Dans le travail social, la question de la valeur occupe une position centrale. Les professionnels se demandent comment accorder leurs interventions à leurs valeurs. Cette interrogation est particulièrement cruciale lorsque, à tort ou à raison, ils ont l’impression que les prescriptions institutionnelles leur commandent d’agir en contradiction avec ce qu’ils considèrent comme leurs valeurs. De même, ils considèrent que, parfois, leurs propres valeurs entrent en conflit entre elles et produisent des dilemmes parfois insolubles. Ils peuvent effectivement se demander si leurs actions doivent être conformes à la valeur du respect qu’ils accordent aux aspirations d’autrui ou à celle du respect que chacun doit accorder à une certaine harmonie de la vie collective. En effet, la liberté individuelle peut entrer en conflit avec ce que la vie sociale peut requérir de renoncement à des aspirations. Ils sont ainsi amenés à établir une hiérarchie de valeurs dans la laquelle certaines valeurs ont plus de valeur que d’autres. Ce que les travailleurs sociaux appellent des « dilemmes éthiques »* recouvre des conflits de valeurs existant entre des valeurs dites personnelles, à l’intérieur même de l’être, et entre ces valeurs internes et des valeurs externes, sociales et institutionnelles. Les conflits de valeurs et l’inconfort, voire l’impuissance, qu’ils engendrent dans l’action imposent de s’intéresser aux valeurs notamment pour savoir s’il est possible de poser la question des valeurs en d’autres termes que ceux qui engendrent conflits et impuissance.