L’iconographie du Carnyx sur les monnaies romaines
p. 293-310
Résumés
L’iconographie des monnaies gauloises et romaines est une source importante pour la connaissance de cette trompette de guerre celtique appelée carnyx. Les images monétaires romaines avec carnyx sont d’ailleurs plus nombreuses que les gauloises. Les dix-neuf types romains connus sont ici décrits et interprétés : à chaque fois ou presque, cet instrument emblématique, associé à d’autres, célèbre une victoire sur une armée gauloise.
The iconography of Celtic and Roman coins is an important source of information about the Celtic war trumpet called carnyx. Surprisingly, Roman coin types with this iconic instrument are more numerous than the Celtic ones. The nineteen known Roman coin types are here described and interpreted: almost always are celebrated old or recent victories over Gallic armies.
Entrées d’index
Mots-clés : monnaie gauloise, monnaie romaine, types monétaires, iconographie, propagande, guerre et armée
Keywords : Celtic coins, Roman coins, monetary types, iconography, propaganda, war and army
Texte intégral
1Avec le torque et le sanglier-enseigne, le carnyx est sans doute le plus célèbre et le plus emblématique des objets gaulois. Connu par les textes, mais surtout par l’archéologie et l’iconographie, il offre la particularité d’avoir été représenté à la fois sur des monnaies gauloises et sur des monnaies romaines. Rappelons d’abord que cette trompe de guerre est peu attestée par les textes, où elle est d’ailleurs mal décrite. Polybe, Diodore de Sicile et Plutarque ne retiennent que le vacarme provoqué par ces aérophones, destiné à galvaniser les combattants gaulois et à semer la panique dans les rangs ennemis1 (Brunaux et Lambot, 1987, p. 113-115). Dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules, César n’en parle pas. Son nom même, un (ou une ?) κάρνυξ ne nous est donné que par un seul texte byzantin2.
2Le carnyx est en revanche mieux connu par des découvertes archéologiques (Piggott, 1959 ; Vendries, 1999 ; Hunter, 2009b). Des éléments divers ont été recueillis anciennement en Grande Bretagne, en Suisse et dans le sud de l’Allemagne ; le plus intéressant provient d’une tourbière à Deskford en Écosse (Piggott, 1959, pl. X ; Vendries, 1999, p. 371 et 373). Mais certains auteurs préfèrent voir dans cette tête animale complète l’enseigne d’une cohorte romaine, d’un type plutôt tardif (un draco ; Feugère, 1993, p. 57-58). En Gaule, C. Vendries a identifié plusieurs fragments du pavillon d’un carnyx découvert en 1883 sur le sanctuaire de Mandeure dans le Doubs (Vendries, 1999, p. 371-372). Et c’est à Tintignac, en Corrèze, qu’a eu lieu en 2004 la découverte la plus spectaculaire : dans une fosse à l’intérieur du sanctuaire avaient été déposés quatre ou cinq carnyces démontés, dont un au moins est complet, accompagnés de neuf casques et d’objets divers (Maniquet, Fauduet et Odenhardt-Donvez, 2008 ; Maniquet et al., 2011). De ces découvertes hélas peu nombreuses et souvent fragmentaires on retiendra que, contrairement au torque qu’on trouve dans l’ensemble du monde celte, la diffusion du carnyx paraît plus limitée, essentiellement en Gaule et en Bretagne (Hunter, 2009b, p. 83). D’autre part, les carnyces de Mandeure et de Tintignac en témoignent bien, les pavillons de ces longues trompes gauloises zoomorphes ont précisément la forme d’une tête de sanglier (d’une hure) gueule ouverte, avec échine, écoutes, mirettes, boutoirs, grès et défenses caractéristiques de cet animal. Seule exception, le pavillon de l’un des carnyces de Tintignac a une tête de serpent. L’importance du sanglier dans l’iconographie gauloise est bien connue (Deyts, 1992, p. 46-48 ; Moreau et al., 1995 ; Vendries, 1999, p. 378-381). Animal sauvage, puissant et redoutable, gibier noble par excellence, on comprend qu’il a pu symboliser la force et le courage guerrier, en rapport avec l’aristocratie et sans doute avec la religion, comme le suggère le dieu en pierre d’Euffigneix en Haute-Marne (Blanchet, 1930 ; Deyts, 1992, p. 47) sur lequel est plaquée la figure d’un sanglier. On sait aussi que les enseignes militaires gauloises étaient formées de statuettes de sanglier fixées sur des hampes (Brunaux et Lambot, 1987, p. 111-113). Des exemplaires de ces sangliers-enseignes en bronze sur plateforme ont été recueillis à Soulac-sur-Mer en Gironde (Moreau et al., 1995) et à Neuvy-en-Sullias dans le Loiret (Gorget, Proust et Vial, 2007). Rappelons aussi que le sanglier fait partie des types courants sur les monnaies gauloises (Schomas, 2011, p. 382 et 475), qu’il s’agisse de l’animal totémique ou précisément de l’enseigne militaire3.
3C’est surtout par l’iconographie gauloise et romaine que nous connaissons le plus grand nombre de carnyces, leur forme complète ainsi que la façon dont ils étaient tenus et utilisés. Nous ne ferons pas ici l’inventaire de toutes ces images, produites sur des supports bien différents. Mais il faut au moins citer le chaudron de Gundestrup (Danemark) parce qu’il offre la plus ancienne représentation gauloise de plusieurs carnyces, qui plus est en usage. La fabrication (origine thrace ?), la datation (fin du iie siècle av. J.-C. ?) et l’interprétation (cultuelle ?) de ce bassin font encore débat (Olmsted, 1979 ; Bergquist et Taylor, 1987 ; Goudineau et Verdier, 2006). Mais son célèbre décor de douze plaques d’argent travaillées au repoussé porte des images qui font partie de la culture celtique. Sur l’une d’elles est représentée une troupe armée composée de cavaliers et de fantassins. La marche de ces derniers est fermée par trois joueurs de carnyces. Ceux-ci sont debout et soufflent dans de grandes trompes qu’ils tiennent verticales. Les longs tuyaux droits sont composés de plusieurs éléments qui semblent emmanchés et fixés par des bagues de raccord. Et ces instruments ont un pavillon zoomorphe qui ressemble à une hure à l’échine hérissée.
4Le carnyx est par ailleurs représenté sur un certain nombre de monnaies celtiques. F. Hunter en a publié récemment l’étude exhaustive (Hunter, 2009a). Après avoir écarté les images hypothétiques et douteuses, son inventaire ne compte que treize numéros (fig. 1), soit six types produits en Bretagne et sept types produits en Gaule. Tous sont des types de revers sauf un droit pour la Gaule. Cette répartition géographique ressemble à celle des découvertes archéologiques d’éléments de carnyx. Les monnaies bretonnes forment un groupe très cohérent : toutes viennent du sudest de l’Angleterre, du Kent et de l’Essex, et sont datées des années 20 av. à 20 ap. J.-C. Et particularité intéressante, ces types bretons ne représentent que des carnyces tenus ou brandis par des hommes (et une femme) à cheval. Ces images de cavaliers souvent casqués confirment le climat militaire dans lequel on trouve le carnyx, et aussi sa fonction probablement vexillologique. Comme le sanglier-enseigne, le carnyx, qui dominait la mêlée par sa taille, devait servir de signe de ralliement et transmettre des ordres visuels. Les types des monnaies de Gaule sont à peine plus nombreux, ce qui est finalement bien peu pour un objet aussi emblématique. D’autant plus que les types 9 (la tête chapeautée des potins du Gué de Sciaux ; Parvérie, 2010) et surtout 10 (les carnyces stylisés en forme de kappa) nous paraissent bien discutables. Ces monnaies sont plus dispersées en chronologie (de la moitié du iiie à la fin du ier siècle av. J.-C.) et dans l’espace (Armorique, Normandie, Loire, Limousin, Bourgogne). Les types sont aussi plus variés : les carnyces sont associés à des chevaux non montés, placés derrière une effigie ou tenus en main par des figures en pied. Parmi eux, le plus célèbre et le plus éloquent appartient à une série de deniers (DT III, 3213) frappés pendant la guerre des Gaules au nom du chef éduen Dubnorix (Schomas, 2011, p. 230-239). Sur ce revers, un soldat à pied, peut-être Dubnorix lui-même, casqué, cuirassé, portant un poignard et une longue épée à la ceinture, arbore les emblèmes militaires gaulois les plus forts : le sanglier-enseigne et le carnyx. Le message provoquant, pour ne pas dire la menace, de ce chef de parti hostile aux Romains4 est confirmé par la tête coupée qu’il tient dans l’autre main : il peut s’agir d’une tête prise à un ennemi, collectionnée par le guerrier victorieux, selon un ancien rite gaulois décrit par les textes5.
5Rome, qui a connu depuis le ive siècle av. J.-C. de nombreuses guerres contre les Gaulois (Le Bohec, 2017, p. 70-73), les a souvent représentés ou évoqués dans l’art, avant tout sur les reliefs historiques. Dans cet art officiel destiné à célébrer les victoires et les conquêtes des Romains, différents éléments ont été utilisés pour identifier les tribus ou les nations étrangères vaincues puis intégrées à l’empire (Jatta, 1908 ; Ostrowski, 1990). Il peut s’agir de détails capillaires, de pièces vestimentaires, d’armements spécifiques, d’animaux ou de végétaux caractéristiques d’une région du monde. Les Gaulois furent le plus souvent représentés de façon peu flatteuse, c’està-dire comme des barbares : les hommes sont barbus, hirsutes, nus ou habillés de braies, et ils portent le torque ; les femmes ont des cheveux longs et non coiffés. Audelà de cet aspect physique qui ne les distingue guère des Germains6, les Gaulois sont identifiés par leurs armes et par leurs emblèmes : boucliers ovales à umbo, longues épées, sangliers-enseignes et bien sûr carnyces (Couissin, 1927a ; Couissin, 1927b). Ce sont précisément tous ces éléments que l’on retrouve par exemple sur l’arc d’Orange (Amy et al., 1963, p. 77-88 ; Stilp, 2017, p. 141-151) qui est daté du règne de Tibère. D’abord, des armes et des enseignes gauloises prises à l’ennemi (les spolia) sont exposées dans un savant désordre sur trois des quatre panneaux conservés audessus des petits passages. Et sur le petit côté conservé à l’est, elles sont associées à trois trophées anthropomorphes (Picard, 1957, p. 323-324) juxtaposés (fig. 2). Sur cet arc, on compte au total trente-sept carnyces qui sont regroupés par duos ou par trios. Ils ne sont pas tous identiques et la hure du sanglier n’est pas représentée de façon très réaliste. Les oreilles sont peu visibles, les défenses sont absentes et la mâchoire inférieure est trop largement ouverte, courte et recourbée comme le bec d’un oiseau7. L’impression donnée est celle de créatures monstrueuses, hybrides entre le sanglier et le serpent, ou proches du griffon. Second exemple célèbre : sur la cuirasse historiée de l’Auguste de la Prima Porta, à droite derrière le Parthe qui s’apprête à rendre à Rome une aigle de légion, se trouve assise une figure féminine aux cheveux longs, identifiée clairement par le sanglier-enseigne et le carnyx qu’elle tient : c’est Gallia (Zanker, 1988, p. 189 ; Parisi Presicce, 2014, p. 26-28), province qu’Auguste prétendait avoir pacifiée8.
6Enfin, le carnyx se rencontre aussi sur les monnaies romaines. Ce n’est pas le seul objet spécifiquement gaulois à faire partie des iconographies gauloise et romaine, mais il est assurément plus courant que le torque ou le sanglier-enseigne9. Voici la description et l’interprétation des types monétaires romains avec carnyx10 (fig. 3 et 4), ordonnés selon la chronologie de leurs émissions.
71) Un denier sans nom de magistrat monétaire présente au revers, sous les pattes avant des chevaux des Dioscures, un carnyx croisé avec un bouclier ovale à umbo (RRC 128/1). Cette série a été attribuée à la gens Decia parce qu’un denier au revers identique et restitué sous Trajan porte le nom de Decius Mus (RIC II, n° 766, p. 305 ; BMC III, p. 138). Si l’on retient cette hypothèse11, le magistrat pourrait avoir évoqué par ces deux objets gaulois la victoire de son aïeul P. Decius Mus à Sentinum en 295 av. J.-C12. Au cours de cette bataille indécise contre des Gaulois alliés aux Samnites, ce consul offrit sa vie aux dieux dans un rite de deuotio. En tout cas, cette émission qui est précoce (206-200 av. J.-C.) ne peut faire allusion qu’à un événement impliquant des Gaulois d’Italie.
82) Un denier frappé à Rome par L. Furius Philus en 119 av. J.-C. (RRC 281/1) représente au revers une Rome personnifiée couronnant un trophée anthropomorphe aux armes indéterminées (un casque en forme de sanglier ?) mais flanqué de deux carnyces bien reconnaissables. Il pourrait s’agir ici de l’évocation de la victoire de P. Furius Philus, l’ancêtre du monétaire, et de C. Flaminius sur les Insubres à Rimini en 223 av. J.-C. (Couissin, 1928, n° 4, p 34 ; Zehnacker, 1973, p. 500-501). Mais M. Crawford trouve difficile d’y voir autre chose que l’évocation de la victoire romaine récente sur les Arvernes et les Allobroges dans le sud de la France en 121 av. J.-C. (Crawford, 1974, p. 297). En fait, ces deux interprétations peuvent être parfaitement justes car les types monétaires romains étaient souvent polysémiques, c’est-à-dire qu’une image unique pouvait délivrer différents messages. L. Furius Philus a pu diffuser ce type pour rendre hommage à la fois à l’exploit militaire de son ancêtre et à celui plus récent des consuls Cn. Domitius Ahenobarbus et Q. Fabius Maximus, tous ainsi rapprochés dans une même gloire parce qu’ayant eu le Gaulois comme ennemi commun.
93) Une autre série de deniers frappés en 118 av. J.-C. (RRC 282/1-5), peut-être à Narbonne même (Mattingly, 1922, p. 230-233), célèbre assurément cette victoire importante sur les Allobroges et les Arvernes en 121 av. J.-C. qui a permis la création de la province de Gallia Transalpina (Couissin, 1928, n° 2, p. 34 ; Zehnacker, 1973, p. 544 et 560). Ces monnaies portent les noms de Cn. Domitius Ahenobarbus, l’un des auteurs de cette conquête qui fait donc ici son autopromotion, et de L. Licinius Crassus. Ils ont sans doute été les premiers duumuiri de la colonie de Narbonne fondée en 118 av. J.-C., ce qui leur a donné le pouvoir de diriger cette frappe monétaire (Crawford, 1974, p. 298-299). Sur ce revers d’actualité est représenté un guerrier debout dans un bige, tenant un bouclier et brandissant une lance et un carnyx, qui l’identifie donc comme un Gaulois. Il paraît certes redoutable, mais il est d’abord désigné comme un barbare : il est nu, barbu et hirsute. Ce farouche adversaire est peut-être le roi Bituitos lui-même (Babelon, 1902, p. 4 et 12), qui se trouvait à la tête de la coalition des Arvernes et des Allobroges, fameux parce qu’il lançait à son peuple des poignées de monnaies d’or et d’argent depuis son char13 (Brunaux et Lambot, 1987, p. 118), et qui a fini détenu à Alba14.
104 et 5) Deux quinaires frappés à Rome par les questeurs C. Fundanius en 101 av. J.-C. (RRC 326/2) et T. Cloulius en 98 av. J.-C. (RRC 332/1) ont le même type de revers, à un détail près : une Victoire personnifiée debout à gauche couronne un trophée anthropomorphe garni d’armes imprécises (casque à cornes ? cuirasse, lance et bouclier). Mais au pied des trophées se trouve dressé un carnyx stylisé et un barbare entravé, agenouillé ou assis. 6) Un troisième quinaire frappé à Rome par le questeur C. Egnatuleius en 97 av. J.-C. (RRC 333/1) présente au revers une Victoire similaire, mais debout à droite, couronnant un trophée anthropomorphe avec casque et armes diverses. Un carnyx bien reconnaissable est déposé à sa base, mais il n’y a pas de captif. Le contexte historique ne laisse guère le choix de l’interprétation des revers de cette série de trois quinaires : il s’agit de la célébration des victoires de Marius sur les Teutons en Aix-en-Provence en 102, puis (avec Q. Lutatius Catullus) sur les Cimbres à Verceil en 101 av. J.-C. (Couissin, 1928, n° 6, 7 et 8, p. 37-38 ; Zehnacker, 1973, p. 548-549). C. Fundanius et C. Egnatuleius n’ont pas fait parler d’eux après leur questure, mais on sait que T. Cloulius a été marianiste : c’est l’un des trois généraux qui ont été battus en 83 av. J.-C. par le jeune Pompée au service de Sylla15 (Crawford, 1974, p. 332). Les Cimbres et les Teutons sont des peuples germains originaires du Jutland. Et comme cela arrive souvent, on a donné ici à un Germain les caractéristiques d’un Gaulois. On l’a donc associé au carnyx, qui devient ici la trompe de guerre emblématique des barbares du Nord. Le Germain entravé au pied du trophée pourrait être Teutobodus, roi des Teutons qui a été capturé après la bataille d’Aquae Sextiae. D’après Florus, sa taille impressionnante en fit le plus bel ornement du triomphe de Marius16. H. Zehnacker a fait remarquer très justement que si les monétaires de cette époque ont fait frapper autant de quinaires c’est parce que ceuxci, reprenant la place et la fonction des anciens victoriats, ont recyclé fort opportunément dans ce contexte le vieux type de la Victoire couronnant un trophée (Zehnacker, 1973, p. 548).
117) Un denier frappé à Rome par D. Iunius Silanus en 91 av. J.-C. (RRC 337/1) représente au revers une simple Victoire dans un bige. Sous les chevaux se trouve un carnyx couché. Il s’agit ici de l’évocation du combat singulier remporté par T. Manlius contre un Gaulois en 361 av. J.-C.17 À l’issue de sa victoire, T. Manlius avait pris le torque porté par son adversaire et gagné son surnom de Torquatus. Cela est rappelé sur le droit de cette monnaie par le torque qui entoure l’effigie de Silène. Plus tard, un T. Manlius Torquatus descendant du premier, préteur en 141 av. J.-C., fut adopté par les Iunii Silani. Ce qui explique pourquoi D. Iunius Silanus honore l’exploit ancestral d’un Manlius Torquatus (Couissin, 1928, n° 10, p. 38-39 ; Zehnacker, 1973, p. 508-509 ; Crawford, 1974, p. 339).
128) et 9) Plusieurs deniers frappés à Rome par C. Coelius Caldus en 51 av. J.-C. se complètent pour délivrer le même message. Sur le revers de ces monnaies (RRC 437/2, 3 et 4) est représentée une table de banquet flanquée de deux trophées anthropomorphes. Celui de gauche avec un bouclier rond est macédonien, celui de droite avec un bouclier ovale et un carnyx est gaulois. Le magistrat monétaire célèbre ici les exploits militaires de son ancêtre homonyme, entre autres contre des Gaulois18. Il avait en effet maté un soulèvement des Salyens en Gaule Transalpine en 90 av. J.-C.19 Sur la dernière variante (RRC 437/4) un beau portrait de C. Coelius Caldus est représenté sur le droit (Harlan, 1995, p. 160-161) : le carnyx et la longue lance qui se trouvent derrière sa tête rappellent que ce maior a été victorieux contre des Gaulois. G. Sauron a bien rappelé le principe de ce dispositif iconographique monétaire d’origine hellénistique, souvent utilisé sur les monnaies républicaines, qui consiste à placer un symbole ou un attribut derrière une effigie. Celui-ci peut rappeler un exploit personnel (une victoire), une prêtrise exercée ou identifier directement une personnification (Sauron, 1994, p. 518, note 162).
1310) Un célèbre denier de Jules César, frappé sans doute en Gaule Cisalpine vers 49 av. J.-C. (RRC 443/1), représente sur son revers un éléphant qui piétine un animal ou un objet serpentiforme. Bel exemple d’image polysémique, plusieurs lectures peuvent être retenues. L’éléphant peut être d’abord un hommage de César à l’un des ancêtres qui avait réussi l’exploit de tuer un éléphant de guerre d’Hannibal pendant la deuxième guerre punique. Il aurait d’ailleurs à cette occasion gagné son surnom : Caesar, venant du punique kesar, éléphant20. Par ailleurs, une source unique21 (et discutable ?) nous dit que César avait emmené un éléphant dans son expédition en Bretagne en 54 av. J.-C. Celuici, revêtu d’une cuirasse de fer et armé d’une tour, avait fait forte impression sur les combattants bretons. Ce revers pourrait donc aussi célébrer ce tour de force tactique. On peut reconnaître enfin un carnyx dans l’objet que piétine l’éléphant. Sur des exemplaires bien frappés et bien conservés, on distingue des oreilles et une gueule grande ouverte comme celles des carnyces d’Orange. Au lendemain de la victoire du proconsul, le message est limpide : la force césarienne a terrassé l’armée gauloise22 (Grueber, 1910, p. 391 ; Couissin, 1928, p. 43, note 2).
1411) et 12) Deux deniers frappés à Rome en 48 av. J.-C. célèbrent à leur tour la conquête de la Gaule par César en utilisant l’image du carnyx. On les doit à un césarien, L. Hostilius Saserna, dont les deux frères, Caius et Publius, ont servi César pendant sa campagne d’Afrique en 46 av. J.-C.23 Sur le revers du premier type (RRC 448/1), une Victoire marchant à droite porte sur l’épaule un trophée composé d’éléments divers, parmi lesquels on reconnaît un caducée, des épis de blé et un carnyx24 (Crawford, 1974, p. 464 et 736). Cette image peut donc se lire ainsi : par sa conquête (la Victoire) sur la Gaule (le carnyx), César a rétabli la paix (le caducée) permettant le retour de la prospérité (le blé). Le droit du deuxième type (RRC 448/3), où le message est moins précis, présente simplement une effigie de Gallia personnifiée (Babelon, 1902, p. 11 ; Couissin, 1928, n° 25, p. 44 ; Crawford, 1974, p. 464 et 736). Elle est clairement identifiée par le carnyx placé derrière sa tête et, comme toute barbare, sa chevelure est non coiffée. Cette image est l’équivalent visuel de l’expression méprisante par laquelle les Romains désignaient le territoire situé au nord de la Transalpine : la Gallia Comata.
1513) Un denier frappé à Rome par D. Iunius Brutus Albinus en 48 av. J.-C. (RRC 450/1) fait encore directement allusion à la conquête de la Gaule. Le revers présente deux carnyces croisés en sautoirs associés à deux boucliers, un ovale à umbo et décoré de esses, et un bouclier rond plus hypothétique (Couissin, 1928, n° 29, p. 45 ; Crawford, 1974, p. 466 et 736). Il s’agit de la monnaie romaine qui représente le plus clairement le carnyx gaulois : l’échine, les yeux, les oreilles, la gueule largement ouverte sont bien lisibles, comme sur l’arc d’Orange. On voit aussi que le long tuyau droit est composé de quatre éléments fixés par des bagues de raccord. À cette époque, le magistrat monétaire fait partie des proches de César25. Il a servi sous ses ordres pendant la guerre des Gaules et, notamment, il a commandé la flotte dans la victoire contre les Vénètes en 56 av. J.-C.26 Ce type peut donc être lu comme une célébration de la conquête césarienne, mais aussi comme le rappel d’un succès personnel.
16Enfin, c’est César lui-même qui fait sa propagande en faisant frapper des monnaies qui valorisent directement son exploit militaire principal (Picard, 1957, p. 192-194). Parmi ces nombreux types de revers, quatre utilisent un carnyx, et ils sont assez proches.
1714) Le premier, frappé en 48-47 av. J.-C. (RRC 452/1-2), représente un trophée anthropomorphe qui est identifié par les armes qui l’équipent : casque à cornes bouletées, bouclier ovale à umbo décoré de esses accroché à gauche et carnyx accroché à droite (Couissin, 1928, n° 21, p. 42 ; Crawford, 1974, p. 735). Dans le champ à droite se trouve une hache sacrificielle romaine (la securis ou la sacena) qui rappelle que César est depuis 63 av. J.-C. le pontifex maximus, c’est-à-dire le chef de la religion romaine.
1815) Le deuxième type est une variante du précédent (RRC 452/4-5) : la hache rituelle a disparu, mais au pied d’un trophée identique est assis un Gaulois incroyablement hirsute, barbu, torse nu et entravé (Couissin, 1928, n° 22, p. 42 ; Crawford, 1974, p. 735). Celui-ci peut contempler (RRC 452/5) ou non (RRC 452/4) le trophée qui le domine. En tout cas, l’image du trophée et le message sont renforcés par sa présence : César a vaincu les Gaulois. Sans argument vraiment convaincant, E. Babelon et P. Couissin reconnaissent dans ce captif gaulois Vercingétorix lui-même27. M. Crawford, avec raison sans doute, n’y voit qu’un Gaulois typique (Crawford, 1974, p. 467).
1916) Le troisième, frappé en 46-45 av. J.-C. (RRC 468/1-2), représente également un trophée anthropomorphe gaulois. C’est le mieux garni de tous avec un casque à cornes, deux boucliers ovales à umbo, deux javelots et deux carnyces (Babelon, 1902, p. 9 ; Couissin, 1928, n° 19, p. 42). Et à sa base sont assis de part et d’autre28 une Gauloise, qui a un geste d’affliction (elle porte une main à sa tête), et un Gaulois barbu, chevelu, nu et entravé. Ce dispositif iconographique qui place un couple de captifs soumis au pied d’un trophée a eu un grand succès à l’époque impériale. On le retrouve par exemple sur la Gemma Augustea (couple de Germains), et sur les petits côtés de l’arc d’Orange (couples de Gaulois).
2017) Le quatrième enfin, frappé en 44 av. J.-C. (RRC 482/1), représente encore un trophée anthropomorphe gaulois portant un casque à cornes et tenant un bouclier ovale à umbo. Un autre bouclier ovale, deux javelots et un carnyx sont posés à droite.
21Mais il y a un élément nouveau : un char à deux roues, au timon relevé, se trouve à gauche au pied de ce trophée (Couissin, 1928, n° 18, p. 41-42). À l’époque de la guerre des Gaules, le char de guerre n’est plus utilisé que par les Bretons (Brunaux et Lambot, 1987, p. 118). Dans le récit de ses deux campagnes insulaires en 55 et en 54 av. J.-C., César parle souvent de ce char breton, qu’il appelle essedum29 (Babelon, 1902, p. 8 et 13 ; Piggott, 1952, p. 87-88 ; Couissin, 1928, p. 176-177). Il y a deux façons d’interpréter cette image. On peut considérer que la présence de l’essedum identifie le trophée dans son ensemble comme spécifiquement breton. Ce qui permet à P. Couissin d’en déduire que le carnyx est aussi breton (Couissin, 1928, p. 42 ; Zehnacker, 1973, p. 603 note 3). On peut aussi voir ce char comme une simple allusion, un complément breton apporté à un trophée gaulois, qui ne se distingue en rien des trophées précédents (casque, bouclier, armes et carnyx sont identiques). Ici encore une fois est célébrée la conquête des Gaules par César, et ses incursions en Bretagne sont juste rappelées au détour de ce trophée.
22À l’époque impériale, les évocations ou les représentations de la Gaule deviennent rares sur les monnaies romaines, et la plupart n’arborent pas le carnyx. Son aspect redoutable et son caractère martial ne correspondent plus à l’identification de provinces pacifiées et intégrées que sont devenues les Trois Gaules. Galba préfère évoquer leur prospérité : on trouve un buste de Gallia (RIC I, 85) et les bustes des Tres Galliae (RIC I, 89-92), toutes bien coiffées et associées à des épis de blé. Sous le règne d’Hadrien, ce sont les rapports privilégiés avec le prince qui sont mis en avant. Un revers de sesterce montre celui-ci debout face à Gallia pour célébrer l’aduentus Augusti (RIC II, 884), c’est-à-dire sa visite en 121-122 (Halfmann, 1986, p. 190). Un autre revers de sesterce présente Hadrien comme le Restitutor Galliae en train de relever Gallia agenouillée (RIC II, 950). Ces deux personnifications sont parfaitement civilisées, bien coiffées avec chignon et sans attribut ethnique.
2318) La première exception concerne un revers de denier et d’aureus frappés par Galba en Espagne, sans doute à Tarragone, au printemps 68 (RIC I, 15-18). La légende monétaire identifie Gallia et Hispania, debout face à face, qui se serrent la main. Les deux provinces personnifiées sont exceptionnellement armées. Et Gallia, à gauche, porte un carnyx sur l’épaule : son pavillon en forme de hure de sanglier est parfaitement reconnaissable sur un exemplaire (n° 18227154) du Cabinet des Médailles du Staatliche Museen de Berlin30. Pour les types similaires (RIC I, 109 et 154) qui ont été frappés plus tard en Gaule et à Rome, il n’est pas facile de déterminer si Gallia tient un carnyx ou autre chose. Ce type précoce dans le parcours impérial de Galba est très clair : gouverneur de l’Hispanie Tarraconnaise, il proclame son soulèvement armé et son alliance avec Vindex, le gouverneur de la Gaule Lyonnaise, contre le pouvoir de Néron (Sutherland, 1984, p. 218).
2419) Enfin, il existe une dernière manifestation d’une Gaule en armes et hostile à Rome. On la trouve sur un rare denier anonyme frappé pendant la révolte de 69-70 (RIC I, The Civil Wars, 131), sans doute par un atelier itinérant suivant C. Iulius Civilis en Germanie inférieure (Sutherland, 1984, p. 202). Sur le droit est représenté un buste de Gallia certes civilisée (drapée, coiffée, diadémée) mais avec un torque bouleté autour du cou et surtout un carnyx derrière le buste. Le caractère nationaliste et martial de cette image est confirmé par le revers qui montre un sanglier-enseigne et des épis de blé tenus par deux mains serrées. Civilis n’était certes pas un Gaulois mais un Batave. Il a cependant mené, rallié par les Trévires Classicus et Tutor et par le Lingon Sabinus, le soulèvement militaire d’une partie de la Gaule contre l’autorité romaine pour, prétendait-il, rendre la liberté aux Gaulois et aux Germains31.
25Au total, on constate que les carnyces sur les monnaies romaines, qui ressemblent beaucoup aux carnyces des monnaies gauloises, ont une fonction iconographique bien différente. Sur les types gaulois, la présence du carnyx n’a d’ailleurs pas un sens très explicite : est-il en lien avec la guerre, la politique ou la religion ? Les trois à la fois ? Les carnyces des monnaies bretonnes, qui sont brandis par des cavaliers paradant, font penser à un symbole de pouvoir, comme un étendard. Quant à la monnaie de Dumnorix, qui est contemporaine des séries de C. Coelius Caldus, de César et de ses partisans, c’est un cas à part. Bien qu’émise par un chef éduen opposé aux Romains, c’est une monnaie qui est finalement très romaine d’esprit et de vocabulaire : le guerrier arbore un carnyx pour s’identifier comme Gaulois et pour provoquer ses ennemis.
26Sur les monnaies romaines, les carnyces se rencontrent sur des types nobiliaires qui célèbrent les faits d’armes des ancêtres des magistrats, et sur des types d’actualité, qui font la promotion d’événements récents (victoires d’Ahenobarbus, de Marius, de César). Le message est toujours le même : les Gaulois sont battus par Rome. Tous ces types, qui reprennent les codes iconographiques des reliefs officiels, utilisent le carnyx d’abord comme un symbole ethnique utile pour identifier la Gaule, un Gaulois ou un trophée gaulois. Mais aussi, c’est certainement un objet impressionnant, une sorte d’épouvantail qui mélange souvent la hure du sanglier et la gueule du serpent, qui ressemble beaucoup à un griffon. Sur une période quasiment identique (fin du iiie siècle av. à la moitié du ier siècle ap. J.-C.), il est frappant de noter que les carnyces sont plus nombreux sur les monnaies romaines que sur les monnaies gauloises. Les Romains ont semble-t-il accordé beaucoup d’attention à cet instrument tonitruant, qui de leur point de vue représentait bien la barbarie gauloise et la peur qu’ils en avaient depuis la prise de Rome par Brennus.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Amy et al. 1963
Amy Robert, Duval Paul-Marie, Formigé Jules, Hatt Jean-Jacques, Picard Charles, Picard Gilbert-Charles et Piganiol André, L’arc d’Orange (Supplément à Gallia, 15), Paris, 1962.
Babelon 1886
Babelon Ernest, Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine vulgairement appelées monnaies consulaires. Tome 2, Paris, 1886.
Babelon 1902
Babelon Ernest, « Vercingétorix. Étude d’iconographie numismatique », Revue numismatique, 1902, p. 1-35, pl. I-II.
Bergquist et Taylor 1987
Bergquist Anders et Taylor Timothy, « The origin of the Gundestrup cauldron », Antiquity, 61, 1987, p. 10-24.
Blanchet 1905 ( = BN)
Blanchet Adrien, Traité des monnaies gauloises, Paris, 1905.
Blanchet 1930
Blanchet Adrien, « Le torse celtique d’Euffigneix (Haute-Marne) », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, 31, 1-2, 1930, p. 19-22.
Brunaux et Lambot 1987
Brunaux Jean-Louis et Lambot Bernard, Guerre et armement chez les Gaulois (45052 av. J.-C.), Paris, 1987.
Carcopino 1968
Carcopino Jérôme, Jules César, Paris, 1968 (1936).
Couissin 1927a
Couissin Paul, « Les armes gauloises figurées sur les monuments grecs, étrusques et romains », Revue archéologique, 25, 1927, p. 138-176 et p. 301-325.
Couissin 1927b
Couissin Paul, « Les armes gauloises figurées sur les monuments grecs, étrusques et romains (suite et fin) », Revue archéologique, 26, 1927, p. 43-79.
Couissin 1928
Couissin Paul, « L’équipement de guerre des Gaulois sur les monnaies romaines », Revue numismatique, 1928, p. 28-55 et 161-186.
Crawford 1974 (= RRC)
Crawford Michael H., Roman Republican Coinage, Cambridge, 1974.
Delestrée et Tache 2006 ( = DT III)
Delestrée Louis-Pol et Tache Marcel, Nouvel atlas des monnaies gauloises. Tome III. La Celtique, du Jura et des Alpes à la façade atlantique, Saint-Germain-en-Laye, 2006.
Desnier 1991
Desnier Jean-Luc, « Le Gaulois dans l’imaginaire monétaire de la République romaine. Images plurielles d’une réalité singulière », Mélanges de l’École française de Rome, 103, 2, 1991, p. 605-654.
Deyts 1992
Deyts Simone, Images des dieux de la Gaule, Paris, 1992.
Dhénin 1995
Dhénin Michel, « Le sanglier-enseigne dans la numismatique gauloise », in Moreau Jacques, Ankner Dietrich, Boudet Richard, Dhénin Michel et Fecht Maiken, Le sanglier-enseigne gaulois de Soulac-sur-Mer (Gironde). Étude de l’emblématique du sanglier dans le monde celtique, Soulac-sur-Mer, 1995, p. 28-42.
Feugère 1993
Feugère Michel, Les armes des Romains de la République à l’Antiquité tardive, Paris, 1993.
Giard 1998
Giard Jean-Baptiste, Bibliothèque nationale. Catalogue des monnaies de l’Empire romain. III. Du soulèvement de 68 av. J.-C. à Nerva, Paris-Strasbourg, 1998.
Gorget, Proust et Vial 2007
Gorget Catherine, Proust Clotilde et Vial Éloïse, Le cheval et la danseuse : à la redécouverte du trésor de Neuvy-en-Sullias, Catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Orléans, 2007, Paris, 2007.
Goudineau et Verdier 2006
Goudineau Christian et Verdier Paul, « Religion et science », in Goudineau Christian (dir.), Religion et société en Gaule, Catalogue de l’exposition du musée galloromain de Lyon, 2006, Paris, 2006, p. 27-77.
Grueber 1910
Grueber Herbert A., Coins of the Roman Republic in the British Museum, Londres, 1910.
Halfmann 1986
Halfmann Helmut, Itinera principum. Geschichte und Typologie der Kaiserreisen im Römischen Reich, Stuttgart, 1986.
Harlan 1995
Harlan Michael, Roman Republican Moneyers and their Coins (63 BC-49 BC), Londres, 1995.
Hobbs 1996 (= BM)
Hobbs Richard, British Iron Age Coins in the British Museum, Londres, 1996.
Hunter 2009a
Hunter Fraser, « The carnyx and other trumpets on Celtic coins », in Van Heesch Johan et Heeren Inge (éd.), Coinage In The Iron Age. Essays in Honour of Simone Scheers, Londres, 2009, p. 231-248.
Hunter 2009b
Hunter Fraser, « Une oreille de carnyx découverte à La Tène », in Honegger Matthieu (dir.), Le site de La Tène : bilan des connaissances, état de la question, Actes de la table ronde internationale de Neuchâtel, 1er-3 novembre 2007 (Archéologie neuchâteloise, 43), Neuchâtel, 2009, p. 75-85.
Jatta 1908
Jatta Michele, Le rappresentanze figurate delle provincie romane, Rome, 1908.
La Tour 1892 ( = LT)
La Tour (de) Henri, Atlas des monnaies gauloises, Paris, 1892.
Le Bohec 2017
Le Bohec Yann, Histoire des guerres romaines. Milieu du viiie siècle av. J.-C.-410 après J.C., Paris, 2017.
Maniquet, Fauduet et Odenhardt-Donvez 2008
Maniquet Christophe, Fauduet Isabelle et Odenhardt-Donvez Isa, « Le dépôt cultuel du sanctuaire gaulois de Tintignac à Naves (Corrèze) », Gallia, 65, 2008, p. 273-326.
Maniquet et al. 2011
Maniquet Christophe, Lejars Thierry, Armbruster Barbara, Pernot Michel, Drieux-Daguerre Monique, Mora Pascal et Espinasse Loïc, « Le carnyx et le casque-oiseau celtiques de Tintignac (Naves-Corrèze). Description et étude technologique », Aquitania, 27, 2011, p. 63-150.
Mattingly 1922
Mattingly Harold, « Some Historical Coins of the Late Republic », Journal of Roman Studies, 12, 1922, p. 230-239.
Mattingly 1930 (= BMC II)
Mattingly Harold, Coins of the Roman Empire in the British Museum. vol. II. Vespasian to Domitian, Londres, 1930.
Mattingly 1936 (= BMC III)
Mattingly Harold, Coins of the Roman Empire in the British Museum. vol. III. Nerva to Hadrian, Londres, 1936.
Moreau et al. 1995
Moreau Jacques, Ankner Dietrich, Boudet Richard, Dhénin Michel et Fecht Maiken, Le sanglier-enseigne gaulois de Soulac-sur-Mer (Gironde). Étude de l’emblématique du sanglier dans le monde celtique, Soulac-sur-Mer, 1995.
Olmsted 1979
Olmsted Garrett S., The Gundestrup cauldron: its archaeological context, the style and iconography of its portrayed motifs and their narration of a Gaulish version of Táin Bó Cúailnge (Collection Latomus, 162), Bruxelles, 1979.
Ostrowski 1990
Ostrowski Janusz A., Les personnifications des provinces dans l’art romain, Varsovie, 1990.
Parisi Presicce 2014
Parisi Presicce Claudio, « L’Auguste Prima Porta, 150 ans après sa découverte », in Auguste, Catalogue de l’exposition de Rome-Paris, 2014, Paris, 2014, p. 24-31.
Parvérie 2010
Parvérie Marc, « Les monnaies lémovices « au carnyx », un état des découvertes récentes », Cahiers numismatiques, 185, 2010, p. 13-20.
Pernet 2013
Pernet Lionel, « Les représentations d’armes celtiques sur les monuments de victoire aux époques hellénistique et romaine de la statue de l’Étolie vainqueur à l’arc d’Orange : origine et mutation d’un stéréotype », in Ménard Hélène et PlanaMallart Rosa, Contacts de cultures, constructions identitaires et stéréotypes dans l’espace méditerranéen antique, Montpellier, 2013, p. 21-35.
Picard 1957
Picard Gilbert-Charles, Les trophées romains. Contributions à l’histoire de la religion et de l’art triomphal de Rome, Paris, 1957.
Piggott 1959
Piggott Stuart, « The Carnyx in Early Iron Age Britain », The Antiquaries Journal, 39, 1-2, 1959, p. 19-32.
Sauron 1994
Sauron Gilles, Quis deum ? L’expression plastique des idéologies politiques et religieuses à Rome à la fin de la République et au début du Principat (Bibliothèques des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 285), Rome, 1994.
Schomas 2011
Schomas Héloïse, Les images monétaires des peuples gaulois : figures primitives ou expressions d’une société en mutation ? L’exemple des Arvernes, Bituriges, Carnutes, Éduens, Lingons, Meldes, Parisii, Sénons et Séquanes, Thèse de doctorat en archéologie sous la direction de Jean-Paul Guillaumet et d’Éloïse Vial, Université de Bourgogne, Dijon, 2011.
Stilp 2017
Stilp Florian, L’arc d’Orange. Origine et Nachleben, Paris, 2017.
Sutherland 1984 (= RIC I)
Sutherland Carol H.V., The Roman Imperial Coinage. vol. I. From 31 B.C. to A.D. 69, Londres, 1984.
Swann 2018
Swann David, « The carnyx on Celtic and Roman Republican coinage », Antiquaries Journal, 98, 2018, p. 81-93 [au moment de rendre cette contribution (janvier 2019), nous avons appris la parution de cet article que nous n’avons pu consulter].
Vendries 1999
Vendries Christophe, « La trompe, le gaulois et le sanglier », Revue des Études Anciennes, 101, 3-4, 1999, p. 367- 391.
Zanker 1988
Zanker Paul, The Power of Images in the Age of Augustus, Ann Arbor, 1988.
Zehnacker 1973
Zehnacker Hubert, Moneta. Recherches sur l’organisation et l’art des émissions monétaires de la République romaine (289-31 av. J.-C) (Bibliothèques des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 222), Rome, 1973.
Notes de bas de page
1 Polybe, Histoires, II, 29 ; Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, V, 30, 3 ; Plutarque, Marius, XXV, 10.
2 Eustathe, Commentaires sur l’Iliade d’Homère, 1139.
3 Les enseignes peuvent se reconnaître par la présence d’une plate-forme et quelquefois d’une hampe (Dhénin, 1995).
4 César a fini par le faire exécuter en 54 av. J.-C. (César, Guerre des Gaules, V, 6-7).
5 Strabon, Géographie, IV, 4, 5.
6 On trouve un bon exemple de représentation de Germains dans le registre inférieur du grand camée impérial (la Gemma Augustea) conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne.
7 E. Babelon y voyait une tête d’oie (Babelon, 1902, p. 8).
8 Hauts faits du divin Auguste, 26, 2.
9 Desnier, 1991.
10 Parce qu’elles n’exprimaient pas de message particulier, nous n’avons pas retenu les marques de contrôle de coins qui, parmi une infinité d’autres symboles, ont une forme de carnyx (Crawford, 1974, p. 584-589).
11 M. Crawford la rejette (Crawford, 1974, p. 208).
12 Couissin, 1928, n° 3, p. 34 ; Zehnacker, 1973, p. 352, note 1 ; Pernet, 2013, p. 31 ; Le Bohec, 2017, p. 134.
13 Strabon, Géographie, IV, 2, 3.
14 Tite-Live, Histoire romaine, 61.
15 Plutarque, Pompée, 7, 1.
16 Florus, Abrégé de l’histoire romaine, III, 4.
17 Tite-Live, VII, 10.
18 Couissin, 1928, n° 17, p. 40-41 ; Picard, 1957, p. 135 ; Zehnacker, 1973, p. 516 ; Crawford, 1974, p. 459.
19 Tite-Live, Histoire romaine, 73.
20 Cette étymologie du cognomen est en concurrence avec celle de la césarienne (Babelon, 1886, p. 10 ; Babelon, 1902, p. 7 ; Grueber, 1910, p. 391 ; Carcopino, 1968, p. 3).
21 Polyen, Ruses, VIII, 23, 5.
22 E. Babelon reconnaît un dragon, enseigne des Germains (Babelon, 1886, p. 10 et Babelon, 1902, p. 7). M. Crawford y voit la victoire contre le mal, incarné par un dragon (Crawford, 1974, p. 735). Mais qu’est-ce qu’un dragon à l’époque de César ? Et pourquoi utiliser un éléphant pour détruire le mal ?
23 César, Guerre d’Afrique, IX, X, XXIX et LVII. Mais, contrairement à ce que P. Couissin écrit, Lucius lui-même n’a pas été un légat de César pendant la guerre des Gaules (Couissin, 1928, p. 44).
24 P. Couissin ne connaît ou ne retient pas ce type (Couissin, 1928, p. 44).
25 Mais en 44 av. J.-C., il a rejoint le complot mené par son lointain cousin (M. Iunius Brutus) et d’autres sénateurs pour assassiner César (Appien, Guerres Civiles, II, 16, 111 et 113).
26 César, Guerre des Gaules, III, 11.
27 E. Babelon évoque la grande tête du captif (Babelon, 1902, p. 9 ; Couissin, 1928, p. 42).
28 Entre le RRC 468/1 et le 468/2, l’homme et la femme échangent leurs places.
29 César, Guerre des Gaules, IV, 24 et 33, et V, 9 et 16.
30 Sur des exemplaires moins complets (la tête du carnyx est souvent hors flan) ou moins lisibles, H. Mattingly, C.H.V. Sutherland et J.-B. Giard n’ont vu qu’un long sceptre. C.H.V. Sutherland signale toutefois qu’on peut voir un sanglier au sommet du sceptre (BMC II, 170-171, p. 338 ; Sutherland, 1984, p. 233, note 15 ; Giard, 1998, p. 35).
31 Tacite, Histoires, IV, 17, 32, 55 et 78.
Auteur
Maître de conférences en antiquités nationales et histoire de l’art romain Université de Bourgogne
UMR 6298 ARTEHIS
Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Itinéraires d’hommes, trajectoires d’objets
Mélanges offerts à Daniele Vitali
Arianna Esposito, Nicolas Delferrière et Andrea Fochesato (dir.)
2021
Les secrétaires régionaux du Parti communiste français (1934-1939)
Du tournant antifasciste à l’interdiction du Parti
Dimitri Manessis
2022
La Bresse et le pouvoir
Le Papier journal de Jean Corton, syndic du tiers état (1641-1643)
Olivier Zeller
2023