Jeunes désaffiliés dans un contexte de « haute qualification »
VIA, un dispositif local et coopératif
p. 219-236
Texte intégral
Introduction
Mon père était manœuvre chez Casani, le marbrier. […] Je suis resté au Grütli pendant un an. C’était une porte vers l’apprentissage. Nous pensions que c’était plus intéressant que d’aller à l’école. Le principe était simple. Après la 7e primaire si on n’avait pas les moyennes suffisantes pour le collège, on allait au Grütli. Mais ce n’était pas si dramatique que ça. Le Grütli permettait de choisir tous les métiers manuels. Si, après on s’appliquait, les ouvertures pouvaient être intéressantes. Contrairement aux « pratiques » aujourd’hui qui sont plus vite condamnés (Marcacci & Chardon, 2004 : 149).
1Cette portion du récit de vie d’un homme devenu artisan sculpteur, proche de la retraite aujourd’hui, est issu d’un ouvrage historique (Marcacci & Chardon, 2004) qui nous rappelle qu’à Genève, entre le début des années 1930 et la fin des années 1970, l’imposant bâtiment du Grütli, aujourd’hui théâtre de la ville reconnu, a servi à regrouper les élèves qui n’avaient pas les notes suffisantes pour poursuivre leurs études. L’enseignement dispensé valorisait l’activité manuelle à destination d’élèves résolument issus de milieux populaires, (moins de 2 % d’élèves issus de familles de cadres ou de professions libérales) (Marcacci & Chardon, 2004 : 79) considérés comme turbulents et incapables de tenir en place dans le cadre d’un enseignement conventionnel. À l’évidence, instrument de reproduction sociale, ce dispositif offrait dans le même temps une insertion forte et assurée dans l’emploi par l’acquisition de savoir-faire conduisant ensuite à une certification par le biais du système suisse de l’apprentissage.1
2Quelque quarante ans après la fermeture du dispositif de préapprentissage du Grütli, les transitions entre l’école et l’entrée dans l’emploi manuel sont loin de se faire de manière aussi directe. En nous appuyant sur la perspective proposée par Claude Dubar (2001), qui postule que la question de l’insertion doit être envisagée comme le produit d’une construction sociale (Dubar, 2001 : 26) propre à un contexte et au jeu des acteurs impliqués dans ce champ, nous essaierons de montrer comment la question de l’insertion de jeunes en rupture de formation, décrocheurs et décrocheuses, s’est imposée à Genève comme une question sociale problématique. Et ce, dans un canton connu pour son taux de chômage bas en comparaison européenne et pour sa relative bonne santé économique. Dans le même temps, sur la base d’éléments statistiques liés au profil, à la situation et au parcours des jeunes décrocheurs et décrocheuses, nous essaierons de mettre en lumière les oscillations de la construction de la réponse institutionnelle qui ont conduit, à Genève, à la mise en place de deux dispositifs d’insertion parallèles. Le premier dispositif se déploie au niveau de l’État cantonal,2 qui présente toutes les caractéristiques des politiques publiques d’activation, le second est ancré dans la proximité, au niveau municipal, qui dessine en creux des formes d’alternative au premier.
3Sur la base des résultats de deux études qualitatives (Wicht & Peradotto, 2012 ; Peradotto, 2012) portant sur l’évaluation de l’un de ces dispositifs d’insertion municipaux destinés aux jeunes de 15 à 25 ans, l’antenne VIA (Vers l’intégration et l’autonomie), nous chercherons, au moyen d’une approche compréhensive et empirique, à mettre en lumière « un monde de l’insertion » (Dubar, 2001 : 33) qui prend racine dans le contexte particulier de la Ville de Genève. À partir des résultats de focus groupes réalisés avec les intervenants sociaux du dispositif VIA, nous chercherons à montrer comment ces derniers se distancient des « bonnes pratiques » mises en avant par un État social actif, qui prône l’efficience de mesures, souvent contraignantes, de retour rapide dans des emplois incertains. Au sein de ce dispositif, les intervenants sociaux remettent au centre de leur action, le temps nécessaire à l’établissement d’un lien de confiance avec les jeunes, le principe de « libre adhésion » aux ressources proposées et la coopération étroite avec les travailleur-euse-s sociaux-ales du secteur « bas seuil », souvent seul-e-s professionnel-le-s encore en contact avec ces jeunes. Dans le prolongement, nous aborderons les modalités d’accompagnement proposées par VIA dans le cadre des stages en micro-entreprises locales. Sur la base d’entretiens approfondis avec les artisans « maîtres de stage », nous montrerons comment nous avons identifié des logiques communes à ces micro-entreprises, des logiques « familiales » et « artisanales », dans lesquelles les acteurs misent sur le « savoir-faire », l’» amour du métier » et mettent ainsi en avant la coopération plutôt que la compétition. Ces logiques s’agrègent aux logiques des intervenants de VIA pour former un monde de l’insertion qui permet aux jeunes stagiaires d’expérimenter, d’avoir un droit à l’erreur, un monde de « l’économie du proche » (Brevilgeri, 2005) qui, au final, offre des espaces de soutien et de reconnaissance à une jeunesse résolument considérée comme en phase de transition et de construction identitaire, et non a priori comme spontanément « entrepreneuse d’elle-même ».
Du principe de démocratisation des études à la question de l’insertion
4Les jeunes qui fréquentent aujourd’hui le dispositif VIA partagent beaucoup de caractéristiques avec les jeunes qui entraient autrefois à l’école du Grütli, mais pour eux point d’entrée directe dans la formation professionnelle duale au sortir de l’école obligatoire.
5Paradoxalement, leur situation est la résultante d’un mouvement, initié à Genève dans les années 1960, qui a mis en avant le principe de démocratisation des études sous l’impulsion de deux principaux courants de pensée a priori antagonistes (Hutmacher, 1993 : 16). Dans un contexte économique florissant, la volonté des milieux de gauche de porter une politique de « démocratisation des études » et de lutte contre l’échec scolaire a rencontré un terreau favorable auprès des milieux économiques qui avaient comme nécessité de former quantité de personnel hautement qualifié, soutenant ainsi « une politique scolaire plus promotionnelle que sélective » par le biais de dispositifs d’orientation scolaire.
6Au début des années 1990, pour les élèves en fin de scolarité obligatoire, l’orientation scolaire prend peu à peu des formes de course effrénée pour la valorisation du capital scolaire. Pour faire face à la crise qui se profile, Genève poursuit sa mue entamée dans les années 1960, qui lui avait déjà permis de faire face à la crise des années 1970. En tant que canton urbain, il mise sur le tertiaire et sur sa capacité à être un pôle de croissance attractif dans le domaine de la finance et pour de grands groupes multinationaux. Dans tous les domaines, la part des emplois très qualifiés augmente bien plus significativement que la part globale des emplois (Amos, Evrard, Hrizi, Rastoldo & Silver, 2010 : 29). Pour les jeunes en formation, il s’agit alors de mobiliser à la fois un capital scolaire solide reposant sur un diplôme de formation obligatoire et un capital attendu sur le marché de l’emploi qui pourrait se comprendre comme la capacité à s’engager dans un projet, à communiquer, à s’inscrire dans un réseau et à le mobiliser, ou encore à être enthousiaste, impliqué, polyvalent, évolutif, autonome et flexible (Boltanski & Chiapello, 1999).
7Pour les jeunes de 15 ans en fin de scolarité obligatoire, les principes chers aux politiques publiques des années 1960 apparaissent nettement remis en cause. La pression sur la valorisation du capital scolaire conduit 70 % des jeunes à s’orienter, parfois comme ils le peuvent, vers les filières gymnasiales3 (Le Roy-Zen Ruffinen, 2007 : 25) ; parmi eux, près de 80 % des enfants de cadres et 30 % des fils et filles d’ouvriers (Le Roy-Zen Ruffinen, 2011 : 39), ce qui relativise sensiblement le programme de démocratisation des études conduit pendant près de quarante ans. Pour les 30 % d’élèves restants dans les filières générales et pratiques conduisant vers la formation professionnelle, l’orientation au sortir de l’école obligatoire relève alors de l’orientation par défaut (Rastoldo, Kaiser et Alliata, 2005 : 24-27) et l’entrée dans la formation professionnelle duale est peu à peu remplacée par l’entrée dans des structures de transition, visant moins une éducation spécifique de ces jeunes fragilisés qu’une occupation temporaire permettant de pallier la hausse de qualifications requises pour entrer sur le marché de la formation duale. Un marché dans lequel les entreprises jouent le premier rôle en définissant elles-mêmes les conditions d’accès à leurs offres de formation. Ces jeunes apparaissent alors clairement comme les perdants du processus, qui requiert la combinaison d’un capital scolaire élevé et d’un capital social valorisé. Plus de la moitié des élèves orientés vers une structure de transition décrochent du système scolaire l’année suivante et les trois quarts d’entre eux ne sont pas diplômés dans une période de 6 ans qui suit leur sortie (Amos, Evrard, Hrizi, Rastoldo & Silver, 2010 : 35). Dans le même temps, leur « capacité à faire projet » se rapproche plus de tentatives d’adaptation pour faire face aux circonstances dont ils ont le sentiment de ne pas avoir la maîtrise que d’une aptitude « à être entrepreneurs d’eux-mêmes » (Kaiser & Rastoldo, 2007 : 54-56).
Entre visibilité et invisibilité, les oscillations de la réponse institutionnelle
8Ce mécanisme de décrochage particulièrement saillant pour les jeunes engagés dans des structures de transition au sortir de l’école obligatoire prend la forme de parcours non linéaires d’insertion. Ils sont composés de réorientations multiples qui occasionnent des interruptions momentanées de la scolarité, des sorties provisoires qui comportent à chaque fois le risque de ne pas entrer à nouveau dans le système de formation. Dès le début des années 1990, Eckmann, Bolzman et de Rham (1994) montrent que ces jeunes décrocheurs se trouvent alors dans un entredeux qu’ils qualifient de « no man’s land institutionnel » puisqu’aucune des structures d’aide sociale classique ne prend en charge ces difficultés nouvelles de réinsertion dans le dispositif de formation.
9En regard de ce « no man’s land institutionnel », l’adaptation des politiques publiques et des réponses institutionnelles peut être envisagée à partir de trois enjeux : le premier concerne la capacité des dispositifs à être à nouveau en contact avec les jeunes décrocheurs, à leur permettre de sortir de l’anonymat, le second est lié à la capacité d’institutions diverses à s’adapter à cette nouvelle donne et à se coordonner, le dernier implique la nature de l’offre proposée à des jeunes au final considérés comme inutiles au modèle de développement économique du canton.
10En vingt ans, deux « mondes institutionnels » de l’insertion vont se constituer à Genève sur la base d’un jeu de clair-obscur qui se joue entre le niveau de l’État cantonal et le niveau local de municipalités, entre l’invisibilité relative des jeunes ou au contraire leur grande visibilité (Beaud, Confavreux & Lindgaard, 2006) et, au final, entre des visées de soutien par l’activation (Hamzaoui, 2005) ou au contraire par la proximité familière (Breviglieri, 2005).
11Sur le plan de l’État cantonal, il faut près de dix ans pour que les jeunes décrocheurs sortent de l’invisibilité et que l’on passe d’une conception portant sur les représentations d’» une catégorie de jeunes, momentanément fâchés avec l’école » (Grand Conseil genevois, 1997) à la reconnaissance d’un problème public reposant sur l’augmentation manifeste du nombre de jeunes à l’aide sociale (Département de l’instruction publique, 2007 : 2). Ce jeu entre l’invisibilité de la sortie du dispositif d’orientation scolaire et la visibilité de l’augmentation des prestations sociales va façonner la réponse institutionnelle de l’État cantonal autour de la nécessité de coordonner de manière efficiente le pôle de l’orientation scolaire et le pôle de l’aide sociale et des prestations liées au chômage. Cette coordination va s’organiser de manière paradoxale autour de la mise en avant de la logique du projet individuel. D’un côté, l’orientation scolaire postule que le passage par une série de prestations administrées de manière linéaire permet au jeune décrocheur de développer un projet qui cadrera avec les besoins du marché de l’emploi, de l’autre, l’aide sociale enjoint le jeune bénéficiaire à développer un projet personnel et professionnel afin de bénéficier en contrepartie de prestations temporaires. Cette double logique dans le dispositif coordonné, intitulé « encouragement pour la qualification et l’insertion professionnelle » (Commission externe d’évaluation des politiques publiques, 2011) produit une double contrainte pour les jeunes. Ainsi, devront-ils être recensés et signalés pour qu’ils entrent de nouveau dans le dispositif de prestations de l’orientation scolaire, et dans le même temps ils devront respecter les termes d’un contrat qui les engage à passer linéairement ces étapes pour sortir rapidement du dispositif d’aide sociale.
12A cette invisibilité des jeunes décrocheurs sur le plan cantonal va s’opposer leur grande visibilité au plan local, à l’échelle des municipalités. Deux éléments se cristallisent alors dans les municipalités genevoises autour de la présence des jeunes dans l’espace public. Le premier est lié au couple insécurité sociale-insécurité civile (Castel, 2003) ; la réaction sociale de certains habitants est forte autour des débordements prêtés à tort ou à raison aux jeunes : quelque chose change à Genève sous l’effet généralisé de la hausse de la compétitivité et les jeunes désœuvrés font figure de preuve tangible de ce changement. Le second élément est lié à l’écho des thèses diffusées en France autour des incivilités (Roché, 2002). La question de la violence dite « ordinaire » s’impose dans les municipalités en devenant « problème public » (Vuille & Gros, 1999 ; Frauenfelder & Mottet, 2012) en lieu et place de la question du décrochage scolaire.
13Pour les dispositifs locaux de travail social, tels le travail social hors murs ou l’animation socioculturelle dans les centres de loisirs, l’enjeu ne se présente plus en termes d’occupation des jeunes hors du temps scolaire, mais autour de la capacité à rester en contact avec des jeunes fragilisés. Il s’agit aussi de mettre en lumière les risques de désaffiliation des jeunes stigmatisés comme fauteurs de trouble (Libois & Wicht, 2004 ; Vuille & Wicht, 2007). Dans l’ensemble des communes suburbaines et sur le territoire de la Ville se constituent des réseaux autour de la question de la jeunesse composés d’acteurs locaux du travail social en milieu ouvert, de représentants locaux des dispositifs scolaires, de représentants des services municipaux. Sous la double impulsion de ces réseaux et du constat qu’une partie des jeunes ne parvient pas à accéder aux dispositifs de soutien cantonaux vont se créer peu à peu dans chacune des communes suburbaines et en Ville de Genève des structures municipales d’insertion. Ces structures, créées souvent sur un mode empirique, viennent s’inscrire comme le prolongement de l’action de travail social en milieu ouvert et proposent toutes le même mode de fonctionnement basé sur une dimension d’accueil bas seuil – par le biais de permanences très accessibles –, une dimension de suivi personnalisé ainsi qu’une dimension liée à la mise en action directe par le biais d’une offre de stage.
Le dispositif VIA : une réponse au niveau local
14La structure d’insertion VIA a été créée en 2010 sous une forme associative, avec le soutien de la Municipalité de Genève. Elle compte quatre travailleur-euse-s social-e-s. Ses objectifs prioritaires sont de soutenir les jeunes de 15 à 25 ans qui ont quitté le système de formation et qui ne sont pas en contact avec les dispositifs cantonaux susceptibles de les soutenir.
Coopérer pour établir le contact avec les jeunes
15Afin d’être en mesure d’entrer en contact avec les jeunes des différents quartiers de la Ville, la structure a mis en place un travail de coopération étroite avec les différents partenaires du réseau de travail social bas seuil de la Ville. Cette coopération implique de la part des collaborateur-trice-s de VIA une action de décentralisation ; il leur faut aller à la rencontre de leurs partenaires sur leurs terrains ou dans leurs institutions afin de faire connaître l’action de VIA.
16Le potentiel d’action de VIA découle de cette coopération étroite et vivante qui s’oppose à une conception de la coordination interinstitutionnelle basée sur les injonctions au recensement et au signalement des jeunes. VIA et ses partenaires misent résolument sur la libre adhésion des jeunes concernés et la transmission de liens de confiance établis avec ces derniers. Si une coopération effective prend corps à VIA, c’est grâce au potentiel d’ouverture de la structure elle-même : coopérer fait partie même de son projet institutionnel. La structure est pensée comme une « structure relais », son potentiel permet aux professionnel-le-s d’institutions qui disposent de moins de marge de manœuvre de s’impliquer eux-mêmes directement dans un processus de coopération. Les professionnel-le-s font ainsi vivre au quotidien un travail en réseau, peu balisé dans le contexte interinstitutionnel genevois.
La nature du lien avec le réseau est de nature personnalisée. Je ne veux pas appeler le secrétariat, j’appelle mon contact direct… Comme ça, je suis en confiance, je n’ai aucun a priori à lui amener un jeune. Ce n’est pas institutionnalisé, il n’y a pas de protocole établi… (Entretien avec un animateur de maison de quartier, 13.12.2011).
17La capacité de construire ce partenariat sur mesure apparaît comme une condition prépondérante pour chacun des professionnels interrogés.
Une fois que le jeune est pris en charge par VIA, on maintient un suivi conjoint. On dose au cas par cas. Cela dépend de la situation du jeune. Cette adaptation au cas par cas, pour nous c’est vraiment un atout. On a plutôt des soucis avec les structures qui ne le font pas (Entretien avec un éducateur d’assistance personnelle, 07.12.2011).
18Ainsi, la forme du suivi conjoint du jeune par VIA et ses partenaires ne répond pas à une procédure linéaire, prédéterminée et strictement balisée. Au contraire, elle apparaît comme une co-construction « sur mesure » suivant les particularités de chacune des situations.
Transmettre les liens établis et établir la confiance avec les jeunes
19Huit jeunes sur dix arrivent à VIA sur les conseils d’un-e autre travailleur-euse social-e du réseau, les autres arrivent essentiellement sur les conseils d’un-e ami-e. Concrètement, cette arrivée à la permanence de l’antenne VIA est préparée en amont entre le partenaire du réseau et le jeune, qui est pleinement informé des prestations de l’antenne. Comme le signifie un travailleur social hors murs, la possibilité d’effectuer une passation en souplesse repose sur la solidité du lien établi en amont. C’est ce qu’explicite aussi un animateur de quartier, soulignant l’importance de l’établissement du lien de confiance :
L’objectif est de conserver le lien que nous avons avec eux… Mettre à profit le lien de confiance que l’on a… Ces jeunes viennent nous voir parce qu’on les connaît depuis des années… C’est des ados qu’on a vu grandir… des gamins qu’on a vu devenir ados et ensuite jeunes adultes… Il y a ce lien de confiance qui est hyperintéressant car soit à la maison, ils n’ont pas cet écho face à un adulte… ils n’ont pas d’adultes face à eux… Même en les voyant deux heures par semaine, ça maintient un lien avec le monde adulte (Entretien avec un animateur de maison de quartier, 13.12.2011).
20Pour les partenaires œuvrant en milieu ouvert, il s’agit d’être en mesure d’accompagner le jeune jusqu’au bon moment, jusqu’au « déclic » qui l’amènera à franchir le pas, à quitter son quartier et à se rendre à VIA. Pour faciliter le passage vers l’antenne, les partenaires du travail social relèvent l’importance de ce que l’on pourrait qualifier de recherche de la « bonne temporalité » : il faut que le jeune soit prêt et, pour cela, il apparaît comme nécessaire de s’affranchir de certaines pressions liées au rendement. Les partenaires comme les collaborateurs de VIA amènent le respect du rythme comme convention commune.
Il y a besoin d’être dans le bon temps. Il faut aller au bon rythme : si on va trop vite, on perd les jeunes. Il y a tout un travail autour de ce rythme qui se négocie avec eux. Le temps, c’est un de nos meilleurs outils (Entretien avec un conseiller d’orientation, 20.12.2011).
21Lors de cette première phase d’accueil à VIA, il n’y ni anamnèse préalable ni contractualisation formelle. Les souhaits et projets du jeune – ou leur absence – sont perçus comme des supports à la rencontre plutôt que comme le début d’élaboration d’un projet. Venir ouvrir la porte constitue la première démarche, à laquelle l’équipe de VIA accorde beaucoup d’importance. Cette première démarche forme les prémisses d’un contrat informel entre le jeune et le collaborateur. Il se prolonge dans la confirmation du choix, que doit donner le jeune dans un délai de 48 h après sa venue à la permanence, de poursuivre sa démarche.
22Dans la seconde étape du processus d’accompagnement proposé par VIA, qualifiée « d’accroche », ce qui apparaît prépondérant, c’est la constitution d’un lien étroit avec le jeune. Les collaborateur-trice-s de l’antenne présentent l’attention particulière à la relation comme un outil de base à leur travail d’accompagnement. Cette phase de prise de contact se décline sur différents modes, dont la mise en activité directe constitue une des particularités. Au lieu d’une multitude d’entretiens en face à face, la mise en action permet d’établir un bilan de la situation du jeune au sein même de l’activité qui lui est proposée. La tâche est perçue comme un support à l’émergence de la relation avec le jeune :
Selon qu’on arrive à mobiliser un lieu de stage le plus rapidement possible. Le but est de mettre le plus vite possible le jeune en activité. Si le jeune est plus ou moins déprimé, on va choisir une activité plutôt ludique, un truc un peu sympa. Peu importe l’activité, l’important, c’est de faire avec… (Entretien avec une collaboratrice de VIA, 27.09.2011).
23Entre l’arrivée à VIA et le premier stage proposé, le temps est court. Le fait qu’il ne s’écoule généralement pas plus de trois semaines avant qu’un jeune soit mis à pied d’œuvre et puisse faire l’expérience d’un stage témoigne d’un mode d’accompagnement pragmatique, qui prend clairement le pas sur un mode d’accompagnement basé sur l’établissement d’un projet.
Il faut une activité. On a une activité dans un cadre qui s’y prête … Et nous travaillons les difficultés après, s’il y en a (Entretien avec un colaborateur de VIA, 10.10.2011).
Les lieux de stage, un espace de socialisation basé sur la solidarité et le savoir-faire
24Les collaborateur-trice-s de VIA ont développé un partenariat avec cinquante-sept lieux de stage, composés en majorité d’entreprises actives dans les domaines de la finition de construction, dans la réparation automobile ou dans le commerce de détail. Près des trois quarts de ces entreprises partenaires sont des micro-entreprises qui souvent ne comptent qu’un à deux collaborateurs.
25Dans l’étape stage du processus, les acteurs des micro-entreprises proposent un espace de socialisation qui s’agrège aux valeurs partagées par les partenaires du travail social et les collaborateurs de l’antenne. Suivant une logique que nous avons qualifiée d’» artisanale », l’action de « bien faire son travail » apparaît comme une convention commune : le travail n’est pas réduit à une tâche utilitariste et productive. Il s’accompagne de la satisfaction par l’accomplissement d’un travail de qualité :
Je veux lui expliquer qu’on a un beau métier, avant tout, si on sait travailler, il y a toujours du travail pour les gens qui ont du savoir-faire maison, on a un métier d’artisan au départ (Entretien avec un patron d’une entreprise de peinture, 11.11.2011).
26Si le travailleur doit être flexible et polyvalent pour faire face à la concurrence, il garde avant tout une spécialité dans un domaine, il poursuit une voie plutôt qu’il ne passe d’un projet à l’autre. Sa persévérance à la tâche prévaut sur son adaptabilité. C’est l’amour du travail bien fait, l’ancrage dans la tradition et la transmission par l’apprentissage qui priment, favorisant la coopération par rapport à la compétition. Les professionnels y suivent une sorte de hiérarchie inversée, où ce ne sont plus les résultats scolaires qui font office d’épreuves, mais le « tour de main », laissant une chance aux jeunes de VIA, dépourvus d’un capital scolaire fort, d’y « concourir les épreuves ».
27Outre cette dimension artisanale, les partenaires-entreprises mettent en avant une dimension familiale, où prévaut la solidarité plutôt que l’autoresponsabilisation. L’image de l’entreprise familiale transparaît clairement, avec des allusions plus ou moins affirmées renvoyant à la logique domestique :
C’est une raison familiale, société familiale, donc on l’a pris un peu sous notre aile comme un enfant. Forcément, lui se sent aimé et on le lui rend dans un certain sens : on lui a offert un petit scooter, on lui fait bien comprendre qu’il est important chez nous. Voilà : il nous rend et nous on lui donne (Entretien avec le patron d’un garage 18.11.11).
28Le stagiaire passe par l’apprentissage de codes (le respect, la ponctualité, la fiabilité, la franchise), appelant de facto une interdépendance entre les personnes. L’apprentissage de ces codes, comme celui du métier, s’accompagne d’une dimension éducative découlant d’un sentiment de coresponsabilité à l’égard de la jeunesse. Le jeune a droit à ce qu’on pourrait qualifier, dans le cas des jeunes de VIA, d’une « seconde chance » que les accompagnants mettent en lien avec leur propre parcours, dans une logique de réciprocité collective : comme on m’a donné une chance, à mon tour, j’en donne une. « Donner une chance » vient compenser un contexte perçu comme beaucoup plus exigeant pour la jeunesse en général :
C’est beaucoup plus dur, ils sortent de l’école enfantine et ils savent déjà où ils doivent aller. Pratiquement, faudrait déjà qu’ils aient un débouché après l’école enfantine (Entretien avec un menuisier, 18.10.2011).
29Alors que l’ensemble du système d’insertion, d’orientation et de formation invite les jeunes décrocheurs – les enjoint même dans bien des cas – à se projeter dans ce qui devrait être leur vie d’adulte, la quasitotalité d’entre eux est incapable de formuler le moindre élément de ce qui pourrait être un début de projet. A l’inverse, les partenaires-entreprises proposent un espace alternatif à la logique méritocratique, où domine une vision individualiste de la réussite, dépendante de la capacité à « faire projet ». Ils construisent avec l’ensemble des acteurs du dispositif un monde de l’insertion accessible aux jeunes décrocheurs, qui peuvent y prendre part sans en être les « perdants d’avance ».
Le dispositif VIA comme monde de l’insertion coopératif
30En misant sur le développement d’une relation de confiance avec les jeunes pour mener à bien un travail d’accompagnement au quotidien, l’action du dispositif VIA pourrait présenter toutes les caractéristiques d’un travail social ancré dans les nouvelles normes d’accompagnement social, qui vise la remobilisation et l’autoréalisation de jeunes particulièrement fragilisés. En effet, VIA vise, comme son nom l’indique, l’intégration et l’autonomie ; toutefois, sa vision de l’autonomie est indissociable d’une responsabilité collective vis-à-vis de la jeunesse et s’éloigne d’une éthique centrée sur la seule responsabilité individuelle (Astier, 2005).
31Dans les interstices de leurs structures respectives, les différents partenaires du dispositif VIA tissent de façon informelle un certain monde de l’insertion, dont le liant naît de la « confiance ». Non d’une confiance factice et superficielle qui dépend des opportunités et de l’occasion, mais bien d’une confiance qui « naît de la reconnaissance ouverte de la dépendance mutuelle, la reconnaissance qu’on ne peut s’en sortir seul » (Sennett, 2000). Cette confiance est rendue possible par une bonne connaissance mutuelle qui permet in fine une coopération effective. De fait, le dispositif VIA travaille avec les jeunes, mais dans le même temps il travaille à casser la seule relation en face à face, centrée sur l’individu, pour prendre appui sur un collectif (Castel, 2009).
32Nous l’avons montré, les intervenants sociaux de VIA éludent les injonctions liées à la mise en projet personnel des jeunes pour concentrer leurs actions sur ce que Breviglieri (2005) définit comme la possibilité de se « rapporter familièrement au monde ». Résoudre cette équation apparaît comme particulièrement complexe. Il faut d’une part, par le biais d’un travail individuel, permettre à ces jeunes de trouver de la confiance dans un monde de l’emploi dont ils ne possèdent pas les clés ainsi que dans le monde de proximité de leur quartier, où ils sont parfois montrés du doigt comme des « fauteurs de troubles » potentiels. Dans le même temps, ils tentent de créer, par un travail collectif, des espaces de reconnaissance dans lesquels il est possible de trouver sollicitude et protection.
33Créer ce « monde de l’insertion » dans le proche suppose, comme le montre Dubar (2001), un partage de références, de conception du travail et d’expérience au quotidien. Il s’agit là d’un processus dynamique dans lequel prévaut l’interaction sur ce qui est établi ou défini « par le haut ». La notion de transaction mise en avant par Foucart (2005) permet de bien saisir la nature subtile de cette mécanique sociale. Ces transactions se conçoivent comme des « compromis de coexistence » qui permettent de prendre en compte les synergies et l’imprévisible. Elles présupposent que la « relation sociale n’est jamais acquise » et n’inscrivent pas l’accompagnement dans une logique linéaire et mécanique, mais appelle des ajustements continus. Elle se caractérise par une « manière de coopérer qui se situe au-delà de l’utilitarisme et tend à se constituer comme valeur » (Foucart, 2005 : 113).
34Dès lors, dans le monde de l’insertion de VIA, la logique familiale de la petite entreprise rencontre le familier du travailleur social présent au quotidien dans le quartier et l’amour du travail bien fait et du geste juste de l’artisan rencontre une conception, artisanale elle aussi, de l’action sociale et éducative. Une conception portée bien avant l’avènement de la notion du « travail social avec autrui » par des éducateurs tel que Fernand Deligny qui, comme le rappelle Françoise Ribordy Tschopp (1989), met au centre de la relation d’accompagnement, la nécessité de « créer le geste singulier à chaque situation éducative ». Une situation éducative conçue dans sa dimension créative et incertaine, mais devant s’inscrire dans la continuité afin que le travailleur social puisse être un « créateur de circonstances ».
35Ce « monde de l’insertion » construit par le bas élude en fait quasiment cette visée d’insertion pour revenir à une notion presque oubliée par les dispositifs de l’État cantonal s’agissant de jeunes décrocheurs et décrocheuses, l’éducation. Le dispositif VIA construit et offre un accès facilité à un cadre éducatif et, plus encore, il offre une possibilité aux jeunes d’avoir une place dans ce cadre. Bien entendu, le retour dans un cadre éducatif pour des jeunes de 18 à 25 ans – même de manière librement consentie – implique que l’on se frotte aux risques de la « tyrannie du proche » (Breviglieri, 2005), à l’accompagnement du maître de stage ou du travailleur social qui pourrait devenir étouffant, voire intrusif. Notre étude donne essentiellement la parole aux acteurs socio-éducatifs et il serait bien sûr nécessaire de prolonger ces travaux afin de recueillir les représentations des jeunes. En l’état, une année après être entrés à VIA, un tiers des jeunes est reparti sans donner de nouvelles, un autre tiers est retourné en formation et un autre tiers poursuit le processus de stages au sein de VIA.
En conclusion
36VIA offre, comme l’école du Grütli d’alors, une possibilité aux jeunes en rupture de formation de s’inscrire dans le monde, même s’ils ne disposent pas des capitaux attendus dans le marché de l’emploi genevois actuel. Mais le dispositif VIA se déploie aujourd’hui par le bas, presque par défaut, à la marge des dispositifs de l’État cantonal. Son action qui met en lumière, en leur permettant de sortir de l’anonymat de leurs quartiers, les jeunes décrocheurs et décrocheuses, interroge de fait un modèle de développement économique qui a éludé l’activité manuelle et artisanale. Mais elle interroge aussi le principe canonique de la démocratisation des études, qui a vu se transformer la possibilité pour tous et toutes de faire des études supérieures en une injonction à tous et toutes de devoir faire des études supérieures.
37Par le bas et de manière empirique, un dispositif comme celui de VIA ouvre la voie à la nécessaire réunion de deux impératifs politiques rappelés dans la presse par Edgar Morin, à savoir « développer conjointement ce qui apparaît comme antagoniste aux esprits binaires : l’autonomie individuelle et l’insertion communautaire » (Morin, 2012). Dès lors, l’État cantonal, plutôt que de laisser le « local à lui-même » (Castel, 2009 : 244) doit pouvoir s’appuyer sur l’expérience de dispositifs municipaux comme celui de VIA pour revisiter le principe de la démocratisation des études à l’aune de la nécessaire coresponsabilité des acteurs d’une collectivité à l’égard de la jeunesse et, pour paraphraser Richard Sennett (2000), à la possibilité qui lui est offerte d’exercer une « activité avec des qualités », que cette activité soit intellectuelle, mais aussi manuelle, telle que la proposent aux jeunes de VIA les accompagnants de stage.
Bibliographie
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Références bibliographiques
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Notes de bas de page
1 Système de formation professionnelle dual : la partie pratique est acquise en entreprise et la partie théorique dans une école.
2 En Suisse, les politiques de formation et d’insertion des jeunes relèvent essentiellement des différents cantons et non de la Confédération.
3 Filières de formation qui conduisent à une certification de type « baccalauréat ».
Auteurs
Laurent Wicht est professeur HES à la HETS-Genève. [laurent.wicht@hesge.ch]
Julie Peradotto est assistante HES à la HETS-Genève. [julie.peradotto@hesge.ch]
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