Préface
p. 7-10
Texte intégral
1C’est un grand honneur pour moi d’avoir participé au colloque « Les habitants des villes du patrimoine mondial. Attachement patrimonial et discours du quotidien » (10-12 juin 2021) à l’occasion du 25e anniversaire de l’inscription du « centre historique d’Avignon : Palais des papes, ensemble épiscopal et Pont d’Avignon » sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Cet ouvrage illustre et documente les riches échanges produits entre universitaires et professionnels du patrimoine lors de la célébration de cet anniversaire au printemps 2021.
2Le « centre historique d’Avignon : Palais des papes, ensemble épiscopal et Pont d’Avignon » offre un exemple exceptionnel d’architecture médiévale religieuse, administrative et militaire. Comme tous les sites du patrimoine mondial, il revêt une importance universelle reconnue par les peuples du monde entier. C’est pourquoi le patrimoine mondial est une force si puissante pour la paix et le dialogue entre les cultures.
3Les biens du patrimoine mondial sont à la fois des symboles et des rappels pour nous tous de l’importance de préserver notre patrimoine commun, et de notre incroyable capacité à le faire lorsque nous unissons nos forces. La liste du patrimoine mondial est constituée de sites d’une valeur universelle exceptionnelle, qui requièrent et méritent donc notre plus grande attention en vue de leur sauvegarde.
4L’Unesco a établi la Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel il y a cinquante ans, dans le but de construire un pont entre notre passé et notre avenir commun. La sauvegarde du patrimoine mondial exige que nous apprenions à connaître et à respecter le patrimoine des autres, ce qui contribue au dialogue, à la compréhension mutuelle et à une véritable coopération internationale. Ce qui rend exceptionnel le concept de patrimoine mondial est son application universelle, car les sites qui en font partie appartiennent à tous les peuples du monde, sans qu’il soit tenu compte des territoires sur lesquels ils sont situés.
5Il est vital, pour la préservation des biens, que nous observions et comprenions les effets des impacts environnementaux et humains sur la valeur universelle exceptionnelle, et que nous utilisions ces connaissances pour y répondre efficacement et nous y préparer. Nous devons être plus diligents et attentifs que jamais pour surveiller l’état de conservation des biens du patrimoine mondial et nous concentrer activement sur leur préservation.
6Notons que 81 % des rapports concernant l’état de conservation des biens du patrimoine mondial en Europe mentionnent « la gestion et les facteurs institutionnels ». Cela ne peut se faire qu’au moyen d’une gestion adéquate et globale, qui garantit la préservation du patrimoine, et notamment des attributs qui véhiculent la valeur universelle exceptionnelle.
7Afin de s’assurer que toutes les mesures nécessaires sont prises, le Comité du patrimoine mondial a adopté un processus spécifique qui consiste essentiellement en un « suivi réactif1 » selon le paragraphe 169 des Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial. Le Comité du patrimoine mondial peut ainsi recommander à l’État partie de prendre les mesures nécessaires ou de demander au Centre du patrimoine mondial d’assurer, avec lui, une mission de suivi réactif ou de conseil.
8Tous les six ans, les États parties soumettent des rapports sur la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, y compris sur l’état de conservation de tous les biens du patrimoine mondial situés sur leur territoire. En 2024, le Comité du patrimoine mondial examinera le rapport périodique du troisième cycle pour la région Europe et Amérique du Nord. Cette analyse mènera à la mise en œuvre de plans d’actions régionaux, qui fixent les stratégies, les priorités et les objectifs de la Convention du patrimoine mondial.
9Par ailleurs, le Comité du patrimoine mondial préconise une approche paysagère pour identifier, conserver et gérer les zones historiques urbaines telles que les « centres historiques » dans un contexte élargi. En effet, les valeurs patrimoniales naturelles et culturelles, matérielles et immatérielles, universelles et locales sont un des points de départ pour la gestion et le développement global de la ville. C’est pourquoi il nous faut mettre l’accent sur le tissu urbain dans son ensemble, reconnaître sa spécificité locale, mais aussi considérer la ville comme un processus qui intègre les éléments du patrimoine immatériel en tant qu’expression de son identité.
10Le plus important reste les communautés et les habitants de la ville ! Sans eux, il n’y a pas de développement durable et pas de transmission du patrimoine mondial aux générations futures. Il est donc primordial d’encourager la participation des populations locales à la préservation de leur patrimoine culturel et naturel.
11La participation des gestionnaires des sites du patrimoine mondial aux programmes internationaux est aussi importante pour échanger, par exemple via le Programme des villes du patrimoine mondial et dans le contexte de la Recommandation sur le paysage urbain historique de l’Unesco adoptée en 2011.
12Cependant, les zones protégées et les sites du patrimoine ne doivent pas seulement être préservés pour eux-mêmes : les biens du patrimoine mondial sont également extrêmement précieux pour leur capacité à aider les communautés locales à atténuer et à s’adapter à différentes menaces, telles que le changement climatique. Cet équilibre délicat mais vital est l’essence même de la durabilité, qui permettra aux générations à venir de bénéficier et de profiter du patrimoine comme nous le faisons tous aujourd’hui.
13Je tiens à remercier les autorités françaises, l’université d’Avignon, la mairie d’Avignon et les communautés patrimoniales pour leurs efforts continus en vue de conserver l’importante histoire du centre historique d’Avignon et de la partager avec le monde entier. Permettez-moi donc d’exprimer ma gratitude envers toutes les personnes impliquées dans la préservation de ce bien du patrimoine mondial. Vous méritez tous notre reconnaissance et notre soutien dans cette tâche difficile, mais gratifiante.
14Je vous encourage à persévérer dans ces efforts, ces échanges et ces études scientifiques. Nous préservons ensemble le patrimoine du passé pour les générations à venir !
Notes de bas de page
1 Le suivi réactif peut être défini comme « la soumission par le Secrétariat, d’autres secteurs de l’UNESCO et les Organisations consultatives au Comité du patrimoine mondial de rapports sur l’état de conservation de certains biens du patrimoine mondial qui sont menacés » (https://whc.unesco.org/fr/suivi-reactif/, consulté le 31 août 2022).
Auteur
Mechtild Rössler est experte internationale du patrimoine et chercheur associé (Géographie-cités, UMR 8504). Elle a travaillé 30 ans à l’Unesco, notamment en tant que directrice du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco (2015-2021). Ses recherches et publications concernent l’histoire de la géographie et du patrimoine, le patrimoine mondial de l’Unesco, les paysages culturels et les liens culture-nature.
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