II. La décision de partir et le début du parcours du combattant
p. 83-98
Texte intégral
1Comme il en est ressorti de nos entretiens, la décision de partir à l’étranger poursuivre des études reste principalement une initiative personnelle ; ce sont en fait les modalités pratiques du voyage qui impliquent une présence fortement différenciée de la famille dans le projet migratoire. C’est parce que ce voyage comporte des coûts, mais également des risques, qu’il fait ainsi l’objet de mobilisation collective. Cette mobilisation reste aussi liée à la biographie de ces personnes, qui entreprennent l’« aventure migratoire » relativement jeunes et dont la très grande majorité est constituée de primo-migrants, qui par ailleurs ont rarement connu d’expériences professionnelles dans leur pays d’origine. Pour toutes ces raisons, le projet individuel de départ se confond de plus en plus avec le projet familial, où le réseau de parenté de l’étudiant intervient en particulier sur des questions matérielles cruciales liées au frais du voyage ; il intervient aussi pour fournir la garantie financière prouvant que l’étudiant est à même d’être autonome financièrement dans le pays de destination et permettant l’obtention du visa d’entrée. Si cette partie pratique du voyage est menée conjointement par l’étudiant au départ et sa famille, le premier volet du parcours constitué par la demande d’admission à l’Université ou dans une HES est davantage du ressort de l’étudiant. En fait, c’est un véritable parcours du combattant que doivent livrer ces étudiants, pour prouver qu’ils sont aptes à la fois du point de vue académique et du point de vue financier à faire un séjour d’études en Suisse. Toutefois, nous verrons qu’il ne s’agit pas de satisfaire ces deux critères pour être admis en Suisse. En effet, s’il est vrai que la Suisse n’est pas le seul pays d’Europe où existent de véritables politiques de contrôle du mouvement des personnes en provenance des pays du tiers-monde, il existe des conditions particulières qui s’appliquent aux étudiants du Sud et qui hypothèquent leurs possibilités de faire valoir leurs compétences. Ces conditions font partie de l’arsenal juridique qui organise l’entrée et le séjour des étudiants africains et latino-américains. On notera par ailleurs que ces étudiants ne sont pas soumis aux mêmes bases légales de séjour que leurs collègues étudiants de l’Union européenne ; en conséquence, ils connaissent un risque plus important de précarisation, notamment en ce qui concerne l’accès à l’emploi et à des bourses.
1. Conditions d’admission des étudiants étrangers en Suisse
2Les conditions d’admission des étudiants ressortissants des pays du Sud sont à mettre en rapport de façon générale avec la politique d’immigration suisse, organisée tout d’abord par une loi-cadre dite Loi sur l’établissement et le séjour des étrangers (LSEE) de 1931, puis par la Loi sur les étrangers (LEtr) entrée en vigueur en 2008. À l’époque de la LSEE, toute la politique d’admission des étrangers restait donc régie par cette loi, qui laissait aux autorités l’appréciation du nombre d’autorisations de séjour à accorder, « en tenant compte des intérêts moraux et économiques du pays ainsi que du degré de la surpopulation étrangère » (art. 16). Cette politique visait, selon l’Ordonnance limitant le nombre des étrangers (OLE), « à assurer un rapport équilibré entre l’effectif de la population et celui de la population étrangère résidente ».
3La LEtr poursuit une politique de recrutement de main-d’œuvre non européenne par quotas, en tenant compte principalement des critères économiques (besoins en main-d’œuvre des entreprises) et du niveau de formation des migrants, qui doivent être « hautement qualifiés ». Toutefois, l’admission des étudiants sur le territoire ne semble pas souffrir d’une politique des quotas, selon un responsable de l’office cantonal de la population interrogé : Il n’y a pas de quotas. Il y a des quotas pour le travail mais pas pour les étudiants. Ni un critère de refus ni rien. Il y a une statistique et c’est tout. C’est les écoles qui gèrent, les universités admettent, etc. et après c’est nous qui acceptons ou refusons.
4En effet, s’il n’existe pas de quotas d’étudiants à admettre, c’est en partie liée, nous semble-t-il, au fait que ces derniers sont a priori exclus du marché du travail, mais aussi parce que leur « sortie de Suisse à la fin d’études » constituait un des critères de leur admission en Suisse jusqu’en 2011 ; à tout le moins, cela était un engagement formel qu’ils auraient signé durant la démarche administrative qui présidait l’obtention du visa d’entrée. Parmi ces critères d’admission, l’étudiant doit établir un programme d’études clairement fixé. Cette disposition le privera ou limitera, comme nous l’avons indiqué ci-dessus, toute velléité de changement d’orientation de carrière ou de filière d’études. L’étudiant reste donc lié au plan d’études qu’il a émargé dans un formulaire ad hoc du consulat de Suisse, qui constitue à cet effet le détachement avancé de l’architecture administrative du pays de destination, et donc le premier palier à franchir. Le consulat de Suisse constitue ainsi la première expérience de l’administration helvétique que l’étudiant doit d’abord affronter, au moyen de papiers qui vont de l’attestation d’admission ou d’inscription à l’Université ou dans une HES à la production de preuves financières sur sa capacité à poursuivre des études en Suisse.
5Par ailleurs, le changement de la politique migratoire, notamment le remplacement de la LSEE par la LEtr, est venu renforcer les restrictions d’accès et possibilités de formation des étudiants du Sud en Suisse. Cette nouvelle loi qui désormais « règle l’entrée et la sortie de Suisse21 » (art. 1) accentue certaines restrictions en matière notamment de droit de séjour et d’accès à l’emploi, et reste destinée exclusivement aux extra-Européens, donc aux ressortissants des pays du Sud. La tendance est donc au durcissement d’entrée en Suisse pour ces étudiants, comme en atteste la limitation d’un séjour pour étudiant, y compris la formation continue, à huit ans maximum ; ce qui prive les étudiants ambitieux de la possibilité de réaliser une carrière d’études poussée. Comme le souligne avec justesse Le Temps22, à supposer qu’un jeune vienne se former dès le premier cycle, le bachelor, et que ses talents poussent ses professeurs à l’encourager à faire un master puis un doctorat, cette durée est insuffisante.
6La LEtr introduit aussi une gestion différenciée des étudiants étrangers en institutionnalisant en effet la discrimination entre les ressortissants des pays du Sud et ceux de l’Union européenne et de l’Association européenne de libre-échange (AELE), dont le séjour est régi par les accords bilatéraux de libre circulation de personnes (ALCP). Les étudiants originaires de ces derniers pays font partie de notre population contrôle, ils connaissent des conditions d’admission et de séjour plus souples, et ne sont pas soumis au critère de sortie de Suisse.
7Au sujet des critères d’admission de ces étudiants faisant partie de notre population et des possibilités de non-entrée en matière, le responsable de l’office cantonal de la population interviewé précise : C’est très différent. Il y a un seul critère, les moyens financiers. C’est le même que pour les autres étudiants. On ne va pas payer pour un Européen si tout d’un coup il est à l’assistance. C’est un des seuls cas où on peut faire un refus. Pour un Européen, il n’y a pas [de refus]. On leur dit : « Si vous n’avez pas les moyens financiers, vous allez en France, vous pouvez de toute façon. » Je veux dire, s’il est frontalier, il peut le faire.
8Si, pour les étudiants européens23, l’appréciation du critère financier suffit pour justifier un séjour en Suisse, en revanche, pour les étudiants du Sud, les conditions énumérées à l’article 32 de l’Ordonnance sur la limitation des étudiants24 sont non seulement cumulatives, mais le fait de les réunir ne justifie guère une autorisation d’octroi d’entrée en Suisse. Les étudiants africains et latino-américains doivent donc franchir de nombreux obstacles pour pouvoir étudier en Suisse. Le parcours est long et sinueux : ils doivent disposer d’un visa, justifier des moyens financiers de prise en charge et être admis au préalable dans une Université ou une HES.
9L’admission de ces étudiants dans une haute école universitaire suisse semble être relativement plus facile que leur inscription dans une HES. Cette situation reste liée, comme nous l’avons souligné précédemment, d’une part à une ouverture beaucoup plus importante des hautes écoles universitaires, où l’on peut observer une proportion plus grande d’étudiants étrangers25, et d’autre part à des contraintes propres aux procédures d’admission dans les hautes écoles spécialisées. La procédure d’admission des étudiants du Sud dans ces dernières peut prendre ainsi diverses formes.
2. La demande d’admission dans une HES
10De façon générale et conformément aux dispositions qui régissent l’entrée en Suisse de ces étudiants, la procédure d’admission ou d’inscription dans une HES se fait dans le pays d’origine du requérant. Plus des deux tiers des étudiants enquêtés ont donc fait la demande d’admission dans leur pays d’origine. La plupart de ces étudiants sont, comme nous l’avons écrit plus haut, des primo-migrants. Leur admission dans un institut ou une université fait partie des étapes les plus laborieuses d’un processus de départ qui constitue un véritable parcours du combattant. Compte tenu de l’incertitude de ce parcours, les étudiants multiplient leurs demandes d’admission et se contentent de la première réponse positive. Le cas de cet interviewé ivoirien illustre cette démarche : Ben, j’avais postulé pour une HES à Sion qui était dans le domaine de la microbiologie et puis à Genève aussi j’ai postulé à l’école d’ingénieurs, et en France aussi, à l’INSA. J’attendais donc ceux qui traiteraient mon dossier en premier, et donc à Sion ils ont traité mon dossier en premier ; par contre, ils m’ont dit que je devais apprendre l’allemand parce qu’en troisième période c’était 25-30 % en allemand, dans la lettre qu’ils m’ont envoyée. Donc j’ai pensé, bon OK. Et puis l’INSA, où je voulais franchement y aller au départ, et ils ne répondaient pas et Genève m’a répondu. (Étudiant africain, 4e année HEIG).
11En général, ces démarches pour l’admission et l’inscription s’avèrent longues et incertaines. Les situations varient souvent en fonction des hautes écoles (santé, ingénierie et université), qui présentent des modalités d’admission différenciées, et relativement plus accessibles en ce qui concerne les deux dernières (HES d’ingénierie et université).
12En marge de la démarche classique qui consiste à postuler dans une HES ou HEU depuis le pays d’origine de l’étudiant, nous avons pu observer quelques situations singulières caractérisées par la transformation d’un séjour touristique en Suisse en un séjour pour études. Toutefois, une telle situation, qui peut exprimer une manière de contourner les difficultés propres à une inscription dans une haute école de santé, requiert d’autres ressources, notamment en capital économique et social, dont ne disposent pas tous les étudiants. En fait, l’origine sociale supérieure de cet étudiant et son expérience migratoire expliquent le chemin de traverse qu’il a emprunté. Il raconte ainsi son périple : En fait au départ, je n’étais pas venu en Suisse pour étudier et puis j’ai bourlingué un peu dans toute l’Europe, je suis allé à Bruxelles et je suis venu là en vacances, en fait, chez des amis à Yverdon, et puis j’avais soit l’école de Chantepierre, soit La Source. Je ne connaissais pas tellement La Source, mais une fois j’ai vu dans un journal que La Source est en plein centre-ville, donc je me suis dit « intéressant ! ». J’ai été voir, j’ai participé à une journée portes ouvertes, j’ai visité l’école et tout et puis j’ai pris des formulaires et tout mais je ne les ai pas remplis tout de suite, je les ai rangés quelque part, mais par contre pour Chantepierre j’ai commencé à remplir mais j’ai pas été déposer non plus, j’ai mis de côté et voilà, entre-temps il fallait aussi trouver un emploi et aussi par rapport aux papiers administratifs, c’est encore une mer à boire et tout de suite, il s’est posé un problèmes de papiers pour rester ici, alors j’ai démarché auprès d’un cabinet d’avocat à Genève, c’est ce cabinet qui s’est occupé de ma situation et puis voilà, ça c’était pour le permis. […]. Pour ce qui est de l’inscription, j’ai rempli le formulaire, je l’ai déposé à la dernière minute, le dernier jour, à la dernière minute, la secrétaire a juste eu le temps de prendre mon dossier et elle a fermé. Voilà, j’étais là : « ouf ! ». Je savais plus ou moins ce que j’avais besoin comme papiers, je les avais réunis et voilà. Quand j’ai déposé mon dossier, trois jours après ils m’ont téléphoné pour venir à l’entretien ; je suis venu, j’ai été auditionné, j’ai dit mes raisons, ma motivation, mon parcours, qui je suis, ce que je compte faire après et puis comment est-ce que je compte financer mes études. (Étudiant africain, 3e année École La Source).
13Pour cet étudiant, le choix d’une école d’infirmiers s’est opéré par élimination. Je suis allé voir la Croix-Rouge, ils offraient une formation d’aide-soignant et ce n’était pas quelque chose qui m’intéressait. Je suis allé parce que je ne connaissais pas, mais je voulais voir un peu comment ça évolue, mieux vaut commencer au plus bas, j’ai même fait des entretiens à la Croix-Rouge, mais non, ce n’était pas mon truc. Alors je me suis dit : « Infirmier c’est bon, c’est le domaine médical, ce n’est pas trop long », voilà. Sinon, j’ai oublié, j’étais aussi à l’école cantonale de labo. J’ai même fait un stage en laboratoire à l’hôpital de Saint-Lou. C’était bien, c’était médical, quoi. Mais je me suis rendu compte que l’aspect humain, il n’y en avait pas beaucoup en tout cas.
14En effet, la part d’étudiants inscrits en filière de santé depuis leur pays d’origine, comparée au nombre total des étudiants enquêtés en formation dans ce domaine, est faible. Nous avons observé en outre, particulièrement dans les écoles de Chantepierre et de La Source, que quatre personnes interrogées sur six ont dû transiter par l’EPFL. Ils ont fait pour la plupart leur première inscription dans une haute école universitaire. Les autres formes d’admission que nous avons notées prennent des voies en faisant un détour par d’autres institutions. Il en est ainsi pour cette étudiante africaine en 2e année à l’École de La Source, qui a abandonné HEC : (J’ai) fait quelques mois, mais j’ai arrêté parce que c’était trop dur, et a effectué le pré-stage pour être admise à La Source. L’admission dans une HES, faut-il le rappeler, était souvent conditionnée à un pré-stage, ce qui constitue une difficulté supplémentaire pour ces étudiants à s’inscrire directement dans ces écoles depuis leur pays d’origine. Toutefois, à la HECV, on semble trouver une stratégie visant à accroître les chances de formation de ces étudiants en supprimant le pré-stage. Patricia Dupuis, responsable des admissions de la HECV, précise : Ça n’existe plus, depuis l’année dernière [...] dans l’idée de rendre l’accès aux études de façon plus universitaire. C’est en même temps un soulagement, notamment pour les Africains, ça leur était difficile en Suisse. En même temps, c’est dommage, car ça leur permettait de connaître un peu mieux le monde professionnel. Pour les Africains, on contournait la loi en leur permettant de faire un stage chez eux et de remplir un rapport… c’était moins handicapant... le problème était qu’ils ne connaissaient toujours pas la réalité des soins ici, mais au moins ils pouvaient venir.
15Il serait intéressant d’examiner si les tendances actuelles d’admission des étudiants du Sud dans les hautes écoles spécialisées vont changer de forme et de volume dans les années à venir, compte tenu des changements observés ici. De façon générale, et selon l’étude de l’OFS (2005), la part des étudiants étrangers dans les hautes écoles spécialisées est nettement plus faible, si l’on prend en compte tous les niveaux d’étude. Toutefois, la part de loin la plus élevée se trouve dans la HES de Suisse occidentale avec 15,6 %. Cette étude de l’Office fédéral de la statistique précise que la prépondérance de la HES-SO est encore plus marquée si l’on sait qu’elle est la haute école préférée des étudiants étrangers scolarisés à l’étranger ; 35,2 % de l’ensemble de ceux-ci sont immatriculés à la HES-SO. En effet, plus de 90 % de nos enquêtés justifient le choix du lieu de leur formation par des raisons linguistiques, mais aussi par le discours attractif véhiculé par les étudiants sur la qualité de la formation reçue.
16En revanche, pour certains de ces étudiants, le début du parcours de formation en Suisse ressemble à un jeu de hasard où l’étudiant, en multipliant les demandes d’admission dans plusieurs pays occidentaux, se contente de la première réponse positive.
3. Quand le hasard détermine le parcours de formation
17Le hasard ne signifie point ici l’absence de stratégie, de calcul ou d’incertitude dans la construction du projet migratoire d’études. L’incertitude se situe plutôt dans le traitement, non seulement académique, mais aussi administratif qui est fait à une candidature en vue d’une formation. Le sort réservé à chaque requête reste incertain, malgré la certitude pour le requérant d’avoir « construit un dossier solide ». C’est ce vécu incertain que nous appelons précarisation administrative26, qui peut amener l’étudiant à soumettre simultanément plusieurs demandes d’admissions dans plusieurs universités ou écoles de pays différents.
18Si, comme nous l’avons écrit précédemment, la présence du réseau justifie souvent un choix raisonné de la plupart des étudiants africains et latino-américains, nos entretiens nous indiquent également que certains étudiants attribuent leurs parcours de formation en Suisse à un produit du hasard. Le cas de cet étudiant camerounais semble correspondre à cette logique : En fait, j’ai fait mes propres recherches sur internet et en fait j’avais choisi trois pays, la Suisse, la Belgique et la France. Les Suisses ont répondu en premier. En fait, ça m’était égal, je n’avais pas de préférences, tu vois. Même si j’avais été accepté à Bagdad… (Étudiant africain 1re année HECV).
19Multiplier les demandes de candidatures dans divers pays constitue une façon d’accroître ses chances d’être accepté dans un pays européen, dont les diplômes, avec les opportunités qu’ils devraient permettre d’ouvrir, exercent une attraction quasi magique sur ces jeunes du Sud. Les politiques d’immigration de plus en plus restrictives en œuvre dans tous les pays d’Europe expliquent aussi cette option de diversification des demandes de formation de ces étudiants. En outre, cette logique de maximisation des possibilités de formation montre également que ces étudiants n’essentialisent pas le pays de destination, mais qu’ils semblent davantage privilégier les offres de formation existantes dans une palette de pays identifiés. Ils adoptent ainsi une démarche utilitaire et pragmatique qui annonce leur inscription dans une dynamique de mobilité, où c’est moins le territoire qui est valorisé que l’espace en construction et ses opportunités.
20Si donc le hasard, bien qu’il comporte des limites, peut intervenir dans le parcours de formation de certains étudiants, en ce sens que le pays de destination ne constitue pas une préférence claire du requérant, le hasard réoriente également le parcours formatif de l’étudiant, notamment dans des cas où des contraintes structurelles viennent empêcher la réalisation du choix initial de carrière. C’est l’exemple de cette étudiante colombienne citée ci-dessous qui a dû renoncer à sa carrière de médecin-dentiste : Je suis arrivée ici, je voulais continuer la médecine dentaire, je me suis présentée et on m’a dit que je ne pouvais pas faire ça parce que j’étais étrangère, je devais être au moins réfugiée politique pendant au moins cinq ans ici et bon…, ils m’ont mis la porte sur le nez. Alors, je me suis dit que c’était bien d’être infirmière, surtout après la situation que j’ai vécue en Colombie pendant le tremblement de terre. Alors, je suis venue à l’école et ils m’ont dit ce que je devais remplir pour entrer à l’école ; alors j’ai fait les examens que m’a demandés l’école, j’ai passé les entretiens et voilà.
21Dans le cas de cette étudiante, par la force des choses, elle est amenée à réorienter son parcours professionnel. Au gré des circonstances, par rapport auxquelles elle n’a aucun pouvoir de négociation, elle se voit mettre la porte sur le nez et finit par opter pour une formation dans laquelle elle espère exorciser un événement malheureux qu’elle a connu dans son pays d’origine. Le choix de carrière peut donc être poursuivi par le migrant, pour autant que le domaine professionnel choisi ne soit pas « la chasse gardée » des nationaux. De ce point de vue, il semble bien établi que la médecine dentaire constitue l’un des secteurs de la santé les mieux protégés en Suisse, où existeraient des pratiques discriminatoires27, notamment à l’endroit des ressortissants des pays du Sud qui connaissent de réelles difficultés pour l’accès ou l’exercice de cette profession. Or, la reconnaissance des qualifications acquises ailleurs et la valorisation des compétences et diplômes étrangers en Suisse, qui peuvent être un atout pour la coopération au développement, s’accommodent mal des processus discriminatoires structurels qui, au mieux maintiennent les victimes dans une situation de précarité, au pire les privent du droit à un choix professionnel et de vie.
22Ces situations font partie de ce que nous avons appelé le parcours du combattant, jalonné d’obstacles, dont les plus cruciaux à surmonter par ces étudiants sont l’obtention du visa d’entrée en Suisse et les preuves financières d’auto-prise en charge.
4. Démarches administratives pour l’obtention du visa
23C’est le volet le plus important et le plus redouté28 des étudiants du Sud qui désirent venir étudier en Suisse. Il constitue donc l’une des étapes les plus pénibles et angoissantes, dans la mesure où l’étudiant est confronté à des exigences qu’il ne peut individuellement satisfaire, notamment en ce qui concerne l’autonomie financière. C’est le moment où l’étudiant doit « réunir tous les papiers », il est également tenu d’authentifier ses diplômes acquis au pays. L’attestation d’acceptation de sa future école de formation et la preuve de moyens financiers nécessaires constituent les deux éléments décisifs du dossier. Le formulaire ad hoc que ces étudiants doivent remplir à l’ambassade de Suisse de leur pays contient d’autres critères plus subjectifs, à l’instar du plan d’études et de la garantie de quitter la Suisse au terme des études.
24Les logiques du fédéralisme helvétique font que les cantons délibèrent aussi sur l’acceptabilité ou non des demandes de visa, même si par ailleurs la part de décision d’entrée en matière la plus importante revient à Berne. Au sujet de la part des cantons sur le refus ou l’accord à donner pour l’obtention du visa, le responsable du service juridique et de la formation à l’Office cantonal de la population de Genève explique : […] Pour vous donner une idée de grandeur, je dirais que de notre part, il y aurait à peu près 10 %. Je parle des HES et des étudiants de l’uni qu’on refuse. Soit les moyens financiers, soit la sortie de Suisse. Parce qu’il y a encore une chose, il faut démontrer la nécessité de faire les études ici. Un exemple, hormis l’IUED29, normalement, ça doit être une suite continue des études. L’IUED, c’est un système particulier parce qu’il faut avoir une expérience professionnelle pour y entrer. C’est un perfectionnement, je dirais plutôt. C’est un peu les critères, je veux dire.
25Si donc les ambassades de Suisse à l’étranger constituent le premier maillon du contrôle généralisé des étudiants candidats à la mobilité pour études, les services cantonaux de la population et l’Office fédéral de la migration constituent les dernières stations de contrôle qui valident ou invalident les demandes de séjour pour études. C’est sans doute ce processus de vérification des critères objectifs et subjectifs de la demande de visa par les autorités compétentes qui peut expliquer les lenteurs variables notées dans les démarches menées par les étudiants enquêtés. Ces lenteurs pénalisent souvent certains étudiants, qui arrivent en Suisse alors que leur formation a débuté, ce qui peut être source de blocages supplémentaires et de changements de filière, comme nous l’avons montré dans ce travail. Il arrive également que, malgré l’admission de l’étudiant dans des conditions requises, des difficultés structurelles du pays de résidence surgissent et l’étudiant se voit ainsi rattrapé et handicapé par son passé. Le prototype de cette situation nous est raconté ici par cet étudiant camerounais : J’ai eu un visa pour rentrer en Suisse pour faire les examens à l’EPFL. Malheureusement, quand je suis arrivé, les dates d’examen étaient passées, car le visa a été donné tard. C’est là où les ennuis ont commencé, jusqu’à aujourd’hui, c’est toujours la merde. Pour l’obtention du visa, ils disent 12 semaines, mais après ça fait 16, 20 et après, ils le donnent quand ils veulent.
26 Permis pour stage ? Ils ne m’ont rien donné. Je ne sais pas s’il y en a d’autres comme moi, mais j’ai fait tout mon parcours sans permis en Suisse. Malgré les démarches, ils ne m’ont jamais accepté. La principale raison était que j’étais déjà venu en Suisse, en 1998, comme requérant d’asile. Quand c’était fini, je suis rentré et j’ai refait une demande pour le visa d’études et ils me l’ont donné. Puis j’arrive ici, déjà tard, pour l’EPFL. Et après, ils ont commencé à tourner, tourner, tourner. Le canton de Vaud avait décidé de me donner le permis de séjour ; après ils ont envoyé le dossier à Berne, comme quoi c’était Berne qui devait décider, et Berne a dit : « Non, s’il a été requérant d’asile, ça veut dire qu’il ne repartira pas chez lui après les cours, donc on ne peut pas lui donner un permis de séjour. »
27 Non, là maintenant, je dois partir automatiquement, comme j’ai fini les examens de fin d’année en juillet. Je dois partir fin juillet. J’ai fait quatre ans. Là, ils ne m’ont même pas laissé le temps de faire mon travail de diplôme ici. Parce que je dois quitter le territoire suisse. Comme je dois le rendre en septembre, je suis obligé de le faire chez moi. (Étudiant africain, 4e année HEIG).
28Du cas de cet étudiant, on peut en inférer l’hypothèse que les autorités compétentes de l’office des migrations ont une conception essentialiste et figée du requérant d’asile, qui reste condamné à demeurer dans ce statut. Si cet étudiant a été requérant d’asile en Suisse, le fait d’être retourné dans son pays, de retrouver un statut de personne légale bénéficiant d’une formation qui lui a permis de légalement entrer en Suisse constitue en soi, nous semble-t-il, une démarche que les autorités de l’Office fédéral des migrations doivent à tout le moins reconnaître exemplaire. Au contraire, nous observons à travers ce cas une logique institutionnelle de précarisation qui peut amener cette personne à revivre une situation de clandestinité. Cette situation ne semble guère encourager les requérants d’asile qui pourraient être tentés de retourner chez eux et de tenter de refaire une autre vie, en vue de sortir ainsi définitivement d’une précarité absolue. En plus, la formation, qui demeure en Suisse plus qu’ailleurs un élément important dans la détermination du parcours socioprofessionnel ultérieur (Levy et al., 1998, cité par Bolzman et al., 2003), apparaît ici sacrifiée sur l’autel de considérations identitaires et de stigmatisation.
29Le chapitre consacré aux logiques des projets migratoires des étudiants nous montre que la volonté de réussir des étudiants – malgré une situation défavorable – et d’exercer leurs compétences dans leur pays d’origine contredit les présupposés du discours officiel des autorités, qui dénient à l’étudiant la vocation d’étudier et de repartir dans son pays et lui assignent une position d’abuseur potentiel. Dans un monde de mobilité croissante, où les compétences prennent des directions où elles estiment être le mieux valorisées et où les carrières professionnelles se construisent au fur et à mesure du parcours migratoire, le postulat qui a été longtemps au cœur de la politique migratoire suisse, à savoir : « Venez-vous former et quittez immédiatement après », s’adapte de moins en moins à la nouvelle donne de la mondialisation. C’est la raison qui, à partir de 2011, a amené à une certaine flexibilisation de cette politique d’exigence d’un départ immédiat après l’obtention du diplôme.
30De plus, si l’on ajoute que la venue en Suisse d’étudiants du Sud implique un coût financier important pour ces étudiants et leur famille dans un contexte socio-économique difficile, il semble alors juste de convenir que la gestion de cette réalité de la mobilité étudiante ne puisse se limiter à une logique de comptabilité d’entrées et de sorties de ces étudiants.
5. Justifications financières d’auto-prise en charge
31La question de la justification financière, ou de la capacité de l’étudiant à se prendre en charge, constitue le point central des préoccupations des étudiants à cette étape de leur aventure migratoire. Cette justification financière peut rendre possible ou non l’arrivée de l’étudiant en Suisse, en dépit d’une admission dans une école ou institut. Cette caution financière estimée à CHF 15 000.-ou CHF 20 000.-est mobilisée en effet grâce à l’aide des parents, des frères ou sœurs qui sont à l’étranger. Il arrive également que de tierces personnes ou contacts en Suisse se portent garants des sources financières de l’étudiant. C’est souvent le cas des étudiants latino-américains, qui ont des liens beaucoup plus forts et diversifiés que leurs homologues africains. Le cas de cette étudiante péruvienne en HES, est typique à cet égard. Elle en est à sa deuxième migration et a vécu en Suisse entre l’âge de 6 et 9 ans, période durant laquelle elle a effectué une partie de son école primaire. Pour elle, c’est une dame suisse pour qui sa maman gardait ses enfants qui l’a aidée à venir en Suisse en se portant garante financière. Nous avons observé également qu’une bonne partie de ces étudiants latino-américains a pu bénéficier du motif de regroupement familial, ce qui faisait directement incomber aux parents la garantie financière.
32La mobilisation de la garantie bancaire constitue de façon générale le casse-tête des étudiants candidats au départ. C’est à ce niveau que se mesure l’implication financière de la famille et des réseaux de connaissance des étudiants. En effet plus des trois quarts des étudiants enquêtés avouent avoir bénéficié d’un appui familial. Dans le contexte africain, où la notion de famille reste élastique et a tendance à se confondre à un réseau de sociabilité, on a noté une diversification des sources de provenance des moyens de subsistance servant de garantie financière. Cette situation est aussi valable pour les étudiants d’Amérique latine mais, pour ces derniers, une bipolarité constituée des liens forts dans le pays de résidence et de la famille du pays d’origine caractérise les sources de provenance de la plupart de leurs garanties financières.
33En revanche, la provenance des garanties financières pour les étudiants africains est souvent fonction du statut socioprofessionnel de leurs parents, de leur capital social, qui comprend des amis et des membres de la famille (frères, oncles) et d’autres réseaux de sociabilité. Ainsi, pour les étudiants issus d’une origine sociale élevée, dont les indicateurs sont l’exercice par les deux parents d’une activité professionnelle qualifiée (médecin, fonctionnaire de l’État, magistrat, cadre dans une société, infirmier), ces derniers prennent en charge la caution financière de l’étudiant. Pour les étudiants de classe sociale moyenne, dont seulement le père ou la mère exerce une activité professionnelle qualifiée ou activité marchande (commerce), la mobilisation de la justification financière fait souvent appel, dans ce cas, aux autres membres de la famille (frères ou sœurs à l’étranger, par exemple).
34Nous notons que les stratégies de mobilisation des moyens de subsistance restent très variées, mais les tendances observées laissent clairement apparaître la variable du statut professionnel des parents dans la prise en charge totale ou partielle des moyens de subsistance nécessaires à la délivrance de l’autorisation de partir. Les deux situations ci-après illustrent cette orientation :
35Originaire du Cameroun, cette étudiante en 1re année à l’École Chantepierre, est orpheline de père, sa mère est enseignante à l’université. Sa garantie financière a été entièrement prise en charge, principalement par son oncle et des « efforts de sa mère ». En fait, il y a mon oncle qui s’occupe de moi, la caution et tout, c’est lui qui s’est occupé de moi jusqu’à aujourd’hui. Et ma maman, avec ses efforts, elle me donne beaucoup. Par contre, pour cette autre étudiante en 3e année HedS, issue d’un milieu social aisé, père médecin et mère infirmière, ses moyens financiers ont été entièrement pris en charge par ses parents. Ils ont tout payé, le billet d’avion, l’école, le logement. Ils avaient payé toute l’année de scolarité, ils ont payé le logement pour les six mois.
36Toutefois, on ne peut en conclure que les étudiants africains et latino-américains en formation en Suisse sont tous issus de classes sociales moyenne ou élevée. Certes, la prépondérance de ces deux classes sociales laisse apparaître des phénomènes liés aux mécanismes de la domination de la culture élitiste et de la légitimation des inégalités sociales que Bourdieu et Passeron (1985) avaient analysés dans Les Héritiers. Mais, dans le cas d’espèce de ces étudiants du Sud, leur origine sociale n’est pas aussi polarisée. La présence des réseaux de sociabilité, d’entraide et la représentation que les personnes restées au pays se font du voyage en Europe, les attentes escomptées, expliquent aussi en grande partie une capacité de mobilisation de ce qui est considéré comme condition pour partir, indépendamment de l’origine sociale du candidat. Il demeure toutefois un fait : cette caution financière, qui constitue une conditionnalité pour espérer avoir un visa d’entrée en Suisse, n’est jamais une affaire stricto sensu de l’étudiant. S’il en est ainsi, c’est parce que la très grande majorité de nos interrogés n’ont pas connu dans leur pays d’origine une situation professionnelle qui aurait dû leur permettre de se passer du soutien de la famille dans leur projet de départ, encore moins du soutien de leur État ou de toute autre forme de soutien institutionnel du pays de destination. Mais, dans les faits, le soutien de ces deux États leur fait défaut.
37Cette situation où l’étudiant du Sud est un free mover, c’est-à-dire dont l’initiative de formation est du ressort individuel sans soutien institutionnel et où il est amené à se prendre entièrement en charge, ou sinon à être pris en charge par sa famille, alourdit la mission de l’étudiant et ne manque pas d’avoir des effets sur ses performances académiques, voire sur son projet de formation. Dans cette perspective, la mobilisation de la famille et les appuis divers de différents réseaux de sociabilité à la réalisation effective du projet migratoire, s’apparentent à un investissement et à une dette morale ou matérielle qui risquent de peser lourdement sur le séjour de formation. Dès lors, l’articulation entre une mission implicite qui semble être assignée à ces étudiants, les exigences de la formation et les contraintes du pays de résidence peut poser des problèmes. Nous verrons dans les pages qui suivent comment cette articulation est différemment vécue par ces étudiants. Dans le chapitre ci-après, qui concerne les logiques différenciées des projets d’études des étudiants, on tentera également de voir comment ces étudiants conçoivent ladite mission et dans quelle mesure cela peut définir et orienter leurs comportements dans le pays de résidence.
Notes de bas de page
21 Loi fédérale sur les étrangers (LEtr). Source : http:// www.parlement.ch/f/do-auslaendergesetz
22 Quotidien suisse édité à Genève, op. cit., page 7.
23 Notre groupe de contrôle était constitué par des étudiants étrangers européens. Le critère de justification de moyens financiers leur est applicable, mais sans contraintes majeures dans leur projet de formation, parce qu’ils peuvent prendre domicile par exemple en France voisine (ce qui ne peut être le cas des étudiants du Sud). En outre, ils ne connaissent pas de restrictions quant à l’exercice d’une activité rémunérée au terme de leurs études et ont la possibilité de réorienter leur carrière de formation sans préjudice à leur statut de séjour.
24 Article 32 OLE : Étudiants
Des conditions de séjour peuvent être accordées à des étudiants qui désirent faire des études en Suisse lorsque : le requérant vient seul en Suisse ;
- veut fréquenter une université ou un autre institut d’enseignement supérieur ;
- le programme est fixé ;
- la direction de l’établissement atteste par écrit que le requérant est apte à fréquenter l’école, et qu’il dispose de connaissances linguistiques suffisantes pour suivre l’enseignement ;
- le requérant prouve qu’il dispose des moyens financiers nécessaires et ;
- lorsque la sortie de Suisse à la fin du séjour paraît assurée.
Les conditions énumérées ci-dessus sont cumulatives, mais, selon l’article 4 de la LSEE ainsi que selon la jurisprudence du Tribunal fédéral, le fait de réunir la totalité des conditions posées à l’article mentionné ne justifie pas encore l’octroi d’une autorisation.
25 Ainsi, dans les hautes écoles universitaires en 2000, les étudiants internationaux représentent 14,5 % du total des étudiants, alors que, en 2009, leur proportion passe à 21 %. L’évolution est aussi appréciable en chiffres absolus : si, en 2000, ils étaient 13 987, leur nombre a presque doublé en dix ans, passant à 26 867 en 2009.
En ce qui concerne la HES, on est passé de 8,3 % d’étudiants internationaux en 2000 à 10,3 % en 2009 ; en chiffres absolus, de 2094 à 7180 étudiants (Bolzman, 2010).
26 On n’est jamais sûr de la nature de la réponse, on vit une situation d’angoisse permanente en attente d’une décision administrative qui peut souvent être arbitraire.
27 Dans une étude à laquelle nous avons collaboré en 2005-2006, portant sur Le potentiel de développement des migrants transnationaux d’Afrique subsaharienne dans le secteur de la santé à Genève, menée par l’Organisation internationale pour les migrations en partenariat avec l’Université de Genève et le Réseau universitaire international de Genève, des phénomènes similaires de discrimination avaient été identifiés. Voir Interdialogos, 2006, 2, 26-29.
28 Comme toute requête, la procédure de demande de visa peut être refusée. Nous n’avons pas connaissance du taux de refus des demandes de visa des étudiants, mais les témoignages recueillis auprès des responsables du Bureau d’information social indiquent une diminution des flux d’étudiants africains « Oui, du Sénégal, de la Guinée, RDC non plus, il n’y en a plus. Cameroun, c’est les chouchous, je ne sais pas pourquoi. Conakry, finito, c’est terminé, il n’y en a plus. » Ce reflux de nouveaux étudiants africains est sans doute lié au durcissement de la politique migratoire. Aussi les autorités suisses sont-elles particulièrement attentives aux demandes de visa des étudiants africains depuis qu’elles ont identifié en 2005 une kyrielle de « demandes identiques » (environ 300) qui laissent supposer un réseau de faux étudiants guinéens.
29 Institut universitaire d’études du développement, appartenant désormais à l’Institut des hautes études internationales et du développement (IHEID).
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Étudiants du Sud et internationalisation des hautes écoles : entre illusions et espoirs
Ce livre est cité par
- Seminario, Romina. Le Feuvre, Nicky. (2021) Life Course Research and Social Policies Ageing and Migration in a Global Context. DOI: 10.1007/978-3-030-71442-0_4
- Krannich, Sascha. Hunger, Uwe. (2022) Should they stay or should they go? A case study on international students in Germany. Comparative Migration Studies, 10. DOI: 10.1186/s40878-022-00313-0
- Seminario, Romina. Le Feuvre, Nicky. (2021) The Combined Effect of Qualifications and Marriage on the Employment Trajectories of Peruvian Graduates in Switzerland. Journal of International Migration and Integration, 22. DOI: 10.1007/s12134-019-00730-8
Étudiants du Sud et internationalisation des hautes écoles : entre illusions et espoirs
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