, en suivant une démarche qualitative en deux étapes. La première a mis l’accent sur l’éducation sexuelle informelle, respectivement l’éducation sexuelle au sein de la famille concernant les parents et les enfants. Au total, vingt-huit entretiens individuels ont été réalisés selon une grille d’entretien semi-directif1 avec quatorze mères et treize pères, ayant chacun·e au moins un enfant âgé de 13 à 16 ans. Des discussions avec septante jeunes de cette tranche d’âge ont également été menées dans quatorze focus groups non mixtes composés de trois à six participant·es. La seconde étape s’est centrée sur six groupes d’acteurs et actrices intervenant en milieu scolaire dans le domaine de l’éducation sexuelle ; vingt-quatre entretiens semi-directifs ont été réalisés, avec quatre personnes issues de chacun des groupes ci-après :
Personnel enseignant du secondaire I : des enseignant·es en charge de l’éducation sexuelle ; selon les plans d’étude, il peut s’agir de maîtres ou maîtresses de classe en Suisse alémanique ou d’enseignant·es de biologie en Suisse latine.
Spécialistes en santé sexuelle dans un service d’éducation sexuelle étatique ou mandaté par l’Etat pour les cours d’éducation sexuelle à l’école : ces spécialistes bénéficient d’un titre Santé sexuelle Suisse ou d’une équivalence, signifiant qu’ils et elles ont une formation spécialisée en santé sexuelle de type CAS/DAS et une expérience en éducation sexuelle.
Spécialistes en santé sexuelle dans un centre de conseil en santé sexuelle et planning familial, qui propose des prestations pour les écoles : ces spécialistes bénéficient d’un titre Santé sexuelle Suisse ou d’un équivalent, signifiant qu’ils et elles ont une formation spécialisée en santé sexuelle de type CAS/DAS et une expérience en conseil en santé sexuelle. Ces spécialistes peuvent aussi avoir une expérience en éducation sexuelle, mais ce n’est pas une condition requise pour figurer dans cette catégorie.
Infirmières et infirmiers scolaires (Suisse romande) et intervenant·es en travail social scolaire (Suisse alémanique) : cette catégorie regroupe à la fois le personnel médical scolaire en Suisse romande pouvant être appelé à contribuer à l'éducation sexuelle et les intervenant : cette catégorie regroupe à la fois le personnel médical scolaire en Suisse romande pouvant être appelé à contribuer à l’éducation sexuelle et les intervenant·es en travail social scolaire en Suisse alémanique, qui jouent également un rôle dans l’éducation sexuelle des élèves dans leur mandat en travail social. Nous avons cherché, dans cette catégorie, à inclure du personnel scolaire de santé ou du social afin de comprendre comment il intégrait l’éducation sexuelle dans un mandat plus large.
Intervenant·es pairs dans un projet d’éducation par les pairs : cette catégorie comprend des jeunes qui interviennent à l’école pour donner des animations en éducation sexuelle selon une approche par les pairs2.
Intervenant·es dans un projet en milieu scolaire : ces professionnel·les interviennent à l’école de façon externe dans le cadre d’un projet
en lien avec la santé sexuelle. Différents projets existent en Suisse, par exemple, « Sortir ensemble et se respecter », « Mon corps est à moi », etc.
2Les entretiens sont centrés sur la perception du vécu de l’éducation sexuelle à la maison et à l’école, des normes sous-jacentes et de l’intégration des droits sexuels dans celles-ci, ainsi que sur le sens qui est donné à ces droits. Comment les droits sexuels sont-ils perçus et compris par les jeunes, les parents et les professionnel·les de l’école ? Sont-ils connus et, si oui, de quel type d’appréciation font-ils l’objet ? Si certains droits sont garantis explicitement par le cadre légal suisse (par exemple, droit à l’intégrité corporelle), d’autres sont moins définis et sujets à interprétation (par exemple, le droit à l’information et à l’éducation, le droit à la participation, etc.). Ces droits-là nous intéressent alors particulièrement. Les entretiens sont construits autour des questions suivantes :
A quoi ressemble la pratique de l’éducation sexuelle et quelles valeurs la guident ?
Quelles sont les attentes des jeunes à propos de cette éducation ?
Quelle est la pertinence des droits sexuels dans cette éducation ?
Comment sont-ils compris et apportés concrètement dans la pratique ?
Quels sont les leviers et les freins à l’intégration des droits sexuels dans l’éducation sexuelle faite à l’école ?
Du point de vue des jeunes, des parents et des professionnel·les, à quoi ressemblerait une éducation sexuelle idéale ?
Construction des grilles d’entretien sur les droits sexuels
3La Déclaration des droits sexuels de l’IPPF (2008) a servi de base de référence formelle pour la définition des contenus des entretiens auprès des jeunes, des parents et des professionnel·les. Cette déclaration comprend un préambule, des principes généraux dont le principe de non-discrimination3, et, dérivé de ceux-ci, un catalogue de dix droits sexuels. Les articles 1 et 2 énoncent la valeur universelle des droits humains ainsi que le droit universel à la participation, indépendamment du sexe, de la sexualité et du genre. Les articles 3 et 5 concernent la protection de l’intégrité physique, psychique et sexuelle, le droit à la sphère privée, en particulier à une sexualité librement choisie, ainsi que le droit de toute personne à être reconnue devant la loi, indépendamment du sexe, de la sexualité et du genre. L’article 6 énonce le droit à la liberté d’expression et d’association sur les questions de sexualité et de genre. Les articles 7 et 8 énoncent les droits économiques, sociaux et culturels, liés en particulier à la santé sexuelle et reproductive et à l’information correspondante. L’article 9 énonce le droit au libre choix concernant le mariage et les droits reproductifs. L’article 10 formule les droits à la responsabilité, au recours et à la réparation pour les victimes de violations des droits humains liées à la sexualité et au genre. Le tableau ci-après donne un aperçu de ces droits.
Tableau 1 : La Déclaration des droits sexuels (IPPF, 2008)
1. Le droit à l’égalité, à l’égale protection devant la loi et à n’être soumis à aucune discrimination sur la base de son sexe, sa sexualité ou son genre |
2. Le droit à la participation pour tous, sans distinction de sexe, de sexualité ou de genre |
3. Le droit à la vie, la liberté, la sécurité de la personne et à l’intégrité corporelle |
4. Le droit au respect de la vie privée |
5. Le droit à l’autonomie et à la reconnaissance devant la loi |
6. Le droit à la liberté de penser, d’opinion et d’expression ; et le droit à la liberté d’association |
7. Le droit à la santé et de bénéficier des progrès de la science |
8. Le droit à l’éducation et à l’information |
9. Le droit de choisir de se marier ou non et de fonder et planifier une famille et de décider d’avoir ou non des enfants, quand et comment |
10. Responsabilité et réparation |
4Les droits, tels que rédigés dans la déclaration, ne s’adressent pas directement à la population générale, ni aux jeunes. Par ailleurs, ils ne s’appliquent pas uniquement au domaine de l’éducation, mais s’étendent également à ceux de la santé, de la politique et du droit. Il s’est donc avéré nécessaire de circonscrire le champ d’application tout en gardant en point de mire la vision d’une éducation sexuelle holistique, basée sur les droits et la prise en compte des profils des actrices et acteurs sollicités. Nous avons ainsi cherché à simplifier les messages-clés des différents droits pour les rendre plus explicites, en nous appuyant sur diverses publications : 1) Les brochures de Santé sexuelle Suisse : Hoppel Poppel (2010) en allemand et Crac-crac boum-boum (2013) en français, qui s’adressent spécifiquement aux jeunes ? ; 2) ?La brochure ; 2) La brochure Exclaim (2011) de l’IPPF en langue française ? ; 3) ?Le fascicule ; 3) Le fascicule Jetzt erst Recht, éducation sexuelle des jeunes fondée sur les droits humains, édité par pro familia (2012a) à l’intention des pédagogues. Notre volonté était de formuler les droits sexuels en langage clair, de les rendre plus explicites et compréhensibles, tout en permettant d’identifier les articles de la Déclaration de l’IPPF. A titre d’illustration, l’article 2 de la Déclaration de l’IPPF (Le droit à la participation pour tous, sans distinction de sexe, de sexualité ou de genre) a été précisé dans un contexte d’éducation et reformulé de la manière suivante : le droit de participer à des programmes de santé sexuelle [à l’école].
5Ce travail d’explicitation qui s’avérait nécessaire pour élaborer un outil méthodologique a donné lieu à la formulation de treize énoncés sur la base desquels nous avons développé deux produits pour l’enquête, un jeu de cartes et des vignettes, déployés dans trois langues (allemand, français et italien).
Tableau 2 : Transcription des droits sexuels pour la production des données
Déclaration de l’IPPF (2008) | Enoncés équivalents des droits sexuels de la Déclaration de l’IPPF pour l’élaboration formelle du contenu des outils d’enquête destinés aux interviews individuelles des parents et aux focus groups avec les jeunes |
Articles 1 et 6 de l’IPPF | 1. Le droit à l’égalité entre femmes et hommes (avec ou sans handicap) |
Articles 2 et 8 de l’IPPF | 4. Le droit de participer à des programmes de santé sexuelle |
Articles 3 et 7 de l’IPPF | 6. Le droit de décider librement si, quand, comment et combien d’enfants sont désirés |
Articles 3, 4 et 10 de l’IPPF | 8. Le droit à la protection contre la violence sexuelle et les abus sexuels |
Article 5 de l’IPPF | 11. Le droit à l’autodétermination sur son propre corps |
Article 9 de l’IPPF | 13. Le droit de décider librement de se marier ou pas |
Cartes sur les droits pour les parents et professionnel·les de l’école
6Pour les parents et les professionnel·les, un jeu de treize cartes sur les droits a été conçu pour présenter les droits dans le cadre des interviews individuelles. Le jeu est accompagné d’un texte bref qui explicite la démarche de l’éducation sexuelle à partir des droits sexuels compris comme droits humains (voir Annexes 1 et 2).
7Lors de la présentation des diverses cartes sur les droits aux parents et aux professionnel·les, il leur a été demandé ce que leur suggérait chacun de ces droits. Ensuite, deux questions plus approfondies ont été posées aux parents, portant plus précisément sur les échanges avec leurs enfants dans le cadre de l’éducation sexuelle familiale :
Est-ce que vous pensez que vos enfants sont au courant de ces droits ? Comment ? Est-ce qu’ils les appliquent, est-ce qu’ils en parlent entre eux ? Quels sont les indices, les éléments, qui vous permettent de vous dire que votre/vos enfant/s est/sont au courant de ce droit (connaissent ce droit) et le comprend/comprennent ?
Je vous ai présenté divers droits. Est-ce qu’il y a d’autres droits et responsabilités que vous abordez dans votre éducation sexuelle ? Si oui, lesquels ? » (voir Annexe 1).
Vignettes pour les entretiens collectifs (focus groups) avec les jeunes
8Les jeunes n’ont pas été interviewés individuellement, mais en groupes séparés, garçons et filles. Cette façon de faire leur est en général familière, de par les cours d’éducation sexuelle à l’école et les activités de jeunesse. Elle permet particulièrement bien de faire émerger plusieurs points de vue, lors des discussions, tout en laissant la possibilité aux jeunes de décider ce qu’ils ou elles veulent dire ou pas. Dans le travail avec les jeunes, il convient en effet de veiller encore plus spécialement à la protection de la personnalité. C’est aussi la raison pour laquelle six vignettes ont été élaborées, pour éviter aux jeunes à devoir parler de soi ou d’expériences personnelles et réfléchir à partir d’« histoires » illustrant des situations fictives. Cette démarche permet de respecter la sphère privée et intime des jeunes, puisqu’on ne les interroge pas sur leur propre expérience sexuelle (pro familia, 2012b).
9Pour introduire la discussion dans les groupes, un texte rédigé par l’équipe de recherche sur les droits sexuels a été remis aux jeunes :
Notre coexistence est régulée par des droits. Ces droits nous disent ce qui est admis dans une société et ce qui est interdit. Nous retrouvons des droits par exemple dans des lois. Dans la circulation routière, nous dépendons du fait que chaque participant·e de la circulation connaît les règles de conduite afin de circuler en sécurité et afin de se protéger soi-même, ainsi que les autres, des accidents. Ainsi, les droits formulent pour chacun·e de nous le cadre d’une bonne vie. Ces droits existent pour chaque domaine de notre coexistence – aussi pour le domaine des relations et de la sexualité.
Les droits sexuels sont des droits humains qui se réfèrent aux relations et à la sexualité. Nous parlons des droits humains, car chaque être humain dispose de ces droits, indépendamment de son âge, de son sexe ou encore de son origine – sur la base de son appartenance à l’humanité.
Les droits humains concernent ainsi tout individu. Ces droits régulent d’un côté la liberté personnelle entre adultes, mais aussi entre jeunes, afin que chacun·e puisse vivre et aimer comme il/elle le souhaite, tant que cela ne nuit pas à autrui.
Pour ne pas nuire à autrui, chacun·e a aussi une responsabilité sociale, qui est de respecter les besoins et les conceptions des autres individus concernant les relations et la sexualité – tant que ces besoins et ces conceptions ne sont – encore une fois – pas nuisibles à autrui.
Afin que chaque être humain puisse vivre une bonne vie relationnelle et sexuelle, nous sommes donc obligés de respecter les droits des autres. Ce que cela signifie concrètement, j’aimerais vous le présenter à travers nos histoires (voir Annexe 3).
10Quatre des six vignettes ont été rédigées en fonction des spécificités de genre, les personnages principaux devant être des filles ou des garçons, selon les focus groups. Le contenu des histoires, cependant, était similaire. Deux vignettes portaient sur le thème de la santé publique et de l’éducation sexuelle et ont ainsi pu être présentées à tous les focus groups, indépendamment du sexe des participant·es. Ci-dessous, pour exemple, une vignette pour filles et garçons. Toutes les autres se trouvent en annexe (Annexes 4 et 5)4.
Vignette en lien avec les articles 2 et 8 de l’IPPF
L’instituteur Bodemann distribue un dépliant sur le VIH et demande à ses élèves de le lire tranquillement à la maison. Il ajoute qu’il y aurait bien sûr encore l’une ou l’autre chose à dire sur le thème de la sexualité, mais qu’il ne resterait alors plus suffisamment de temps pour discuter de l’organisation de la course d’école, comme c’était prévu. Bien que certains, dans la classe, se soient exprimés pour l’éducation sexuelle, le maître considère que le sujet est clos et poursuit sur l’organisation de la course d’école. Ceux, parmi les élèves, qui auraient souhaité en savoir plus sur les relations et la sexualité sont particulièrement déçus de cette façon de faire. Ils se demandent pourquoi leur voix n’est pas entendue.
11En Suisse romande, pour des raisons structurelles, la vignette a dû être adaptée pour être intégrée au cours d’éducation sexuelle :
Un cours d’éducation sexuelle est organisé dans une classe. A l’arrivée de l’intervenant externe, l’enseignant prend conscience qu’un élève est habituellement dispensé de ces cours sur demande des parents. Comme il n’a reçu aucune information récente des parents, il leur téléphone pour avoir leur avis. Les parents décident de retirer leur enfant de ce cours. Le jeune concerné est déjà en classe et a participé activement au début du cours, il se dit intéressé par le sujet. Malgré tout, il devra sortir de la classe, à la demande de l’enseignant, et ne pourra pas bénéficier du cours d’éducation sexuelle.
Analyse des données
12Trois approches méthodologiques ont guidé le travail d’analyse qualitative de contenu. La première est l’analyse de contenu selon Mayring (2010), qui accorde une attention particulière au contexte discursif. Dans nos analyses, ce dernier a notamment été décrit dans des fiches de synthèse des conditions de production des entretiens. Cette perspective nous a amené·es à retenir certains extraits d’entretien mettant en évidence l’interaction entre les chercheur∙es et les personnes interviewées ou, dans le cas des focus groups, entre les jeunes en présence. La deuxième approche est le langage de clarification des contrastes proposé par Taylor (1999), dont la finalité consiste à éviter autant les dérives ethnocentristes que les dérives inverses, à savoir se fondre dans le point de vue des acteurs et actrices qu’on cherche à comprendre (« virer indigène », selon l’expression de Gold [2003, p. 344]). Cette approche nous a permis de porter une attention particulière à nos propres représentations de l’éducation sexuelle et à l’idéal visé dans les pratiques, de manière à ne pas privilégier les points de vue des personnes interviewées proches de cet idéal au détriment d’autres points de vue. Elle a permis de mettre à distance la pente normative inhérente à notre double casquette, celle de chercheur-chercheuse et celle de professionnel·le engagé·e dans la pratique. La troisième est la posture analytique définie par Demazière et Dubar (1997) dans leur ouvrage consacré à l’analyse des entretiens biographiques. Cette démarche cherche à construire la réalité observée à partir des mots utilisés par les personnes interviewées en situation d’entretien en les organisant en schèmes interprétatifs successifs. Dans nos analyses, elle nous a amené·es à donner une place importante, à travers la citation d’extraits des entretiens, aux récits des parents, des jeunes et des professionnel·les. Ces extraits apparaissent en italique avec une précision sur le sexe et la région linguistique5. Pour certaines citations, nous avons renoncé à mentionner les détails (région, sexe) car ces citations sont énoncées pour illustrer un propos général.
13Notre démarche d’analyse est structurée par deux axes. Le premier identifie les cadres de référence soutenant les conceptions de l’éducation sexuelle exposées dans les discours des personnes interviewées. Cet axe s’applique aux entretiens réalisés avec les parents et avec les professionnel·les. Le second axe concerne l’analyse des droits sexuels. Il est appliqué à tous les entretiens (jeunes, parents, professionnel·les). Voici, en préambule, l’explicitation des deux axes.
1. Cadres théoriques soutenant l’éducation sexuelle
14Cet axe identifie l’orientation des conceptions développées par les parents et les professionnel·les. Leurs discours sont-ils orientés vers la psychologie sexuelle (promotion de la sexualité – plaisir au sein du couple et du mariage), vers la santé publique (prévention des risques) ou vers l’éducation sexuelle holistique (prise en compte des droits humains et des droits sexuels) ? Le repérage des cadres se fait à l’aide d’un champ lexical de base décrit dans le tableau 3 ci-dessous.
Tableau 3 : Champ lexical correspondant aux cadres théoriques
Champ lexical | |
Psychologie sexuelle | Plaisir, acte sexuel, masturbation |
Santé publique | Prévention, protection, transmission d’informations, risques, VIH, contraception, IG, maladies, grossesse |
Education sexuelle holistique | Plaisir, respect des différences, droits, apprendre à s’affirmer, apprendre à être critique, respect, consentement, genre, orientation affective et sexuelle, stéréotypes sociaux |
2. Analyse des droits
15Le second axe concerne l’analyse des droits sexuels. Cinq catégories de perception des droits sexuels ont été définies (tableau 4). Ces catégories font référence à l’indivisibilité et l’interdépendance des droits humains et permettent de montrer, en fonction des publics interviewés (jeunes, parents et professionnel·les), quels droits sont pris en considération, observés et mis en œuvre par les parents et les spécialistes de l’éducation.
Tableau 4 : Signification des catégories de perception des droits sexuels
Catégories | Signification |
Droit considéré comme pertinent / pas encore pertinent | Les personnes interviewées estiment pertinent de traiter un droit en éducation sexuelle lorsqu’il répond aux besoins des jeunes et est adapté à leur situation. Par exemple, le droit à l’éducation sexuelle peut être considéré comme pertinent à l’adolescence car les jeunes ont besoin d’informations avant de débuter une sexualité active. |
Droit considéré de manière ambivalente | Les personnes interviewées expriment deux avis contradictoires sur la pertinence du droit. Elles ont donc une position ambivalente par rapport au droit. |
Droit qui va de soi | Les personnes interviewées estiment un droit comme allant de soi dans notre société. Il est si évident qu’il n’est donc pas nécessaire de l’intégrer à l’éducation sexuelle. Par exemple, le droit de choisir avec qui on peut se marier peut être considéré dans notre société par certaines personnes comme un droit allant de soi dont il n’est pas nécessaire de parler. |
Droit méconnu | Les personnes interviewées ne connaissent pas ce droit. |
Droit jugé controversé | Lorsqu’un droit est perçu de manière différente par la majorité des personnes interviewées, il a été évalué comme étant controversé. |
Notes de bas de page
1 Pour les détails méthodologiques, se référer aux Annexes 1 à 5.
2 Pour une définition complète, se référer à Santé sexuelle Suisse, 2017 : Cadre de référence. L’éducation par les pairs auprès des jeunes dans le domaine de la santé sexuelle et des droits. Recommandations et pratiques en Suisse.
3 Principe 3 : La non-discrimination sous-tend la protection et la promotion de tous les droits humains (IPPF, 2008).
4 Le langage épicène n’a pas été employé au moment de la rédaction des vignettes, en raison du va-et-vient entre les trois langues.
5 Ces informations apparaissent quand il a été possible de les identifier, ce qui n’est pas toujours le cas pour les focus groups.
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