L’imbrication heuristique entre terrain, recherche et enseignement
Le cas du rapport à l’argent des AS face à des situations de surendettement
p. 173-191
Texte intégral
Introduction
1Notre contribution vise à mettre en exergue, à partir de la question du rapport à l’argent des assistantes sociales et assistants sociaux (AS) face à des situations de surendettement, la manière dont les expériences des professionnel•le•s de terrain, l’enseignement et la recherche se nourrissent mutuellement. Cet article veut ainsi souligner la richesse des apports professionnels et de recherche au développement de l’enseignement professionnel supérieur en montrant comment l’articulation entre ces trois pôles peut favoriser le renouvellement des pratiques par une évaluation continue des besoins des professionnel•le•s et des publics concernés.
2Dans le domaine de l’action sociale, c’est à partir des demandes de terrain dans les années 2000 qu’ont été initiées des réformes dans l’enseignement méthodologique professionnel ; enseignement portant sur les compétences et les outils nécessaires à la modélisation des interventions sociales. Ces réformes s’inscrivent dans un contexte de transformation politique des attentes en matière d’enseignement et de recherche dans les hautes écoles (Loi fédérale sur les hautes écoles spécialisées LHES, 1995) et son règlement d’application (OHES, 1996). Les exigences d’accréditation nécessitent dorénavant un pilotage institutionnel des activités de recherche et d’enseignement par une meilleure coordination de celles-ci dans les sites et les filières. Notre propos constitue dès lors un bilan réflexif de cette expérience de collaboration scientifique et pédagogique. Ce bilan est construit sur le déroulement chronologique des événements à partir de l’étude du rapport à l’argent des AS en cas de surendettement.
L’évolution des besoins en matière de formation dans le service social
3L’histoire de la professionnalisation du service social1 nous informe qu’en France, dès le 19e siècle, l’examen des conditions d’existence des personnes laissées pour compte par l’industrialisation est au cœur de cette nouvelle profession. Héritier des formes classiques de la charité, le service social construit une approche rationnelle et pédagogique de la prise en charge des « pauvres », compatible avec les exigences politiques et économiques de l’ère moderne. Cette approche repose sur une analyse des situations effectuée à partir de l’exposé des difficultés de celles et ceux qui sont aidé•e•s. Des travaux socio-historiques et anthropologiques (Zelizer, 2005 ; Ribert, 2005 ; Lazuech, 2012) ont mis en évidence, à travers le contrôle moral et social de l’argent destiné aux « pauvres », puis aux « assisté•e•s », comment s’élaborent les normes sociales et juridiques qui fondent le versement par l’Etat d’une aide matérielle aux personnes les plus fragiles au nom de la solidarité. Avec le développement de l’Etat social moderne, les idéaux de justice et d’émancipation fondent désormais l’intervention sociale. Conseiller, orienter, assurer un revenu de substitution, défendre des droits, exercer une fonction de médiation et accompagner constituent le socle de celle-ci. L’action sociale se construit ainsi en prenant mieux en considération les aspirations et les compétences des bénéficiaires dans les interventions. Les AS demeurent des généralistes formé•e•s à la relation d’aide qui soutiennent les projets de leurs usagères et usagers par leurs compétences sociales, administratives et juridiques.2
4La consolidation de l’Etat social après la Seconde Guerre mondiale en Europe et le plein emploi font reculer la grande pauvreté pendant les décennies des « Trente Glorieuses ». Les questions économiques et leurs effets sociaux apparaissent ainsi moins problématiques, car le système social assure, pour la grande majorité des salarié•e•s, son rôle de protection lors d’un licenciement, d’une séparation, d’un accident ou d’une maladie. De plus, les systèmes de retraite et d’invalidité instaurés à la même époque permettent une amélioration des conditions de vie des personnes âgées et/ou invalides. Cette période de prospérité économique est à l’origine de l’essor de la société de consommation. Pour démocratiser l’accès aux biens et aux services, apparaissent les supermarchés et avec eux se généralisent différentes formes de crédit à la consommation. La déconnexion entre l’achat et le paiement s’instaure progressivement (Chatriot, 2006 ; Lazarus, 2009 ; 2012). L’avènement de la société de consommation fait ses premiers dommages dans les milieux ouvriers, qui entrevoient avec le crédit l’opportunité de concrétiser leurs rêves d’insertion et d’ascension sociale en accédant à l’électroménager, à la voiture, à la propriété et aux études. Quel que soit le motif de l’endettement, c’est une faute pour l’opinion publique, qui associe pauvreté, consommation excessive et comportement irresponsable selon des représentations héritées du passé. Dans ce contexte, les personnes endettées qui s’adressent aux services sociaux reçoivent une réponse intervenant lorsque les effets de l’endettement sont visibles et que leurs conditions socioéconomiques sont détériorées. Nous qualifions cette réponse de « réparatrice », dans le sens qu’elle « répare », à la demande des personnes surendettées, les dommages subis par les créancières et créanciers. Cette réponse peut devenir « coercitive » en cas de perte durable de la capacité de discernement pour protéger les personnes et leur entourage.3 Ici, l’autorité judiciaire impose une réparation aux personnes surendettées et contrôle son effectivité.
5Ainsi, les réponses du service social aux préoccupations financières des personnes en difficulté et à leur endettement seront essentiellement des réponses individuelles réparatrices, complémentaires et subsidiaires à d’autres formes d’aides publiques et privées. C’est avec l’apparition du chômage de longue durée et le recul consécutif des prestations sociales de l’Etat que les questions d’argent tiendront à nouveau une place déterminante dans l’activité des AS. Toutefois, l’explosion de l’endettement privé en Suisse, ces dix dernières années, révélera que les formes habituelles de prises en charge ne déploient plus tous leurs effets. En 2014,4 selon une enquête conduite par l’OFS, 40 % de la population vivent dans un ménage endetté et 8 % des ménages cumulent trois types de dettes. Les dettes les plus fréquentes sont les arriérés de paiement. Une part de 18 % de la population vit dans un ménage avec au moins un arriéré de paiement. Les crédits les plus courants sont le leasing pour voiture (15,5 %) et les crédits à la consommation (10,5 %). Plusieurs constats vont alors s’imposer. La majorité des AS devraient pouvoir se spécialiser dans le domaine pour répondre à la complexité des demandes et à la spécificité des procédures juridiques et comptables qui sous-tendent une épuration partielle ou complète des dettes. Par ailleurs, trop peu de personnes peuvent avoir accès à des services spécialisés car ceux-ci n’existent ni dans toutes les communes ni dans tous les cantons. De plus, des politiques publiques sont envisagées pour coordonner les actions des AS avec les représentant•e•s des consommatrices et consommateurs, les spécialistes des poursuites, les autorités scolaires et les employeur•e•s pour prévenir l’endettement.
Concevoir des formations pour prévenir les multiples effets de l’endettement
6La prise de conscience politique et sociale que l’endettement est une forme de pauvreté pernicieuse, du fait qu’elle est invisible et que ses effets économiques et sociaux se feront sentir ultérieurement, a modifié les attentes en matière de compétences professionnelles dans le service social. L’importance et la multifactorialité de l’endettement nécessitent dès lors une adaptation de la formation supérieure en service social. Les AS qui interviennent auprès de populations en grandes difficultés financières demeurent des spécialistes de la relation, mais ils et elles disposent dorénavant de connaissances juridiques et économiques pointues, pour entreprendre des négociations avec les créancières et créanciers et représenter les usagères et usagers en justice, expertises qui sortent du champ habituel de leurs compétences (Cambier et al., 2005 ; Rodari, 2010).
7Pour faciliter l’accès à l’emploi des étudiant•e•s en service social au terme de leur formation, les hautes écoles (HES) en travail social ont décidé de combler ces lacunes dans l’enseignement en formation Bachelor et dans la formation continue. A Genève, un enseignement modulaire articulant droit du contrat et méthodologie d’intervention du désendettement a été mis en place dès 2003.5 Aux besoins des étudiant•e•s s’est ajoutée une demande de consolidation et de développement de l’offre de formation continue pour les AS en activité. En 2006, la demande de professionnel•le•s du service social de la mise sur pied d’un CAS en gestion de dettes visait à combler une lacune institutionnelle dans les dispositifs de formation postgrade développés par les HES en Suisse romande et à doter les AS d’une meilleure reconnaissance de leur expertise par un titre spécifique. En effet, dans ce domaine, seules des formations de courte durée organisées par des institutions sociales « privées » existaient. Le premier programme de ce CAS, conduit par la HES-SO en collaboration avec l’association professionnelle Dettes Conseils Suisse (DCS), a été largement construit à partir des expériences et des lacunes perçues sur le terrain. Ces lacunes concernent la maîtrise des procédures juridiques et administratives, l’art de la négociation et des compétences pour initier et conduire des projets de prévention. Mieux informer et conseiller, voire éduquer différents groupes de la population aux prises avec la financiarisation de la vie quotidienne, ont nécessité une transformation de l’ingénierie de formation pour y répondre. Toutefois, la mise en place d’une formation ne s’est pas avérée suffisante. En effet, l’évaluation de cette première édition du CAS a démontré que l’assise scientifique des enseignements méthodologiques devait être renforcée pour accompagner l’adéquation de la formation à l’évolution des besoins des métiers de service social. Il nous fallait, dès lors, développer la recherche sur le rapport à l’argent dans des situations d’endettement.
Une analyse sociologique de l’intervention auprès de populations endettées
8Pour mieux répondre aux préoccupations exprimées par les milieux professionnels et pour fonder un enseignement méthodologique sur des apports scientifiques, nous avons élaboré un projet de recherche sur le rapport à l’argent des AS dans six structures accompagnant des personnes surendettées. A cela, s’ajoutent d’autres actions :
Un échange professionnel, en 2013-2014, avec la Haute école de travail social de Louvain en Hainault (B) a permis l’élargissement du réseau et la coordination du no 37 de la revue francophone Pensée plurielle, consacré au rapport à l’argent et aux problématiques financières (Rodari, 2014).
Dans le cadre des Midis de la recherche du CERES, un cycle de conférences sur les usages sociaux de l’argent a été réalisé en 2014-2015. Ces conférences, ouvertes au public, s’adressent autant aux chercheur•e•s, étudiant•e•s, enseignant•e•s qu’aux professionnel•e•s et directions d’institutions sociales. Ces conférences nous ont ainsi permis un dialogue avec des chercheur•e•s confirmé•e•s suisses, étrangères et étrangers, qui a nourri nos réflexions et soutenu nos liens avec d’autres équipes de recherche.
9C’est dans ce contexte que nous avons entrepris, en 2014, une recherche sur l’argent dans des structures sociales genevoises. Le choix de s’intéresser au rapport à l’argent des AS nous est apparu comme une évidence en regard du développement foisonnant des politiques publiques de lutte contre le surendettement, des préoccupations qu’elles soulèvent et du sentiment diffus, parmi les professionnel•le•s, de ne pas disposer des outils et des techniques d’intervention utiles pour y répondre. L’originalité de notre étude a été d’investiguer les questions d’argent dans un champ où ces thématiques ont peu été théorisées en Suisse, celui du travail social, en prenant appui sur une fonction professionnelle, celle de l’AS. Si un certain nombre de travaux, dans les domaines de l’ethnologie et de la sociologie, ont été effectués sur l’allocation de crédits par des banques de la Communauté européenne (mais pas en Suisse), mettant en avant, à l’instar des travaux de Zelizer (2005), la signification sociale de l’argent (par exemple, Lazarus, 2009 ; Aglan et al., 2011), peu de recherches qualitatives avaient été effectuées sur le rapport à l’argent dans le cadre spécifique de la relation d’accompagnement de personnes surendettées. Si plusieurs études (Fassin, 2001 ; Bessin, 2005 ; Tabin, 2008 ; Ossipow, 2008) se sont intéressées aux nouvelles formes de contractualisation de l’intervention sociale, peu de travaux ont mis l’accent sur le rôle de l’argent comme support d’agentivité et de régulation des problématiques sociales. Rappelons ici que, pour bénéficier d’un accompagnement social comme d’une aide financière, les individus ne peuvent plus se référer à leur seule qualité de potentiel•le•s bénéficiaires, mais sont désormais astreints à coopérer dans le dispositif. Pour Robert Castel : « Il s’agit de passer de la consommation passive de prestations sociales à une mobilisation des bénéficiaires qui doivent participer à leur réhabilitation » (Castel, 2003, cité dans Bingen & Lebrun, 2007 : 1). Les difficultés financières ne sont donc plus seulement appréhendées comme des problématiques sociales. Elles peuvent se transformer en support à l’activation des personnes par la gestion budgétaire et administrative, considérée ici comme outil pédagogique, devant faciliter leur retour à l’autonomie économique. Si cette perspective socio-éducative n’est pas nouvelle, elle était jusqu’ici employée volontairement par les AS. Son inscription dans les règlements d’application de différentes lois sociales, à partir des années 2000, en a donc transformé les buts et l’usage. De par leur fonction, les AS disposent donc d’une marge d’appréciation du bien-fondé des problématiques financières comme des capacités de mobilisation des usagères et usagers à sortir de la spirale des dettes, qui est plus visible par son institutionnalisation (Astier, 2007). Cette institutionnalisation de l’activation peut toutefois entamer la crédibilité des interventions sociales, car elle exacerbe un sentiment d’injustice parmi les usagères et usagers qui ne seraient pas reconnus dans leurs droits et alimentent des controverses sur les critères individuels d’accès aux dispositifs d’aide (Avenel, 2003). Nous avons cherché, dans notre étude, à comprendre comment est intériorisée cette norme sociale de responsabilisation des usagères et usagers et comment sont portés par les AS les processus d’activation dans le cadre d’un assainissement partiel ou total des dettes.
Problématique
10Nous nous nous sommes intéressées à la double dimension du rapport à l’argent des AS, comme révélateur de rapports sociaux et comme levier de transformation et de subjectivation, dans le cadre de leur contribution à l’accès aux prestations. Pour légitimer leur décision d’octroi de prestations auprès des bénéficiaires et des autorités, les AS invoquent plusieurs critères : une loi de référence et son règlement d’application, un cahier des charges, une déontologie professionnelle et des usages institutionnels. Mais aussi des valeurs et des représentations personnelles face aux usages de l’argent des potentiel•le•s bénéficiaires. Ils et elles disposent donc à la fois de critères objectifs et interprétatifs pour fonder leur décision. Nous avons postulé, dès lors, que leur rapport à l’argent constitue un révélateur particulièrement privilégié pour saisir l’utilisation de leur pouvoir d’appréciation et le type spécifique de prise en charge soutenant la mobilisation des bénéficiaires.
Méthodologie
11Les AS s’appuient sur la définition juridique de l’endettement pour ancrer leur action de désendettement. Pour le travail social, le terme de désendettement qualifie à la fois la démarche processuelle d’accompagnement et les procédures administratives, comptables et juridiques qui la sous-tendent. Plusieurs modalités d’intervention sont proposées aux personnes surendettées, en fonction de leur solvabilité et de leur degré d’endettement. Dans tous les cas, elles impliquent de se restreindre financièrement, pour réserver une somme d’argent mensuelle au remboursement des dettes. Du côté des AS, la décision d’attribution d’une aide financière et/ou d’un accompagnement implique une évaluation qui expose et démontre la nécessité ou non de l’octroi d’une aide (Serre, 2009). Cette évaluation engage un travail intellectuel qui mobilise des normes, des critères, des savoirs qui permettent de départager les demandes d’aide et d’établir des priorités dans l’action. Elle donne lieu à une production raisonnée, sous forme de présentation orale de situation lors de colloques ou de rapport écrit à la hiérarchie qui, en dernier ressort, décidera de l’attribution ou non de l’aide financière et/ou du suivi demandé.
12Pour identifier les fondements des décisions et leur articulation aux prises en charge développées, nous avons effectué quatorze entretiens compréhensifs avec les professionnel•le•s (treize femmes et un homme) ; des observations in situ de colloques où les AS attribuent les situations et examinent leurs modalités d’intervention ; et, enfin, des analyses de dossiers de l’année écoulée, qui ont nécessité une intervention professionnelle comportant une gestion financière. En nous inspirant de l’approche compréhensive (Kaufmann, 1996), nous avons donné une posture particulière aux AS questionnés, celle d’être considéré•e non pas comme un « objet » de recherche, mais comme un•e « partenaire », actrice ou acteur du développement de savoirs. Le traitement des données et l’élaboration théorique s’est effectué selon la théorie fondée sur les faits ou Grounded Theory (Glaser & Strauss, 1995). Notre angle d’analyse a privilégié le va-et-vient entre éléments théoriques et immersion sur le terrain pour alimenter notre questionnement et notre processus de récolte des données tout au long de notre étude.
Résultats principaux
13Sur la base de notre recueil de données, nous avons analysé le rapport des AS à l’argent de leurs bénéficiaires à partir de leur fonction professionnelle et de leurs représentations du « bon usage » de l’argent (Perrin-Heredia, 2011).
Structure et dimensions des accompagnements
14Nous avons mis en exergue que l’accompagnement des AS s’effectue dans le cadre d’une démarche structurée autour de quatre grandes étapes : cerner la demande ; établir un bilan qui s’affinera au fil des entretiens ; élaborer un plan d’intervention sur la base des informations recueillies et attestées lors des entretiens ; mettre en œuvre une prise en charge négociée avec l’usagère ou l’usager. Les deux dimensions imbriquées sur lesquelles s’articulent leurs projets d’intervention sont la dimension juridico-administrative et la dimension relationnelle.
15Nous avons pu dégager que les AS rencontré•e•s mobilisent dans la dimension juridico-administrative des éléments législatifs et réglementaires et des éléments relatifs aux rapports sociaux et aux inégalités sociales. Dans leur référence au cadre, les AS rappellent que le respect des règles, des convenances, des hiérarchies est un facteur primordial d’intégration sociale. Ces convictions renvoient d’une part à leur trajectoire personnelle et professionnelle et d’autre part à la nécessaire distance, selon elles et eux, qu’exige leur intervention. A contrario, l’invocation des règles est aussi mobilisée dans un souci d’émancipation, qui se manifeste par la préservation des droits des personnes auprès des caisses d’assurance-maladie, des services des contributions, des gérances immobilières, par exemple. Les droits restaurés par les recours gagnés sont les signes tangibles de cette posture. Sur le plan relationnel, les AS peuvent privilégier tantôt le soutien à la compassion, comme l’a déjà montré Didier Fassin (2004), tantôt le renforcement du pouvoir d’agir (agentivité), comme l’ont, entre autres, relevé Ana Perrin-Heredia (2009 ; 2011 ; 2016) dans le contexte français et Ruth Lister (1997) et Beverly Skeggs (2015) concernant la situation anglaise. « Ne pas juger, établir la confiance, faire baisser le stress, responsabiliser les personnes, valoriser leurs efforts » constituent, selon les témoignages recueillis, les principaux leviers relationnels que les AS mobilisent dans leur prise en charge. En soutenant la mobilisation des usagères et usagers dans leur gestion administrative et budgétaire, les AS espèrent encourager des apprentissages économiques nécessaires à une gestion financière équilibrée.
16En fonction du poids accordé à ces dimensions dans l’activité quotidienne, les logiques d’intervention varient d’un•e AS à l’autre et d’un service à un autre. A l’instar de Jean-François Gaspar (2012), ces logiques oscillent entre pragmatisme (répondre aux demandes en appliquant la loi), militantisme (préserver et défendre les droits sociaux des citoyen•ne•s) et humanisme (écouter et valoriser les décisions prises par les usagères et usagers). En tant que processus dynamique, l’accompagnement implique des capacités d’évaluation et d’adaptation continue. Comme le résume une AS : « Vous devez toujours faire avec ce qui est présenté par la personne. On peut faire des additions, des soustractions, mais après le bilan, il faut être créatif et avancer avec elle. » Ces constats tempèrent donc une impression, souvent répandue dans la presse et dans l’opinion publique, du caractère extrêmement directif des interventions des AS.
Le budget comme outil incontournable
17Pour résoudre les problèmes financiers de leurs usagères et usagers, les AS recourent, dans leur grande majorité, au budget comme outil d’intervention dans l’assainissement financier. Son attrait est lié à sa puissance symbolique, matérialisée par la traduction concrète des difficultés économiques en chiffres. Par une confrontation chiffrée à leur situation, les AS tentent de créer une prise de conscience du processus de dégradation financière. Le budget sert ainsi à soutenir les efforts des bénéficiaires pour sortir de la spirale des dettes, en visualisant au fur et à mesure la progression de leur épuration.
18Par ailleurs, le budget sert d’instrument de pilotage de l’intervention. A travers la maîtrise budgétaire s’apprécient le degré d’autonomie administrative des usagères et usagers pour effectuer leurs paiements et leur sens des responsabilités dans l’usage de leurs ressources. Les AS espèrent, par le réinvestissement de leurs bénéficiaires dans la gestion de leur argent, développer leurs apprentissages économiques et leur regard critique en matière de crédits à la consommation. Pour ce faire, les AS recourent à des supports concrets faciles à reproduire. Par exemple, les personnes sont incitées à classer les différents types de courriers par leur contenu et leur échéance, à faire des enveloppes regroupant les paiements et à remplir un tableau hebdomadaire ou mensuel de leurs dépenses pour mieux visualiser où va l’argent.
19Nos résultats ont toutefois montré les limites d’une approche budgétaire des problématiques financières. Cette approche n’est pas pertinente dans des situations où les personnes ne disposent pas des minimas sociaux leur garantissant suffisamment d’argent pour vivre, car il n’existe pas de marge de manœuvre pour appliquer ces nouveaux apprentissages.6 De même, lorsque ces apprentissages sont assujettis à des contre-prestations obligatoires pour ouvrir des droits aux prestations sociales. Dans ces situations, l’argent manque et la préservation des droits sociaux précède toute démarche de résolution des problèmes financiers.
Les enjeux des techniques de développement personnel
20Nos résultats montrent que nombre d’AS mobilisent des techniques de développement personnel pour tenter de donner du pouvoir d’agir aux usagères et usagers. D’abord, des techniques telles que celles préconisées par l’Approche centrée sur la solution (ACS) écourtent le temps d’écoute de la plainte des usagères et usagers ou d’analyse de leur passé pour trouver des solutions efficaces, s’accordant ainsi avec les nouvelles politiques de gestion de la pauvreté. Ainsi, ces techniques améliorent les conditions de travail des AS. De plus, elles réenchantent leur travail en leur permettant de sortir des activités administratives, considérées par certain•e•s comme ennuyeuses, pour se consacrer au travail sur la relation, jugé passionnant. Enfin, elles permettent de contrer partiellement les rapports de force dans leurs relations avec les usagères et usagers (cadrer les personnes trop exigeantes ou gagner de la crédibilité face à des hommes plus âgés qu’elles, par exemple). Ensuite, en se focalisant sur la relation, ces techniques donnent la satisfaction aux AS de pouvoir mesurer les avancées significatives de la prise en charge, contrairement à un travail qui serait effectué sur un plan collectif, visant par exemple l’amélioration de la réglementation du petit crédit ou la simplification des procédures d’octroi des aides financières.
21Nous avons décelé une confusion, souvent présente chez les AS, entre l’usage des techniques et leurs finalités (préserver et défendre les droits sociaux des citoyen•ne•s, améliorer les conditions de travail des professionnel•le•s, se débarrasser de surnuméraires, répondre aux injonctions de la loi, etc.). L’usage de ces techniques sert avant tout à pacifier le climat relationnel et peut se détacher des finalités de l’intervention sociale d’assainissement, qui impliquent l’épuration totale ou partielle des dettes. Ainsi, l’usage de ces techniques se heurte au traitement des urgences dans le cadre d’une procédure d’assainissement, lorsqu’il s’agit d’éviter une expulsion du logement ou de restaurer les droits à l’assurance-maladie, par exemple. L’AS intervient ici en ne pouvant pas prendre en compte la capacité des usagères et usagers à intégrer les enjeux de ces décisions pour préserver leurs conditions d’existence. Toutefois, certain•e•s AS relient l’usage de ces techniques à une action de mobilisation vers une sortie de la spirale des dettes, en valorisant par la parole les efforts déjà consentis ainsi que le temps passé à résoudre les problèmes afin d’éviter tout renoncement à la poursuite de l’accompagnement.
Renforcer le pouvoir d’agir
22Renforcer les capacités des usagères et usagers en vue de faciliter leur retour à l’autonomie économique s’est avéré un enjeu majeur. La plupart des AS de notre corpus considèrent en effet qu’il relève de leur mission professionnelle d’accompagner les usagères et usagers dans le développement de leur pouvoir d’agir. Cette posture sous-entend l’idée que toute personne, même la plus démunie, est capable d’améliorer certaines de ses habitudes et que leur transformation doit être soutenue. Dans cette approche constructiviste, l’AS soutient l’acquisition de nouvelles compétences et de nouvelles manières de penser et d’agir. Précisons toutefois qu’un petit nombre d’AS considèrent que soutenir le développement du pouvoir d’agir des usagères et usagers ne relève pas de leur mission professionnelle. Pour ces professionnel•le•s, les usagères et usagers doivent intégrer d’eux-mêmes cette nouvelle norme de l’action sociale. Ces AS sont dès lors confronté•e•s soit à des personnes qui ont de l’agentivité, qui assument leurs dettes et collaborent activement administrativement à leur épuration, soit à des personnes qui n’en n’ont pas et ne se mobilisent pas. Par exemple, des personnes qui supplient les AS de les aider de toute urgence tout en ne respectant pas les règles administratives et juridiques d’une procédure d’assainissement et en ne faisant pas les efforts nécessaires pour s’impliquer dans une démarche qui nécessite une diminution de leur train de vie pour épurer leurs dettes, ainsi qu’un engagement à ne pas reconstituer de nouvelles dettes pour recouvrer leur autonomie financière. Les AS décrivent souvent ces dernières comme des personnes qui ne sont pas prêtes à changer leurs habitudes financières, ce qui relève de leur choix et de leur responsabilité, et ne les revoient généralement plus.
23Les AS dont la mission consiste à soutenir le pouvoir d’agir des usagères et usagers affichent trois types de motivation, non exclusives entre elles, pour expliciter ce soutien. D’abord, dans un contexte où la charge de travail des AS est de plus en plus lourde, les AS peuvent être poussé•e•s à soutenir le pouvoir d’agir des usagères et usagers afin d’alléger leurs charges professionnelles. Une usagère ou un usager qui se débrouille dans l’accomplissement de tâches administratives qui peuvent lui être déléguées (rédaction de courrier type, recherche d’informations dans les administrations, constitution de dossiers administratifs, gestion de ses factures courantes) permet à l’AS de se concentrer sur les aspects administratifs et procéduraux relevant de son expertise. Face à l’augmentation régulière des demandes d’aide, l’indépendance administrative de certain•e•s usagères et usagers constitue ainsi un gain de temps apprécié. Ensuite, les AS peuvent être motivé•e•s à insuffler le pouvoir d’agir aux usagères et usagers pour entretenir la motivation et l’autonomie progressive à la résolution des dettes, en restaurant leur estime de soi et pour conserver une maîtrise sur le processus d’aide engagé. Enfin, les AS peuvent tenter de donner du pouvoir d’agir aux usagères et usagers pour les inciter à développer un esprit critique, notamment sur la société de consommation. Acculé•e•s par des difficultés financières qui ont nécessité des privations matérielles et réduit momentanément leurs perspectives d’avenir, certain•e•s usagères et usagers se sont confronté•e•s à une redéfinition de leur rapport à l’argent et de leur consommation. Ce rôle réflexif des AS s’insère dans une contestation sociale du consumérisme en faveur de nouvelles formes de régulation marchande, où les questions de justice sociale et de durabilité sont désormais centrales (Dubuisson-Quellier, 2009).
Des résultats de recherche au service des professionnel•le•s
24L’inscription de la formation en travail social au niveau académique implique un renforcement de la recherche dans le champ du service social (Rullac, 2011 ; Lyet, 2014 ; Chéronnet & Chauvière, 2016). En dégageant les mécanismes en jeu dans la relation d’aide des AS aux usagères et usagers surendettés, notre recherche permet une prise de conscience des effets des stéréotypes sociaux et des jugements moraux associés aux problèmes d’argent. La présentation et la discussion des résultats dans les cours permettent d’améliorer le mode de compréhension du « traitement social » du surendettement, selon l’expression de Fassin (2001), pour repenser la place de l’intervention en service social dans les politiques publiques de lutte contre le surendettement.
25Notre recherche a également un impact sur la méthodologie professionnelle (comment intervenir à bon escient ?) en service social pour diversifier les outils d’intervention et compléter les interventions actuelles par d’autres formes de prise en charge préventives et collectives. En ce qui concerne l’outil budgétaire, nous avons pu observer que les AS rencontré•e•s surestiment l’impartialité du critère chiffré dans leur appréciation des demandes et ignorent les effets stigmatisants du processus de catégorisation des comportements économiques qui en résultent. Ceux-ci doivent donc être déconstruits dans le cadre de la formation de base et continue des AS pour éviter que le rapport aux services sociaux ne représente une « épreuve » supplémentaire à l’épreuve des difficultés financières pour les milieux populaires (Siblot, 2006) et ainsi favoriser une réflexion et une adaptation des outils budgétaires existant à la pluralité des situations vécues par les populations aidées, notamment celles confrontées à de fortes variations de revenus et à des formes de cohabitation distinctes de la famille. Par ailleurs, la confusion autour des techniques de développement personnel devrait être décortiquée dans l’enseignement méthodologique professionnel afin d’étayer les enjeux juridiques, sociaux et éthiques du « diagnostic personnalisé » (Plot, 2009) à la résolution effective de problématiques, dans un contexte socioéconomique où les inégalités sociales demeurent. En outre, un regard nuancé pourrait s’instaurer dans le cadre de la formation sur le sens et la portée pour l’action sociale du succès suscité par les formations sur ces techniques de développement personnel (Bachmann, à paraître). Ainsi, par exemple, en regard des trajectoires professionnelles des AS, celles-ci n’attestent pas de compétences qualifiantes supplémentaires permettant leur promotion professionnelle et salariale par leurs employeurs.
26Communiquer à toutes les étapes de réalisation de notre recherche a été important à nos yeux pour nourrir notre démarche volontairement inductive. Nous avons privilégié des communications dans des colloques internationaux et locaux qui réunissent responsables de formation, scientifiques et professionnel•e•s, afin que la confrontation des points de vue sur cet objet contribue au débat sur les perspectives possibles dans le domaine de la formation tout en dynamisant notre réflexion scientifique. Les congrès de l’Association internationale pour la formation, la recherche et l’intervention sociale (AIFRIS) ont constitué des opportunités privilégiées : A Genève, en 2011, notre communication a porté sur la construction de notre problématique et son design méthodologique ; à Porto, en 2015, les dimensions et les logiques à l’œuvre dans l’accompagnement des AS ont été au centre de notre propos et à Montréal, en 2017, nous discutions les effets des processus de catégorisation des usages de l’argent des personnes endettées.
27La vulgarisation scientifique nous a également paru utile pour faire connaître nos travaux. Un des outils de communication privilégié en Suisse romande est la revue REISO et nous avons eu à cœur de présenter nos résultats sur cette plateforme, qui permet de diffuser des connaissances et aussi d’alimenter les échanges et les réflexions croisées entre professionnel•le•s et chercheur•e•s (trois articles ont été publiés au printemps 2017). Les thèmes de nos articles concernent la pratique quotidienne des professionnel•le•s et, à leur lecture, les AS pourront transférer dans leur accompagnement nos résultats de recherche. Nous avons aussi contribué à l’actualité scientifique en proposant et en diffusant nos résultats dans des articles et des contributions d’ouvrages, mettant en évidence leurs apports à la réflexivité dans le service social. Notons ici que la valorisation des résultats de recherche dépend fortement de nos cahiers des charges, des possibilités de dégager du temps pour écrire et des contraintes de nos partenaires de diffusion, ce qui ne nous permet pas de répondre en temps et en heure aux attentes des professionnel•le•s qui souhaiteraient disposer de nos résultats dès la fin de la recherche pour les intégrer à leurs pratiques.
28Il serait pertinent de prolonger la réflexion sur l’appropriation par les professionnel•le•s de ces résultats de recherche enseignés et diffusés par divers canaux (articles, colloques, restitution dans les cours et les institutions, etc.). Notre analyse montre que, de par leur formation et leur fonction, les AS optent pour une grille de lecture longitudinale individuelle des situations, sur laquelle ils et elles élaborent et déclinent les étapes de leur prise en charge. L’accent mis sur la spécificité des situations sociales et l’aspect relationnel dans l’acquisition des compétences professionnelles place, de fait, au second plan les compétences d’expertise permettant de rendre compte des évolutions des problématiques et de développer des pratiques plus diversifiées. En lien avec un contexte de travail plus segmenté et plus hiérarchisé, la plupart des AS se concentrent dès lors, dans leur travail, sur la qualité des prises en charge offertes aux bénéficiaires. L’agenda professionnel quotidien des AS est ainsi organisé autour des entretiens. Peu de temps demeure disponible pour analyser ces prises en charge et élaborer des réflexions collectives sur les critères d’attribution des aides financières et la définition des priorités lors des interventions entreprises, pour dépasser un traitement au cas par cas des situations et innover en matière d’accompagnement. Notre recherche a donc mis en exergue que la pratique de la majorité des AS se caractérise par l’absence d’une lecture transversale des situations des usagères et usagers, mettant en évidence les contraintes structurelles dans lesquelles leurs problématiques prennent place et les rapports sociaux et de genre qui les sous-tendent. Seul•e•s les AS qui privilégient une logique d’intervention militante se réfèrent explicitement au contexte social et économique pour expliciter les causes de l’endettement de leurs bénéficiaires et leurs priorités d’intervention. Toutefois, ces logiques sont minoritaires au sein des structures sociales actives dans le désendettement. Ce qui ne permet pas leur reprise comme politique générale d’intervention au sein d’un service. Dès lors, nous pouvons nous demander : que font les AS de nos résultats de recherche ? Sélectionnent-elles ou ils certaines informations ? Ces savoirs transforment-ils leurs pratiques ? Ces résultats incitent-ils au développement d’une posture critique ? Et enfin, comment ce savoir est-il perçu dans un environnement professionnel où le savoir pratique a plus de légitimité que le savoir scientifique ?
Conclusion : valoriser la diversité des profils au sein des HES
29Nous avons montré dans cet article l’articulation entre demandes du terrain, enseignement et recherche. Cette articulation répond à une demande institutionnelle du Rectorat pour accompagner la qualité des enseignements dans les écoles professionnelles et leurs applications dans les terrains. L’entrée de profils académiques expose toutefois les hautes écoles à renforcer les clivages entre professeur•e•s chercheur•e•s et professeur•e•s issu•e•s du terrain. Or, il s’agit de travailler ces liens à travers l’articulation entre terrain, enseignement et recherche. Y aurait-il des structures à mettre en place au sein des hautes écoles et avec les partenaires de terrain pour soutenir financièrement et logistiquement ces collaborations ? En outre, la HES-SO, désirant articuler terrain-enseignement-recherche, dessine un profil idéal de professeur•e, qui serait (en une personne) expert•e de terrain et de la recherche et de l’enseignement. Or, convaincues que ce profil idéal ne peut pas se réaliser (contraintes pédagogiques et de recherche fondamentale s’opposant aux impératifs du terrain), notre contribution met en exergue un cas concret de l’articulation entre ces profils, mais à travers la collaboration au sein du corps professoral et intermédiaire des HES. Dans notre cas, la richesse de notre processus s’est jouée par la collaboration entre une professeure, ancienne AS, disposant d’une forte expertise de terrain (connaissance des dispositifs de prise en charge romands et suisses, du réseau institutionnel existant et de la conception et de l’exercice de l’enseignement méthodologique professionnel), et une chercheure présentant un profil d’« excellence académique » avec expérience de recherche soutenue (fonds tiers), séjours dans des universités états-uniennes reconnues et publications conséquentes. Des expériences de ce type devraient pouvoir être reconduites pour faire des émules. Il importe de ne pas uniquement soutenir des volontés individuelles, mais de développer institutionnellement les constitutions d’équipes de travail mixtes dans la conception et la direction des modules d’enseignement et des recherches.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Nous faisons ici référence au « best-seller » de l’époque : Le visiteur du pauvre du baron Joseph-Marie de Gérando, publié chez Louis Colas à Paris en 1820.
2 L’exercice des métiers du social en Suisse se fonde sur la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948), la Convention européenne des droits de l’homme (1953), la Charte sociale européenne (1961), les droits fondamentaux, les droits civiques et les objectifs sociaux de la Constitution fédérale (1999) et, enfin, le document « Déontologie dans le travail social, déclaration de principes » de la Fédération internationale des travailleurs sociaux (FITS, 2004).
3 « Lorsqu’une personne est empêchée, en partie ou en totalité, d’assurer elle-même la sauvegarde de ses intérêts à cause d’une déficience mentale, d’un trouble psychique (ce qui inclut les dépendances) ou d’un autre état de faiblesse affectant la condition personnelle, l’autorité de protection de l’adulte institue une curatelle » (http://www.guidesocial.ch/fr/fiche/141/, consulté le 23.05.17). De fait, la question du règlement et/ou de la gestion des dettes s’effectue rarement dans le cadre d’une procédure judiciaire instituant des mesures de curatelle, qui constitue dans l’ordre juridique suisse une mesure de dernier recours. Ces mesures impliquent, pour les curatrices et curateurs, la tenue de comptes, la gestion des revenus, le contrôle des dépenses et si possible l’assainissement des dettes, ces éléments faisant l’objet d’un rapport aux autorités judiciaires compétentes.
4 Les chiffres que nous mentionnons sont extraits de l’enquête sur les revenus et les conditions de vie (SILC) conduite par l’Office fédéral des statistiques (OFS) en 2014. Consulté le 03.02.2017 sur https://www.bfsadmin.ch/bfs/fr/home/statistiques/situation-economique-sociale-population/revenus-consommation-et-fortune/endettement.assetdetail.39949.html
5 Il s’agit du module E7 du plan d’études cadre romand, intitulé Méthodes, techniques et outils d’intervention en service social, dont la coordination est assurée par Sophie Rodari à la Hets.
6 L’article 12 de la Constitution fédérale suisse stipule que « quiconque est dans une situation de détresse et n’est pas en mesure de subvenir à son entretien a le droit d’être aidé et assisté et de recevoir les moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine ». Consulté le 15.05.2017 sur https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19995395/index.html
Auteurs
Sociologue et assistante sociale diplômée, spécialisée en évaluation des politiques publiques, elle est professeure associée à la Haute école de travail social (HES-SO/Genève). Ses domaines de recherche principaux sont le rapport à l’argent dans les interventions sociales, les modalités de socialisation professionnelle et la méthodologie professionnelle.
Sociologue, elle est professeure assistante à la Haute école de travail social (HES-SO/Genève) et directrice du MAS-DAS en Direction d’institutions éducatives, sociales et socio-sanitaires de la HES-SO. Ses principaux domaines de recherche sont liés au processus de transformation de soi inhérent à l’acquisition d’une posture professionnelle et, dans ce cadre, à la question de l’appropriation des sciences sociales.
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