Chapitre VII
Loups et bêtes
p. 193-215
Texte intégral
L’âge de la bête
1Selon Michel Pastoureau, « dans les campagnes européennes, la peur du loup est surtout un fait social et culturel propre à l’Europe moderne1 ». Et en effet, même si le loup en tant qu’animal démoniaque est une invention du Moyen Âge et que la peur commence à se propager parmi les gens dès cette époque, ce n’est qu’à la fin de ce que l’on considère, à tort, comme les « âges sombres » qu’une véritable phobie s’installe. La terreur, mâtinée de magie, germe dans l’univers du berger et, de là, contamine toute la société. Dans la France de l’Ancien Régime, les pâtres avaient coutume de réciter, afin d’échapper aux attaques de l’animal, une « patenôtre du loup » conjuratoire, qui s’égrenait ainsi :
Au nom du Père +, du Fils +, et du Saint-Esprit+ ; loups et louves, je vous conjure et charme, je vous conjure au nom de la très-sainte et sursainte comme Notre-Dame fut enceinte, que vous n’ayez à prendre ni écarter aucune des bêtes de mon troupeau, soit agneaux, soit brebis, soit moutons…, ni à leur faire aucun mal2.
2Toujours en France, au xviiie siècle, un gâteau spécial, triangulaire, dit « de saint Loup », était offert pour protéger les bestiaux des attaques de l’animal3.
3Aux yeux des hommes de l’époque moderne, le loup se confond toujours plus avec sa mythographie et, dans un état émotionnel de terreur croissante, sa réalité animale est désormais inséparable du surnaturel. Jean Beauvoys de Chauvincourt, avocat angevin au service du roi de France, le dit clairement en 1599, évoquant la crainte du loup‑garou :
Une froide peur me glaçant le cœur saisit tous mes membres, ignorant si ce sont loups vrais et naturels ou bien, suivant le dire du vulgaire, sont hommes tellement dénaturés, qui abâtardis de leur première origine, quittant cette forme divine, se changent et transforment en une immonde, cruelle et sauvage bête. Que ce soient loups naturels, je ne le puis croire4.
4« Bête » est le terme qui marque la métamorphose du loup en quelque chose d’autre, un loup-garou ou même simplement un animal qui tue et agit de manière surnaturelle. Qu’il s’agisse de la bête noire de Paris ou bien de celle de Milan, la peur qu’elle suscite est alimentée par les nouvelles qui courent et s’amplifient de bouche en bouche. La rumeur est en effet une autre caractéristique des temps nouveaux. La transmission d’informations, oralement et par voie de presse, renforce les monstres imaginaires5.
5Quelque chose a donc changé depuis le Moyen Âge : on n’est plus au temps de la peur eschatologique, des loups ravisseurs menaçant la foi. On assiste plutôt à la propagation d’angoisses inédites, qui découlent sans doute d’un contexte environnemental où les loups sont devenus plus agressifs, mais aussi liées plus généralement au désir de l’homme de maîtriser la nature ainsi qu’à la conviction persistante de la réalité de la magie et des êtres surnaturels présents dans le folklore. De nouvelles croyances, comme la lycanthropie, mais également celle que les loups peuvent être possédés par le diable, alimentent la peur de la bête.
6Au sein de l’ère moderne, cependant, le siècle des Lumières marque un nouveau pic d’irrationalité à l’égard des loups. La presse et, plus généralement, une capacité jamais vue de diffusion des informations amplifient la circulation des observations de créatures mystérieuses. Dans les gazettes françaises, où sont rapportés les faits divers, il n’est pas rare de lire des articles sur de dangereuses créatures mangeuses d’hommes que l’imagination populaire transforme en êtres fantastiques6. Au xviiie siècle, la tradition des bêtes maléfiques atteint donc son apogée et personne ne semble remettre en question les nouvelles les concernant. Et lorsque, dans un récit clairement allégorique, on raconte qu’un être monstrueux à cent têtes aurait été aperçu sur la route de Versailles le 12 juillet 1789 et tué deux jours plus tard près de la Bastille par le peuple descendu en armes dans les rues, il apparaît évident qu’on nage en plein délire pour ainsi dire7.
7Le loup a été transformé en bête, mais a acquis son indépendance, dans le cas précédent comme personnification de la monarchie française renversée par la Révolution. La bête n’a plus rien à voir avec l’animal de chair et d’os et est devenue presque un lieu commun littéraire, un artifice rhétorique pour toucher la corde sensible du lecteur. En somme, avec les Lumières on est désormais bien loin du langage du Moyen Âge, qui était encore d’inspiration biblique : les sources de l’époque ne parlent plus de « loups ravisseurs ». Le nouveau lexique, qui préfère le mot « bête », n’en continue pas moins d’alimenter la diabolisation du loup.
La bête du Gévaudan
8De toutes, la bête du Gévaudan reste la plus célèbre8. Les meurtres qui lui sont attribués s’échelonnent de 1762 à 1767. Anticipons d’emblée que les attaques ont sans doute été perpétrées par différents animaux – probablement des loups, mais certains ont voulu y voir d’autres espèces – que les contemporains ont ramenés à une seule et même créature aux pouvoirs quasi surnaturels. Après tout, la tendance à attribuer les agressions de loups à une seule bête gigantesque est ancrée dans la culture populaire depuis des siècles9. Pour comprendre comment une telle mythographie a pu voir le jour, suivons une seule année de cette histoire à travers la presse de l’époque. C’est peut-être du printemps 1764, mais plus certainement du 30 juin de cette même année, que date la première mort d’une personne attaquée par la fameuse bête : c’était donc le début de l’été, au plus fort du besoin de nourriture pour alimenter les portées. Le 1er novembre 1764, la Gazette de France parle d’une « bête féroce » qui infeste les montagnes du Languedoc, près de la forêt de Mercoire. Apparemment, elle aurait déjà dévoré une vingtaine d’enfants « avec une préférence pour les fillettes ». Les bûcherons n’osent plus entrer dans la forêt, si bien que le prix du bois a augmenté. Le marquis de Marangis réunit pas moins de 400 paysans pour traquer la bête, mais en vain. Ceux qui l’ont vue disent qu’elle a une « fourrure roussâtre », une poitrine grise et « un dos strié de noir »10. Même si ces descriptions ne sont guère fiables, la coloration correspond dans l’ensemble à celle d’un loup. La pigmentation noire par contre est inhabituelle et, si elle n’est pas inventée de toutes pièces ou confondue avec la maculation scapulaire habituelle, elle pourrait jeter un rayon de lumière sur une réalité par ailleurs inconnue des sources des siècles précédents. Les loups, en effet, n’ont pas de pelage noir. Une étude publiée dans Science montre que cette coloration n’appartient qu’aux loups hybridés avec des chiens ou aux chiens sauvages : ces derniers, plus encore que les loups, n’ont pas peur de l’homme et connaissent ses faiblesses11.
9Le Courrier d’Avignon – qui offre alors presque quotidiennement de nouveaux détails – soupçonne en revanche qu’il s’agit d’une hyène ou d’une panthère, mais rapporte aussi les témoignages d’un prêtre et de quelques paysans qui disent avoir vu la créature : ils jurent qu’elle était grosse et rouge comme un veau, avec des rayures noires et le museau d’un cochon ou d’un chat. Selon certains soldats qui l’ont pourchassée, elle était plutôt grosse comme un chien, brune, mais avec un ventre fauve12.
10La presse continue de suivre l’affaire durant les mois qui suivent. Une bergère est dévorée fin décembre, à la mi-janvier, la bête s’en prend à un groupe de cinq garçons, âgés de 8 à 11 ans. Ils se défendent avec des bâtons et, malgré quelques blessures, et, grâce aussi à l’aide d’un homme, parviennent à mettre la bête en fuite. Bien que loin d’être invincible, l’animal est très agressif et tue d’autres personnes les jours suivants. Dans le même temps, d’autres victimes sont découvertes dans l’Auvergne voisine. Finalement – et nous sommes désormais en mars – les paroisses de la région s’organisent et lancent une « chasse générale » menée par pas moins de 20 000 personnes. La bête traquée s’enfuit dans les campagnes et n’hésite pas à entrer dans les villages, où elle s’en prend à deux autres enfants13.
11Alors que les attaques se poursuivent, la créature est devenue, grâce à la presse, célèbre dans toute la France. Un chasseur renommé, un certain Jean-Charles-Marc-Antoine Vaumesle d’Enneval, s’est rendu depuis sa Normandie dans le Gévaudan avec sa meute de chiens. Malheureusement, la nouvelle, devenue incontrôlable, est parvenue jusqu’en Angleterre, où l’on s’en gausse : on publie dans un journal que la bête aurait vaincu une armée de 120 000 soldats, en aurait dévoré 25 000 et même avalé toute l’artillerie14.
12Et puis l’histoire semble enfin trouver un dénouement : à Montpellier et dans ses environs « le bruit court » qu’un homme a tué la bête le 23 avril. Les autorités chargées de vérifier les informations se retrouvent face à une louve. Pourrait-elle être la bête qui a semé la terreur dans toute la région ? Même s’ils découvrent des traces de vêtements dans ses entrailles, les chirurgiens chargés de l’autopsie sont sceptiques. En effet, en mai, les attaques continuent, bien que la bête fût blessée lors de l’une d’elles. Pour le chasseur normand, monsieur d’Enneval, il ne peut certainement pas s’agir d’un loup, dont il est un grand spécialiste : cette créature est plus grande, présente des détails différents et possède une étrange striation noire sur le dos. On ne sait toutefois pas si d’Enneval a vu l’animal en personne ou s’il se base sur l’histoire qu’il a lue quelques mois plus tôt dans la Gazette et qui l’a conduit dans le Languedoc. Les battues ne s’arrêtent pas, quelques loups sont tués, quelques bergers attaqués, les apparitions de la bête se multiplient, mais personne ne parvient à la tuer. Du moins jusqu’en septembre, lorsqu’un certain François Antoine, lieutenant des chasses royales, tue un loup, dont le cadavre est immédiatement embaumé et envoyé au souverain. Les hommes du roi nettoient la zone en massacrant avec leurs petits quelques spécimens supplémentaires qu’ils trouvent dans les bois : de rares meutes survivaient donc sur le territoire, principalement composées d’un couple reproducteur. François Antoine, le héros du Gévaudan, obtient du roi d’inclure la bête dans les armoiries de sa famille15.
13Ainsi se termine l’histoire. La créature reste gravée dans la mémoire de tous les Français. Plusieurs estampes et même un poème lui sont consacrés16. Cependant, « La bête monstrueuse et cruelle du Gévaudan » est avant tout une grande psychose collective, alimentée par la presse. C’est en effet celle-ci qui a créé, selon les mots de Jean-Marc Moriceau, « un écho médiatique sans précédent »17. C’est précisément la médiatisation de l’affaire qui transforma la bête du Gévaudan en célébrité, selon le processus d’« invention de la célébrité » dont l’historien Antoine Lilti a montré qu’il était caractéristique de l’explosion de la presse à l’époque des Lumières18.
14Mais que reste-t-il d’indubitable au-delà des fantasmagories ? Sans doute la preuve d’attaques anthropophages, frappant par leur férocité même les contemporains qui en notent l’anormalité par rapport au comportement habituel des loups. Pour expliquer cette agressivité exceptionnelle – à attribuer comme nous l’avons vu à plusieurs individus –, il convient sans doute d’observer quel habitat le Gévaudan de l’époque offrait aux loups. Précisément dans ces années-là, les forêts de la région, qui n’étaient pas aussi étendues qu’aujourd’hui, subissaient une forte pression et la disponibilité d’ongulés était probablement aussi fort réduite : de manière significative, en juillet 1765, on pensait que la bête, pendant une période où les attaques semblaient suspendues, ne s’était nourrie que de lièvres. En outre, la forme du paysage de cette région, dans laquelle des groupes de hameaux s’enfonçaient presque dans les bois, faisait que les gens étaient exposés aux animaux et à la nature. Mais le Gévaudan était surtout réputé pour l’abondance du bétail, qui avait considérablement augmenté à l’époque des événements tragiques : environ 300 000 têtes de moutons transhumants venaient y paître l’été19. Les loups de la région étaient donc devenus avant tout des prédateurs de bétail, se rapprochant ainsi de l’homme. Et ils avaient certainement introduit l’anthropophagie dans leurs habitudes « culturelles » pour pallier le manque d’animaux sauvages et les fluctuations de la disponibilité des proies dues aux rythmes de la transhumance.
La bête féroce de Milan et autres histoires de loups tueurs italiens
15Les années de la fin du xviiie siècle et du début du xixe furent marquées, dans le nord de l’Italie, par les morts dues aux loups. Et bien que les cas eussent été somme toute limités, la peur s’installa à nouveau, amplifiée par ce que cet animal évoquait désormais dans l’imaginaire des populations.
16L’un des événements les plus incroyables remonte à 1792 – du moins selon les conjectures fantaisistes qui ont circulé – et nous conduit au cœur de la vallée du Pô, aux portes de Milan. La grande métropole qui, ces années-là, vivait l’apogée de la saison des Lumières, enflammée par les idées progressistes de Cesare Beccaria (qui a également joué un rôle dans cette affaire), Pietro Verri et Giuseppe Parini, retombait dans une terreur ancestrale qui semblait presque oubliée.
17L’histoire nous est contée par un écrivain anonyme (peut-être Cesare Beccaria lui-même), qui compila une sorte de journal où les faits sont fidèlement rapportés20. C’est une personne instruite et concrète, qui croit peu aux contes de fées. C’est pourquoi son récit, même s’il s’attarde sur des détails sinistres pour rechercher la complicité du lecteur, n’hésite pas à se déclarer sceptique lorsque la rumeur commence à courir qu’il ne s’agit pas seulement d’un loup, mais d’une mystérieuse créature meurtrière : une « bête féroce », ainsi que l’appelle notre écrivain, complice de son public.
18Tout commence le 4 juillet à Cusago, un paisible village établi presque à mi-chemin entre le Tessin et Milan. La protagoniste est une louve, dont on peut imaginer qu’elle a surgi de l’étroite bande de bois qui borde la rivière. Le scénario paraît familier, car c’est celui d’une bonne partie des attaques de loups contre les hommes : un enfant berger qui, par une nuit d’été, cherche dans les bois un animal qui s’est perdu. Le garçon a 10 ans et s’appelle Giuseppe Antonio Gaudenzio. Pendant la journée, il avait emmené une vache – « seule richesse de sa famille » – paître dans les bois, mais là, à la tombée de la nuit, il l’avait perdue. Lorsqu’il rentre chez lui, son père, « revêche » et excessivement sévère, ne veut pas entendre raison et le renvoie « désespéré, dans les bois », lui ordonnant de ne pas rentrer sans la vache. Ce n’est qu’au matin que « le père éprouva des remords pour sa cruauté », redoublés par les pleurs de sa femme, et décide donc d’aller dans la forêt, où, après une longue recherche, il trouve l’animal paissant quiètement. Mais aucune trace de son fils. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’on retrouve les restes de Giuseppe Antonio : « un sarrau, et un petit pantalon souillé de sang, un chapeau, et quelques fragments du corps d’un enfant dévoré21 ».
19Racontant la réaction des paysans devant cette découverte, l’auteur anonyme rapporte des propos éclairants sur ce qu’était la perception populaire du loup :
On accusa les loups, bien qu’il parût étrange qu’en cette saison le loup, un animal carnivore et frugivore à la fois, auquel la campagne offrait une nourriture abondante, eût attaqué un enfant ; et on se demanda plutôt si, fatigué et découragé, ce dernier ne s’était pas endormi, et que le loup l’avait surpris en train de dormir. Ce fut peut-être le cas, mais ce que nous apprîmes, par la suite, sur la bête féroce nous conduisit à l’accuser elle plutôt que les loups22.
20Les loups étaient donc une présence familière pour les habitants de la région, quoique surtout en hiver : « Les loups logent souvent ici en hiver », rappelle dans un autre passage l’auteur anonyme23. Durant la saison froide, le fait aurait été plus compréhensible, car, plus nombreux et plus affamés, les loups devaient être en quête de nourriture, peut-être attirés par le bétail transhumant qui descendait le long de la vallée du Tessin. Mais en été, lorsque la campagne est riche en gibier, ils ne représentaient pas un grand danger pour les humains. Le loup réel, tel qu’on le voit au xviiie siècle, n’attaque donc pas l’homme et s’il le fait et – ce qui serait plus étrange encore – parvient à le tuer, cela reste un événement exceptionnel.
21Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, qu’un enfant s’endorme et devienne une proie est dans la nature des choses, il l’est moins que les attaques soient répétées. Or, c’est ce qu’il se passe après le 5 juillet et à compter de ce jour le loup réel cède définitivement la place à la « bête féroce » meurtrière. La nouvelle attaque a lieu le soir du 8 juillet à Limbiate, à quelques kilomètres au nord de Milan. Une fois encore, la proie est constituée de jeunes garçons qui gardent des vaches dans une prairie communale. Le plus jeune, âgé de 8 ans, Carlo Oca, ne parvient pas à s’échapper et est traîné dans les bois : dans le repaire, dirions-nous. Les fermiers qui se précipitent en entendant les cris n’arrivent pas à temps pour le sauver. La « bête » s’échappe, mais Carlo est déjà mort. Là encore, on pense dès l’abord qu’il s’agit d’un loup. Cependant, dans le récit des garçons survivants interviennent de nouveaux détails fantastiques sur l’animal, « qui avait une très grosse tête, un museau pointu, de grandes dents extérieures ». Bien sûr, on se rend vite compte que leur reconstruction des faits est déformée par « leur imagination effrayée », mais on se prend aussi à douter qu’il s’agisse vraiment d’un loup et à penser que l’attaque pourrait être l’œuvre d’une hyène : un animal exotique, dont personne ou presque ne connaissait l’apparence, qu’on pouvait toutefois trouver dessiné dans les livres ou voir de près dans les cages de certains circassiens itinérants. L’un d’eux en particulier, un certain Bartolomeo Cappellini, en avait exposé deux spécimens dans son cirque de Milan au printemps précédent24. Ce détail de la hyène – qui peut paraître saugrenu aujourd’hui – est pourtant d’une spontanéité suspecte et nous éclaire sur la manière dont l’imagination d’une époque pouvait conditionner la perception des faits. Rappelons que dans l’affaire du Gévaudan on a aussi pensé à des hyènes à un moment donné. Sans doute l’écho venu de France de la célèbre bête était-il arrivé jusqu’à Milan. Sans doute le narrateur anonyme des faits, choisissant de désigner le loup comme une « bête féroce », en avait-il été informé d’une manière ou d’une autre ; du reste, les similitudes entre les deux épisodes sont nombreuses. Ce qui est sûr, c’est que les nouvelles allaient bon train et avec elles la peur qui commençait à prendre des formes stéréotypées, toujours les mêmes dans toute l’Europe.
22Infailliblement, la rumeur de la « bête » a commencé à circuler dans les campagnes et dans les villes. Alors que les autorités promettent des primes et organisent des battues, des chasseurs de loups, attirés par les récompenses, viennent même des Alpes lombardes. La psychose monte, tout autant que les faux repérages de ladite « bête ». À Corbetta, une jeune fille pousse un cri d’alarme, il s’avérera par la suite qu’elle a confondu la bête avec un veau. À Villa Cortese également, un garçon terrifié hurle à l’aide, les gens qui se précipitent avec des fourches et des pioches se retrouvent devant une chèvre. Un certain Nobili, fermier qui affirme avoir combattu la bête avec une faucille, jure qu’elle était monstrueuse : grande, « avec une tête de porc, des oreilles de cheval, de longs poils de chèvre touffus et blanchâtres sous le ventre et encore plus sous le menton ; des pattes fines, des pieds larges, des ongles longs et épais, la poitrine large et le flanc étroit » : bref, pratiquement une chimère !
23Certains vont jusqu’à affirmer avoir vu la bête « la nuit au milieu d’un bois sous la forme d’une douce jeune fille », selon une métamorphose qui ressemble beaucoup à celle que le folklore attribue aux sorcières25. Désormais, le peuple – « enclin au merveilleux et à l’oisiveté, qui aime mieux laisser au ciel le soin de sa personne et de sa défense que d’y pourvoir lui-même », ainsi que l’observe avec mépris l’écrivain anonyme – n’attribue plus, comme au début, la responsabilité de l’agression à un loup ou en tout cas à « une bête naturelle », mais à « un esprit infernal, ou quelque chose de semblable ». Sans oublier des farceurs qui propagent intentionnellement des rumeurs invraisemblables afin de terroriser la population, qui du reste s’effraie toute seule26.
24En tout état de cause, pour en revenir à la chronique des événements de 1792, après Limbiate, les attaques se multiplient, toujours plus odieuses et diaboliques. Au début d’août, un mois après la première, Maria Antonietta Beretta est tuée à Senago par la bête, qui « la saisit au cou avec ses crocs et s’en retourne dans les bois avec sa proie ». La bête agit pareillement quelques jours plus tard, à Assiano, avec sa victime suivante, un jeune garçon, qu’elle approche en remuant la queue doucement – ou « traîtreusement », comme le souligne l’auteur anonyme – avant de l’attraper puis de l’abandonner mort dans un bois de Cusago. D’autres enfants vont encore mourir et l’horrible renommée de la bête se répand et s’amplifie chez les Milanais. Lorsque, aux portes de la ville, une petite fille est retrouvée le cou lacéré, on soupçonne même la bête d’avoir des pouvoirs de vampire et de sucer le sang de ses victimes. Ce n’est que le 18 septembre qu’un loup est retrouvé dans l’une des fosses à loups que les autorités avaient fait creuser pour l’occasion. L’animal est empaillé et exposé en public. Les contemporains doutent qu’il puisse être l’auteur de toutes ces atrocités, notamment parce que les témoins des événements ne le reconnaissent pas, mais, lisant ensuite le traité de Buffon, ils s’en persuadent27. Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, est un naturaliste français, auteur quelques décennies plus tôt, en 1753, d’un des ouvrages qui a le plus contribué à la construction de l’imaginaire négatif du loup, en y rassemblant les stéréotypes et les inquiétudes de l’époque. D’après lui,
le loup est l’un de ces animaux dont l’appétit pour la chair est le plus véhément. Il est naturellement grossier et poltron ; mais il devient ingénieux par besoin, et hardi par nécessité : pressé par la famine, il brave le danger, vient attaquer les animaux qui sont sous la garde de l’homme. Lorsque le besoin est extrême, il s’expose à tout ; il attaque les femmes et les enfants, devient furieux par ces excès qui finissent ordinairement par la rage et la mort28.
25Malheureusement, pour ce qui est de notre histoire, c’est là que s’arrêtent le journal de l’auteur anonyme et le doute que le coupable soit resté sans châtiment est légitime. Tâchons alors de comprendre, au-delà des élucubrations fantaisistes qui ont circulé à ce moment-là, ce que nous savons de cette créature.
26Tout d’abord, nous ne sommes pas vraiment sûrs qu’un seul animal ait mené ces attaques. Même à l’époque, d’aucuns pensent qu’il s’agit de deux bêtes. Certains témoins oculaires parlent très précisément de deux animaux, en aucun cas des loups, car ils avaient laissé des empreintes très différentes sur le sol et qu’ils n’avaient attaqué que deux poulets à Terzago : trop peu pour les identifier à la bête.
27Le soupçon que la créature ne fût pas un loup, mais un chien ou tout au plus, comme on le pensait aussi alors, un « hybride », pourrait être confirmé par deux indices, dont la valeur est toutefois relative. Le premier concerne les descriptions recueillies et diffusées par le gouvernement, qui parlent d’un animal ressemblant à « un gros chien », dont le pelage est « d’une couleur cendrée muscat tirant presque sur le noir ». Nous avons déjà vu à propos de la bête du Gévaudan que la coloration brune n’est pas typique des loups. Ces descriptions ne sont donc pas vraiment fiables. Le deuxième indice est inhérent au fait que, dans au moins deux attaques, l’animal se montre familier avec les humains : il s’approche des enfants en remuant la queue et, dans un cas, se laisse même caresser avant d’attaquer. Les victimes interprètent le mouvement de la queue comme une manifestation de jovialité et non d’hostilité.
28D’autres comportements, en revanche, renvoient à l’éthologie du loup. En effet, la bête est le plus souvent aperçue près des bois et même lorsqu’elle attaque dans les champs, elle a tendance à traîner sa proie entre les arbres. Et elle ne s’en prend qu’au bétail ou aux jeunes enfants, âgés de moins de 13 ans, ainsi que cela a été observé dans la plupart des cas de loups anthropophages.
29Si d’aventure c’est bien l’animal tué dans la fosse qui a perpétré les attaques, que peut-on en déduire ? D’abord qu’il ne s’agissait pas d’un spécimen enragé, car plusieurs personnes mordues ou blessées, même en profondeur, survivent sans séquelles. Deuxièmement, tous les indices convergent vers un individu qui aurait quitté la meute, s’étant, selon toute probabilité, éloigné des bois du Tessin, cette profonde voie d’eau et de nature qui crée encore aujourd’hui un corridor faunique entre les Alpes et le Pô, et se serait retrouvé dans les campagnes profondément anthropisées de la région milanaise. La forêt de Cusago où a eu lieu la première attaque n’est en effet pas loin de cette rivière, affluent de la rive gauche du Pô. Au cours du mois et demi qui le sépare de sa capture, l’animal effectue un circuit dans le sens des aiguilles d’une montre autour de Milan, passant par les villes de Limbiate, Senago, Asiano, Casorate et Arluno, non loin de Cusago d’où il était parti. De là, il s’est dirigé vers la périphérie de Milan, à Boldinasco et à travers les vignobles et les champs de maïs de Cascina San Siro, dans la zone où, de nos jours, se trouve le stade, puis il est retourné vers la Brianza, à Barlassina, ensuite à l’ouest de Milan, à Bareggio, à Mazzo, avant de passer entre Lainate et Origgio et d’en terminer là où il a été capturé, à la périphérie ouest de la ville. Cette errance autour de la ville ne dessine pas un territoire, mais plutôt une déambulation aléatoire en quête de nourriture.
30Pour terminer, rapportons, de façon plus succincte, deux épisodes choisis à l’intérieur d’une série plus vaste d’agressions anthropophagiques survenues en Italie, qui démontrent l’agressivité particulière des loups ces années-là, mais aussi et surtout les mécanismes de diffusion incontrôlée de la peur, qui imprègnent dorénavant l’imaginaire collectif. Le premier épisode se produit durant l’hiver 1815 près de Sanremo : quelques attaques de loups ont semé la terreur et enflammé les imaginations. Les journaux de l’époque parlent de bêtes aux dimensions colossales, venues tout droit de Russie, à la suite des armées napoléoniennes en retraite. Le récit peine à rester sur les rails contraignants de l’Histoire et finit par dérailler lorsque trois chasseurs parviennent à tuer l’un de ces loups. La carcasse de l’animal est ouverte et il en sort, selon les mirobolantes chroniques contemporaines, jusqu’à cinq foies, plus une semelle de chaussure à moitié digérée29. Et il est à parier que quelqu’un y aura vu les restes d’hommes dévorés et l’indice sinistre d’une présence maléfique.
31Au cours de l’été de la même année, le 14 juin 1815, une petite fille – moins chanceuse que le Petit Chaperon rouge – fait une mauvaise rencontre. On est près de Brescia, à San Gallo di Botticino, sur les premières hauteurs derrière la ville en direction du lac de Garde. Comme à Milan, il est particulièrement difficile de démêler les faits de leur amplification orale. D’autant plus qu’ici la seule source est une croix de pierre, où l’on ne lit que quelques maigres mots sur la petite Giulia Lonati, « âgée de dix ans, déchiquetée par un loup30 ». Les récits oraux et l’imagination paysanne font le reste, et le résultat est une histoire dans laquelle le loup n’aurait pas mangé la main droite de la petite fille, parce qu’elle lui servait à faire le signe de la croix, ni sa tête, parce qu’elle était bénie. On peut d’autant moins croire à cette histoire qu’à quelques centaines de kilomètres de là, à Masserano, toujours dans les Alpes, mais dans une région différente, il se raconte une histoire analogue, avec une petite fille dont le loup vorace a également épargné la main et la tête, pour les mêmes raisons que supra. S’il s’agit là d’une tradition folklorique du xixe siècle, l’héritage de la valeur apotropaïque de la foi contre les loups semble, elle, sortir tout droit d’un texte de l’an mille.
Chasse au dernier loup
32Pour les loups européens, la vie a été rude tout au long de l’ère moderne. Les sociétés agropastorales de l’époque les ont chassés sans relâche et les primes pour leur élimination se sont généralisées partout, maintenant constamment opérationnels les mécanismes d’abattage et de contrôle des populations. L’initiative privée, encouragée par les récompenses publiques, a favorisé l’extermination de l’espèce. À titre d’exemple, en Allemagne, entre 1638 et 1663, 1 775 individus ont été capturés dans le seul Wurtemberg, plus de 5 000 en Saxe entre 1611 et 1665, et « seulement » 443 dans le Schleswig-Holstein entre 1737 et 1780, alors que la population des loups devait déjà avoir été décimée par les chasses du siècle précédent31. Autre exemple, en Italie, où pas moins de 321 loups ont été tués sur le seul territoire de Pise en l’espace de trois ans à peine, entre 1637 et 164032. Nous ne savons pas vraiment si ces chiffres étaient plus élevés que ceux atteints dans les derniers siècles du Moyen Âge, qui demeurent presque toujours inconnus. À l’ère moderne – et surtout depuis la fin du xviiie siècle –, la nouvelle disponibilité des sources d’archives et la précision des documents produits par les administrations publiques permettent d’obtenir une image au moins un peu plus précise qu’à l’époque précédente, pour laquelle les témoignages sont laconiques ou fragmentaires. La guerre contre le loup – en raison aussi du développement de la transhumance – est sans merci et devient une affaire d’État. Les transformations du paysage, avec l’avancée imposante des cultures, ont fait le reste.
33De leur côté, les Anglais ont été si efficaces dans leur lutte contre le loup qu’au milieu du xve siècle ils l’avaient pratiquement éliminé, le forçant à se réfugier dans les Highlands d’Écosse. Au xviie siècle, l’espèce avait disparu de toute l’île33. Dans le reste de l’Europe, comme outre-Atlantique, le long adieu aux loups s’est prolongé de la fin du xviiie jusqu’au début du xxe siècle : ce fut la période la plus sombre. Dans une Scandinavie presque dépeuplée, la fameuse « guerre des Loups » a débuté au milieu du xviie siècle en Suède, mais le pic des tueries fut assez tardif, entre 1840 et 188034.
34La Révolution française n’a certainement pas été bénéfique à l’histoire du loup. Une loi de 1791 encourage son extermination : à partir de cette année-là, des milliers de spécimens sont abattus en France, plus de 5 000 pour la seule année 1797. Le nombre de loups tués était encore élevé au xixe siècle – près de 1 000 par an – diminuant fortement vers la fin de ce même siècle, les loups capturés sur le sol français ne dépassant pas alors quelques dizaines35. Certes, ce déclin est dû d’abord à la baisse d’intensité de l’action gouvernementale, mais également au fait que l’efficacité de l’abattage avait alors réduit à bien peu la population des loups.
35Surtout, la culture révolutionnaire de l’élimination programmée de l’espèce, que les fonctionnaires opérant dans la région ont motivée par l’intérêt public, a été propagée par les troupes de Napoléon dans d’autres parties de l’Europe, en premier lieu en Italie, et y est restée comme un héritage immatériel tout au long du xixe siècle. Les archives bien organisées du xixe siècle permettent de suivre la disparition progressive des loups dans diverses parties de la péninsule italienne. Pour de nombreuses zones, en revanche, les recherches n’ont pas encore été effectuées et nous ne connaissons pas le rythme de leur extinction. Dans le Piémont, avant l’unification de l’Italie, près de 800 abattages de loups ont été constatés en un peu moins de soixante ans36. Des chiffres bien inférieurs à ceux de la France, qui témoignent néanmoins des efforts déployés par les autorités pour limiter l’espèce. À la fin du xixe siècle, même sur les pentes boisées des Alpes, les loups n’étaient certes aux yeux des contemporains que le souvenir d’un passé lointain : même les quelques lynx semblaient plus nombreux à cette époque37.
36En Europe, la chasse au loup est devenue un modèle d’exportation et a atteint l’autre côté de l’Atlantique. Les Anglais transposent leur approche dans le Nouveau Monde, où la première prime sur les loups, décrétée dans le Massachusetts, remonte à 1630. Alors que sur la côte est ils ont pratiquement disparu à la fin du xviiie siècle, dans les prairies d’élevage le sort des loups tourne à la catastrophe en très peu de temps. Barry Lopez a qualifié de « pogrom américain » l’opération d’extermination menée dans le Montana, qui a conduit à l’éclipse de l’espèce entre 1884 et le début du xxe siècle38. Dans un livre récent, Michael Wise a expliqué les transformations environnementales complexes causées par l’homme qui ont conduit à ce massacre : à compter de la fin du xixe siècle, les Amérindiens ont d’abord abandonné la chasse au bison ; partant, s’est développé dans l’État l’élevage bovin contre lequel les loups constituaient une menace qu’il fallait éradiquer. Même la création d’un grand parc, avec réintroduction du bison, n’a pas aidé les loups, car les promoteurs de l’initiative les voyaient comme des « prédateurs inutiles » qui risquaient de mettre en danger ce repeuplement39. Sans le loup, l’environnement s’est fondé sur de nouveaux équilibres : si, comme nous l’avons vu, le cerf et l’élan se sont reproduits à l’excès, c’est le raton laveur qui a le plus tiré profit de la disparition du loup, son prédateur naturel40.
37Les grandes chasses de cette période ont fragmenté la société des loups, dispersant les meutes et produisant des individus de plus en plus isolés. À long terme, d’un point de vue humain, cela a été efficace, puisqu’une espèce entière a été effectivement rayée de la surface de l’Occident. Mais pendant cette même période, l’agressivité du loup s’est accrue. Les individus dispersés, qui se détachent de la meute, ont une existence difficile et meurent plus rapidement : devant chercher seuls leur nourriture, à l’aventure dans des territoires inconnus, ils sont le plus souvent affamés41. De ce fait, la période entre le xviiie et le xixe siècle est celle où les attaques de loups deviennent plus fréquentes.
38Ce n’est que lorsque l’extermination touche à sa fin, dans la seconde moitié du xixe siècle, que le mythe de la wilderness, venu des États-Unis, propose une autre approche de la nature, qui finit par concerner également les loups. Il suffit de penser aux romans d’un homme que ses amis les plus proches surnommaient « Wolf » (Loup), Jack London, où ces animaux deviennent le symbole d’une nature sauvage non contaminée et de la rébellion contre les règles asphyxiantes imposées par la société. Le célèbre Appel de la forêt devait d’ailleurs s’appeler Le Loup qui dort42. Mais c’est là une autre histoire. Pour l’heure, retenons que pour les populations rurales des xixe et xxe siècles les survivants de l’espèce restaient des bêtes terrifiantes à abattre, jusqu’à la dernière.
Notes de bas de page
1 Pastoureau, Bestiaires du Moyen Âge, op. cit., p. 89.
2 Delumeau, La Peur en Occident…, op. cit., p. 65. Des invocations de protection contre les loups, adressées à saint Georges, sont documentées aussi dans le nord de l’Europe au Moyen Âge : Ortalli, Lupi, genti, culture…, op. cit., p. 140.
3 Delumeau, Rassurer et protéger…, op. cit., p. 50.
4 J. Beauvoys de Chauvincourt, Discorso sulla licantropia, o Della trasformazione degli uomini in lupi, éd. L. Nicora, Milan, La Vita felice, 2012.
5 Sur la récente capacité de circulation des nouvelles transmises, à partir du xve siècle, par les prédicateurs, voir Delumeau, La Peur en Occident…, op. cit., p. 320‑324.
6 Sur la présence des attaques de loups dans les gazettes depuis la fin du xvie siècle, voir principalement Moriceau, Histoire du méchant loup…, op. cit., p. 34‑42.
7 Cf. Chasse patriotique à la grosse bête (estampe) par R. Lenoir conservée à la Bibliothèque nationale de France (https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/btv1b84107727.r=bete?rk=21459;2, consulté le 21 juin 2023).
8 Il existe une vaste bibliographie sur la bête du Gévaudan. Voir essentiellement J.M. Smith, Monsters of the Gevaudan. The Making of a Beast, Cambridge, Harvard University Press, 2011 ; R.H. Thompson Wolf-Hunting in France in the Reign of Louis XV. The Beast of the Gévaudan, Lewistown, Edwin Mellen Press, 1991 ; G. Crouzet, La Grande Peur du Gévaudan, Moulins, Crouzet, 2001 ; Moriceau, Histoire du méchant loup…, op. cit., p. 169‑214.
9 L’hypothèse qu’il s’agisse de plusieurs animaux est avancée par Moriceau, Histoire du méchant loup…, op. cit., p. 173.
10 G.-F. Magné de Marolles (éd.), Recueil factice de pièces relatives à la bête du Gévaudan, Paris, 1765.
11 T.M. Anderson, R.K. Wayne, G.S. Barsh et al., « Molecular and evolutionary history of melanism in North American gray wolves », Science, 323, 2009, p. 1339‑1343. L’identification avec un chien ou un hybride a été proposée en premier lieu par C.H.D. Clarke, « The Beast of Gévaudan », Natural History, 80, 1971, p. 44‑51, 66‑73.
12 Magné de Marolles (éd.), Recueil factice…, op. cit. ; en particulier, le Courrier d’Avignon du 16, 23, 30 novembre 1764.
13 Ibid. (en particulier la Gazette de France du 23 novembre 1764, 18 février 1765, 15 mars 1765).
14 Ibid.
15 Ibid. ; en particulier la Gazette de France du 29 avril 1765, 17 mai 1765, 3 juin 1765 et le Courrier d’Avignon du 26 avril 1765, 16 juillet 1765.
16 Sur le mythe du Gévaudan au cours des années suivantes : Baron du Roure de Paulin, La Bête du Gévaudan dans les armoiries de la famille Antoine, Clermont-Ferrand, L. Bellet, 1907 ; Baron de Rhodes, « La bête monstrueuse et cruelle du Gévaudan », dans Magné de Marolles (éd.), Recueil factice…, op. cit., p. 193‑200.
17 Moriceau, Histoire du méchant loup…, op. cit., p. 173.
18 A. Lilti, Figures publiques. L’invention de la célébrité (1750-1850), Paris, Fayard, 2014.
19 Dans Moriceau, Histoire du méchant loup…, op. cit., p. 172, l’auteur affronte la question de la conformation particulière du paysage du Gévaudan. Sur le sujet, voir également J. Maurin, Y. Maurin, « Élevage et biens de communauté en Gévaudan à la fin du xviiie et au début du xixe siècle », dans L’Élevage et la vie pastorale dans les montagnes de l’Europe au Moyen Âge et à l’époque moderne, Clermont-Ferrand, Publications de l’Institut d’études du Massif central, 1984, p. 415‑425.
20 Le récit de la bête de Milan est transmis par le Giornale circostanziato di quanto ha fatto la bestia feroce nell’Alto Milanese dai primi di Luglio dell’anno 1792 sino al giorno 18 settembre prossimo passato, Milan, Bolzani, 1793. Sur le sujet, voir M. Comincini, « “Aiuto che la bestia viene”. Timori popolari e paura sociale in un episodio lombardo del 1792 », dans L. Guidi, M.R. Pellizzari, L. Valenzi (ed.), Storia e paure. Immaginario collettivo, riti e rappresentazioni della paura in età moderna, Milan, Franco Angeli, 1992, p. 352‑368 ; et id., « Il lupo antropofago. La bestia feroce », dans id. (ed.), L’uomo e la bestia antropofaga…, op. cit.
21 Giornale circostanziato di quanto ha fatto la bestia feroce…, op. cit.
22 Ibid.
23 Ibid.
24 Ibid.
25 Ibid., chap. VII.2.
26 Ibid.
27 Ibid.
28 Ce passage du comte de Buffon est cité par Bernard, Des loups et des hommes…, op. cit., p. 11.
29 N. Farina, Lupi e uomini nella montagna ligure. Breve storia di un antagonismo, 2005 (http://www.parks.it/parco.alpi.liguri/pdf/ContributoLupo-Farina.pdf, consulté le 8 juin 2023).
30 La croix existe toujours, englobée dans un édifice du lieu. Le récit se trouve sur le site : http://www.sangallopresepio.it/san-gallo3.php (consulté le 21 juin 2023).
31 Rheinheimer, « The belief in werewolves… », art. cité.
32 Waquet, « Les loups et les hommes dans le Pisan… », art. cité, p. 285. Pour ce qui est des données d’autres régions italiennes, voir. Farina, Lupi e uomini nella montagna ligure…, op. cit. ; Guacci, La transumanza…, op. cit., p. 6.
33 Hickey, Wolves in Ireland…, op. cit., p. 14‑15.
34 X. de Planhol, Le Paysage animal, l’homme et la grande faune. Une zoogéographie historique, Paris, Fayard, 2004, p. 43‑67.
35 Molinier, Molinier-Meyer, « Environnement et histoire… », art. cité, p. 236 ; Nobili, Uomini e lupi nell’Europa moderna, op. cit., p. 152. Sur les données inhérentes à l’Alsace, Pfeiffer, « Le loup en Alsace… », art. cité.
36 Nobili, Uomini e lupi nell’Europa moderna, op. cit., p. 152.
37 C. Isaia, Al Monviso per Val di Po e Val di Varaita. Reminescenze alpine, Turin, Libreria L. Beuf, 1874, p. 49.
38 Lopez, Of Wolves and Men…, op. cit., p. 203, 218‑219 ; Marvin, Wolf, op. cit. ; Coleman, Vicious…, op. cit.
39 M.D. Wise, Producing Predators. Wolves, Work, and Conquest in the Northern Rockies, Lincoln, University of Nebraska Press, 2016.
40 Planhol, Le Paysage animal…, op. cit., p. 297‑298.
41 La plus grande agressivité des spécimens en dispersion est rappelée par Marucco, I lupi delle Alpi Marittime…, op. cit., p. 26‑30.
42 À ce sujet, J.M. MacKenzie, The Empire of Nature. Hunting, Conservation and British Imperialism, Manchester, Manchester University Press, 1988 ; et Benadusi, « Lupo bianco e lupo nero… », art. cité. Sur London, E. Labor, Jack London. An American Life, New York, Farrar, Straus and Giroux, 2013.
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