Introduction
De la prévention dans un monde en mutation
p. 19-35
Texte intégral
La prévention en débat
1La formation, la place et la mission occupées par les travailleurs sociaux les amènent à poser régulièrement un regard fin sur divers processus de régulation sociale. Certains phénomènes sont aujourd’hui révélateurs de nouvelles pressions sur des populations vulnérables ou dominées, pressions dont on peut dire qu’elles sont actuellement influencées par des champs de recherche spécifiques nouveaux ainsi que par les effets du libéralisme sur les politiques publiques à la recherche d’efficience. Ainsi en est-il par exemple des programmes de prévention précoce des troubles des conduites sociales des enfants et des jeunes, lesquels, au-delà d’un souci politique de prévention de difficultés d’intégration, ne peuvent être déployés à nos yeux sans une réflexion approfondie sur les enjeux théoriques, politiques et éthiques qu’ils recouvrent.
2Dans cet ouvrage, nous avons cherché à transmettre un certain nombre des réflexions que nous menons sur la question de la participation sociale des enfants, des jeunes, de leurs familles dans le monde d’aujourd’hui, en mettant en discussion diverses conceptions du concept de prévention dont celui de la prévention précoce prédictive en regard des politiques publiques qui y sont associées. Notre intention a également été de montrer comment des professionnels et des responsables politiques s’y prennent pour garantir des interventions visant la participation et l’émancipation.
3Les membres du réseau local de compétences « Socialisation des mineurs » se penchent depuis plusieurs années – entre autres thèmes d’importance – sur la question de la prévention précoce de la violence. Avec la réflexivité qui s’impose, ils tentent de saisir cette question au travers des normes en vigueur et des visions politiques sur lesquelles s’appuient les interventions de soutien à l’enfance et à la jeunesse. Une même question parcourt la petite enfance, l’adolescence et la jeunesse : comment soutenir la participation de la nouvelle génération sans l’enfermer dans des catégorisations et des présupposés normatifs ou des impasses prédictives ?
4À l’origine de cet ouvrage, la responsable du réseau « Socialisation des mineurs », s’appuyant sur l’intention maintes fois évoquée par ses membres, a sollicité différents professionnels afin qu’ils livrent leurs réflexions et analyses sur ces questions centrales, que ce soit à partir de contenus de cours destinés aux travailleurs sociaux en formation, de recherches en sciences sociales ou encore de pratiques sociales de terrain.
5La difficulté à empoigner la question de la prévention précoce dans le monde d’aujourd’hui repose sur notre ambivalence à interroger, voire à remettre en cause le concept de prévention sociale, qui est un des postulats fondamentaux du travail social. En effet, les fondements de la prévention sont, du point de vue du travail social, de favoriser la participation de tous à ce qui fait société ; par contre, s’il convient de défendre le respect de la liberté et des choix de chacun, il s’agit aussi de viser l’éradication de l’exclusion sociale, principalement lorsque le processus d’exclusion touche des personnes ou des groupes dont la situation de marginalité ou de différence par rapport à la norme n’est pas choisie ou qu’elle est définie par d’autres.
6Il devient dès lors nécessaire de nous pencher sur les ambivalences et paradoxes de l’évolution de la prévention aujourd’hui.
7L’exemple de la prévention de la délinquance juvénile est à cet égard intéressant. Comme cela apparaît fortement depuis plusieurs années dans divers contextes nationaux, la prévention de la violence et de la délinquance juvénile s’apparente parfois, sous couvert de dépistage en vue d’une action sociale efficace, à une détection précoce des conduites sociales indésirables, détection qui comporte des effets stigmatisants. Elle peut même évoluer vers une prédiction causaliste de troubles à venir, qui du coup enferme les individus et les groupes dans des trajectoires prédéterminées alors que le but de la prévention, éthiquement parlant, vise davantage la possibilité de participer au mieux à la société pour celles et ceux qui sont placés dans des contextes de vie en déficit d’intégration. Certains programmes de prévention de la délinquance mis en avant dans divers pays anglo-saxons et particulièrement au Canada s’appuient sur des travaux du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP, Montréal) qui cherchent à détecter le plus précocement possible l’agressivité du tout petit, de lui faire suivre ainsi qu’à ses parents des programmes de développement des compétences sociales, afin de lui éviter une carrière de délinquant à l’adolescence. Noble but peut-être, mais déterminisme trompeur, nimbé de partialité, et aisément falsifiable scientifiquement. Du point de vue éthique, c’est encore plus critiquable.
8On pourrait résumer dès lors ainsi la posture réflexive qui anime cet ouvrage : prévenir oui, prédire non !
9Nous remarquons que la prévention universelle visant à favoriser l’intégration de tous (appelée aussi prévention primaire) tend aujourd’hui à diminuer au profit de la prévention sélective visant certaines catégories de population à risques, (dite aussi prévention secondaire). Nous sommes inquiets lorsque celle-ci évolue en systématisation de la prévention individuelle visant le contrôle des déviances (c’est la prévention indicative), alors même qu’on ne peut relever d’épisode de déviance ayant eu lieu (c’est là par exemple le cas de la prévention qui s’adresse aux jeunes mères enceintes, donc à des bébés encore non nés !) Alors, il nous apparaît impératif de le dire, de questionner les normes qui caractérisent la déviance et de chercher à qui cela profite réellement et à quoi cela sert socialement. Il nous paraît aussi important de mieux comprendre les théories qui sous-tendent ces évolutions.
10Nous cherchons dans cet ouvrage à discuter l’hypothèse que la prévention des difficultés sociales se construirait à partir des caractéristiques intrinsèques de la personne et de sa trajectoire individuelle sans prise en compte du contexte qui l’environne et des inégalités qui en sont souvent le terreau. Nous avançons l’idée que la prévention commence surtout par la transformation des conditions de vie et de relégation subies par certains groupes sociaux et par l’effort à déployer pour une plus grande participation de ceux-ci, selon des modalités moins normatives.
11L’autre élément qui nous préoccupe est l’auto-attribution, contestable, par des sciences dites causalistes ou positivistes, de la définition de ce qu’est une bonne vie, un enfant qui a les habiletés sociales adéquates et à quel âge, un comportement acceptable, un comportement déviant, un danger pour la société, un risque de délinquance, des parents qui possèdent des compétences éducatives ou non, etc., ainsi que la légitimité de leur pouvoir. Donnons deux exemples : premièrement, les échelles actuarielles de la récidive, utilisées progressivement par les autorités politiques de certains pays anglo-saxons et européens permettant de garder incarcérés des individus après la fin de leur peine ;1 deuxièmement, les catégories diagnostiques du DSM-52 établies par l’association des psychiatres américains et faisant référence dans la psychiatrie internationale, basées sur un recensement de symptômes objectivables mais isolés et totalement décontextualisés, catégories relevant d’un inventaire à la Prévert si ce n’était faire injure au poète et au devenir humain…3
12Nous devons donc nous atteler à comprendre et différencier les fondements sur lesquels se basent les interventions de prévention, et à étudier les conditions permettant à cette dernière de remplir sa mission telle que la voit le travail social dans son ensemble. Parallèlement, nous pouvons montrer comment des travailleurs sociaux, des enseignants, des responsables politiques luttant contre les inégalités mettent en œuvre des pratiques alternatives, émancipatrices, créatrices de lien social plus que de stigmatisation.
13Avant d’entrer dans le corps de l’ouvrage, il nous a paru nécessaire de dresser une toile de fond du contexte social actuel pour y inscrire l’objet qui nous occupe, tant les mutations actuelles d’ordre social, économique, scientifique, culturel et politique ont transformé les regards et les pratiques ces dernières décennies et ont une incidence certaine sur l’évolution du concept de prévention et sur la posture des travailleurs sociaux dans leur profession. Il faut noter que la vision qui est développée dans les lignes qui suivent est issue en grande partie des activités d’enseignement de divers membres du réseau « Socialisation des mineurs » de la Haute école de travail social de Genève (HETS-Genève).
Des enfants et des jeunes, des familles et des professionnels dans un monde en mutations
14Certaines évolutions de notre société concernent directement la vie quotidienne des mineurs et des familles, telles par exemple les places et les rôles des différents acteurs éducatifs, l’émergence de l’individu-sujet et de l’enfant-sujet de droit (Convention des droits de l’enfant), le développement de multiples types d’organisation familiale, l’évolution des technologies de l’information, la médicalisation des comportements. D’autres transformations sont plus éloignées mais touchent néanmoins fortement leur devenir, tels par exemple les principes qui guident les politiques publiques (politiques d’activation), l’augmentation de la précarité, le désarroi des individus sommés d’être libres et en déficit de sens collectif, les craintes devant l’avenir, les organisations gagnées par le new public management et contraintes par l’efficience attendue.
Le sort réservé à l’enfant du XXIe siècle et à sa famille dans un monde d’individus sujets4
15Les apports des sociologues de la famille nous montrent comment les types de structuration et d’organisation familiale5 ainsi que la place de l’enfant dans les contextes nationaux occidentaux ont grandement changé ces trente dernières années. Guérin (2007) parle de familles polymorphes. Widmer & Kellerhalls (2012) observent en Suisse la survenue de modes variés de la modernité conjugale, les divers styles d’éducation des enfants, les équilibres et les tensions entre les avatars de l’individualisme et la persistance des traditions. Selon le MPF (2008), si, en Suisse, les enfants naissant hors mariage ne concernent que 10-12 % d’entre eux, dans le nord de l’Europe, près de 50 % des enfants grandissent hors mariage. L’avènement de l’individu-sujet s’est donc imposé peu à peu au sein des familles dans les deux dernières décennies du XXe siècle, tant du point de vue des pratiques quotidiennes que du point de vue des principes juridiques : en Suisse, on a assisté au lent processus vers l’obtention de droits pour les femmes et du droit de vote en 1971, ainsi qu’à l’égalité constitutionnelle entre hommes et femmes en 1981 ; en Suisse toujours, on assiste à l’avènement de « l’enfant sujet de droits » grâce à l’adoption en 1997 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (CDE).6 À noter que ces nouveaux droits ne sont que partiellement aboutis, particulièrement en ce qui concerne l’égalité salariale entre les sexes. Comme l’avance Comaille (2006), on peut considérer désormais que les principes de la démocratie sont entrés dans les familles. On voit apparaître toute une série de lois protectrices des droits des individus au sein même de l’espace familial. La famille n’est ainsi plus un groupe doté de fonctions qui prime en tant qu’institution, c’est un ensemble d’individus qui jouissent de droits individuels primant sur l’ensemble des droits de ses membres.7 L’enfant est ainsi devenu à son tour un individu reconnu au même titre que son père, sa mère, ou tout autre adulte citoyen et il faut, sur ce versant-là, s’en réjouir.
16Pourtant, une telle avancée ne va pas sans contrepartie. Parmi de nombreuses analyses émanant des milieux de la psychiatrie infantile, Marcelli (2014), nous amène à réfléchir sur l’émergence des pathologies dites du narcissisme. Dans une conférence récente consacrée à l’enfant et à la famille,8 il avance qu’aujourd’hui, sous la contrainte de se construire seul,9 la formation de l’identité en tant que processus individuel (absence d’autrui dans le processus identitaire) provoque un sentiment de flottement identitaire et de potentielles réactions impulsives ou violentes quand la réalité vient heurter l’être qui s’est « autoconstruit ». De même, il observe que se développent aujourd’hui des pathologies de la dépendance, en ce que l’individu qui s’est construit seul, ayant néanmoins profondément besoin des autres, tente parfois de combler le non-attachement à autrui par la dépendance à l’hyperconsommation et aux produits. Pourrait-on faire un parallèle avec ceux que l’on surnomme aujourd’hui les « enfants rois », poussés à se construire seuls ?
17Cette transformation majeure qui concerne l’ensemble des membres de la collectivité produit, dans la société et chez les éduquants en général, une vision de l’enfant et de son statut un peu confuse. Selon Théry (1992), l’intérêt supérieur de l’enfant et les différents principes de la Convention des droits de l’enfant ont engendré des attentes et des obligations qui se heurtent entre elles pour des raisons d’interprétation et de mise en pratique entre niveaux juridiques différents. Certes, l’enfant a droit à une protection accrue, certes l’enfant est une personne et bénéficie de droits, mais pour Théry, et nous partageons en partie sa position, il est avant tout un citoyen en devenir qui a besoin des adultes pour le conduire à ce statut. La transition d’une éducation traditionnelle relativement autoritaire à une éducation plus horizontale (dans certaines familles) s’est déroulée parallèlement à l’avènement de la Convention des droits de l’enfant et à sa diffusion très large par les milieux scolaires et éducatifs, par les organismes de protection, par définition, les milieux progressistes. De là à dire que ce postulat d’un enfant libéré de la domination et de l’exploitation des adultes est porté par les professionnels du social, il y a un pas qu’il s’agit de ne pas franchir ; il n’en reste pas moins que le malaise est perceptible autour de la possible mise en cause de la légitimité de l’autorité des adultes que pourrait présenter la CDE sans l’avoir prévu. Cette controverse doit en tous les cas nous interroger en ce qu’elle est porteuse d’une radicalisation potentielle dont une des conséquences pourrait être, par exemple, l’inévitable et violent retour de balancier en faveur de la notion de cadre autoritariste quand les enfants semblent ne plus respecter aucune limite ou de l’appel à ce qu’ils aient aussi des devoirs. Cela nous apparaît pour le moins aussi peu intelligent que de mettre les enfants sur un piédestal.
18D’un point de vue pédagogique, Meirieu (2009) nous aide à dépasser cette vision stérile entre enfants sujets de droits et enfants à protéger : il nous rend attentifs à la responsabilité des adultes, qui exige de mettre en place des conditions d’accès progressif à ce statut d’un être mature et citoyen. Dans l’ouvrage Lettre ouverte aux grandes personnes sur les enfants d’aujourd’hui (2009), il montre comment l’exigence aujourd’hui est de prendre une place auprès d’enfants en constante progression, il dit sans relâche combien ce processus éducatif nécessite du temps et une attention authentique à l’expression des enfants. Meirieu estime que les droits de l’enfant ont comme corollaire le devoir d’éducation des adultes. Il promeut dès lors un dialogue dans un cadre de protection et de développement.
19En sociologie politique, Châtel (2002), parmi d’autres, montre aussi comment l’enfant, de par cette nouvelle visibilité d’individu-sujet, est devenu un consommateur individuel et la cible de la publicité mondialisée, ce qui contraint les parents à un jeu d’équilibristes, voire d’esclaves du marché. Le statut de parent aujourd’hui n’est pas toujours enviable. Si précieux parce que plus rare et arrivant tard dans la vie des couples, l’investissement de l’enfant s’est modifié. Les projets parentaux sont centrés sur l’épanouissement et la réussite des enfants, car c’est ce qu’exigent les injonctions sociales et politiques envers la fonction parentale alors que, pour les générations précédentes, l’éducation rigoureuse et la santé étaient prioritaires. Cet état d’enfant qui doit réussir et s’épanouir a du coup comme corollaire une famille qui doit l’y aider, qui est rendue seule responsable de l’avenir harmonieux de l’enfant et de sa protection, mais aussi seule responsable de remédier aux écarts à la norme qu’il pourrait présenter.
20Dans le domaine des comportements attendus, nous relevons la montée en puissance de la pathologisation des comportements sociaux en général et de la médicalisation de ceux-ci, ainsi que nous l’avons brièvement abordé au début de cette introduction. Le contenu de la version 5 du DSM10 (2013), qui recense pas moins de trois cent cinquante pathologies, est particulièrement éloquent. En le parcourant, on peut à juste titre éprouver une forme de vertige, se demander quel est le sens d’une telle inflation de maladies mentales ? Certes, des découvertes médicales et scientifiques récentes, particulièrement les neurosciences et l’imagerie médicale, ont permis de mieux comprendre le fonctionnement psychique des individus à partir de données neurobiologiques ; faut-il pour autant adhérer aveuglément à ces catégorisations ? Lorsque l’on sait qu’un certain nombre d’experts de l’APA sont liés aux grandes firmes pharmaceutiques, ainsi que le relevait Cabut (2013) dans le journal Le Monde, on peut légitimement questionner la pertinence des traitements médicamenteux liés aux comportements de plus en plus nombreux qui inquiètent, car cela fait marcher ensemble signalement et interventions de prévention et de protection. Selon Corcos (2011), le DSM n’a pu se développer qu’à travers le processus de rationalisation économique et moral à l’œuvre dans les sociétés occidentales, dans lequel il a trouvé un terrain de choix : traiter la folie en confondant désordre et violence. En cela, le DSM ne serait qu’un symptôme d’une époque qui tient une approche purement descriptive de la pathologie mentale en y faisant entrer des troubles des conduites par définition dépendantes du contexte et des normes en vigueur. Le phénomène dans plusieurs pays de la prévention des troubles des conduites des enfants de moins de trois ans glissant vers une prédiction quelque peu sauvage de violence et de délinquance à l’adolescence en est un exemple.
Points de vue structurel et politique sur quelques éléments contextuels ayant une incidence sur les relations entre un État protecteur et les familles
21Il nous faut d’abord réaliser que les régulations politiques actuelles ont appauvri l’esprit de l’État social, dit État-providence, au profit, au carrefour des crises d’un XXe siècle finissant, d’un État libéral d’activation, exigeant contre son appui un fort engagement individuel à se sortir des impasses et difficultés de la vie.
22Aux crises économiques qui se sont succédé, s’ajoute la mainmise de la pensée libérale sur la gestion politique mettant les finances publiques en difficulté ; les dettes publiques faramineuses s’accumulent dans nombre de pays européens, provoquant la baisse drastique de toutes sortes de prestations étatiques pour les rembourser à prix d’or. C’est ainsi que la revue à la baisse des systèmes d’aide sociale a fait une entrée remarquée depuis une dizaine années partout en Europe. Si la Suisse est relativement épargnée par les plans d’austérité (comparativement à certains pays européens), le mouvement de fond est semblable : économiser sur les dépenses de l’État et davantage mobiliser les individus, considérés comme responsables d’eux-mêmes ! Or, les personnes peuvent-elles être tenues responsables d’une situation difficile subie ? En l’absence d’une politique familiale suffisante, d’un système d’impôts juste et de soutien financier équilibré aux familles, on peut par exemple aujourd’hui en Suisse travailler et ne pas avoir suffisamment de revenus pour faire vivre sa famille (130 000 travailleurs pauvres en 2012 [OFS, 2014]). On assiste au retour de la précarité et les enfants sont aujourd’hui la catégorie sociale la plus touchée. En Suisse, à l’issue du rapport PNR 52 Enfance et Jeunesse en Suisse (2003-2009), le comité de direction relevait que 20 % des enfants et des jeunes sont considérés comme pauvres, parce que vivant dans des foyers pauvres.11 Regardons de près les critères de pauvreté retenus par le PNR 52 : le facteur financier est bien sûr prépondérant, mais la santé diminuée est également un facteur important ; vient ensuite l’entourage qui apparaît comme défavorable et finalement la question de l’exclusion sociale, facteur provoquant une forme d’isolement relationnel. Dans ces familles qui ont de la peine à tenir la tête hors de l’eau, on repère souvent de mauvaises conditions de logement, une exposition aux conflits entre adultes (souvent consécutifs à la pauvreté). Par ailleurs, les parents vivant seuls avec un ou plusieurs enfants représentent une part très importante des familles dans une situation de précarité. En 2012, la Suisse comptait 16,5 % de familles monoparentales vivant en dessous du seuil de pauvreté (OFS, ibid.). Avoir plusieurs enfants ou élever seul-e des enfants produit une précarisation significative et augmente les difficultés d’intégration. Dans ce contexte, l’exaltation de l’individu autonome renvoie à nier les effets négatifs des conditions sociales des familles. Comaille (2006) analyse que les risques familiaux deviennent alors des risques sociaux qu’il faut cadrer, qu’il faut sanctionner. L’attribution de la responsabilité de leur situation aux catégories de population précarisées ou la détection précoce des troubles des conduites des enfants de familles pauvres, afin de diminuer la survenue d’actes délinquants à l’adolescence, en sont des exemples marquants.
23C’est là la problématique du contrôle socio-politique, économiquement fondé, et des normes le sous-tendant. Pour Aubert, Foucault a bien montré comment l’utilitarisme engendre des travers sociétaux :
[…] la puissance du travail de Michel Foucault aura été de montrer que les applications potentielles du panoptisme12 dépassaient largement le système carcéral. En ce sens, il annonçait l’avènement d’une biopolitique dont la fonction première est d’assurer au pouvoir sa pérennité et sa continuité par le biais d’un contrôle social régulateur des masses, et cela sur toutes les sphères sociales et sanitaires qui recouvrent le fonctionnement interne d’une société (2012 : 59).
Une crise morale ?
24Lorsque l’on évoque la prévention de la délinquance des jeunes, nous ne pouvons que convenir que c’est une vieille rengaine depuis des lustres. Mais ce qui paraît inquiétant c’est la survenue, entre la fin du XXe siècle et ces quinze premières années du XXIe siècle, d’une crise sociale et morale qui touche différents espaces, particulièrement l’espace des relations sociales, provoquant des craintes individuelles plus fortes devant l’avenir, avec un horizon qui se bouche pour les plus pauvres et/ou les personnes en voie d’exclusion sociale. Comme souvent, les conséquences de ce climat d’incertitude sont un repli sur soi, sur ses avantages ou sur son statut, amenant un rejet de la différence et la recherche de solutions rapides. Cela affecte les individus et les groupes dans leurs manières d’être au monde et de concevoir les relations sociales. Comme le montre Mucchielli (2008), les faits d’agressivité et de violence, moins nombreux aujourd’hui, sont pourtant moins tolérés par l’opinion publique.13 Le sentiment d’insécurité, latent, incite les gouvernements à produire plus de règlements qu’on pourrait qualifier de liberticides (alors que nous vivons une libéralisation des valeurs encore inconnue jusqu’à présent dans des domaines tels que la gestion de notre corps, de nos relations affectives, voire du produit de notre travail). Autre effet de la crise sociétale : le chômage des jeunes augmente. Cela nous et les inquiète et s’accompagne d’une pression forte sur les études et l’obtention de diplômes. On voit des parents qui poussent leurs jeunes à tout prix dans des études que certains ne font qu’à contrecœur, voire en protestant par un malaise personnel et un décrochage scolaire préoccupant. Selon Guilloud et Tornay (2013), deux jeunes éducatrices sociales qui le signalent dans leur Travail de Bachelor en travail social, le milieu scolaire commence à considérer le présentéisme actuel comme un problème :14 les milieux scolaires privilégient souvent le soin au détriment d’une forme de prévention axée sur des relations compréhensives ; c’est ainsi que le lien, qui exige temps et intérêt profond pour être de qualité, est souvent ce qui manque aux adolescents en décrochage ; les élèves s’absentent de l’école et de la formation ou alors ils sont là sans être là. Gentile et Warynski (2013), deux autres jeunes professionnelles, également dans leur Travail de Bachelor, montrent que les contingences environnementales, les situations familiales compliquées, la fréquentation d’amis en mauvaise posture, mais aussi la peur de décevoir ses parents sont quelques-uns des motifs les plus courants d’un décrochage scolaire sévère. Elles soulignent que le retour en formation pour ces jeunes est conditionné à une prise en charge très conséquente par différents professionnels, ce qu’on pourrait considérer comme une forme de pathologisation des trajectoires de la vie somme toute ordinaire.
25Se posent dès lors de vraies questions sur la participation sociale des enfants et des jeunes : Comment participer quand, pour certains jeunes en difficulté, les structures institutionnelles telles qu’elles existent engendrent solitude, ennui, relégation puis, au moment où des troubles apparaissent, ont comme réponses des traitements relativement lourds ? Dans quelle forme de prévention sommes-nous dans ce cas ?
Des professionnels touchés par différentes transformations socio-politiques et socio-économiques
26Dans l’action socio-médicale en général et dans l’action socio-éducative en particulier, nous voyons à l’œuvre le même type de processus qui déstabilisent les professionnels. Portés parfois aussi, et souvent malgré eux, par la vague du néolibéralisme et de l’efficience ils ont par moments de la difficulté à réaliser que le système de gouvernance mondial, lié très fortement à la prépondérance de l’économie, impacte leur travail, multipliant les inégalités et envahissant peu à peu les relations entre les personnes et entre les institutions et les personnes. Ne leur arrive-t-il pas, par exemple, de douter des potentiels des groupes dits « à risque » ? Ne ressentent-ils pas un malaise diffus, ne se sentent-ils pas isolés devant les multiples défis ? C’est comme si les fondements mêmes du métier ne suffisaient plus à l’affirmer en tant que tel, comme si une professionnalisation de plus en plus exigeante, couplée à des concepts souvent brandis comme étendards (les best practices, l’intérêt supérieur de l’enfant, etc.) ne suffisaient quand même pas à garantir l’exercice serein des métiers.
27Peut-on coupler cette perception à l’analyse que l’âge d’or du développement des prestations envers l’enfance, la jeunesse, les familles est terminé ?15 Bien que nous ne puissions mettre en doute la réalité de certains programmes politiques16 pour soutenir les enfants et leurs familles, nous ne pouvons pas ne pas voir que les prestations sans contrepartie, l’appui sans faille aux efforts engagés en vue de l’accès de tous à la santé, à l’éducation et à l’émancipation, le soutien enthousiaste à des pratiques innovantes appartiennent, pour l’essentiel, au passé. La philosophie politique actuelle est plus prudente, plus économe : il s’agit de respecter les injonctions de faire plus et avec moins, de cibler les prestations vers les besoins essentiels, de resserrer les actions vers l’efficience,17 exigences auxquelles s’ajoutent de nouvelles et nombreuses contraintes de type procédurales, contrôles hiérarchiques ou recherche de résultats quantifiables.
28Ces contraintes peuvent pousser à une certaine rigidification des pratiques parce qu’elles obligent par exemple, à cibler l’aide sur les plus démunis (plus démunis de quoi et que qui ?) ou sur les plus à risque (plus à risque de quoi et que qui ?). Autre exemple, ces pratiques mobilisent des forces pour répondre à des contrats de prestations par essence assez difficiles à vérifier quand il s’agit de l’humain (quel critère, par exemple, pour vérifier le taux de réussite d’une action ? Peut-on réellement contrôler l’adéquation entre les objectifs et la complexité de tout ce qui a trait à l’humain ? Peut-on réellement quantifier ce qui a véritablement été atteint lors du placement d’un adolescent ?)
29Ces nouvelles donnes tant sociétales que structurelles liées aux paradigmes politiques de l’efficience sont là, elles forment le contexte d’une hypermodernité tout à la fois passionnante et préoccupante ; il s’agit de faire avec, tout en les articulant avec l’essence même du travail social.
30Les différents articles de cet ouvrage ont été organisés en deux grandes parties dont la lecture peut se faire dans l’ordre qui paraît logique au lecteur, chaque article étant en lui-même porteur d’un thème et d’une réflexion spécifiques.
31Dans le premier chapitre, « Fondements et référentiels », les articles proposent aux lecteurs un tour d’horizon critique sur les risques de la prévention précoce, tant au niveau local qu’à l’international, puis s’intéressent aux fondements des politiques de la jeunesse actuelles en Suisse, porteuses de certaines ambivalences quant à la participation des individus et des groupes dont il est question.
32La deuxième partie, « Des professionnels réflexifs, une posture fondée sur la participation », commence par l’exposé d’une politique cantonale engagée dans la réduction des inégalités qui entravent la participation des enfants et des jeunes, puis donne la parole à plusieurs professionnels dont l’intervention auprès des enfants, des jeunes, des familles est porteuse de valeurs sociales fortes parmi lesquelles l’émancipation est la visée première.
33À la suite de ces lectures et des réflexions que nous avons souhaité partager largement avec « la Cité »,18 le dialogue est ouvert ; charge aux lecteurs de s’emparer de la thématique, de la faire vivre, ainsi qu’y invite la postface, s’adressant à toutes et tous et particulièrement à la nouvelle génération de travailleurs sociaux.
34À toutes et tous, bonne lecture !
Bibliographie
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ONU (1989). Convention relative aux droits de l’enfant. Récupéré le 30.06.2015 de www.unicef.ch/fr/qui-nous-sommes/droit-de-l-enfant/la-convention-relative-aux-droits-de-lenfant
Théry, I. (1992, mars). Nouveaux droits de l’enfant, la potion magique ? Esprit. Récupéré le 18.05.2015 de www.esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=11568
Notes de bas de page
1 Ce postulat de responsabilité politique est de prouver par des échelles statistiques criminologiques la probabilité d’une récidive.
2 DSM-5 : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM, de l’anglais Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) publié par l’Association Américaine de Psychiatrie (APA). La version 5 a été adoptée en mai 2013.
3 Parmi d’autres exemples, citons : les troubles consécutifs à un deuil deviennent une pathologie dépressive après deux semaines de leur apparition ; le disruptive mood dysregulation disorder (irritabilité et trois grosses colères infantiles par semaine durant plus d’un an) fait entrer dans le DSM-5 la notion de colères infantiles en tant que pathologie.
4 J’ai choisi pour cela un certain nombre de points de vue qui, sans être exhaustifs, peuvent alimenter la vision actuelle du travail social dans ce champ.
5 De très nombreux auteurs se sont penchés sur ces mutations. Parmi eux, Kellerhals & Widmer (2012) à Genève, de Singly (2007) en France.
6 La Convention relative aux droits de l’enfant est l’aboutissement d’un long processus : Déclaration de Genève relative aux droits de l’enfant signée en 1924 par la SDN – Déclaration des droits de l’enfant à l’ONU en 1959 – Convention relative aux Droits de l’enfant adoptée par l’ONU en 1989 et ratifiée par les pays au fur et à mesure de l’ajustement au droit national de chaque pays : en France en 1989, en Suisse en 1997.
7 Nous parlons là de modèle dominant, car si les transformations législatives attribuent des droits à chacun, les pratiques peuvent diverger selon les caractéristiques culturelles des groupes familiaux. Dans certains cas, cela n’est pas sans poser problème quand l’enfant ou l’un des membres du couple aux pratiques variées a affaire avec le modèle dominant des actions de soutien et de protection porté par les institutions.
8 Le titre de la conférence de Marcelli est évocateur : L’enfant choisi, l’enfant élu ou la fabrique de l’individu : l’enjeu contradictoire des familles contemporaines.
9 Sur ce thème, le lecteur pourra consulter divers articles aux titres bien choisis : Cabin (1995) : Obligé d’être libre. Ehrenberg (1995) : L’individu en panne. Dufour (2001, février) : Le désarroi de l’individu sujet. En outre, la revue Sciences Humaines (2004-54) s’est penchée sur la question en sélectionnant un titre rassembleur : L’individu hypermoderne, vers une mutation anthropologique.
10 DSM : (DSM, de l’anglais Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) de l’Association Américaine de Psychiatrie (APA) : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, qui a subi de nombreuses transformations au fur et à mesure des versions : I (1952), II (1968), III (1980), IV (1994), version 5 (2013). Le nombre de pathologies recensées y a crû de manière exponentielle, passant de 60 à 350, sans toutefois différencier le symptôme observé de la situation et l’histoire individuelle.
11 Yves Flückiger montre que 20 % des enfants sont considérés comme pauvres selon au moins une des définitions utilisées, ce qui semble être un taux élevé, et 4 % des enfants correspondent en Suisse à chacune des définitions utilisées. En d’autres termes, dans un pays riche tel que la Suisse, un enfant sur vingt-cinq vit dans des conditions si précaires qu’il est pauvre, quelle que soit la définition choisie. Récupéré le 14.04.2015 de www.nfp52.ch/files/download/f_PNR52_Agenda_.pdf (p. 19).
12 Dans le panoptisme, le sujet est placé dans une case et, s’il ne peut voir qui le surveille, il sait qu’il est contrôlé « en tout temps ». Cette dissymétrie optique est ce qui rend docile le prisonnier (Aubert, 2012 : 59).
13 Laurent Muchielli, sociologue français qui inspire nombre de nos cours en formation de base, montre avec rigueur combien la société était à la fois plus violente au début du XXe siècle pour des faits graves (meurtres, assassinats,…) et moins violente en ce qui concerne les vols et atteintes aux biens. Il montre également que l’apparente augmentation des faits de violence aujourd’hui est en partie due à des dénonciations plus fréquentes d’événements d’une nouvelle typologie, des faits qui n’auraient auparavant pas donné lieu à plainte (insultes, atteinte à l’honneur, mobbing, etc.), ainsi qu’à un sentiment accru de se considérer comme victime.
14 Présentéisme : c’est faire acte de présence sans s’investir ; la cause pourrait être la démotivation et le désengagement.
15 Selon Droux et Ruchat (2012 : 67), l’âge d’or du développement des activités éducatives et de soutien à l’enfance et aux parents concerne les années 1960-1980, au moment de la prise de conscience des efforts à porter envers la jeunesse et du soutien positif à proposer aux familles dans un contexte financier généreux. Par exemple, la loi sur l’OJ de 1958 votée avec une unanimité rare par le Grand Conseil.
16 À noter cependant des sensibilités et différences cantonales en raison de la souveraineté cantonale des politiques de la jeunesse.
17 Prenons comme exemple le programme fédéral : « Les jeunes et la violence – Pour une prévention efficace (je souligne) dans la famille, l’école, l’espace social et les médias » (2009).
18 La Cité est envisagée ici en tant qu’ensemble de citoyens appartenant à une communauté, une donnée sociale et solidaire, une entité politique. Elle regroupe les enfants, les jeunes, les familles, les professionnels de l’intervention auprès de la jeunesse, mais aussi tous les habitants, les groupes, les associations, les membres d’un État, les chercheurs, les responsables administratifs et politiques, les philosophes et les comités d’éthique, etc.
Auteur
Brigitte Vittori est chargée d’enseignement et responsable du réseau « Socialisation des mineurs », HETS – Genève. [brigitte.vittori@hesge.ch]
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