Chapitre 7
Patrimonialisations et représentations urbaines : la (re)connaissance des patrimoines bâtis par les habitants
p. 189-214
Texte intégral
1Dans l’imaginaire collectif national et international, la ville d’Avignon est bien souvent associée à trois éléments, symboles de sa spécificité et révélateurs de son caractère primordial : le Festival d’Avignon, l’une des plus grandes manifestations internationales dédiées au spectacle vivant contemporain ; le pont Saint-Bénézet, dit pont d’Avignon, immortalisé par une comptine enfantine ; le Palais des Papes, perle architecturale et témoignage historique qui orne de nombreuses cartes postales. Placés au cœur de la promotion touristique de la ville, ces objets sont porteurs de multiples valeurs. Les brochures et autres supports touristiques mettent en avant « [le] passé flamboyant de [la] Capitale de la Chrétienté, Avignon [qui] a gardé un patrimoine d’exception dont une grande partie est inscrite à l’Unesco1 » et présentent Avignon comme une ville de spectacle et d’histoire.
2Avec 160 édifices inscrits ou classés parmi les monuments historiques, la ville d’Avignon abrite environ 30 % des monuments inscrits ou classés du département du Vaucluse. Son patrimoine riche et divers (ancien, moderne, contemporain, naturel et immatériel) se déploie dans toute la ville, même si l’ensemble le plus célèbre est formé par le Palais des Papes, le pont Saint-Bénézet, le rocher des Doms, l’ensemble cathédral et une partie des remparts, édifices aussi inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco2.
3L’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco concerne un patrimoine, celui que l’on écrit toujours au singulier : le patrimoine. Mais cette notion tend à recouvrir une acception de plus en plus large et plurielle, relevant à la fois du monumental et du quotidien, de l’exceptionnel et de l’ordinaire (Rautenberg, 2003). Le processus de patrimonialisation se décentralise et a vocation à se rapprocher des populations, il ne relève plus seulement de l’État, mais engage de plus en plus des collectivités locales, des associations et l’ensemble des acteurs sociaux. Le label Ville et Pays d’art et d’histoire (VPAH), créé en 1985, pour lequel la Ville d’Avignon se porte aujourd’hui candidate, est un produit de cette évolution. Il s’inscrit dans une volonté d’élargissement de la notion de patrimoine, de sa reconnaissance et des conséquences que cela entraîne (Navarro, 2016). Le processus de patrimonialisation n’est alors plus seulement destiné à protéger le site et à garantir sa transmission, il vise à présenter et reconnaître l’ensemble des patrimoines, et les valoriser aux yeux des populations (Davallon, 2006). Aux touristes, principaux destinataires de cette inscription, s’ajoutent les habitants des villes eux-mêmes, car ce label « qualifie des territoires qui, conscients des enjeux que représente l’appropriation de leur architecture et de leur patrimoine par les habitants, s’engagent dans une démarche active de connaissance, de conservation, de médiation et de soutien à la qualité architecturale et du cadre de vie3 ».
4Le label VPAH permet d’interroger sous un nouvel angle les représentations patrimoniales et leur construction, en se focalisant non plus sur le patrimoine, mais sur les patrimoines, en ne partant plus du touriste et de l’image de marque de la ville, mais de l’habitant et du quotidien. Ainsi, la perception et la réception du patrimoine urbain dépendent aussi des situations. De fait, habiter, visiter, transiter engagent des rapports très différents au lieu et aux signes qui le composent. Ces expériences reposent sur des temporalités et relations différentes : habiter s’inscrit dans un temps long, dans un rapport à l’autre et à l’espace qui l’entoure (Gravari-Barbas, 2005).
5Alors que la Ville d’Avignon, en posant sa candidature au label VPAH, semble vouloir s’engager dans une démarche plus volontaire propice à une diversification des publics ainsi qu’à une meilleure accessibilité et valorisation de ses patrimoines auprès des habitants, il est intéressant de confronter différentes perceptions et approches des notions de patrimoines, et de les analyser à différentes échelles, du collectif à l’individuel.
6À l’échelle d’Avignon et pour ses habitants, quelles sont ces représentations du patrimoine urbain, comment se construisent-elles et quels sont les paramètres qui les influencent tout particulièrement ? Le rapport des Avignonnais à leur patrimoine se distingue-t-il des représentations du patrimoine plus universelles véhiculées autour de la ville ? Et le cas échéant, de quelle manière ?
7Pour amorcer cette recherche, des entretiens directifs ont tout d’abord été menés dans une démarche quantitative. Deux questionnaires distincts ont été construits4 : le premier aborde avant tout les connaissances et les perceptions du patrimoine bâti de la ville par ses habitants. Le second se focalise sur leurs pratiques culturelles et patrimoniales5. Les questionnaires ont été diffusés auprès d’un échantillon d’individus choisis au hasard dans la ville. Au total, lors d’une passation qui s’est déroulée par binômes d’étudiants dans les lieux de vie quotidiens des Avignonnais, 200 questionnaires ont été récoltés. Le terrain d’étude s’étend aux neuf quartiers de la ville d’Avignon : la Barthelasse, Avignon-Nord, Avignon-Centre, Avignon-Ouest, Avignon-Est, Rocade-Nord, Rocade-Sud, Saint-Chamand, Montfavet. Les questionnaires ont été administrés près des commerces, bureaux de poste, mairies annexes et bibliothèques. Ces lieux, à priori détachés des pratiques patrimoniales, ont été choisis parce qu’ils peuvent être identifiés comme des lieux de pratiques ordinaires (Watremez, 2010). Les premiers questionnaires ont ensuite été complétés par une série d’entretiens semi-directifs interrogeant les liens entre pratiques de médiation et activités citoyennes, professionnelles et quotidiennes.
8L’ensemble de cette réflexion permet de replacer l’individu au centre des questions de patrimonialisation et d’identifier les leviers propices à une appropriation de ces patrimoines par tous. À ce titre, après avoir abordé les archétypes et stéréotypes qui influencent les représentations collectives de la ville, nous analyserons la perception patrimoniale à une échelle plus resserrée, celle des habitants au prisme de leurs pratiques, usages et conceptions.
La ville : des archétypes et des stéréotypes comme représentations collectives
9La perception de l’espace urbain est fondée sur un ensemble d’éléments – les voies de circulation, les limites, les quartiers, les nœuds et les points de repère –, qui s’articulent entre eux avec plus ou moins de cohérence (Lynch, 1969). Ces éléments, d’ordres géographique et historique, interagissent dans l’espace urbain et sont autant de repères sociosymboliques pour la société. Ils participent à la représentation collective et à la construction d’un archétype de la cité en général (Marchand, 2005a). Dans le cas d’Avignon, l’enceinte de la ville définit une composition urbaine toute particulière, elle constitue une limite et un point de repère indéniable. Construits à la fin du xive siècle sous l’impulsion de la papauté et de la communauté urbaine, les remparts, à l’origine barrière physique et symbolique qui circonscrit le territoire urbain et protège la ville, encadrent aujourd’hui le centre-ville historique d’Avignon et délimitent un quartier, au sens administratif (Clap, Huet, 2005). Alors qu’ils permettaient au départ de distinguer clairement deux espaces, la cité et son contado, ils servent à présent à distinguer le centre-ville des autres quartiers urbains, des périphéries. Si elle ne revêt plus le même sens, cette distinction de deux espaces séparés par les remparts perdure toujours dans le langage courant à travers les expressions « intra-muros » ou « extra-muros », littéralement à l’intérieur ou à l’extérieur des murs. Bien qu’il n’occupe qu’environ un dixième de la surface de la ville, le quartier Avignon-Centre, ou intra-muros, est le plus connu et identifié des espaces urbains avignonnais tant par les habitants que par les visiteurs occasionnels.
10Dans le schéma traditionnel de l’organisation urbaine d’une cité, le rôle du centre-ville est toujours prépondérant, il est le noyau central. Le noyau central est le cœur de la représentation sociale, autour duquel gravite un système périphérique. Il assure deux fonctions essentielles, génératrice et organisatrice (Abric, 2003). Dans le cadre urbain, il structure ainsi la représentation spatiale de la ville et peut, dès lors, être assimilé au centre-ville (Marchand, 2005b). Ce dernier incarne, en effet, la permanence, alors que la périphérie reflète quelque chose de plus incertain, ou du moins de beaucoup plus mouvant et évolutif (Rautenberg, 2005). Dans la cité avignonnaise, ce rôle de noyau central est renforcé par l’historicité et la matérialité du lieu, résultat d’une longue sédimentation dont l’apparence peut à présent paraître totalement figée. Dans l’objectif d’en garantir l’intégrité et de prévenir toute destruction massive, il est d’ailleurs classé secteur sauvegardé depuis 19916. Au contraire de l’extra-muros où sont, régulièrement, érigées de nouvelles constructions, le centre-ville est ainsi plus construit qu’à construire (Marchal, Stébé, 2014). Il structure la représentation collective de la ville et en assure la stabilité. À l’instar des remparts, la présence des deux édifices les plus emblématiques et indissociables du centre historique, le Palais des Papes et le pont Saint-Bénézet, façonne l’image projetée de la ville ; points de repère physiques et symboliques, ils font partie intégrante de la composition du noyau central. Le centre-ville avignonnais étant également un centre historique emblématique, il est d’autant plus important en termes de représentativité. Il confère, en effet, à la ville une très bonne imagibilité (Lynch, 1969).
11Les représentations urbaines sont également construites autour d’imaginaires et de stéréotypes. Outre les représentations liées avant tout à des aspects morphologiques, historiques et sociétaux, l’imaginaire autour d’une ville est façonné par une image de marque véhiculée par différents supports. Les discours et images circulants de la ville d’Avignon, dans la littérature, l’art, les médias ou encore le marketing touristique, sont bien souvent centrés sur les remparts, le Palais des Papes et le pont Saint-Bénézet, cœur de la ville médiévale, de la cité pontificale. Les parcours élaborés par les guides touristiques empruntent d’ailleurs certaines voies dans l’objectif de construire un regard sur ce qui doit être vu du patrimoine de la ville. À Avignon, ces deux monuments constituent, sans surprise, le cœur de ces visites touristiques. Aussi, tout visiteur exposé à ces relais d’information perçoit-il Avignon comme la « cité pontificale » et la « ville médiévale », une ville dont l’image est avant tout construite autour d’un patrimoine spécifique, l’ensemble monumental inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. À ce titre, les vues de loin d’Avignon mises en lumière par l’exposition du même nom, réalisée par les archives municipales en 2017, sont un témoignage frappant ; cet ensemble est systématiquement au centre des photographies. Les textes de l’exposition relèvent d’ailleurs que le Palais des Papes ou le pont sont bien souvent les points de fuite ou en ligne de mire des clichés photographiques d’Avignon depuis de nombreuses années7. À contrario, les vues qui portent sur l’extérieur des murs se font rares, le catalogue de l’exposition le souligne : « Si on a beaucoup peint et photographié l’espace urbain porteur d’une histoire matérialisée dans le bâti, il n’en va pas de même pour l’extra-muros, jugé moins exceptionnel8. » À cet égard, près de 90 % des personnes interrogées dans notre enquête considèrent que le patrimoine médiéval est le plus représentatif de leur ville et celui qu’ils estiment connaître le mieux. Lorsqu’il leur est demandé de citer plusieurs édifices avignonnais, le Palais des Papes et le pont sont les plus souvent mentionnés. L’inscription de ces monuments sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco participe à la cristallisation d’une certaine représentation de la ville que nous venons d’évoquer. Elle porte cette représentation d’une échelle locale à une échelle mondiale dans un contexte touristique extrêmement concurrentiel.
12En effet, le tourisme est un secteur économique essentiel en France, première destination mondiale. La culture et le patrimoine sont des axes forts du développement économique de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), troisième région de consommation touristique en France, qui développe en priorité un tourisme dit culturel, s’appuyant notamment sur sept sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Élevé au rang de patrimoine mondial depuis vingt-cinq ans, l’ensemble, reconnu pour sa valeur universelle exceptionnelle, relève de différents critères essentiels à son inscription : il possède des valeurs historiques et artistiques, uniques et non reproductibles, indéniablement intègres et authentiques. L’inscription et la reconnaissance par l’Unesco améliorent la visibilité internationale et participent à la construction d’une image de marque. Cette image stéréotypée insiste sur des signes et symboles communicables et recevables par le plus grand nombre, relevant d’une démarche promotionnelle. Bien qu’ils ne relèvent ni de la même entreprise ni de la même chronologie, les édifices composant l’ensemble inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco semblent être perçus comme un ensemble monumental relevant de la période pontificale par la majorité des personnes interrogées. Et pourtant, chacun de ces édifices s’inscrit dans une historicité différente : seuls le Palais et les remparts ont été construits pendant la présence des papes à Avignon.
13L’archétype de la cité, construit autour d’un noyau central et s’appuyant sur des repères architecturaux, et les visions stéréotypées véhiculées autour d’une ville à des fins de promotion et de cohésion sociale modèlent notre imaginaire (fig. no 1). Pour autant, le patrimoine bâti, s’il engage un socle de représentations collectives et de processus socioéconomiques, fait également l’objet de projections sociales de différents groupes et individus qui s’y confrontent. Si les représentations collectives de la ville d’Avignon sont avant tout construites autour d’un patrimoine particulier, le patrimoine mondial et universel, les institutions, les visiteurs, les passants et les habitants ne semblent pas avoir la même conception et perception du patrimoine. La représentation stéréotypée d’une ville, telle que nous avons pu la définir, établit-elle également le cadre de pensée, individuel, de ses habitants sur ce sujet ? Quelle est la perception du patrimoine d’une ville par ses habitants et sur quoi se fonde‑t‑elle ?
Fig. no 1 : Période historique la plus représentative du patrimoine bâti de la ville selon les Avignonnais et patrimoine bâti le mieux connu par période

(100 individus interrogés, résultats en pourcentage)
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La perception patrimoniale des habitants : entre représentation collective et expériences individuelles
14À Avignon, les monuments inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco ont une portée déterminante sur la représentativité de la ville. Ils sont des marqueurs du territoire, de son identité et de la mémoire collective qui se construit autour de la cité. Habiter un lieu implique un rapport à l’espace qui dépasse le simple fait de résider et qui s’exprime par les pratiques des individus (Stock, 2004). L’espace habité est un espace vécu, émotionnellement investi, et régi par une multitude de mémoires individuelles et de pratiques quotidiennes qui s’entremêlent. La perception patrimoniale des habitants d’une ville se distingue ainsi de la représentation collective d’une cité, dans la mesure où elle s’imprègne de valeurs liées à un usage quotidien des lieux. De fait, la définition qu’un habitant se fait du patrimoine ne peut apparaître que bien plus mouvante. La notion de patrimonialisation est entendue comme « le processus par lequel un collectif reconnaît le statut de patrimoine à des objets matériels ou immatériels, de sorte que ce collectif se trouve devenir l’héritier de ceux qui les ont produits et qu’à ce titre il a l’obligation de les garder afin de les transmettre » (Davallon, 2014). Il est ainsi utile, en plus de reconnaître sa valeur historique, de replacer tout objet patrimonial dans son contexte socioculturel et d’en saisir toute la portée symbolique pour ceux qui s’y confrontent ; de là résulte son réel impact sur la constitution d’une mémoire collective.
15Afin d’appréhender la perception patrimoniale des habitants, leur représentation sociale de la cité, et de comprendre ce qui fait patrimoine à leurs yeux, il a été demandé aux enquêtés de citer un à six édifices avignonnais qu’ils considéraient comme patrimoniaux. Pour 100 réponses, 330 mentions ont été énoncées. Si certaines personnes ne citent qu’un ou deux édifices, et qu’il s’agit, dans ce cas, toujours du Palais des Papes et/ou du pont Saint-Bénézet, les réponses se diversifient largement lorsque plus de trois monuments sont évoqués. Si notre échantillon ne peut être qualifié de représentatif, il nous permet toutefois d’avoir une première approche qualitative quant à la perception patrimoniale des habitants d’Avignon ; cette dernière apporte effectivement des résultats significatifs à plusieurs égards.
16À l’échelle du territoire, il apparaît que les édifices cités se situent principalement dans le centre-ville historique, en intra-muros. Sur l’ensemble des mentions, seules neuf concernent des édifices localisés dans les autres quartiers de la ville, extra-muros. Ces mentions portent sur cinq édifices : la gare d’Avignon-Centre, la rotonde SNCF, l’abbaye de Saint-Ruf, le stade nautique et l’église Notre-Dame-du-Bon-Repos de Montfavet. Certains quartiers ne sont jamais évoqués. À l’intérieur des murs de la ville, les édifices sont assez concentrés ; ils sont, en effet, principalement cantonnés au cœur du centre-ville. Outre l’ensemble inscrit sur la liste de l’Unesco et déjà cité, plusieurs édifices relevant de la période médiévale sont mentionnés : des églises – Saint-Agricol, Saint-Didier et Saint-Pierre –, le premier palais communal, érigé au xiie siècle et auquel est venu s’accoler le Palais des Papes deux siècles plus tard, la bibliothèque Ceccano – ancienne livrée cardinalice – ou encore le théâtre du Chêne Noir – ancien monastère des bénédictines de Sainte-Catherine – ainsi que le couvent des Carmes. Si on ne prend pas en compte l’ensemble Unesco, ce sont toutefois les édifices de la période moderne qui sont le plus évoqués : des hôtels particuliers – hôtel de Caumont, hôtel de Brancas –, ou encore des édifices aujourd’hui identifiés comme des musées – Angladon, Lapidaire et Calvet, mais également l’opéra et l’hôtel de ville. Par ailleurs, quelques édifices contemporains sont également mentionnés : les halles, l’ancienne prison Sainte-Anne – en cours de réhabilitation –, et plus rarement les bains Pommer – un ensemble Belle Époque témoin des pratiques de l’hygiène aux xixe-xxe siècles. Ces deux derniers édifices font l’objet de projets portés par la municipalité, voués à modifier durablement leurs fonctions premières ; et c’est probablement cet investissement par la municipalité qui explique leur mention lors de l’enquête. Au nord-est de l’intra-muros, accolé aux murs de la ville, un édifice est particulièrement bien identifié et mentionné à de nombreuses reprises, alors même qu’il n’est fait mention d’aucun autre monument dans cette partie de la ville : il s’agit de l’université d’Avignon (fig. no 2).
Fig. no 2 : Édifices possédant une valeur patrimoniale d’après les Avignonnais interrogés (100 individus)

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17Du point de vue de la géographie des lieux, nous faisons le constat sans équivoque de la sous-représentation du patrimoine bâti extra-muros. À Avignon, l’espace patrimonial vécu est clairement délimité à l’intérieur des remparts du xive siècle de la cité médiévale, et plus encore au cœur du plus ancien centre historique, à l’intérieur du périmètre de la cité communale et de ses doubles remparts construits à l’orée du xiiie siècle (Rolland, 1989). Ici encore, le noyau central de la représentation est donc avant tout lié au centre historique.
18La perception patrimoniale des habitants est toutefois bien plus diversifiée que celle qui compose la représentation collective de la cité ; les habitants citent un plus large panel d’édifices. Si l’on fait abstraction de l’ensemble monumental inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, la période médiévale n’est finalement pas la plus représentée dans les édifices cités. Dans le centre-ville d’Avignon, le patrimoine daté de la période moderne est le plus présent et le plus diversifié. Ainsi, alors que les habitants que nous avons interrogés pensent que la période médiévale est celle qu’ils connaissent le mieux et qui est la plus représentative du patrimoine de leur ville, lorsqu’ils sont amenés à donner des exemples précis d’édifices qu’ils considèrent comme portant une valeur patrimoniale, ce ne sont pas ceux datés de cette période historique qui sont majoritairement cités. La première impression des habitants concernant leur connaissance plus grande du patrimoine médiéval fait écho à l’image de marque et aux stéréotypes véhiculés autour de la ville d’Avignon déjà évoqués.
19La perception patrimoniale des habitants, les lieux qu’ils considèrent comme patrimoniaux, est cependant bien plus large que la vision stéréotypée de la ville. Plusieurs facteurs entrent en jeu dans ce processus de patrimonialisation. La politique patrimoniale menée par la municipalité depuis quelques années contribue très probablement à rendre visibles quelques lieux, comme l’ancienne prison ou les bains Pommer, et à leur conférer, de surcroît, une certaine valeur patrimoniale. Mais bien plus que la politique patrimoniale, c’est avant tout la pratique des lieux qui semble également guider les répondants. Afin de mieux croiser la perception patrimoniale avec les données relatives aux pratiques et usages des habitants, un ensemble de questions sur cette thématique a été adressé aux personnes interrogées. Les résultats des questionnaires montrent que les habitants ont des pratiques diversifiées et régulières de ces lieux. On note toutefois une certaine discontinuité concernant les pratiques culturelles et les endroits cités. Les plus fréquentés par les interrogés sont le Palais des Papes, les musées municipaux, le cinéma Utopia et la bibliothèque-médiathèque Ceccano. Il s’agit, encore, de lieux situés dans l’intra-muros et dans un rayon urbain proche de l’ensemble inscrit. Concernant les pratiques culturelles, le cinéma, le spectacle vivant et les animations de rue arrivent en tête. La fréquentation des musées, des expositions, des bibliothèques et du patrimoine monumental n’arrive qu’ensuite. À l’échelle avignonnaise, la popularité du spectacle vivant s’explique évidemment par la présence du Festival d’Avignon.
20Si la question du rapport aux lieux ne peut être détachée des pratiques de chacun, c’est avant tout dans le sens de l’expérience et non de la simple fréquentation. Chacun des édifices est appréhendé et vécu différemment selon le profil des habitants interrogés. Dans les édifices cités en tant que patrimoines notables de la ville, on relève effectivement d’abord un grand nombre d’édifices muséaux dont la fonction même est associée à un processus patrimonial. Un certain nombre de monuments cités sont investis quotidiennement ou de manière plus sporadique pendant le Festival d’Avignon par le spectacle vivant, à l’instar du cloître des Carmes (Sánchez, Gaillard, Galéra, Payan, 2019). Les édifices religieux sont également nombreux à être mentionnés, ils font incontestablement appel à différentes expériences selon les individus : lieux de culte pour certains, pour d’autres, édifices faisant partie de l’environnement visuel et sonore quotidien. Donnant le plus souvent sur une place, comme les églises Saint-Pierre et Saint-Didier, ou s’ouvrant sur un large parvis, comme l’église Saint-Agricol, ces édifices sont des lieux de rencontre et d’échange. Chaque mention fait finalement appel à une expérience différente, à un attachement et à une mémoire individuelle distincts d’un habitant à l’autre ou d’une communauté à une autre. En ce sens, les nombreuses mentions de l’université sont particulièrement intéressantes. Pour une partie des répondants, elle évoque la fonction récente du lieu, lieu de l’enseignement supérieur dans lequel ils, ou des proches, ont étudié. Pour de nombreuses personnes, cet édifice fait appel à une expérience bien différente, à d’autres souvenirs et à une autre fonction du monument, demeuré actif en tant que centre hospitalier Sainte-Marthe jusqu’en 1994. Certains Avignonnais ayant répondu au questionnaire ont notamment souhaité préciser y être nés. Enfin, pour quelques répondants, l’édifice fait également référence à l’origine même du lieu, l’hôpital Sainte-Marthe, fondé au xive siècle par un notable avignonnais. S’il ne reste quasiment rien du premier édifice, la mémoire du lieu est encore perceptible dans le toponyme de la rue bordant l’université, qui porte le nom de son fondateur, le chevalier Bernard Rascas. Enfin, et cela n’est pas négligeable, jusqu’à il y a peu, l’université était également un espace de passage très fréquenté reliant, au nord-est de la ville, le centre-ville et les quartiers extra‑muros.
21Le rapport de l’habitant au patrimoine urbain semble reposer sur un ensemble de paramètres qui relèvent pour partie d’un modèle de représentation collective, mais également de son bagage individuel et de l’environnement dans lequel il évolue ; ainsi, « les représentations sociales de l’urbain sont autant des constructions historiques que des constructions quotidiennes réalisées par des individus et des collectifs » (Duarte, 2018). Les pratiques ordinaires des habitants se mêlent à des expériences patrimoniales et contribuent au processus de patrimonialisation des lieux. Si cette patrimonialisation peut porter sur les mêmes lieux que la patrimonialisation institutionnelle, elle n’est pas soutenue par le même regard, elle est influencée par une histoire individuelle et un rapport intime aux lieux. Pourtant, nombre de personnes interrogées affirment que ce sont avant tout les valeurs historiques, d’ancienneté ou de commémoration qui font patrimoine. Les résultats témoignent cependant d’une autre perception et d’un attachement aux édifices faisant avant tout appel à une représentation sociale et sensible des lieux, ainsi qu’à la mémoire individuelle de chaque répondant (fig. no 3).
Fig. no 3 : Valeurs associées à la notion de patrimoine bâti selon les Avignonnais

(100 individus interrogés, résultats en pourcentage).
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22On relève, par ailleurs, des différences dans la conception même de la notion de patrimoine. Pour beaucoup, le patrimoine correspond à la définition de l’Unesco et engage une reconnaissance universelle. Ils associent, de fait, le patrimoine à des monuments d’envergure qui possèdent une valeur d’ancienneté non négligeable couplée à une valeur historique importante, et qui servent notamment à perpétuer la mémoire d’un grand événement (Riegl, 2013 ; Choay, 1992). Pour d’autres, la notion de patrimoine est reconnue dans son acception la plus large. Elle ne touche pas le seul patrimoine que l’on pourrait qualifier d’immuable du fait de sa patrimonialisation institutionnelle ; elle englobe, en effet, une vision plus étendue et mouvante du patrimoine, assimilable à la notion d’héritage socioculturel. Cette différence de définition est particulièrement notable lorsque les habitants sont interrogés sur le patrimoine à proximité de leur lieu de résidence ; alors que certains, résidant dans la même zone, citent des monuments d’envergure, inscrits à l’Unesco, d’autres mentionnent du patrimoine ordinaire. Ce constat est d’autant plus frappant dans les réponses des habitants des quartiers extra-muros : sur 75 réponses, 32 % affirment que leur quartier ne contient aucun patrimoine bâti, 43 % citent des monuments intra-muros, 25 % mentionnent des monuments de proximité.
23La perception du patrimoine avignonnais par les habitants est donc avant tout restreinte à une certaine implantation géographique et à un ancrage historique spécifique, alors même que la ville est constituée d’une véritable diversité patrimoniale. Le patrimoine contemporain situé extra-muros reste très faiblement représenté dans les réponses des interrogés. Pourtant, la ville d’Avignon, comme la plupart des villes françaises, est marquée par une forte croissance urbaine tout au long du xxe siècle et, par conséquent, par une abondante production architecturale. Bien que ce patrimoine soit aujourd’hui particulièrement bien identifié par les politiques urbaines – il a notamment été l’objet d’une mission d’envergure lancée à partir de 2014 par la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de PACA et la Ville visant à l’inventorier, le diffuser et le mettre en valeur auprès de larges publics9 –, il reste méconnu de la plupart des Avignonnais qui semblent à priori ne pas lui reconnaître de valeur patrimoniale (fig. no 4).
Fig. no 4 : Édifices remarquables

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24La représentation d’une ville se construit, entre autres, autour de ses composantes patrimoniales. Cette représentation est soumise à plusieurs perceptions qui se distinguent tout en se superposant et en se complétant. De manière générale, l’organisation d’une cité répond à un certain archétype, constitué notamment par le patrimoine bâti de la ville et concentré autour d’un noyau central. À Avignon, dont le quartier historique est entouré par des remparts et habité par des monuments notables, cet archétype est particulièrement présent et tangible. Une partie de l’image de marque de la ville a été développée autour de son passé médiéval, valorisant une certaine vision stéréotypée de la ville. Le stéréotype intègre une démarche marketing touristique comme outil fédérateur (Amossy, 1991). La cohésion d’un groupe s’appuie, de fait, sur des images collectives, partagées, et parfois sur un imaginaire commun, ici celui de la cité médiévale ou de la cité des papes.
25Lorsqu’on s’intéresse à la perception d’une ville par ses habitants, la notion de patrimoine ne reflète pas nécessairement la réalité et la diversité du patrimoine présent. On relève plusieurs influences liées à des pratiques sociales et culturelles, des usages quotidiens, des histoires intimes et des expériences sensibles. La patrimonialisation est, finalement, une construction dont l’aboutissement est justement la représentation collective d’un objet. Le processus de patrimonialisation est donc lié à la structuration d’une mémoire collective, il implique des mécanismes symboliques, la mobilisation d’acteurs et de forces différents. À ce titre, il existe de nombreuses initiatives et instances institutionnelles dont le but est justement d’agir au service du processus de patrimonialisation ; l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en est la plus visible et la plus reconnue à l’échelle mondiale. Pour autant, et nous avons pu le démontrer, cette vision du patrimoine ne saurait à elle seule répondre à une réalité territoriale et lui conférer une dynamique porteuse de sens et de projets à l’échelle locale.
26De nombreuses collectivités territoriales s’engagent dans une action centrée sur le patrimoine, dans le but de créer du lien social à l’échelle du territoire ; les politiques patrimoniales sont ainsi bien souvent liées à une politique plus globale à l’échelle de la ville, comprenant des enjeux sociaux, culturels et économiques. Cette étude soulève la question de l’implication des citoyens dans le processus de patrimonialisation. La portée symbolique et la représentation du patrimoine bâti présent sur un territoire sont bien souvent propices à catalyser des projets sociaux et culturels et à favoriser les synergies, rapprocher les communautés et encourager le collectif. En lien avec les DRAC, les collectivités territoriales entreprennent des actions de médiation et de valorisation du patrimoine bâti, urbain et paysager par le biais de labels, d’appellations ou de conventions ; dans certains cas, elles proposent d’ailleurs de faire participer les communautés aux inventaires (Istasse, 2020).
27Dans le cadre de sa candidature au label VPAH, la Ville d’Avignon s’engage, dans les cinq ans suivant la labélisation, à se doter d’un centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP). Cet équipement culturel poursuit l’objectif de sensibilisation, d’information et de formation des publics à l’architecture et aux patrimoines de la ville. C’est un espace ouvert aux publics qui présente généralement des lieux de visite et une programmation culturelle variée (Navarro, 2014). On comprend que ce centre a vocation à se rapprocher des populations en développant une vaste action de médiation à l’échelle du territoire, tant à destination des visiteurs que des habitants et coutumiers du patrimoine local. L’enquête a démontré que les interrogés perçoivent, dans ce lieu, une réelle opportunité ; ils déclarent être particulièrement intéressés par des activités conviviales, collectives et participatives (conférences-débats, ateliers). Ils entrevoient dans le CIAP un espace de rencontre citoyen et d’éducation informelle. Ils manifestent un intérêt certain pour l’évocation de thématiques telles que l’actualité de la ville et l’histoire du patrimoine.
28À Avignon, les actions engagées au sein du quartier Saint-Ruf sont un excellent exemple de projet politique patrimonial développé en adéquation avec les réalités sociales10. De fait, en proposant des contenus de médiation variés – circuit dans la ville et application numérique –, le projet Parcours urbain à Saint-Ruf, destiné à valoriser un patrimoine méconnu, a permis de toucher différents publics11. Pour autant, il apparaît que la volonté politique n’est pas toujours en adéquation avec la réalité du terrain et ce sont bien souvent les publics locaux et les patrimoines de proximité qui se trouvent laissés pour compte. Le but de cette enquête était justement d’interroger les pratiques et perceptions patrimoniales des habitants de la ville afin de développer des actions de médiation en accord avec les besoins et les manques identifiés. Pour engager le double processus de patrimonialisation, l’un, descendant, partant de la reconnaissance institutionnelle, l’autre, ascendant, partant de « la reconnaissance commune par des groupes sociaux de ces objets comme représentatifs de leur identité sociale » (Valex, 2018), il semble nécessaire d’engager des projets en coconstruction avec tous les publics et au service de ces derniers, en portant un intérêt particulier aux premiers concernés et usagers de ce patrimoine urbain, les habitants.
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10.4074/S0336150010014092 :Notes de bas de page
1 Avignon Tourisme, « Avignon Patrimoine Unesco », s. d. (https://avignon-tourisme.com/decouvrir/voir-lessentiel/avignon-patrimoine-unesco/).
2 Cf. carte des édifices remarquables, fig. no 4, p. 208. Pour le détail des édifices classés et inscrits parmi les monuments historiques : https://www.commune-mairie.fr/monuments-historiques/avignon-84007/.
3 Ministère de la Culture, « Label “Ville et Pays d’art et d’histoire” », s. d. (https://www.culture.gouv.fr/Aides-demarches/Protections-labels-et-appellations/Label-Ville-et-Pays-d-art-et-d-histoire/).
4 Deux promotions de master de l’université d’Avignon se sont engagées sur le projet : la promotion de première année 2019-2020 du master patrimoine et culture numérique (PCN), du département d’histoire, et la promotion de seconde année 2018-2019 du master culture et communication parcours médiations, musées, patrimoines (MMP), du département de sciences de l’information et de la communication.
5 Les deux questionnaires, « La perception du patrimoine avignonnais par ses habitants » et « L’Avignonnais.e et ses pratiques patrimoniales », sont retranscrits dans M1 PCN (2019-2020), M2 MMP (2018-2019), Les Avignonnais et leur patrimoine [Enquête exploratoire], Avignon Université, 2020.
6 La loi Malraux du 4 août 1962 crée les secteurs sauvegardés, les définissant comme un secteur présentant « un caractère historique, esthétique ou de nature à justifier la conservation, la restauration et la mise en valeur de tout ou partie d’un ensemble d’immeubles » (http://secteursauvegardeavignon.fr/definition.html).
7 Archives municipales d’Avignon, Vu de loin, mise en ligne en 2020 (https://www.expositions-archives.avignon.fr/vu-de-loin/).
8 Ibid.
9 Ce travail de préinventaire concerne 41 réalisations architecturales. Pour le détail de l’étude, cf. Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de Vaucluse, Mission documentaire Avignon extra-muros au xxe siècle, s. d. (https://www.caue84.fr/documentation/documents-en-telechargement/).
10 Ces actions ont combiné les forces et les investissements de politiques publiques, d’acteurs locaux et associatifs. Nous renvoyons notamment aux activités menées par l’association Bien Vivre à Saint-Ruf créée avec les débuts des travaux du tramway à l’intérieur de ce quartier dans l’objectif notamment de le revaloriser.
11 Citons pour exemple la création du livret « Parcours urbain à Saint-Ruf. Circuit culturel et patrimonial du faubourg Saint-Ruf » et de l’application numérique de réalité augmentée Archistoire Avignon Saint-Ruf. Dans le cadre du budget participatif 2017 d’Avignon, certains habitants de la ville ont ainsi joué le rôle de véritables médiateurs culturels pour créer ces deux supports.
Auteurs
Margot Ferrand est docteure en histoire d’Avignon Université (codirection histoire médiévale-géomatique). Ses recherches portent sur les spatialités urbaines à partir du cas de la cité d’Avignon à la fin du Moyen Âge. Croisant des méthodes et des questionnements relevant aussi bien des sciences humaines et sociales que de la géomatique ou de l’informatique, elle explore les usages et les représentations de l’espace urbain sur le temps long.
Allison Guiraud est doctorante en sciences de l’information et de la communication à Avignon Université et membre du Centre Norbert Elias (UMR 8562). Sa recherche doctorale porte sur les logiques de mise en place et de développement de projets numériques de valorisation du patrimoine. Elle vise une meilleure compréhension des pratiques professionnelles et des enjeux communicationnels, économiques et politiques au cœur de la filière du numérique patrimonial en tant qu’industrie culturelle.
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Les Carmes
Théâtre et patrimoine à Avignon
Antonia Amo Sánchez, Sophie Gaillard, Marie Galéra et al. (dir.)
2019
Des mémoires et des vies
Le périple identitaire des Français du Banat
Smaranda Vultur Iona Vultur (trad.)
2021
Vivre le patrimoine mondial au quotidien
Dynamiques et discours des habitants
Isabelle Brianso et Dominique Cassaz (dir.)
2022
Dialogues autour du patrimoine
L’histoire, un enjeu de communication ?
Jessica de Bideran, Julie Deramond et Patrick Fraysse (dir.)
2023