Chapitre 9
Quand la rencontre des arts et des sciences devient médiation : Live with it (Laos)
p. 259-287
Texte intégral
1Une recherche en anthropologie de la santé menée au Laos interrogeait de 2016 à 2019 les liens entre les mobilités, les intimités et les vulnérabilités infectieuses. Elle documentait les parcours biographiques des femmes et des hommes qui ont rejoint les zones périurbaines de production industrielle pour travailler dans des usines de textile, des chantiers de construction ou des restaurants, tant au Laos que dans les pays voisins. Cette recherche a produit des données sur la diffusion et sur les modes de prises en charge de l’épidémie à VIH au Laos. Elle a permis d’améliorer la coordination entre les représentants institutionnels en présence, en instaurant une dynamique de réflexion et d’échanges entre les domaines de la recherche et de l’action, au service de l’opérationnalisation de programmes de prise en charge de l’infection à VIH des personnes migrantes au Laos.
2Il s’agissait également d’observer et d’analyser les formes d’organisation des rapports sociaux de sexe, de genre et de classe et d’appréhender l’émergence des formes nouvelles d’organisations des sociétés qui les déterminent et qui contribuent à leurs transformations.
3Enfin, ce programme de recherche a expérimenté diverses formes innovantes de méthodologie scientifique et d’écritures alternatives en sciences sociales, en mobilisant des coopérations entre le monde académique et des personnes diverses issues des communautés et collectifs de citoyens, d’associations, d’ONG, des médias et du milieu artistique.
4Si l’engagement dans des programmes de recherche-action est courant au Laos, en particulier dans le champ de la santé, la restitution des données scientifiques hors du champ académique et des institutions de santé publique restait à faire. Telle fut notre ambition : fabriquer une œuvre pour partager des questionnements scientifiques avec le public, recourir au sensible pour analyser le social, la démarche étant jusqu’alors inédite au Laos.
5Live with it est un spectacle multilingue et multidisciplinaire, créé à partir des entretiens ethnographiques collectés lors des études conduites dans le cadre de ce projet. Il est le fruit d’une rencontre entre une anthropologue de la santé et une artiste. Dans ce texte, il s’agit de revenir sur la généalogie de cette création selon nos expériences croisées, de décrire son cadre institutionnel et d’en partager les modalités de mise en œuvre. Selon une perspective chronologique, nous rapportons les différents temps échelonnés entre des choix d’ordre méthodologique et la construction du corpus de données scientifiques à ses modes de réappropriations et de reconstructions par les artistes pour la scène. Nous restituons également ici nos échanges et nos réflexions sur les dynamiques créées par l’interdisciplinarité sur un projet (anthropologie, théâtre et danse contemporaine) et leurs conséquences sur le processus de création artistique. Enfin, certains aspects relatifs à l’expérience de diffusion de la performance auprès du public et par les médias sont évoqués. Des données issues du recueil formel et informel des émotions, des perceptions, des ressentis, des enseignements, mais aussi des questions soulevées à la fois par les artistes et par l’audience sont relatés.
Un cheminement vers la médiation scientifique
6L’entrée de l’anthropologue dans le domaine du théâtre n’était ni préparée ni réfléchie. Elle n’était pas l’objet d’une demande institutionnelle, et n’était ni portée par une construction théorique préalable ni sous-tendue par une pratique de la scène théâtrale en amont. Sa culture du théâtre était réduite, peut-être en particulier parce qu’elle avait vécu ces vingt dernières années dans des zones rurales reculées d’Afrique et d’Asie, et dans des villes d’Asie du Sud et du Sud-Est, où ce domaine artistique était peu présent. À Vientiane, les représentations de danse et de théâtre étaient très rares et celles données par la troupe que dirige Thiane Khamvongsa étaient d’autant attendues que très appréciées du public1. Du point de vue de l’anthropologue, cette collaboration est née d’un élan principalement guidé par sa sensibilité à la pratique de la danse, et par une envie de mener ses programmes de recherche en envisageant autrement le temps de la restitution des résultats scientifiques. De manière plus intime, la généalogie de Live with it a germé comme une réponse, une forme de résilience, à un sentiment de frustration éprouvé par l’anthropologue à un moment de son parcours de recherche au Laos.
7Dans ce petit pays « tampon » de l’Asie du Sud-Est, la recherche reste étroitement contrôlée et sujette à des autorisations étatiques diverses2. Parfois, des personnes sont contactées en amont par les partenaires institutionnels du projet et présentées au chercheur lors de sa visite sur le terrain en tant que participantes à son étude. Cela rend peu aisée la création des liens de confiance, de proximité, d’amitié parfois indispensables à la pratique de l’ethnographie, socle de la discipline anthropologique. Ses principes combinent en effet une immersion longue sur le site d’étude, une prise en compte du contexte d’énonciation des discours recueillis et un positionnement constant du chercheur sur son terrain. Ce contexte d’inconforts, de doutes et de remise en question pesait d’autant plus que le temps trop long inhérent au processus classique de restitution des données scientifiques via des publications d’articles dans des revues et des chapitres d’ouvrages semblait indécent et peu éthique. Depuis plusieurs années, peu de campagnes de prévention sont financées par les bailleurs des programmes de lutte contre le sida, et l’essentiel des fonds disponibles est dédié à la mise à disposition des traitements antirétroviraux dans les hôpitaux publics. Alors que la recherche en cours au Laos conduisait à éclairer les parcours, les contraintes structurelles et les événements contextuels sous-jacents à la vulnérabilité et à l’infection au VIH, aucune information n’était visible concernant les pratiques et les services de prévention et de traitement.
8L’expérience de la recherche sous surveillance, des questionnements d’ordre éthique, couplés à un désir maintenu d’une recherche plus engagée, a fait évoluer, pour l’anthropologue, sa façon d’aborder la méthodologie et les modes de restitution3. Cette médiation a pris plusieurs formes : la coréalisation d’un programme radiophonique hebdomadaire à la Radio nationale Lao, celle d’un documentaire abordant la construction et la mise en œuvre d’une recherche multidisciplinaire et participative sur les parcours migratoires et les vulnérabilités infectieuses, ainsi que la co-construction de deux performances théâtrales et dansées inspirées d’entretiens ethnographiques4. Parmi celles‑ci : Live with it.
Un corpus de données à partager
9Entre 2016 et 2019, l’anthropologue mettait en œuvre avec des chercheuses de l’université des sciences de la santé à Vientiane, et des représentantes de la Croix-Rouge française et de l’association LaoPha5 (vivant avec le VIH) à Vientiane, une recherche multidisciplinaire et participative au sujet des parcours migratoires et des vulnérabilités infectieuses, intitulée « Migration, mobilities and Hiv/Sti vulnerabilities. An interdisciplinary and community based participatory research in Lao Pdr » (MigrLao). Elle était financée par le bailleur Expertise France.
10Quitter son territoire n’est pas un phénomène nouveau au Laos. Depuis l’ouverture du pays à l’économie de marché à partir de 1990, les flux migratoires ont lieu en raison des politiques de relocalisation des populations menées par le gouvernement, de l’attractivité économique de certaines régions (construction de routes, projets hydroélectriques et miniers, industrie agroalimentaire). De nombreux migrants et migrantes d’origine chinoise, vietnamienne ou birmane rejoignent aussi certains sites de construction d’immeubles et de supermarchés ainsi que le vaste chantier ferroviaire en cours6. Le mandat du chercheur était double. Il s’agissait d’une part d’éclairer le sujet des liens entre les parcours migratoires et les reconfigurations sociales et genrées dans un contexte de développement très rapide. Par ailleurs, l’enjeu était de penser avec les partenaires du projet les espaces possibles d’articulation entre la production de ces connaissances et l’amélioration de la prise en charge sanitaire et du risque infectieux au VIH des populations migrantes au Laos.
11Cette recherche multidisciplinaire, communautaire et participative fut déclinée en cinq sous-études qualitatives et une étude épidémiologique. Les enquêtes étaient construites et menées avec des chercheurs et non-chercheurs, où chacun était invité à porter un éclairage sur une question et sur un terrain déjà familier et avec un réseau en place. Cette approche est très innovante dans le domaine des sciences sociales. Elle a été choisie en raison de son potentiel créatif et effectif de production de données affinées. Elle permettait de contourner le manque de ressources humaines formées au Laos, ainsi que les problèmes d’accès aux terrains qui retardent ou limitent les recueils de données. Le projet a produit un nombre considérable de données quantitatives issues de questionnaires, mais aussi un corpus important de données textuelles issues d’entretiens : des parcours biographiques, des histoires de familles, des événements marquants. Ces données sont analysées dans des cadres théoriques précis et formatées selon des règles de plus en plus contraignantes de l’édition scientifique, et suivant des critères d’évaluation dominés par les approches quantitativistes. Opter pour une forme d’écriture littéraire est toujours possible dans certains ouvrages, mais cette voie reste pour l’anthropologue un choix peu aisé. Malgré leur qualité scientifique validée par les pairs, les chapitres d’ouvrages sont absents des systèmes de référencement des publications indexées sur les plateformes web dédiées, et absents des systèmes d’évaluation des chercheurs et des institutions de recherche. Si le choix de contribuer à des chapitres d’ouvrages reste néanmoins une posture (plus facile à tenir pour un chercheur titulaire d’un poste), celui de se lancer dans la médiation scientifique pouvait jusque très récemment être perçu comme un suicide académique. Aucun espace de reconnaissance, ou a minima de visibilité institutionnelle, n’était prévu pour cela. Il fallait donc créer ses propres espaces de valorisation scientifique7, anticiper les remarques de hiérarchie et y faire face : « C’est bien ton programme radio, mais où en sont tes publications ? » ; et de ses collègues : « Moi, je n’ai pas le temps pour ça ». Mais les données étaient bien là, et l’envie de ne pas les garder pour soi, de refuser de les voir s’envoler, l’envie de les donner à penser dans une forme sensorielle plus immédiate, sensible, incarnée…
La création de Live with it et le croisement de disciplines
12Live with it est une performance mêlant théâtre et danse contemporaine créée par l’autrice et metteuse en scène Thiane Khamvongsa. Thiane est une artiste française d’origine laotienne, formée à Paris, où elle a fondé la compagnie de théâtre Les Bêtes sur la Lune. Installée au Laos en 2013, elle y organise chaque année des performances multilingues et multidisciplinaires. Avant d’être invitée par Pascale à composer une pièce basée sur des données scientifiques, Thiane n’était pas étrangère au concept du croisement des disciplines sur scène. Sa proposition théâtrale vise à imaginer des pièces qui seraient issues d’un réel métissage artistique et culturel en cherchant à rendre les frontières mouvantes entre ses trois formes d’expressions favorites : le théâtre d’objets, la danse et l’écriture dramatique. Elle voit son plateau comme un laboratoire, où elle expérimente et crée des performances d’improvisation avec des musiciens d’instruments traditionnels laotiens, la manipulation de marionnettes avec la compagnie laotienne Khao Niew et leurs artistes sourds et muets, la création d’univers hybrides entre Orient et Occident, en revisitant des pièces classiques de Shakespeare, des ballets de Saint-Saëns, en s’inspirant du Jataka, du Phra Lak Phra Ram, de la mythologie et du folklore locaux. Sa rencontre avec les jeunes danseurs de la compagnie Fanglao, issus simultanément de la culture hip-hop et de la danse traditionnelle laotienne, a déclenché une velléité de travailler davantage avec le corps sur scène et d’employer le langage de la danse sur le plateau. Live with it est sa septième collaboration avec les danseurs de Fanglao.
13Pour créer Live with it, Thiane a travaillé à partir des entretiens ethnographiques collectés lors des études conduites dans le cadre du projet intitulé « Migration, mobilities and HIV/STI vulnerabilities. An interdisciplinary and community based participatory research in Lao Pdr ». Ce projet comprenait plusieurs sous-études dont l’une était conduite par des représentants des associations de personnes VIH au Laos, et formés par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) à la pratique de la recherche. Chacune avait pour mandat de recueillir des données biographiques de trois personnes, vivant avec le VIH, de son réseau d’interconnaissance, lors d’entretiens enregistrés et menés à trois reprises. Les données étaient ensuite transcrites en lao. Elles relatent les conditions d’existence dans le Laos rural et la pauvreté à l’origine de parcours migratoires vers des formes de travail souvent illégal en Thaïlande. S’expriment ainsi la violence sociale et conjugale, les pratiques de vente de services sexuels, les usages de produits illicites, mais aussi les histoires d’amour qui se font et se défont8.
14Le défi était de taille. À partir d’une telle base de travail, comment restituer ces données de manière fidèle sur une scène artistique ? Comment « interpréter » le travail qu’opèrent les anthropologues ? Le théâtre-forum aurait pu apparaître d’emblée comme la première option. Il s’agit en effet du dispositif de référence, depuis les années 1960, pour les campagnes de conscientisation sur les sujets sensibles, notamment dans les écoles et les entreprises. Mais cette forme d’expression, qui fait appel à la participation active du public – en tant qu’acteurs – dans des saynètes improvisées afin de questionner, échanger et explorer des dénouements alternatifs, n’était pas adaptée aux conditions de création et de tournée de ce projet. L’efficacité de ce dispositif repose sur l’implication d’un public-acteur qui passe directement à l’action sur scène. Cette option ne peut donc être mise en place que dans des groupes restreints et sous condition d’un temps préalable de préparation. Elle était donc impossible à concevoir dans des amphithéâtres gigantesques avec des centaines de spectateurs et sur un temps limité. Sans interaction verbalisée avec le public, il fallait chercher la création sous une autre forme, qui serait à la fois ancrée dans une réalité de terrain et distanciée de ce dernier. Enfin, les vertus présupposées du théâtre, de l’ordre de la pédagogie, de la didactique, de la transmission de valeurs, peuvent aussi se révéler à double tranchant et faire basculer le travail de création dans une restitution scolaire et didactique où les acteurs se retrouveraient simplement à énoncer un message « prémâché ». Comment éviter l’écueil du théâtre qui parle de la santé avec vocation « pédagogique » et « moralisante » en vue de faire de la prévention simple ? Comment plutôt élargir le théâtre de sciences contemporain en quelque chose de poétique, qui solliciterait aussi l’imaginaire et l’émotion ?
15L’idée d’utiliser le théâtre pour transmettre des savoirs n’est pas nouvelle. Dès les années 1870, Louis Figuier, père des vulgarisateurs scientifiques, inaugure le « théâtre scientifique ». Son projet à l’époque était de « populariser la science » grâce au théâtre, en mettant en scène la vie des grands scientifiques ou les découvertes. La vulgarisation n’était alors pas une œuvre de création, mais un moyen d’enseignement qui, sous le couvert d’une action dramatique, se donnait pour objectif d’initier le public à des faits scientifiques. Or le théâtre, soumis à un but didactique, peut être vidé de son charme et de son essence, comme l’analyse Fabienne Cardot9 ; et l’habillage dramaturgique du premier « théâtre scientifique » ne convaincra pas. Ce n’est que très récemment que le théâtre réapparaît comme le lieu d’une rencontre renouvelée des sciences et des arts, avec un engouement réémergent pour les projets arts-science dans les années 2000. De nos jours, la théâtralisation de faits et de connaissances scientifiques cherche plutôt à inviter à la réflexion, l’imagination et la créativité, et en cela se rapproche de la médiation scientifique. Le spectacle vivant est un moyen d’atteindre de nouveaux publics pour les chercheurs, mais il permet aussi un prolongement émotionnel et réflexif qui se développe pour l’auditeur au-delà du terrain intellectuel et conceptuel qu’offre la science. L’émotion a cela de formidable qu’elle entraîne l’adhésion du public, et ainsi les arts vivants offrent un avantage certain à la restitution de données scientifiques, à condition de savoir en user avec justesse.
Un processus de création altéré
16La metteuse en scène a commencé son travail par la lecture de plusieurs centaines de pages de données et de témoignages, pour laisser émerger les éléments clés du texte. À partir de certaines de ces retranscriptions, elle a choisi des extraits, les a traduits, réagencés, les a mis en voix et en musique. Puis elle a confié à chaque artiste une bande sonore et un texte, et lui a demandé de créer la « danse » de son personnage, de « mettre en corps », de « mettre en mouvement » ce que la personne avait « mis en mots ». Les artistes devaient livrer leur interprétation, d’une manière assez abstraite, de ces récits de vie qui leur avaient été confiés par l’anthropologue. Il était de leur responsabilité d’être les porteurs de la voix de ces personnes, d’évoquer leurs épreuves, leur vie, eux qui restaient anonymes pour le reste du monde. Les artistes ont donc appris, répété et dansé sur les paroles des personnes interviewées, chacun étant touché, ému différemment.
17Ce spectacle s’est donc construit grâce à une écriture particulière, car il s’agissait pour la première fois pour la metteuse en scène de partir de données biographiques et de résultats de recherches scientifiques, c’est-à-dire d’une parole donnée réelle et non d’un travail d’imaginaire, ce qui excluait toute modification ou réécriture du texte, rendant le fil rouge de la performance quasi rigide. Il fallait trouver ailleurs de la souplesse dans la création, et déplacer le point d’appui artistique du texte vers un travail d’improvisation chorégraphique sur le plateau. Créer à partir de mots oui, mais aussi à partir de la mouvance des corps, de la musicalité du geste, des sons du plateau, des rythmes ou des respirations. Dans cette optique, la mise en scène s’est rapportée à un travail d’« accouchement », car même au théâtre, le passage du corps réel de l’acteur-danseur au corps fictionnel et imaginaire du personnage reste un phénomène mystérieux. Il a fallu laisser transpirer les parois, laisser passer ce qui vient de loin, de l’inconscient de cinq artistes et qui est venu se greffer à une totalité d’une représentation scénique, à un objet esthétique instable et l’harmoniser. Du point de vue de la metteuse en scène, ce changement de perspective profite à la pratique théâtrale et à son travail personnel dans la mesure où elle est disposée, pour cette collaboration inhabituelle, à revoir et à remettre en question toutes ses notions préconçues liées à la dramaturgie : sur le personnage, le sujet, le plateau, le corps, le jeu, la finalité d’une œuvre. Sur cette pièce, des improvisations des acteurs-danseurs composent un tout organique, qui, même s’il reste souvent hétéroclite, bancal, est avant tout vivant.
18L’objectif de la performance était d’embarquer le public dans ce qui a été, pour les interprètes, un voyage très émouvant à travers une poignée d’histoires d’hommes et de femmes vivant avec le VIH au Laos. Si les témoignages provenaient de données anthropologiques, la performance devait ensuite quitter le champ scientifique et la restitution de données, pour entrer dans une dimension émotionnelle, exprimée par le corps, le mouvement, les mots et la musique. Les interprètes transmettent une voix, ici plus précisément un témoignage, celui d’une personne vivant avec le VIH au Laos. C’est en soi une énorme responsabilité, d’autant plus que la scène – ce dispositif spatial, musical et discursif – et l’idée même de théâtre rendent caduque toute question d’authenticité. Sur d’autres productions, cela n’aurait pas été un problème. Nous savons que le théâtre est une imitation assumée de la vie, d’ailleurs la metteuse en scène travaille habituellement sur un univers onirique traduit par une scénographie chargée qui ne se cache pas d’être issue entièrement de son imagination fantaisiste. Or ici, la question d’authenticité et de réalisme appelait d’une part, matériellement, à un dénuement quasi total de l’espace scénique, si ce n’est les mots projetés sur les murs, et d’autre part sur le plan de l’interprétation à se débarrasser de tout effet superflu. Marcher sur le fil tendu entre la restitution neutre d’une parole et l’interprétation dramatique fut un jeu d’équilibriste périlleux lors de la direction des acteurs-danseurs qui appela à des remises en question régulières des intentions de jeu. Il fallait restituer une parole dans la dignité de ceux qui l’avaient confiée aux chercheurs et surtout ne pas rentrer dans le pathos sur des textes témoignant de conditions de vie déjà extrêmement dures.
Performance pluridisciplinaire et multilingue
19Live with it a également été créé par la metteuse en scène dans une optique d’accessibilité au grand public, quelle que soit sa langue d’origine. Les langues de la metteuse en scène, de l’anthropologue et des partenaires institutionnels étaient le français et l’anglais ; celles des acteurs-danseurs étaient le laotien et l’anglais ; celle du public cible le laotien principalement, ainsi que l’anglais et le français d’un niveau peu élevé. Ces contraintes langagières purent néanmoins être contournées. Le langage du corps est universel et si, de par sa nature, le texte ne peut être changé, sa structure, elle, reste malléable selon les exigences du rythme musical et gestuel afin d’organiser un récit rythmique et chorégraphique. En effet, la question de la transmission et de l’universalité est depuis ses débuts au cœur de la recherche théâtrale de la metteuse en scène. S’obstinant à inviter « l’Autre » et sa culture à la rencontre théâtrale, Thiane convie toujours des artistes internationaux à se saisir de ses mots dans des pièces multilingues et multidisciplinaires. Ainsi, les artistes participent à une action collective éducative, culturelle et d’influence, les uns envers les autres. Ce n’est pas un théâtre d’ambition, mais bien un théâtre de partage. Certaines de ses pièces ont été montées avec des comédiens et danseurs venant de quatre continents différents, chacun parlant sa langue maternelle dans la performance. Live with it entre dans cette catégorie avec une narration en français, anglais et laotien (langue quasi inédite dans la création théâtrale contemporaine). Dans cette création hybride, le travail de mise en scène de cette pièce repose sur le mariage des trois langues et celui du « corps et de la voix énonçant » comme parole scénique, obligeant le public à bâtir progressivement l’expérience dramatique dans des langues qu’il ne maîtrise pas forcément.
20Travailler à la mise en scène – ou bien est-ce la dramaturgie ? –, c’est également construire une partition musicale, une diction parfois psalmodiée avec des leitmotivs musicaux. C’est le corps et l’agencement des voix qui donnent à entendre un certain sens, quelle que soit la langue parlée par les acteurs-danseurs, et celles comprises par l’auditeur. Mais de manière générale, du point de vue de la dramaturge et de la metteuse en scène, la présence du multilinguisme au théâtre crée une mise en abyme qui pousse le spectateur à réfléchir sur ses expériences dans un monde multilingue nécessitant des interprètes et des traducteurs. Le théâtre aussi, aujourd’hui, est mondialisé. Après quatre siècles de profondes mutations de la pratique théâtrale et de la société humaine, le théâtre n’est pas forcément lié à un territoire, ni même à des cultures. Il est une invitation au voyage, par le biais de langues aux usages et aux sonorités multiples, ainsi que de pratiques du corps variées et de signifiants aux trajectoires sémantiques diverses que tente ici de démêler la méthode anthropologique.
21S’il n’est pas question dans cette création d’écriture dramaturgique dans le texte, il reste que les témoignages, comme les tragédies, sont immuables dans leurs dénouements, tout en se prêtant au travestissement d’une langue autre, selon la nouvelle lecture de la metteuse en scène. Quel que soit le chemin choisi, la fin reste la même. L’idée de la rencontre d’une pièce multilingue avec un public qui ne l’est pas forcément renforce un des aspects typiques de l’univers de la danse, celui de ne pas être compris, être expliqué, ou de faire sens. La danse renvoie à des images, des sons, des mouvements, qui s’enchaînent, et c’est au spectateur de choisir de se laisser entraîner dans quelque chose qu’il ne comprend pas dans son intégralité. Le danseur est « autre » quand il s’empare d’un témoignage. Il incarne en dansant ce passage de « l’état d’avant » (avant le VIH) à « l’état d’après ». Ces « états » sont hors de contrôle et il s’agit de le vivre et non de le comprendre. Chacun des solos des danseurs et danseuses a donc sa propre langue et son propre mouvement, tout en restant subordonné au sens général de l’œuvre. Live with it entre dans l’idée de la « performance » bien plus que dans celle de la « représentation » ou du « spectacle », dans ce qu’il a de non reproductible, d’actif et de présent puisqu’il est construit principalement sur des improvisations chorégraphiques. Le public voit la production d’une action dans l’acte même de son énonciation. Cette opposition des termes permet d’imaginer les variations culturelles infinies auxquelles sont soumises les pratiques théâtrales. Il s’agit donc d’un dispositif idéal pour épouser la dimension expérimentale de la posture anthropologique.
Diffusion de la performance et retours du public
22Une représentation de la performance a été donnée à Vientiane le 25 octobre 2019, à l’occasion des journées « Arts, sciences, éthique » organisées sur place10. Live with it a fait également l’objet de la réalisation d’un film, par Peter Livermoore (2020), sélectionné par la commission du film de l’International Union of Anthropological and Ethnological Sciences (IUAES) lors de son dernier colloque tenu, en distanciel, en mars 202111. Grâce à la sélection du projet déposé à l’appel d’offres du Fonds canadien d’initiatives locales, et à l’engagement de plusieurs partenaires institutionnels à Vientiane, une tournée de Live with it a eu lieu dans plusieurs provinces du Laos. L’IRD, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), Expertise France, la compagnie de théâtre Les Bêtes sur la Lune et la compagnie de danse Fanglao ont lancé une campagne artistique intitulée : « Mon corps, ma vie, mon futur ». Sous le thème « autonomisation des jeunes pour un développement équitable et inclusif », cet événement comprenait des présentations et des activités de sensibilisation ainsi que la performance Live with it. Il avait pour objectif d’aborder avec les étudiantes et étudiants universitaires de différentes provinces les questions de santé sexuelle et reproductive, la situation des adolescentes et la lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH12.
23La tournée a eu lieu dans les principales universités du pays, dans la capitale et dans les villes de Luang Prabang, Savannakhet et Paksé13. Cette tournée inédite, issue de la collaboration inhabituelle de deux mondes, a été l’une des expériences les plus étranges, mais aussi l’une des plus mémorables et fortes que la troupe ait vécues. Hormis la toute première performance à Vientiane en 2019 où l’audience était composée principalement de professionnels du milieu académique et des expatriés de la capitale, la rencontre avec le public de la tournée qui, lui, était complètement novice dans les deux disciplines (aussi bien celle de l’anthropologie que celle des arts vivants contemporains) fut émouvante à bien des égards.
24Au total, six cents personnes ont assisté à ces représentations. Dans un contexte où la mise en œuvre des activités de recherche et la restitution de leurs résultats requièrent le franchissement d’étapes administratives variées et représentent de nombreux défis, l’implication enthousiaste de tous les acteurs institutionnels à toutes les étapes, ce résultat est un succès. À distance, puisque la venue de Pascale au Laos n’a pas été possible en raison des restrictions de déplacements liées à l’épidémie de Covid-19, et grâce à l’appui du Dr Vanphanom Sychareun, doyen de l’université des sciences de la santé, à l’engagement d’Éric Deharo, le représentant de l’IRD au Laos, et d’Antoine Blomqvist, responsable de l’Agence universitaire de la francophonie au Laos, il a fallu organiser la coordination du projet entre les partenaires et les personnes impliquées et obtenir des autorités laotiennes les autorisations diverses requises sur place. L’événement a fait l’objet d’une diffusion médiatique inespérée : huit articles dans la presse nationale et internationale, repris par des agences de presse de la région, trois émissions de télévision au Laos, des centaines de posts Facebook, un teaser vu treize mille fois14. Une évaluation quantitative et qualitative de l’événement, non exploitée à ce jour, a été réalisée après chaque représentation par le Dr Souksamone Thongmexay, chercheuse à l’université des sciences de la santé de Vientiane. L’objectif était de recueillir des informations au sujet des expériences et des perceptions de la performance, et au sujet de la compréhension de certains messages de prévention en matière de VIH. De plus, des sessions de questions/réponses ont été organisées avec le public après chaque performance grâce à l’intervention remarquable de M. Xayasith Xayalath, représentant de l’association APL + (Association des personnes séropositives).
25Les scènes des infrastructures mises à disposition de la troupe étaient généralement encombrées de drapeaux (celui de la République démocratique populaire du Laos d’un côté et celui du parti communiste, avec la faucille et le marteau, de l’autre), de banderoles de propagande, de portraits de Lénine et de Marx, et du buste du premier président du pays, Kaysone Phomvihane, obligatoire dans tous les amphithéâtres publics. Dans les salles bondées, après les habituels discours des deans des établissements et des partenaires, un silence lourd s’installait toujours avant le déclenchement des premières notes de musique. Puis, quand les premiers éclats de voix des comédiens retentissaient, tous en même temps, dans un brouhaha tonitruant de trois langues, et que soudain leurs corps s’élançaient, se heurtaient et s’écrasaient sur le sol, ce silence laissait bien vite la place à des exclamations de surprise, des rires étouffés, gênés ou indignés, et parfois même des larmes, quand les mots devenaient choquants ou l’expérience trop dure. Le public laotien est bavard et expressif. Après la représentation, il n’y avait plus de silence, il y avait de la parole… L’art comme déclencheur de parole, l’art et la science comme déclencheurs de conscience… Souvent professeurs et étudiants n’étaient pas prévenus quant à la teneur du spectacle. Le choc était donc double. Ils n’étaient habitués ni à la présentation de données scientifiques (surtout sur des sujets aussi sensibles que la vente de services sexuels, les usages de drogue et le VIH), ni au théâtre, ni à la danse contemporaine. Les danses pratiquées au Laos (la danse traditionnelle laotienne et les danses de loisir de type « line dance » à l’américaine) sont habituellement très « codifiées » et pudiques. Beaucoup n’avaient jamais vu des corps se mouvoir aussi violemment. À la sortie, de nombreux étudiants ont interpellé les danseurs pour les féliciter et ont avoué n’avoir jamais vu un spectacle de leur vie.
26Des séances de questions/réponses étaient organisées immédiatement après la performance. Le public, composé majoritairement d’étudiants, a interrogé les artistes sur la pièce, sa signification et sur le processus de création. Au demeurant, l’essentiel des questions concernait les façons de contracter une infection à VIH ou de s’en protéger, cela sous l’œil incrédule de leurs professeurs, dans un pays où souvent la pudeur et les tabous l’emportent sur la vérité et le savoir. De francs rires fusaient parfois, quand des étudiants, le rouge aux joues, précisaient que les questions qu’ils posaient ne les concernaient bien évidemment pas (car aucun n’admettrait être actif sexuellement), mais qu’il s’agissait juste de curiosité, ou bien quand d’autres affirmaient qu’ils ou elles posaient la question pour « un ami ou une amie ». Des rires gênés encore, quand l’intervenant de l’association APL + a utilisé ses doigts pour expliquer de manière visuelle les points de contact, et des rires encore, quand cette étudiante a demandé des précisions sur les risques potentiels des relations sexuelles entre filles. Des rires, des rires, mais plus de silence, car la parole avait été libérée, elle circulait, ouverte. Ces jeunes garçons et ces jeunes filles, qui pour beaucoup n’ont jamais parlé de sexe avec leurs parents (et encore moins avec leurs professeurs d’université) étaient engagés dans la conversation que la troupe a initiée avec eux. À chaque performance, l’équipe organisatrice peinait à interrompre ces sessions qui s’éternisaient, car personne n’avait envie de rentrer, les étudiants avaient en réserve quelques centaines de questions à poser, maintenant que les digues avaient été rompues. L’étudiant-spectateur n’est pas/plus passif, il prend son avenir en main en s’appropriant activement les savoirs. Les retours d’information des décideurs de l’enseignement supérieur étaient aussi enthousiastes et unanimes quant à la pertinence d’une telle activité. Par exemple, le Dr Khamphong Nammavongmixay, vice-président de l’Université nationale du Laos, soulignait lors de son discours d’ouverture, à Vientiane, le 4 décembre 2020, que :
Connaître et pouvoir disposer de son corps, connaître ses droits, mais aussi être conscient des problèmes en lien avec l’infection à VIH est nécessaire. Les jeunes, hommes et femmes, doivent être capables de comprendre et de s’approprier ces enjeux. Ce sont des sujets sensibles, mais il est important que tout le monde les connaisse.
Conclusion
27Si cette étude scientifique n’avait pas fait l’objet d’une performance artistique, aurait-on pu amener ce sujet dans les amphithéâtres des universités du Laos ? Cette question est sous-jacente à tout programme de recherche et pose la dimension de la visibilité, de l’impact et de l’applicabilité de ses résultats. De nombreuses initiatives y sont pourtant souvent consacrées : réunions de restitution au long cours de la mise en œuvre du projet auprès des décideurs, workshop à destination des soignants et parfois du grand public, rapports de recherche, articles de presse, conférences, publications, policy papers. Néanmoins, produire une manne d’informations et d’enseignements et la rendre ainsi disponible pour penser la mise en œuvre de programmes de prévention et de soins, par exemple en matière de santé sexuelle et reproductive des adolescents, ne suffit pas forcément à produire le changement social espéré. Comme cela a été bien décrit par les anthropologues du développement, et rapporté ici de manière abrupte et raccourcie, l’application de la recherche est un travail à long terme qui s’appuie sur la construction d’alliés et de réseaux, en particulier par le biais des renforcements de capacités et de formations, et sur la synergie d’intérêts aussi individuels que collectifs. L’expérience de la diffusion de la performance Live with it nous montre néanmoins que le décloisonnement amorcé des pratiques qui mènent à un théâtre qui parle de science apparaît clairement bénéfique à la diffusion et à l’appropriation d’informations, en particulier lorsque l’on cherche à engager un jeune public.
28Recherche de nouveaux formats de diffusion des connaissances pour l’anthropologue, augmentation de la visibilité des actions pour les dispositifs de financement, campagne de sensibilisation à un public plus large pour les partenaires institutionnels, exploration de pratiques du théâtre à caractère scientifique pour les artistes… Chaque acteur et chaque partenaire impliqués dans le projet Live with it disposaient de raisons propres et valables pour s’investir dans une co-construction artistico-scientifique. C’est donc bien qu’il y a une synergie à exploiter, et que ces deux disciplines, anthropologie et théâtre, ont quelque chose à se raconter l’une et l’autre, même s’il est difficile d’en tirer des conclusions à ce stade d’expérimentation. Au demeurant, pour l’anthropologue, s’engager dans la médiation scientifique au Laos vient défricher de nouveaux chemins à explorer. D’une manière continue depuis les premières expériences menées en 2013, l’aboutissement d’un projet ouvre la voie vers le suivant, avec une attention ciblée vers plus de justesse, d’ancrage, mais aussi le souci de s’accorder davantage de liberté. Celle-ci, souvent difficile dans l’exercice et les cadres rigides de la recherche, invite à ne pas tout maîtriser et à se laisser porter. Cette option est constitutive de la relation de proximité grandissante avec les partenaires universitaires au Laos qui non seulement contribuent aux projets, mais se les approprient. Enfin, dans un contexte général où l’impératif dominant de rentabilité et de productivité questionne avec récurrence la nécessité et l’utilité de la science, la rencontre des arts et des sciences, parce qu’elle est visible, semble avoir, en particulier depuis cinq ans, le vent en poupe. Les appels à projets, communications, publications se multiplient autant que les nouvelles injonctions pour le chercheur de diffuser sa science auprès du grand public, alors que s’engager vers la médiation scientifique semblait souvent jusqu’à présent peu compatible avec les règles de légitimation d’un savoir essentiellement fait pour et par des élites intellectuelles. La science et ses modes de légitimation et de financement évoluent, et avec eux les grilles d’évaluation des chercheurs, des unités de recherche, et des projets soumis aux bailleurs de fonds. Ces outils comportent désormais une rubrique dédiée à la médiation scientifique, que chacun, quel que soit son rôle dans la chaîne de production du savoir, a le loisir, ou pas, de s’approprier.
29Pour le dire autrement, sans être en mesure d’en saisir tous les effets, et à la lumière des retours donnés par le public, la tournée de Live with it a sans doute contribué à éclairer, à interroger, à partager, et à faire résonner les questionnements soulevés. Dans un pays où la parole et les actes sont souvent contraints et surveillés, les histoires de vie incarnées et partagées, comme les émotions que viennent faire éclore et libérer la tonalité d’une voix, l’énergie d’un corps en mouvement, ou la puissance de la musique, tout cela trace des chemins vers l’intime. Des sentiers ouverts où chacun, chacune, dans l’espace clos et durant le temps suspendu de la performance, et sans doute bien après, peut se promener à sa guise, s’arrêter et mille fois bifurquer…
Fig. no 1 : Affiche de la tournée Live with it

© Les Bêtes sur la Lune
Fig. no 2 : La salle de conférence de l’université de Savannakhet

© Les Bêtes sur la Lune
Fig. no 3 : Représentation de Live with it à l’université de Savannakhet

© Les Bêtes sur la Lune
Fig. no 4 : Public de Luang Prabang

© Les Bêtes sur la Lune
Fig. no 5 : Performance de Live with it à l’université des sciences de la santé à Vientiane

© Les Bêtes sur la Lune
Fig. no 6 : Performance de Live with it à l’Université nationale du Laos

© Les Bêtes sur la Lune
Fig. no 7 : Performance de Live with it au lycée français international de Vientiane

© Les Bêtes sur la Lune
Notes de bas de page
1 T. Khamvongsa, Live with it. Theater and Dance Performance, 2019, dirigé par Thiane Khamvongsa, chorégraphié par la Fanglao Dance Company. Avec Thiane Khamvongsa, Chomchai Nahinboon, Aeksaluck Oudomsouk, Thanutchit Pharnavong, Noutnapha Soydala, Pavina Vilaphan ; technique : Ounla Phaoudom ; idée : Pascale Hancart Petitet.
2 S. Turner (ed.), Red Stamps and Gold Stars: Fieldwork Dilemmas in Upland Socialist Asia, Vancouver, UBC Press, 2013.
3 P. Hancart Petitet, V. Sychareun, « Les dilemmes d’ordre éthique soulevés par la recherche sur le VIH au Laos. De la recherche scientifique à la réalisation d’une émission de radio », dans A.-M. Moulin (dir.) et al., Les Voies de l’éthique de la recherche au Laos et dans les pays du Mékong. Santé, environnement, sociétés, comité d’éthique de la recherche de l’université des sciences de la santé du Laos, CCDE de l’IRD, Marseille/Dakar, Éditions de l’IRD/L’Harmattan-Sénégal, 2018, p. 139‑145.
4 P. Hancart Petitet, « De la crise à la médiation scientifique. Circulations des savoirs au Laos », conférence confinée pour le réseau Amades, 26 mai 2020 (https://www.canal-u.tv/video/ird/de_la_crise_a_la_mediation_scientifique_circulations_des_savoirs_au_laos.56291, consulté le 2 décembre 2022) ; id., « De la crise épistémologique à la médiation scientifique. Nécessité heuristique et savoir engagé au Laos », Anthropologie & Santé, 21, 2020 (https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/anthropologiesante/7698#quotation, consulté le 2 décembre 2022).
5 L’association LaoPha a depuis changé de nom : CHIAS (Community Health and Inclussion Association).
6 S. Phetchanpheng et al., « Interrogating Dislocated Masculinities and HIV Vulnerabilities: A Case Study of Vietnamese Migrants Workers in Southern Laos », Moussons, 35, 2020, p. 163‑186 ; V. Sychareun et al., « Lifestyles, Sexuality and Gender: Vulnerability to STIs and Unplanned Pregnancy among Female Migrant Beer Promoters in Lao PDR », Culture, Health & Sexuality, 24, 2021, p. 1‑16.
7 P. Hancart Petitet, S. Mbina, « Valorisation de la recherche au Laos », Anthroms, 2020 (https://valorisationrecherchevihlaos.com, consulté le 5 décembre 2022).
8 P. Zanarath et al., « Migrations and HIV Transmission. As Experienced by People Living with Hiv in Laos », Lao Medical Journal, 2021.
9 Cardot, « Le théâtre scientifique… », art. cité.
10 Hancart Petitet, Mbina, « Valorisation de la recherche au Laos », art. cité.
11 P. Livermoore, Live with it, compagnie Les bêtes sur la Lune et Fanglao, 50 minutes (lao, français, anglais), 2020 (https://valorisationrecherchevihlaos.com/portfolio/live-with-it/, consulté le 5 décembre 2022).
12 Jouer la pièce auprès des enquêtés n’a malheureusement pas pu être posé comme un objectif. Selon le dispositif, les enquêtés, qui souhaitaient conserver l’anonymat, n’étaient connus que des co-chercheurs, soit des associations de personnes vivant avec le VIH. Deux co-chercheurs étaient présents lors des représentations.
13 Voir photographies.
14 Life with It. The Tour in Laos (https://youtu.be/xEOxPgUuZJI, consulté le 5 décembre 2022).
Auteurs
Pascale Hancart Petitet est anthropologue de la santé, chargée de recherche à l’unité mixte internationale TransVIHMI (université de Montpellier, Institut de recherche pour le développement, Inserm). Après une activité de sage-femme hospitalière, un parcours humanitaire en Mauritanie, Angola, Pakistan et Afghanistan, elle a mené une thèse de doctorat en Inde du Sud (2003-2007), puis des recherches postdoctorales au Cambodge (2008-2012). Depuis 2013, elle mène divers programmes de recherche au Laos. Ses travaux se situent à la fois dans le champ académique, à l’intersection de l’anthropologie de la reproduction humaine, des technologies médicales, du genre, des migrations et des maladies infectieuses, et à l’interface de la santé publique. Elle a développé divers modes innovants de production et de médiation scientifiques (recherche multidisciplinaire et participative, programmes radio, film, pièces de théâtre et danse). Sa production scientifique est accessible sur https://www.researchgate.net/profile/Hancart-Petitet-Pascale et https://valorisationrecherchevihlaos.com/.
Thiane Khamvongsa est une artiste pluridisciplinaire française d’origine laotienne. Formée à la dramaturgie dans différentes écoles de théâtre parisiennes, et tout en continuant des études plus classiques, elle crée en 2009 la compagnie de théâtre Les Bêtes sur la Lune dont elle est toujours la directrice. Lauréate du prix Paris Jeunes Talents en 2010 pour la pièce Au revoir Pays, éditée à L’Harmattan (écriture et mise en scène), elle a depuis une quinzaine de pièces à son actif en tant que metteuse en scène, dramaturge et comédienne. Installée depuis 2013 à Vientiane au Laos, elle monte des projets multilingues, promouvant l’interdisciplinarité et l’interculturalité des arts scéniques, en collaborant avec des artistes et compagnies locales. Elle est également la directrice exécutive de la chambre de commerce et d’industrie européenne au Laos.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un trésor à l'Université d'Avignon
La pharmacie de l'Hôpital Sainte-Marthe
Françoise Moreil et Catherine Vieillescazes (dir.)
2018
Révolutionner les cultures politiques
L’exemple de la vallée du Rhône, 1750-1820
Nicolas Soulas
2020
Les éclats de la traduction
Langue, réécriture et traduction dans le théâtre d'Aimé Césaire
Giuseppe Sofo
2020
Scénographies numériques du patrimoine
Expérimentations, recherches et médiations
Julie Deramond, Jessica de Bideran et Patrick Fraysse (dir.)
2020
Rome : éduquer et combattre
Un florilège en forme d'hommages
Catherine Wolff Bernadette Cabouret et Guido Castelnuovo (éd.)
2022