Evolution du travail social au Québec
p. 99-118
Texte intégral
Introduction
1La mondialisation des biens et services ainsi que le virage néolibéral constituent des faits saillants des changements sociopolitiques et économiques de nos sociétés. Ces changements ont conduit à une course vers la productivité, l’efficacité de la main-d’œuvre et une compétition sans frontière plus vive, ce qui a entraîné une précarisation de l’emploi, une augmentation du chômage, un renforcement des politiques managériales, un rétrécissement du filet de sécurité sociale et une augmentation de la pauvreté. Comme le monde est devenu un grand village, il n’est plus possible d’être indifférents ou détachés de ce qui se passe ailleurs, les gens sont touchés directement ou indirectement par les événements d’ici et d’ailleurs (Rowe, Hanley, Moreno et Mould, 2000). La mondialisation des biens et des services et le virage néolibéral impactent-ils le devenir du travail social, par ricochet les activités professionnelles des travailleurs sociaux ?
2Tous ces changements ont fragilisé les tissus sociaux et ont donné naissance à de nombreux problèmes sociaux, par le fait même que cela a transformé la pratique et les exigences du travail social. Dans le présent article, il importe de réfléchir plus particulièrement sur l’évolution de la pratique du travail social au Québec dans le contexte global qui le conditionne et ce, compte tenu des divers problèmes sociaux auxquels font face la pratique et les ressources communautaires (à savoir les services, les institutions, les législations, etc.) dont la mission est de constituer des réponses aux besoins et aux situations problématiques (Mayer, 2002). Au Québec, le travail social a évolué d’une visée vocationnelle et confessionnelle basée sur la charité et la philanthropie, en passant par la bureaucratisation et l’institutionnalisation, pour ensuite se professionnaliser, s’affirmer dans une identité et une spécificité qui lui sont propres. Au fil du temps, le travail social a pris appui non seulement sur les savoirs d’expérience, mais aussi sur les recherches scientifiques. Au nom de cette identité et de cette spécificité, on cherche à légiférer le travail social et à lui prescrire un référentiel de compétences pour enclaver les agirs des professionnels, pour homogénéiser les pratiques ; cela ne pourrait-il pas contribuer à une déprofessionnalisation du travail social, est-ce une régression plutôt qu’une évolution ?
Contexte sociopolitique québécois
3Les orientations sociopolitiques actuelles ne vont pas dans le sens d’améliorer le mieux-être des populations. Elles génèrent une progression des problèmes sociaux, une intolérance aux différences et aux divergences, un accroissement des inégalités sociales, une restructuration institutionnelle des services sociaux et de santé en relation avec la privatisation et le développement de modèles d’intervention imposés par le haut aux intervenants (Parazelli, 2009). A cela s’ajoutent la mobilité des populations, la précarité du marché de l’emploi, le vieillissement de la population, la fragilisation du lien familial et social, l’itinérance, la violence, les diverses dépendances, les cyberproblèmes, etc. Tout cela entraîne une demande de services sociaux de plus en plus complexes et variés, en référence à des expertises de plus en plus distinctes, afin de répondre aux besoins d’une clientèle de plus en plus diversifiée. Cependant, un retrait progressif de l’Etat est observable, le travail social doit lutter sur plusieurs fronts pour préserver la justice et l’équité sociale, la promotion de l’égalité des personnes et le respect des droits humains (Fournier, 2010). Dans les faits, les valeurs humanistes du travail social ne font pas l’unanimité sur le plan sociopolitique et n’ont pas l’appui réel des dirigeants de notre société capitaliste avec une visée néolibérale où le profit est plus important que la solidarité et l’équité sociale. Les travailleurs sociaux travaillent donc à contre-courant.
4Dans un contexte économique incertain et de compressions budgétaires, une réorganisation et redistribution des services sociaux s’impose (Larivière, 2007). Au Québec, c’est depuis la réforme Rochon en 1988 que l’on cherche à faire plus avec moins ; on regroupe les services, on resserre les équipes, on réduit les espaces pour diminuer les coûts, etc. Selon Larivière (2012), l’influence mondiale de la « nouvelle gestion publique », qui met l’accent sur le contrôle politique des orientations et sur la décentralisation administrative de l’organisation des services, a orienté le discours des décideurs publics dans un contexte marqué par une volonté de réduire les déficits de l’Etat. De plus, devant la nécessité de concevoir sous de nouvelles formes le rôle de l’Etat providence et l’engagement du citoyen, l’effervescence du monde bénévole est venue offrir, au Québec, une alternative, un remarquable levier pour amorcer jusqu’à un certain point un commencement de transfert des responsabilités de l’Etat vers le citoyen (Robichaud, 2003).
5Dans les faits, on veut un travail social offrant un service, une intervention la plus courte et la plus efficace possible basée sur une logique marchande et consommatrice où les cultes de l’urgence et de la flexibilité agissent comme mode de régulation collective (Parazelli, 2009). Le travail social est de plus en plus orienté en équipes interdisciplinaires, interétablissements, pour donner des services partagés, dont la tendance est de favoriser la santé au détriment du social, et dans lesquels l’expertise psychosociale se pulvérise, le communautaire s’étatise et l’action bénévole s’institutionnalise. Au cours des dernières décennies, on assiste à une réorganisation périodique des services sociaux, ce qui modifie régulièrement le contexte dans lequel la majorité des travailleurs sociaux exercent leur profession (Blanc, 2009 ; Larivière, 2012 ; Parazelli, 2009).
6Face à toutes ces modifications dans le système de santé et de services sociaux, il est impératif pour les travailleurs sociaux de se définir plus clairement, d’affirmer leur identité, leur spécificité, leurs priorités et leurs valeurs. Le travail social est une noble profession, même une profession essentielle de par son objet, ses fonctions, ses clientèles, ses pratiques et son champ de connaissances scientifiques (Stephenson, Rondeau, Michaud et Fiddler, 2001). L’identité professionnelle réfère à une mission, à un univers qui définit la pratique du professionnel et est un capital primordial pour le devenir des travailleurs sociaux. Le spécifique du travail social est le lien social de l’individu avec ses environnements. Dans l’état actuel des choses, de nombreux défis s’adressent à la formation du travail social au Québec ; il faut avoir des travailleurs sociaux capables d’aider, mais aussi de comprendre et de changer les conditions de vie qui affectent les individus, les groupes sociaux et la société (Rondeau, 2002).
Un peu d’histoire pour mieux comprendre
7Le travail social est un éclectisme en oscillation né d’un croisement d’activités philanthropiques, de bienfaisance, de pratiques altruistes et une volonté d’action sociale, de lutte contre la pauvreté et l’injustice sociale. Selon Aballéa (2007), l’histoire du travail social et de l’action sociale se caractérise par un double mouvement. D’un côté, il n’a pas cessé de faire l’objet de critiques ; de l’autre, il n’a jamais cessé de se développer et de prendre de l’importance dans les sociétés occidentales. Rappelons qu’il y a deux courants fondateurs du travail social : l’un est constitué par les Charity Organizations Societies, avec leurs friendly visitors s’occupant à la fois de l’aide individualisée, de la gestion de cas et de l’apport de ressources, conçu par Mary Richmond, l’autre est l’action sociale et l’organisation des ressources et services pour répondre aux besoins des gens de la communauté inspirée par Jane Adams. Ces deux courants se complètent encore aujourd’hui dans la pratique du travail social (Groulx, 1993 ; Mayer, 2002). Au cours de l’histoire du travail social au Québec, on assiste à quatre principaux courants : le vocationnel et le confessionnel, la bureaucratisation et l’institutionnalisation, la désinstitutionnalisation et le virage communautaire, la professionnalisation et la déprofessionnalisation.
Vocationnel et confessionnel
8A ses débuts, le travail social au Québec est à l’initiative de l’Eglise, qui joue une influence déterminante basée sur la charité chrétienne, les réseaux d’entraide et de bienfaisance, c’est le courant vocationnel et confessionnel (Groulx, 1993 ; Mayer, 2002). Les intervenants proviennent du clergé, des congrégations religieuses et des organisations charitables laïques. Sous la loi des Evêques, on assiste à la création des hôpitaux, des hospices, des asiles et des orphelinats, et le clergé gère et contrôle ces organisations de services sociaux. Suite à la crise économique de 1930, les problèmes sociaux sont majeurs, l’Etat doit s’impliquer davantage, l’aide de l’Eglise ainsi que la philanthropie ne sont plus suffisantes. L’Etat, l’Eglise et la Fédération des œuvres donnent au travail social sa première structure idéologique et organisationnelle en envoyant des membres du clergé se former aux Etats-Unis ; cela illustre une première prise de conscience du besoin de spécialisation et que les problèmes sociaux exigent plus que de la bonne volonté et de l’entraide (Mayer, 2002).
9Le service social s’affirme comme confessionnel, féminin et vocationnel, en continuité avec le catholicisme social. D’ailleurs, la première école québécoise de service social, fondée par Sœur Marie Gérin-Lajoie, se situe dans une perspective pastorale, en continuité avec les œuvres de miséricorde spirituelle et corporelle, et est identifiée à une sorte de « samaritanisme moderne » (Groulx, 1993). Le travail social est perçu comme une vocation, c’est-à-dire qu’il nécessite un engagement total, centré sur le don de soi, la générosité, le dévouement, la sociabilité chaleureuse, la compréhension affective et le célibat. A l’époque, on parle de service, non de travail social, on vise la régénération sociale et morale, la restauration de l’ordre familial, sa moralisation et sa rechristianisation ; il faut ramener les gens dans le droit chemin (Mayer, 2002).
10Soulignons que le rapport Marsh en 1943 est l’acte de naissance de l’Etat-providence ; il propose un système intégré de sécurité sociale incluant un programme d’assurance sociale, d’assurance-chômage, d’allocations familiales et d’assurance-santé (Mayer, 2002). Auparavant, la Commission Montpetit en 1930 avait recommandé la création de sociétés de protection de l’enfance, le développement d’un champ de pratique sociale spécifique et la formation de personnes capables de travailler avec la délinquance juvénile. Dans la foulée de ces nouvelles orientations, il y a l’apparition des lieux de formation universitaires : Université de Montréal (1940), Université Laval (1943), Université McGill (1945), Cegep de Trois-Rivières (1958), Université de Sherbrooke (1964) (Provencher, Dumont et Turcotte, 2011). Sous l’influence américaine, le développement scientifique des méthodes d’intervention prend forme : l’intervention individuelle et familiale, de petits groupes et l’animation sociale. On assiste au déclin de l’endoctrinement catholique, au passage du bénévolat à l’emploi professionnel rémunéré ayant son discours plus rationnel et laïque. Il y a aussi le développement de modèles d’intervention tels que la résolution de problème et de champs de pratique comme le milieu scolaire, l’adoption, l’intervention auprès des familles démunies, des délinquants, des alcooliques, des prisonniers, etc. Le travail social se laïcise en se basant sur de la formation académique et est géré par des dirigeants laïques du gouvernement en place.
Bureaucratisation et institutionnalisation
11Au cours des années 1960, on assiste à un courant de bureaucratisation et d’institutionnalisation majeure du travail social au Québec. Selon Mayer (2002), les nouvelles élites politiques et sociales tiennent un discours de démocratisation, de reconnaissance et d’élargissement de droits sociaux où le développement économique et social prendra un tournant déterminant au Québec. C’est le début de la « Révolution tranquille », les agences sociales diocésaines deviennent de plus en plus subventionnées, c’est l’émergence de l’Etat-providence. La formation universitaire a alors déjà commencé à transformer les fondements de la pratique du travail social. La doctrine sociale de l’Eglise est supplantée par un discours de sciences sociales qui se différencie progressivement de la religion et de la psychologie pour prôner de nouveaux critères d’intervention à caractère plus scientifique, plus social et communautaire. On observe l’apparition d’une rationalité de l’intervention, une logique des méthodes, une maîtrise des techniques et une conformité des résultats. On ne cherche plus à faire de la charité chrétienne, mais à réaliser l’adéquation entre des besoins et des ressources, à aider l’individu dans l’accomplissement de ses rôles familiaux et sociaux par le biais d’une intervention planifiée, balisée par les avancées académiques (Groulx, 1993 ; Mayer, 2002).
12Le travail social devient partie intégrante du service public et l’Etat prend progressivement le contrôle de la santé, de l’éducation et des services sociaux. Le droit social dépasse l’assistance publique, on parle de l’universalité des services, il y a un passage de la distribution de l’assistance sociale à l’aide psychosociale, dont les travailleurs sociaux sont perçus comme les spécialistes. Par le biais des comités de citoyens, il s’incarne de nouvelles pratiques, plus de consultation et de participation aux décisions sur les conditions de vie et les services collectifs. C’est l’émergence aussi de l’animation sociale et de la participation sociale ainsi que du développement communautaire pour redonner aux citoyens leur dignité, leur pouvoir et des services collectifs.
13En 1958, les travailleurs sociaux se regroupent et fondent la Corporation des travailleurs sociaux professionnels (CTSQ), qui priorise la défense des intérêts des travailleurs sociaux professionnels et en deuxième lieu la protection des intérêts du public. La CTSQ a permis la consolidation de l’identité professionnelle du travail social et devient un acteur important pour la reconnaissance sociale de la profession de la part des gouvernements et du public (Lamont et Jetté, 1997). Elle créera sa revue Intervention en 1969 pour développer et partager les connaissances entre les professionnels et les formateurs du travail social ; cela contribue à la professionnalisation et l’académisation du travail social. Il y a l’émergence de nouvelles pratiques sociales centrées sur le développement global de la personne, sur l’économie et le politique. Sous l’influence américaine, on utilise une approche plus systémique, plus sociale et environnementale (Mayer, 2002). Au même moment, il y a une montée de la syndicalisation des travailleurs sociaux, qui vise une amélioration des conditions de travail et une reconnaissance d’un statut professionnel. Même si le travail social est davantage axé sur les dimensions clinique et individuelle des problèmes de santé et de services sociaux, les travailleurs sociaux vont chercher à lui donner une orientation plus sociale et collective (Lamont et Jetté, 1997).
14A la même période, les travaux de la Commission d’enquête Castonguay-Nepveu sur la santé et le bien-être social étudient les coûts de la santé, de plus en plus dispendieux, analysent les politiques sociales et économiques et cherchent des moyens de rationaliser les services de santé et sociaux. Cette commission amène un tournant majeur dans le système de santé et de services sociaux québécois et elle donne naissance à un système de sécurité sociale à la fois dynamique et adapté aux besoins, aux caractéristiques et aux ressources de toutes les régions du Québec et à l’universalité des soins de santé et de services sociaux (Groulx, 1993 ; Mayer, 2002). C’est un système bureaucratique ultramoderne, centralisé et pyramidal, qui planifie les services à rendre aux populations à risque ou vulnérables par programme. Les programmes sont conceptualisés par les hauts dirigeants de l’Etat-providence, gérés par les directeurs d’établissements et exécutés par les travailleurs sociaux (Baillergeau et Bellot, 2007 ; Larivière, 2007 ; Vaillancourt, 1995). Les travailleurs sociaux passent d’une organisation basée sur les besoins des populations concernées et les pratiques professionnelles qu’ils considèrent eux-mêmes devoir privilégier à une organisation dont l’orientation et les programmes sont décidés par les hauts fonctionnaires de l’Etat-providence ; c’est l’implantation des premiers jalons du « planning social »1. Les travailleurs sociaux doivent assumer et exécuter les programmes dans divers champs de pratique tels que scolaire, hospitalier, famille, enfance, adultes avec un handicap, protection des enfants et des personnes âgées, etc. (Mayer, 2002). Pour Groulx (1993), cette réforme du système sociosanitaire impose une définition plus « institutionnelle du travail social et des services sociaux » et elle entraîne « l’apparition d’une gestion spécialisée au sein des établissements, une normalisation et une standardisation du personnel professionnel ».
15Avec la réforme de Castonguay-Nepveu, on assiste à l’implantation des CLSC2, qui sera complétée seulement au début des années 1980 avec un transfert des travailleurs sociaux et de leurs expertises des Centres de services sociaux vers les CLSC. Selon Larivière (2007), les CLSC ont été mis en place par l’Etat pour s’approprier le contrôle et la gestion des services de santé et services sociaux, remplaçant de ce fait l’hégémonie des communautés religieuses et du corps médical par un nouvel équilibre fondé sur une redistribution du pouvoir entre gestionnaires, professionnels de tous genres, personnel non clinique, usagers et représentants issus de différents corps électoraux. Ce sont les hauts fonctionnaires qui évaluent les besoins des populations à desservir et ils conçoivent, planifient, organisent les programmes de services alors que les travailleurs sociaux exécutent les plans, deviennent des exécutants des programmes planifiés, ce qui va à l’encontre de la professionnalisation du travail social en émergence. L’Etat providence est un producteur unique de cette période exceptionnelle de l’expansion et de la consommation de services sociaux, en soutenant une modernisation démocratique des sociétés qui a rendu possible une mobilité sociale de masse grâce à un accès universel aux services d’éducation, de santé, de protection sociale, à la défense et à la promotion des droits civiques et sociaux (Lesemann, 2002).
Désinstitutionnalisation et virage communautaire
16Au cours des années 1980, le Québec (comme ailleurs) fait face à une récession économique qui dégrade significativement les conditions de vie de la population, ce qui entraîne une importante crise du modèle de gestion étatique des services sociaux (Mayer, 2002). Les travailleurs sociaux sont aux prises avec une clientèle de plus en plus pauvre et démunie. La natalité baisse et le vieillissement de la population s’accentue, malgré une forte immigration. Les problèmes inhérents à un système devenu trop bureaucratique et technologique nécessitent un repositionnement de tous les aspects du travail social : la nature des services, la façon de les dispenser, les clientèles à desservir et la façon d’organiser les services.
17La commission Rochon fait une vaste synthèse des études touchant différents aspects de l’évolution de la société québécoise au cours des deux dernières décennies. Rochon recommande : 1) de restreindre le champ d’application des services publics en sélectionnant les problèmes fondamentaux ; 2) d’utiliser le réseau naturel des personnes et les groupes communautaires à proximité dans la région ; 3) d’établir des programmes selon les besoins prioritaires ; 4) de repenser l’accessibilité universelle des services ; 5) de décentraliser pour s’allier la participation des citoyens et éliminer les inégalités régionales ; 6) de déléguer un pouvoir accru au Conseil régional de la santé et des services sociaux (CRSSS) en le transformant en Régie régionale de santé et services sociaux (RRSSS) (Mayer, 2002). Cette réforme Rochon a des incidences importantes sur l’exercice du travail social et l’Etat cherche à réunir les différents modèles d’intervention et à développer des approches intégrées en vue d’harmoniser et d’uniformiser les pratiques sociales centrées sur le curatif et le palliatif, en évacuant le préventif sous prétexte que l’on ne peut plus se le payer. L’Etat demande aux organismes communautaires de développer des pratiques psychosociales et alternatives pour diverses clientèles et on leur relègue tout le volet de la prévention des problèmes sociaux (Larivière, 2007).
18Au début des années 1990, la crise économique s’amplifie et elle touche les bases mêmes du contrat social keynésien et fordiste qui a prédominé pendant les Trente Glorieuses (1945-1975), et elle invite les forces progressistes à être présentes et actives dans la recherche et la négociation d’un nouveau contrat social (Vaillancourt, 1995 ; Larivière, 2007). La réforme Rochon tente de reformuler un nouveau contrat social postfordiste qui éliminerait l’organisation du travail perçu comme quasi tayloriste dans les établissements et organismes de la réforme Castonguay-Nepveu depuis 1972 (Vaillancourt, 1995). Cette organisation du travail en santé et des services sociaux, pour un grand nombre de travailleurs sociaux et autres professionnels que les médecins, est à la source de pertes de productivité et de graves problèmes d’épuisement professionnel, de démotivation, d’absentéisme, etc. Deux cultures s’opposent, l’une marquée par la continuité avec le vieux contrat social fordiste, l’autre par la recherche active d’un nouveau contrat social. Ce débat concernant le partenariat, la régionalisation et l’économie sociale a lieu au sein des organisations syndicales, du mouvement communautaire, des groupes de femmes, des milieux de la formation et de la recherche (Vaillancourt, 2007).
19En 1991, la réforme Côté est axée sur « le citoyen au cœur de nos préoccupations » : il est décideur, consommateur et payeur, c’est une période de transition et d’impasse. On vise à faire des CLSC la première porte d’entrée du réseau sociosanitaire afin de resserrer les missions des établissements et de départager les services de première ligne3 et de deuxième ligne4. Cette réforme introduit des changements majeurs en désintégrant les Centres de services sociaux et en regroupant les services spécialisés à la jeunesse et aux familles en Centre de protection de la jeunesse, et envoie les autres services aux CLSC et aux organismes communautaires. Cette transformation fit disparaître la seule structure traditionnellement dominée depuis l’époque des agences diocésaines des années cinquante et moins, par des travailleurs sociaux (Larivière, 2007). Ce tournant amène le travail social à vivre de nouveau un déplacement de ses modes d’intervention, de ses lieux d’exercice, de ses champs d’intervention prioritaires, etc., dans une perspective de contrat social fordiste de la social-démocratie plutôt que dans la perspective des forces vives du développement social centré sur le pouvoir d’agir des individus et des communautés. Le secteur communautaire prend une place de plus en plus importante comme lieu d’exercice de la profession et lieu de renouvellement des pratiques sociales (Diotte et Favreau, 1995).
20Au même moment, le rapport Bouchard (1991), « Un Québec fou de ses enfants », recentre les services sociaux vers la prévention, non vers le curatif, et il replace l’enfant au cœur des préoccupations. On fait un virage majeur vers l’approche bioécologique dans la prestation des services de santé et de services sociaux auprès des personnes et de leur famille et dans les pratiques professionnelles. L’exercice du travail social et de ses différentes composantes s’inscrit dans un cadre plus régional, dans une dynamique encore plus interdisciplinaire qu’auparavant et dans une interface plus intensive entre le service public et les organisations communautaires (Mathieu et Mercier, 1994). Sauf qu’en 1994, on court après le déficit « zéro » ; Rochon revient en force avec le virage ambulatoire, où des réaménagements structuraux et l’implantation d’une nouvelle philosophie des services de santé et des services sociaux sont déployés. Ce virage poursuit le phénomène de désinstitutionnalisation amorcé en 1980 en psychiatrie et en déficience physique et intellectuelle. Il y a un transfert partiel des ressources traditionnelles vers la communauté, le développement de pratiques sociales de groupe appuyé par des ressources de maintien à domicile, le décloisonnement des pratiques professionnelles et une utilisation plus intensive des équipements hospitaliers et des ressources alternatives.
21Côté (2002) explique que les travailleurs sociaux seront mis à contribution pour offrir des services à domicile, maintenir les personnes le plus longtemps possible dans leur milieu de vie, mettre en place des ressources alternatives moins lourdes et moins coûteuses. Ce virage ambulatoire place le travail social en complémentarité des soins de santé, sous la commande de l’équipe soignante. Ce virage ambulatoire transforme les rapports entre la société civile et l’Etat, confiant à la société civile la charge des personnes malades ayant encore besoin de soins assez complexes. Côté et Pérodeau (2002) soulignent clairement que le virage ambulatoire s’appuie sur des principes qui font consensus dans la société québécoise, soit l’humanisation des soins et le maintien du « citoyen-payeur » dans son milieu de vie. Cependant, le virage ambulatoire s’appuie sur une perception de la famille traditionnelle misant sur la disponibilité des proches, principalement des femmes, alors que les familles sont fragmentées et que les deux parents occupent un emploi. De plus, le nombre de personnes vivant seules a augmenté et la mobilité des personnes a favorisé un effritement du soutien de la famille élargie ; cela risque d’être difficile à maintenir pour la société civile à moyen et à long terme.
22Selon Lesemann (2002), les différentes réformes vont proclamer la prééminence du client ou du citoyen en le décrétant « au centre » du système, de nos préoccupations, afin de créer une alliance pratique et politique entre les planificateurs et les usagers, « contre » les professionnels et les employés en exercice. De réforme en réforme, l’Etat compte de plus en plus sur le secteur communautaire, les organismes de la société civile et les organismes de bénévoles. L’Etat va financer en fonction de la contribution à l’atteinte des objectifs du système et créer une chaîne de soins en paliers hiérarchiques descendants, à partir de ressources médicales très spécialisées jusqu’aux familles, qu’on va au besoin qualifier pour exercer des soins de santé.
Professionnalisation et déprofessionnalisation
23Suite au virage ambulatoire, l’Etat veut mettre en place des cliniques familiales et un réseau de services intégrés pour les personnes en perte d’autonomie, basé sur les principes de la « nouvelle gestion publique » (NGP) : responsabilité populationnelle, territorialité, imputabilité des résultats, décisions rapprochées de l’action, gestion performante et participation des citoyens, ce que certains appelleront la « nouvelle gestion de la pénurie » de services. Dans une perspective hospitalocentrique, la réforme Couillard propose la fusion des établissements (CH-CHSLD-CLSC) en Centre de santé et de services sociaux (CSSS). Cette fusion compromet la dimension sociale et préventive qui fait des CLSC au Québec un réseau unique en Occident, où une gamme de services intègre à la fois le champ social et celui de la santé (Larivière, 2007). La réingénierie de Couillard amène le travail social à cent lieues d’une approche psychosociale et communautaire à taille humaine et de la conception de ce que signifient des services de proximité.
24Cette réforme vise la réduction de la taille de l’Etat, l’abolition des CLSC en les fusionnant avec les hôpitaux et l’incitation à créer des partenariats public-privé, les PPP. C’est un recul pour le travail social, les hôpitaux ont une mainmise sur les services de santé et de services sociaux et on constate une incitation à privatiser le système dit universel de santé. On voit cela comme des plans d’affaires, non comme des plans de développement, il y a un glissement vers la privatisation et la perte d’accessibilité des services. Selon Fournier (2005), cette réforme est une réforme de structures d’abord, un virage majeur vers un système bureaucratique et technocratique sans précédent et l’avènement des nouvelles technologies y contribue. Cette réingénierie s’inscrit dans le courant managérial de la nouvelle gestion publique, concept très à la mode en entreprise privée pour être plus productif, efficace et compétitif pour survivre. On parle même de la méthode Toyota, qui implique de consulter de bonne foi le personnel et de convenir ensemble des meilleurs moyens d’améliorer la productivité, c’est-à-dire de s’assurer qu’il n’y a pas de perte de temps ni de doublon dans la chaîne de production de services à rendre à la population et de maximiser les équipements, le temps de services. Dans le réseau, c’est unilatéralement la direction qui décide comment augmenter la productivité, sans tenir compte du fait qu’on soigne des humains, au lieu de produire des voitures (Fournier, 2012). Cette Xième réforme est une situation typiquement camusienne, à la Sisyphe : le monde est absurde, mais il faut agir de manière éthique au nom de la grandeur de l’Humain et de sa dignité, et continuer de rouler notre pierre vers le sommet (Fournier, 2005 ; Lesemann, 2002).
25Bergeron (2006) souligne la très faible marge de manœuvre des professionnels dans le dédale de ces réseaux intégrés de services, où tout semble de plus en plus prédéterminé d’avance. De fait, avec la création de corridors de soins et le développement de nouveaux programmes de services, il devient quasi accessoire d’exercer un jugement clinique et d’approfondir la notion de besoin au-delà de leur simple identification. De par l’implantation de programmes, on détermine d’avance les besoins et les services que le professionnel devra appliquer dans sa pratique. En clair, de réforme en réforme, on assiste à une véritable déprofessionnalisation des services sociaux et les travailleurs sociaux ne sont plus maîtres-penseurs de leur pratique. Ils se voient confier, de plus en plus, des tâches évaluatives reposant sur l’utilisation d’outils de diagnostic (grille multiclientèle, régime de protection, etc.) et la gestion de services individualisés (plans d’intervention, les plans de services, etc.) (Larivière, 2007). Tous ces changements opérés dans le système et dans les contextes de pratique des travailleurs sociaux exigent de moins en moins de jugement professionnel et d’esprit critique pour exécuter des tâches déjà prédéterminées par les programmes, ou encore par les dirigeants des établissements.
26Actuellement, le Ministère de la santé et des services sociaux (MSSS), en collaboration avec l’Office des professions du Québec, poursuit sa campagne de sensibilisation pour expliquer les dispositions de la PL 215 à tous les intervenants québécois. La PL 21 vise à développer un cadre de légitimité juridique du rôle des différentes professions en santé et services sociaux, dont celle du travail social. Cette loi s’appuie sur la logique de la protection du public qui sert de mécanisme de contrôle de la qualité des actes professionnels. La PL 21 définit les neuf actes professionnels pour l’exercice de la fonction de travailleur social, dont sept en lien avec l’évaluation psychosociale ou du fonctionnement social, un relatif à la planification de l’intervention auprès des jeunes en difficulté d’adaptation placés en centre de réadaptation (trouble mental et risque suicidaire) et un sur la prise de décision en matière de contention et d’isolement.
27Selon Dutrisac (2012), le président de l’Office des professions du Québec, la PL 21 vise la modernisation du système professionnel québécois, elle vient renforcer les garanties de compétence et d’intégrité offertes au public qui a recours aux professionnels œuvrant dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines. Pour Prud’homme (2009), cette loi montre une volonté de policer le marché de la psychothérapie et touche pas moins de 110 000 intervenants et leur clientèle. Les détenteurs de diplômes techniques de niveau collégial ne pourront plus assumer ces activités et ces responsabilités, elles vont être reléguées aux travailleurs sociaux, membres en règle d’un ordre professionnel ; on professionnalise le service à offrir, non la profession comme telle. Cette loi a une approche pathologisante des problèmes humains qui découle de facteurs objectifs, comme le vieillissement de la population, d’une propension à médicaliser les problèmes et à intensifier les interventions cliniques, plus particulièrement auprès des enfants (Prud’homme, 2009). Cette législation des actes professionnels s’inscrit dans la visée des ordres professionnels de normer la pratique du travail social en voulant définir un référentiel de compétences commun pour permettre la mobilité de la main-d’œuvre. Ce point tournant pour la profession du travail social implique que plusieurs intervenants devront spécialiser leurs connaissances, et d’autres professionnels d’autres disciplines voudront s’inscrire aux formations en travail social pour se qualifier pour l’exercice de leurs actes professionnels.
Trois principaux discours sur le travail social
28Groulx (1993) résume le cheminement identitaire en disant que le travail social est constamment « travaillé » au cours de son histoire par des conflits d’orientation quant à sa définition, son rôle et ses fonctions. Néanmoins, trois principaux discours semblent émerger : le travail social est un art et une science, une profession axée sur le fonctionnement social des individus, des groupes et des communautés ou encore une discipline pratique (Lecomte, 2000).
29Le travail social est un art parce qu’il met l’accent sur les aspects idéologiques, qualitatifs et artistiques des connaissances et des interventions, parce qu’il fait appel à la subjectivité et à la créativité, appuyées sur les expériences de vie du travailleur social. L’exercice du travail social se fonde sur les savoirs d’expérience et les qualités interpersonnelles du travailleur social lui-même et sur un ensemble de valeurs et de croyances qui comportent souvent une perspective humaniste et holistique de l’individu et de la société (Racine, 2000 ; Racine et Legault, 2000). Le travail social est une science, basée sur des données probantes, fondée sur des connaissances fiables et des méthodes d’intervention vérifiables provenant de la recherche empirique, quantitative et objective. Le travail social est une profession axée sur le fonctionnement social des individus, des groupes et des communautés et centrée sur le lien social, sur l’interaction entre l’individu et ses environnements. C’est une profession dont la fonction principale est de servir d’intermédiaire au processus par lequel l’individu et son environnement établissent des échanges dans un but mutuel d’accomplissement et dont l’objectif ultime est le développement humain (Lecomte, 2000). Trois caractéristiques distinguent une profession des autres : 1) le fait de posséder et de développer un champ de connaissances ; 2) l’application de ces connaissances grâce à l’utilisation compétente d’habiletés spéciales ; 3) l’existence d’un code de déontologie de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes familiaux et conjugaux du Québec (OTSTCFQ) régissant le comportement professionnel en vue de protéger le public. Selon l’OTSTCFQ, il y a quatre points d’ancrage : 1) un savoir spécifique ; 2) une compétence méthodologique ; 3) une formation typique ; 4) une autonomie professionnelle. La profession reconnaît des « actes professionnels » réservés ou partagés, des approches et des méthodes spécifiques basées sur un code d’éthique ayant une portée sociale.
30Le travail social est une discipline pratique ayant pour objet les problèmes sociaux tels que vécus par des individus, des groupes et des collectivités, dans une perspective d’intervention collective ou individuelle axée sur le changement social. L’action est basée sur une réflexion analytique et critique de la réalité où l’action n’est pas seulement comprise dans un code de procédures ou d’attributs professionnels ; elle interpelle le travailleur social dans sa capacité d’analyse et d’esprit critique (Lecomte, 2000 ; RUFUTS, 1998). Ce discours s’associe davantage à une définition du changement social qui vise la transformation des rapports sociaux et des structures sociales afin qu’ils respectent davantage les règles d’équité et de justice sociale. La discipline pratique laisse place à des choix idéologiques, théoriques et pédagogiques exercés librement par les milieux d’enseignement. Elle permet que l’action soit fondée sur une réflexion analytique et critique de la réalité pas seulement basée sur un code de procédures ou d’attributs professionnels. Selon Cadart (2012), ce qui fait la force d’une discipline, c’est la connaissance pointue qu’elle apporte dans un domaine précis, mais cela constitue une faiblesse s’il n’y a pas de dialogue avec les différentes parties concernées par cette connaissance. Les disciplines communiquent peu ou difficilement entre elles, chacune ayant peur de l’empiètement de l’autre sur son champ de savoirs. Les passerelles sont mal considérées par plusieurs, l’interdisciplinarité attire une certaine « méfiance académique », mais aussi une « méfiance dans la pratique » qui empêche de réelles collaborations professionnelles, intersectorielles et partenariales dans la prestation des services.
31Selon Lecomte (2000), ces trois discours pour tenter de circonscrire le travail social doivent tenir compte des composantes suivantes : 1) la dimension épistémologique, artistique et scientifique qui caractérise la profession et la formation ; 2) la mission spécifique, visant prioritairement les couches sociales les plus défavorisées et marginalisées ; 3) le souci de comprendre l’individu dans son contexte social ; 4) la diversité des interventions et des milieux de pratique ; 5) le contexte organisationnel où il se situe. Ainsi donc, le travail social serait constamment à repenser, à redéfinir ; il fait l’objet d’un tiraillement épistémologique et idéologique au sein des milieux de formation et des milieux de pratique depuis des décennies.
En guise de conclusion
32Le travail social au Québec s’est beaucoup développé au cours des dernières décennies, mais il apparaît être conceptuellement à réinscrire dans les contextes, les histoires et les collectifs. De réforme en réforme, le travail social n’arrive pas à s’ancrer dans un processus continu de professionnalisation ; au contraire, on le déracine constamment, on le restructure périodiquement, on le reprogramme, ce qui a pour effet de le bureaucratiser, de le techniciser et de le déprofessionnaliser. Actuellement, on cherche à lui imposer un référentiel de compétences pour enclaver les agirs des professionnels, pour homogénéiser les pratiques, pour légitimer les actes professionnels ; cela ne pourrait-il pas contribuer à une régression plutôt qu’à une évolution ? Les référentiels de compétences sont un outil pour les ordres professionnels pour règlementer l’exercice de la profession, mais ils cherchent à en faire une prescription de bonnes pratiques en travail social pour les milieux de formation. Les travailleurs sociaux doivent chercher à concilier l’écart entre un rapport techniciste à la pratique professionnelle centrée sur l’acquisition des compétences du référentiel et un rapport réflexif centré sur la capacité d’analyser et d’autocritiquer sa pratique sociale et les politiques en jeu.
33Dans l’état actuel des choses, de nombreux défis s’adressent à la formation du travail social au Québec ; il faut avoir des travailleurs sociaux capables d’aider, mais aussi de comprendre et de changer les conditions de vie qui affectent les individus, les groupes sociaux et la société (Rondeau, 2002). Les milieux de formation ont comme principal défi de participer à la formation théorique, pratique et continue, cela en raison des différents niveaux de coordination que cela peut nécessiter à l’intérieur du milieu de formation, entre les milieux de formation, en tenant compte des spécificités des milieux de pratique et des enjeux sociopolitiques. Selon MacDougall (2002), notre défi interne consiste à ne pas perdre de vue le fait que la raison d’être du travail social est d’offrir des services aux personnes, aux familles, aux groupes, aux collectivités et à la société en mettant à profit les connaissances, les valeurs et les expertises acquises, que ce soit dans le cadre de la pratique directe, de la supervision, de la politique sociale, de la recherche, de l’administration ou de l’enseignement. Grâce aux connaissances, à l’expertise, à l’esprit d’initiative et à la créativité, les travailleurs sociaux vont réussir à contribuer grandement à la vie de notre société et à améliorer le mieux-être des communautés, fidèles à la vision commune du travail social.
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Notes de bas de page
1 Le planning social se rapporte à une démarche socioinstitutionnelle, où des experts œuvrant à l’intérieur des organisations publiques ou parapubliques déterminent les éléments de la problématique ainsi que les actions prioritaires à poser, et se rattache aux programmes provenant de la Santé publique et des initiatives des CLSC, des municipalités ou autres organismes publics, visant la participation des populations à la solution des problèmes sociaux. Cette approche recherche l’adhésion des populations aux priorités déjà établies par les institutions ou le gouvernement (Bourque, 2007).
2 Centre local de services communautaires.
3 Services dits généraux (comme soutien aux familles, aux personnes âgées).
4 Services dits spécialisés (comme les problèmes de santé mentale graves, toxicomanie et dépendances graves).
5 Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines.
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Dynamiques du travail social en pays francophones
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Ce chapitre est cité par
- Lyet, Philippe. Molina, Yvette. (2018) Épistémologie éthique dans un espace interprétatif partagé et négocié. Le cas d'une recherche conjointe québéco-française. Recherches sociographiques, 59. DOI: 10.7202/1051432ar
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