Chapitre 1. Les conditions de la formation d’un « réseau »
p. 33-49
Texte intégral
1L’engagement des Grenier-Godard en juin 1940 doit être replacé dans son contexte : quelles sont leurs origines sociales et géographiques ? Dans quel quartier dijonnais vivent-ils ? Quelle est la part de ces éléments dans leur implication ? Quelle est la situation de Dijon en zone occupée ? Comment se manifeste l’occupation allemande dès juin 1940 ?
2Il faut rappeler dès à présent que cet engagement n’est pas unique. D’autres Dijonnais s’impliquent aussi très vite dans l’aide apportée aux prisonniers évadés puis à tous ceux qui sont pourchassés par les occupants et l’État Français. Leurs trajectoires se rejoignent parfois et se complètent. Le cloisonnement est donc à relativiser, ce qui permet de comprendre la double ou la triple appartenance constatée après-guerre. Cela n’est pas le signe d’une volonté de tricher ou de gonfler des effectifs. Cela traduit la complexité et la porosité des situations dès 1940.
3La notion de réseau doit aussi être interrogée. Est-il possible de parler de réseau au début de l’Occupation ? Roger Binet, un passeur essentiel du réseau, habitant Montceau-les-Mines au moment de la Débâcle, est interrogé en 1994 sur « le réseau de madame Grenier-Godard1 ». Jean Vannier, maire d’Uchon, enquêteur dans le cadre d’un projet d’histoire locale portant sur les thèmes du maquis et de la Résistance, lui demande : « qui est-ce qui vous avait contacté là pour faire partie de ce réseau ? ». Binet lui répond :
« Personne du tout, c’était même pas (sic) un réseau ; moi j’ai connu madame Grenier-Godard à la gare, avec René. Au début, elle venait là, elle amenait un prisonnier, deux prisonniers, trois prisonniers. La pauvre femme, elle venait là avec son gamin René. Ah y’avait pas de réseau, elle l’a monté à la fin, comme les réseaux se sont montés. »
4Cette déclaration montre l’importance de ne pas être prisonnier des représentations d’après-guerre. C’est alors le temps où la reconnaissance et l’officialisation des réseaux et des mouvements par la République figent des histoires évolutives et complexes. Ils doivent, pour des raisons juridiques, financières et honorifiques, (re)construire et institutionnaliser un processus qui fut spontané, souple, mouvant, nébuleux et peu structuré au cours des premiers mois voire des premières années, ce qui pour le réseau Grenier-Godard implique toute la période de sa pleine activité. L’été 1940 voit l’émergence de nombreuses actions menées individuellement ou en groupe.
5Il importe en premier lieu de présenter la famille Grenier-Godard pour commencer à comprendre ses motivations.
« Un ménage d’une honorabilité parfaite »
« Il en coûte quelquefois pour faire son devoir mais il ne faut pas se décourager »
6Cette phrase écrite sur un cahier d’écolier par Blanche Grenard, une petite fille de 11 ans alors en cours moyen à l’école primaire du village des Moussières, petite commune du Haut-Jura, a sans conteste inspiré son engagement à partir de juin 1940 dans la Résistance et son inlassable activité jusqu’à son arrestation en juillet 1942. Son courage, son dévouement et son patriotisme lui ont permis de survivre à 31 mois de captivité, puis lui ont donné la détermination nécessaire pour faire reconnaître après-guerre l’engagement total, parfois jusqu’au sacrifice ultime, de tous les membres de son réseau.
7Blanche est née le 12 août 1900 au domicile familial. Sa mère Eugénie est épicière et gère une pension de famille ; son père Jules est voiturier. Elle est la cinquième d’une fratrie de 11 enfants, 9 filles et 2 garçons. Pour comprendre l’éducation qu’elle et ses frères et sœurs ont reçue, il faut analyser le texte écrit en 1933 par Albert Fournier, directeur du journal la Liberté de l’Ain2. Sa mère, Eugénie Grenard, est alors proposée pour un prix de l’Académie :
« Mme Grenard aujourd’hui veuve a élevé onze enfants dans des conditions matérielles très difficiles se privant souvent du nécessaire, mais elle les a élevés dans le sentiment du devoir, leur donnant en exemple sa simple vie de dignité, de labeur opiniâtre, n’ayant d’autres ambitions que celle d’assurer une solide éducation à ses enfants. Mme Grenard est dans une situation modeste ; elle continue à travailler pour vivre et mérite la bienveillance de l’académie. Récompenser par un prix Mme Grenard, c’est honorer la mère de famille, qui, écrasée par les charges matérielles, ne se découragea pas mais accomplit son devoir que des épreuves ne peuvent entraver. Mme Grenard honora la famille française. Elle a élevé onze enfants. Elle les a bien élevés dans l’amour de Dieu et du devoir3. »
8Les valeurs qui ont modelé Blanche dans sa jeunesse sont la simplicité, le travail, l’esprit de famille, le dévouement et les valeurs chrétiennes. Elle est issue d’un milieu catholique modeste.
9Elle se marie le 20 novembre 1920 à Saint-Claude avec Alphonse Élisée Grenier-Godard, de 9 ans son aîné. Celui-ci est aussi originaire du département du Jura. Il est né à Longchaumois, d’une mère célibataire, lunetière de profession, Marie Amélia Grenier-Godard. Boulanger de formation, il fait ses classes à partir de 1911.
10Alphonse combat sur le front d’Orient de 1915 à 1917. Il y est gazé en novembre 1917. Il en a des séquelles sérieuses : des lésions pleuropulmonaires et de l’emphysème avec bronchite légère4. Alphonse fait partie de ces nombreux héros de guerre anonymes marqués dans leur chair et dans leur esprit par les combats de la Grande Guerre.
11Après leur mariage, le jeune couple s’installe à Dijon, tout d’abord au 1, rue Fournerat, puis au 12, rue Audra. Là, naît, le 13 juillet 1925, René Grenier-Godard. Il est de santé très fragile selon le témoignage ultérieur du médecin de famille, Étienne Perrault5. La famille déménage ensuite 26, rue du Lycée. Le 20 janvier 1929, Blanche donne naissance à un deuxième fils, Jean. Alphonse et Blanche sont un couple uni, mais elle reste toujours très attachée à sa famille, à qui elle rend souvent visite.
12Ils emménagent ensuite en 1936 au 43, rue Saumaise dans le quartier Saint-Michel à 100 mètres du chevet de cette église paroissiale6. Leur petit immeuble est contigu de la cure. Blanche est catholique, impliquée dans sa paroisse, sans être toutefois une bigote.
13Fondée au xie siècle, la paroisse Saint-Michel est une des plus anciennes de Dijon. On peut la qualifier de « paroisse aristocratique » car en 1961, le nouveau curé est officiellement installé par une bulle du pape Jean XXIII7. Dans les années 1930 et 1940, 5 prêtres (le curé et 4 vicaires) y officient, autant qu’à Saint-Bénigne et Notre-Dame, les deux autres paroisses dijonnaises importantes, et plusieurs congrégations religieuses sont établies sur le territoire paroissial8. Depuis 1916, JosephVerdunois est le curé de Saint-Michel. En 1937, il est remplacé par Georges de Cossé-Brissac. Chaque dimanche à Saint-Michel sont célébrées la messe de communion à 6 heures, la messe de 8 heures, la Grand-messe de 10 heures et la messe de 11 h 30. La vie religieuse est très dynamique. On dénombre une dizaine de confréries et d’associations pieuses9. Un bulletin paroissial est distribué aux fidèles depuis 1916. L’année liturgique est rythmée par de nombreuses fêtes. Les principales sont la messe de réparation pour la profanation de la Sainte Hostie (10 février), la fête de Jeanne d’Arc (en mai) et celle de Saint-Michel, patron de la paroisse (29 septembre). Une lettre envoyée aux fidèles en 1936, les incitant à soutenir de nouvelles œuvres paroissiales, décrit la ferveur religieuse du quartier des Grenier-Godard en ces termes :
« Les initiatives généreuses parties de Saint-Michel ne se comptent plus. De nombreuses organisations de prière ou d’apostolat, associations, confréries, œuvre des catéchistes, y ont pris naissance pour rayonner au loin. Sans sortir de Dijon, on trouve hors de la paroisse, plusieurs œuvres fondées par des paroissiens de Saint-Michel. […] Enfin, et c’est là la principale cause de notre confiance, la paroisse Saint-Michel demeure profondément croyante. Les cent mille communions qui se reçoivent chaque année, en l’église paroissiale, les assistances aux nombreuses messes qui s’y célèbrent, font bien voir que les grandes préoccupations surnaturelles de vie chrétienne et d’apostolat y sont restées vivantes et prêtes à l’action comme par le passé10 ».
14Blanche et sa famille vivent dans un environnement où la foi chrétienne est demeurée vivante. René est particulièrement pieux et se destine peut-être à la prêtrise.
15Les Grenier-Godard ont deux voisines qui habitent le même immeuble : Marie-Antoinette Maulbon comtesse d’Arbaumont et Élisabeth Dubrez, veuve de guerre, sans enfant, employée de bureau à la Direction des anciens combattants.
16Sur un plan professionnel, durant les années 1920, les Grenier-Godard ouvrent un magasin « d’antiquités et de timbres pour collection » situé 14, rue Devosge. Ils ne trouvent pas leur clientèle et Alphonse occupe ensuite successivement les postes d’employé-manutentionnaire au PLM, puis, de gardien à la Chartreuse. Blanche remplit les fonctions de garde-malade infirmière à titre privé. Leurs conditions matérielles demeurent modestes.
17René et Jean sont scolarisés à Saint-François de Sales, rueVannerie. Ce sont tous les deux de bons élèves. René est particulièrement brillant.
18Ses parents et ses enseignants lui inculquent l’amour de la France. Les portraits dressés de lui après-guerre sont unanimes : « enfant intelligent, débrouillard, discret et dévoué11. Étienne Perrault le décrit ainsi :
« Âme d’élite qui exerçait sur ses camarades une telle force attractive que tous devenaient rapidement ses confidents et ses amis, subjugués qu’ils étaient par le regard à la fois doux et puissant de ses yeux très francs, profonds et transparents comme des eaux de lac12. »
19Ces phrases ont été écrites ou prononcées après-guerre. On peut y voir un discours hagiographique mettant en valeur la personnalité exceptionnelle de René due à son parcours. On doit aussi prendre en considération qu’il possède ces qualités. Son engagement précoce en constitue la plus belle preuve.
20Les Grenier-Godard sont honorablement connus dans le quartier et donnent l’image d’une famille unie, travailleuse et vertueuse au regard des normes sociales de la France de l’entre- deux-guerres. En 1932, René Bois, chevalier de la légion d’honneur, secrétaire du contentieux des pensions à la caserne Dampierre à Dijon écrit :
« Ce ménage est d’une honorabilité parfaite et digne en tous points comme moralité, ne s’occupant que du travail et d’élever deux petits garçons qui, après avoir été éprouvés par la maladie, sont maintenant en bonne santé grâce aux bons soins de leurs parents13. »
21Les valeurs cardinales des Grenier-Godard sont le travail, la charité, l’abnégation, le courage, la famille et le patriotisme. Elles ont constitué le socle et le moteur de l’engagement total de la famille pour aider les personnes persécutées et pourchassées en France dès le début de l’Occupation.
22Dès la déclaration de guerre en septembre 1939, Blanche Grenier-Godard s’engage comme infirmière militaire.
23Elle est affectée à l’hôpital auxiliaire installé dans les locaux du collège technique Hippolyte Fontaine, situé à 5 minutes à pied de son domicile14. Cet hôpital de 500 lits, qui dépend du service de santé des armées, est installé dans l’internat et une partie de l’externat.
24Son travail l’amène à faire la connaissance de soldats blessés durant la Débâcle, ceux qu’elle appelle « ses protégés ». Plus tard, ils sont pour certains intégrés au réseau et, après être retournés dans leur foyer, servent de relais et de refuge dans leurs villes respectives.
25Alphonse est mobilisé à la 8e section de Commis et d’Ouvriers Militaires d’Administration (COMA) à Nuits-sous-Ravières (Yonne) le 2 septembre 1939, puis renvoyé dans ses foyers le 29 octobre 193915. Certains de ses camarades s’impliqueront dans les actions menées par Blanche durant l’Occupation.
26René est ensuite scolarisé au petit séminaire de Flavigny-sur-Ozerain16. Dans un environnement catholique, il y acquiert une culture classique et poursuit son apprentissage du Latin et du Grec. On peut penser que les sentiments patriotiques inculqués par ses parents sont renforcés car plusieurs enseignants du petit séminaire se sont engagés dans la Résistance ultérieurement. On peut citer trois abbés : Pierre Pivert, professeur de Troisième et Ernest Masson, professeur de Cinquième qui « aidèrent beaucoup les Résistants », et Paul Gauthier qui est devenu aumônier au maquis Bernard. André Duplessis, sous-directeur de la deuxième division, est présenté après-guerre comme étant un « grand patriote17 ». L’abbé Louis Cochet, professeur de philosophie au petit séminaire de 1924 à 1940, est arrêté en janvier 1944 pour faits de résistance, puis déporté en Allemagne. Il meurt à Gross-Rosen, « épuisé par les mauvais traitements », le 21 décembre 194418.
27Un témoignage de Victor Chaudron, un ancien élève du petit séminaire dans les années 1930 confirme l’atmosphère résistante présente à Flavigny-sur-Ozerain. Il déclare :
« J’ai fait mes études secondaires dans une école religieuse de la région, dans l’Auxois, et je voudrais en particulier parler d’un de mes professeurs qui était le professeur d’allemand que j’ai eu à Flavigny-sur-Ozerain dans cette école, qui fréquentait beaucoup l’Allemagne à l’époque hitlérienne et qui nous a rapporté de ses incursions en Allemagne des souvenirs, des scènes qui ne pouvaient tromper personne.
Il nous racontait par exemple, les “grands-messes”, c’est comme ça qu’on appelait ça, de Nuremberg, où le Führer parlait devant des dizaines de milliers de personnes, avec beaucoup de théâtre, avec beaucoup de luminaires, à la lumière des torches, enfin toutes sortes de choses que notre professeur nous répétait en nous disant “attention, il y a là un véritable danger, premièrement parce que ce sont des gens […] sur le plan militaire qui vont devenir très dangereux et puis d’autre part qui sont au service d’une idéologie qui est profondément inhumaine et tout simplement pour ce qui est de notre cas, anti-chrétienne”. Le nazisme, on nous l’a toujours dépeint comme quelque chose d’anti-chrétien. Et je peux vous dire que cela m’a beaucoup marqué et ce fut probablement une des raisons majeures, une des raisons péremptoires qui m’ont conduit à entrer en Résistance19 ».
28René qui maîtrise l’allemand a eu au petit séminaire le même enseignant Paul Perrin. On peut penser que ce dernier a fait part aussi du danger du nazisme, une idéologie mortifère et antichrétienne. Son engagement résistant précoce est le fruit de son éducation familiale et de ses pédagogues.
Le contexte dijonnais en juin 1940
Dijon, ville occupée
29Le lundi 17 juin 1940, les premières unités allemandes atteignent Dijon, une ville quasi déserte, car depuis deux jours la population civile a été invitée à évacuer et, le matin même, la garnison a achevé son repli. Il n’est pas jusqu’aux services municipaux et préfectoraux qui se sont jetés sur la route de l’Exode en direction du Sud de la France via Beaune20. Il ne reste que 20 000 Dijonnais environ oubliés ou qui n’ont pas voulu partir21. Les centres vitaux sont immédiatement occupés par les troupes allemandes : poste centrale, gares, installations militaires (les nombreuses casernes et la base aérienne de Longvic), établissements sanitaires dont l’hôpital auxiliaire Hippolyte Fontaine, les principales usines (Terrot, fabriquant de motos et de bicyclettes, Pétolat, spécialisé dans la fabrication de matériel de chemin de fer et tramway et matériel de voie étroite, l’usine des Tréfileries et laminoirs du Havre et la biscuiterie Pernot notamment) et les lieux d’enseignement (Facultés, Lycées, Saint-Joseph et Saint-François, l’établissement de Jean et René). Ce même jour, le maréchal Pétain adresse un message radiodiffusé dans lequel il demande aux Français de « cesser le combat » et les informe qu’il a engagé des négociations avec « l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher […] après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités », autrement dit de conclure un armistice. Le 22 juin à Rethondes, les plénipotentiaires français conduits par le général Huntziger signent la Convention d’armistice.
30Les Grenier-Godard sont, durant ces heures tragiques, demeurés à Dijon. Jean assiste à l’arrivée des troupes allemandes qui viennent via la Nationale 5. Il était allé voir son père qui est infirmier à « l’Asile départemental d’aliénés » (Centre hospitalier spécialisé de la Chartreuse22).
31On peut relever les prémices de l’engagement de la famille. Blanche explique après la guerre qu’elle a veillé à ce que les stocks de ravitaillement de l’hôpital soient distribués aux militaires et aux civils demeurés sur place avant l’arrivée des Allemands. Alphonse a fait aussi sa part. Il est cité après-guerre pour avoir « aidé à cacher les armes de la ville de Dijon quelques heures avant l’occupation de l’hôtel de ville par les Allemands ». Les premiers résistants se trouvent souvent parmi les Dijonnais qui n’ont pas quitté leur ville.
Dijon, siège de nombreux services allemands
32De nombreux services allemands s’installent à Dijon et dans le département en raison de la situation de carrefour de la capitale bourguignonne. L’administration régionale est assurée par des districts (Bezirke), des Feldkommandanturen (FK) et des Kreiskommandanturen.
33Dijon est le siège de la Feldkommandantur 599 (puis 669). Elle est installée au Palais de Justice et possède 4 annexes en Côte-d’Or et en Saône-et-Loire occupée : Beaune, Autun, Chalon-sur-Saône et Montbard. Elle a pour mission de contrôler les territoires sous sa juridiction, d’y maintenir l’ordre, d’y assurer l’exploitation des ressources économiques et d’exercer la police et la justice. Un tribunal militaire lui est rattaché. Il est situé 3, rue du Lycée et a une antenne à Chalon-sur-Saône. Montbard et Beaune, les deux sous-préfectures, sont dotées d’une Kreisskommandantur (à partir de mai 1942 elles deviennent une antenne de la FK).
34Dijon a aussi été choisie pour être le siège du Bezirk C dont le territoire s’étend sur une quinzaine de départements du Nord-Est de la France. Il s’agit d’une circonscription ou d’un district d’administration militaire. Ses services sont situés à deux adresses : 32, rue de Talant et 22, boulevard de Brosses. Un autre tribunal militaire, situé 11, rue de l’Égalité, est rattaché à cet échelon administratif. La population dijonnaise peut voir de nombreuses affiches l’invitant à s’abstenir « de résistance passive ou même active contre l’armée allemande ».
35Les services chargés spécifiquement de la répression sont protéiformes.
36Il faut distinguer en premier lieu La Geheime Feldpolizei (GFP23), une police militaire, instrument principal de répression de 1940 à 1942. Moins connue et souvent confondue avec la Gestapo, cette police secrète de l’armée est communément appelée la « Gestapo de la Wehrmacht ». Elle est chargée de la lutte contre les menaces à l’encontre de l’armée d’occupation. La GFP est donc très active contre les réseaux d’espionnage, de sabotage ou d’évasion de la Résistance, et coopère avec l’Abwehr, le service de renseignement militaire. Ses hommes sont soit des policiers de métier issus le plus souvent de la police criminelle, soit des hommes mobilisés qui reçoivent une formation préalable. Cet instrument majeur de la répression allemande en territoires occupés se compose de 20 groupes, d’une centaine de membres chacun, qui quadrillent le territoire. Chaque unité est commandée par un Feldpolizeidirektor assisté de plusieurs FeldpolizeiKommissäre, de 5 à 7 Sekretäre et de deux Sonderführer. Chaque groupe compte aussi des dactylos, des ordonnances, des chauffeurs et bien sûr des policiers. La GFP déploie trois groupes dans le Bezirk C : le groupe 627 basé à Troyes avec deux annexes à Nevers et Chaumont ; le groupe 30 installé à Nancy avec trois annexes : Châlons-sur-Marne, Bar-le-Duc et Épinal ; le groupe de Dijon compte aussi trois annexes : Besançon, Belfort et Moulins. Hermann Herold dirige l’ensemble du service depuis décembre 1940, en tant que Leidenter Feldpolizeidirektor. Né en 1891, ancien combattant de la Première Guerre mondiale, il rejoint la police en 1919 et devient commissaire de la Kriminalpolizei de Stuttgart (Kripo) en 1924. Il est promu chef de la Kripo à Heilbronn en 1929. Il adhère au NSDAP en 1937 mais n’est pas membre de la SS. Au début de la guerre, il prend la direction d’une unité de GFP à l’Ouest avant d’être nommé à Dijon. La GFP est alors la principale force répressive contre la Résistance.
37La seconde force de répression est constituée par les groupes de la Feldgendarmerie qui comprennent 7 détachements, y compris pour la Saône-et-Loire occupée : deux à Dijon, un à Beaune, à Montbard, à Chalon, à Autun et à Paray-le-Monial. Ils se composent chacun d’une vingtaine de membres.
38En troisième lieu, on trouve à Dijon, les services de la Sicherheitspolizei (SIPO) associée au Sicherheitsdienst (SD), service de renseignement et de maintien de l’ordre de la SS. Ils sont installés au 9, rue Docteur-Chaussier et ont une annexe située 10, boulevard Carnot. Une trentaine d’agents, sans compter leurs auxiliaires français, en font partie. La SIPO-SD intègre les groupes de la GFP au printemps 1942.
39Enfin, l’Abwehr (renseignements) a une antenne à Dijon très importante. Les agents allemands viennent de Stuttgart et la liste faite à la Libération recense au moins 70 personnes, des hommes (55) et des femmes (15). L’Abwehr de Dijon rend des comptes directement à Berlin et n’a pas de lien de subordination vis-à-vis des services de l’Abwehr de Paris. On distingue trois sections complémentaires : espionnage, sabotage et contre-espionnage. Les services sont principalement basés à deux adresses : 28, rue Pasteur et 9, boulevard Carnot. Il faut y ajouter des appartements et maisons disséminées dans Dijon (rue de Fontaine, rue de Montmartre par exemple). Ce service allemand procède rapidement au recrutement d’agents français.
40Dijon occupe donc une place centrale dans le dispositif allemand de répression dans la zone occupée.
Des prisonniers de guerre nombreux en Côte‑d’Or et à Dijon
41Pendant la campagne de France (mai-juin 1940), 1 800 000 soldats français ont été capturés par les troupes allemandes avant d’être internés dans différents types de camps24. On peut en distinguer trois sortes : les Frontstalags, camps installés dans la France occupée d’où les prisonniers ont été transférés en Allemagne dès juillet 1940 (sauf la plupart des soldats français d’outre-mer qui y demeurèrent), et les camps établis sur le territoire du Reich allemand qui se divisent en deux catégories : les Oflags (camps d’officiers) et les Stalags (camps de sous-officiers et de soldats). Il existe 3 Frontstalags en Côte-d’Or en juin 1940. Ils sont situés à Longvic, à Beaune et à Pont-et-Massène près de Semur-en-Auxois. Le Frontstalag 155, installé sur la base aérienne de Longvic, est le plus important25.
42Plusieurs témoignages font état de la présence de 35 000 à 40 000 soldats dont de nombreux soldats coloniaux durant l’été 1940. Les milliers de prisonniers sont parqués dans les casernements du camp d’aviation, mais les locaux ne sont pas dimensionnés pour recevoir autant d’hommes. De nombreux soldats coloniaux y sont internés. Les conditions dans le camp sont très difficiles. Jean-Pierre Blanc, prisonnier faisant fonction d’aumônier adjoint du camp, témoigne de la dureté de la détention en ces termes :
« Au cours des mois de juin, juillet, août 1940, nous étions environ 45 000 prisonniers de guerre entassés dans le camp d’aviation manquant de tout et vivant dans une promiscuité abjecte26. »
43Le terrain est clos de murs et ne dispose que d’une entrée au niveau du poste de garde. Trois miradors ont été installés et des sentinelles patrouillent à l’extérieur le long du mur d’enceinte.
44Les Dijonnais voient quotidiennement passer des colonnes de prisonniers de guerre. Le Progrès de la Côte-d’Or du 3 juillet fait état de l’arrivée de milliers de prisonniers en provenance de Lyon, convoyés par chemin de fer :
« Traversant nos rues sous la surveillance de soldats allemands, les différents cortèges étaient dirigés vers le camp d’aviation de Longvic dont les installations malgré leur développement ne peuvent satisfaire que fort difficilement au logement de cette multitude de prisonniers. Ceux-ci placés en rangs de quatre ou cinq et suivant les détachements de leurs officiers appartenant aux armes les plus diverses : infanterie, artillerie, train des équipages, cavalerie, etc. On y comptait même quelques marins. Au centre de ces immenses colonnes étaient placés nos soldats coloniaux : Sénégalais, Tirailleurs algériens et marocains dont la garde était assurée d’une façon particulièrement vigilante par des militaires armés de mitrailleuses.
À tous ces hommes exténués de fatigue […], sous le coup de souffrances morales dont on devine l’origine, les passants apitoyés offraient de grand cœur les provisions dont ils pouvaient disposer. On cite à ce sujet, des cas de libéralité extrême, dont nous tenons sur leur demande à respecter l’anonymat de leurs auteurs27 ».
45Des prisonniers participent souvent à Dijon à des travaux urbains ou alors sont employés dans des détachements agricoles dans les exploitations des communes péri-urbaines. Ceux-ci sont effectués sous la garde de soldats allemands.
46Le Progrès de la Côte-d’Or du 4 juillet 1940 montre en une des prisonniers français enlevant les sacs de sable qui avaient été installés devant la façade de l’église Saint-Michel afin de la protéger d’éventuels bombardements.
47Blanche, se rendant à l’église Saint-Michel régulièrement, les a certainement vus. On peut penser qu’elle fait partie des Dijonnais dont le journaliste loue l’empathie en ce début d’Occupation :
« Nombreux sont les Dijonnais qui n’ont pas manqué de montrer à nos soldats prisonniers toute l’affectueuse sollicitude qui leur est si nécessaire en ce moment. Ils ont témoigné d’une façon tangible combien la population tout entière est prête à seconder les efforts qui seront faits pour adoucir les rigueurs de leur situation présente. »
48Les mêmes scènes se reproduisent place Darcy. Alors que des soldats remblaient les tranchées qui y avaient été creusées, en vue d’éventuels combats dans Dijon, la population leur réserve un bon accueil et leur fournit des victuailles.
49Le journal local rend compte de « l’affectueuse sollicitude montrée » aux soldats prisonniers par les Dijonnais. Ils peuvent confectionner des colis, puis les déposer chez les sœurs de Saint-Joseph de Cluny, communauté religieuse installée 13, rue Chabot-Charny. Les colis sont ensuite transportés collectivement au camp. Ils peuvent être nominatifs ou anonymes. Ces derniers sont répartis entre « les prisonniers les plus déshérités ». Le 9 juillet est constitué le Comité dijonnais d’assistance aux prisonniers de guerre. Son objectif est « d’apporter à tous connus ou inconnus, un peu de douceur, un peu de mieux-être28 ». Toutes les bonnes volontés de tous les quartiers de Dijon sont invitées à s’engager.
50Très rapidement, les Allemands fixent des règles pour le ravitaillement et les contacts avec les prisonniers : « elles n’autorisent pas les prisonniers à voir les personnes qui les demandent à l’entrée du camp de Longvic » et précisent « qu’il est absolument inutile de se rendre au camp de Longvic29 ».
51Des Françaises et Français, de Dijon et d’ailleurs, vont toutefois se rendre au camp pour avoir des informations de soldats dont ils n’ont aucune nouvelle, mais aussi pour ravitailler les nombreux militaires présents. Parmi eux, on recense une organisation officielle, la Croix-Rouge de Dijon30, et des familles. Jean se souvient des voyages quotidiens en charrette à bras, chargée de pains et de ravitaillement donnés par des boulangers et commerçants du quartier Saint-Michel, accompagné par sa mère et son frère. On peut citer par exemple la boulangerie Boirin sise au 7, rue Saumaise31. Elle fait partie des « 9 boulangers restés à leur poste » lors de « la débandade » du 16 juin 194032.
52La prieure des Petites Sœurs Dominicaines confirme ce fait :
« Lorsque des milliers de Français manquant de tout furent enfermés au camp de Longvic, elle s’employa avec son fils aîné René, alors âgé d’une quinzaine d’années, à soulager leur détresse. On la voyait pousser avec lui, jusqu’au camp éloigné de plusieurs kilomètres, la charrette remplie de pain, de provisions, d’objets de toutes sortes. René savait l’allemand et servait au besoin d’interprète33. »
53Une autre religieuse parle de trajet Dijon-Longvic, parcouru « plusieurs fois par jour à pied et avec de lourdes charges34 ». Le statut d’infirmière de Blanche lui facilite l’accès au camp.
54Outre les Grenier-Godard, il faut souligner l’engagement d’une habitante de Bourg-en-Bresse, Marie-Antoinette Ducruet. Mère de 9 enfants (vivants précise son dossier), veuve, infirmière, elle est, d’après un témoignage d’un soldat alors interné, la première civile à entrer dans le camp35. Elle effectue 22 voyages de Bourg-en-Bresse à Dijon et apporte en camionnette pour les prisonniers plus de trois tonnes de ravitaillement et de vêtements. Elle assume aussi dès la fin du mois de juin une mission de renseignements pour de nombreuses familles inquiètes et établit des listes de prisonniers qui sont transmises à leurs proches36. Enfin, elle anticipe et favorise de futures évasions. Redonnons la parole à l’abbé Blanc :
« À signaler que l’apport de vêtements civils, argent, boussole, cartes était destiné à faciliter les évasions. Pour que celles-ci soient facilitées, Mme Ducruet donnait des indications, des adresses, particulièrement la filière de Mme Grenier-Godard. »
55Le lien entre les deux femmes est établi par la mère de Blanche, Eugénie Grenard, qui est une voisine burgienne très proche37. Elle réside à Bourg depuis les années 1920 et jouit d’une très bonne réputation. Deux autres membres de la famille résident alors à Bourg : Yves Grenard le frère de Blanche, et l’une de ses sœurs, Roberte Grenard qui dirige le pensionnat Jeanne-d’Arc38.
56L’accès au camp n’est pas sans risque pour les civils. Le témoignage de l’abbé Blanc est à ce sujet très édifiant :
« Il va sans dire que Mme Ducruet n’a pu accomplir la mission qu’elle s’était donnée sans s’exposer maintes fois aux vexations, aux fouilles, aux menaces des autorités allemandes. Nous certifions avoir été témoins à trois reprises de scènes violentes : Mme Ducruet encadrée et frappée… Une autre fois emmenée au bureau et questionnée par un faux prisonnier. Plusieurs fois, on cherche à l’intimider par la mitrailleuse. À plusieurs reprises, Mme Ducruet n’a dû son salut qu’à son cran et en imposa aux autorités allemandes par son courage calme et froid. »
57Ainsi les valeurs des Grenier-Godard vont dans un contexte d’Occupation les pousser à s’impliquer dès le mois de juin 1940 en faveur des prisonniers français et belges très nombreux en Côte-d’Or. Cet engagement est intimement lié à leur patriotisme et à leur humanisme. Il se concrétise grâce au caractère affirmé et à l’esprit d’abnégation de Blanche, « une guerrière » selon sa petite-fille39. Il faut désormais étudier par quel biais les évasions ont lieu à Dijon et de quelle manière les bonnes volontés se rencontrent durant l’été 1940, en partie, encouragées, aiguillées et organisées par Blanche et René.
Notes de bas de page
1 http://patrimoine-oral.org/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=8258&fonds=1&cid=149 ; [00:20:18], (consulté le 13 mai 2022), Rencontre avec un ancien résistant du maquis d’Uchon, Jean Vannier, 1994. Évocation de Mme Grenier-Godard à Montceau de 1940 à 1942 ; elle était infirmière et ramenait des prisonniers ; il était passeur. Et le réseau s’est monté au fur et à mesure.
2 C’est un journal issu du mouvement démocrate-chrétien de l’Action libérale populaire qui souhaite allier catholicisme et République ; Janet-Vendroux Évelyne, Jacques Piou et l’Action Libérale Populaire (1901-1914), thèse d’histoire soutenue en 2012, dir. de Gilles Le Béguec, université Paris-Nanterre.
3 SHD Vincennes, GR 18 P 24, courrier du directeur du journal la Liberté de l’Ain.
4 Archives départementales du Jura, RP/1444, fiche matricule no 1445.
5 AN, 72 AJ 311, déportation généralités, discours du docteur Perrault, 1er juillet 1950.
6 Roze Jean-Pierre, Saint-Michel de Dijon. Une communauté et son église du viiie siècle à nos jours, 1er volume, 2020 ; du même, Saint-Michel de Dijon, Dijon, EUD, 2020.
7 ADCO, 1 J0 565, bulle du pape Jean XXIII de juillet 1961.
8 Ordo du diocèse de Dijon 1937-1939 et 1940-1942.
9 Roze Jean-Pierre, Saint-Michel de Dijon…, op. cit., p. 80-81.
10 Archives diocésaines de Dijon (ADD), 2 P 231-3, Dijon Saint-Michel, vie paroissiale, bilan des œuvres paroissiales établi en 1935.
11 SHD Vincennes (SHDV), GR 18 P 24, dossier d’homologation du réseau Grenier-Godard ; attestation établie par la Supérieure de la Communauté Saint-Vincent de Paul, 18 octobre 1946.
12 AN, 72 AJ 311, doc. cit.
13 ADCO, 6 J 350, courrier du 19 décembre 1932.
14 ADCO, 6 J 351, courrier du docteur Robert Blanc, chirurgien de l’Hôpital général.
15 ADCO, 6 J 350, livret militaire.
16 ADCO, 6 J 350, courrier du 8 décembre 1939.
17 ADD, 5 Q 06, liste des prêtres ayant eu une activité de résistance en Côte-d’Or.
18 Le Bien Public, 23 mai 1945, p. 1, « Les prêtres héroïques, M. l’abbé Cochet ».
19 https://www.memoresist.org/temoignage/victor-chaudron/, (consulté le 24 janvier 2022), témoignage de Victor Chaudron recueilli par les Amis de la Fondation de la Résistance, date inconnue.
20 Autran Pierre, Robert Jardillier (1895-1945). Un socialiste humaniste et chrétien dans la tourmente, Dijon, EUD, 2014 ; Gounand Pierre, Dijon 1940-1944 : du désespoir à l’espoir, Précy-sous-Thil, Éditions de l’Armançon, 2004 ; Bazin Jean-François, Connes Georges, Genevoix Maurice, Connes Pierre, Vigreux Jean (Préfacier) Débâcle, Résistance, Libération à Dijon. Georges Connes, 1890-1974, Dijon, EUD, 2014.
21 ADCO, 75 J 88 ; chiffre donné par Henri Drouot dans son premier cahier de notes sur l’Occupation d’après les textes de l’Abbé Kir parus dans les numéros du journal catholique Le Bien du Peuple. C’est un chiffre approximatif. Georges Connes, membre comme Kir de la délégation municipale nommée par le préfet Chevreux le 16 juin 1940 et premier maire de Dijon après la Libération, évoque 15 000 ou 10 000 Dijonnais n’ayant pas fui la ville. Léon Bichot membre aussi de la même commission donne le chiffre de 25 000 ou 30 000 Dijonnais qui n’avaient pas eu le temps ni les moyens d’évacuer la ville » ; voir Journal de guerre du colonel Léon Bichot, 1940-1941 et 1944, p. 5, texte de Léon Bichot présenté par Bazin Jean-François.
22 Interview du 29 octobre 2020 réalisée à Sospel par Vincent de Cointet pour un documentaire sur la ligne de démarcation : « La ligne de démarcation, la France coupée en deux » diffusé sur France 3, lundi 7 juin 2021.
23 Winter Robert, Die Geheime Feldpolizei, Wolfenbüttel, Melchior Verlag, 2013.
24 Durand Yves, La captivité : histoire des prisonniers de guerre français (1939–1945), Paris, FNCPG, 1980.
25 Archives nationales (AN), F 9 2352 ; il reste opérationnel jusqu’en janvier 1941. Ensuite les derniers prisonniers, qui sont plus de 2 500, sont transférés au fort d’Hauteville-les-Dijon qui devient alors le Frontstalag 122. La plupart sont toutefois en commandos extérieurs dans les campagnes.
26 ADCO, 6 J 348, attestation faite par l’abbé Jean-Pierre Blanc, 21 septembre 1948 ; dossier Marie-Henriette Ducruet.
27 ADCO, PER 166/107, juillet-décembre 1940, Le Progrès de la Côte-d’Or du 3 juillet 1940.
28 Le Progrès de la Côte-d’Or du 10 juillet 1940.
29 Le Progrès de la Côte-d’Or du 5 juillet 1940.
30 ADCO, 92 J 62, Comité de Dijon de la Croix-Rouge Française, demandes d’autorisations de visite des infirmières de la Croix-Rouge aux prisonniers.
31 ADCO, W 21063, procès-verbal du 23 août 1949.
32 ADCO, 75 J 88, il s’agit des cahiers originaux écrit par Henri Drouot. Il a collé des extraits du journal Le Bien du Peuple de Bourgogne dirigé par le Chanoine Kir. Celui-ci fait une rétrospective des événements de juin 1940. Kir cite les boulangers restés à Dijon. Des extraits de ces carnets ont été publiés en 1998 : Drouot Henri, Notes d’un Dijonnais sous l’Occupation, Dijon, EUD, 1998. Dans le présent ouvrage, il est toujours fait mention des carnets originaux, ces derniers étant souvent plus complets ; Le Page Dominique, « Henri Drouot, l’historien et la Cité », dans Annales de Bourgogne, tome 88, fascicules 3 et 4, 2016.
33 SHDV, GR 18 P 24, dossier d’homologation du réseau Grenier-Godard, attestation de Lucie Gauthier, en religion sœur Anne de Jésus, prieure des Petites Sœurs Dominicaines, 55, rue Saumaise à Dijon, 27 février 1946.
34 Témoignage de la Supérieure de la maison de charité Saint-Michel.
35 ADCO, 6 J 348, dossier Marie-Henriette Ducruet ; témoignage de Paul Perrier confirmé par Marcel Alban, tous deux détenus au Frontstalag 155.
36 Témoignage d’Alfred Bertholet, adjoint au maire de Bourg, septembre 1948.
37 Elles habitent à 150 mètres l’une de l’autre ; Eugénie Grenard, 49, boulevard de Brou et Marie-Antoinette Ducruet, 14, rue des Fontanettes.
38 SHDV, GR 18 P 24, fiche d’Eugénie Grenard renseignée par sa fille.
39 Entretien en visioconférence d’Évelyne Grenier-Godard, épouse Momas, août 2020.
Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Itinéraires d’hommes, trajectoires d’objets
Mélanges offerts à Daniele Vitali
Arianna Esposito, Nicolas Delferrière et Andrea Fochesato (dir.)
2021
Les secrétaires régionaux du Parti communiste français (1934-1939)
Du tournant antifasciste à l’interdiction du Parti
Dimitri Manessis
2022
La Bresse et le pouvoir
Le Papier journal de Jean Corton, syndic du tiers état (1641-1643)
Olivier Zeller
2023